Une rare icône maronite au Petit Palais a Paris
Cette œuvre restaurée constitue une nouveauté́ pour la connaissance du patrimoine des chrétiens d’Orient et en particulier des Maronites, catholiques orientaux rattachés à Rome au Moyen-Âge. L’icône s’inscrit dans la continuité́ des fresques médiévales de style byzantin qui ornent nombre de chapelles et d’églises au Liban, tout en restant la seule icone connue du début du XVIe siècle, moment où la région passe sous le pouvoir des Turcs ottomans.

La découverte récente de la date de « 1523 » sur cette icône en fait une pièce unique au Liban où cet art semblait interrompu entre le XIIIe et le XVIIe siècle.

Prêtée en 2018 par le Patriarcat maronite au Liban pour l’exposition à Paris sur les « Chrétiens d’Orient », cette grande Dormition de la Vierge, de 1,80 mètre de haut sur environ 1 mètre de large, avait besoin d’être restaurée

En proposant au Patriarcat de mener à bien ce projet, le Petit Palais qui possède une riche collection d’icônes, ne se doutait pas qu’il allait faire une jolie découverte. L’examen de l’œuvre sous rayonnement ultraviolet a en effet permis au père Joseph Moukarzel, directeur de la bibliothèque Kaslik au Liban, aidé par la restauratrice Rosaria Motta, de déchiffrer l’inscription entourant les figures des deux donateurs en bas à droite du tableau et la date de « 1523 ».

Or on ne connaissait jusqu’à présent aucune icône de cette période au Liban où l’on pensait cette tradition interrompue entre le XIIIe et le XVIIe siècle, durant l’occupation des Mamelouks d’Égypte, supplantés à partir de 1516 par les Ottomans. Cette Dormition de la Vierge montre que, sous leur empire, la tradition des peintures maronites reprend au Liban, mais reste fidèle aux canons médiévaux byzantins. Ce n’est qu’à la fin du XVIe siècle que les catholiques maronites, qui créent un collège à Rome en 1583, feront évoluer leur art vers un style occidental.

Interfax

Une rare icône maronite au Petit Palais a Paris
Le Christ accueille l’âme de la Vierge

Restaurée avec le soutien de l’Ambassade du Liban, de l’Œuvre d’Orient et d’un mécène privé, cette œuvre a retrouvé ses couleurs chaudes, sur un support en bois de cèdre. Les apôtres pleins d’affliction y entourent la Vierge dont l’âme monte directement au ciel et est recueillie dans les bras du Christ. Saint Pierre, à gauche, manie l’encensoir tandis que saint Paul, à droite et en sandales, ploie sous la douleur.

Sous la couche virginale, l’ange Gabriel vient de trancher de son épée les mains de Jéphonias, qui voulait profaner la dépouille. Et l’on aperçoit en bas à droite, un moine franciscain et un prêtre, les deux donateurs de cette œuvre qui vu son grand format, « était peut-être destinée à l’autel d’une chapelle funéraire », selon Raphaëlle Ziadé, responsable des collections byzantines au Petit Palais.

Cette Dormition y a été exposée dans la salle des icônes jusqu’au 29 mars 2020. La collection d’icônes du Petit Palais Fondation Sisley-d’Ornano est très riche, d’une grande beauté.

Sabine Gignoux

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 4 Janvier 2021 à 01:32 | 0 commentaire | Permalien


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