Le site Orthodoxie.com publie le 17 avril un « Appel à l’unité et à la dignité de l’Eglise orthodoxe », réaction de vingt-huit "personnalités orthodoxes" en Europe Occidentale à l' « Appel à l’unité et à la dignité roumaine de l’Eglise orthodoxe de Roumanie » (document daté du 11 février 2010).

Cet Appel du Saint-Synode de l'Eglise orthodoxe roumaine a fait l’objet de nombreuses interventions sur notre blog ainsi que sur d’autres sites orthodoxes. Comment ne pas rappeler ici la lettre adressée le 1 avril 2003 par le défunt patriarche de Moscou Alexis II aux fidèles orthodoxes russes en Europe Occidentale Les décision prises récemment par nos frères roumains semblent en adéquation avec cette lettre.

Il est également à noter que les membres du clergé ayant signé « L’appel des vingt-huit » s’abstiennent d’indiquer leur appartenance à telle ou telle Église locale:

"Réaction d'un groupe de vingt-huit personnalités orthodoxes en Europe occidentale"

Issus des différentes migrations du XXe siècle ou d’origine occidentale, tous, nous avons reçu de nos pères l’Orthodoxie comme « l’Église du Christ sur terre », réalité qui prime sur tout enracinement social, culturel, national.

Partout où elle se trouve, l’Église orthodoxe est appelée à s’incarner dans les cultures locales car, étant « la vie nouvelle en Christ », elle est universelle. Mais cette universalité n’est jamais abstraite : elle est tangible en chaque lieu, en chaque communauté eucharistique où se rassemblent dans une unité diversifiée tous les fidèles partageant la même foi orthodoxe reçue des Apôtres et transmise par les Pères.

En Europe occidentale, nous nous trouvons depuis quatre générations entre orthodoxes de différentes origines, et nous avons compris qu’il nous revenait de témoigner ensemble de l’Orthodoxie, en dialogue fraternel avec les autres chrétiens dans un monde qui a faim de Dieu. Depuis cinquante ans, la Fraternité orthodoxe, entre autres, cherche à œuvrer pour un rassemblement de tous les orthodoxes dans l’unité eucharistique et dans une structure canonique qui soit conforme à notre ecclésiologie. Il s’agit d’une ecclésiologie territoriale d’où est absente toute forme de « nationalisme » et de concurrence entre diocèses, sans pour autant nier les cultures, les langues ni les nations. En ce sens la fondation, en 1997, de l’Assemblée des Évêques Orthodoxes de France a constitué une avancée significative.

Dans ce contexte, nous avons pris connaissance avec une grande tristesse du message du saint-synode de l’Église orthodoxe de Roumanie du 11 février 2010, intitulé « Appel à l’unité et à la dignité roumaine ». Dans ce message – privé de toute référence à Dieu, au Christ et au Saint-Esprit –, le saint-synode de l’Église de Roumanie, prétendant imiter les modèles russe et serbe, appelle tous les clercs et fidèles orthodoxes roumains de l'étranger, qui se trouveraient « sans bénédiction » dans d'autres Églises orthodoxes sœurs, à rétablir « leur communion directe » avec le Patriarcat de Roumanie. Nous comprenons le souci pastoral du Patriarcat de Bucarest envers la situation des fidèles roumains isolés à l’étranger. Pour autant, n’est-il pas choquant de présenter cette sollicitude comme une prérogative s’imposant aux fidèles de nationalité roumaine, quel que soit leur lieu de résidence, contrairement à l’ecclésiologie orthodoxe ? À cet égard, la référence faite au concile de Nicée n’est pas recevable, car les Pères conciliaires rejetaient l’idée de diocèses définis sur des principes ethniques, en s’en tenant, comme les Apôtres, au seul critère territorial.

Au moment où, dans le cadre du processus préconciliaire, l’ensemble des Églises orthodoxes est engagé dans une réflexion prometteuse sur l’avenir des communautés dites « de diaspora » (concept en grande partie dépassé), nous sommes troublés par cet appel qui laisse entendre que tout Roumain orthodoxe doit, à l’étranger, préférer naturellement la communion « directe » avec l’Église orthodoxe de Roumanie. Or, il n’y a qu’une Église, celle du Christ, et nous communions tous directement à Son corps et à Son sang. Les Églises-sœurs de l’Église de Roumanie, auxquelles certains fidèles roumains en Occident peuvent se trouver rattachés par suite des circonstances de leur vie et des aléas des relations entre Églises, ne partagent-elles pas la même plénitude de foi orthodoxe ? ne sont-elles pas strictement la même Église du Christ ? Au nom de quel critère faudrait-il démembrer en Occident des communautés orthodoxes qui sont de facto multi-ethniques, en renvoyant chaque étranger dans son Église d’origine ? De telles initiatives déstabilisent nos communautés qui tentent de témoigner de la résurrection du Christ dans un monde éclaté et indifférent ; elles sont sources de souffrances, de tensions et de surenchères nationales parmi les fidèles.

Nous craignons qu’une telle pratique ne porte atteinte non seulement à la dignité des Églises qui s’y livrent, mais aussi à l’unité et à la catholicité de l’Église, attentifs à ce qu’ont dit prophétiquement les Pères du concile de Constantinople de 1872 : « Nous rejetons, blâmons et condamnons comme contraires à l’enseignement de l’Evangile et des saints canons de nos pères, l’ethnophylétisme, c’est-à-dire la discrimination sur des critères ethniques, ainsi que les querelles et dissensions de caractère national menées au sein de l’Église du Christ. »

L’Église du Christ ne saurait être instrumentalisée au service de l’unité et de la dignité d’une nation. Ouvrant l’accès au Royaume de Dieu, l’Église comme arche du salut n’appartient à aucune nation. Nous efforçant, malgré notre indignité, de témoigner de la réalité de ce salut, nous appelons à l’unité de tous les chrétiens orthodoxes en Occident comme ailleurs, et à la défense de la dignité de l’Église orthodoxe qui commence par le respect de l’ecclésiologie apostolique : depuis la Pentecôte, « il n’est plus question de Grec ou de Juif … ni de Scythe, car tous vous êtes un en Jésus-Christ » (cf. Col 3,11).

Le Christ est ressuscité !

Paris, le dimanche 11 avril 2010, Dimanche de Thomas

Les vingt-huit signataires :

Nicolas Behr, retraité, membre du bureau de la Fraternité orthodoxe en Europe occidentale,
Paris,
P. Boris Bobrinskoy, doyen honoraire de l’Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge,
Paris,
P. Hildo Bos, prêtre de la paroisse Saint-Nicolas-de-Myre, Amsterdam,
P. Jean Breck, professeur à l’Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge, Paris,
Denys Clément, médecin, membre du bureau de la Fraternité orthodoxe en Europe
occidentale, France,
3/3
Sophie Clément-Stavrou, maître de conférences à l’Institut de théologie orthodoxe Saint-
Serge, membre du bureau de la Fraternité orthodoxe en Europe occidentale,
P. Christophe D’Aloisio, recteur de la paroisse de la Sainte-Trinité et des saints-Côme-et-
Damien, Bruxelles, président de Syndesmos, organisation mondiale de la Jeunesse
orthodoxe,
P. Michel Evdokimov, professeur émérite de l’Université de Poitiers, recteur de la paroisse
Saints-Pierre-et-Paul, Châtenay-Malabry, France,
P. Alexandre Fostiropoulos, recteur de la paroisse Saints-Pierre-et-Paul, Clapham, Londres,
P. Jean Gueit, doyen pour les paroisses du sud-est de la France (Archevêché des églises
russes en Europe occidentale), aumônier de la Fraternité orthodoxe en Europe occidentale,
Jean-Marie Gourvil, enseignant, membre du bureau de la Fraternité orthodoxe de l’Ouest,
France,
P. Claude Hiffler, médecin, recteur de la paroisse Saints-Côme-et-Damien d’Avignon,
France,
Jean-Jacques Laham, coorganisateur du Festival de la jeunesse orthodoxe, Paris,
Daniel Lossky, enseignant, membre du bureau de la Fraternité orthodoxe en Europe
occidentale, Belgique,
P. Nicolas Lossky, professeur à l’Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge, archiprêtre de
la paroisse Notre-Dame-Joie-des-Affligés-et-Sainte-Geneviève, Paris,
Ana Palanciuc, enseignante à l’Université de Paris VII,
P. Ignace Peckstadt, recteur de la paroisse Saint-André, Gand, Belgique,
Jean-Claude Polet, professeur à l’Université de Louvain-la-Neuve, Belgique,
Noël Ruffieux, chargé d'un cours à l’Université de Fribourg, Suisse,
Cyrille Sollogoub, enseignant-chercheur au Conservatoire National des Arts et Métiers,
Paris, président de l’Action Chrétienne des Etudiants Russes,
Matthieu Sollogoub, professeur à l’Université de Paris VI, membre du bureau de la
Fraternité orthodoxe en Europe occidentale,
Michel Stavrou, professeur à l’Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge, Paris,
P. Alexis Struve, recteur de la paroisse de la Sainte-Trinité, Paris,
Daniel Struve, maître de conférences à l’Université de Paris VII-Diderot,
Anca Vasiliu, directeur de recherche au CNRS (Centre Léon-Robin, Paris-Sorbonne),
P. Dominique Verbecke, prêtre de la paroisse Saint-André, Gand, inspecteur de
l’enseignement orthodoxe en Belgique,
Bertrand Vergely, maître de conférences à l’Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge,
P. Vladimir Zelinsky, recteur de la paroisse Notre-Dame-Joie-des-Affligés, Brescia, Italie.

Source: Orthodoxie.com

Rédigé par l'équipe de rédaction le 17 Avril 2010 à 11:49 | 34 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Irénée le 17/04/2010 12:46
Je constate qu'en quelques minutes, l'introduction de ce post a déjà été corrigée...fort heureusement d'ailleurs...
Les signataires de cet appel sont, je crois, assez connus pour que personne n'ignore à quelle juridiction ils appartiennent. Et précisément, puisqu'il s'agit d'un appel à l'unité, il n'a sans doute pas semblé souhaitable d'insister sur leur origine.
Personnellement je trouve ce texte excellent, très clair et rappelant des principes écclésiologiques fondamentaux.
Par ailleurs, un autre commentaire rédigé par le Père Michel Evdokimov avait été publié sur me même sujet.

2.Posté par Natalia ORLINKOV le 17/04/2010 14:58
Du début du XVe siècle, on cherche le mythique royaume du "Prêtre Jean". Messire Jean de Mandeville le situait en Asie centrale, Michel de Montaigne penchait vers l'Éthiopie; Karamzine, lui, le plaçait dans le Caucasienne…
Alors c’est ici chez nous, en Europe, qu’on arrime finalement cette île de Pentexoire. Imitant les chevaliers croisés, les vingt-huit signataires du texte ci-dessus se sont voués à la défense de l’orthodoxie occidentale de leur propre dénomination, cet empire privé des élus.

3.Posté par Cathortho le 17/04/2010 18:43
La diffusionde ce post m'a donné l'occasion de relire l' « Appel à l’unité et à la dignité roumaine de l’Eglise orthodoxe de Roumanie » daté du 11 février dernier.

Concernant cet " Appel des vingt-huit " je ne vois pas grand chose à y dire tant cette réaction n'a rien d'étonnant de la part des signataires, sinon ma peine d'y voir figurer un nom envers lequel, pour des raisons personnelles, je garde une grande affection. Mais ainsi vont les choses hélas.

Concernant l'« Appel à l’unité et à la dignité roumaine de l’Eglise orthodoxe de Roumanie » je ne vois non plus pas grand chose à dire tant je suis plutôt d'accord avec cette démarche qui va dans le sens de la lettre du patriarche Alexis II de bienheureuse mémoire.
Je suis par contre effaré que le Saint-Synode de l'Eglise orthodoxe roumaine s'enorgueillit que la Roumanie soit membre de l'OTAN quant on sait que cette organisation qui avait peut-être sa raison d'être à l'époque de la Guerre froide n'a par contre plus aucune raison d'être depuis la chute du communisme et la dissolution du Pacte de Varsovie. Quant on sait aussi que cette organisation a lachement agressé la Serbie et ce en pleine semaine sainte orthodoxe si je me souviens bien. Quant on sait encore que cette organistion est devenue l'un des principaux instruments de l'impérialisme américain dans sa stratégie d'isolement et de diabolisation de la Russie et ainsi d'empêchement de la constitution d'une Grande Europe incluant la Russie, ce qui ne faciliterait évidemment pas le développement du rapprochement Rome-Moscou souhaité tant par Sa Sainteté le Pape Benoit XVI que par Sa Sainteté le Patriarche Cyrille !

4.Posté par Daniel le 17/04/2010 21:09
La réponse de lettre des 28 est conforme à l'eccélsiologie orthodoxe : organisation territoriale et non ethnique. La juridiction de l'Eglise de Roumanie est sur la Roumanie (et toute personne résidant en Roumanie) et non sur les Roumains... Hors de Roumanie, les Roumains relèvent de l'évêque orthodoxe du lieu ou de celui de leur choix. Le texte signale aussi avec justesse que la notion de diaspora est dépassée. Nous avons des immigrations durables qui risquent ou ont fait souche dans leur pays d'acceuil ou qui vont le faire... La question est plus de savoir comment on maintient la foi orthodoxe dans ces circonstances. Certainement pas en faisant de l'église un club national ou ethnique ou les générations suivantes ne se reconnaissent plus car elles ressentent une appartenance forte au sein du pays d'accueil.

Le plus amusant est que la lettre du Patriarche roumain cible la communauté roumaine aux Etats-Unis qui est membre de l'OCA. Il serait en fait intéressant de voir les réactions outre atlantique.

5.Posté par Cathortho le 17/04/2010 22:51
@ Daniel

La dernière phrase de votre message n° 4 expliquerait peut-être ce rappel auto-satisfait de l'appartenance de la Roumanie à l'OTAN qui m'a tant contrarié... et que j'ai du mal à trouver amusant !
Attendons en effet les réaction outre-atlantique.

6.Posté par PetiaS le 17/04/2010 23:30
Assez du mondialisme orthodoxe !
Assez de la perte d'identité de nos racines !
Assez du modernisme et des innovations !

Qu'il est triste de lire tous ces appels et pétitions qui dressent les orthodoxes les uns contre les autres ! Que suis-je aujourd'hui ici en Europe occidentale ? Je suis un orthodoxe issus de Russie, de Roumanie, de Grèce, de France et d'ailleurs, fidèle à la tradition de mes pères, de mon pays, et défendant ma propre identité et mon appartenance ethnique en respectant mon voisin et ami et dans le partage de la vérité commune ; voila la richesse de l'Orthodoxie que j'enseigne à mes enfants : je suis russe, tu es géorgien et nous partageons la table des agapes dans le respect mutuel des traditions propres à chacun : la richesse de la différence et le respect d'autrui. Ton église célèbre les office en moldave, pourquoi t'imposerais-je la langue slavonne sous prétexte que je suis la ? Ton église est russe, pourquoi devrais-je intervenir pour que le prêche soit prononcé en français ?

Qu'y a-t-il de néfaste à se revendiquer appartenant à une nation, un peuple ou une ethnie ? Qu'y a-t- il de mauvais à se sentir plus grec que serbe ?
Qu'y a-t-il de mal qu'un Roumain ait plus d'affinité pour sa langue et pour son patriarche Daniel ?
Qu'y a-t-il de mal qu'un Russe puisse commémorer le nom du patriarche Cyrille lors de la grande Entrée, même en présence d'orthodoxes originaires de Bulgarie ?
A quel titre doit-on célébrer une seule et même Liturgie en six langues différente au prétexte que les fidèles présents parlent indonésien, allemand, japonais, islandais, espagnol, ou comorien alors que ce lieu de culte essaye tant bien que mal à conserver une tradition linguistique précise ?

Oui, je suis en premier lieu orthodoxe et fidèle aux canons et commandements des pères de l'église, mais je suis aussi fidèle à la terre de mes aïeux, respectant les particularités et coutumes ancestrales de chacun des pays d'origines de mes amis. Voila la richesse de l'Orthodoxie telle que je la conçois. Mes enfants sont de nationalités françaises et orthodoxes de tradition russe. Je leur enseigne le catéchisme en langue russe et les initient à la langue liturgique slavonne, celles qui à toujours été pratiqué par leurs grands-parents respectifs. A quel titre devrais leur imposer un tradition ecclésiale différente au prétexte que nous habitons en France ? Pourquoi devrais-je leur imposer la langue française qui n'est pas la langue traditionnelle du lieu de culte que nous fréquentons ? Es-ce mauvais ? Suis-je pêcheur ? Sans doute, seulement mes enfants fréquentent des enfants orthodoxes de cultures différentes et chacun s'intéresse à la tradition de l'autre dans le respect mutuel.

La tradition russe est riche dans son ordo liturgique. Les traditions nationales telles que serbe, moldave, roumaine, polonaise, grecque, tchèque, slovaque, slovène, albanaise, le sont aussi. Ces nations sont l'essence de l'Orthodoxie et la multiplication des paroisses nationales un bienfait pour tous.

Alors, au lieu de signer des écrits à tout va, que les instigateurs ce cet appel INVENTENT une tradition orthodoxe française propre. Qu'ils prennent les textes sacrés, et qu'ils écrivent des musiques, qu'ils composent des hymnes, qu'ils construisent eux-mêmes des églises, mais qu'ils ne déforment pas des traditions nationales ancestrales se respectant les unes, les autres.

Certains des signataires sont des musiciens et chefs de chœurs. Pourquoi ne composeraient-ils pas un oktoèque de tradition française ? Où se trouve la tradition musicale orthodoxe française ? Il n'y en a pas. Il est une utopie majeure, voire même une déformation musicale éhontée que de chanter par exemple des musiques spécifiques de composition sur un texte donné, dans un langue différente. D.S. Bortniansky a composé une musique sur un texte en slavon - il est incongru et incorrect de repositionner cette musique sur un texte français. Nabucco de Verdi, ne sera jamais chanté en Allemand !

L'appel des ces 28 personnes n'est qu'un prétexte, à l'adaptation d'une Orthodoxie riche de ces traditions culturelles nationales, diverses et variées, en un conglomérat œcuménique bien éloigné du respect multi-ethnique des différentes églises orthodoxes qui se sont toujours respectées les unes avec les autres.

Si chacun respectait son prochain sans vouloir de force, lui imposer sa loi, alors nous n'en serions pas à de tels débats d'une stérilité absolue.



7.Posté par Daniel le 18/04/2010 12:14
Je comprends la réaction de Pétia... Ce texte pêche en fait non par son contenu mais par ses signataires... Quand j'ai lu la liste, je n'ai pu m'empêcher de faire la réflexion que c'était une texte plutôt orienté FRAT mais aussi avec des signataires qui sont tous sacrément oecuménistes (vous savez bien comme j'aime l'oecuménisme) et qui à mon sens, par leur oecuménisme, ont beaucoup nui à l'orthodoxie en Occident en contribuant au flou dogmatique... Orthodoxie en Occident qu'ils entendent promovoir. Entre un patriarche, lui-même oecuméniste qui n'a pas osé déposé le métropolite Nicolas (Corneanu) du Banat qui avait il y a quelques années communié chez les uniates, patriarche qui nous sert un texte flirtant avec le phylétisme et une réponse plutôt correcte sur le fond d'oecuménistes modernistes, on est vraiment mal barré!

Je redeviens sérieux. L'orthodoxie n'a rien contre les cultures nationales ou la fierté nationale. Il ne faut pas pour autant adorer la nation comme un Dieu. En 1872, les Bulgares furent condamnés et la communion rompue car ils nommaient des évêques bulgares à Constantinople pour les ressortissants bulgares, niant l'organisation territoriale de l'église... Dire que telle personne doit appartenir à telle église car il a telle origine ou telle nationalité n'est pas un principe orthodoxe, le seul principe étant la territorialité. Un évêque et un seul par diocèse pour tous les habitants du diocèse peu importe leur langue, leur nationalité. A l'évêque de se débrouiller pour aller chercher au besoin des prêtres maîtrisant les langues nécessaires. Ce modèle fut suivie dans la métropole russe en Amérique avant la révolution. Tout le monde dépendait d'un même synode, grec, albanais, arabes, serbes etc. Les églises locales envoyaient leur clergé pour des raisons linguistiques mais celui-ci dépendait de l'évêque locale (lui-même rattaché à à l'Eglise de Russie). Ainsi, Saint Raphael de Brooklyn, un Arabe, n'appartenait pas au Patriarcat d'Antioche... Si les Roumains en Amérique demeurent dans l'OCA en utilisant la la langue de leur choix, pourquoi vouloir les rattacher à Bucarest? Cela ajouterait au micmac juridictionnel et nuirait au témoignage de l'orthodoxie en Amérique, alors qu'en revanche un synode ou une juridiction unique composées d'évêques de différentes origines est un bel exemple d'unité, conforme à l'organisation territoriale.

Je n'ai pas de solution toute faite quand la question se pose en dehors des pays traditionnellement orthodoxe. Je pense que c'est aux fidèles de choisir à quelle paroisse appartenir et ce sur des critères spirituels. Si je suis roumain et que dans telle paroisse francophone, je suis spirituellement nourri, alors que dans la paroisse roumaine je ne le suis point, j'irai dans cette paroisse française et patriarche ou pas

Voyez aussi le diocèse catholique de Paris : il compte des églises croates, arabes, ukrainiennes uniates, portugaises etc mais personne ne commémore l'évêque de Zagreb, de Kiev ou de Lisbonne mais l'évêque de Paris tout simplement... De ce point de vue, même les catholiques ont gardé le principe territorial... Je ne vois pas pourquoi les orthodoxes s'en affranchiraient : vous êtes russes en Grèce, vous commémorez l'évêque local quand bien même vous seriez dans une paroisse russophone... Mais si vous voulez pousser le schéma ethnique à fond, chaque ethnie va demander son église autocéphale : les abkhazes le font déjà en Géorgie, en Afrique vu le nombre d'ethnies, cela va donner un joyeux désordre, chacun des peuples qui composent la Russie fera de même et voudra son évêque rien que pour lui... Continuons sur ce chemin de l'adoration de l'ethnie, ça promet...

Je me permets aussi d'émettre des réserves sur le point musique liturgique soulevé par Petia. La musique liturgique ne se crée pas ex nihilo... Je pense que partout la source est le chant byzantin qui a donné des formes locales en Serbie, Roumanie, Bulgarie, Russie (le znamenye), dans le monde arabe, et même en Occident ou le chant grégorien dérive du byzantin etc. Ces peuples en devenant orthodoxe n'ont pas inventé une tradition musicale : ils l'ont adoptée et adaptée à leur langue.Quand vous entendez du byzantin en grec, en serbe ou en roumain, vous reconnaissez le fond commun. C'est ce qui se fait en français : on adapte des mélodies venant de traditions orthodoxes, russe ou grecque ou autres et on les adapte au français avec plus ou moins de bonheur. C'est un travail difficile dont les résultats sont de qualité inégale il est vrai et largement inachevé, mais il est en cours réalisé par des bénévoles. Si l'on chante en français en utilisant le byzantin (comme au monastère Saint Antoine ou des tons russes (post pétrinien), c'est parce que ce travail existe...

Concernant la langue liturgique à utiliser, la langue est un outil qui doit s'adapter à l'assistance : s'il y a un afflux d'aborigènes australiens orthodoxes (on ne sait jamais), pourquoi ne pas aussi utiliser en partie leur langue. Il n'en reste pas moins qu'en France, la langue qui a le plus de chance d'être comprise par une assistance aux origines les plus diverses est tout bêtement le français... Je tiens à signaler que le refus intransigeant du français a tout de même été responsable de la déperdition des effectifs orthodoxes aussi bien russes que grecs. Il devait y avoir dans les années 20, près de 400 mille orthodoxes du fait de ces réfugiés. 100 ans, plus tard, on doit être au même chiffre. Bien de ces descendants de Russes ou Grecs ont cessé de venir à l'Eglise car ils ne comprenaient pas... Quand on a déjà une pratique religieuse très occasionnelle au pays natal, qui se limite aux grandes fêtes, les enfants ont cette même pratique à l'étranger; et si de surcroît ils ne comprennent rien de rien, il n'est pas étonnant qu'ils abandonnent la foi orthodoxe... La langue utilisée doit s'adapter au niveau de compréhension de l'assistance... Faute de le faire, maintes paroisses ont disparu aussi bien en France qu'en Angleterre ou aux Etats-Unis...

8.Posté par Irénée le 18/04/2010 12:14
Il me semble que cet appel ne dresse pas les orthodoxes les uns contre les autres, bien au contraire, c'est un appel à l'unité de l'Eglise au delà des questions nationales ou juridictionnelles...
Il me semble que personne dans ce texte n'appelle à nier ou à rejeter les origines et les spécificités culturelles, mais à considérer que le plus important n'est pas là...
Je ne comprend personnellement pas ou se trouve dans ce texte l'appel à, je cite : " un conglomérat œcuménique bien éloigné du respect multi-ethnique des différentes églises orthodoxes"
Je ne vois pas non plus ou se trouve l'invention d'une tradition française propre...
Il y a peut-être un message subliminal quelque part, ou bien une connaissance de la pensée cachée des auteurs...mais je ne vois personnellement rien de tel dans le texte. Merci de bien vouloir m'éclairer !
Quand aux questions misicales, je crois qu'il y a sans cesse des compositions nouvelles, en toutes les langues du monde orthodoxe, et aussi des adaptations... et ce depuis toujours... il est bien probable que les premiers slaves évangélisés aient utilisé des mélodies byzantines avec des textes dans leur langue, et cela n'a rien de scandaleux ! Ce qui compte c'est la réception du message de l'Evangile et de l'enseignement de l'Eglise, et Nabucco n'a rien à y voir !

9.Posté par Cathortho le 18/04/2010 14:44

" Ce texte pêche en fait non par son contenu mais par ses signataires... " !
Voilà qui laisse pantois. Ainsi un texte peut être juste quant au fond, mais le seul fait qu'il soit signé par des personnalités jugées condamnables - à cause de leur oecuménisme bien sûr - le rend, malgré la justesse supposée de ce qu'il exprime, à son tour condamnable : " Ce texte pêche... ".
Ce qui revient d'autre part à dire que les signataires sont tous des pêcheurs puique " sacrémént oecuménistes ".
Cela aurait certainement plu à Torquemada, mais sans doute y avait-il pensé car " Rien de nouveau sous le soleil ".

10.Posté par vladimir le 18/04/2010 15:33
@Cathortho
Il est toujours difficile de juger les autres uniquement à partir de nos propres critères: pour toute la "Nouvelle Europe" (tous les pays qui ont subi la dictature "socialiste", sauf Serbie et Russie), l'OTAN reste le symbole de la démocratie et de la lutte contre le totalitarisme. Les dérapages que vous stigmatisez, et que je partage totalement, leur paraissent insignifiant... sauf en Serbie et en Russie! (Les bombardements de l'OTAN sur la Serbie durèrent du 23 mars au 10 juin 1999, couvrant toute la période pascale de la 5ème semaine du Carême à la 2ème semaine après la Pentecôte, et causèrent prés de 1000 morts dont 60% de civils…)

De plus, comme le souligne Daniel, c'est bien en Amérique que la division de l'Église de Roumanie se pose avec le plus d'acuité: alors qu'elle s'est réunifiée en Europe (y compris en France(1)), là-bas coexistent 2 éparchies qui se réclament de la tradition roumaine: l’Archevêché Orthodoxe Roumain des deux Amériques (2) et l'Archevêché Orthodoxe Roumain d’Amérique (3). Des pourparlers ont démarrés en 1993 entre les deux diocèses pour créer une métropole roumaine unifiée autonome canoniquement rattachée au Patriarcat roumain. Un Projet d’accord avait été adopté (juin 2008) et le Patriarcat de Bucarest avait publié un communiqué (4) annonçant prématurément la réunification, mais la Commission mixte pour le dialogue (Joint Dialogue Commission) l'a démenti(5). A ma connaissance ils en sont toujours là et bien évidement l'appartenance de la Roumanie à l'OTAN est un argument fort pour montrer aux Américains que la Roumanie s'est définitivement libérée du communisme. En effet, comme pour Daru, c'est le cliché éculé de la soumission de l'Église au bolchevisme, ou à ses successeurs, qui constitue l'argument principal d'une partie de ceux qui refusent la réunification avec l'Église-mère.

Sources:
(1) http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/La-paroisse-des-Saints-Archanges-a-Paris-passe-sous-l-omophore-du-metropolite-Joseph_a191.html
(2) ROAA de l'archevêque Nicolae /Condrea/, cf. http://www.romarch.org/: environ 40 paroisses, rattaché à la BOR, Église Orthodoxe de Roumanie.
(3) ROEA de l’archevêque de Détroit Nathaniel /Popp/, cf. http://www.roea.org: environ 80 paroisses, fait partie de l'OCA /Église orthodoxe d'Amérique (cf. http://www.oca.org), dont l'autocéphalie n'est pas reconnue par Bucarest et Constantinople./; cette éparchie s’est séparée il y a 60 ans de la BOR lors d'une tentative de reprise ne main par Bucarest (alors soumis au communisme) et à rejoint l'OCA en gardant une organisation à base "culturelle" transversale par rapport à l'organisation géographique habituelle (un modèle à méditer...) /
(4) http://www.roumanie.com/Eglise_Religion-Union-Eglises-orthodoxes-roumaines-Amerique-USA-Canada-A2889.html
(5) http://www.romarch.org/news.php?id=1357

11.Posté par vladimir le 18/04/2010 15:41
Je reviens juste sur la mention de l'OTAN dans l'appel d'origine: il est toujours difficile de juger les autres uniquement à partir de nos propres critères: pour toute la "Nouvelle Europe" (tous les pays qui ont subi la dictature "socialiste", sauf Serbie et Russie), l'OTAN reste le symbole de la démocratie et de la lutte contre le totalitarisme. Les dérapages que Cathortho stigmatise, et que je partage totalement, leur paraissent insignifiant... sauf en Serbie et en Russie! (Les bombardements de l'OTAN sur la Serbie durèrent du 23 mars au 10 juin 1999, couvrant toute la période pascale de la 5ème semaine du Carême à la 2ème semaine après la Pentecôte, et causèrent prés de 1000 morts dont 60% de civils…)

De plus, comme le souligne Daniel, c'est bien en Amérique que la division de l'Église de Roumanie se pose avec le plus d'acuité: alors qu'elle s'est réunifiée en Europe (y compris en France(1)), là-bas coexistent 2 éparchies qui se réclament de la tradition roumaine: l’Archevêché Orthodoxe Roumain des deux Amériques (2) et l'Archevêché Orthodoxe Roumain d’Amérique (3). Des pourparlers ont démarrés en 1993 entre les deux diocèses pour créer une métropole roumaine unifiée autonome canoniquement rattachée au Patriarcat roumain. Un Projet d’accord avait été adopté (juin 2008) et le Patriarcat de Bucarest avait publié un communiqué (4) annonçant prématurément la réunification, mais la Commission mixte pour le dialogue (Joint Dialogue Commission) l'a démenti(5). A ma connaissance ils en sont toujours là et bien évidement l'appartenance de la Roumanie à l'OTAN est un argument fort pour montrer aux Américains que la Roumanie s'est définitivement libérée du communisme. En effet, comme pour Daru, c'est le cliché éculé de la soumission de l'Église au bolchevisme, ou à ses successeurs, qui constitue l'argument principal d'une partie de ceux qui refusent la réunification avec l'Église-mère.

Sources:
(1) http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/La-paroisse-des-Saints-Archanges-a-Paris-passe-sous-l-omophore-du-metropolite-Joseph_a191.html
(2) ROAA de l'archevêque Nicolae /Condrea/, cf. http://www.romarch.org/: environ 40 paroisses, rattaché à la BOR, Église Orthodoxe de Roumanie.
(3) ROEA de l’archevêque de Détroit Nathaniel /Popp/, cf. http://www.roea.org: environ 80 paroisses, fait partie de l'OCA /Église orthodoxe d'Amérique (cf. http://www.oca.org), dont l'autocéphalie n'est pas reconnue par Bucarest et Constantinople./; cette éparchie s’est séparée il y a 60 ans de la BOR lors d'une tentative de reprise ne main par Bucarest (alors soumis au communisme) et à rejoint l'OCA en gardant une organisation à base "culturelle" transversale par rapport à l'organisation géographique habituelle (un modèle à méditer...) /
(4) http://www.roumanie.com/Eglise_Religion-Union-Eglises-orthodoxes-roumaines-Amerique-USA-Canada-A2889.html
(5) http://www.romarch.org/news.php?id=1357

12.Posté par Irénée le 18/04/2010 17:41
@Daniel - Il suffit de lire le court texte de présentation sur orthodoxie.com. il est clairement indiqué que la rédaction de ce texte a été coordonnée par la Fraternité...Mais à part le premier paragraphe à la fois humoristique et un peu caustique, je soutiens absolument votre exposé qui me semble parfaitement bien expliquer cette question de territorialité, de nationalité etc. Merci...
En revanche, je ne sais pas trop ce que vous voulez dire quand vous ajoutez l'adjectif "oecuméniste" après le nom d'un groupe ou d'une personne...il y a, je crois, dans l'engagement au dialogue et à la recherche d'unité des chrétiens de très bonnes choses, mais aussi pas mal de dérapages. Mais il me semble toujours un peu excessif de faire l'amalgame et de mettre dans le même sac toutes ces personnes...Toutes les Eglises orthodoxes sont officiellement engagées dans le mouvement oecuménique (via le COE) sauf les Eglises de Géorgie et de Bulgarie. Mais l'approche du Patriarche Daniel n'est pas exactement celle du Métropolite Hilarion, qui n'est pas non plus celle de l'archvêque Anastase d'Albanie...

13.Posté par Daniel le 18/04/2010 17:56
@ Cathorto

Je veux dire que la faiblesse du texte n'est pas dans son contenu, contenu que je défends d'ailleurs dans mes messages, mais dans ses signataires qui par leurs diverses positions, oecuménistes et modernistes, n'ont pas une grande crédibilité pour défendre l'orthodoxie... Cela nuit au texte qui est par ailleurs globalement correct... Je ne dis pas qu'il est condamnable car je l'approuve dans son ensemble mais vu les signataires qui relèvent du même bord , il ne sera pas fédérateur... car les méchants intégristes comme moi verront avec suspicion toute initiative de la FRAT (et compagnie) dont on sait bien que la rigueur dogmatique n'est pas disproportionnée. Quand j'utilise l'expression,"le texte pêche...", il n'y a aucune allusion aux péchés personnels des uns et des autres.

14.Posté par Natalie le 18/04/2010 20:15
@ PetiaS
Je suis cent pour cent d'accord avec vous !!!!

15.Posté par Larissa le 18/04/2010 20:43

Un rappel:

Lettre du Patriarche de Moscou à l’ensemble des juridictions russes en Europe Occidentale

Le 1er avril 2003, le patriarche de Moscou Alexis II a envoyé aux différentes juridictions issues de l’émigration un appel à se réunir sous l’obédiance du Patriarcat de Moscou sous la forme d’une métropole auto-administrée.

1er avril 2003

119034 Moscou, 5 Tchistyj per. no. 1378

à Son Eminence, le Métropolite Antoine de Souroge
à Son Eminence, l’Archevêque Simon de Bruxelles et de Belgique
à Son Eminence, l’Archevêque Innokenti de Chersonèse
à Son Excellence, l’Evêque Gabriel de Comana, Locum Tenens du Trône Archiépiscopal des églises orthodoxes russes en Europe Occidentale
à Son Excellence, l’Evêque Ambroise de Genève et d’Europe Occidentale (Eglise Russe Hors Frontières)

à toutes les paroisses orthodoxes de tradition russe en Europe Occidentale

Révérendissimes Archipasteurs,
Chers Pères, Frères et Sœurs,

En ces jours saints du grand carême, la réflexion sur le sujet du devenir de l’héritage ecclésial russe et le souci constant des paroisses orthodoxes d’origine et de tradition russe en Europe Occidentale ne nous quittent pas.

Par la grâce de Dieu, la protection de sa Mère, les prières des nouveaux martyrs et des confesseurs de Russie, la vie de l’Eglise dans notre pays se développe maintenant avec succès dans toute sa plénitude. Cependant, il ne convient pas de verser dans un triomphalisme illusoire qui en serait pas d’actualité. Les défauts observables dans l’aspect humain de l’organisation de la sainte Eglise sont encore nombreux. Le Seigneur attend de nous un repentir plus sincère et profond, plus d’abnégation et de meilleurs efforts déployés pour favoriser la conversion et le salut de millions de personnes, bien que baptisées, mais non éduquées dans l’orthodoxie depuis leur enfance. Les faiblesses et les épreuves que l’on peut observer dans la vie de la société ecclésiale de la Patrie s’expliquent en grande partie par des "maladies de croissance". Le réveil printanier après le long et dur hiver de l’athéisme inculqué et forcé ne peut être instantané et sans difficultés.

Le paysage est différent quand nous portons le regard vers l’organisation de la vie ecclésiale de nos compatriotes en diaspora. En premier lieu se pose la question inévitable de la permanence de nos divisions à l’intérieur de l’Eglise russe. Il est clair qu’elles ont été provoquées par la tragédie historique du peuple russe, la terrible fracture de la société résultant de la catastrophe de la Révolution. Le Métropolite Antoine et le Métropolite Euloge légitimaient les écarts de communion plénière avec leur église-mère uniquement pour des motifs d’ordre politique et nuls autres. Ces pasteurs exceptionnels, chacun à sa manière, aimaient la Russie vers laquelle le destin ne leur a pas permis de revenir et croyaient que l’unité ecclésiale se réaliserait pleinement dès que le joug de l’athéisme disparaîtrait de leur pays d’origine. Leurs frères dans l’épiscopat vivant en URSS au temps des terribles persécutions en étaient également persuadés. Il en était de même pour sa Sainteté le Patriarche de Constantinople Photius, quand en 1931, il écrivait que l’obédience de l’exarchat russe au siège de Constantinople ne durerait que "jusqu’à ce que, Dieu aidant, l’unité de la Sainte Eglise sœur de Russie serait rétablie." La même réalité était confirmée par sa sainteté le Patriarche Athénagoras, quand en 1965, il bénissait l’Exarchat des paroisses Russes en Europe Occidentale à revenir au sein de l’Eglise russe.

Il est difficile de douter que le temps du rétablissement de la pleine unité soit arrivé. Nous l’avons déjà écrit dans nos lettres fraternelles à sa Sainteté le Patriarche de Constantinople Bartholomée en septembre de l’année passée, et un an auparavant, aux membres de l’Assemblée épiscopale de l’Eglise Russe Hors Frontières. Aujourd’hui, Nous considérons que l’heure est venue de nous adresser directement aux membres de la diaspora russe en Europe Occidentale et à leurs pasteurs. Quelle est la raison qui fait que, le temps des dures épreuves étant révolu, l’Eglise accomplissant librement son service et alors que la Russie tente de renouer les fils de son histoire, les divisions ecclésiales perdurent, bien que leurs motifs en soient depuis longtemps éliminés ? Pourquoi ne répondrions-nous pas aux attentes de nos prédécesseurs et pères dans la foi ?

Si l’on excepte les causes dérivant de la faiblesse humaine, il y a des raisons plus profondes et honorables. Les descendants des émigrés de la "première vague" sont aujourd’hui pleinement intégrés dans les pays de leur résidence et ils prennent une part active dans la vie sociale et culturelle de ces pays. Gardant précieusement l’héritage qu’ils ont reçu, beaucoup d’entre eux, porteurs de la tradition russe en Europe Occidentale, désirent garder les formes d’organisation de la vie ecclésiale qui se sont élaborées durant des dizaines d’années. Celles-ci sont différentes de celles de l’Eglise en Russie, bien que fondées sur la même tradition canonique, exprimée dans les règles des saints conciles œcuméniques et provinciaux, des saints Pères et dans les actes et règles énoncés par le Concile de Moscou de 1917-1918. De plus, les paroisses créées par l’émigration russe ainsi que les paroisses locales de tradition russe qui en sont issues, ont acquis un caractère multinational et utilisent largement les langues locales dans les offices liturgiques, ce qui depuis les saints égaux aux apôtres Cyrille et Méthode est un trait caractéristique de la sollicitude pastorale et missionnaire.

Pour garantir le maintien de l’organisation de la vie ecclésiale qu’ils ont choisie, une partie des membres de la diaspora russe et des orthodoxes de souche locale, membres de paroisses vivant selon la tradition russe, expriment le souhait de continuer à vivre dans l’Eglise selon leurs statuts propres. Ceux-ci leurs assureraient l’autonomie interne avec l’élection de l’évêque dirigeant et sa confirmation par le Patriarche et le Saint Synode de l’Eglise Russe. Ces souhaits ont été exprimés en particulier par l’Assemblée diocésaine du diocèse de Souroge et ont été incluses dans le projet de son statut. Ils ont été également largement énoncés dans les conclusions de la commission "Avenir de l’Archevêché des églises orthodoxes russes en Europe Occidentale", créée il y a deux ans par feu l’Archevêque Serge de bienheureuse mémoire. Un tel ordre des choses est déjà inscrit dans les statuts actuels de l’Archevêché.

Prenant en compte l’ensemble de ces vœux, Nous estimons qu’ils pourraient se réaliser par la création en Europe Occidentale d’une Métropole réunissant plusieurs diocèses et incluant toutes les paroisses, les monastères et les communautés orthodoxes d’origine et de tradition russe qui souhaiteraient la rejoindre. Nous prévoyons d’accorder à cette Métropole les droits de l’Autonomie avec élection du Métropolite par le Concile Métropolitain, composé des évêques, des clercs et des laïcs, selon les statuts qu’il sera nécessaire d’élaborer avec le concours des représentants de toutes les parties de la diaspora orthodoxe d’origine russe présente dans les pays d’Europe Occidentale.

Avant les premières élections, Nous estimons légitime de faire porter l’autorité de la nouvelle Métropole au Métropolite Antoine de Souroge, malgré ses récentes demandes de départ à la retraite. La grande expérience pastorale et l’autorité spirituelle reconnue et respectée de tous seront la garantie de succès dans la nouvelle organisation de l’Eglise Orthodoxe Russe en Europe Occidentale.

Durant la période précédent les élections d’un nouveau Métropolite dirigeant, l’Archevêque de Bruxelles et de Belgique Simon, l’Archevêque de Chersonèse Innokenti, l’Evêque de Comana Gabriel, l’Evêque de Genève et d’Europe Occidentale Ambroise, ainsi que les Evêques de Kerch Anatole, de Serguievo Basile et de Claudiopolis Michel, conservant leurs droits respectifs, seraient appelés à être les proches collaborateurs du Métropolite Antoine.

Au cours de la marche vers l’unité de la diaspora russe, qui doit se réaliser également dans les pays d’Europe Centrale, devront sans doute être invités à participer lors d’une future étape, l’Archevêque de Berlin, d’Allemagne et de Grande Bretagne Marc (Eglise Russe Hors Frontières), l’Archevêque de Kline Longin, l’Archevêque de Berlin et d’Allemagne Théophane, l’Archevêque de Vienne et de Budapest Paul.

Nous fondons notre espoir que la Nouvelle Métropole autonome, qui réunira tous les fidèles de tradition orthodoxe russe des pays d’Europe Occidentale, servira u moment choisi par Dieu, de creuset à l’organisation de la future Eglise orthodoxe Locale multiethnique en Europe Occidentale, construite dans un esprit de conciliarité par tous les fidèles orthodoxes se trouvant dans ces pays.

Avec amour je vous appelle tous, très chers Archipasteurs, pères, frères et sœurs, à œuvrer à la grande tâche de la guérison des douloureuses plaies qui divisent la diaspora d’origine russe. Que le Seigneur d’amour et de paix bénisse vos efforts.

† Alexis
Patriarche de Moscou et de toute la Russie

16.Posté par Cathortho le 18/04/2010 21:41
On peut comprendre, même si on le désaprouve comme c'est mon cas, que les Etats d'Europe centrale se laissent envôuter par les sirènes atlantistes et par l'offre sécuritaire de l'OTAN. Ces Etats ont vécu sous le joug de l'URSS qu'ils assimilent malheureusement à la Russie (alors qu'elle-même souffrait tout autant qu'eux de la dictature bolchévique) et ne ils ne sont certes pas rassurés par l'incapacité de l'Union Européenne à mettre sur pied une véritable défense continentale.
On peut le comprendre, oui, mais juqu'à une certaine limite. En effet comment comprendre que ces Etats aient oublié, du moins c'est ce qu'il semble, que ce sont ceux-là mêmes qui leurs offrent maintenant protection qui les ont abandonnés à Staline lors du partage de Yalta. D'autre part cela fait maintenant vingt ans que le communisme s'est effondré, comment ces Etats ne voient-ils pas le carractère belliciste de l'OTAN et son instrumentalisation par les Etats-Unis pour encercler la Russie ? Les gouvernements de ces Etats ignorent-ils à ce point l' axiome de base de la géopolitique selon lequel les grands enjeux internationaux se résument en dernière analyse en une lutte ancestrale entre les puissance de la Mer, aujourd'hui les Etats-Unis et la principale puissance de la Terre qu'est la Russie ? N'ont-ils pas lu " Le grand échiquier " de Zbigniew Brjezinsky où cet axiome est rappelé et assumé et où la stratégie d'étouffement de la Russie et d'établissement d'un nouveau rideau de fer entre l'Europe de l'Ouest et l'Europe de l'Est est exposée en toute franchise ? C'est à se demander si les gouvernements de ces Etats sont aveugles ou complices.

Par contre comment un Saint-Synode, en l'occurence ici celui de l'Eglise orthodoxe roumaine, peut-il s'abaisser, pour récupérer une partie des ses ouailles, jusqu'à s'enorgueillir, pour les rassurer, de l'appartenance de la Roumanie à l'OTAN alors que celle-ci à injustement et durement frappé un pays frère orthodoxe, la Serbie et ce, comme vous le rappelez Vladimir " de la 5ème semaine du Carême à la 2ème semaine après la Pentecôte " avec ses milliers de morts et ses destructions pour aboutir à la la prise du pouvoir au Kossovo par les bandits de l'UCK grands destructeurs d'eglises orthodoxes ?
Je comprends et j'approuve pourtant les motivations du Saint-Synode de l'Eglise orthodoxe roumaine qui, comme je l'ai déja dit, semblent aller dans le même sens que la lettre de Sa Sainteté Alexis II, mais la fin ne justifie jamais les moyens.

17.Posté par vladimir le 19/04/2010 10:11
Cher Cathortho ,
D'abord sachez que je suis 100% d'accord avec vous. Tous vos arguments sont bons... pour nous qui pouvons peser tous les arguments de façon équilibrée! (Et pourtant combien parmi nos frère d'ici "se laissent envouter par les sirènes atlantistes et par l'offre sécuritaire de l'OTAN." tout en agitant l'épouvantail du "poutinisme post-soviétique".)

Maisil en est autrement à l'Est: d'un coté ils portent dans leur chair l'empreinte de la botte bolchévique pendent 45 ans: cette oppression reste présente dans leur chaire (lisez le génial "J'ai choisi la liberté" de Kravchenko, malheureusement non réédité depuis 1947. C'est, à ce jour, la meilleure description du stalinisme) et l'OTAN reste l'antidote qu'elle a représenté pendent ces 45 ans. Et sur l'autre plateau, les raisonnement géopolitiques, même parfaitement justes, restent des ratiocinations cérébrales... (sauf pour les Serbes qui ont concrètement subi les méfaits de l'OTAN: d'ailleurs il ne faut pas exagérer en parlant de "milliers de morts": il y en a eu moins de 1000 ). On comprend pourquoi la balance penche pour l'OTAN! Et pour l'Église Roumaine aussi l'OTAN reste le symbole de sa libération du bolchévisme (voyez comme l'UE et l'OTAN sont placés sur le même pieds!), sans compter que, comme je l'ai expliqué, ce discours s'adressant essentiellement aux Américains, il est normal qu'il utilise les arguments qui peuvent le mieux les convaincre.

18.Posté par Tchetnik le 19/04/2010 16:56
@Petia S

Vous n'avez pas nécessairement tort et il y a beaucoup de juste dans ce que vous dites, en particulier l'attachement et la célébration de patrimoines et de cultures nationales ayant incarné le Christ avec richesse et beauté.

Cependant, aucune culture ne détient le monopole en la matière et les nations occidentales furent aussi fondées dans le Christianisme Orthodoxe qu'elles exprimèrent dans leurs patrimoines respectifs avec aussi beaucoup de richesses et de beauté.

Ces nations ont aussi une âme et des héritiers qui y sont aussi légitimement attachés. De surcroit un grand et riche patrimoine orthodoxe de sainteté, de théologie et de liturgie s'y trouve et mérite qu'on s'y attarde. D'une façon certes plus sérieuse et authentique que ce qui s'est fait jusqu'à présent, sans amalgame ni invention douteuse, on est bien d'accord.

Le Salut n'est pas réservé à un peuple particulier et la mission première de l'Église reste de diffuser la Grace et la Vérité aux gens autour d'elle. Or les églises Russes, Grecques et autres en France restent dans un pays majoritairement peuplé de non-Russes, de non-Grecs et autres. Et ces gens y sont chez eux. Tout comme certains descendants d'immigration Grecque ou Russes qui souvent ne parlent correctement que le français.

Il ne faut tout de même pas perdre de vue que, sans remettre en cause la célébration et la préservation d'un héritage culturel riche et beau, héritage qui de surcroit véhicule une façon de vivre le Christianisme avec fidélité et authenticité (sans les philosophies mondaines et séculières qui ont gangrené l'Occident), il faut tout de même annoncer le Christ, Son Salut, Son enseignement dans les langues et cultures que les gens comprennent. Ce d'autant plus que la culture orthodoxe occidentale existe. Elle exista avant celle des Russes, si je puis me permettre ce rappel. Elle fut perdue ensuite et les tentatives qui furent faites pour la restaurer furent jusqu'à présent maladroites et hatives, certes.
Mais cette culture n'en existe pas moins avec aussi sa légitimité.

Mais même les peuples qui n'ont pas cette tradition sont eux aussi concernés par la promesse de Salut. Et si on devait à tout prix figer la langue et le contexte culturel des églises (églises qui encore une fois doivent prendre en compte le fait qu'elles ne sont pas sur leur terre d'origine), ni les Aléoutes, ni les Japonais, ni même les Grecs ou les Russes n,auraient pu être évangélisés. Ne refusez pas à d'autres peuples ce que vous mêmes avez demandé il y a plusieurs siècles, à savoir qu'on vous annonce la Parole de Dieu dans une langue que vous comprennez.

Une église grecque, russe, roumaine en France reste une église en France. Annoncer l'Évangile et la Prédication en Français, en plus de la langue d'origine relève du devoir Chrétien de faire des Nations des disciples, de la première politesse envers le pays d'accueil et de ce que les indigènes d'ici appellent tout simplement le "Gros Bon Sens".

Certaines églises furent Grecques ou Russes, mais la plupart des Dimanches voient une assemblée composée à plus de 60 pour cent de métèques. Faut il les oublier?

Saint Arsène de Cappadoce annonçait l'Évangile en Turc en plus du Grec. Un exemple à suivre.

19.Posté par Cathortho le 19/04/2010 18:08
@ Vladimir

Peut-être suis-je trop intransigeant et c'est vrai que mon regard est celui d'un occidental qui n'a pas connu dans sa chair et dans son âme les méfaits de cet épouvantable régime, il m'est donc facile d'être intransigeant. Mais cela me fait mal de voir ces peuples se laisser manipuler par une puissance que j'estime néfaste, cependant vous avez raison de rappelez que nous-mêmes en Europe occidentale sommes aussi envoûtés par les sirènes atlantistes.
Mais Dieu merci, bien souvent les peuples se montrent plus lucides que leurs gouvernants, comme on a pu le constater en 2003 quand les européens d'Europe centrale ont très majoritairement refusé avec leurs frères d'Europe occidentale de soutenir l'agression de l'Irak par les Etats-Unis.
Quant à l'Eglise roumaine que j'aime tant, cette Eglise qui fût, et qui reste encore j'espère, foyer ardent de l'hésychasme, espérons que, comme vous le dites, sa référence à l'OTAN n'est qu'un symbole provisoire.

@ Larissa

Merci de nous donner l'occasion de relire la lettre du défunt Patriarche Alexis II, lettre dont il est si dificile de comprendre qu'elle ait pu, et qu'elle puisse toujours, susciter les réactions négatives que l'on sait !

20.Posté par Ivan le 19/04/2010 19:15


Ci-joint une copie du canon 16, que vous pouvez retrouver sur "orthodoxes du sud est@yahoo.com " avec le commentaire suivant, d'une correspondante de ce site :

" Depuis que Mgr Daniel, Patriarche de Roumanie, a utilisé le canon 16 pour appeler les roumains à rejoindre la juridiction roumaine, une certaine effervescence gagne d'autres juridictions.

Mais finalement, que dit ce canon 16 ?
Il en existe plusieurs versions, qui se trouvent, selon, dans les Canons Apostoliques, les Oecuméniques et, enfin, dans les canons du concile In Trullo qui les rassemble et les confirme. Dans tous les cas, il concerne les prêtres, diacres et autres clercs."

Apostoliques
Canon 16
Des évêques qui reçoivent des clercs étrangers
Si l'évêque chez lequel ils se trouvent, comptant pour rien la suspension prononcée contre eux, les reçoit comme clercs, qu'on le destitue au motif qu'il se montre maître en désordre.

Oecuméniques
Canon 16
De ceux qui ne restent pas dans les Églises pour lesquelles ils ont été promus
Ceux qui, presbytres, ou diacres, ou tous ceux qui prennent rang dans le clergé, ont eu l'audace de s'éloigner de leur Église, sans garder les yeux fixés ni sur la crainte de Dieu ni sur les saints canons, ne doivent en aucun cas être reçus dans une autre Église. On doit les inviter très fermement à retourner dans leur épiscopie, et s'ils persistaient on devrait les priver de communion.
Si quelqu'un avait l'audace de voler pour ainsi dire un candidat qui appartient à un autre évêque pour l'ordonner, sans l'autorisation de l'évêque qui le comptait dans son clergé dans sa propre Église, que cette chirotonie soit sans effet.
[Cf. Apostoliques 15, 16 ; 1 Nicée 15 ; Carthage 54]

Canons du concile In Trullo
17.- Qu'un clerc ne doit pas prendre service dans un autre diocèse sans l'avis de son évêque.
Parce que des clercs de divers diocèses, abandonnant leurs Eglises accourent vers d'autres évêques, et sans le consentement de leur propre évêque prennent du service dans d'autres Eglises et deviennent par là des insoumis, nous ordonnons qu'à partir du mois de janvier de la quatrième indiction commencée, absolument aucun clerc, quel que soit son grade, n'est autorisé, sans les lettres dimissoriales de son propre évêque, à prendre du service dans une autre Eglise ; car celui qui n'observera pas cela à partir de maintenant, mais fera honte, quant à lui, à celui qui lui a conféré l'ordination, sera déposé, et en même temps celui qui l'aura reçu irrégulièrement.

18.- Du retour dans leur diocèse des clercs, qui s'en éloignèrent sous le prétexte d'une incursion barbare ou pour une autre circonstance, dès le départ de la nation barbare.
Les clercs qui, sous prétexte d'incursion de barbares ou pour une autre raison ont quitté leur diocèse, dès que cette raison cessera ou les incursions des barbares ou ce pour quoi ils partirent, nous leur ordonnons de retourner à leurs propres Eglises et de ne pas les abandonner trop longtemps sans motif. Si quelqu'un ne se conforme pas au canon présent, qu'il reste excommunié, jusqu'à ce qu'il réintègre sa propre Eglise. La même peine sera encourue par l'évêque qui le retiendra.
(c) Palierne

"Comme on le voit, ces canons ne concernent pas les laïcs. La démarche d'utiliser ce canon pour inciter les simples fidèles à changer de juridiction reste donc infondée "


21.Posté par PetiaS le 20/04/2010 13:25
Pour démontrer comment l'appel des ces 28 personnes de la "Frat" instrumentalise à tout va l'argument de l'ethnophyletisme comme une épée de Damoclès, relisons la reflexion du père W. Yaguello daté de 2003 et qui est aujourd'hui encore plus, de circonstance :

"Le patriarche (Alexis II) propose au fond un projet somme toute logique. Première étape - réunifier les juridictions russes qui n'en faisaient qu'une en 1922. Il est vain d'invoquer le phylétisme, qui n'a rien à voir dans cette affaire. On se demande d'ailleurs si ceux qui manient ce terme avec suffisance, savent de quoi ils parlent. Il serait opportun de rappeler les circonstances de la condamnation du phylétisme a Constantinople en 1872. Ce synode local condamnait non pas la russité, mais les Bulgares qui avaient proclamé l'indépendance de leur exarchat national sans limites géographiques, tandis que les Grecs eux-mêmes avaient déjà proclamé leur indépendance en 1833, avant de faire reconnaître l'autocéphalie de l'Eglise d'Hellade en 1850, alors que se posait déjà le problème de la survie du patriarcat de Constantinople. Actuellement (en 2003) les Roumains ont réalisé cette unité en Europe Occidentale, et je n'ai pas entendu parler de phylétisme à cette occasion, ni de protestations d'aucune sorte, ni de manifestation de haine. Nous ne pouvons que nous réjouir de constater que les Roumains, très divisés, se sont réconciliés et ont retrouvé l'unité de leur communauté. Les serbes sont unis et fidèles à leur Eglise Mère, et des Français de souche se sont intégrés à leur diocèse.

On peut aussi ajouter qu'aux Etats Unis, avant 1922, il n'y avait qu'une seule Eglise orthodoxe, unissant toutes les nationalités. Le patriarche Meletios Metaxakis rompit cette unité en détachant la communauté grecque, survie du patriarcat oblige, et les autres nationalités suivirent cet exemple.

Qui est phylétiste? Dans un souci de dialogue et d'ouverture pacifique, il vaut mieux n'accuser personne."
(source : http://orthodoxeurope.org/page/14/31.aspx#8)


22.Posté par Marie Genko le 21/04/2010 22:21
@ Ivan,

Vous dites que les Canons ne concernent pas les laïques et qu'utiliser le Canon 16 est infondé pour inciter les fidèles à changer de juridiction.
Pour une partie des fidèles de l'archevêché le temps est venu de rester dans un statu quo, qui les intégrera de façon définitive dans le patriarcat de Constantinople, eux et leur descendance, ou bien de rejoindre les autres descendants des Russes blancs c'est à dire l'Église russe hors Frontières.
Quitter sa paroisse est toujours un choix déchirant pour tous!
C'est la raison pour laquelle un espoir de rapprochement entre notre archevêché et l'EORHF, qui a obtenu une complète indépendance de la part du patriarcat de Moscou, serait à mes yeux la solution la plus fraternelle pour tous!
La solution qui permettrait un compromis au sujet de l'église de Nice et qui mettrait fin à tous les conflits et les procès.

23.Posté par Cathortho le 22/04/2010 10:58
@ Marie Genko

Je ne suis pas un grand connaisseur, bien que j'essaie de comprendre, des arcanes complexes
- et démoralisants - qui régissent les rapports entre les patriarcats, évêchés, juridictions, interprétations canoniques, tendances théologiques et ecclésiales etc, etc, etc, qui allimentent hélas le quotidien du monde orthodoxe. Je vois cependant difficilement un rapprochement entre l'EORHF et l'evêché, mais il se peut que mon ignorance soit supérieure à ce que j'imagine. En effet, l'EORHF, tout en jouissant d'une certaine autonomie est à présent en union canonique avec Moscou ce qui suppose que l'EORHF approuve la lettre du 1er avril 2003 du défunt Patriarche Alexis II. Or l'archevêché refuse de la manière que l'on sait les propositions pourtant pacifiques et pacifiantes de cette lettre.
De toutes façons je ne vois pas en quoi ce très hypothétique rapprochement pourrait permettre un compromis au sujet de Nice puisque le litige dont fait l'objet la cathédrale saint Nicolas est d'ordre juridique (opposant l'Etat russe à l'association qui gère la cathédrale, l'ACOR) et non pas un litige d'ordre ecclesial, même si, bien entendu, je n'ignore pas que dans les coulisses le litige ecclesial, entretenu semble-t-il par l'ACOR, alimente le litige juridique. Mais il me semble, pour ne pas embrouiller encore plus les choses, de toujours garder la distinction entre les deux problèmes.

24.Posté par Marie Genko le 22/04/2010 14:03
Cher Cathortho,

L'EORHF est en communion avec l'Orthodoxie toute entière.
Le patriarcat de Moscou est en communion avec l'orthodoxie toute entière.
Chacun des autres patriarcats l'est aussi.
Voilà pourquoi toutes ces querelles sont vraiment l'oeuvre du démon!
Si nous étions à nouveau une seule et même juridiction avec l'EORHF, nous serions tout aussi indépendants que l'est cette entité ecclésiale, qui se trouve sous le Patriarcat de Moscou, mais qui a négocié une entière autonomie.
Il s'agirait pour l'archevêché de se dégager effectivement du patriarcat de Constantinople, ce qui a toujours été le vœux des fondateurs de cet archevêché qui ne voulaient pas rompre avec les traditions russes.
Cela permettrait de mettre un terme aux actions judiciaires, puisque le clergé russe aurait accès aux églises construites par les Russes pour les Russes, ce qui n'est hélas pas le cas aujourd'hui!

25.Posté par vladimir le 22/04/2010 14:18
Un point qui n'a pas encore été souligné, c'est l'extrême minorité numérique du mouvement "coordonné par la Fraternité orthodoxe en Europe occidentale", comme le spécifie le communiqué d'orthodoxie.com (1). Il y a dans le monde environ 200 millions d'orthodoxes, d'après les dernières estimations publiées dans "La Croix" du 07 février dernier (2), et parmi eux les trois patriarcats de Russie, Roumanie et Serbie, incriminés par "la lettre des 28", arrivent en tête et représentent ensemble 85% des fidèles!

La diaspora, "c’est-à-dire les fidèles orthodoxes installés dans les régions situées en dehors des frontières traditionnelles des Églises orthodoxes locales" d'après la définition de la 4ème Conférence de Chambésy (12 juin 2009 (3)), regroupe plusieurs millions d'Orthodoxes, essentiellement en Europe occidentale et en Amériques. Dans un article de mai 2009 (4) Nicolas Senèze estimait à 2,2-3 millions les orthodoxes en Europe occidentale, dont 3-500 000 en France. Il y a en tout cas dans notre seul pays prés de 200 paroisses et communautés recensées, plusieurs centaines de clercs, moines, marguillers, écrivains... et parmi eux moins de 30 ont signé ce texte! Je trouve que cela remets à son juste niveau ce mouvement que d'aucuns voudraient présenter comme la voix ou l'aile marchante de toute l'Orthodoxie!

Sources:
(1) http://www.orthodoxie.com/2010/04/r%C3%A9action-de-vingthuit-personnalit%C3%A9s-orthodoxes-en-europe-occidentale-%C3%A0-lappel-%C3%A0-lunit%C3%A9-et-%C3%A0-la-digni.html
(2) http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/L-orthodoxie-dans-le-monde_a734.html
(3) http://www.centreorthodoxe.org/index.php?lang=fr&smenu=smenu5&nav=secretariat3
(4) http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Les-orthodoxes-en-Europe-Occidentale_a187.html

26.Posté par Irénée le 22/04/2010 15:16
Nous nous éloignons de plus en plus du sujet de ce post...
Mais encore une fois je voudrais ici faire part de ma surprise sur le contenu des commentaires...
Parler des rapports "démoralisants" entre les patriarcats me semble étrange...Sans faire preuve d'angélisme ni se voiler la face, il me semble que les rapports sont dans l'ensemble excellent...le petit cercle parisien qui observe chaque mouvement de tête des paroissiens ou la place des virgules dans les communiqués ne me semble pas représentatif de l'ensemble du monde orthodoxe.
Ce qui compte, c'est la prière et le témoignage commun, et par dessus tous la pleine communion entre les Eglises. Personne ne parle de retirer le patriarche de Moscou, ni celui de Constantinople des Dyptiques...
Et je suis d'accord avec cathortho quand il dit qu'il faut bien séparer les choses...les problèmes de propriété foncière ne sont pas à confondre avec l'unité ou la non-communion entre les Eglises...
Quant à un rapprochechen entre l'archevêché et l'EORHF, je ne vois pas bien de quoi on parler...les évêques concélèbrent régulièrement, les prêtres visitant d'autres paroisses sont toujours invités à célébrer par l'une ou l'autre des Eglises...
On pourrait éventuellement envisager qu'une négociation s'ouvre pour un retour à Moscou de l'archevêché comme cela a été le cas pour l'EORHF, mais il ne me semble pas qu'on en prenne le chemin.
Encore une fois, il me semble qu'il faudrait arrêter de "peindre le diable sur la muraille" et regarder tout ce que la présence et le témoignage orthodoxe apporte à notre monde d'aujourd'hui au delà de ces querelles très parisiennes...

27.Posté par Cathortho le 22/04/2010 16:54
Merci Irénée, dans mon grand aveuglement, je ne m'étais pas aperçu que les rapports entre les patriarcats " sont dans l'ensemble excellent " (s). Ouf, tout va Bien.

28.Posté par Marie Genko le 22/04/2010 18:05

Cher Irénée,

Je suis certaine que vous serez autorisé, si vous le souhaitez, à assister à une de nos réunions paroissiales à la rue Daru.
La prochaine est le 8 mai !
Ensuite vous pourrez en connaissance de cause dire que ce que vous souhaitez,
Les querelles parisiennes sont un réel crucifiement pour ceux qui sont impliqués et les vivent presque au quotidien!
Pourquoi parler d'un retour à Moscou, alors que ce que souhaitent tous, même la Fraternité, est une structure autonome!
Structure qui a été proposée, sous forme de métropole indépendante par l'Église se Moscou!
Mais parce que c'est Moscou qui la propose, elle est impossible aux yeux de certains.
Ce dont ils ne se rendent pas compte est que Constantinople, nous ayant absorbés, nous n'obtiendrons jamais cette indépendance et nous deviendrons totalement intégrés à la métropole grecque au fil des années!
Ce n'est pas le chemin que souhaitaient pour nous nos fondateurs!
C'est un chemin qui nous a jusqu'à présent emmenés dans des litiges juridiques qui souillent la robe de Notre Seigneur!
Un chemin qui sème le désarroi parmi les fidèles!
Enfin je ne peux que répéter aux tenants de l'Église Locale les paroles de Wormwood lorsqu'il dit que le diable se sert aussi de la Vérité pour mieux disséquer et écraser ceux d'en face!


29.Posté par vladimir le 22/04/2010 18:54
Cher Irénée,
Je suis d'accord avec vous (et je le montre par les chiffres ci-dessus) pour considérer que cette querelle n'agite que le microcosme "ortho-parisien". Elle n'en est pas moins douloureuse pour ceux qui la subissent!

Je serais d'accord que les relations entre les deux patriarcat s'amélioraient clairement depuis 2008 (et même avant si l'on pense à la rupture de la communion /1996?/)... jusqu'à ce malheureux communiqué à propos de l'affaire de Nice, où le patriarcat de Constantinople soutenait l'ACOR "jusqu'à la Cour Européenne de Strasbourg"!). La prochaine visite du patriarche Bartholomé à Moscou, prévue en mai, nous permettra probablement d'y voir plus claire...

30.Posté par Irénée le 22/04/2010 19:02
@cathortho
Dommage en effet que vous ne vous aperceviez pas ! Regardez un peu plus loin que le 16è arrondissement, et ne lisez pas que les corbeaux annonciateurs de mauvaises nouvelles ! Pâques n'est pas si loin, mais déjà l'artillerie lourde est de sortie !
@Marie
Je ne met bien entendu pas en cause votre souffrance, ni celle d'autres paroissiens. Mais je dois dire que quand je viens rue Daru, je n'ai absolument pas la même perception que vous. C'est vrai que je connais peu les gens, et que je préfère m'enfuir après la Liturgie que d'entendre sans cesse les ragots et les propos mal intentionnés...Mais je ne suis sans doute pas assez courageux !

31.Posté par Cathortho le 23/04/2010 11:25
@ Irénée

Pour ce qui est d'artillerie lourde je constate que vous en connaissez un rayon. Non seulement je n'ai jamais habité le 16è arrondissement mais depuis 5 ans pas moins de 1000km m'en séparent !

32.Posté par Irénée le 23/04/2010 14:30
@cathortho
Je parlais bien entendu en termes imagés...Je maintiens que de nombreuses querelles dont il est question ici restent très parisiennes, même si elles se sont parfois exportées à Nice ou à Biarritz...
On peut habiter en Patagonie et avoir un mode de fonctionnement qui reste "parisien"...
@vladimir
Merci pour ces informations. Je reste persuadé que le dossier de Nice n'est qu'un grain de sable dans les relations entre Contantinople et Moscou, et que la recontre de mai sera très positive. Espérons le en tous cas.
Il me semble toujours bien périlleux de faire des analyses sur "l'Orthodoxie" à partir de notre vécu et ressenti quotidien. Tout cela est très respectable, mais nous devons aussi "déposer les soucis du monde"...

33.Posté par Gueorguy le 23/04/2010 14:52
@Vladimir - message 29.

En parcourant le lien proposé, sans fausse modestie, ci-dessous, vous serez, je pense, conforté dans votre perception d'un communiqué vraiment "malheureux".

Malheureux car on voudrait être persuadé que ce communiqué se fonde sur une comprehension profondément altérée du soutien du Patriarche Bartholomé.

Dans le cas inverse, si on lisait ce communiqué tel qu'il est rédigé, on devrait comprendre que le Patriarche de Constantinople juge la justice de notre pays inéquitable et soumise aux interférences politiques, une opinion bien piètre...

Cette opinion, même si elle est sans fondement, peut animer quelques exaltés - pour ne pas dire enragés - pétitionnaires. On en resterait là. Mais issue d'un responsable religieux de premier plan (selon sa propre et légitime revendication) nécessiterait une véritable mise au point puisque émise sur un site officiel sous sa responsabilité. Mais il est vrai que la mise au point tarde à venir...

Que n'aurait-on pas entendu si une opinion aussi peu aimable était par émise par le Patriarche de Moscou ou l'un des évêques sous son omophore? De même, si elle était celle d'un haut responsable d'une autre religion?

34.Posté par Cathortho le 23/04/2010 22:16
@ Irénée

Ah, le parisianisme et ses corbeaux ! Et dire que ça a le pouvoir de vous poursuivre jusqu'en Patagonie !

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