Un Français chez les vieux-croyants
Près de Moscou, une communauté de vieux-croyants garde la mémoire d’un Français converti à l’orthodoxie.

Issue d’un schisme d’une violence inouïe avec l’Église orthodoxe russe, l’Église vieux-croyant tente de se perpétuer dans une Russie en pleine mutation.

Le quai de la gare de Viaz­ni­ki, à 300 km au nord-est de Moscou, s’étire à l’infini. Deux ou trois passagers descendus avec nous empruntent l’immense passerelle au-dessus des voies désertes. « Ne bougez pas, mon fils Sergueï vient vous chercher », nous rassure Galina au téléphone. Voilà trois semaines que Svetlana, une consœur journaliste de Moscou, déploie des trésors de patience pour nous ouvrir les portes d’une famille de « vieux-croyants ».

Réputée fermée, voire sectaire, cette minorité religieuse issue d’un schisme au sein de l’Église russe a bien souvent développé des réflexes de défiance à l’égard du monde extérieur. Mais à Viazniki, à des milliers de kilomètres des confins sibériens où ces communautés vivent recluses, un lien de confiance a fini par s’établir.

Vavila, un Français comme un saint

« Vous savez, la venue d’un journaliste français n’a rien d’un hasard », annonce Sergueï, au volant de sa voiture. Tout en slalomant entre les nids-de-poule, l’homme dévoile un aspect surprenant de l’histoire des vieux-croyants dans sa région. Voilà près de 400 ans, un Français, dont nous ignorions jusqu’alors l’existence, nous a précédés sur la route de Viazniki. Un dénommé Vavila, brillant esprit formé à la Sorbonne avant de se convertir à l’orthodoxie.

Arrivé dans la région, l’homme a passé le reste de sa vie dans un « skite » (ermitage, en russe) avec, dit-on, « une endurance égale à celle d’un parfait diamant ». En 1666, alors que le patriarche Nikon impose d’une main de fer sa réforme liturgique dans le pays, le Français préfère périr sur un bûcher en place de Viazniki plutôt que de renier l’antique tradition orthodoxe. Depuis lors, son héroïsme lui vaut d’être révéré comme un saint chez les vieux-croyants dont il incarne au plus haut point l’esprit de résistance.

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Un Français chez les vieux-croyants

Le P. Vladimir, port altier et regard pénétrant

Un compatriote de Vavila à Viaz­ni­ki… La nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre dans l’entourage de Galina. Dans son séjour faiblement éclairé, tout le voisinage vieux-croyant a pris place autour de la table. Les hommes d’un côté, les femmes de l’autre. L’instant est solennel : formules de bienvenue, échange de cadeaux – camembert et biscuits bretons côté français ; assiettes estampillées « Viazniki », assorties d’un chapelet en similicuir côté vieux-croyants. Sur la table, des petites coupes remplies de framboises et des assiettes de crudités sans assaisonnement. On n’attend plus que l’arrivée du prêtre, le P. Vladimir, qui prend place sur un petit trône blanc réservé aux membres du clergé. Port altier, regard pénétrant, l’homme, marié et père de quatre enfants, tient son rang. Il invite la petite assemblée à se lever pour prononcer un bénédicité à grand renfort de signes de croix – douze au total, comme les apôtres....SUITE
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Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 4 Août 2016 à 08:34 | -1 commentaire | Permalien



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