Comme tu m'as envoyé dans le monde, je les ai aussi envoyés dans le monde.
Et je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu'eux aussi soient sanctifiés par la vérité.
Ce n'est pas pour eux seulement que je prie, mais encore pour ceux qui croiront en moi par leur parole, afin que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et comme je suis en toi, afin qu'eux aussi soient un en nous, pour que le monde croie que tu m'as envoyé. Je leur ai donné la gloire que tu m'as donnée, afin qu'ils soient un comme nous sommes un, - moi en eux, et toi en moi, -afin qu'ils soient parfaitement un, et que le monde connaisse que tu m'as envoyé et que tu les as aimés comme tu m'as aimé. Jn. 17. 19-23 (Bible Segond)


Toute la presse a parlé de la rencontre à Jérusalem du Pape François avec le patriarche œcuménique Bartholomée en mai dernier, mais seule la presse catholique avec PO et orthodoxie.com) a rendu compte du premier "Congrès Antiochien" qui s'est déroulé du 26 au 28 juin au monastère Notre Dame de Balamand (Liban). Pourtant ce Congrès à ouvert la voie à des engagements concrets et une vision de l'Eglise «agissante» (expression du patriarche Jean X) et peut être un exemple marquant, voire un grand pas concret vers l'unité des Eglises.


Le premier «Congrès antiochien»

C'est donc le patriarche d’Antioche Jean X, primat de l’Église "grec-orthodoxe" d'Antioche et de tout l’Orient, qui a organisé ce congrès sur le thème «L’Unité antiochienne : Portées et Exigences». Il y a convié les cinq primats des Eglises d'Antioches séparées de l'Orthodoxie qui, fait exceptionnel dans l'histoire, ont tous répondu à son appel.

Quatre portent aussi le titre de "patriarches d'Antioche":


• Ignace Ephrem II Karim, primat de l'Église syriaque orthodoxe, l'une des "Eglises orthodoxes orientales"
• Ignace Joseph III Younan, primat de l'Église catholique syriaque ;
• Grégoire III Laham, primat de l'Église grecque-catholique melkite;
• Bechara Boutros Rahi, primat de l’Église maronite.
• Et il y avait aussi le "Patriarche de Cilicie des Arméniens", Nersès Bédros XIX Tarmouni, primat de l'Église catholique arménienne

Les 4 dernières Eglises sont rattachées à Rome.


Cette première historique «a été l'occasion de réaffirmer l'importance d'un témoignage unifié au Christ ressuscité dans l'espace ecclésial antiochien et l'ensemble du Machrek (...) expression sincère de l'unité de vie et de destin qui les rassemble et le renforcement de l'unité antiochienne» comme l'a dit le patriarche Jean X. Mais les primats sont aussi entrés dans une série de questions concrètes.

Une "Eglise «agissante» dans un monde que Dieu a aimé"

Après avoir détaillé les thèmes des différents carrefours de ce Congrès, le patriarche jean X a déclaré: "Comme vous le constatez, et même si notre Congrès se concentre sur l'Unité Antiochienne, en pratique, il voit en cette Unité un emblème au service de la société toute entière. Nous ne regardons l'Eglise qu'en terme d'Eglise « agissante» dans un monde que Dieu a aimé, où Il a vécu la Passion pour nous et pour le monde et est ressuscité pour notre Salut." Source ICI Et les patriarches ont décidé «la création d'une commission conjointe consultative pour stimuler la coopération entre les Églises antiochiennes et organiser des actions conjointes».Ils ont demandé à leurs fidèles de compatir aux souffrances qui ont leurs racines dans la guerre, et les conditions économiques difficiles « et d'offrir l'hospitalité, chaque fois que c'est possible, à leurs frères poussés à l'exode. Et parallèlement, ils leur ont demandé de rester attachés à leur terre et de ne pas la quitter sous la pression des circonstances, car elle est pétrie des sacrifices des générations passées et parce que le Christ les a choisis pour y vivre et témoigner de Lui ». source ICI

Il sera très intéressant de suivre les analyses théologiques que cette rencontre interconfessionnelle devrait susciter ("on doit comprendre qu'il s'agit de rien de moins que d'une union de fait du Patriarcat d'Antioche avec cinq "églises" hérétiques!" a été écrit sur un autre fil de discussion …). Le patriarche Grégoire III (Catholique-Melchite) a rappelé dans sons discours que «Le patriarcat d’Antioche a relevé le défi de la conservation du dépôt de la foi et de l’ouverture aux autres. L’ouverture au monde arabe et musulman. L’ouverture à Constantinople et à l’Occident. Comme il s’est singularisé en sauvegardant l’unité chrétienne refusant de déchirer la tunique du Christ, la robe sans couture, en ne prenant pas partie quand Rome et Constantinople se sont déchirées… » et, "plus hardi que les autres, ou peut-être plus visionnaire, le patriarche syriaque-catholique a proposé à ses pairs l'unification des calendriers et donc la date de la fête de Pâques, réclamée avec insistance par le peuple chrétien, ainsi que l'intercommunion."ICI

V.G. a suivre…
Un grand pas vers l'Unité: Balamand 2014

Rédigé par Vladimir Golovanow le 22 Juillet 2014 à 11:14 | 7 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Vladimir.G: "Nous réaffirmons au monde que notre mission embrasse tout le monde, en geste et en parole, afin que cesse la violence et que la langage de la paix puisse prévaloir" le 30/07/2014 14:34
"Nous réaffirmons au monde que notre mission embrasse tout le monde, en geste et en parole, afin que cesse la violence et que la langage de la paix puisse prévaloir"

Telle a été la conclusion de la conférence de presse du patriarche Jean X d'Antioche à l'occasion du lancement du Congrès. Il est bien évidement triste qu'il ait fallu attendre une situation aussi dramatique, quand les Chrétiens risquent d'être physiquement éliminés du berceau du Christianisme, pour voir enfin réunies les différentes obédiences chrétiennes. Mais enfin le fait est là: voilà tous les Chrétiens ensemble pour agir dans le monde.

Antioche est évidement un cas particulier: le patriarcat est en pointe dans le rapprochement avec les catholiques."Nous n’accusons plus les Églises orientales orthodoxes d’être monophysites; nous avons compris ensemble que reconnaître une ou deux natures du Christ signifie la même chose : pour nous tous il est Dieu et homme," écrit le métropolite du Mont-Liban Georges (Khodr) qui dirige le plus grand diocèse libanais; et il continue en expliquant que la majorité de ses ouailles n’a "pas vraiment conscience de divergences" avec les maronites: "ils sont conscients qu’une véritable unité de foi existe entre nous tous, que nous soyons de tradition orthodoxe ou catholique. Et ils réclament l’hospitalité eucharistique réciproque !"

Constantinople semble ne pas être éloigné de ce point de vue quand on lit les déclarations du patriarche Bartholomée, mais la clé du rapprochement est entre les mains de Moscou, Eglise orthodoxe la plus importante, la plus puissante et la plus avancée en matière de recherche théologiques par ses documents adoptés en Concile ou en Synode et publiés. Or le rapprochement de l'Eglise russe avec Rome, qui se dessinait, a été brouillé par la crise ukrainienne, qui semble bien être la priorité pour Moscou actuellement.

Ainsi les deux crises en cours ont des effets opposés: au Moyen-Orient les Eglise se rapprochent. En Russie-Ukraine elles s'affrontent...

2.Posté par Vladimir.G: Mgr Hilarion: "Je pense que les catholiques et les orthodoxes sont très proches en ce qui concerne les articles essentiels de la foi et par leur vision morale" le 01/08/2014 18:02
Extrait d'un nouvel interview de Mgr Hilarion de Volokolamsk (lien) qui vient préciser la position de Moscou évoquée en 1:

"Je pense que les catholiques et les orthodoxes sont très proches en ce qui concerne les articles essentiels de la foi et par leur vision morale

Mais il y a évidement des circonstances historiques, qui suscitent l'apparition des conflits. Actuellement par exemple, en Ukraine Occidentale, les actions des uniates (des catholiques, qui officient selon le rite orthodoxe) ont provoqué un conflit interconfessionnel très aigu. Mais cela reste conflit local. Et si on parle des relations au niveau mondial je les qualifierait de globalement positive. Nous beaucoup de choses en commun. Nous trouvons des approches communes sur nombre de questions et nous nous efforçons de coopérer partout, où c'est possible".
http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Une-intervention-du-metropolite-Hilarion_a3867.html

3.Posté par Vladimir.G: Prochaine réunion de la Commission pour le dialogue théologique? le 10/08/2014 11:02
Dans un article concernant la situation du patriarcat de Jérusalem "La Stampa" (lien) indique que "le patriarcat de Jérusalem sera l'hôte de la Commission pour le dialogue théologique entre l'Eglise catholique et les Eglises orthodoxes orientales. Le but de cette réunion est de débattre de la primauté du 15 au 23 septembre".

Cet entrefilet dénote une certaine confusion: tout semble indiquer qu'il s'agit du dialogue entre Catholique et Orthodoxes chalcédoniens, car l'information est insérée dans un article consacré au patriarcat grec-orthodoxe de Jérusalem, le problème de la primauté est bien à l'ordre du jour (excellent résumé sur (1) et Jérusalem semble logique car la prochaine réunion doit être organisée par les Orthodoxes. Mais la mention des "Eglises orthodoxes orientales" fait penser aux Eglises préchalcédoniennes avec qui Rome pour suit aussi un dialogue théologique dont la dernière réunion a eu lieu à Rome en janvier 2013… Espérons une prochaine clarification.

(1) http://www.osservatoreromano.va/fr/news/le-dialogue-theologique-entre-catholiques-et-ortho#.U-c0TUCvSt8

4.Posté par justine le 10/08/2014 20:08
@ post 2:

Dans son écrit "Eglise ou christianisme", le Saint Hiéromartyr et théologien Hilarion Troitsky, Archevêque de Vereja (1886-1929), souligne:

"Les confessions occidentales ont été appelées avec bonne raison 'des hérésies contre le dogme et l'essence de l'Eglise et contre la Foi elle-même' par un vrai fils de l'Eglise Orthodoxe et de la patrie, A.S. Chomiakov. Ce n'est pas à tort qu'il considérait la négation de l'Eglise comme le trait caractéristique principal aussi bien du Catholicisme Romain que du Protestantisme."

Et le saint hiérarque poursuit:

"La vérité de l'Eglise a été grandement déformée en Occident après la chute de Rome hors de l'Eglise. En Occident, on commença à voir le Royaume de Dieu de plus en plus comme un royaume terrestre. Avec son comptage légaliste des bonnes oeuvres, sa relation mercenaire avec Dieu et sa falsification du salut, le latinisme a obscurci le concept chrétien de l'Eglise dans la conscience de ses adhérents."

Et dans la conclusion il dit:
"...On doit considérer comme la nécessité la plus vitale du temps présent de confesser ouvertement cette vérité indisputable que le Christ a précisément créé l'Eglise, et qu'il est absurde de séparer le christianisme de l'Eglise et de parler d'une sorte quelconque de christianisme en-dehors de la Sainte Eglise Orthodoxe du Christ."

Voir texte intégral en anglais sur http://www.pravoslavie.ru/english/christchurchilarion.htm

5.Posté par Vladimir.G: Erratum le 10/08/2014 20:45
La XI (et dernière en date) réunion de la "Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l'Église catholique et l'Église orthodoxe orientale"s'est déroulée du 28 janvier au 1er février 2014 à Pampakuda, Kerala, Inde. Rapport en anglais sur http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_councils/chrstuni/anc-orient-ch-docs/rc_pc_chrstuni_doc_20140201_eleventh-meeting_en.html

6.Posté par Un nouveau diocèse canadien pour les réfugiés syriaques le 28/02/2016 12:01
Le Canada a accueilli tellement de réfugiés chrétiens en provenance de Syrie et d'Irak ces dernières années que le Vatican a décidé de créer un nouveau diocèse couvrant le pays. Le patriarche syriaque Ignace Joseph III Younan a intronisé hier soir le nouvel évêque, Paul Antoine Nassif, lors d'une messe à l'église Saint-Éphrem de Laval. La Presse les a rencontrés.

Au moins 500 familles de réfugiés chrétiens syriaques ont été admises au Canada depuis trois ans, selon Georges Chahine, coordonnateur général de la communauté syriaque catholique du Canada. Cela ajoute quelques milliers de fidèles aux 15 000 syriaques que comptait le Canada en 2009, au dernier recensement de la communauté.

« Ma priorité sera d'apporter une aide spirituelle à la souffrance de la communauté syriaque, de faire l'alliance entre les parties syrienne, irakienne, libanaise et égyptienne de notre communauté et de l'aider à s'intégrer à une société multiculturelle où règne la liberté religieuse », explique Mgr Nassif, qui était auparavant au Liban. Il veut aussi créer des paroisses dans l'Ouest canadien, où se sont établis plusieurs réfugiés syriaques irakiens. L'ancien diocèse syriaque d'Amérique du Nord couvrait aussi les États-Unis.

QUI SONT LES SYRIAQUES ?

Les syriaques font partie des 23 « Églises orientales » de l'Église catholique. Il y a 150 000 syriaques dans le monde, dont entre le tiers et la moitié vivent en exil, généralement en Occident. Après s'être éloignées de Rome au Ve siècle, ces Églises orientales ont reconnu officiellement l'autorité du pape au XVIIIe siècle. Elles regroupent les « communautés apostoliques », qui existent depuis l'ère des apôtres, voilà 2000 ans. Ces communautés apostoliques ont été décimées par les guerres de religion qui touchent le Moyen-Orient depuis l'invasion américaine de l'Irak, en 2003.

UNE FORTE PRÉSENCE CANADIENNE

Mgr Younan, qui habite Beyrouth, était l'évêque du diocèse du Canada et des États-Unis depuis sa création en 1992, poste qu'il a occupé jusqu'à son élection comme patriarche syriaque en 2009. La première paroisse syriaque d'Amérique du Nord a été créée au Québec en 1975 par des réfugiés libanais. Et l'évêque actuel de Bagdad, Yousif Abba, était jusqu'en 2011 curé dans la communauté syriaque de Toronto.

GÉNOCIDE

Les trois principaux représentants des chrétiens d'Irak et de Syrie, Mgr Younan, le patriarche chaldéen et le patriarche syriaque orthodoxe, ont demandé l'an dernier au Congrès américain, au Parlement européen et au Conseil des droits de l'homme des Nations unies de reconnaître qu'un génocide est en cours dans ces deux pays à l'égard des chrétiens et des yézidis, une confession musulmane très minoritaire. « Certains disent que ce n'est pas un génocide parce que beaucoup de syriaques ont fui le pays plutôt que d'être tués, dit Mgr Younan. Mais un génocide, c'est aussi la disparition d'une communauté du lieu où elle était enracinée depuis des milliers d'années. D'autres disent que beaucoup plus de musulmans sont réfugiés ou tués. Mais ils sont beaucoup plus nombreux que les chrétiens au départ, et leur communauté n'est pas menacée de disparition. » Le Conseil de l'Europe a reconnu le génocide des chrétiens en janvier dernier.

PRIORISER LES RÉFUGIÉS CHRÉTIENS

Mgr Younan déplore que l'Union européenne veuille empêcher les pays de l'Est, notamment la République tchèque et la Pologne, d'accueillir quelques centaines de familles de réfugiés chrétiens syriens à l'exclusion des musulmans. « L'Europe est très indifférente envers la religion et ses racines chrétiennes, dit le patriarche. C'est très difficile à comprendre pour les réfugiés syriaques. Oui, en Europe, il y a le pluralisme religieux et l'égalité de tous les citoyens, mais au Moyen-Orient ce n'est pas comme ça. Les syriaques sont chassés et menacés parce qu'ils sont chrétiens. »

LA RUSSIE

Mgr Younan est reconnaissant de l'appui de l'Église orthodoxe russe et de l'intervention militaire russe en Syrie, même si la Russie n'a pas accueilli de réfugiés syriaques. « Les Américains frappent Daech [acronyme arabe du groupe armé État islamique] en Irak depuis un an et cinq mois et ils n'ont pas réussi à en finir. L'intervention russe a permis aux forces du gouvernement de reprendre du terrain. Une fois qu'ils auront protégé la population des villes de l'ouest du pays, ils vont voir comment affronter Daech. »

CAMPS DE RÉFUGIÉS

L'an dernier, un rapport du University College de Londres a fait état du fait que les réfugiés chrétiens de Syrie évitent les camps de l'ONU par peur d'être fichés comme chrétiens. L'ONU a par la suite affirmé enregistrer les Syriens comme réfugiés à l'extérieur des camps, dont 2,3 % de la population est chrétienne - les chrétiens formaient 10 % de la population syrienne avant le début de la guerre civile en 2011, selon le département d'État américain.

« Les syriaques préfèrent s'entasser à trois ou quatre familles dans des appartements plutôt que d'aller dans les camps, confirme Mgr Younan. Les sunnites, qui sont majoritaires dans les camps, ont malheureusement été radicalisés par la guerre civile et, parfois, considèrent que les chrétiens sont responsables de leurs maux. »

7.Posté par justine le 28/02/2016 18:27
"Les syriaques font partie des 23 « Églises orientales » de l'Église catholique." Pour le dire plus clairement: ce sont des monophysites uniates.

Nouveau commentaire :



Recherche



Derniers commentaires


RSS ATOM RSS comment PODCAST Mobile