"UNE ICONE DE LA TRINITE"
V. Golovanow

"Nous savons que lorsque l'un de nous tombe, il tombe seul, mais personne n'est sauvé seul. On est sauvé dans l'Église, comme un de ses membres et en union avec tous ses autres membres."

A.S. Khomiakov, "L'Église est une" (1845).

Ceux qui prônent l'indépendance de l'Archevêché "sans autre «Mère» que l’Eglise Orthodoxe tout entière" (1) s'appuient sur un développement théologique récent, issu de "l'école de Paris", affirmant que la plénitude de l'Eglise est réalisée dans "d'Eglise locale" – en fait l'évêque et son diocèse.

Mais, poussé à ce point, il s'agit là d'une déviation purement occidentale de l'ecclésiologie orthodoxe: contrairement à un Protestant ou un Catholique ("tous papistes" écrivait Khomiakov), le fidèle Orthodoxe n'appartient pas directement à "l’Eglise Orthodoxe tout entière", mais à L'UNE DES EGLISES ORTHODOXES et c'est par l'intermédiaire des primats, qui sont en communion directe par la commémoration réciproque, que se réalise l'Unité de l'Orthodoxie.

Cette doctrine est symbolisée par la chrismation (2), et la commémoration liturgique des primats qui démontre concrètement l'appartenance à une Eglise autocéphale (d'où l'importance des RUPTURES EUCHARISTIQUES entre les primats).

En effet, les Eglises orthodoxes ne sont pas de simples divisions administratives, comme dans l'Eglise catholique, mais représentent une part essentiel du mystère de l'Eglise: "l'Église orthodoxe est une icône de la Trinité, écrit le métropolite Kallistos Ware (3) (...) reproduisant sur terre le mystère de l'unité dans la diversité (...)

De même que chaque personne de la Trinité est autonome, de même l'Église est faite de beaucoup d'Églises autocéphales indépendantes; et de même que dans la Trinité les trois personnes sont égales, dans l'Église aucun évêque ne prétend à un pouvoir absolu sur les autres." Ainsi, icônes de chacune des Personnes de la Trinité, les Églises autocéphales ont un charisme propre qui participe au charisme trinitaire de l'Église et présentent ensemble le Corps du Christ dans sa plénitude. Il est donc normal que cette "diversité dans l'unité" (ibidem), ce charisme de chacune des Eglises orthodoxes, soit aussi présents dans la diaspora où chaque Orthodoxe est entré dans une Eglise spécifique par son baptême et sa chrismation.

COMMENT AVANCER?

Je ne crois pas que l'unité de l'Orthodoxie en Occident se fasse "par la base", comme le rêve depuis bientôt 50 ans la "Fraternité orthodoxe", mais je pense que l'impulsion viendra d'une décision des primats. Pour l'Eglise russe en particulier, comme l'écrivait le P. Jean Meyendorff cela représente "...la politique qu'à toujours suivie le Patriarcat de Moscou, dont le but canonique et missionnaire a toujours été une Eglise pour les Américains, fondée avec la bénédiction de l'Eglise mère et invitant tous les candidats à se joindre librement à elle." (4) En remplaçant "Américain" par "Européen", ne retrouve-t-on pas, avec 20 ans d'avance, la conclusion de la lettre d'avril 2003 du patriarche Alexis 2 de bienheureuse mémoire? (5)
"UNE ICONE DE LA TRINITE"

Notes
(1) https://github.com/CPAORIEO/Proposition/blob/master/index.md#archipr%C3%AAtre-wladimir-yagello
(2) Le chrême est préparé par le primat et cela pose un problème pour la pseudo-Église d'Ukraine puisque le "tomos d'autocéphalie" en réserve la consécration au patriarche de Constantinople. Cf. condition posée par le pseudo-patriarche Philarète (https://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Pour-Philarete-le-tomos-impose-la-soumission-au-Phanar_a5728.html). L'Archevêché "indépendant" va-t-il le préparer lui-même?
(3) Mgr Kallistos Ware, "L'orthodoxie. L'Eglise des sept Conciles", p.311
(4) P. Jean Meyendorff ("A Life Worth Living," [Eulogy for Fr Alexander Schmemann], "St Vladimir's Theological Quarterly", 28 (1984), p. 3-10.
(5) http://oltr.france-orthodoxe.net/html/appelfr.html

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 16 Mai 2019 à 20:08 | 0 commentaire | Permalien



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