Un colloque consacré à l’œuvre du métropolite Antoine (Bloom) : "Les souffrances ultimes : vie ou survie ?"
Un colloque consacré à l’œuvre du métropolite Antoine de Sourozh a eu lieu le 10 juin à la "Maison de la Russie à l’étranger à Moscou" (Fonds Alexandre Soljenitsyne).

Madame Frederica de Graaf, fille spirituelle du métropolite Antoine travaillant dans un Centre de soins palliatifs à Moscou est intervenue sur le sujet « La souffrance qui apporte la lumière ». Cette « lumière » émane de la prise de conscience de la maladie et de la mort imminente, disponibilité du cœur que nous constatons le plus fréquemment chez les enfants et les adolescents. Ils savent mieux que tous les autres faire abnégation d’eux-mêmes afin d’aider leurs proches dans l’inévitable séparation. Cette « lumière » est donnée par le sens que l’on découvre à la vie et qui est plus que la vie même. Les épreuves qui précèdent la mort aident l’agonisant ainsi que ses proches à trouver un regard nouveau sur le Christ souffrant.

Il existe trois modes de souffrances : le groupe le plus nombreux est celui des malades qui se considèrent être des victimes et ne sont pas à même d’accepter la souffrance. Souvent on les entend dire qu’ils n’ont pas mérité d’être ainsi punis par Dieu ; l’expérience qu’ils vivent ne leur apporte rien.

Un colloque consacré à l’œuvre du métropolite Antoine (Bloom) : "Les souffrances ultimes : vie ou survie ?"
Il est souvent difficile de soulager leurs douleurs physiques. D’autres aspirent à une prise de conscience et font de leur mieux pour se préparer à la mort par, pour ainsi dire, leurs propres moyens. Ceux-là font abstraction de leur « moi » et s’appliquent à préparer leurs proches aux souffrances qui les attendent. De troisièmes, enfin, très peu nombreux, et le métropolite Antoine en faisait partie, « triomphent de la mort ». Leur expérience les laisse entrevoir la vie éternelle ; ils savent pertinemment que la mort n’aura pas le mot de la fin.

Une grande responsabilité incombe non seulement aux proches qui accompagnent l’agonisant mais aussi à ceux qui sont sur le point de partir. Les mourants peuvent devenir des repères pour ceux qui restent s’ils manifestent leur foi et leur gratitude envers Dieu et les hommes.


Le docteur Anna Sonkina, médecin pédiatre des groupes orthodoxes de miséricorde, a parlé dans sa communication de questions difficiles de théologie et de déontologie. Ce sont des questions qui n’ont pas encore trouvé de réponses que ce soit en Russie ou en Occident. Les techniques de réanimation sont de nos jours aptes à prolonger la vie quasi indéfiniment. Or, cela entraine des souffrances et, souvent, de nouvelles douleurs corporelles. L’Occident donne à ces questions des réponses d’ordre séculier : la vie et la mort relèvent du libre arbitre de chacun ce qui implique l’acceptation de l’euthanasie. Ces situations ne sont actuellement pas à l’ordre du jour en Russie. Lorsque l’éventualité de l’euthanasie survient c’est l’approche « la survie à n’importe quel prix » qui prend le dessus. Il est indispensable que l’Eglise laisse les spécialistes débattre du problème.

Le docteur Sonkina s’applique à lancer un débat portant sur la bioéthique au sein de l’Eglise. Le père spirituel d’un agonisant croyant doit être consulté lorsqu’il s’agit de décider s’il convient de débrancher les appareils de survie. Le métropolite Antoine a souvent répété : « Que l’on vive ou que l’on s’apprête à mourir importe peu. L’essentiel est de savoir ce pourquoi l’on vit et l’on meurt ». C’est là souvent une clé permettant de répondre à des situations terribles de fin de vie.

Alexandre Ogorodnikov, publiciste orthodoxe, prisonnier de conscience dans les années 70-80, a raconté dans son intervention qu’il était venu à la foi grâce au métropolite Antoine qu’il avait souvent rencontré à Moscou. Le récit qu’a fait Alexandre Ogorodnikov de sa détention (il avait été condamné pour avoir participé à un séminaire chrétien se réunissant à domicile) ne portait pas sur la maladie et les souffrances corporelles qui précèdent la mort. L’expérience des camps lui a apporté des révélations dont il a fait part dans son allocution : « Dieu attend de nous que nous joignons nos efforts aux Siens. Souffrant du gel, de la faim, absolument seuls dans noscellules, nous sentions apparaître en nous-mêmes une source de joie sereine et de chaleur – nous percevions les prières de ceux qui pensaient à nous. Lorsque un membre de l’Eglise souffre, c’est tout le corps de l’Eglise qui souffre aussi ».

Il a été annoncé en fin de colloque en fin de colloque que la IV Conférence internationale consacrée à Monseigneur Antoine se tiendra du 13 au 15 septembre prochain à Moscou.

Bogoslov.ru
Traduction "Parlons d'orthodoxie"

Un colloque consacré à l’œuvre du métropolite Antoine (Bloom) : "Les souffrances ultimes : vie ou survie ?"

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 13 Juin 2013 à 18:27 | 0 commentaire | Permalien


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