Un nouveau livre de l’archiprêtre Gueorguy Mitrofanov « Les choix de l’Eglise orthodoxe russe au XX siècle »
Le nouveau livre du père Gueorguy Mitrofanov « Les choix de l’Eglise orthodoxe russe au XX siècle » (Coédité par « Arefa » et « Lepta ») a été présenté le 21 septembre à Moscou au Centre culturel « Pokrovskye Vorota ».

On pouvait supposer que par analogie avec le recueil précédent de l’auteur « La tragédie de la Russie au XX siècle » le titre du nouvel ouvrage serait « La tragédie de l’Eglise au XX siècle ». Explication du père Gueorguy : « Jamais je n’utiliserai cette expression. L’Eglise n’est jamais dans le tragique! L’Eglise peut être amenée à vivre des périodes dramatiques. C’est bien ce qui s’est produit au XX siècle, siècle de martyr et d’héroïsme. Le thème de l’apostasie n’est pas moins important que celui du martyr : en effet, nombreux étaient ceux qui cherchaient des compromis avec le pouvoir. Ils étaient convaincus que c’était au nom du salut de l’Eglise.

Je ne suis pas de ces prédicateurs qui font l’apologie de la souffrance. Rares sont ceux que la souffrance est susceptible de transfigurer, en règle générale, les douleurs altèrent la personnalité. Cela se rapporte à l’Eglise. Le XX siècle a laissé en héritage à l’Eglise un très lourd fardeau. Je cherche dans mon dernier livre à montrer comment la tragédie vécue par le pays a mutilé l’Eglise. Dans quelle mesure l’Eglise assume la responsabilité de ce qui s’est passé au début du XX siècle ? Ce que nous observons aujourd’hui est l’une conséquence de ce passé. Le livre est un recueil d’articles et d’essais dont la majorité avaient été publiés antérieurement par « Tzerkovny Vestnik » (Publication officielle du patriarcat de Moscou).

Un nouveau livre de l’archiprêtre Gueorguy Mitrofanov « Les choix de l’Eglise orthodoxe russe au XX siècle »
Ce mode d’expression équivaut pour moi à une forme de prédication, il permet d’approfondir le contact avec mes lecteurs. Le risque est pour moi réel de devenir un essayiste, ceci au détriment de l’historien. Mais je choisis les sujets dont je traite en fonction de leur importance à mes yeux.
Les échos qu’a suscité mon livre précédent « La tragédie de la Russie. Les sujets interdits de l’histoire du XX siècle » ont montré que l’histoire moderne de l’Eglise intéresse peu de monde, milieux ecclésiaux y compris. Nous nous sommes accoutumés aux clichés et nous ne nous intéressons à l’histoire que lorsque ces clichés sont mis en doute ».

Le père Gueorguy a poursuivi : « Souvent même ceux qui sont en Eglise perçoivent le monde d’une manière peu ecclésiale. Nous nous laissons aller à omettre la Bonne Nouvelle et à lui substituer des ensembles de mythologèmes. La manière dont a été perçue la canonisation des Nouveaux martyrs et confesseurs en est une preuve. Au lieu de nous horrifier à la vue du nombre immense des victimes innocentes nous voilà proclamant presque avec orgueil : Mais qui d’autre possède autant de saints ? De là à conclure que les Russes sont un peuple élu il n’y qu’un pas ».

Les articles réunis de ce recueil portent sur l’histoire de l’Eglise orthodoxe durant la période des persécutions et notamment les grandes figures de cette époque : le patriarche Tikhon, le métropolite de Iaroslavl Aganafel Preobrajenski, l’archiprêtre Philosophe Ornatski. Parmi les autres thèmes abordés, figure en particulier la question de la survie de l’Eglise sous un régime totalitaire à partir de l’exemple des métropolites Serguey Starogorodski et Serguey Voskresenski. Sont également cités les souvenirs du métropolite Ioann Snytchev de Saint-Pétersbourg et du prêtre Vassili Ermakov (père spirituel de l’auteur du livre).

Plusieurs orateurs sont intervenus au cours des débats qui ont suivi l’allocution du père Mitrofanov.

La soirée était présidée par Serguei Tchapnine, rédacteur en chef de « La revue du patriarcat de Moscou » (Журнал Московской патриархии). Il a dit : « Le Parti communiste dispose aujourd’hui du deuxième groupe le plus nombreux à la Douma. Cela signifie que la majorité de ceux qui se disent orthodoxes votent pour les communistes.Ce parti ne déclare-t-il pas avoir toujours soutenu l’Eglise ? Mensonge aujourd’hui possible, voire crédible . Ceci bien que les archives soient accessibles et que l’attitude des bolcheviks à l’égard de l’Eglise n’est plus un mystère pour personne. Les gens refusent d’accepter la vérité, ils préfèrent, et ceci leur est plus confortable, vivre de mythes. Il est indispensable de faire preuve d’un certain courage pour rester fidèle à la vérité historique. Le père Gueorguy nous aide à maintenir non altérée notre mémoire commune ».

Alexandre Mazyrine, chargé de cours à l’université Saint Tikhon, a dit : « Au début du XX siècle l’Eglise s’est retrouvée face à face avec un régime déicide. A quoi pouvait-elle renoncer ? La voie des compromis, ceci est prouvé, n’a pas permis de sauver quoi que ce soit. Vers la fin des années 30 l’Eglise était pratiquement démantelée. Une pléthore de saints se sont manifestés. En définitive ce ne sont pas des considérations politiques qui ont incité le pouvoir à renoncer aux persécutions. Tout simplement l’énergie émanant de la sainteté a triomphé des forces du mal. L’auteur s’est employé à montrer l’influence qu’ont exercé les Nouveaux martyrs sur le cours de l’histoire ».

Intervention de l’archiprêtre Alexeï Ouminsky, recteur de l’église de la Trinité à Khokhly : « Les Nouveaux martyrs sont en réalité si peu vénérés.Une autre idéologie a pris le dessus au sein de l’Eglise. Les paroisses commercialisent des icônes accompagnées d’explications comme « Saint Séraphin de Sarov - Pour les douleurs dorsales », « Saint Jean le Précurseur- Pour les migraines », « Sainte Matrona de Moscou - Pour tous les maux »… Mais à quoi sert alors l’icône des Saints martyrs Impériaux ? Personne n’y a sans doute pensé. Pourquoi ne pas dire : « Pour l’excessive quiétude de l’Eglise » ? C’est pourtant bien de ce mal que nous avaient prévenu les Nouveaux martyrs. Nous nous attendions en les canonisant à un renouveau de la conscience ecclésiale. C’est presque le contraire qui s’est produit. Souvent nous préfèrerions laisser en marge de notre conscience les souffrances que les Nouveaux martyrs ont éprouvées. Leur canonisation risque de devenir une condamnation à l’oubli ".

Le père Piotr Mescherinov, du monastère Saint Daniel, a posé une question : « Que pensez-vous, père Gueorguy de l’hostilité qui se fait jour entre l’Eglise et l’intelligentsia ? Les tendances populistes que nous observons aujourd’hui en Eglise évoquent la situation qui existait au début du XX siècle ».
Réponse du père G. Mitrofanov : « Ce n’est pas la bonne manière de poser la question. Il ne s’agit pas selon moi de l’intelligentsia mais de la façon qu’a l’Eglise de communiquer avec son troupeau. Souvent nous nous déshumanisons et les canons nous empêchent de voir nos paroissiens tels qu’ils sont ».

L’archiprêtre Alexandre Borissov, recteur de la paroisse Saints Cosme et Damien à Choubino, a observé : « La situation actuelle du pays me rappelle pour beaucoup ce qui se passait à la veille de 1917. Les gens restent persuadés que la Russie doit coûte que coûte rester un empire. Biologiste de formation je pose la question : pourquoi les dinosauriens n’ont-ils pas survécu ? C’est à cause de leur taille excessive. Au début du XX siècle la Russie n’a pas sur accepter son immense taille ».

"P.O." donne l’essentiel de cet article. En voici la référence. Le sujet a suscité de très vifs débats. Nous allons certainement y revenir.
"Neskoutchniy Sad"

Traduction "PO"
......................................
Voir également :
Lettre des membres du synode de l’Eglise orthodoxe russe hors frontières à l’archiprêtre Georges Mitrofanov
Le Synode des évêques de l’EORHF à propos du livre de l’archiprêtre Georges Mitrofanov
André Zoubov, "Ne pas oublier notre vécu?"
Xenia Krivocheine: Communisme et décommunisation: à propos du livre du père Georges Mitrofanov


Un nouveau livre de l’archiprêtre Gueorguy Mitrofanov « Les choix de l’Eglise orthodoxe russe au XX siècle »

Rédigé par Parlons d'orthodoxie le 26 Septembre 2011 à 13:00 | 18 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Tchetnik le 25/09/2011 11:38
Ceux qui connaissent l'Église Russe sur le terrain savent que, sans être parfaite, elle organise énormément d'activités caritatives, sociales, éducatives qui rendent d'immensent services. Avec des paroisses qui sont animées, pour la plupart, par des prêtres parfaitement fidèles à l'Évangile et à ses idéaux, et qui savent écouter de façon à la fois lucide, exigente et bienveillante leur troupeau. Le fait qu'ils défendent, pour certains d'entre eux, un héritage culturel et historique impérial ne remet pas en cause ces bons fruits ni la profondeur de vue de ces prêtres là. (on ne voit guère ce que cela pourrait avoir de plus négatif que de défendre une vision gauchiste de la société...laquelle a suffisament fait la preuve de son caractère mortifère).

Il existe effectivement des prêtres maladroits qui remplacent l'Évangile par une perception plus superficielle et "folklorique" de la vie Chrétienne. Mais cela existe aussi en Grèce...Pays qui ne connut pas ce genre de révolution (même l'ELAS ne rejetait pas l'Église dans ses débuts). Dans d'autres pays aussi. les quelques brebis galleuses ne doivent pas servir pour justifier l'attitude d'intelligentsias qui, de toute manière sont hostiles à tout enseignement et à toute exigence Chrétiens. Et qui ont accompagné, justifié, commandité un régime politique qui, en termes de dégats humains, reste infiniment supérieur à tout ce qui l,avait précédé de politique comme de religieux (même en tenant compte des moments les plus discutables du régime impérial et de l'Église Orthodoxe avant-révolution.

Le fait est que ce ne furent pas que les prêtres complaisants et carriéristes qui furent exterminés (ces derniers furent souvent présents dans l'"église vivante" comme dans certains cercles en France...), mais l,ensemble des évèques, prêtres et fidèles de l'Église. Ce au nom d'une idéologie qui n'avait absolument pas besoin de ces mauvais exemples pour justifier ses actes.

Il en est de même avec les intellectuels d'aujourd'hui. Tout d'abord, dire que seuls les gens obscurs et inéduqués seraient proches de l'Église est faux. C'est un mensonge délibéré qui ne tient aucun compte des scientifiques, médecins, écrivains, artistes, et autres qui, déjà à l'époque Soviétique, vivaient une foi Chrétienne aussi intense et de conviction forte qu'elle était éclairée par l'exercice de l'intelligence et de la réflexion.
Ensuite, ceux qui, de nos jours hurlent à la "dictature cléricale" (un vrai fantasme) devraient plutôt se préocciper de ce que fut le régime communiste, bien plus proche de leurs voeux, et de ce que fut leur vie et carrière sous ce régime.




2.Posté par vladimir le 25/09/2011 14:55
L'intervention du père Alexeï Ouminsky, comme la réponse du père Georges au père Pierre Mescherinov (ou Meschtcherinov) sont exactement dans la ligne du débat sur "la subculture conservatrice" qui domine dans l'Eglise russe (lien). Le père Alexei illustre ce"catalogue de saints rappelant les listes de spécialistes dans les hôpitaux" dont parlait précédemment le père Georges et le père Georges soutien ce qu'analyse le père Pierre en terme "d'une ecclésiologie purement superficielle... etc."

3.Posté par Tchetnik le 26/09/2011 08:05
L'une des grandes hypocrisies de ce débat est justement la confusion entre "superficiel" et "conservateur".

Ce qui est conservateur n'est pas forcément superficiel et pas mal de gens superficiels ne sont absolument pas conservateurs, comme certains Grecs adeptes du "Mavromati" et de la musique rock dans les églises peuvent le montrer.

Pas mal de prêtre "conservateurs" qui défendent un héritage historique qu'ils croient (à raison) être plus porteur et représentatif des idéaux de vertus Chrétiennes ne sont pas forcément en panne de diplômes, de culture et d'éducation.

C'est justement l'une des armes de propagande de ce groupe que d'assimiler les deux termes, de façon délibérément mensongères.



4.Posté par vladimir le 26/09/2011 22:29
Je suis bien d'accord que le débat est faussé par une confusion, mais je ne la vois pas là où la place Tchetnik. Pour moi il y a double confusion quand on confond des positions fondées sur le respect et l'amour chrétien avec des positions extrémistes. Ainsi il ne faut pas confondre respect des traditions avec intégrisme, d'un coté, et ouverture avec libéralisme de l'autre. Ce qui caractérise ces deux extrémismes, que je renvois dos à dos, c'est leur conviction de posséder seuls la Vérité et leur intolérance vis-à-vis de ceux qui ne partagent leurs convictions. Par contre, et cela fausse notre point de vue, nous sommes plus confrontés ici au second extrémisme, la subculture libérale ou moderniste, alors qu'en Russie c'est la subculture intégriste qui domine comme le montrent les nombreux articles qui lui sont consacrés.

Pour être concret je reprend l'exemple du père Aléxis: les Nouveaux Martyre ne sont pas vénérés car on ne peut les mettre dans ce "catalogue de saints rappelant les listes de spécialistes dans les hôpitaux" (1); "à quoi sert alors l’icône des Saints martyrs Impériaux ?" lance-t-il et j'ajoute que si on a trouvé « Sainte Matrona de Moscou - Pour tous les maux » il s'est trouvé un thuriféraire pour ajouter un portrait de Staline sur son icône (l'Eglise a condamné et fait retirer cette "icône"). C'est de cela qu'il est question quand on parle d'approche superficielle, même si cette attitude se rencontre très souvent, il ne faut pas la généraliser à tous les traditionalistes.

Symétriquement, ceux qui suppriment l'iconostase, les mâtines et la confession sont des extrémistes non représentatifs des partisans de l'Orthodoxie ouverte. Ni le père Georges Mitrofanov, ni le père Pierre Mescheriniv, ni même le père Alexandre Schmemann, auquel tous se référent, n'ont jamais prôné cela. Ils n'en sont pas moins de vrais représentants d'une orthodoxie ouverte et ne dénoncent que l'extrémisme des intégristes en mettant au premier plan la joie et l'amour chrétiens au lieu des fétiches prônés par la subculture intégriste.

(1) voir aussi http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Les-martyrs-du-XXe-siecle-restent-encore-etrangers-a-beaucoup-d-orthodoxes-contemporains_a63.html

5.Posté par Tchetnik le 27/09/2011 13:01
Dire que les Saints Martyrs Impériaux "ne sont pas vénérés" en Russie de nos jours est archifaux. La piété et l'attachement Chrétuien que leur exemple suscite au sein des paroisses est manifeste.

Par ailleurs la pratique de "spécialisation" des saints, pratique effectivement superficielle , reste plus minorit«ire dans l'Église Russe qu,elle ne peut l'être dans une Église Grecque pourtant bien plus libérale.

Les "extrémistes" enfin, ont certainement leurs torts et maladresses. Mais prendre comme prétexte quelques mauvais exemples pour justifier une démarche de remise en cause de la Tradition de l'Église pour la remplacer par ses critères et spéculations personnelles, rejeter les exigences d'idéaux et de vertus pour y substituer ses desideratas et ce que l'on souhaite entendre(démarche qui, dans ses paramètres, est protestante. Il ne s,agit pas là d,un jugement de valeur mais d'une réalité) reste une démarche qui éloigne infiniment plus de l'Église que celle qui consiste à appliquer lesdits enseignaments et idéaux (démarche forcément "extrémiste" car la Vérité n,est pas nuancée, pas plus que le sens de sainteté qu'elle donne à la vie. Elle exige un don, une allégeance, une pratique qui ne souffrent ni compromis, ni transigeances).

La confusion vient du fait que tous les "conservateurs sont catégorisés "extrémistes" par ceux qui aiment moins le Christ qu'un Christ sympatoche, qu'ils se fabriquent selon leur convenance, à leur image.

Lesdits "intégristes" n,en font pourtant pas moins oeuvre de charité, de bienveillance et de joie. Il y a bien plus de joie dans leurs assemblées que dans les diners mondains de certains "monastères" ou paroisses françaises.

On peut être "intégriste" du relativisme et de la complaisance, ce qui echappe à ces gens. J'ajoute que ces "intégristes" là ont certainement causé bien plus de dégats humains comme spirituels.


6.Posté par vladimir le 27/09/2011 17:01
Nous sommes d'accord en gros... mais le diable se cache dans les détails!

- Oui, les Saints Martyrs Impériaux et les Néomartyres commencent à être vénérés et, si l'on compare à la situation il y a dix ans (pratiquement aucune mention) les progrès sont impressionnants: il suffi de voir le pèlerinage de Iekaterinbourg en juillet (1). Mais cela reste largement minoritaire et ne touche pas la piété "ordinaire": si vous dénichez une icône des Saints Martyrs Impériaux ou des Néomartyres (il n'y en a pas dans chaque église…) vous y verrez bien moins de cierges que pour Saint Nicolas, Saint Séraphin de Sarov ou Sainte Matrona de Moscou. Et pour cause, vous ne les trouverez pas dans les catalogues des "spécialisations" comme celui-ci (2). Je ne dit pas que ce côté superficiel, ni d'ailleurs toutes les caractéristiques de la subculture intégriste, soient une exclusivité russe, mais je dis qu'elle prédomine là-bas contrairement à l'impression que nous en avons ici.

- Vous mettez très justement en avant les exagérations que je souligne aussi: il n'est pas question de confondre respect des traditions avec intégrisme (mais les intégristes, eux, ne s'en privent pas!). Et de même devrait-on écrire qu'il ne faut pas prendre comme prétexte les quelques mauvais exemples que je souligne (on peut tout à fait être "intégriste" du relativisme et de la complaisance!) pour justifier une démarche de remise en cause de toute ouverture. Les Orthodoxes d'ouverture sont aussi catégorisés "extrémistes, révolutionnaires, Protestants ou hérétiques" dès que comme l'écrit le père Pierre Meschtcherinov (3) ils essayent de vivre une foi plus authentique, "en essayant de faire honnêtement ce qu'ils peuvent en eux-mêmes, dans leur famille, autour d'eux, sans tourner en rond dans la subculture des jeunes, des règles, des guides spirituels et du jargon spécifique". Tous ne sont pas des laxistes, loin de là! Je prendrai pour exemples les communautés du père Georges Kotchetkov: ils recherchent vraiment la réalité du message du Christ dans la véritable Tradition, avec mâtines à 5h du matin, Liturgie complète... le tout avec des traductions en russe... et ils ont considérés comme hérétiques par les intégristes (4).

Ainsi, bien cher Tchetnik, nous avons évidement un point de vue différent sur ces aspects mais, en y regardant de plus prés, nous trouvons bien des points d'accord sur le fond!


(1) http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Recit-d-un-pelerinage-sur-les-lieux-de-l-assassinat-de-la-famille-imperiale-russe_a26.html
(2) http://new-icon.org.ru/pray_to_whom.html
(3) http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Defense-de-la-desecclesialisation_a1878.html
(4) http://antimodern.wordpress.com/2009/03/28/kochetkov/

7.Posté par Daniel le 27/09/2011 21:51
Concernant le père Georges Kotchetkov, il semble qu'il y ait certains problèmes avec ses doctrines; il reconnaîtrait le baptême des gens hors de l'église etc. Je ne peux me prononcer, j'ai eu recours au traducteur automatique.

8.Posté par vladimir le 27/09/2011 23:27
Bien cher Daniel,

J'espère que vous ne vous fondez sur antimodern.wordpress.com/: c'est le type même de site intégriste qui débite des accusations sans fondement et je le cite comme un modèle du genre!...Si vous me trouvez une publication du père Kochetkov qui dirait quelque chose qui même de loin ressemble à cela je réviserai mon jugement.

Mais je connais un peu la doctrine du père Georges sur le baptême et l'entrée en Eglise: il demande un véritable catéchuménat de plusieurs mois aux adultes qui veulent le baptême et propose le même type de préparation aux non pratiquants qui souhaitent rejoindre sa fraternité ... Ce qui permet à ses adversaires de prétendre qu'il ne reconnait pas le baptême.

Il a obtenu un doctorat à Saint Serge, ce qui justifie évidement toutes les accusations de "modernisme" en Russie, et il a eu des difficultés avec sa hiérarchie quand il a voulu célébrer en russe (je crois qu'il avait été interdit quelques mois il y a dix ou quinze ans ans); mais il ne le fait plus, en distribuant des traductions, et tout semble en ordre de ce point de vue. Il est l'auteur de très belles traductions de textes liturgiques en russe et son Institut St Philarète (lien) à publié la traductions quasiment complète des livres liturgiques.

9.Posté par Tchetnik le 28/09/2011 07:52
En l'occurence, non seulement les icônes des Saints Martyrs impériaux ne se "dénichent" pas, mais se trouvent pratiquement dans toutes les églises (y compris en banlieue profonde), jusque sur les iconostases, mais les cierges y figurent en grand nombre. Leur vénération, quand on demande un peu aux gens qui s'y attachent, est loin d'être simplement idéologique ou politique, contrairement à ce qu'un certain disours de "convertis" en Occident ne veut le faire croire, mais relève d'une véritable fascination pour le caractère profondément Chrétien tant dans la vie que dans la mort de ces martyrs (dans lesquels il faut inclure Sainte Elisabeth).

La subculture n,est pas à proprement parler "traditionnelle". Comme je l'ai mentionné, elle existe aussi en grèce, en Roumanie (beaucoup moins en Serbie) et se fonde, non pas sur les enseignements et pratiques de l'Église consacrés en concile ou par un usage général et régulier dans l'Église, mais sur des coutumes folkloriques (et effectivement sans objet, comme la façon de nouer un foulard, par exemple...) ou, parfois, sur des usages extérieurs à l'Église, contraires à ses enseignements, qui ont pu, à la faveur de certains évenements ou circonstances, s'imposer localement et hélas résister à toutes les remises en causes jusqu,à présent. Je prendrai l'exemple sur la communion rare, qui fut pourtant combattue par Saint Kosmas d'Étolie ou Saint Nicodème l'Agiorite.

Certains considèrent ces usages comme la "Tradition", à tort, et n'en démordent pas, en dépit des démonstrations qui pquvent être faites du contraire par des personnes parfaiitement abilitées et compétentes. Et ont une fâcheuse tendance à les imposer de manière parfois agressive.
Mais cela n,a encore une fois rien à voir avec le fait de diffuser et au besoin de savoir imposer les enseignements et exigences qui relèvent réellement de l'héritage de l'Église, et de dénoncer toute véléité de remplacement par ses spéculations propres.

10.Posté par Tchetnik le 28/09/2011 07:53
Les partisans de P. Georges Kotchetkov sont venus à Oxford, il y a un certain temps de cela, et ont ostensiblement communié avec les Anglicans, ce qui constitue un acte antiecclésial.


11.Posté par Daniel le 28/09/2011 07:54
@ Vladimir

Le seul site que vous ayez indiqué est antimodern.wordpress.com. Que j'ai passé au traducteur automatique... J'ai bien dit, "il semble...". Mais n'ayant pas lu l'intéressé et n'ayant jamais entendu parler de lui, je ne peux rien en dire... Mais sa traduction des textes liturgiques en russe est intéressante, de même que la célébration des matines à 5h. Mais faute de connaître le russe, je n'en dirai pas plus... et n'en saurai pas plus...

12.Posté par vladimir le 28/09/2011 10:21
Et bien, il semble que nous trouvions vraiment un terrain d'entente avec vous, bien cher Tchetnik. Oui, une grande partie de ces pratiques sub-culturelles ne sont que des superstitions qui ont peu à voir avec l'Orthodoxie (dixit père Alexandre Schmemann), mais elles sont si bien mêlées aux tradition de l'Eglises par les intégristes qui veulent les imposer (et en fait imposer par là leur propre autorité) que c'est à chacun de faire le tri. Et quand on le fait, on s'impose aux imprécations et anathèmes des tenants de la subculture, comme l'explique le père Pierre (3 ci.dessus) .


13.Posté par vladimir le 28/09/2011 10:33
Oui, bien cher Daniel, j'ai cité ce blog comme exemple de ces intégristes qui considèrent le père Georges "hérétique" (dans l'introduction de l'article...). Vous constaterez qu'il n'y a là aucune référence, mais uniquement des affirmations péremptoires, en fait fondées sur des amalgames et des interprétations erronées, comme pour le baptême...

Voici une analyse intéressante de son mouvement:

Essayons de nous écarter tout aussi bien d’une condamnation de ceux qu’on désigne par le terme «kotchetkoviens», que d’une approbation inconditionnelle de tout ce qui se fait dans la fraternité du père Georges. Au fondement du mouvement des «kotchetkoviens» on trouve des principes indubitablement justes : la restauration de la catéchèse et de la vie communautaire, la participation consciente aux offices de l’Eglise, célébrés dans une langue compréhensible. En même temps, comme cela est justement pointé par certains critiques, ce mouvement court le danger de se penser comme un phénomène «élitaire» au sein de la vie ecclésiale et de constituer un groupe fermé sur lui-même. Cela est compréhensible et naturel dans la situation où il se trouve et, malheureusement, l’hostilité manifesté contre les «kotchetkoviens» par d’autres prêtres ou évêques ne fait que sceller et renforcer cette tendance à l’isolement de ce mouvement du reste du peuple de Dieu. Au lieu d’aider à éloigner ce danger, les autorités diocésaines ne font qu’écarter davantage les membres de la fraternité Bogolioubski du reste de l’Eglise.

Naturellement, le mouvement du père Georges Kotchetkov et de ceux qui le suivent doit être soumis à une saine critique, partant non pas du désir de condamner des «hérétiques», mais de discuter des aspects positifs et de possibles défauts afin de recevoir dans la pratique ecclésiale commune ce qui semble sain. Malheureusement, l’expérience montre que beaucoup parmi nous ne sont pas encore prêts à discuter tranquillement de phénomènes donnant lieu à controverses.

Les autorités ecclésiales comprennent sans doute que du côté des cercles orthodoxes dits «libéraux» la menace de schisme est minime, ce qui n’est pas le cas des milieux conservateurs de patriotes orthodoxes. Qu’on se souvienne seulement des récentes déclarations de l’évêque Diomède de la Tchoukotka, dont les idées sont partagées par une majorité de «zélotes de l’orthodoxie». Le prêtre Georges Kotchetkov et ses principaux partisans ont été interdits pendants 2 ans et demi. Il y a 7 ans, le dimanche du triomphe de l’orthodoxie, ces interdictions ont été levées. Durant le temps où ils ont été interdits de communion, aucune de ces personnes n’est partie «dans une autre juridiction». En même temps, les idées qui ont été mises au fondement de l’activité du p. G. Kotchetkov suscitent un intérêt accru dans les milieux de l’Eglise, et certaines d’entre elles (comme la catéchèse obligatoire avant le baptême ou le mariage) sont présentées aujourd’hui par des membres de la hiérarchie comme une norme obligatoire à laquelle l’Eglise doit revenir. Bien sûr le mérite n’en revient pas au seul mouvement «kotchetkovien», mais il y a contribué.
...
Au fondement du mouvement du p. G. Kotchetkov se trouvent des aspirations saines. Il est possible que certaines d’entre elles soient réalisées d’une manière qui n’est pas entièrement correcte, mais ce n’est pas une raison pour interdire le mouvement en tant que tel. La catéchèse, la participation consciente à la vie liturgique des chrétiens, le sens de la communauté et de la conciliarité, le développement d’une saine initiative «d’en bas», tout cela est si important pour l’Eglise d’aujourd’hui, que toute expérience dans ces domaines apparaît précieuse et digne d’être discutée et non condamnée. Nous sommes placés aujourd’hui devant des défis, auxquels nous devons répondre. Et de cette réponse dépend l’avenir de l’orthodoxie dans l’espace postsoviétique. La voie des interdits semble plutôt mener à une impasse.

Extraits de « Condamner ou discuter ? Au sujet de l’excommunication des 'kotchetkoviens' du diocèse de Tver » par le père André Doudtchenko, 20 mars 2007,

14.Posté par Mischa le 28/09/2011 10:59
Tchetnik № 10 Пишет что "кочетковцы" причащаются с англиканами в Оксфорде из одной чаши.
Это настоящее нарушение всех церковных правил и догм!
Но их потдерживают интеллигенты, которые воспринимают. о.Георгия Кочеткова как "новое слово". Он вызывает у этих людей преклонение и восторг, в большинстве своём эти люди совершенно не знают Церкви, традиций и настроены ( в приниципе!) против РПЦ .

Отец Георгий Кочетков приезжает часто во Францию. выступает в РСХД, и его принимают как единомышленника.
В 1997 его общину запретили в России, на его защиту встал Н.А.Струве. Вот ссылка


15.Posté par vladimir le 28/09/2011 11:34
Cher Misha,

Votre "В 1997 его общину запретили в России" est inexacte en laissant entendre que l'interdiction est en vigueur. Or, si le père Georges Kotchetkov et ses principaux partisans ont été interdits pendants 2 ans et demi, ces interdictions ont été levées en 2000, le dimanche du triomphe de l’orthodoxie. En 2007 il y a eu une condamnation dans le diocèse de Tver mais, à ma connaissance, aucune interdiction concernant toute la Russie ne pèse plus sur cette communauté. Le père Georges a depuis été nommé recteur de la paroisse du monastère Novodievichi et l'Institut Saint Philarète, dont il est le recteur, fonctionne normalement.

16.Posté par vladimir le 28/09/2011 12:06
PS: le 3 décembre 2009, le père Georges et son Institut ont été félicité par le patriarche Cyrille, Mgr Hillarion de Volokolamsk et d'autres prélats et responsables du patriarcat, Mgr Juvenal à l'occasion du bilan de la 21ème année universitaire. Le message du patriarche soulignait l'importance de la catéchèse "dans laquelle tous doivent participer, les évêques, les clerc et les laïcs".

17.Posté par Mischa le 28/09/2011 12:31
Я не совсем понимаю, почему мы обсуждаем здесь о.Георгия Кочеткова?
Это никакого отношения не имеет к личности и книгам о.Георгия Митрофанова. Отец Г.Митрофанов по всем своим взглядам совершенно отличается от "левых обновленцев"кочетковцев"
В своих книгах о.Георгий Митрофанов пишет о России, которую защищали Белые воины. Он сам стоит на монархических позициях, а "кочетковцы" абсолютно соответствуют настроениям Собора РПЦ 1917-18гг.

18.Posté par Tchetnik le 28/09/2011 14:06
La catéchèse est effectivement fondamentale dans l'enracinement de la foi (qui reste plus forte quand elle est accompagnée par la réflexion et la connaissance), mais outre que P.Georges Kotchetkov n'est certainement ni le premier, ni le seul à en avoir fait la promotion (Saint Nicolas Velimirovitch en son temps), ce problème n'a rien à voir avec le fait d'être conservateur ou libéral.

Beaucoup de "conservateurs" insistent sur la catéchèse, comme Saint Nicolas le fit d,ailleurs, beaucoup de libéraux s,en moquent éperduement. Car qui dit "catéchèse" dit aussi prise de connaissance des enseignements et des exigences de l'Église, ce dont les libéraux ne veulent justement pas entendre parler. Certaines paroisses Grecques sont justement caractérisées par cette abscence totale de catéchèse, qui permet ainsi de justifier toutes les fantaisies.


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