Une nouvelle querelle orthodoxe autour de l'œcuménisme et du "document de Ravenne"
Nous avons signalé dans plusieurs notes tous les signes qui inclinent à l'optimisme et montrent que la marche vers l'unité dans l'Orthodoxie est en bonne voie. Oui, il semblait possible d'envisager la fin des divisions nées depuis plus d'un siècle, et surtout à la suite des tragédies du XXe. Mais voilà qu'une nouvelle division nous menace par suite de la grande maladresse de quelques théologiens qui ne sentent pas les convictions profondes du "Peuple orthodoxe", pourtant seul détenteur de la Vérité. Il s'agit de l'opposition au "document de Ravenne" qui semble se transformer en un grand mouvement anti-œcuménique.

Une naissance aux forceps

Je ne vais pas revenir en détail sur le "document de Ravenne" en lui-même: JF Colosimo lui a consacré un "Bloc note" très détaillé et orthodoxie.com en a publié le texte en français. Mais voici quelques points essentiels à la compréhension de la situation:
* Ce texte a été discuté et approuvé par les membres de la « Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l’Église catholique romaine et l’Église orthodoxe » lors de la dixième session plénière de la Commission à Ravenne (8–15 octobre 2007), sans l’Eglise orthodoxe russe, dont la délégation avait quitté la rencontre à cause de la présence des représentants de l’Eglise apostolique d’Estonie. La validité du texte était déjà posée…

* Il traite de la primauté dans l'Église au 1er millénaire, avant le schisme et détermine le sens de cette primauté au sein de la tradition indivise du premier millénaire; les deux délégations (catholique et orthodoxe) « concordent sur le fait que Rome, en tant qu'Église qui "préside à la charité" occupait « la première place » dans l'ordre canonique (par 41). Le document ne traite pas des privilèges du Pape mais fixe la procédure à venir pour en discuter, et commente ainsi l’activité conciliaire de l’Occident et de l’Orient chrétiens après le schisme : « les deux Églises continuaient à convoquer des conciles dans les moments de crise grave. À ces conciles participaient les évêques des Églises locales qui se trouvaient en communion avec le siège de Rome, et de façon similaire, même si cela était compris d'une manière différente, les évêques des Églises locales qui se trouvaient en communion avec le siège de Constantinople » (par.39)/VG: c'est moi qui fais ressortir/.

* Il a été accueilli avec satisfaction par l'Église Catholique, qui y voit un texte de référence sur une compréhension de la primauté commune aux orthodoxes et aux catholiques, mais dés le début il a provoqué des remous dans l'Église Orthodoxe: l'Eglise russe et la Sainte-Communauté du Mont-Athos l'ont rejeté d'entrée et aucune Église ne l'a accepté à ma connaissance.

Où est le problème?

Ce texte donne lieu à des commentaires diamétralement opposés chez les Orthodoxes:

* Pour les uns (essentiellement Constantinople, les autres Églises étant restées silencieuses…) les résultats de la session étaient «définitivement positifs», en ce que «pour la première fois, le terme primus a été utilisé dans le sens qu’il avait dans le tradition du premier millénaire, toujours dans un contexte synodal» a dit le métropolite Jean (Zizioulas) de Pergame, coprésident de la commission pour la partie orthodoxe
* Pour les autres (essentiellement l'Eglise russe au départ) le document établi un parallèle entre la « communion avec Rome » en Occident et la « communion avec Constantinople » en Orient comme condition et/ou critère d’ecclésialité, de catholicité, de conciliarité alors que « le critère de catholicité dans l'Église orthodoxe a toujours consisté dans la communion eucharistique et canonique des Églises locales entre elles, et non pas dans la seule communion avec le siège de Constantinople » proclame Mgr Hilarion (Alfeev), de Volokolamsk, chef de la délégation russe à Ravenne.

Notons que la question était posée, en fait, dès la session précédente de la Commission mixte en 2006, à Budapest: Mgr Alfeev avait déjà refusé le texte du document de travail et le comité de rédaction avait proposé, en février 2007, une formulation acceptable pour Moscou qui ne mentionnait plus la « communion avec le siège de Constantinople ». Le retrait de la délégation russe a donc permis de revenir à la première mouture dans le document final. On pouvait alors penser que l'Église russe se trouvait isolée dans son opposition…

Orage et amalgame

Mais la dispute tourne à l'orage et divise toute l'Orthoxie: comme l'écrit orthodoxie.com une «Confession de foi contre l’œcuménisme» est proposée à la signature des fidèles orthodoxes depuis le mois d’avril 2009, notamment sur plusieurs sites Internet. Ce document constitue une charge violente contre toute forme de dialogue interconfessionnel, amalgamé avec l'œcuménisme qui "est le nom commun pour les pseudo-Églises de l’Europe occidentale (…) Leur nom commun est en fait «panhérésie»". Il condamne "ceux qui se meuvent dans cette irresponsabilité œcuméniste, quelle que soit leur place dans l’organisme ecclésial, se trouvent en contradiction avec la tradition de nos saints et par voie de conséquence en opposition avec eux. Et conclu "C’est pour cette raison que leur attitude doit être condamnée et rejetée par l’ensemble des hiérarques et du peuple fidèle."

Des textes de ce type circulent depuis longtemps parmi les groupes extrémistes non canoniques (habituellement qualifiés de «zélotes», au premier rang desquels se trouvent les «vieux-calendaristes») mais, fait nouveau, la "Confessons" est cette fois promue et approuvée par des personnalités connues et des fidèles rattachés canoniquement à l’Église orthodoxe, et en premier lieu l'Église de Grèce. Elle a recueilli à ce jour 8600 signatures, dont une liste impressionnante de métropolites et évêques grecs, serbe et bulgare, d'higoumènes du Mont-Athos et d’importants monastères de Grèce, de Chypre, de Serbie et des États-Unis, de professeurs de facultés de théologie et de clercs, moines et moniales de Grèce, du Mont-Athos, de Serbie, de Roumanie, de Palestine et de divers autres pays. La Sainte-Communauté du Mont-Athos, plusieurs métropolites, et un professeur de dogmatique de l’Université Aristote de Thessalonique ont publié des déclarations indépendantes allant dans le même sens. Cette réaction a pris suffisamment d’ampleur pour inquiéter le patriarche de Constantinople Bartholomée et son adjoint en matière de politique extérieure (qui est le principal artisan de la politique de rapprochement avec Rome et le président de la Commission internationale mixte de dialogue du côté orthodoxe), le métropolite Jean de Pergame, qui ont tous deux publié des déclarations où est clairement évoqué un risque de schisme au sein de l’Église orthodoxe.

Mais personnellement il me semble que, si risque de schisme il y a, c'est entre un petit groupe qualifié dans la "Confession" de "hiérarques et théologiens œcuménistes", et la grande masse des fidèles et clercs de terrain, dont l'Église russe est un bon exemple; de plus, bien que le "document de Ravenne" ne soit pas cité dans la "Confession", il est visiblement la source de cette explosion: il suffit de visiter les blogs qui proposent la "Confession" et, dans sa lettre adressée«à tous les métropolites de l’Église d’Hellade au sujet de la Confession de foi contre l’œcuménisme», le métropolite de Pergame Jean (Zizioulas) le confirme: "un confrère, professeur de théologie, connu pour son inimitié envers ma personne, a rendu visite à un hiérarque de l’Église d’Hellade et lui a déclaré qu’il savait avec certitude (!) que l’union avait déjà été décidée (à Ravenne !) et que sa proclamation n’était qu’une question de temps!!!" (/VG: les point d'exclamation sont dans le texte/.
Ce passage illustre bien toutes les confusions que provoque le document de Ravenne et il apparaît donc que, en refusant le texte poussé par Constantinople, Mgr Hilarion représentait bien plus que l'Église Russe; il était en fait le messager d'un mouvement de fond de toute l'Orthodoxie, alors que les délégués des autres Église semblent avoir perdu le contact avec leur troupeau qui les désavoue. Le problème c'est que, maintenant, le rejet de ce document, maladroitement imposé à Ravenne, provoque une réaction incontrôlable qui risque de balayer et réduire à néant tous les efforts de dialogue et de rapprochement entrepris depuis prés d'un siècle. Déjà la prochaine session de la Commission mixte, prévue à Chypre du 16 au 23 octobre 2009, est remise en question, l'Église de Bulgarie ayant fait savoir qu'elle ne participera pas et la position de Moscou n'étant pas connue.

Je reprends pour conclure la conclusion du "Bloc-note" de JF. Colosimo mentionné plus haut, plus actuel que jamais: "comment une entreprise œcuménique finit-elle par déboucher sur une fracture intra-confessionnelle ? Nul doute qu’il y a là un mystère à méditer. Mais s’étonnera-t-on que, in fine, le Saint–Esprit se révèle une fois de plus le champion de l’antisystème ?"

Rédigé par Vladimir Golovanow le 15 Octobre 2009 à 18:50 | 139 commentaires | Permalien


Commentaires
Du plus récent au plus ancien | Du plus ancien au plus récent

1.Posté par vladimir le 26/02/2010 19:37
Le patriarcat oeucuménique revient très fermérment sur cette querelles dans l'Encyclique patriarcale et synodale
pour le dimanche de l’orthodoxie 
(21 février 2010). Voic l'essentiel du texte (Cf. texte complet sur http://www.ec-patr.org/docdisplay.php?lang=gr&id=1168&tla=fr).

Conscient de son devoir et de sa responsabilité, en dépit des obstacles et des difficultés, le Patriarcat œcuménique, premier siège de l’orthodoxie, veille à préserver et à asseoir l’unité de l’Église orthodoxe, en sorte que, d’une seule voix et d’un seul cœur, la foi orthodoxe de nos pères soit confessée à chaque époque, ainsi que de nos jours. Car, l’orthodoxie n’est pas un trésor de musée à conserver, mais un souffle de vie à donner à l’humanité pour la vivifier. L’orthodoxie est toujours d’actualité. Il suffit de l’exposer avec humilité et de l’interpréter en tenant compte des quêtes et des besoins existentiels de l’être humain à chaque époque et contexte culturel.

À cette fin, l’orthodoxie doit être en dialogue permanent avec le monde. L’Église orthodoxe n’a pas peur du dialogue, car la vérité, non plus, ne le craint pas. Au contraire, si l’orthodoxie se remplie sur elle-même et ne discute pas avec ceux du dehors, non seulement elle faillira à sa mission, mais elle sera transformée : d’Église « catholique » et « d’envergure œcuménique » qu’elle est, elle deviendra un groupe introverti et présomptueux, un « ghetto » en marge de l’histoire. C’est aussi la raison pour laquelle, les Pères éminents de notre Église n’ont jamais redouté le dialogue avec l’environnement spirituel de leur temps. Ils ont ainsi influencé et informé la culture de leur temps et nous ont livré une Église véritablement œcuménique.

L’orthodoxie est aujourd’hui appelée à poursuivre ce dialogue avec le monde extérieur pour donner de nouveau son témoignage et le souffle vivifiant de sa foi. Cependant, il est impossible que ce dialogue parvienne au monde du dehors sans passer premièrement par ceux qui portent le nom de chrétien. Les chrétiens nous devons d’abord parler entre nous et résoudre nos différends pour que notre témoignage à ceux du dehors soit crédible. L’effort destiné à l’unité des chrétiens est une volonté et un commandement du Seigneur Qui, avant Sa passion, priait le Père « pour que tous (Ses disciples) soient un (…) afin que le monde croie que tu m’as envoyé » (Jn 17, 21). Il n’est pas possible que le Seigneur soit pris d’angoisse pour l’unité des chrétiens et que nous nous en désintéressions. Ce serait une trahison criminelle et une transgression de Sa volonté.

C’est précisément pour ces raisons que le Patriarcat œcuménique, avec l’accord et la participation de toutes les Églises orthodoxes locales, depuis plusieurs décennies, est engagée à l’échelon panorthodoxe dans des dialogues théologiques officiels avec les plus importantes Églises et les confessions chrétiennes. Le but de ces dialogues est de discuter dans un esprit d’amour tout ce qui sépare les chrétiens, tant dans leur foi que dans l’organisation et la vie de l’Église.
Malheureusement, certains milieux combattent aujourd’hui ces dialogues et tout effort de l’Église orthodoxe d’établir des relations pacifiques et fraternelles avec les autres chrétiens, de surcroît en faisant preuve d’un fanatisme inacceptable, incompatible avec l’ethos orthodoxe. Ils revendiquent exclusivement pour eux le titre de zélote et de défenseur de l’orthodoxie. Feignant d’ignorer l’orthodoxie de tous les patriarches et de tous les saints synodes des Églises orthodoxes qui ont unanimement décidé et qui soutiennent ces dialogues, les adversaires du rétablissement de l’unité entre chrétiens se placent au-dessus des synodes de l’épiscopat, au risque de créer des schismes au sein de l’orthodoxie.

Dans leur polémique, ces détracteurs de l’effort destiné à rétablir l’unité des chrétiens n’hésitent même pas à déformer la réalité pour tromper et soulever le peuple fidèle. Ainsi, ils taisent le fait que les dialogues théologiques sont menés par décision unanime de toutes les Églises orthodoxes, n’attaquant que le Patriarcat œcuménique. Ils font répandre de fausses rumeurs d’une union imminente entre catholiques romains et orthodoxes, alors qu’ils savent pertinemment que les divergences débattues dans le contexte du dialogue théologique en question sont encore nombreuses et que leur discussion prendra du temps ; alors qu’ils savent qu’il appartient aux synodes des Églises et non pas aux commissions des dialogues de décider de l’union. Ils prétendent que le Pape soumettra soi-disant les orthodoxes, car ceux-ci discutent avec les catholiques romains ! Ils taxent ceux qui mènent les dialogues d’« hérétiques » et de « traîtres » de l’orthodoxie, simplement et uniquement parce qu’ils discutent avec les hétérodoxes, en leur exposant la richesse et la vérité de notre foi orthodoxe. Ils dénigrent tout effort destiné à réconcilier les chrétiens divisés et à rétablir leur unité, le qualifiant d’« hérésie totale de l’œcuménisme » sans fournir aucune preuve que, dans ses contacts avec les non orthodoxes, l’Église orthodoxe ait nié les dogmes des conciles œcuméniques et des Pères de l’Église.
Frères et enfants bien-aimés dans le Seigneur,

L’orthodoxie n’a besoin ni de fanatisme ni d’intolérance pour se protéger. Celui qui croit que l’orthodoxie possède la vérité ne redoute pas le dialogue, car jamais la vérité n’a été menacée par le dialogue. En revanche, alors que tout le monde s’efforce aujourd’hui de résoudre ses différends par le dialogue, l’orthodoxie ne peut avancer en faisant preuve de fanatisme et d’intolérance. Ayez confiance en votre Église Mère. C’est elle qui, des siècles durant, a gardé la pureté de l’orthodoxie et l’a diffusée aux autres peuples. C’est encore elle qui lutte aujourd’hui, dans des conditions adverses, pour garder l’orthodoxie vivante et respectée dans le monde entier.


2.Posté par Marie Genko le 01/03/2010 13:34

Puisque le Seigneur veut l'unité des chrétiens, le diviseur pourra lutter tant et plus, cette unité se fera.
Elle se fera dans la pureté de la foi du premier millénaire, commun à toute la chrétienté.

3.Posté par Vladimir.G le 29/12/2013 18:53
Position du Patriarcat de Moscou au sujet de la primauté dans l’Église universelle
(Document adopté lors de la session du Saint-Synode de l’Église orthodoxe russe des
25-26 décembre, protocole N°157).

La question de la primauté dans l’Église universelle a été soulevée à maintes reprises au cours des travaux de la Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l’Église orthodoxe et l’Église catholique-romaine. Le 27 mars 2007, le Saint-Synode de l’Église orthodoxe russe a chargé la commission synodale d’étudier cette question et de préparer la position officielle du Patriarcat de Moscou
(protocole N°26). Sur ces entrefaites, le 13 octobre 2007, lors de la session de la Commission mixte à Ravenne – en l’absence de la délégation de l’Église russe et sans tenir compte de son opinion – a été adopté le document ayant pour thème les « Conséquences ecclésiologiques et canoniques de la nature sacramentelle de l’Église ». Après avoir étudié le document de Ravenne, l’Église orthodoxe russe ne l’a
pas approuvé pour ce qui concerne la partie concernant la conciliarité (« sobornost ») et la primauté au niveau de l’Église universelle.

Suite: http://www.orthodoxie.com/actualites/position-du-patriarcat-de-moscou-au-sujet-de-la-primaute-dans-leglise-universelle/

Voilà qui devrait rendre ce "doucement de Ravenne" définitivement nul et non avenu " pour ce qui concerne la partie concernant la conciliarité et la primauté au niveau de l’Église universelle", alors que c'est justement cela qui est mis en avant tant à Rome qu'à Constantinople. Je me demande d'ailleurs si aucune autre Eglise a réellement reçu ce document...

4.Posté par Gueorguy le 30/12/2013 10:54
@ Vladimir G

Malheureusement, les trois liens, renvoyant au site orthodoxie.com, de votre texte initial (et surtout les deux premiers qui évoquent ces discussions de Ravenne, au coeur de la présente file de discussion) sont rompus. Il n'est donc pas possible d'en prendre connaissance.

5.Posté par Vladimir.G le 30/12/2013 14:41
Vous avez raison, les texte ont du être supprimé par Orthodoxie.com.

Le "document de Ravenne" se trouve sur http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_councils/chrstuni/ch_orthodox_docs/rc_pc_chrstuni_doc_20071013_documento-ravenna_fr.html (lien) et j'avais gardé le bloc-notes de JFC dont voici le texte.

Bonne lecture... et Bonne Année!

lundi 26 novembre 2007
Bloc-notes de Jean-François Colosimo

Jfc Ravenne, donc... Puis des demandes d’explication, des sollicitations de commentaire. Inquiètes. Avides. Nombreuses. Répétées. J’ai décidé de répondre à cette attente, ignorant alors que l’entreprise déboucherait sur une dizaine de feuillets... presque une brochure ! Les partisans de tous bords impliqués dans ce dossier ecclésiastico-ecclésiologique, où l’accord œcuménique se paye du désaccord confessionnel, ne manqueront pas de corriger le présent essai à l’encre bilieuse de leur vérité. Les pages qui suivent n’ont pourtant d’autre ambition que de ne pas ajouter à des polémiques déjà trop indécentes. Il s’est plutôt agi de réunir des pièces indispensables à l’exercice d’un peu de discernement, de permettre aux orthodoxes soucieux de comprendre l’Église, l’histoire, le siècle dans lesquels ils rencontrent la perte ou le salut, de mieux juger ce qui se dit et ce qui se fait en leur nom.
JFC

P.S. : suspension du reste de l’actualité, donc. Mais que les âmes tourmentées ni ne se réjouissent, ni ne se rassurent : la distribution des épithèmes n’est que partie remise !

RAVENNE EXPLIQUÉE AUX ORTHODOXES QUI SE POSENT DES QUESTIONS

Présentation

« L’Église orthodoxe reconnaît la primauté du pape ». Ce titre quelque peu sensationnaliste que l’on a aperçu dans la presse française d’inspiration catholique ou proche du Vatican n’a pas manqué d’émouvoir, réjouissant les uns et alarmant les autres. Il n’en ressort que plus faux lorsqu’on le mesure à la réalité dont il est censé rendre compte, à savoir le document publié par la commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe à l’issue de sa Xe Assemblée plénière qui s’est tenue du 8 au 14 octobre 2007 à Ravenne, en Italie.

En effet, c’est plutôt le contraire qu’il faut en retirer : si l’orthodoxie reconnaît, comme elle l’a toujours reconnue, la primauté de l’évêque de Rome telle que l’Église l’a vécue, selon elle, au cours du premier millénaire, elle ne reconnaît pas, et continue de ne pas reconnaître, le statut, le sens et l’exercice que le catholicisme lui a conférés, toujours selon elle, au deuxième millénaire sous le terme générique de « papauté ». En d’autres termes, du point de vue orthodoxe, c’est la rectitude de la foi qui légitime la primauté et non pas la primauté qui détermine la rectitude de la foi.

Des articles plus dépassionnés n’ont pas manqué de souligner ce hiatus sur lequel se clôt le document de Ravenne : « Autrement dit, les conditions sont encore loin d'être réunies pour un accord global » a pu écrire, avec beaucoup de justesse, Henri Tincq dans Le Monde du 11 novembre 2007.

Pour autant, l’enthousiasme de l’opinion catholique n’est pas feint. Il correspond d’abord à la satisfaction de l’attente, longtemps déçue, d’un geste œcuménique fort de la part des orthodoxes, à même de marquer la fin de la glaciation survenue après la chute du Mur de Berlin. Il relève ensuite de la compréhension générale que se font les catholiques de la communion, dont le critère ultime s’avère pour eux la personne du pape. Cet enthousiasme n’en participe pas moins d’un préjugé discutable : le différend avec l’orthodoxie ne serait que disciplinaire, limité à la question de l’autorité qui, elle-même, renverrait à la structure et à l’organisation de l’Église en tant qu’institution. Or peu de théologiens orthodoxes, à l’évidence, se contenteraient d’une telle description qu’ils jugeraient par trop minimaliste, obérant des questions aussi essentielles que, par exemple, la conception de la grâce.

Quant au sentiment orthodoxe sur cet évènement, il apparaît mêlé. Les franges les plus militantes ont naturellement tendance à y voir une confirmation de leur propre vision ou engagement : les anti-œcuméniques en agitant le spectre du concile d’union de Ferrare-Florence, les pro-œcuméniques en saluant une avancée forcément « décisive » à leurs yeux. Ces réactions, minoritaires, n’entament guère l’indifférence plus générale que, sans surprise, de tels travaux finissent par inspirer que ce soit par ignorance, volontaire comme involontaire, ou que ce soit par lassitude face à des annonces répétées et restées sans effet.

L’évènement dans l’évènement a toutefois été, dès le début des travaux, le retrait de la délégation du patriarcat de Moscou qui a rendu le patriarcat de Constantinople, et non pas Rome, responsable de cette rupture. L’affaire est initialement interne à l’orthodoxie, donc. Cependant, elle n’a pu aller sans affecter, in fine, l’ensemble de la démarche, dans son caractère œcuménique même. La rupture et les perspectives consécutives à la rupture ont suscité, on s’en doute, de nombreux commentaires contradictoires.

C’est que le texte de Ravenne doit aussi être lu en contexte. Comme l’a souligné, là encore à raison, Henri Tincq : « Ce document n'engage pour le moment que les théologiens experts des deux confessions. D'autres obstacles politiques freinent la réconciliation ». C’est à l’éclaircissement de ces dimensions problématiques qu’est consacré le présent essai. Pour ce faire, on se contentera d’offrir à la lecture le conflit des interprétations dans la suite des représentations où il s’est donné à lire, en gageant que la récapitulation des personnages, lieux, faits, paroles, procurera un premier axe de lisibilité.

A. Qu’est— ce que la commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe ?

1. Qui représente-t-elle ?
C’est une commission bilatérale et non pas multilatérale. Elle comprend les catholiques romains et les orthodoxes chalcédoniens, mais elle n’inclut pas les préchalcédoniens et les protestants. Elle ne représente donc pas l’ensemble des chrétiens, mais les deux univers impliqués dans le schisme que l’on date par commodité de 1054. La commission compte 60 membres à parité entre orthodoxes et catholiques, nommés par leurs hiérarchies. Elle comprend des Cardinaux, des évêques, des prêtres et des laïcs. Elle est placée sous l’égide d’une coprésidence catholique et orthodoxe, en l’espèce le cardinal Walter Kasper, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, et le métropolite Jean (Zizioulas) de Pergame, du patriarcat de Constantinople, et bénéficie, sur le même modèle, d’un double secrétariat.

On doit cependant noter que, bien que son objet soit le débat théologique, le caractère officiel de la commission fait qu’elle puisse apparaître comme représentative d’enjeux plus institutionnels que théologiques.
Exemple : les écoles de théologie qui ont été le creuset du renouveau de l’orthodoxie au XXe siècle (Saint-Serge, Paris ; Saint-Vladimir, New York) se trouvent de facto pénalisées puisque relevant de la « Diaspora » et donc omises en tant que telles, hors statut personnel ou particulier de tel ou de tel autre intervenant.
Exemple : suite à la session de Baltimore, en 2000, le père Waclaw Hryniewicz, directeur de l'Institut oecuménique de l'Université catholique de Lublin, a pu déclarer que des points d'accord jugés acceptables par les théologiens catholiques n’en ont pas moins été décrétés inacceptables par ceux qui « représentaient officiellement l'Église catholique ».

2). Que peut-elle décider ?
Rien, au sens où c’est une instance de consultation, et non pas de décision. Les résultats de ses travaux seront, si complétés, soumis aux diverses hiérarchies en cause qui en disposeront alors selon leur gré, étant entendu qu’elles auront de surcroît, en cas d’accord, à en assurer la réception auprès de leurs fidèles et donc, pour l’orthodoxie, à les soumettre au consentement du Peuple de Dieu.

Exemple : des quatre documents communs publiés jusqu’ici (Munich, 1982 ; Bari, 1987 ; Valamo, 1988 ; Balamand 1993) aucun n’a été, pour l’heure, approuvé par l’une ou l’autre des autorités en présence.
Exemple : le document commun de Balamand (1993) condamnant l’uniatisme n’a pas empêché la rupture du dialogue en 2000 en raison des accusations de prosélytisme portée par les Églises orthodoxes de l’Est à l’encontre du Vatican.

3). Quel premier bilan peut-on en tirer ?
Mitigé. Il s’agit d’un organe de dialogue récent, institué en 1979 par Jean-Paul II et Dimitrios I, dont la première session s’est tenue l’année suivante, en 1980, à Patmos. Les travaux devaient avoir lieu tous les deux ans, mais se sont vite compliqués de problèmes ecclésiastiques et politiques opposant les deux parties ou divisant en son sein l’une ou l’autre partie, qui ont gêné la lisibilité, si ce n’est la pertinence de la démarche.

Exemple : les travaux ont été interrompus après l’échec de la huitième session, tenue à Baltimore, en 2000, sur l’uniatisme, et n’ont repris que six ans plus tard.
Exemple : lors de la session de Belgrade, en 2006, est réapparu un projet de document élaboré à Moscou, en 1990, mais qui avait été éludé jusque-là, et dont l’étude a été poursuivie à Ravenne.

B. Que faut-il comprendre du document de Ravenne ?

1. Que dit le texte ?
Le document final, tiré de la session de Ravenne, et daté du 13 octobre 2007, s'intitule : « Conséquences ecclésiologiques et canoniques de la nature sacramentelle de l'Église. Communion ecclésiale, conciliarité et autorité dans l'Église ». Chacun des termes impliqués dans le titre fait l’objet d’une étude historico-théologique dont il n’y a pas lieu, ici, de discuter le détail puisque le texte, dans son ensemble, est clairement défini en préambule comme « ne pouvant être assimilé à un enseignement d’Église ». De surcroît, la seule note du texte, afférente au paragraphe 4, stipule que l’utilisation du terme « Église » ainsi que des expressions connexes ne saurait en rien « diminuer » la « compréhension de soi » par l’Église orthodoxe et la « conscience de soi » de l’Église catholique qui les font se concevoir chacune comme « la seule Église du Christ ».

En fait le texte s’attache, en 46 paragraphes assez concis, à déterminer le sens de la primauté, le rôle du Protos, du « premier » au sein de la tradition indivise du premier millénaire et ce, aux niveaux local, régional universel. C’est seulement au paragraphe 41 que les deux parties « concordent sur le fait que Rome, en tant qu'Église qui "préside à la charité" occupait « la première place » dans l'ordre canonique. Or, disons- le tout net, il n’y a là rien de nouveau si l’on ne confond pas cette primauté avec ce qu’elle est devenue, à savoir la papauté.

Le texte d’ailleurs ne tarde à préciser : « Néanmoins, (catholiques et orthodoxes) ne sont pas d'accord sur l'interprétation des témoignages historiques de cette époque concernant les prérogatives de l'évêque de Rome en tant que Protos, une question qui avait déjà été différemment interprétée dès le premier millénaire ». Et afin de lever la moindre ambiguïté, le paragraphe 45, pré-conclusif, explicite : « La question du rôle de l’Église de Rome dans la communion de toutes les Églises réclame une étude approfondie [...] Comment pourraient être compris et vécus l’enseignement des premier et deuxième conciles du Vatican sur la primauté universelle à la lumière de la pratique ecclésiale du premier millénaire ? Ce sont là des questions cruciales [...] ». On ne saurait mieux dire.

2. Qu’en a dit la partie catholique ?
Tout en exprimant sa très grande satisfaction de disposer, pour la première fois, d’un texte de référence sur une compréhension commune aux orthodoxes et aux catholiques de la primauté, le cardinal Walter Kasper a néanmoins noté : « Nous n'avons pas traité des privilèges de l'Évêque de Rome, mais seulement fixé la procédure à venir. Ce document est donc un modeste premier pas porteur d'espérance, dont on ne doit pas exagérer la portée ». Il a par ailleurs ajouté, que l’examen de la problématique du second millénaire, tout particulièrement du concile Vatican I, qui a dogmatisé l’infaillibilité pontificale et la juridiction universelle, représentera « une démarche délicate, un cheminement très long et difficile ».

3. Qu’en ont dit les parties orthodoxes ?
Il faut ici, à l’évidence, distinguer la position du patriarcat de Constantinople de celle du patriarcat de Moscou, tout en notant que les autres Églises orthodoxes se sont, dans l’ensemble, abstenues de tout commentaire significatif quant à l’évènement ou au texte lui- même.

Du côté de Constantinople, le métropolite Jean (Zizioulas) de Pergame, par ailleurs coprésident de la commission pour la partie orthodoxe, a déclaré que les résultats de la session étaient «définitivement positifs», et même « si importants qu’ils ont rejeté dans l’ombre le retrait de la délégation russe », en ce que « pour la première fois, le terme primus a été utilisé dans le sens qu’il avait dans le tradition du premier millénaire, toujours dans un contexte synodal ».

Du côté de Moscou, l'évêque Hilarion (Alfeyev), de Vienne et d'Autriche, représentant du Patriarcat auprès de la Communauté européenne, et chef de la délégation russe à Ravenne, après avoir renouvelé l’attachement de son Église au dialogue œcuménique avec Rome et attribué la responsabilité de son retrait « uniquement » à Constantinople, n’en a pas moins critiqué le texte de Ravenne, jugeant qu’il comportait, on le verra, des articles inacceptables pour l’ecclésiologie orthodoxe telle que la comprend et la définit le patriarcat de Moscou.

Cette divergence théologique, apparue sur fond de polémiques canoniques, complique donc, nécessairement, le tableau œcuménique, chacun de ces points réclamant un éclaircissement propre.

C. Que s’est-il passé à Ravenne entre Constantinople et Moscou?

1) Pourquoi la délégation russe est-elle partie ?
À leur arrivée à Ravenne, les délégués du Patriarcat de Moscou ont constaté que la partie orthodoxe comportait une délégation officielle de l’Église apostolique orthodoxe d’Estonie (EAOK), placée sous le patriarcat de Constantinople avec le statut d’autonomie, mais que Moscou précisément ne reconnaît pas comme telle, et qui n’avait pas participé, en conséquence, aux sessions précédentes de Baltimore en 2000 et de Belgrade en 2006.

On ne peut refaire ici, dans le détail, l’historique de cette querelle dont la clé tient en deux dates : 1917 et l’avènement de l’URSS, 1989 et son effondrement. Pour mémoire, le patriarcat de Constantinople considère avoir « réactivé » en 1996 l’autonomie qu’il avait accordée à l’Église d’Estonie en 1923, à la faveur de l’indépendance de l’État estonien, et qui a perduré jusqu’en 1945 et l’annexion soviétique. Le patriarcat de Moscou considère que la présence orthodoxe en Estonie, née de l’extension de l’État et de la population russe au XVIIIe siècle, et qui est demeurée sous l’Église russe jusqu’en 1923, bénéficie du statut d’Église autonome qu’il lui a accordée en 1920 et qui a été restaurée de facto, sous forme diocésaine en 1941, et confirmée en 1993. Le conflit s’est soldé, en 1996, par une rupture de communion entre les deux sièges qui a trouvé sa résolution dans les accords dits de « Zurich », signés la même année, et entérinant un statu quo pourtant contraire à l’ecclésiologie orthodoxe puisque supposant la co-existence de deux juridictions sur un même territoire.

On passera ici sur les arguties canoniques ainsi que sur les reconstructions idéologiques et les réductions symboliques que l’on trouve de part et d’autre de la querelle (dont inévitablement les grandes questions du Droit, de l’identité, de la liberté que les deux camps se renvoient).

On retiendra, par souci de complétude, que les facteurs culturels, politiques et géopolitiques pèsent d’autant plus sur ce débat qu’ils en demeurent le non-dit, si ce n’est l’impensé. À savoir : a) l’imbroglio local que représentent les vagues successives de russification par l’impérialisme russe (1710-1917), d’estonisation par le nationalisme autoritaire puis dictatorial estonien (1920-1940), de soviétisation par le totalitarisme soviétique (1941-1991), de désoviétisation mais aussi de dérussification par le néonationalisme estonien (1991-aujourd’hui) ; b) l’enjeu international que représente cette zone tampon dans le processus d’isolement de la Russie par rattachement à l’Union européenne ou à l’OTAN des pays frontaliers relevant traditionnellement de sa sphère d’influence (pays baltes, Ukraine, Géorgie) que mènent les États-Unis depuis 1989 (et le risque d’instrumentalisation qui s’ensuit pour les deux patriarcats, par le Kremlin bien sûr, mais aussi par la Maison-Blanche).

On observera enfin que la signature des accords de Zurich n’a pas empêché, sur place, la poursuite d’une lutte de positionnement où la prévalence institutionnelle, appuyée par le gouvernement, des Constantinopolitains se confronte à la prépondérance sociologique, fondée sur le nombre, des Moscovites, l’ensemble ne constituant jamais qu’une minorité sur fond de luthérianisme et de sécularisme dominants.

Pour revenir à Ravenne, les déclarations des uns et des autres invitent à la reconstitution suivante : l’évêque Hilarion a récusé la présence, ex officio, d’une délégation de l’EAOK, en arguant qu’accepter cet état de fait reviendrait à acter une reconnaissance de facto, mais non sans proposer que les membres de ladite délégation soient assimilés à la représentation de Constantinople. Le métropolite Jean a répondu à cette objection en proposant que et la présence de l’EAOK et le déni de reconnaissance de Moscou soient portés comme tels dans la déclaration finale. L’évêque Hilarion a décliné cette proposition en soulignant que Moscou, pour sa part, n’imposait pas la présence d’Églises qui ne sont pas unanimement considérées comme autocéphales (OCA, Amérique) ou autonomes (Japon). La partie catholique a jugé qu’il s’agissait d’une affaire intra- orthodoxe. En l’absence de solution, la délégation russe s’est retirée.

2) Comment a été interprété ce retrait ?
Du point de vue de Constantinople, l’absence de Moscou, on l’a dit, ne saurait entacher la légitimité du document de Ravenne dont les conclusions, ont été approuvées, souligne Jean de Pergame par « l’ensemble des autres délégations orthodoxes présentes »

Du point de vue de Moscou, au contraire, et selon les mots de l’évêque Hilarion, « l'absence de la plus grande Église orthodoxe dans le dialogue, celle dont le nombre des membres excède le nombre global des membres de toutes les autres Églises orthodoxes, en met en doute le caractère légitime ».

Sur le critère du nombre, Constantinople a répondu, par la bouche de Jean de Pergame, « qu’une déclaration si rude doit être comprise comme une expression d’autoritarisme dont le but est de montrer l’influence de l’Église de Moscou [...], mais tout ce à quoi Moscou est arrivé, c’est à s’isoler puisque les autres Églises orthodoxes ne l’ont pas suivie et sont au contraire restées fidèles à Constantinople ».

Ce à quoi Moscou a rétorqué, toujours par la bouche de l’évêque Hilarion que de tels « commentaires ainsi que le texte final [...] peuvent donner l'impression que le patriarcat de Constantinople a délibérément poussé le Patriarcat de Moscou à quitter le dialogue, pour pouvoir prendre des décisions qui auraient été impossibles avec la participation du Patriarcat de Moscou ».

Du point de vue catholique, on a insisté sur le caractère forcément interne à l’orthodoxie du débat sur la question territoriale de l’Estonie et on a voulu considérer, au moins dans un premier temps, tout en faisant état de « tristesse, souci, regret », que l’absence du patriarcat de Moscou ne pouvait minorer l’importance du document. Dans un deuxième temps, toutefois, le cardinal Kasper a à nouveau noté, comme il l’avait fait précédemment « la difficulté permanente pour le dialogue international catholique -orthodoxe » que représenterait un désaccord sans solution entre Constantinople et Moscou, et n’a pas hésité à réitérer sa proposition... de médiation( !) entre les deux patriarcats. Le père Federico Lombardi, le porte- parole du Vatican, a souligné la crainte que l’on éprouve, du côté catholique, à déboucher sur une impasse en déclarant combien il espérait « que de telles difficultés intra-orthodoxes ne porteront pas préjudice au dialogue ». Autant dire que Rome n’envisage pas une absence durable, voire définitive de Moscou. Or, dans le même temps, réduire la querelle à la simple question de l’Estonie ne semble guère plus possible. À rebours du tableau quelque peu psychodramatique qui a pu en être brossé, il se pourrait bien la dispute de Ravenne, laisse voir une crise plus importante qu’attendue, plus structurelle que conjoncturelle.

D. Quel débat plus profond cache cette polémique ?

1) En quoi la rupture de Ravenne accomplit- elle la crise de Belgrade ?
La session précédente, la IXe en titre, à Belgrade, en 2006, avait vu poindre les prodromes de la crise. L’évêque Hilarion avait alors contesté le parallélisme supposé par le document de travail entre la « communion avec Rome » en Occident et la « communion avec Constantinople » en Orient comme condition et/ou critère d’ecclésialité, de catholicité, de conciliarité. Son objection était de principe, reposant aussi bien sur le rejet d’un modèle unique de structuration que sur l’affirmation de la complétude de l'Église Orthodoxe. Déjà opposé à l'évêque Hilarion, le métropolite Jean de Pergame avait insisté sur la nécessité de maintenir la mention de Constantinople symétriquement à celle Rome, et avait proposé d’amender la comparaison en la restreignant : la communion avec l’un ou l’autre siège demeurait le critère « bien que cela fût compris différemment ». Hilarion avait refusé le compromis. Le cardinal Kasper avait soumis la motion au vote et qui avait recueilli une forte majorité y compris orthodoxe. L'évêque Hilarion avait dénoncé la méthode du scrutin démocratique pour résoudre des problèmes dogmatiques et avait réclamé l’adoption du consensus. Le cardinal Kasper avait pris note de la protestation et promis un réexamen de la question controversée.

Selon les sources russes, le comité de rédaction aurait proposé, en février 2007, une formulation acceptable pour Moscou qui ne mentionnait plus la « communion avec le siège de Constantinople ». À la veille de Ravenne, l'évêque Hilarion avait réaffirmé que « toutes les Églises orthodoxes reconnaissent la primauté d'honneur du patriarche de Constantinople, mais nous ne pouvons pas en accepter l'interprétation élargie que Constantinople cherche à en faire. Les participants orthodoxes ne sont pas autorisés à "inventer" un modèle ecclésiologique afin que le patriarche de Constantinople puisse occuper une place équivalente à celle que le pape occupe dans l'Église de Rome ». Il avait prévenu que « la question ne saurait souffrir compromis ».

2. Quelle vraie fracture révèle Ravenne ?
Le retrait de la délégation russe, à Ravenne, a permis, à l’évidence, que la première mouture de la formule disputée soit (ré) intégrée dans le document final puisque le paragraphe 39 commente ainsi l’activité conciliaire de l’Occident et de l’Orient chrétiens après le schisme : « les deux Églises continuaient à convoquer des conciles dans les moments de crise grave. À ces conciles participaient les évêques des Églises locales qui se trouvaient en communion avec le siège de Rome, et de façon similaire, même si cela était compris d'une manière différente, les évêques des Églises locales qui se trouvaient en communion avec le siège de Constantinople ».

C’est précisément la vision que dénonce, au nom de Moscou, l’évêque Hilarion : « le critère de catholicité dans l'Église orthodoxe a toujours consisté dans la communion eucharistique et canonique des Églises locales entre elles, et non pas dans la seule communion avec le siège de Constantinople ».

Et c’est précisément la vision qu’endosse, au nom de Constantinople, le métropolite Jean : « Dans l’Église d’Orient, bien que ce ne soit pas en termes de pouvoir, mais d’initiative et de coordination, la primauté revient à Constantinople ».
En d’autres termes, c’est bien la conception même de la primauté qui s’est trouvée être discutée, à Ravenne, entre Constantinople et Moscou.

De quelques interrogations conclusives
On ne peut qu’énumérer quelques-unes des questions que suscite nécessairement la contemplation de ce clivage :

— comment deux parties s’uniraient lorsque l’une se désunit ?

— quelle primauté peuvent accorder, hypothétiquement, Constantinople et Moscou à Rome si elles ne réussissent pas à s’accorder, entre elles, pratiquement, sur le sens de la primauté ?

— quel est le poids des différences théologiques réelles et des opportunismes dans le différend entre ces deux patriarcats et ceux qui les incarnent ?

— peut-on prétendre servir l’unité pan–orthodoxe et ne pas tout faire pour en assurer la manifestation ?

— peut-on se sentir investi d’une sorte de devoir et de capacité historique envers le plérôme orthodoxe sans susciter autour de soi une logique de concertation ?

— qui, dans le monde orthodoxe, pourrait aujourd’hui surprendre en prenant sur lui d’assumer une diaconie de l’unité qui passerait, dans le respect de la tradition et de la taxis, par l’épreuve de vérité consistant dans les révisions et les aménagements canoniques que les bouleversements du XXe siècle ont rendus urgentissimes ?

— la poursuite de la commission est-elle envisageable sans la participation du patriarcat de Moscou et cette participation est-elle envisageable sans une minoration, même relative, du document de Ravenne ? Et si cette minoration a lieu, de quelle valeur alors apparaîtra la commission ?

— le modèle de dialogue que représente Ravenne, typique d’un œcuménisme institutionnel, fait-il encore sens ?

— y a-t-il grand sens à agiter une espérance œcuménique abstraite (« la primauté ») alors qu’une rencontre entre le pape de Rome et le patriarche de Moscou demeure pure hypothèse et que toute rencontre entre le patriarche de Constantinople et de Moscou apparaît difficultueuse ?

-est-il sérieux et fraternel de toujours minimiser, face au monde catholique, le sentiment pourtant prégnant de différence qu’éprouvent les orthodoxes et que le patriarche Bartholomée n’avait pas hésité, dans un de ses discours américains, à qualifier d’ « ontologique » ?

— s’il serait déplacé d’accuser Rome de double jeu dans cette affaire, le Vatican peut-il s’empêcher pour autant de mettre à profit, sur le plan tactique, la division que lui présentent les orthodoxes ?

— Rome a-t-elle vraiment renoncé à la stratégie de l’union par « appartements » ?

Ces questions reviennent au fond à une seule : comment une entreprise œcuménique finit-elle par déboucher sur une fracture intra-confessionnelle ? Nul doute qu’il y a là à un mystère à méditer. Mais s’étonnera-t-on que, in fine, le Saint–Esprit se révèle une fois de plus le champion de l’antisystème ?

Jean- François Colosimo

PS. Dernière nouvelle. Cette fin de semaine, le pape Benoît XVI rencontrait les cardinaux à la veille du consistoire au cours duquel il créera vingt-trois nouveaux membres du Sacré Collège. La deuxième session, le vendredi 23 novembre, était placée sous le signe de l'œcuménisme. On lira ci-dessous, pour information, (et libre à chacun d’interpréter ces faits à sa guise), comment Zénit, l’agence la mieux informée sur le Vatican, relate les échanges : en ressortent la place prépondérante de la doctrine sociale comme ferment de communion, la mise en avant de la contribution russe à cet effet, l’ importance soulignée de la visite du patriarche de Moscou, Alexis II, à Paris parmi les grands rendez-vous internationaux de l’unité et... l’absence de toute mention explicite de Ravenne dans le compte-rendu (ce qui ne sera pas le cas, bien sûr, dans la déclaration finale qui en fera le rappel) ! Passons sur les variations stratégiques, renversements d’alliance ou manœuvres compensatoires, qui semblent se déduire de cette option. Ni larmes, ni sourires, il faut en retenir que le real-œcuménisme du front commun contre la sécularisation (minimalisme doctrinal, maximalisme moral) est en train de supplanter le romantisme internationaliste de l’œcuménisme dogmatique « ancien style » (dialogue maximum, résultat minimum). Et que c’est là, par le privilège accordé incidemment à l’engagement, à l’action, à l’immédiateté, et donc à l’efficacité, un probable effet de la mondialisation sur les Églises à travers le médium et le mythe de l’évangélisation.

« ROME, Vendredi 23 novembre 2007 (ZENIT.org) –L’enseignement social de l’Église et sa mise en œuvre constituent un des domaines les plus "prometteurs" pour l’œcuménisme, estiment les cardinaux consultés par Benoît XVI sur le thème de l’unité des chrétiens. C’est ce qu’indique un communiqué du Saint-Siège. [...] Benoît XVI a introduit brièvement la réflexion sur le thème choisi par lui : le dialogue œcuménique à la lumière de la prière du Seigneur et de son commandement : "Que tous soient un", Ut unum sint. Après un exposé du cardinal président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, Walter Kasper, les cardinaux ont pu échanger sur le thème. [...]"La doctrine sociale de l’Église et sa mise en œuvre ont été notamment indiquées comme l’un des domaines les plus prometteurs pour l’œcuménisme". [...] On se souvient que le mercredi 7 novembre, à l'issue de l'audience générale, Benoît XVI a salué Mgr Innocent de Chersonèse, ordinaire des paroisses du patriarcat de Moscou en Europe occidentale. L'archevêque Innocent a remis au pape la traduction française des Fondements de la doctrine sociale de l'Église orthodoxe russe, publiée récemment aux Éditions du Cerf. Des évènements significatifs ont également été évoqués comme le 3e rassemblement œcuménique européen qui a eu lieu en Roumanie, à Sibiu, du 4 au 9 septembre 2007, la rencontre œcuménique et interreligieuse promue à Naples par la Communauté de Sant’Egidio, en octobre dernier, mais aussi l’importante visite du patriarche de Moscou, Alexis II, à Paris, ainsi que le grand rassemblement "Ensemble pour l’Europe 2007" animé par plus de 240 communautés et mouvements chrétiens, qui a eu lieu cette année en Allemagne, à Stuttgart, le 12 mai. Pour sa part, le cardinal Walter Kasper avait auparavant brossé l’état de la question par un exposé intitulé : « Informations, réflexions, et évaluations du moment actuel du dialogue œcuménique". Il a distingué trois domaines principaux : les relations avec les Églises orientales anciennes et avec les Églises orthodoxes, les rapports avec les communautés ecclésiales nées de la réforme du XVIe s., et les relations avec les mouvements charismatiques et pentecôtistes qui se sont développés surtout au siècle dernier. Le cardinal Kasper a ainsi indiqué les progrès obtenus et les défis encore à affronter ».

Rédigé le lundi 26 novembre 2007 à 14:45 dans Regard orthodoxe sur l’actualité

6.Posté par OLTR - WEB-MASTER le 31/12/2013 16:16
La présente file de discussion, consacrée à ce "document de Ravenne" et aux discussions sur la question de la Primauté, évoque les interventions de Mgr Hilarion et de JF Colosimo.

L'occasion se présente de rappeler que la Table ronde n°7 de l'OLTR, justement, était consacrée à la question de la Primauté avec ces deux mêmes intervenants.

On pourra retrouver un reportage et les retransmissions sur la page du site de l'OLTR, consacrée à cette Table ronde N°7 et accessible sur le lien ci-dessous.

7.Posté par ISAAC le 13/02/2019 20:20 (depuis mobile)
Rappel pour les orthodoxes œcuménistes (not. M. Vladimir) : TOUS les Pères de l'Église et TOUS les Saints, SANS EXCEPTION AUCUNE, et SANS "économie" condamnent l'oeucuménisme (et plus toute union orthodoxe-cathos) et la qualifient d'HÉRÉSIE !!!!!!!!!

8.Posté par Didier Veillat le 14/02/2019 09:02
@ Isaak: Ah! Tous? Sans exception? Avant ou après 1054? Savez-vous quel est le nombre des Saints et quelles lectures il faudrait engager pour pouvoir être à ce point affirmatif ?

Pas un seul écrit des Saints Pères ne passant au dessus de l’Évangile, je rejoins "l’œcuméniste" (ce qui ne veut pas dire grand chose) Vladimir: " Les chrétiens nous devons d’abord parler entre nous et résoudre nos différends pour que notre témoignage à ceux du dehors soit crédible. L’effort destiné à l’unité des chrétiens est une volonté et un commandement du Seigneur Qui, avant Sa passion, priait le Père « pour que tous (Ses disciples) soient un (…) afin que le monde croie que tu m’as envoyé » (Jn 17, 21). Il n’est pas possible que le Seigneur soit pris d’angoisse pour l’unité des chrétiens et que nous nous en désintéressions. Ce serait une trahison criminelle et une transgression de Sa volonté."

Notez que je ne suis pas disciple de "Benoît machin"... non plus que de "François chose"... et que les orthos sont catholiques (Symbole de la foi).

Décidément, je vais finir par penser que vous êtes anti-chrétien.

Didier Veillat

9.Posté par Nicodème le 14/02/2019 11:23
@Isaac (message 7) Ben alors , ils ont dû condamner les 7 premiers conciles qui étaient officiellement qualifiés d'œcuméniques...car ils se vouaient concerner tout le "monde connu" (OÏkouménè) . Par ailleurs , durant le premier milnnéaire , il n'y avait pas d'Eglise "catholique" ni d'Eglise "orthodoxe" . L'Eglise se voulait "catholique" (par opposition à la gnose) et elle avait à coeur de conserver l'intégralité de l'orthodoxie de sa foi , en résolvant successivement les divers problèmes soulevés au cours du temps (rôle des conciles œcuméniques ). C'est seulement après la rupture de 1054 entre Rome et Byzance , que l'Eglise de Rome a prétendu à la catholicité d'une façon exclusive , et que l'Eglise de Byzance a revendiqué être la seule à porter la foi orthodoxe . Nous en sommes toujours là , mais le mur érigé par l'orgueil des hiérarques à cette époque (et ça n'a pas beaucoup changé) n'est pas éternel . Bien sûr , aujourd'hui , le mot "oecuménisme" a changé de sens , mais il ne doit pas être sottement diabolisé , car il porte l'espoir, d'une réunification qui ne se fera que par et dans l'amour , pas à coups de canons et d'anathèmes...

10.Posté par Vladimir G: "Un nom nous a réuni et nous rapproche ici, à Evanston - Jésus-Christ" le 14/02/2019 14:59
-LE SAINT EVEQUE NICOLAS D'OHRID était très favorable au développement du dialogue œcuménique dont il fut l'un des fondateurs en participant à la première conférence de « Foi et Constitution » (Lausanne, 1927(1)). Il se méfiait de l'évolution de l'œcuménisme mais, comme l'écrit le Dr Vidovic (2), "cela ne signifie pas que l'évêque Nicolas n'était plus ouvert au dialogue œcuménique…mais il développe une claire distinction entre 'les églises hétérodoxes' et l'Eglise Orthodoxe. Dans 'Centurie de Ljubostinja' il va même plus loin en écrivant que, dans le monde chrétien, seule l'Eglise Orthodoxe honore l'Evangile comme la Vérité absolue et n'est pas gouvernée par l'esprit du siècle;" mais St Nicolas continue à participer au dialogue œcuménique jusqu'à l'Assemblée Générale du COE à Evanston (15-31 août 1954), à laquelle il participa en personne dix huit mois avant de s'endormir dans le Seigneur. Il y prononça la formule fameuse: "Un nom nous a réuni et nous rapproche ici, à Evanston - Jésus-Christ" (3)

Toutes les délégations orthodoxes aux différentes instances œcuméniques reprennent cette doctrine, de la "déclaration d'Oberlin" (Conférence "Foi et Constitution", 1957) au dernier discours du métropolite Hilarion de Volokolamsk à Pusan (Corée, Xe Assemblée du COE, 30 octobre - 8 novembre 2013), sans oublier les "Principes de base des relations de l’Église orthodoxe russe à l’égard de l’hétérodoxie" (2000).

(1) Cf. http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Quelques-etapes-de-l-oecumenisme-orthodoxe-Partie-1_a2514.html; http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Quelques-etapes-de-l-oecumenisme-orthodoxe-Partie-2_a2526.html; http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Quelques-etapes-de-l-oecumenisme-orthodoxe-Partie-3_a2536.html
St. Nicolai Velimirovic, ““Догађај у Еванстону”, première publication dans la revue “Слобода" du 20 octobre 1954 puis dans "Collected Works", Vol. 13, Himmelsthür, 1986, p. 42-46 (en serbe)
(2) Julija Vidovic est une jeune théologienne qui a soutenu sa thèse intitulée “La synergie entre la grâce divine et la volonté de l’homme selon saint Maxime le Confesseur” en doctorat conjoint à l’ITO Saint-Serge et l’Institut catholique de Paris. L'article "St. Nicolas Velimirovic and St. Justin Popovic on Ecumenism" est disponible en PDF à partir de https://icp.academia.edu/JulijaVidovic/Papers.
(3) " St. Nicolai Velimirovic, ““Догађај у Еванстону”, première publication dans la revue “Слобода" du 20 octobre 1954 puis dans "Collected Works", Vol. 13, Himmelsthür, 1986, p. 42-46 (en serbe)

11.Posté par Nicodème le 14/02/2019 17:00
@Isaac : d'abord , un grand coup de chapeau pour votre parcours courageux . Ensuite , méfiez-vous des jugemest trop abrupts . Quand on dit "les Pères de l'Eglise" ...hum . Certes , il y a un corpus commun , mais il y a entre eux de grandes différences d'appréciation et de doctrines , selon les sujets . Pardonnez le mouvement d'humeur de l'ami Veillat . Il faut décidément tourner sept fois ses doigts au dessus du clavier avant que de cliquer ...:-))) . Le chrétien est autant "pécheur" que les autres , mais lui , il sait qu'il l'est , et il sait que Dieu n'attend que son repentir sincère pour lui pardonner sa faute .

12.Posté par justine le 14/02/2019 20:06
Au post 11: Ce n'est pas vrai qu'il y ait entre les Saint Pères "de grandes différences d'appréciation et de doctrines". C'est ce que disent les modernistes "postpatériques" qui ne comprennent pas la pensée des Pères parce qu'eux memes en sont si loin. Il peut y avoir des différences de formulation, d'accent, selon les circonstances, mais dans le sens ils sont tous parfaitement en accord, puisque le meme Saint Esprit parle par eux. Ce que dit ici Nicodème qui a été le disciple de modernistes, montre seulement combien ces derniers qui remplissent aujourd'hui les écoles théologiques et notamment St Serge, font du mal, car leurs faux enseignement se communiquent ensuite à d'autres comme on le voit ici. Pour cela Isaac fait bien de lire les Saints Pères eux-memes et non pas leurs exégètes modernes.

13.Posté par justine le 14/02/2019 21:12
Au post 8: Tout a fait - sans exception. Tous les Saints sans exception ont condemne les heresies, c'est d'ailleurs une des caracteristiques obligatoires de la saintete - etre parfaitement orthodoxe dans la Foi -, et l'ecumenisme n'est pas seulement une heresie, mais toute une serie d'heresies, et donc, meme si cette accumulation n'est apparue que de nos jours, elle tombe sous leur condamnation.

A Vladimir, post 10: D'année en année vous répétez cette chanson que saint Nikolaj aurait été favorable à l'écuménisme, ce qui est absolument faux.
Parmi toutes les preuves du contraire je vous re-cite la lettre hiérapostolique 127 de St Nikolaj:

Quelqu'un lui avait relaté une vision qu'il avait eue, dans laquelle un rabin et un musulman approchaient le Christ et lui donnèrent la main, et qui demandait au saint évêque d'où venait cette vision. Saint Nikolai lui répondit donc: "D'où vient cette vision, vous demandez? De celui qui induit en tentation. Jetez un regard sur votre vie et vous comprendrez. De nos jours on entend bien des choses - de la part des gens de peu de foi, évidemment - sur la réconciliation et assimiliation de toutes les religions. Et vous aussi vous êtes livré à cette idée et ces désirs. Maintenant il vous a été présenté votre propre vision subjective de manière à vous la faire voir comme objective. Et vous vous en réjouissez comme d'une miséricorde de Dieu. Quant à moi, je ne dirais pas que c'est une miséricorde. Il est plus probable qu'il s'agisse d'un avertissement. Vous avez confondu les choses. Car une chose est la paix sociale et politique, autre chose est la réconciliation des religions. Une chose est l'égalité des citoyens dans leurs droits et obligations, autre chose est le nivellement des religions. Les chrétiens ont le strict commandement d'être miséricordieux envers tous les êtres humains, sans distinction de leur foi, mais en même temps aussi strictement celui de sauvegarder la Vérité du Christ. Comme chrétien vous pouvez sacrifier pour les hétérodoxes votre fortune et votre vie encore, mais à aucun prix la Vérité du Christ, car celle-ci n'est pas votre propriété, alors que les deux autres le sont."

Et dans son oeuvre "100 chapitres de Ljubostinia, il y a le chapitre "Théologiens hérétiques" où il écrit:
"L'Eglise Orthodoxe est la seule Eglise au monde qui a préservé la Foi en l'Evangile comme la seule Vérité absolue, la Vérité qui n'a besoin d'aucune défense ni d'un support quelconque par quelque philosophie ou science occidentale que ce soit. Lorsque donc nous récitons le neuvième article de la Confession de Foi: "Et en Une Seule Eglise, Sainte, Catholique et Apostolique", nous entendons par là l'Eglise Orthodoxe. ......
"Depuis la séparation de l'Occident de l'Orient, les théologiens hérétiques se sont occupés d'adaptations et d'assimilations, mais de façon particulièrement intense au cours des derniers 150 ans. Ils ont assimilé le Ciel à la terre, le Christ aux autres "fondateurs de religions" et la Bonne Nouvelle aux autres religions, celles des Israélites, des Mahométans et des païens. Tout cela soi-disant au nom de la "tolérance" et "au service de la paix" parmi les hommes et les peuples. Or, c'est ici précisément que se trouve l'origine et la raison de guerres et de révolutions comme il n'y en a pas eu auparavant dans toute l'Histoire du monde. Car la Vérité ne saurait en aucune façon être assimilée à la demi-vérité et au mensonge.
"Dans l'Eglise Orthodoxe aussi, évidemment, il y a certains théologiens qui suivent les traces des théologiens hérétiques et qui sont de l'avis que l'Evangile n'est pas assez puissant pour se préserver et se défendre lui-même au sein de la tempête de ce monde. Eux-mêmes s'appuient sur des théories hérétiques et des méthodes hérétiques. De toute leur âme, ils se tiennent aux côtés des hérétiques, mais extérieurement ils restent liés à l'Eglise Orthodoxe, juste autant, toutefois, qu'il est nécessaire pour se préserver de la perdition. Ce sont ces Balkaniques authentiques, comme on les appelle, qui considèrent tout ce qui est en-dehors et au-delà de la barrière comme meilleur et plus sage que ce qui se trouve à l'intérieur – y compris la théologie des compromis, du mélange (autrement dit: de la paganochristologie).

L'Eglise Orthodoxe dans son ensemble rejette de tels théologiens et ne les reconnait pas comme les siens. Mais elle les tolère, et ceci pour deux raisons. Premièrement, parce qu'elle attend leur repentir, leur métanie, et deuxièmement, parce qu'elle veut éviter que par leur expulsion le mal devienne plus grand encore, c'est à dire que ces personnes soient poussées dans l'étreinte abyssale des hérétiques. Car ainsi non seulement ils augmenteraient le nombre des hérétiques, mais entraineraient avec eux d'autres âmes dans leur perte. De tels théologiens ne sont pas des porteurs de l'esprit orthodoxe et de la conscience orthodoxe, mais des membres malades du corps ecclésial (cf. 1 Cor 12,26).

14.Posté par justine le 14/02/2019 21:39
Encore au post 10: Vous tenez donc a cette phrase de St Nikolaj que vous citez, mais j'aimerais bien que vous nous donniez aussi ce qui precede et ce qui suit, car en isolant une phrase du contexte on peut lui faire dire ce qu'on veut. De toute maniere il est clair si le Saint a participe a des reunions du COE, il ne l'a certes pas fait dans l'esprit nivellateur et syncretiste qui caracterise le COE, mais dans l'espoir que les heterodoxes, en entendant le temoignage orthodoxe, reviendront a l'Orthodoxie. D'autres Orthodoxes comme on sait nourrissait cet espoir, mais aujourd'hui il est bien clair que tout le contraire s'est passe et qu'ils s'enfoncent de plus en plus dans l'heresie, et pire encore, que bien des Orthodoxes, n'etant pas fermes dans leur Foi pour commencer, ont subi leur nefaste influence. Preuve le pseudo-concile de Crete dont un trait caracteristique, selon le metropolite theologien Hierotheos de Naupacte qui y etait present, fut la "dominance d'une mentalite protestantisante".

15.Posté par Théophile le 15/02/2019 10:19
@ Justine
Votre discours ressemble à celui des Vieux-Croyants ou des Vieux-calendaristes - je le dis sans critique, car j'ai beaucoup de respect pour les Vieux-Croyants et leur oeuvre de sauvegarde d'une théologie intégrale et de traditions qui n'ont survécu que grâce à eux - notamment la sauvegarde de l'icône.
Globalement, beaucoup de choses dans notre monde vont dans le mauvais sens, c'est vrai - et tout cela est annoncé dans les Evangiles.
Cela dit, je considère que c'est aussi la fin du modèle médiéval du christianisme - à savoir celui d'une société qui visait à fonctionner de façon intégralement chrétienne, dans un royaume chrétien, avec un mode de vie et une théologie systématique qui réglait chaque aspect de la vie chrétienne.
Ce changement est douloureux, mais il nous remet dans une situation qui a déjà existé pour l'Eglise, à savoir celui d'un empire impie, avec des chrétiens qui vivent leur foi malgré tout.
C'est un retour vers une forme plus existentielle de christianisme.
Cela dit, votre approche a le mérite d'être cohérente et traditionnelle, même si ce n'est pas la mienne (je crois personnellement que l'Eglise est toujours en gestation - rien n'est achevé, notre vie en Christ n'est que dans les balbutiements).

@ Nicodème
Je suis d'accord avec vous, le recours à l'expression "père de l'Eglises" est très galvaudée. Derrière cette façade, beaucoup de personnes n'ont jamais rien lu des pères dans les textes - ils ne connaissent que des citations bien pauvres. Or il y a beaucoup de nuances et d'interprétations chez "les Pères".
C'est certes l'Esprit Saint qui s'y exprime, mais à travers l'humain. Nier l'humain me semble contre-productif (c'est une forme de monophysisme théologique).

16.Posté par Vladimir G: "Un nom nous a réuni et nous rapproche ici, à Evanston - Jésus-Christ" suite le 15/02/2019 11:30
Bien chère Justine,

St Nicolas est effectivement une référence pour la doctrine orthodoxe de l'œcuménisme et je pense que tous les théologiens orthodoxes qui participen au dialogue sont toujours dans la ligne qu'il a tracée, depuis la "déclaration d'Oberlin" (1957) et jusqu'au document adopté au concile de Crête: " L’Église orthodoxe, étant l’Église une, sainte, catholique et apostolique, croit fermement, dans sa conscience ecclésiale profonde, qu’elle occupe une place prépondérante pour la promotion de l’unité chrétienne dans le monde d’aujourd’hui."

Je vous remercie donc de confirmer les faits dont je fais état à propose de :
- "Il fut l'un des fondateurs du dialogue œcuménique en participant à la première conférence de « Foi et Constitution » (Lausanne, 1927)". Vous ne le contestez pas ce qui, avec vous, vaut confirmation!
- "Il se méfiait de l'évolution de l'œcuménisme et, dans 'Centurie de Ljubostinja' il va même plus loin en écrivant que, dans le monde chrétien, seule l'Eglise Orthodoxe honore l'Evangile comme la Vérité absolue et n'est pas gouvernée par l'esprit du siècle." Merci pour votre citation qui confirme amplement ce point...
- "Il continue à participer au dialogue œcuménique jusqu'à l'Assemblée Générale du COE à Evanston (15-31 août 1954), à laquelle il participa en personne dix huit mois avant de s'endormir dans le Seigneur." Je n'ai pas le texte complet de ce discours (je donne les référence de publication en serbe et il peut l'être aussi dans les actes de l'AG d'Evanstone,) en revanche, vous en avez d'importants extrait en anglais dans l'article de Julija Vidovic "St. Nicolas Velimirovic and St. Justin Popovic on Ecumenism", https://icp.academia.edu/JulijaVidovic/Papers.

En vous remerciant encore de partager votre incomparable érudition

17.Posté par Didier Veillat le 15/02/2019 11:46
@ Mme Justine (13):
Où ai-je écrit que les Saints ne condamnent pas tous les hérésies??? (Oh ben! j'ai dû perdre le papier... ou quelqu'un me l'a volé... ma mémoire chancelante, peut-être?)

Je reprends la phrase de M. Issac (7):"TOUS les Pères de l'Église et TOUS les Saints, SANS EXCEPTION AUCUNE, et SANS "économie" condamnent œcuménisme" (sic). (je souligne virtuellement: "condamnent œcuménisme"). Après quoi, petit glissement latéral dans votre réponse, " et l'œcuménisme n'est pas seulement une hérésie, mais toute une série d’hérésies" (sic). Voyez-vous le latéralisme intellectuel dont vous usez pour convaincre l'auditoire?

D'où je déduis que les conciles pré-1054 étaient hérétiques... mathématiquement parlant, n'est-ce pas? Transitivité oblige, etc...
Je crois que vous confondez l’œcuménisme idéologique new-age massif autour d'un feu de camp réalisé par de jeunes scouts pentecôtistes, avec l’œcuménisme à la recherche, souvent douloureuse, d'un consensus contre une hérésie. Ce qui n'a rien à voir! D'autre part et pour vous faire tressaillir sans méchanceté, je pense que le dialogue entre Eglises est nécessaire, voire indispensable au sens œcuménique tel que je le comprends. Mais cela ne vous engage pas, je vous rassure. Alors, de grâce, ne soyez pas offusquée!

Par ailleurs, votre explication destinée à Nicodème (11) me rappelle une histoire qui m'est arrivée et qui résume à elle seule la manière de raisonner des absolutistes: Il y a un peu plus de trente ans, je me suis rendu à une session sur les Conciles œcuméniques, série de conférences et de débats animés par un prêtre russe fort sympathique et policé à souhait. Je me rappelle qu'il parlait fort bien le français, avec un léger accent tout à fait charmant. Bref, nous étions entre nous et tout allait bien... Comme je lui posai une question à propos de telle ou telle hérésie, laquelle question montrait avec le conférencier un désaccord sur un détail théologique, le bon pasteur me demanda quelles étaient mes origines dans l'Orthodoxie. "je suis orthodoxe par mon père qui était orphelin et s'était converti en 1953 à l'Orthodoxie" lui répondis-je. A quoi le bon pasteur me dit, souriant et tout paternel: "il est normal que vous posiez cette question, les occidentaux ne sont pas aptes à l'Orthodoxie". Sur quoi je quittai promptement la conférence. Quelques mois plus tard, sur les conseils d'un ami, j'allai dans une paroisse dont le prêtre était russe, de mauvais caractère, et m' accueillit les bras ouverts...

" il y a certains théologiens qui suivent les traces des théologiens hérétiques et qui sont de l'avis que l’Évangile n'est pas assez puissant pour se préserver et se défendre lui-même au sein de la tempête de ce monde". Très juste! Je retiens. Mais soyons prudents en la matière, nul ne commande la Grâce de l'Esprit Saint. Ne soyons jamais fixistes, le Créateur est toujours à l'oeuvre...

M. Didier Veillat

18.Posté par Nicodème le 15/02/2019 13:19
@dame Justine : en effet , je l'ai dit ici , j'ai fréquenté St Serge , mais je n'ai fait que la première année , par correspondance . Au niveau paroissial , mon premier contact avec l'orthodoxie fut l'Ecof , puis j'ai rencontré une paroisse "canonique" de l'archevêché . Puis , à la faveur d'un déménagement , une paroisse roumaine . Puis retour ds l'ECR ds une aproisse "gouzantine" , que voulez-vous , les belles polyphonies sont pour moi vitales . Puis retour ds une paroisse de l'Archevêché . Pour un temps . Je n'ai pas choisi l'ITO (St Serge). C'était la seule formation théologique "orthodoxe" que je connaissais . Je ne regrette pas de l'avoir connue . Moderniste ? Certes , un peu "droitdlhommiste" , ce qui m'a déplu , et je ne ne m'en suis rendu compte que plus tard , en écoutant une conférence ou une autre . Je suis resté abonné de nombreuses années à "Contacts" et au "SOP" .J'ai lu plusieurs bouquins d'Olivier Clément et d'autres auteurs de l'"Ecole de Paris" , et j'y ai trouvé une puissance de pensée , une intelligence , un génie de la compréhension des Ecritures qui m' a beaucoup éclairé .
Maintenant , sur les "Pères" de l'Eglise , et sur un seul sujet , la doctrine du remplacement d'Israël par le "verus israël" (l'Eglise). J'ai oublié la liste exhaustive de ceux qui y ont adhéré , mais il me semble que tous n'y ont pas succombé , si on prend les 9 siècles du temps de l'Eglise du premier millénaire . Ca m'em... , disons le , de rechercher . Car , de toutes façons , je suis déjà condamné , comme "moderniste ". Mais vous vous trompez , chère Justine. Je ne suis même plus moderniste (j'en avais été accusé aussi par les ktos tridentins) . Je suis agnostique , au sens littéral du terme : mieux vaut se dire qu'on ne sait pas , plutôt que , à cause de ses certitudes , assassiner son frère (ou sa soeur) , moralement , voire physiquement , l'histoire 'la montré , pour l'excellente raison qu'il ne pense pas comme vous .

19.Posté par justine le 15/02/2019 14:40
Supplément au post 13: A noter que le dernier alinéa est lui aussi de St Nikolai. C'est une citation textuelle, mais malheureusement les guimets ont été supprimés.

20.Posté par Didier Veillat le 15/02/2019 16:33
@Nicodème:
Excusez moi je vous prie si je m'immisce. En effet, agnostique au sens de l'ignorance, de l'Inconnu, j'aime assez l'idée... Peut-être la plus sensée dans le présent dialogue... Qui plus est, elle seule permet d'accepter le mystère divin par le silence, c’est à dire à ne pas limiter la Théologie à des qualités; une Théologie mystique, ascendante, qui laisse la place dans l’être créé au transcendant divin; elle est débarrassée des concepts anthropomorphiques et des codifications de la pensée qui s'articulent le plus souvent en certitudes, imaginaires la plupart du temps, parfois et trop souvent mortelles mais pour les autres. Les fagots et brûlis de l'Histoire que l'on défend à grand coup de faux à cause de toutes les histoires faites à son prochain pour un mot de trop ou un mot manquant...
Quant à la lecture effective des Pères de l'Eglise, je ne connais personne qui les ait vraiment lus, les spécialistes étant eux-mêmes cantonnés à l'étude de tel Père ou à l'étude d'une période ou d'un thème bien délimité. J'en ai lu quelques uns grâce à mes insomnies... Ce pourquoi il faut remercier l'enseignement de ces spécialistes, des traducteurs et s'en contenter. Dans tous les cas, même les érudits citent des citations de citations... et reprochent aux autres de ne pas avoir lu les Pères. Quand les citations ne viennent pas directement d'Internet.
Didier Veillat

21.Posté par justine le 15/02/2019 19:26
A Théophile, post 15: L'Orthodoxie n'est pas un "modèle médiéval du christianisme" qui aurait une fin, mais l'Evangile vécu, quel que soit l'époque ou le cadre spatial, social, politique. Certes, les empires ont existé et ne sont plus, mais cela n'a aucune importance. Toujours et de partout, jusqu'à la Seconde Parousie, les chrétiens sont appelés à vivre en chrétiens, à se constituer en familles, paroisses, évêchés où l'on vit centré sur le Christ et orienté vers le Royaume. "Le Ciel et la Terre passeront, mais Mes paroles ne passeront pas." Et: "Le Christ est le même hier, aujourd'hui et à jamais". De nos jours évidemment, la tentation est grande comme jamais auparavant de mettre en question tout cela, puisque toute cette "culture de la chute", comme disait le père Sophrony, n'est qu'une permanente invitation à l'homme de se détourner de Dieu. Mais ceux qui ont décidé de s'y opposer auront toujours le secours divin et trouveront des issues. Et puis, n'avons-nous pas reçu le Saint Esprit lors de notre Baptême? Le Christ ne nous donne-t-Il pas pouvoir de marcher sur les scorpions et écraser les serpents? N'avons-nous pas l'intercession de la Mère de Dieu et de tous les Saints? Et que dire de l'immense aide de la Sainte Ecriture et des écrits des Saints Pères!

22.Posté par justine le 15/02/2019 19:47
A Nicodème, post 18: Je n'ai pas dit que vous étiez moderniste, mais que vous avez eu des maitres modernistes, ce que vous confirmez. Ce n'est pas une accusation, puisqu'en France il est difficile de leur échapper. Quant au génie de la comprehension des Ecritures qui vous a séduit, il est bon de le boire à la source que sont les Saints Pères, en premier St Grégoire le Théologien. Il y a en francais presque la totalité de ses homélies qui sont de vrais trésors à cet égard (dans la collection Sources Chrétiennes, sous le nom de Grégoire de Naziance). Ou St Grégoire Palamas, les homélies sur les Fetes du cycle annuel (en anglais "The Homilies"), peut-etre un éditeur francais se résoudra enfin de les publier en traduction).

23.Posté par Théophile le 16/02/2019 11:19
@ Justine
Je suis d'accord avec la vie intégralement chrétienne - cela ne dépend pas de l'époque, comme nous le manifestent les saints.
Ce que je soulignais, c'est que la société qui nous entoure n'est plus chrétienne comme elle l'a été à l'époque médiévale, ni ici, ni dans aucun pays.

24.Posté par Nicodème le 16/02/2019 13:00
@Justine : nuance un peu jésuitique , si je puis me permettre ...:-) ..[sourire] . De toutes façons, je suis repassé agnostique , comme vous l'ai dit . Ca ne m'empêche pas de me replonger de temps en temps ds les Evangiles , ou ds mes bouquins . Oui , je m'étais offert , du temps de ma foi toute brûlante , quelques volumes des Sources Chrétiennes , notamment "l'Histoire Ecclesiastique" d'Eusèbe de Césarée . C'est pas triste ... Il y a aussi la collection "Les pères dans la Foi" chez Migne . On trouve aussi beaucoup de textes sur les sites patristiques . Mais comme on ne peut pas tout lire , et encore moins assimiler comme le fait remarquer Didier V. , on est bien obligé de commencer par les aides . Par exemple un excellent bouquin : "Pour lire les Pères de l'Eglise" d'Adalbert G. Hamman (le fondateur de la collection) . Bon d'accord , c'est un franciscain . Faut-il le rejeter pour cette raison ? Je vais vous faire plaisir , j'ai un Grégoire de Naziance , chez Migne , que je n'ai jamais ouvert : "le Christ pascal" . Si je me décide à le faire , je penserai à votre exhortation ...:-))... [re-sourire]

25.Posté par Didier Veillat le 16/02/2019 17:19
@Théophile (15, à propos de la fin des anciens modèles chrétiens):
En effet; la vie n'est plus chrétienne comme elle l'a été. L'imaginaire des passions, soutenues par le commerce (savons-nous que la mode produit plus de gaz à effet de serre que l'ensemble des transports maritimes de la planète), l'assouvissement en quasi flux tendu des désirs (commandé depuis son fauteuil,par cher, vite livré), etc. a fait apparaître le vide de l'homme profond, comme une sorte de révélation à rebours, retournée en doigt de gant. L'immense pouvoir de l'imaginaire qui, grâce à la technique, permet la mise en oeuvre simple de tout ou presque en matière de rêves éveillés donne au Prince de de monde la plus grande et la plus débridée des puissances, comblant le vide par un vide encore plus grand, le désir par un désir surmultiplié. "La face livide dont le rictus ressemble à celui de la luxure, figée dans le hideux recueillement d'une convoitise impensable est parmi nous." écrit Bernanos en 1936 ayant vu les horreurs commises par les franquistes (Simone Weil fera le même constat côté républicain. Je l'ai appris récemment). Je pense que nous vivons une forme de Révélation, d'Apocalypse technologique; ce qui est révélé ici est l'orgueil de l'homme qui désire se débarrasser de Dieu afin de vivre sa vie: une vie définitivement libre, c'est à dire ancrée dans le néant. Cela, la puissance illusoire de la technique le permet; mieux, elle le promeut partout et sans interruption. Est-ce un prélude à la fin des temps? Je ne m'interdis pas de le penser, et de plus en plus souvent. L'état de notre monde naguère si beau et tragique, est une manifestation de cet état délétère en l'homme: un monde en rupture de stock avec le réel, un monde plat et uniforme. Il y a cent ans, 120 000 guépards vivaient en Afrique. Aujourd'hui? Mille fois moins! Ce n'est qu'un exemple parmi des milliers... Certains pensent que la science trouvera des solutions. Pour un petit biologiste comme moi, quand j'étais jeune la science était au dessus de la technique. Or, déception! la science s'était livrée à l'économie et au marché depuis un bon siècle. Elle ne contient rien d'autre, malgré certains de ses aspects tout à fait admirables, que sa propre raison. On ne sauve rien avec un si faible et si orgueilleux bagage. La raison ne contient pas sa propre raison.

Au cours des siècles passés, quand on "passait l'arme à gauche", on laissait derrière soi un monde semblable à celui que l'on avait connu, peu ou prou et malgré les vicissitudes de l'existence. Il y avait l'espérance de Dieu bien sûr, mais aussi l'espérance que ses enfants auraient une vie comme la sienne ou un peu meilleure (ce n'était pas tous les jours fête non plus!). L'existence était rythmée par le travail, le clocher et les cycles naturels. Je ne suis pas sûr, alors que la question de la finitude s'est imposée à moi depuis déjà pas mal de temps, du monde que je vais laisser derrière moi pour mes frères humains. Plus qu'une incertitude, la certitude que "les choses vont être difficiles et changeantes", incertaines, agitées; cela ne laisse pas de m'inquiéter. C'est idiot, je devrais avoir confiance. Mais "les cris et les grincements de dents" ne sont pas des évocations romantiques. Ceci dit, une seule chose n'a pas changé: le Christ est toujours là, même si cela reste pour moi un mystère total, Il est le seul qui reste. D'où la préservation de notre foi qui vient de Lui par la Grâce. Sans Lui, c'est à dire sans Son Incarnation, Sa mort et Sa Résurrection, rien de possible. Jamais Sa présence n'a revêtu une telle actualité.

Didier Veillat

26.Posté par justine le 16/02/2019 20:07
A Nicodème, post 24: Je n'ai rien contre Adalbert G. Hamman, je ne le connais pas, mais sans le connaître je peux vous assurer que la compagnie de St Grégoire le Théologien est incomparablement plus précieuse, inspirante et utile. Qui ne préférerait la compagnie d'un tel Luminaire et entraîneur ! Il parle en effet sous l'inspiration du Saint Esprit. Prenez p.ex. le volume SC 358, son homélie 38 sur la Nativité du Christ, laquelle est aussi la source du 1er canon festal:
"Le Christ est né, rendez gloire! Le Christ descend des cieux, rencontrez-Le! Le Christ est sur terre, levez-vous! Chantez au Seigneur, toute la terre, et pour lier les deux je dis: Que se réjouissent les cieux et qu'exulte la terre, à cause du Céleste devenu Terrestre. Le Christ est dans la chair, exultez avec tremblement et avec joie - avec tremblement à cause du péché, avec joie à cause de l'espérance. Le Christ naît d'une Vierge - ô femmes, soyez vierges pour que vous deveniez mères du Christ. Qui n'adorera pas Celui qui est au commencement? Qui ne glorifiera pas Celui qui est le dernier?" etc.

Ou la 39e pour la Théophanie:
"De nouveau Jésus, le mien, et de nouveau un Mystère, un Mystère non pas trompeur ni indécent, pas du genre de la délusion et de l'ivresse helléniques - car c'est ainsi que j'appelle leurs cultes, comme tout homme sensé, je pense -, mais un Mystère sublime et divin qui mène à la splendeur d'En-haut. Car ce jour saint des Lumières auquel nous sommes arrivés et qu'il nous est donné de célébrer aujourd'hui, prend son origine dans le baptême de mon Christ, la vraie Lumière qui illumine tout homme en venant dans le monde, un baptême qui opère ma purification et vient au secours de la lumière que nous avions reçue de Lui au commencement, depuis le début, mais que par le péché nous avons obscurcie et rendue confuse.
"Ecoutez donc la Voix divine qui retentit avec grande force en moi, l'initié et initiateur de ces choses, et aussi en vous, je prie: "Je suis la Lumière du monde". Pour cela venez à Lui et laissez-vous
illuminer, et vos faces ne rougiront pas, marquées qu'elles seront par la vraie Lumière. Voici le temps de la renaissance, naissons d'En-haut. Ne restons pas comme nous sommes, mais devenons comme nous étions." etc.

27.Posté par Nicodème le 17/02/2019 15:54
@dame Justine : Il ne s'agit pas de choisir entre Adalbert chose et Grégoire le Théologien , je disais simplement qu'Adalbert était le fondateur de la collection Migne "Les Pères dans la Foi" dans laquelle j'ai trouvé ce volume de Grégoire . Je me réjouis en tous cas que vous n'ayiez rien , a priori , contre cet Adalbert . Ce que j'avais craint en ironisant sur le fait qu'il était franciscain , donc kto ... aarghhh! Cela dit , Grégoire semble pris du même délire que Shaül de Tarse en idolâtrant , que dis-je , en divinisant la virginité . L'extrême rigorisme cause autant de destructions à l'âme humaine que la dépravation courante . Il y a 20 siècles comme aujourd'hui .

28.Posté par justine le 18/02/2019 16:37
A Nicodème, post 27: Sans doute avez-vous oublié ou meme n'avez pas compris encore que la virginité est un état aussi bien spirituel que physique. Selon la théologie des Saints Pères, c'est l'état propre à la nature humaine, celui d'avant la chute, celui qui est à l'image de Dieu et que retrouvent les Saints au prix, c'est vrai, d'un combat énergique à tous les niveaux. Votre idée d' "extreme rigorisme destructeur" est probablement un résidu de votre passé roméo-catholique, dont le rapport avec la virginité vacille en effet entre un extreme rigorisme et la dépravation totale comme le montrent les scandales intercontinentaux.
L'Orthodoxie voit les choses différemment. Rapportez-vous à la Sainte Ecriture et aux Saints Pères. Mais de grâce ne blasphémez pas en assimilant l'état tres-saint de la virginité véritable à une idole. Ou reprocheriez-vous au Christ d'avoir conduit des idoles à la céleste Chambre Nuptiale?

29.Posté par Tchetnik le 19/02/2019 12:46
@Nicodème

Le même Paul de Tarse qui demandait que le Lit Nuptial et le mariage soient respectés et sans souillure.

Et qui saluait autant Priscille qu'Aquilas.

Attention à bien accorder aux mots leur vraie signification.

30.Posté par Nicodème le 19/02/2019 17:35
@Justine : oui , la signification figurée de la chasteté ... J'ai entendu ce discours très souvent . Ne pas "prendre" l'autre .

@Tchetnik : certes , mais le pb c'est qu'on trouve une chose et son contraire . Ca me fatigue de chercher les passages , mais vous le savez très bien . Et les clercs sont très forts pour choisir ce qui est dans l'air du temps ...

31.Posté par Didier Veillat le 20/02/2019 05:56
@ Nicodème @ Mme Justine @ Tchetnik (tir groupé sans violence) - posts 28, 29 et 30.

Bonjour à tous!

Les Épîtres de Saint Paul s’adressent par définition à des destinataires différents et doivent être lues, pas uniquement certes, dans cette perspective d’un lieu, d’une époque et de leurs mœurs respectifs.

Par exemple, dans la première Épître aux Corinthiens,
« Pour ce qui concerne les choses dont vous m'avez écrit, je pense qu'il est bon pour l'homme de ne point toucher de femme. Toutefois, pour éviter l'impudicité, que chacun ait sa femme, et que chaque femme ait son mari. Que le mari rende à sa femme ce qu'il lui doit, et que la femme agisse de même envers son mari. La femme n'a pas autorité sur son propre corps, mais c'est le mari; et pareillement, le mari n'a pas autorité sur son propre corps, mais c'est la femme. Ne vous privez point l'un de l'autre, si ce n'est d'un commun accord pour un temps, afin de vaquer à la prière; puis retournez ensemble, de peur que Satan ne vous tente par votre incontinence. » (7 ; 1-5)
A noter que dans la même Épître aux Corinthiens (7 ; 25) l’Apôtres, dans sa sagesse différencie sa parole de celle du Christ qui parle en lui: « Pour ce qui est de vierges, je n’ai pas de commandement du Seigneur, mais je donne un conseil… ». Il s’agit d’un conseil personnel de Paul à une communauté bien précise.
Un peu plus loin : « Si quelqu'un regarde comme déshonorant pour sa fille de dépasser l'âge nubile, et comme nécessaire de la marier, qu'il fasse ce qu'il veut, il ne pèche point; qu'on se marie. Mais celui qui a pris une ferme résolution, sans contrainte et avec l'exercice de sa propre volonté, et qui a décidé en son cœur de garder sa fille vierge, celui-là fait bien.
Ainsi, celui qui marie sa fille fait bien, et celui qui ne la marie pas fait mieux. » (7 ; 36-37)

Je pense que demander l’avis de la demoiselle…

A propos du mariage, St Paul dira dans l’Épître aux Éphésiens (5,22-33 - on change de registre, il faut croire que les Éphésiens n’avaient pas les même mœurs que les Corinthiens…): "Que les femmes soient soumises à leur mari, comme au Seigneur Jésus; car, pour la femme, le mari est la tête, tout comme, pour l'Eglise, le Christ est à la tête, lui qui est le Sauveur de son corps. Eh bien! Si l'Eglise se soumet au Christ, qu'il en soit toujours de même pour les femmes à l'égard de leur mari. Vous, les hommes, aimez votre femme, à l'exemple du Christ: il a aimé l'Eglise, il s'est livré pour elle; il voulait la rendre sainte en la purifiant par l'eau du baptême et la parole de vie; il voulait se la présenter à lui-même, cette Eglise, resplendissante, sans tache ni ride, ni aucun défaut; il la voulait sainte et immaculée. C'est comme cela que le mari doit aimer sa femme: comme son propre corps. Celui qui aime sa femme s'aime lui-même. Jamais personne n'a méprisé son propre corps: au contraire, on le nourrit, on en prend soin. C'est ce que fait le Christ pour l'Eglise, parce que nous sommes les membres de son corps A cause de cela, l'homme quittera son père et sa mère, il s'unira à sa femme et tous deux ne feront plus qu'un. Ce mystère est grand; je le dis en pensant au Christ et à l'Eglise! Bref, en ce qui vous concerne, que chacun aime sa femme comme lui-même, et que la femme respecte son mari. »

A noter que Saint Jean Chrysostome condamne les marcionites et les manichéens à propos d’une opposition radicale entre mariage et virginité. « Dénigrer le mariage en effet, c'est amoindrir du même coup la gloire de la virginité; en faire l'éloge, c'est rehausser l'admiration qui est due à la virginité et en accroître l'éclat. Car enfin, ce qui ne paraît un bien que par comparaison avec un mal ne peut être vraiment un bien, mais ce qui est mieux encore que des biens incontestés est le bien par excellence; voilà sous quel jour nous montrons la virginité. Aussi, de même que dénigrer le mariage, c'est porter atteinte aux éloges dus à la virginité, de même, le débarrasser de la calomnie, c'est, plus que son éloge, faire aussi celui de la virginité. Quand il s'agit par exemple des corps humains, auxquels attribuons-nous la beauté â ceux qui sont supérieurs non pas à des corps mutilés, mais à des corps bien faits et sans défauts. »

A noter qu’au cours du mariage dans l’Orthodoxie, le couronnement et les paroles du prêtre « de gloire et d’honneur couronne-les ! » montrent bien la grandeur du sacrement marital dans l’Eglise sans pour autant et à aucun moment y opposer la virginité.

Quoiqu’il en soit, il me semble que le débat sur la virginité est un peu biaisé par le contexte et l’idée qu’on se fait de la virginité. Certains Pères en font une condition identique à la condition angélique, faisant par là un mieux de cette condition. Il n’est pas démontré ; loin s’en faut, que la condition angélique soit supérieure à la condition humaine… mais c’est un autre sujet. Non plus que la chute ne soit qu’un problème…

D’autres pensent que la virginité ramène son possesseur à un état spirituel et charnel semblable à celui qui prévalait avant la chute, semblant oublier que la virginité s’inscrit quand même dans ce monde de la chute et qu’elle ne débarrasse personne du péché originel (sauf dans le cas spécieux de l’Immaculée conception romaine qui est un contrordre de la création déchue et partant un non-sens). Qu’elle ne saurait se constituer en « solution volontariste» se substituant au rachat par la Croix. C’est là que je suis plus que prudent ! Je pense plutôt que la virginité est une manière d’échapper à l’ipséité spirituelle de la jouissance, laquelle est proche de la mort et de la condition infernale de l’isolement ; on sait que toute jouissance tourne l’être vers l’amour se son moi, qu’elle est égotique et partant douloureuse spirituellement. C’est dans le sens du combat contre l’ipséité que la virginité est « un plus », si je puis dire. La virginité de Marie est bien le produit de son propre exploit, de son héroïsme personnel, mais pas de sa volonté sans grâce ; L’Archange est au dessus de son âme et de sa chair livrées au péché originel. Que dire alors de Son acceptation, de Son dévouement et de Son renoncement personnel ! Mais certaines virginités sont sublimées et infernales. La vraie virginité est donc sous-tendue par la grâce, comme le jeûne. Un jeûne hors de la grâce est une déviance tout comme la virginité devient une perversion sublimée (cf. St Jean Chrysostome qui la qualifie de faute pour les hérétiques); un des aspects de l’anorexie moderne. Penser que seule la volonté intervient, c’et du Schopenhauer… ou un de ses cousins.

Bonne journée

Didier Veillat

32.Posté par Tchetnik le 20/02/2019 10:11
Saint Méthode de Patare, dans son "Banquet des Dix Vierges" faisait dire à l'une d'elles que si le miel était le plus doux des aliments, les autres n'en n'étaient pas amers pour autant.

33.Posté par Nicodème le 20/02/2019 11:19
@Didier V. et mes autres petits camarades : quel boulot !! Quand j'avais vraiment la foi "orthodoxe" , je m'efforçais de prendre tous les textes des Ecritures au sérieux et je croyais qu'ils étaient vraiment inspirés par Dieu . Maintenant , j'en prends et j'en laisse . En cela , je suis un véritable "hérétique" . Hérésaô =je choisis . Exemple : "Aime ton prochain comme toi même" . Très bien . Si tout le monde le faisait , la face du monde en serait changée . Mais si le prochain en question profite de ta générosité envers lui pour venir violer ta femme et ta fille , et t'égorger en prime , parce que son (faux) dieu le lui aurait commandé , que vas tu faire ? On voit bien là que le précepte a ses limites . Autre exemple : "Tu ne mentiras pas!" . Très bien , mais si mon ami a un cancer , et que les médecins lui ont caché le diagnostic pour qu'il conserve l'espoir de guérir , et , partant , que cela augmente ses chances de guérir (on connaît l'influence énorme de la psychè sur le physique) , devrai-je , au nom de la sincérité , lui dire qu'il est foutu et n'en a plus que pour trois mois ? En orthopraxie , je crois qu'ils appellent ça l'"économie" . Sage notion . Cela pour dire qu'il faut conserver son libre jugement devant les textes , quels qu'ils soient , et que rien n'est absolu . L'absolutisme tue . Moralement et physiquement . Il y a des techniques pour nous faire abdiquer notre jugement . D'abord , le formatage des cervelles le plus jeune possible (les muz font cela très bien) . Ensuite l'utilisation des émotions et de l'esthétique . Quand je fréquentais l'orthodoxie , je finissais par "croire" , rien que par la beauté de la polyphonie , et lorsque nous chantions les tropaires , je finissais par croire en ce que je chantais (on chantait en français ) . Maintenant que je ne suis plus soumis à cet artifice , je me retrouve avec mon libre arbitre . Ainsi , lorsque St Paul fustige l'homosexualité (Epître aux romains) , je suis d'accord . Mais quand il dit que les femmes doivent se couvrir la tête en assemblée (comme le dira ensuite l'islam) , je ne suis pas d'accord , même si une belle coiffure peut détourner l'attention du mâle standard ... Et ds les textes cités par notre ami Didier , je suis évidemment scandalisé par le principe du père qui décide de marier sa fille ou de ne pas la marier . D'accord , c'était ds une civilisation du patriarcat absolu . Eh bien justement , comme il dit , il faudrait peut-être demander son avis à la donzelle ... Nous sentons bien que cette façon de disposer de la personne de ses enfants est totalement immorale . Quoi ! St Paul , immoral ? ben oui . Parfois . La mentalité sémite heurte notre vieux fond celte , où la femme comptait , et comptait même beaucoup . Pour en revenir au célibat consacré (la "virginité" ), la "consécration" a perpète est une monstruosité orgueilleuse , car cela est au delà des forces humaines . On ferait mieux de s'inspirer de la pratique bouddhiste où , que je sache , l'état monastique n'est embrassé que pour un temps . Comme le naziréat ds le monde hébraïque ancien , d'ailleurs .

34.Posté par Marie Genko le 20/02/2019 11:46
Merci à tous les intervenants de ce fil de discussion tout à fait passionnant.
J'admire toujours la grande érudition de la majorité des messages publiés ici.

Revenons à l’œcuménisme qui est le sujet de ce fil.
Est-ce une bonne chose de dialoguer avec les hétérodoxes ?
Pour ma part je répondrais à la fois OUI et NON.

- OUI, puisque nous devons aimer nos semblables hétérodoxes, qui sont souvent des chrétiens bien plus engagés dans la Charité que nous ne le sommes nous-mêmes! Nous devons non seulement les aimer mais aussi témoigner auprès d'eux l'inépuisable Vérité de notre Foi Orthodoxe.

-NON, nous ne devons pas, au nom de œcuménisme, nous laisser influencer par des usages qui sont contraires à nos traditions.
La Tradition, elle est le fruit de la lente maturation de l'Eglise, qui conduit avec certitude les fidèles sur le chemin du Salut.

Je voudrais ajouter que nous pouvons constater les dégâts produits par une volonté d'adaptation œcuménique dans l'Eglise catholique romaine.
Vatican II a voulu simplifier et moderniser ses messes et ses lieux de prière (et cela probablement pour pour que les Protestants se sentent en milieu familier dans les églises catholiques ?)
Le résultat, nous le connaissons, les églises françaises se sont vidées de leurs fidèles et beaucoup de Catholiques pratiquent une Foi, qui ressemble plus à un libre arbitre protestant qu'à l'obéissance aux enseignements de leur Eglise.

Pour essayer de comprendre la cause des dégâts provoqués chez les Orthodoxes par les actes autoritaires du patriarcat de Constantinople, je me pose aussi la question de savoir si ces dégâts ne proviendraient pas d'une volonté d’œcuménisme ?
C'est à dire une volonté de Constantinople d'imiter l'autorité de l'évêque de Rome, afin d'habituer les Orthodoxes à se soumettre à l'autorité du Pape?

Et pourtant notre Foi a toujours été la "Sobornost" et sans une démarche fondée sur l'unanimité dans la Foi et la Prière nous sortons de l'Orthodoxie.

Pour conclure je dirai que nous devons nous garder des démarches modernistes inspirées par l’œcuménisme, car elles sont autant de vers introduits la pureté du fruit orthodoxe.
Je ne veux absolument pas par là, dire que l'Orthodoxie locale en Occident ne doive pas s'incarner dans la culture du peuple présent sur ce sol.
Cette incarnation se fera le jour où l'Eglise Catholique retrouvera son Orthodoxie première.
Mais en attendant ce n'est pas aux Orthodoxes de France de renoncer à la Tradition qui les a nourri en Orthodoxie.
Pour moi c'est l'Eglise de Russie, qui m'a donné le bonheur d'être orthodoxe, et je lui serai fidèle jusqu'à mon dernier souffle.

35.Posté par Tchetnik le 20/02/2019 14:42
@Nicodème

Quand on prend les textes au sérieux AVEC intelligence et discernement que nous offrent la lecture des Pères, il n'y a en fait aucun problème. Ni sur e concept de légitime défense - aussi une forme de charité - ni sur le consentement qui était déjà présent chez Rebecca et que les Conciles prévoient du reste.

Genèse 24, 57 Ils dirent: "Appelons la jeune fille et demandons-lui son avis."
Genèse 24, 58 Ils appelèrent Rébecca et lui dirent: "Veux-tu partir avec cet homme?" Et elle répondit: "Je veux
bien."


IVème Concile Œcuménique de Chalcédoine : 27. Qu'il ne faut pas forcer une femme à se marier. Les ravisseurs de femmes, même sous prétexte de mariage, et ceux qui coopèrent avec eux ou les aident, le saint concile a décidé que, s'ils sont clercs, ils perdront leur dignité, s'ils sont moines ou laïcs, ils seront anathématisés.
Et le Canon 92 du Concile In Trullo de 692 : 92.- Du rapt des femmes sous prétexte de mariage. Ceux qui ont commis un rapt de femme sous le prétexte de mariage, ou bien y coopèrent ou y aident, le saint concile ordonne que s'ils sont clercs, ils soient déchus de leur dignité, s'ils sont laïcs, qu'ils soient anathématises.
Le Concile de l’église Franque de Paris le 10 octobre 614 voit le roi Clotaire II (584-613-629) condamner le rapt des femmes de la peine capitale dans son édit du 18 Octobre 614.


36.Posté par Didier Veillat le 20/02/2019 14:44
Dans l'ordre des posts:
@ Tchenik: On peut lire aussi le commentaire de Saint Séraphim de Sarov à propos de la Parabole des vierges sages et des vierges folles. Je cite:
"Dans la parabole des Vierges Sages et des Vierges Folles (Mt. 25,1-13) quand ces dernières manquèrent d'huile, il leur fut dit : « Allez en acheter au marché. » Mais en revenant, elles trouvèrent la porte de la chambre nuptiale close et ne purent entrer. Certains estiment que le manque d'huile chez les Vierges Folles symbolise l'insuffisance d'actions vertueuses faites dans le courant de leur vie. Une telle interprétation n'est pas entièrement juste. Quel manque d'actions vertueuses pouvait-il y avoir puisqu'elles étaient appelées vierges, quoique folles ? La virginité est une haute vertu, un état quasi-angélique, pouvant remplacer toutes les autres vertus. Moi, misérable, je pense qu'il leur manquait justement le Saint-Esprit de Dieu. Tout en pratiquant des vertus, ces vierges, spirituellement ignorantes, croyaient que la vie chrétienne consistait en ces pratiques. Nous avons agi d'une façon vertueuse, nous avons fait œuvre pie, pensaient-elles, sans se soucier si, oui ou non, elles avaient reçu la grâce du Saint-Esprit. De ce genre de vie, basé uniquement sur la pratique des vertus morales, sans un examen minutieux pour savoir si elles nous apportent — et en quelle quantité — la grâce de l'Esprit de Dieu, il a été dit dans les livres patristiques : « Certaines voies qui paraissent bonnes au début conduisent à l'abîme infernal » (Pr. 14,12)."

@Nicodème: il n'y a pas d'oeuvre bonne hors de la Grâce. Encore faut-il s'entendre sur le terme "bon". Quand on parle du bien ou du mal, on parle de liberté de choix entre des catégories. Ces catégories appartiennent à l'arbre de la connaissance dont le fruit amer de la connaissance a fait de l'être humain béat originel (et un peu idiot, il faut le dire...), un être libre; ce pourquoi il est écrit "Voici, il est comme l'un d'entre Nous". Ce qui signifie qu'il est libre. N. Berdiaev dit de la liberté qu'elle repose sur la contrainte de la connaissance du bien et du mal d'une part et qu'elle est, d'autre part et nécessairement ancrée dans le néant: son aspect créateur... Si on développe un peu, on comprend que Dieu prend le risque de la liberté de l’être humain en laissant à ce dernier l'arbre à disposition... L'homme choisit donc... " Hérésaô =je choisis" avez-vous écrit. Pourquoi pas dans ce sens là? Ce n'est pas un péché contre l'Esprit!
Concernant le bien et le mal, ce sont des catégories; ce pourquoi on ne se délivre d'aucun d'entre les deux, non plus qu'on en est prisonnier. D'ailleurs, la fin du Notre Père:"...Délivre nous du Malin".
Pour ma part, et pour compléter la question de la sincérité en lieu et place de la vérité terrestre, cette abominable franchise, je préfère une disposition intérieure qui s'appelle la bonté. Elle n'est pas un précepte: elle est bien plus belle, bien plus gracieuse et bien plus efficace que tout bien. A quoi servirait donc l'obéissance à des préceptes sans bonté. Quand à la Parole: "Aime ton prochain comme toi-même". elle ressortit justement de la bonté et non du précepte, sans quoi ce serait du mensonge raconté à soi même. Concrètement, je ne sache pas que cet amour soit complètement réalisable ici et maintenant, mais plutôt qu'il est réalisé comme prophétie eschatologique et comme réalité en Christ. Cependant, il est bon d'y tendre par la bonté.
Quoiqu'il en soit,, il n'y a pas de préceptes dans le christianisme... Même quand le Seigneur dit "Va et ne pêche plus", il ne s'agit pas d'un précepte... Il s'agit d'un ordonnancement intérieur de l'être. On retrouve cet ordre après certains miracles réalisés par notre Sauveur.
L'absence de préceptes me fait donc toujours lire l'Apôtre Paul avec prudence; sans pour autant lui ôter ses qualités spirituelles et organisationnelles en son temps. D'ailleurs, les Épîtres ne sont pas des objets de culte que je sache.

@Marie Genko
Il est vrai que nous nous sommes grandement éloigné du sujet initial par excès de bavardage dont je suis un des responsables.
Aller vers l’œcuménisme: oui, sans problème quand on en a une définition claire. C'est tout le problème... On se traite volontiers d'hérétiques, de suppôts de Satan, ou que sais-je? à ce propos. Pourquoi? Parce que nous sommes plus sincères que bons. ET que nous croyons plus en notre sincérité qu'en notre bonté possible. Quand quelqu'un me traite d'hérétique par exemple, je suis d'abord sincèrement blessé, ou touché. Mais par bonté, je lui réponds quand même; imparfaitement, avec un brin de rancœur ou de colère... Parfois plus qu'un brin...
Au fond, nous sommes semblables à Alice dans le compte de Lewis Carroll; nous sommes sincères parce que notre image intérieure, qui se reflète dans le miroir idoine, est blessée dans son moi, dans son orgueil. Pour entrer dans la bonté, il faut idéalement briser le miroir intérieur, menteur. Là, nous trouvons la vérité de notre cœur; gris et sale, empli de choses imaginaires (et ce ne sont pas que des lapins ou des cartes à jouer).
C'est pourquoi, à propos de l’œcuménisme, je considère qu'il faut y tendre par bonté et par reconnaissance de ses faiblesses propres (ce qui est plus difficile que de toujours dénoncer l'autre; c'est pas moi, c'est le serpent!). La sacralisation de l'Orthodoxie, par exemple, s'oppose à cette bonté. Etre orthodoxe n'est pas selon moi une tradition sacrée. D'ailleurs, il n'y a pas de sacré dans le Christianisme; à la place, il y a de la sainteté. Et la sainteté n'est pas traditionnelle, sans quoi la Grâce serait traditionnelle, et aussi la Trinité.

Pour approcher nos frères hétérodoxes, il faut donc sortir du sacré et entrer dans la bonté qui, elle, est vraiment une grâce. Le reste, c'est un peu du pipeau d'arrière garde, une forme d'Orthodoxie mal assumée dans ses fondements, une lecture des Pères mal appropriée parce-qu'inféodée à ses propres passions, le reflet menteur du miroir intérieur. Même la lecture des Saints peut nous tromper; beaucoup de saints ont commis des choses inavouables et pourtant... On ne devient saint qu'auprès de Dieu. On ne se révèle souvent comme saint qu'après sa mort. Il y a même des cas de saints post-mortem, c'est à dire ayant "corrigé le tir" dans l'au-delà et se révélant comme tels ici-bas des années après leur mort par des miracles.
Quant à Rome, c'est Rome. Il n'y a rien à y ajouter. Rien ne nous interdit de lui parler, de l'aimer et de lui parler encore et encore... ne pas le faire relève d'une forme de "mauvaise foi", si je puis dire.
Cela ne suppose en aucune manière le renoncement à l'Orthodoxie originelle (on ne devrait jamais séparer ces deux mots). Si la bonté est contraire à l'Orthodoxie, concrètement je quitte l'Orthodoxie.

Enfin, concernant l'Eglise locale, les choses sont d'une simplicité tout enfantine: l'Eglise est toujours locale! Sans quoi elle est exotique. Donc, et sur ce point précis, je défends depuis des dizaines d'années la localité de l'Eglise. Je suis d'ailleurs à ce propos très inquiet du résultat de l'Assemblée générale de l'Archevêché de Daru prévue 23 février prochain.
Rien ne justifie en terre européenne le montage de cathédrales russes financées par l'état russe, non plus que la spoliation de l'Archevêché de Daru par Constantinople. Que l'Archevêché soit perclus de défauts, je le reconnais volontiers et j'en sais quelque chose, qu'il faille y redresser bien des choses, j'en conviens, mais détruire la seule entité locale (et donc canonique) au profit d'un accroissement polyphylétique est pour le coup une hérésie au sens péjoratif. Et je ne suis vraiment ni anti-russe, ni anti-byzantin... Ces évidences qu'il faut répéter sans cesse pendant des dizaines d'années!. Si l'Archevêché de Daru disparaît, qui peut dire quelle sera la juridiction locale canoniquement valable? Personne!

Je vous souhaite une bonne fin de journée, sous un soleil faussement bon parce qu'ignorant l'ordre des choses dont la nature a besoin en cette saison. Profitez-en quand même!

Didier Veillat

37.Posté par justine le 20/02/2019 17:04
Au post 31: Vous citez: «Si quelqu'un regarde comme déshonorant pour sa fille de dépasser l'âge nubile, et comme nécessaire de la marier, qu'il fasse ce qu'il veut, il ne pèche point; qu'on se marie. Mais celui qui a pris une ferme résolution, sans contrainte et avec l'exercice de sa propre volonté, et qui a décidé en son cœur de garder sa fille vierge, celui-là fait bien."

Il y a ici une fausse traduction déformante du texte grec dont il ressort très clairement qu'il est ici question non pas d'un père et de sa fille, mais d'un homme et sa fiancée. La phrase (donc 1 Cor 7,36-37) correctement doit se lire : "Si quelqu'un pense agir indécemment envers sa vierge, s'il a une passion forte (εάν ᾖ ὑπὲρακμος, donc un masculin, ne se rapporte pas un être féminin) et que cela doit se faire, qu'il fasse ce qu'il veut. Il ne pèche pas. Qu'ils se marient. Mais celui qui est ferme dans son coeur et n'a pas un besoin, ayant la maîtrise de sa propre volonté, qui a décidé en son coeur de sauvegarder sa vierge, celui-là fait bien."

Quoiqu'il ne faudrait pas prolonger ici ce débat sur la virginité, vu que le sujet du fil est l'écuménisme, je voudrais tout de même répondre à Didier Veillat quand il fait la leçon aux Saints Pères, dont certains selon lui ne savent pas parler comme il faut de l'état angélique, tandis que d'autres selon lui oublient que la virginité ne libère pas du péché originel, voire aurait une tendance "volontariste" de la substituer au rachat par la Croix. Dans quel manuel postpatristique avez-vous puisé votre inspiration? Vous dites "certains Pères" et "d'autres". Veuillez donc svpl spécifier lesquels, avec textes a l'appui.

38.Posté par justine le 20/02/2019 17:09
A Nicodème, post 33: Vous nous dites souvent, que vous étiez "autrefois orthodoxe". Permettez-moi de vous poser une question - qui est en relation directe avec le sujet propre de ce fil - avez reçu le baptême orthodoxe et où?

39.Posté par justine le 20/02/2019 18:02
A Marie, post 34: Je m'associe à votre oui et non, avec cette addition toutefois au "oui": Ce concept séculier du "dialogue" est bien pauvre, ou peut-etre il est tout simplement politique, ou encore psychotechnique. En tout cas il ne couvre pas ce que devrait etre notre rapport avec les hétérodoxes. Est-ce par la parlotte qu'on convertit les gens? Par des conversations de salon? Certains seront peut-etre attires à l'Orthodoxie par de telles choses. Mais rien ne vaut l'exemple, le mode de vie. C'est par notre mode de vie orthodoxe que les hétérodoxes reviendront à l'Orthodoxie, du moins ceux qui cherchent cela.

Et le mode de vie orthodoxe exclut ce sécularisme humaniste, cette banalisation et désacralisation, ce minimalisme dogmatique, ce constant comproms avec le siècle present qu'est l'écuménisme. Les chrétiens occidentaux qui cherchent la véritable Eglise du Christ - et il y en a - ne veulent pas retrouver chez les Orthodoxes le meme marasme qu'ils ont chez eux. Le vrai christianisme a toujours été à l'opposé du monde. Les écuménistes disent: il faut se mettre au rhythme du monde, et par la ils montrent qu'ils ne connaissent pas le christianisme. Non, il ne faut surtout pas se mettre au rhythme du monde, mais au rhythme du Christ! Meme vivant dans le monde, nous ne devons pas etre de ce monde. Ce serait d'ailleurs un sujet intéressant sur cette plateforme: comment etre dans le monde, sans etre de ce monde.

Un pretre russe auquel on demanda pourquoi il circulait toujours en soutane alors qu'il vivait en Occident et que d'autres s'habillaient en séculier en public et à la maison, répondit: "Je suis au service de Dieu, et cela non seulement pendant certaines heures, mais toujours et de partout." Ainsi doit etre le chretien orthodoxe. Pas seulement le dimanche à l'église, mais toujours et de partout. Cela vaut mieux que le "dialogue".

40.Posté par Nicodème le 20/02/2019 18:17
@Tchetnik : merci de ces pécisions très édifiantes . Et réconfortantes .Elle me confirment malheureusement que , ds cette matière , on trouve tout et son contraire .
@Justine : tout d'abord , j'apprécie beaucoup la récente pacification de nos échanges , et cela me touche .Ensuite , je ne suis pas très convaincu par votre explication de texte , mais bon , mon grec est très ancien , et est , à 99% , oublié .
Pour répondre à votre question (message 38) , j'ai été ondoyé à 3 jours ds le cadre de l'Eglise romaine . Je dis "ondoyé" , car , pour moi , ce n'est pas un véritable baptême . Ds l'Eglise orthodoxe (Archevêché) , j'ai désiré longtemps être chrismé (puisque le "baptême" kto était reconnu) , mais croyant que cela devait venir des clercs , j'ai attendu . Vainement , sans le demander . Et puis plusieurs conflits sont venus tout détruire . Ce qui fait que je me retrouve , à 72 ans , en dehors du coup . Quand je dis "j'étais orthodoxe" , ce n'était pas certes au sens canonique , mais en ce sens que j'adhérais à toute l'expression de cette foi , à commencer par le credo , et toute la théologie "trinitaire" . J'avais l'impression de (re) découvrir la Trinité et , comme disait Olivier Clément , la divino-humanité du Christ . On a vraiment l'impression qu'on est dans une autre "religion" , surtout par rapport à ce qu'est devenue l'expression de la foi ds l'Eglise de Rome après Vatican II , qui avait de bonnes intuitions , mais a été détourné par toute une maffia de néo-ariens . En résumé , je ne suis ni chrismé ni vacciné , et je remercie particulièrement Vladimir G ou le modo , si ce n'est pas lui , de me laisser m'exprimer sur ce blog . J'y ai appris beaucoup de choses . Mais si on estime que je dois être viré , que cela soit . J'en serai un peu triste , mais comme je suis "quelque part" , déjà mort , cela ne pourra pas changer grand'chose .

41.Posté par justine le 20/02/2019 20:21
Encore à Marie, post 34: En ce qui concerne votre question au sujet du patriarche Bartholomé, il y a plusieurs articles publiés récemment qui vous éclaireront à ce sujet:
- The decline of the patriarchate of Constantinople, par St Jean de Shanghai et San Francisco (écrit en 1938) http://orthochristian.com/115619.html
- Patriarch Bartholomew is a threat for the Orthodox East, by Demetrios Anagnostou, http://orthochristian.com/119398.html
- L'hérésie du papisme constantinopolitain, par le père Georges Maximov, https://orthodoxologie.blogspot.com/2019/01/lheresie-du-papisme-constantinopolitain.html

42.Posté par Théophile le 20/02/2019 23:12
La question de l'oecuménisme est souvent mal posée à mes yeux.
Comme Marie, je suis d'avis qu'il faut aller vers l'autre sincèrement, et que cela fait partie de notre foi chrétienne. Sans quoi nous serions semblables au débiteur impitoyable ou au pharisien de la parabole qui perdent la miséricorde.
Cela dit, je ne crois pas qu'il faille le faire à travers des comités d'experts et de théologiens qui négocieraient des accords pour toute l'Eglise et au-dessus de l'Eglise. Car cela ne serait jamais accepté par les fidèles, et avec raison. Cela reviendrait à faire une culture hors-sol, sans racines.
Simplement dans la vie quotidienne, chacun peut témoigner et vivre sa foi et partager avec les autres, qu'ils soient d'autres confessions ou même en dehors de la foi chrétienne.
Beaucoup de simples fidèles catholiques ou même protestants, voire musulmans, ont une vie de piété et de charité (et dans un contexte nettement moins favorable). Souvent, ils font plus volontiers un pas dans notre direction. Le Christ n'a jamais dédaigné personne.
@ Justine
Je ne crois pas une seconde que saint Paul ou saint Jean Chrysostome se soient promenés en soutane dans les rues. Ni le Christ, ni les apôtres d'ailleurs.

43.Posté par Marie Genko le 20/02/2019 23:26
Cher Nicodème,

Nous entrons bientôt dans le Grand Carême, donc je suis rassurée de savoir que vous allez à nouveau redécouvrir la prière de Saint Ephrem.
Récitez de tout cœur cette prière, afin que l'esprit de Tristesse soit chassé bien loin de vous!
La Foi en Christ, c'est la source de la Vie.
Cette vie que Dieu nous a donnée et pour laquelle nous Le louons jour après jour.
Soyez joyeux, je vous en prie, Le Christ est mort pour chacun d'entre nous.
Il est mort pour que nos péchés nous soient pardonnés et pour que cette certitude nous emplisse de joie et de reconnaissance.
Vous croyez être mort.?
Mais peut-être êtes vous au contraire sur le point de renaître ?
Avec toute mon amitié Marie

44.Posté par Marie Genko le 20/02/2019 23:29
Chère Justine,

Merci beaucoup pour les liens, je vais en prendre connaissance.
Et surtout MERCI pour tout ce que vous prenez le temps de partager avec nous.

45.Posté par Marie Genko le 21/02/2019 00:32
Didier Veillat message 36

Je pense que j'ai du particulièrement mal m'exprimer dans mon message 34 car j'ai l'impression que nous venez de me répondre sur un sujet que je n'ai pas abordé?

Pour témoigner l'Orthodoxie parmi les hétérodoxes, il me semble que nous devons surtout être nous-mêmes profondément orthodoxes.
Ne vous trompez pas, ni vous ni moi ne convertirons jamais personne.

C'est l'Esprit Saint qui éclaire les âmes et qui les convertit.

Par nos dissensions, nos querelles et par notre orgueil nous risquons au contraire de scandaliser ceux qui souhaiteraient se rapprocher de la Vérité orthodoxe.

Au sujet de l’œcuménisme, peut-être est-ce justement la Bonté, à laquelle vous faites référence, qui pose problème.
Car c'est en voulant (par Bonté ?) imiter les Protestants que les Catholiques ont fait fuir les fidèles de leurs églises !
Nous efforcer de nous aimer les uns les autres est le Commandement que le Christ nous a laissé.
Et je suis tout à fait d'accord avec vous. La Bonté, qui devrait être la nôtre, est certainement le fondement de l'enseignement du chrétien.

Enfin vous écrivez :

"Rien ne justifie en terre européenne le montage de cathédrales russes financées par l'état russe, non plus que la spoliation de l'Archevêché de Daru par Constantinople. "

Si le Tsar Alexandre II n'avait pas donné 150 000 Francs OR pour construire la cathédrale Alexandre Nevsky à la rue Daru, celle-ce n'existerait pas !

Le patriarche Alexis II de bienheureuse mémoire a obtenu de Nicolas Sarkozy la permission pour l'Etat russe d'acquérir le terrain situé sur le quai Branly pour y construire une cathédrale.
Cette cathédrale, qui dépend du patriarcat de Moscou, est destinée aux Orthodoxes fidèles à ce patriarcat.
Si l'archevêché avait répondu positivement en 2003 à l'appel du patriarche Alexis II, la nécessité de construire une cathédrale pour les fidèles de ce patriarcat n'aurait pas eu lieu d'être.
Je vous rappelle que les nombreux orthodoxes russes de Paris priaient depuis le milieu du siècle dernier dans une minuscule église aménagée dans un garage.
Et trois fois hélas, certaines personnes de l'archevêché ont tout fait pour empêcher un dialogue irénique à se mettre en place entre l'archevêché et le patriarcat de Moscou!
Ce dernier étant même allé jusqu'à proposer un renouvellement de bail pour la cathédrale de Nice.
Proposition aussitôt refusée avec l'espoir de débouter définitivement le légitime propriétaire devant un tribunal !
Et combien d'articles ont paru dans les journaux à ce sujet!
articles, qui ont contribué à défigurer l'image de l'Orthodoxie.

Enfin l'Eglise Locale d'Occident, je le répète depuis plus de dix ans, ce sera l'Eglise catholique le jour où elle aura retrouvé son Orthodoxie.
Nous sommes dans une situation d'attente, et de prière aussi, pour que ce miracle se produise.
Mais en attendant l'Archevêché a été un diocèse de l'Eglise russe avant la révolution de 1917 et sa vocation est de revenir vers son Eglise mère l'église de Russie.

Très amicalement à vous Marie

46.Posté par Didier Veillat le 21/02/2019 08:02
@Mme Justine – post 37 :
1° J’admets tout à fait que la traduction n’est pas conforme, n’étant pas helléniste même si je m'intéresse au grec classique. Et j’admets volontiers la vôtre. Merci beaucoup.
Vous comprendrez qu’ici (et ailleurs), je réfléchis selon l’esprit et non selon la lettre. Je l’ai déjà écrit, je suis biologiste de formation, ce qui ne m’interdit pas de réfléchir et de donner mon avis. Je sais que c’est mal de donner son avis...
A propos du texte dont il est question, si c’est le fiancé qui décide ou non de la virginité de ‘sa’ belle, c’est effectivement mieux que si c’était le père… après tout, c’est ‘sa’ vierge’ et il en fait ce qu’il veut… par maîtrise de sa propre volonté, qui plus est. C’est très bien ! Et là, je dis Bravo ! La jeune fille n’a pas d’avis non plus que de volonté. . A l’époque les mariages étaient de toute façon arrangés et décidés au niveau supérieur parental. A la puberté, un voile!
2° Je ne donne pas de leçon aux Pères, je dis là encore, ce que j’ai lu et ce que j’en pense. Vous exigez des références, je ne les donnerai pas parce que je ne réponds jamais à votre genre d’invitation autoritaire. Par contre, et je l’ai écrit dans un autre débat sur ce site, j’ai lu certains pères et aussi des manuels post-patristiques. Concernant ces derniers, sans honte aucune, parfois avec contentement. Après quoi, concernant la tendance volontariste dans certaine Eglise, je n’ai justement cité aucun Père, puisqu’à ma connaissance, cette tendance n’y est pas critiquée. J’écris juste que la volonté comme principe, c’est du Shopenhauer ! Et j’y vois effectivement en poussant un peu ma réflexion (donc, je précise : la mienne, celle qui ennuie tant de gens), une substitution à la Grâce et à la volonté du Père céleste. J’ajouterai une fois de plus que tout écrit correspond à un temps, une langue, un lieu et un contexte. Que lire les Pères de façon absolutiste est contradictoire avec l’Histoire mouvante et relative du monde auquel ces écrits s’adressent à mon humble avis. Je n’ai ici pas de références non plus : je pense juste et je vous en demande bien pardon. Et comme j’ai posé à côté de moi les œuvres spirituelles de St Isaac le Syrien (préfacées par Olivier Clément), je le cite : « Choisir la volonté bonne est le propre de celui qui la désire. Mais mener à bien ce choix de la volonté bonne est le fait de Dieu » (59ème discours). Signifiant que la volonté doit être bonne et portée par Dieu. Il y a par ailleurs chez St Isaac le Syrien des éléments fondamentaux sur le discernement. Après quoi, je ne suis pas sûr de la traduction.... Rien à voir avec M. Isaac qui intervient sur ce site et anathémiserait bien la moitié des orthodoxes au prétexte qu’ils n’ont pas les lectures adéquates ! Avant la bombe atomique, on anathémisait volontiers.

Plaçant l’Evangile au dessus de tous les autres écrits, j’en profite pour rappeler que le Christ a dit qu’on ne peut appeler « Père » que « Le Père qui est aux Cieux ». C’est au nom de cette parole la plus éminente qui soit à ce propos que je me permets en effet de ne pas être toujours en accord avec les écrits post-évangéliques. L’Orthodoxie dont vous êtes la chantre infatigable est celle de la Tradition patristique et est une bonne et belle chose. Elle a ses gardiens et je les en félicite en me mettant volontiers sous leurs pieds pour cette condition. Cependant, et concernant les autres conditions, elle n’est pas nécessairement toute l’Orthodoxie, elle doit être lue dans les limites inhérentes à chacun d’entre nous et rien n’interdit d’en penser ceci ou cela. La lecture de certains écrits de certains Pères est propre à faire dresser les cheveux sur la tête. L’orthodoxe que je suis fait appel à bien des « manuels » post-patristiques. J’ai le bonheur d’avoir lu à peu près l’intégralité des écrits du père Serge Boulgakov. C’est en lisant le Père Paul Florenski que j’ai appris, entre autres choses très belles » la richesse du vocabulaire grec quant au terme aimer. Ou les contradictions rationnelles du dogme…J’ai été traité comme un quasi-apostat pour ces lectures par une certaine orthodoxie. Il m’a été reproché de penser par moi-même… Mais soyez rassurée, ce n’est pas moi qui me suis fait « engueuler ». C’était la belle époque, quand l’Institut des langues orientales de l’Université Lyon 3 était à l’œuvre dans une certaine orthodoxie lyonnaise… Bref ! La patristique ne s’est pas arrêtée avec la patristique. Je crois que l’Orthodoxie est à ce point vivante qu’elle est chaque jour « renouvelée » par la grâce. Je ne crois pas à la volonté qui dégage l’homme de la nécessité de la Grâce ni d’une volonté autrement prégnante et mystérieuse, celle du Père. Tout est Trinitaire.

@ Mme Marie Genko- post 45 :
Je reconnais totalement l’apport des russes dans la construction de l’Archevêché de Daru et n’en remercierai jamais assez les sages et vénérables fondateurs. Si le patriarcat devait retourner à Moscou, ce serait avec les russes, parce que cela perdrait toute signification canonique. Or, la Patriarcat a changé… Il est devenu une entité autonome de fait, actuellement, si je puis dire. Ce pourquoi les gens comme moi, qui ne sont absolument pas anti-russes et très loin de là, restent sur l’idée de la légitimation territoriale. L’erreur de Moscou en 2003 a été de vouloir passer par-dessus un siècle d’Histoire, de vouloir réaliser un saut quantique vers le passé. Ce pourquoi cela ne pouvait rien donner. Aujourd’hui, Constantinople veut à son tour un saut quantique pour l’Exarchat. Et personne ne semble se rendre compte que l’Exarchat possède un certain nombre de paroisses ou vivent en assemblée des fidèles d’origines variées, voire bariolées (ce qui pose parfois des petits problèmes de tradition). Tout cela existe comme tel aujourd’hui et maintenant. Nous ne pouvons revenir en arrière, même avec les garanties de Moscou ou de Constantinople, garanties qui sont en réalité des épées de Damoclès permanentes et qui n'engage que ceux qui les acceptent. Si l’Exarchat avait dû évoluer encore, ç’aurait été sous le contrôle de sa continuité conciliaire, alors qu’il va disparaître pour des raisons politiques.
Je sais que certains orthodoxes pensent que Rome est la destination finale de l’Europe chrétienne. Et pourquoi pas ? Nous somme plutôt d’accord là-dessus. Je participe à l’œcuménisme dans ma région (quelques villages) et je suis choqué de lire de certains intervenants qu’il s’agirait d’hérésie ou d’intervention du Malin. Mais pour le moment, le retour à Rome n’est pas possible. Il y a trop de manquements du côté catholique romain, beaucoup trop ! Et des points théologiques très éloignés des conciles œcuméniques. Rome, oui, mais quand Rome aura retrouvé le fonds théologique, eschatologique et liturgique de ses origines : « son omega ». D’autant moins que le temps passant, Rome s’éloigne de plus en plus de ses fondements. Ce n’est pas du tout d’actualité. En outre, je ne pense pas que la territorialité puisse être une forme d’essentialisme ; elle est juste une question de présence sur un sol. Rien de plus. Etre orthodoxe sur le sol européen c’est avoir une Eglise en Europe. Il ne faut pas y voir une tentative ou une tentation de quelque chose d’autre... en tout cas de ma part.
Quoiqu’il en soit, soyez rassurée, l’Exarchat reviendra à Moscou d’une manière ou d’une autre. Les gens comme moi partiront (ce qui en soulagera certains) et hop ! Constantinople sera déboutée de ses agissements par l’Histoire et on aura juste vécu un mauvais rêve bien de ce monde-ci.
Je vous souhaite une agréable journée.
Didier Veillat

47.Posté par Marie Genko le 21/02/2019 10:50
Chère Justine,

Merci pour les liens que vous avez donnés dans votre message N°41
Je les ai lu tous les trois.
Celui de Demetrios Anagnostou, est particulièrement frappant dans la mesure où c'est une voix de l'Eglise de Grèce qui s'élève contre le papisme de Constantinople.
Celui de Saint Jean de Shanghai est le témoignage d'un Saint, qui a vécu en contemporain des désastres causés par cette nouvelle doctrine papiste de Constantinople.
Et enfin le plus récent, celui du Père Georges Maximov tout en nous rappelant le bien fondé des paroles de Saint Jean de Shanghai, nous expose dans une traduction française la somme des drames produits au sein des communautés orthodoxes de différentes Eglises Locales par la volonté du trône de Constantinople.
Même si ce dernier lien est un peu long, cela vaut la peine d'en prendre connaissance pour mieux comprendre le danger qui menace actuellement le monde orthodoxe.
Encore MERCI !

48.Posté par Vladimir G: mauvaise traduction de 1 Corintiens 7.36 le 21/02/2019 11:52
Merci Justine (37) d'avoir corrigé cette erreur de traduction trop répandue en France. La plupart reprennent peu ou prou la "Bible du Port-Royal" (ou "Bible de Sacy" du nom du traducteur Louis-Isaac Lemaistre de Sacy, 1613-1684*), traduite au XVIII à partir de la Vulgate: "Si quelqu’un croit que ce lui soit un déshonneur que sa fille passe la fleur de son âge sans être mariée , et qu’il juge devoir la marier, qu’il fasse ce qu’il voudra ; il ne péchera point si elle se marie." Il y a toutefois une minorité de traductions, souvent protestantes, qui parlent de "sa vierge", voire de "sa fiancée" (https://www.levangile.com/Comparateur-Bible-46-7-36.htm).

Il est évident, une fois de plus, qu'on ne rencontre pas cette difficulté avec la version slavonne utilisée par la majorité des Orthodoxes: elle parle de "sa vierge" (о дѣ́вѣ сво­е́й)...

Et, je ne l'ai jamais vu mis en avant, on voit que St Paul autorise ainsi les relations pré-conjugales! L'Église est devenue plus intransigeant là-dessus... jusqu'à ces derniers temps!

* https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis-Isaac_Lemaistre_de_Sacy

49.Posté par justine le 21/02/2019 12:34
A Nicodème, post 40: Mais qui parle de virer, Nicodème? Votre cas est celui de bien d'autres qui se sont vu refuser le bapteme orthodoxe par les hiérarchies écuménistes qui auront à répondre devant le Throne du Christ pour ce crime. Mais en fait, deja ici-bas ils sont condamnés par les Saints Canons qui stipulent que tout éveque ou pretre qui reconnait le bapteme des hérétiques et qui omet de baptiser quelqu'un qui a été souillé par le bapteme hérétique doit etre destitué (Canons apostoliques 46 et 47).
Mais tout n'est pas perdu pour vous, Nicodème. Vous pouvez allez au Mont Athos, dans un des monastères traditionnels (St Panteleimon, Dochiariou, Zographou, Konstamonitou, Philotheou p.ex.) et demander et recevoir la-bas le Saint Bapteme orthodoxe, après due préparation par les moines. Et vous verrez la grande difference.

50.Posté par justine le 21/02/2019 12:50
A Théophile: Votre remarque fait peu de sens, surtout appliquée au Christ. Le fait est que l'habit du prêtre dans la tradition orthodoxe est la soutane, signe de son état ecclésiastique, tradition qui dans les pays orthodoxes, en tout cas en Grèce, est rigoureusement observée et ceux qui en "modernes" se promènent en habit séculier sont repris par leurs évêques et en tout cas par les fidèles. Nos anciens contemporains, par exemple Saint Paissios, se sont vivement élevés contre cette mode venue d'Occident, laquelle illustre simplement un esprit séculier et une gêne à s'identifier comme prêtre - signe sûr qu'un tel prêtre s'est trompé de vocation.

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