Une évaluation de la direction spirituelle dans l'Église Orthodoxe, en particulier dans l'Orthodoxie en Grande-Bretagne
Interview avec Père Andrew Phillips (Eglise Orthodoxe de saint Jean le Thaumaturge – Eglise Orthodoxe Russe Hors Frontières) par Liviu Barbu (étudiant en doctorat à King’s College London). Interview prise par email (Août, 2006). Traduit de l’anglais par Père Andrew Phillips.

LB: Êtes-vous père spirituel?
P. AP: Je ne suis pas père spirituel, je suis confesseur.

LB: Qu'est-ce que cela signifie pour vous d'être un prêtre-confesseur?
P. AP: C'est très important pour moi, parce que c'est une préparation essentielle avant la communion. Notre but est l'auto amélioration, la purification de nos âmes, afin que la grâce de Dieu puisse pénétrer en nous et transfigurer nos vies

LB: Que comprenez-vous par direction spirituelle?
P. AP: Aider les fidèles pour le salut de leurs âmes, en les conseillant comment combattre les tentations, les faiblesses, les péchés et les passions, mais aussi, plus particulièrement, à l'aide du sacrement de la confession.

LB: A votre avis, est-ce que les Chrétiens orthodoxes ont besoin de pères spirituels?
P. AP: Oui, nous avons besoin de quelqu'un qui nous aide dans le combat spirituel, mais personnellement, j'évite d'utiliser le terme de "père spirituel." Dans son sens le plus pur, - un ancien doué de clairvoyance - , je ne connais pas un seul père spirituel vivant en Europe occidentale de nos jours. Déjà à l'époque de saint Païssius de Niamets, au 18ème siècle, il y avait fort peu de pères spirituels, alors que devrions-nous dire de la situation actuelle? Je préfère le terme de "confesseur".

LB: Est-ce que le fait de ne pas avoir de père spirituel a des conséquences ?
P. AP: Nous avons besoin de confesseurs qui nous aident dans notre cheminement. Les conséquences du manque d’un confesseur sont le découragement, l'indifférence, et pour finir, éloignement de la pratique de la Foi Orthodoxe.

LB: Selon vous, qui peut être un père spirituel?
P. AP: Comme je l'ai déjà dit, de nos jours, je ne crois pas qu'il y en ait en Europe occidentale. En Europe orientale, il y a bien encore quelques anciens prêtres ou moines, mais même là ils sont peu nombreux. De nos jours, il y a des confesseurs, des prêtres qui prient, qui célèbrent les Offices, qui réfléchissent, qui ont une expérience de la vie, et qui tentent de faire des leur mieux. Je crois que nous approchons la fin des temps, où, si nous pouvons simplement garder notre foi, alors Dieu nous protègera.

LB: Que pensez-vous du ministère des évêques et des prêtres a l’égard de la direction spirituelle ?
P. AP: C'est une part essentielle de leur activité.

LB: Est-ce que la direction spirituelle offerte par des prêtres et des évêques est différente des autres formes de direction spirituelle Chrétienne (p.ex. celle par des moines non-ordonnés, des moniales ou des laïcs Chrétiens 1)?
P. AP: Parfois, c'est la même chose, sauf que le prêtre peut donner l'absolution dans le sacrement de la confession. D'autres fois, c'est différent, parce que le clergé a une compréhension ecclésiale et sacramentelle du monde qui est absente chez les laïcs, aussi pieux et spirituels puissent-ils être.

LB: A votre avis, est-ce que la direction spirituelle pour les Chrétiens laïcs est similaire ou différente de celle pour les moines?
P. AP: Très similaire. Saint Jean Chrysostome dit que la seule différence entre le monachisme et le laïcat, c'est le mariage. Pour le reste, le combat devrait être le même. Qu'est-ce qu'une famille, sinon un monastère en miniature? Lorsque nous nous marions, nous portons la couronne des martyrs; c'est la même lutte que dans un monastère, pas aussi profonde, pas aussi intense peut-être, mais cependant, essentiellement la même.

LB: Voudriez-vous décrire votre activité en tant que père-confesseur?
P. AP: Je suis confesseur et confesse ceux qui viennent auprès de moi. J’observe leurs progrès, leur parle, leur téléphone, leur envoie des courriers électroniques, les conseille du mieux que peux, et leur demande aussi de prier pour moi, afin de pouvoir les aider. Nous sommes tous pécheurs.

LB: Comment décrivez-vous la relation que vous avez avec vos enfants spirituels?
P. AP: Je les guide et les soutiens dans leurs difficultés, tout en leur montrant mon amour.

LB: Comment comprenez-vous la pratique de l'obéissance au père spirituel?
P. AP: Si vous n'obéissez pas aux suggestions du confesseur, vous chuterez spirituellement et perdrez ainsi la grâce.

LB: Y-a-t'il une chose sur laquelle vous insistez particulièrement dans la direction spirituelle?
P. AP: La régularité en confession et la persévérance dans la lutte, car le repentir est notre besoin permanent. Nous devons continuellement essayer, réessayer, 7 fois 70. La seule différence entre les saints et nous, c'est qu'ils se repentaient sans cesse jamais abandonner, le combat tandis que nous ne faisons pas cela, car nous n’avons pas assez de foi; et alors nous renonçons à la lutte.

LB: Quelles sont vos sources d'inspiration pour la direction spirituelle?
P. AP: Sans aucun doute, l'Evangile, les Pères, les vies des Saints et les vies de pères spirituels et de saints contemporains, tels que p. Cleopa, p. Ilarion (Argatu), p. Dionysius (Ignat), p. Paisie (Olaru), p. Arsenie (Boca), et p. Arsenie (Papacioc) de Roumanie, le métropolite Zinovy (Mazhuga) de l'Église de Géorgie, saint Jean [Maximovitch] de Shanghai, Saint Jonah de Manchourie, Saint Laurent de Chernigov, Saint Luc de Simferopol, Saint Sebastian de Karaganda, l'Ancien Seraphim de Belgorod, p. Vitaly (Sidorenko), p. Seraphim (Romantsov), l'Ancien Sabbas des Cavernes de Pskov, p. Zosima (Sokur), p. John (Krestiankin) dans l'Église de Russie, les Anciens Porphyrios, Paissios, Joseph, Ephraim, Philotheos et Amphilochios dans l'Église de Grèce, Saint Nicolas (Velimirovich), Abba Justin (Popovich) ou p. Vojislav (Dosenovich) dans l'Église de Serbie.

LB: Prenez-vous en considération les Canons de l'Église et des Pères dans la direction spirituelle?
P. AP: Oui, bien sûr, mais ils doivent être appliqués avec grand discernement. Le discernement est la plus importante qualité du confesseur. Un confesseur qui n'a pas de discernement peut mener les âmes au naufrage spirituel.

LB: À votre avis, quel est le rôle du la sacrement de la confession dans la direction spirituelle?
P. AP: Le sacrement est la partie finale, ou le point culminant, de la direction spirituelle avant la communion.

LB: Proposez-vous principalement la direction spirituelle à travers le sacrement de confession?
P. AP: Le confesseur doit donner la direction spirituelle partout et en tout temps, par sa manière de vivre, dans la vie avec ses enfants (s'il est un prêtre marié), par ses sermons, par ses discussions, par ses écrits. Toujours.

LB: Considérez-vous que l'Église Orthodoxe a une tradition commune de direction spirituelle?
P. AP: Oui, absolument.

LB: Existe-t'il quelque chose de spécifique dans la pratique de la direction spirituelle dans votre propre Église / tradition?
P. AP: Dans l'Église de Russie, tous les prêtres sont autorisés à confesser, bien qu'en effet, ils confessent fort peu durant les premières années de leur prêtrise, jusqu'à ce qu'ils aient acquis de l'expérience sous la direction de prêtres plus anciens.

LB: A votre avis, est-ce que les Chrétiens Orthodoxes Occidentaux comprennent et pratiquent la direction spirituelle différemment des Chrétiens Orthodoxes Orientaux?
P. AP: A condition qu'ils soient intégrés dans l'Église et qu'ils aient laissé derrière eux toutes les coutumes hétérodoxes, il n'y a pas de différence du tout.

LB: Que considérez-vous comme étant une pratique erronée, s'il y en a, de la direction spirituelle actuelle dans l'Église Orthodoxe?
P. AP: Je suis très inquiet parce qu'hélas, il y a eu un très petit nombre de clercs (j'ai connu 3 cas, personnellement, dont 2 sont à présent décédés) qui sont tombés en "prelest" ("plani" en grec), c'est-à-dire, dans l'illusion spirituelle, et se sont imaginés qu'ils étaient de saints Anciens (Startsi). Ils ont alors commencé à s'imaginer qu'ils étaient clairvoyants, demandant l'obéissance absolue et une "adoration de héros" et ainsi de suite. En fait, ils souffrent eux-mêmes d'un terrible péché, en voulant être à même d'avoir le pouvoir sur les âmes d'autrui, de manipuler les âmes des faibles, et de créer un culte de la personnalité envers eux-mêmes.

Leur péché peut être très vite remarqué, parce qu'ils souffrent de fausse modestie et de fausse humilité. Mettez leur orgueil à l’épreuve, et vous verrez immédiatement leur faiblesse, ils perdront leur calme et se fâcheront et chercheront à se venger par la calomnie parce que leurs fraudes out été dévoilées. Ces personnes sont très dangereuses, parce qu'ils attirent des gens faibles et naïfs, en particulier des femmes d'un certain âge, et détruisant leurs vies avec de mauvais conseils qui peuvent avoir des conséquences catastrophiques. C'est un grande tentation et un grand mal; cela donne à l'Église (et à la confession) une mauvaise réputation.

LB: Quelles seraient vos suggestions pour une meilleure pratique de la direction spirituelle?
Que les prêtres partagent leur expérience l'un avec l'autre en général. De même, nous avons besoin d'une meilleure formation dans les séminaires de théologie pastorale. Je crois aussi que les hommes ne devraient pas être ordonnés prêtres avant l'âge canonique de 30 ans. Il y en a beaucoup trop qui sont ordonnés avant cet âge. Ce Canon existe pour une bonne raison. Nous ne devrions pas ignorer les Canons. J'ai vu beaucoup trop d’erreurs désastreuses à cause de l'ignorance de ce Canon.

LB: Quel est votre modèle de direction spirituelle?
P. AP: Des prêtres âgés, prêtres depuis 30 ans et plus, avec l'expérience de la confession.

LB: Considérez-vous que la direction spirituelle devrait être accomplie de manière spécifique dans le contexte Britannique?
P. AP: Non, mais les confesseurs doivent avoir une compréhension de l'arrière-plan culturel et des références culturelles de la personne qu'ils confessent. Confesser une femme est différent que confesser un homme, confesser un enfant n’est pas le même chose que de confesser un grand-père. De la même manière, on ne confesse pas un Anglais comme on confesse un Russe, ou on ne confesse pas un Roumain comme on confesse un Français. Une approche différente est requise à chaque fois.
En ce qui concerne les Anglais, il y a un problème spécifique, la culture traditionnelle anglaise est très réservée, puritaine, coincée et souvent hypocrite, en particulier au sujet des péchés sexuels, et les Anglais sont des gens qui ont besoin d'être mis en confiance avant de parvenir à se confesser. Ils n'aiment pas ouvrir leurs âmes; et s'ils ne les ouvrent pas, comment pourrions-nous les aider à guérir leurs passions secrètes? Ici nous avons une barrière culturelle qui peut être vaincue, si le prêtre est doux, compréhensif et les rassure. C'est différent avec les Russes, dont certains confesseront leurs secrets les plus intimes en public. Pour cette raison, je préfère confesser des Russes. Leur franchise fait qu’on peut les aider plus facilement.

(1) Dans l’Eglise Orthodoxe les moines non-ordonnés font partie du laïcat. Les termes ‘moines ‘ et ‘Chrétiens laïcs’ sont utilisés ici seulement dans le but de différencier les moines des non-moines.

Orthodoxengland
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" PO"- Plusieures publications: Père Andrew Phillips (recteur de l’église de Saint Jean de Shanghai Colchester Royaume-Uni)

Sondage "PO" A quel rythme pratiquez-vous le sacrement de la confession? (l'anonymat des réponses est garanti)

Rédigé par Parlons d'orthodoxie le 15 Octobre 2011 à 09:30 | 11 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par vladimir le 09/10/2011 21:27
LA CONFESSION: UN TRES BON TEXTE DU PERE ALEXANDRE SCHMEMANN

La confession est certainement pour chaque prêtre consciencieux l'un des aspects les plus délicats et les plus difficiles de son ministère pastoral. Il y trouve d'une part le seul véritable objet de son activité pastorale : l'âme de l'homme pécheur, mais qui se tient devant Dieu. Mais d'autre part il acquiert la conviction que le Christianisme d'aujourd'hui est devenu purement nominal. Les concepts les plus élémentaires pour un Chrétien, de péché et de repentir, de réconciliation avec Dieu et de naissance à la vie nouvelle semblent s'être vidés de leur sens. Ces mots continuent d'être employés, mais leur contenu est loin du sens sur lequel est fondée notre foi chrétienne.

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2.Posté par T. Schakhovskoy le 10/10/2011 12:56
J'ai apprécié dans cette interview l'insistance du Père Andrew à refuser qu'on lui applique le titre de "père spirituel", celui de confesseur étant déjà bien lourd à porter. ll y a dans ce texte beaucoup d'éléments qui nous interpellent et inspirent une réflexion salutaire, ou plutôt indispensable. Je partage aussi la remarque de Vladimir dans le message ci-dessus ("les concepts les plus élémentaires pour un chrétien (...) vidés de leur sens"). Tâchant de surnager de notre mieux dans cette bouillasse contemporaine désolante qui nous entoure, nous avons bien du mal à retrouver tout le véritable poids spirituel des notions qui se brassent ici à longueur de messages. L'orgueil guette à chaque instant, prenant tant de formes diverses... y compris le le plus satanique de tous, à mon avis, l'orgueil spirituel.
Je voudrais profiter de ce message pour dire à ceux qui déplorent hautement le silence total accueillant parfois des sujets particulièrement "élevés" (et le contraste patent avec l'abondance de commentaires passionnés, souvent trop, sur des sujets plus "ordinaires") qu'ils ne devraient pas se hâter d'interpréter ce mutisme comme un manque d'intérêt, voire de conscience chrétienne... tâchez plutôt d'y voir un signe d'humilité de la part de ces "silencieux" qui vous lisent avec patience, et vous serez bien plus près de la réalité !
Très bonne journée à tous

3.Posté par vladimir le 10/10/2011 16:56
Il faut rendre le texte du commentaire 1 au père Alexandre (j'ai oublié les ""). Je ne saurais trop conseiller la lecture de tout son texte, pour lequel je donne le lien. Je trouve qu'il y a là une vraie profondeur sur la confession qui vient mettre à mal toutes les accusations adressées au père Alexandre sur ce sujet. Comme le plus souvent, il sait se mettre à la portée des croyants ordinaires que nous sommes et leur ouvrir un accès à la véritable théologie, celle qui permet de s'approcher du Divin.

Et pour mettre l'interview du père Andrew en perspective, que pensez-vous du passage suivant du père Alexandre?
"Une autre source de difficultés est l'incompréhension pour la majorité des Orthodoxes, de l'essence même du sacrement de pénitence. En pratique, nous trouvons deux approches opposées de ce sacrement : l'une juridique et formelle, l'autre psychologique.
Dans le premier cas, la confession est comprise comme une simple énumération des infractions à la loi, après quoi est donnée l'absolution des péchés et la personne est admise à la communion. La confession est alors réduite au minimum et dans certaines églises (en Amérique) elle est même remplacée par une formule générale que le pénitent lit dans un texte imprimé. Cette optique met l'accent sur le pouvoir du prêtre d'absoudre et remettre les péchés et cette absolution est considérée comme valable "en elle-même" quel que soit l'état de l'âme du pénitent. Si dans cet aspect des choses nous avons affaire à une tendance "latinisante", l'autre approche peut se définir comme "protestante". La confession devient alors une conversation d'où doit venir une aide, la solution des "problèmes" et des "questions". C'est un dialogue, mais pas le dialogue de l'homme avec Dieu, non : le dialogue de l'homme avec un conseiller réputé sage et expérimenté, disposant d'une panoplie de réponses toutes prêtes à toutes les questions de l'homme... Dans ces deux approches, on observe à l'évidence un obscurcissement et une déformation de la vraie manière orthodoxe de comprendre la sacrement ode la confession."

4.Posté par T. Schakhovskoy le 10/10/2011 20:09
Cher Vladimir, j'avais déjà lu ce texte sur un autre fil il y a quelque temps. Je retrouve en le relisant ici le même sentiment d'effroi ! Pauvres pécheurs que nous sommes, j'imagine que nous oscillons tous (?) entre ces deux approches, péniblement, au gré du confesseur qui nous écoute et de sa propre approche... si ni l'une ni l'autre ne conviennent, si nous naviguons entre Charybde et Scylla, et finalement d'après ce que je comprends, entre deux péchés supplémentaires, que faut-il donc faire ? Il est déjà très délicat de se confesser, mais si en plus il faut douter de l'attitude de son confesseur et de la voie qu'il vous fait suivre, cela devient tout à fait inquiétant... pourtant, ce n'est vraiment pas le but de ce texte j'imagine, encore moins le vôtre !
A mon sens, la chose la plus nécessaire dans une confession, c'est une absolue sincérité, doublée de beaucoup d'humilité pour accepter ce qui vous est dit en retour... en dehors de cela, si vous connaissez une "troisième voie" qui serait enfin la bonne, surtout ne le gardez pas pour vous... nous attendons tous avec espoir !

5.Posté par Mischa le 10/10/2011 21:05
хорошее объяснение о.Андрея. без всякой надуманности, а нам кающимся эта ясность необходима...

6.Posté par Daniel le 10/10/2011 22:47
Ce texte du Père Alexandre Schmemann n'est pas mauvais, bien sûr, cela ne vaut pas "De la pénitence" de Tertullien ou "Le manuel de la confession de Saint Nicodème"... Mais on y trouve l'idée importante et vraie que la confession débute par le repentir et que ce dernier commence par des actes : abandonner son ancienne vie pécheresse, ses anciennes mauvaises habitudes.

Sa critique de la vision de la confession en tant que pouvoir magique est hélas vraie. J'ai déjà vu dans une paroisse les personnes qui défilaient devant le prêtre sans se confesser et ce dernier lisait directement la prière d'absolution... J'en suis resté sans voix...

A l'inverse, j'ai aussi connu un prêtre en région parisienne, pas schmémanien (loin de là) du tout qui procédait de la façon suivante. Une personne venait se confesser : après l'échange, le prêtre ne lisait pas systématiquement la prière dite d'absolution mais selon les cas différait cette lecture à une date ultérieure. Ainsi, si la personne avait des habitudes mauvaises, il ne lisait cette prière qu'après que la personne les eût cessées et eût accompli son épitimie. Ainsi si la personne avait volé, elle devait s'arranger pour restituer le bien, si elle avait insulté, elle devait se réconcilier avec la personne, si elle pratiquait la fornication, elle devait la cesser etc. Ce prêtre est le seul à ma connaissance en région parisienne (mais je ne les connais pas tous) qui recommande ces épitimies en suivant notamment les canons de Saint Jean le Jeûneur... Ce prêtre me disait (je parle au passé mais il est toujour vivant) que le coeur de la confession, c'est le repentir, à savoir changer de vie...

7.Posté par Mischa le 11/10/2011 10:10
Когда я жил в Париже я часто бывал в храмах Архиепископии. С удивлением наблюдал, сколько людей причащаются без исповеди и свещенники допускают их. Однажды спросил прихожанку "может вы накануне исповедовались?" она мне сказала "Нет не исповедалась. Для нас это особая благодать, что нам разрешают причащаться без исповеди" и потом добавила " мы ведь здесь все друг друга знаем". В России или в храмах РПЦ это не мыслимо!

8.Posté par Fabre Daniel le 11/10/2011 17:56
à Daniel en 6 : qu'est ce qu'il est fort ce prêtre !!!!!! je souhaite que pour lui-même il soit aussi costaud que de se détourner du jour au lendemain de toutes dépendances....alcool, tabac, nourriture trop abondante, fantasmes, frustrations , nervosité, colère, ressentiment ....drogues de toutes sortes....jeux, tiercé, loto, médisance, peur, acédie, doutes, etc ! parfois une ou deux dépendances associée..... oh oui ! qu'est-ce qu'il est fort !

9.Posté par vladimir le 11/10/2011 21:36
Bien cher Misha,
Votre témoignage concernant l'Eglise russe me surprend. J'ai pu constater que, là-bas aussi, ce débat est ouvert et l'automatisme confession-eucharistie questionné (le texte en russe dont lien ci-dessous l'explique bien). Les prêtres ne se confessent évidement pas à chaque communion, le patriarche a autorisé la communion sans confession à Pâques et un débat général est lié à celui des communions fréquentes: souvent ceux qui préconisent de communier plus d'une fois par mois (jusque chaque jour, en particulier pendent certaines semaines du Grand Carême et la Semaine Sainte), n'imposent pas de confessions systématique. J'ai ainsi rencontré un recteur qui préconisait de communier souvent et considérait qu'une confession mensuelle était suffisante. Il est claire que certaines paroisses de l'Archevêché vont plus loin, en préconisant la communion à chaque Liturgie (un recteur m'a dit que ceux qui ne communient pas n'ont rien à faire à la Liturgie de Fidèles…) avec des confessions limitées à une ou deux par an.

J'ai aussi personnellement assisté à la pratique suivante dans la cathédrale de Vladimir à St. Petersbourg: un prêtre rassemble un groupe de fidèles dans le transept au début de la Liturgie; après avoir lu les prières préalables, il développe une homélie sur le pêcher, en s'interrompant pour écouter la lecture de l'Apôtre et de l'Evangile puis, peu avant la Grande Entrée, il prononce la prière d'absolution et chacun est béni avec l'épitraklion et va communier. Là aussi j'ai vu pratiquer ce type d'absolution collective à l'Archevêché en version simplifiée: le prêtre lit la prière d'absolution juste avant la communion…

* * *
Et bien chère Tamara, je trouve que Daniel donne une bonne idée, même si elle est difficile. Des explications plus complètes se trouvent dans la suite du texte du père Alexandre et sa conclusion est, comme très souvent, empreinte de joie et d'optimisme: ce qui ne nous est pas possible l’est au Sauveur!

Père Alexandre Schmemann:
"Le dialogue de la confession s'achève par un mandement. Le prêtre doit appeler le pénitent à changer sa vie, à refuser le péché. Le Seigneur ne pardonne pas, tant que le pécheur ne veut pas d'une nouvelle vie, d'une vie meilleure, ne décide pas d'entamer la lutte contre le péché et le difficile retour à "l'image de la gloire ineffable" en lui-même.

Nous savons que ce n'est pas possible en évaluent humainement, froidement nos forces avec réalisme. Mais à cet "impossible", le Christ a déjà répondu : "Ce qui est impossible à l'homme, est possible à Dieu.. Ce qui nous est demandé, c'est, Ie désir, l'effort, la décision." Le Seigneur nous aidera.

C'est alors et alors seulement que la solution est possible car en lui s'accomplit tout ce qui l'a précédé, la préparation, les efforts, la lente croissance du repentir dans l'âme. Je le répète, selon la perspective orthodoxe il n'y a pas d'absolution pas là où il n'y a pas de repentir. Dieu ne reçoit pas l'homme qui n'est pas venu vers Lui. Et "venir à Lui" signifie se repentir, se convertir, porter un autre jugement sur la vie et sur soi-même. Voir dans l'absolution des péchés uniquement un pouvoir du prêtre et efficace quelles que soient les circonstances où les paroles de l'absolution sont prononcées, c'est dévier vers la magie sacramentelle, condamnée par tout l'esprit et la tradition de l'Eglise orthodoxe.

C'est pourquoi l'absolution des péchés est impossible si l'homme, premièrement, n'est pas orthodoxe, c'est-à-dire s'il nie ouvertement et consciemment les dogmes essentiels de l'Eglise et s'il persiste à vouloir demeurer dans son état évident de péché : par exemple la vie dans l'adultère, un métier déshonnête, etc… et si enfin il dissimule ses péchés ou s'il ne voit pas qu'il est dans le péché."

10.Posté par Mischa le 12/10/2011 10:28
@Vladimir

Владимир, вы меня не правильно поняли. Я писал о храмах РПЦ за границей. В них никогда нет «коллективной исповеди» о которой вы пишите.
Коллективная исповедь была ещё в СССР. Сам присутствовал в храме в Москве. Батюшка обращаясь к верующим /человек 500/ произносит « Вы обманывали?» и толпа отвечает «Обманывали!». Потом он продолжает «Воровали?», народ вторит «воровали!», далее «Сквернословили?» ... «сквернословили!» и так далее....по всем ОЧЕВИДНЫМ грехам
А в конце священник этой толпе отпускает ВСЕ грехи! На мой вкус это граничит с комедией. Но в условиях когда храмы переполнены, а священников не хватает, могу допустить, что такая исповедь может иметь место. Тем более, что обычно это было и бывает сейчас в больших храмах и при скоплении большого количества верующих, которые приходят в храм 1 или 2 раза в год.
В Дивеево, и Лавре, я бывал несколько раз. Там очень много народа. Причём приезжего, паломников. Там я никогда не видел ничего подобного. Тем более в храмах небольших в Москве и Питере. Прихожане таких храмов исповедуются лично! Кстати, вот ещё одна причина, почему Патриарх хочет построить 200 храмов в Москве «шаговой доступности». Это позволит людям не только чаще бывать в церкви но и войти в традицию: исповедь, катехизис,община.

А вот такое пренебрежение к настоящей исповеди в Архиепископии меня всегда удивляло. Понятное дело старушки или малые дети, им разрешается причастие без исповеди./да и то детям до 7 лет/
Но в Париже, при «малом стаде» верующих, при службах и литургиях только в субботу и воскресенье / а в храмах Корсунской епархии служат каждый день/введена практика причастия без исповеди. Сам присутствовал. Все причащаются и ТОЛЬКО ПОТОМ священник с амвона говорит «хочу вам напомнить, что перед причастием необходимо исповедоваться!». А в храмах Корсунской епархии наоборот: священник громко говорит ПЕРЕД причастием « Причащаются только те, кто исповедовался!»

Разговоры о «благодати причастия без исповеди» / в Архиепископии/ это путь обновленчества, который ничем не обусловлен и не оправдан. Ведь эти храмы малюсенькие и проблем «достучаться» до священника и придти к нему накануне /в субботу/проблем нет ни у кого. Традиции, которыми так гордилась Архиепископия размываются и превращаются из церкви в « клубно-домашнюю общину». Поэтому не будем сравнивать условия России / и то не всюду!/ с «райскими» условиями малого стада в Европе.

Теперь об отце Александре Шмемане. Я знаю что вы его очень любите и всячески рекламируете. Но поверьте, что не все разделяют вашу привязанность. Он ведь большой обновленец и наверное многие неурядицы пошли именно от его учений. Конечно, не будем забывать, что ничто не стоит на месте и Церковь современная пример такого совершенствования / тут и богослужебный язык и песнопения и проч./ Но всему есть свои пределы и так легко однажды свернув в сторону на пять шагов сказать себе - сверну ещё на двадцать. Заслуга Шмемана огромна, но он не знал России, был воспитан Западом и как говорится «слишком далеко был от народа». Его тексты пропитаны умом и разумом, учёностью, но не пастырским теплом. У о.Андрея Филлипса очень хорошо написано о нём и я целиком разделяю этот взгляд. Отец Андрей западный человек, учёный священник, традиционалист, он чувствует «что нужно верующему», как простыми словами достучаться до сердец и привлечь человека в храм. Слишком большая учёность может оттолкнуть. Сам Господь выгонял книжников и фарисеев их храма.
Вспомним что говорил Христос : «Будьте как дети!» «Истинно говорю вам, если не обратитесь и не будете как дети, не войдете в Царство Небесное» (Матф.18:3)
Что значит это? Понятие о ребенке у нас определенное: ребенок неразумен. Ребенок доверчив, он плачет, он просит, требует, живёт инстинктом... Ребенок привязан к матери. Ребенок не сознает опасности.
Значит, ребенок отличается от взрослых и зрелых людей. Человек вырастает и из доверчивого ребенка превращается в гордого своими знаниями и умом, и потому недоверчивого, сомневающегося. Значит, «будьте как дети» — будьте чисты; будьте с их верой без рассуждений и обходов. Идите за своим Учителем. Не просите, если говорят вам «нельзя», не спорьте, не надейтесь на ум свой, не противоречьте и не доискивайтесь.
Это не мои слова, а /Архиепископа Иоанна Сан-Францисского /
Кстати на этом Блоге интересный Опрос именно об исповеди и причастии

11.Posté par vladimir le 12/10/2011 12:08
Oui, je n'ai pas rencontré de confession collective dans les paroisses du patriarcat ici, par contre la flexibilité en cas de communions fréquente, et donc la remise en question de l'automatisme communion=confession, existe bien ici aussi. Le sondage actuel en est effectivement un bon signe: seuls 20.93% (1/5) répondent "je me confesse avant chaque communion". Pour moi cela montre bien qu'il n'y a pas de lien automatique (même si la question introduit un biais évident, certains pouvant penser à la périodicité des communions et non des confessions: je ne peux croire que 4/5 des participants aient l'habitude de communier sans se confesser!).

Je suis d'accord avec vous sur les excès des modernistes, mais ils restent exceptionnels dans l'Archevêché (quelques unités sur environ 100 prêtres), et je veux surtout souligner que ce débat est actuellement en cours en Russie aussi, en liaison avec la question de la communion fréquente: il est clair que la confession préalable est indispensable quand on communie 1 fois l'an, voire 3 ou 4 fois, mais quid quand c'est 3 ou 4 fois par mois? par semaine?

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