Vladimir GOLOVANOW

Note liminaire: je propose ce petit article pour faire avancer un débat. J'espère des commentaires et des réfutations…
Utiliser l'exotique "Mère de Dieu" au lieu du traditionnel en français "Vierge Marie" n'est pas innocent: il s'agit de marquer une différence d'accent dans la mariologie entre Catholiques et Orthodoxes.


Est-il nécessaire aussi d'affirmer la virginité perpétuelle de Marie?
Les Catholiques mettent en effet l'accent sur la virginité et la pureté de Marie. Ceci est tout à fait conforme à la théologie orthodoxe et les titres "toujours vierge" (aeiparthenos/приснодева) et "immaculée" (пренепорочная) font partie de notre vocabulaire liturgique. Toutefois, à force d'insister sur cette pureté, qui pour les Orthodoxe vient aussi de l'obéissance et de la volonté de "Celle qui a dit 'Oui!' pour toute l'humanité", les Catholique vont arriver au dogme douteux de l'Immaculée Conception. "Est-il nécessaire aussi d'affirmer la virginité perpétuelle de Marie? écrit le père Jean Breck (1)


Le Nouveau Testament déclare nettement qu'elle avait conçue le Christ "sans semence humaine", mais les récits sur l'enfance font porter l'attention sur le caractère surnaturel de sa conception plutôt que sur sa virginité en tant que telle. Il n'est dit nulle part que sa condition virginale est restée intacte durant la naissance et sa vie ultérieure."

Celle qui a enfanté Dieu:

"Si la théologie orthodoxe défend sans ambages la virginité perpétuelle de Marie, c'est que la logique de l'Incarnation en impose la doctrine." Continue le père Jean, "et c'est là qu'intervient le titre de "Théotokos/Богодица": celle qui a enfanté Dieu, car c'est par elle que Dieu a effectivement "pris chair" (Jn. I, 14) en l'hypostase du fils de Dieu" (ibidem). Mais, en grec comme en slavon, la théologie distingue les deux états successifs de Marie: "Théotokos/Богодица", celle qui a enfanté Dieu en devenant "Instrument de l'Incarnation", et "Mitera tou Theou/Богоматерь", Mère de Dieu qui accompagne la vie terrestre du Fils, de Noël à la Croix; mais ce deuxième qualificatif, courant dans l'expression populaire, est très rarement utilisé dans les textes liturgiques car il ne correspond pas à ce moment théologique profond, celui de l'Incarnation, qui a été retenu par les Pères: "Pour les pères orientaux, le témoignage biblique au sujet du Christ, Fils préexistant de Dieu, justifie et rend nécessaire l'usage du titre Thètokos. Refuser à Marie l'honneur et la vénération en tant que "celle qui a enfanté Dieu", ce serait nier la réalité tant de l'Incarnation que de notre salut" (ibidem). Mais la traduction "Mère de Dieu" ne correspond pas à cette vérité là!

Pour ne pas prêter à confusion, quelques traducteurs consciencieux, dont le regretté Jean-Louis Palierne, ont proposé «Déipare» (2), mot effectivement français (il se trouve dans le Grand Larousse d'après Louis Palierne) mais totalement tombé en désuétude et particulièrement malsonnant (remarquons toutefois que "Mère de…" compose aussi une assonance malheureuse; "Oh la Mère de … Dieu" est d'ailleurs le juron favori d'un ami Québécois), voire "Enfantrice de Dieu"(3) néologisme plus sympathique mais totalement exotique...

Notre Dame

Il n'est donc pas simple de trouver un vocable qui ne soit ni trop exotique pour des oreilles française, à qui nous voulons témoigner que l'Orthodoxie est leur religion, ni trop connoté par la théologie catholique. C'est pour cela que je propose "Notre Dame" pour un usage courant: c'est un mot familier au Français et clairement adapté à la mariologie orthodoxe; dans la liste des titres de Marie il arrive généralement en tête: Пресвятая Владычица наша se retrouve dans la plupart des hymnes à Marie et se traduit exactement par Notre Dame la Toute Sainte (dans l'autre sens, Notre Dame se traduit d'ailleurs par "Богодица", cf. "Notre dame de Paris"). Et pour les traductions savantes, où il faut insister sur "l'Instrument de l'Incarnation", le néologisme "Enfantrice de Dieu" me semblerait le plus approprié.

Notes

(1) Père Jean Breck "LE TROPAIRE « MONOGENÈS » : SYMBOLE DE FOI ORTHODOXE, LA PENSÉE ORTHODOXE N° 3, L'AGE D'HOMME, p.71. L'archiprêtre Jean Breck (né en 1939), docteur en théologie, a enseigné le Nouveau Testament et l'éthique au séminaire Saint-Vladimir de New York de 1984 à 1996. Il enseigne l'exégèse biblique et l'éthique à l'Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge de Paris ICI

(2) Déipare est une forme francisée du latin Deipara qui lui-même traduisait Théotokos. Il a été utilisé dans des hymnes mariales anciennes mais est tombé en désuétude. Deipara existe en espagnole et portugais
(3) ICI


Rédigé par Vladimir GOLOVANOW le 27 Octobre 2011 à 10:51 | 20 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Pélagie le 27/10/2011 12:12
excusez-moi, mais Notre Dame me fait penser à la cathédrale de Paris - c'est une expression que je ne
pourrais employer

2.Posté par alexis le 27/10/2011 14:43
Français baptisé directement orthodoxe à l'âge adulte, Mère de Dieu me convient, et je ne souhaite pas du tout utiliser un vocabulaire catholique, avec tout le respect que j'ai pour mes amis catholiques. ceci n'est que de l'oecuménisme de bas étage. Ce genre de changement, proposé à titre personnel, ne va pas dans le sens canonique, et il ne faut pas croire que cela amènera de nouveaux fidèles, lesquels nous rejoindront si nous restons vraiment orthodoxes, et si les querelles lamentables du style Nice cessent!

3.Posté par Hiéromoine Nicolas le 27/10/2011 16:23
Votre présentation est confuse et vous ne semblez pas maîtriser vous-même les concepts que vous mettez en relation. Comment voulez-vous, dans ces conditions, que quelque chose de positif sorte du débat artificiel que vous voulez lancer ?
Que vient faire ici "Notre Dame" qui se réfère plutôt à la structure sociale byzantine et au moyen âge latin. "Notre Dame" qui pourrait traduire le mot grec "despoina", forme féminine de "despotès", lui-même traduit généralement par "Maître". Le concept de "Dame", de "maîtresse" renvoie donc plus à la femme du Seigneur, à "l'épouse inépousée" souveraine qu'à la "Mère de Dieu". Je crois d'ailleurs que l'expression "Notre Dame" est déjà utilisée dans les traductions françaises des divines liturgies au moment où le prêtre chante : "En l'honneur de Notre Dame, la toute sainte, immaculée, bénie par dessus-tout..." Dans ce passage "Notre Dame" traduit très exactement "Despinès èmôn".
S'il vous plaît, souvenez-vous, des conseils des sages latins et particulièrement celui-ci : quieta non movere. Ne pas créer d'agitation là où tout est tranquille.
Pardonnez mon incise un peu raide, mais je viens de passer trois jours à formater mon nouvel ordinateur et j'ai la tête comme une coucourde. Vous savez mon amitié.

4.Posté par Gueorguy le 27/10/2011 20:35
Je ne peux que partager l'état d'esprit de Hiéromoine Nicolas pour les raisons qu'il expose... Je viens moi-même de me battre avec mon ordinateur tout neuf dont le fournisseur me garantissait soit disant seulement le matériel et pas le logiciel ... Ceci est un petit clin d'oeil en forme de préambule plaisant pour détendre les discussions. D'autant que je relève, à travers l'amorce du présent débat, que le forum nous offre des discussions de tout ordre et, même si Hiéromoine Nicolas est sévère avec Vladimir, ce dernier prend la liberté de nous proposer des réflexions pas exclusivement réservées à des conflits juridictionnels, à tous les sens du terme. Je relève surtout, non sans plaisir, qu'il n'y a pas d'esprit partisan. C'est à dire que nous débattons un jour d'un sujet, un autre d'un autre. Et chacun peut converger les idées de l'un, un jour et avec les idées de l'autre un autre jour.

Si je peux résumer cela en une seule formule: Les débats d'idées sont acceptables, les combats de personne sont inacceptables! Ceci vaut ici et vaut pour les autres débats (inutile de dire à quoi, je fais allusion et où les positions de Vladimir semblaient converger avec celles de Hiéromoine Nicolas). D'ailleurs, c'est le seul point où je ne suis pas tout à fait d'accord, dans le présent débat, avec Hiéromoine Nicolas. Si vladimir propose une réflexion sur un sujet précis et qu'il en a envie pourquoi doit-on l'en empêcher. Au contraire, s'il se livre à quelques errances, alors, on comptera sur l'éclairage dont il pourra bénéficier pour reconsidérer ses positions Excusez-moi pour ce très long préambule.

Maintenant, sur le fond, je pense que le titre de "Mère de Dieu" est tellement conforme à la théologie orthodoxe qu'il ne me semble pas utile de le reconsidérer.. Je me livrerais à un honteux plagiat si au lieu de citer une référence sérieuse je paraphrasais le texte auquel je pense. En effet, je ne peux que recommander le lecteur de découvrir les textes très précis que nous propose le père Cyrille Argenti au sujet des conciles oeucuméniques et, particulièrement, le texte concernant le IIIème concile d'Ephése.
Notons que le père Cyrille parle aisément de la Vierge Marie.

Si ceci peut contribuer au débat. En tout cas, Merci d'en proposer ou de nous éclairer.

5.Posté par Daniel le 27/10/2011 22:02
Pour ma part, dans les traductions, je préfère utiliser le terme exacte de l'original. Théotokos donne donc Déipare (qui ne sonne pas mal à mes oreilles) ou Enfantrice de Dieu, et pour parler de la Vierge, j'utilise surtout Enfantrice de Dieu (parfois Déipare) en expliquant que c'est la seul traduction littérale acceptable de Theotokos.

La Dame est en effet la femme du Seigneur... Or cela, bien des Français l'ignorent, donc paradoxalement dire notre Dame ne produit aucun effet pour un auditeur français qui ne voit plus en Dame un titre de noblesse équivalent au Lady anglais. Dans des cimetières; vous pouvez voir sur des tombes "Dame Une-telle" mais le sens nobiliaire de Dame est aujourd'hui quasiment oublié si bien qu'on confond dame et femme, comme si on confondais lady et woman...

6.Posté par vladimir le 27/10/2011 23:07
Bien chers père, frères et sœur,
Tout d'abord merci d'avoir bien voulu répondre à ma proposition de débat. Je comprends et accepte tout à fait la sévérité du père Nicolas pour mon ignorance et ma maladresse et je suis tout prêt à apprendre si vous voulez bien m'enseigner.

Mais je suis justement déçu par le fait que personne n'ait répondu aux questions de fonds:
- J'ai essayé de comprendre pourquoi employer l'exotique et malsonnant (j'y insiste!) "Maire de Dieu" au lieu des traditionnels "Vierge Marie" ou "Notre Dame". Est-ce donc gratuit? Pour faire "Oriental" et "exotique"?
- Y a-t-il une différence théologique entre "Théotokos/Богодица" et "Mitera tou Theou/Богоматерь"? Si non, pourquoi seul le premier vocable est employé quand on parle de "l'Instrument de l'Incarnation", de "Celle par qui Dieu a effectivement 'pris chair' "? Les théologiens qui utilisent "Déipare" ou "Enfantrice de Dieu" sont-ils enfermés dans un débat artificiel?

Notre Dame ne répond évidement pas à la traduction de "Théotokos/Богодица" mais traduit "Владычица наша", dont je ne connais pas l'équivalent grec mais que j'entends plusieurs fois durant nos offices. Je trouve très intelligent que le monastère de Bussy en Othe soit consacré à "Notre Dame de Toute Protection" et je vois d'autant moins de problème à utiliser ce vocable dans le langage courant que la plupart des églises consacrées en France à Marie portent justement ce nom là.

7.Posté par Daniel le 28/10/2011 00:42
Il me semble que le terme le plus employé dans les offices liturgiques est Theotokos/Enfantrice de Dieu et non Mitera tou Theou, Mère de Dieu. Cela explique que je le préfère à tous les autres dans le langage courant. Il y a des différences et des nuances que j'entrevois entre ces termes.

Enfantrice de Dieu : celle qui enfante Dieu, qui donne naissance au Christ vrai Dieu et vrai Homme

Mère de Dieu : une mère n'est pas qu'une enfantrice. Mère c'est aussi élever, éduquer. Est-ce une allusion à cela

Génitrice de Dieu : car la nature humaine du Christ vient de Marie, il est donc vrai Dieu et vrai Homme et ne se sert pas de Marie que comme d'une "mère porteuse" sans prendre la nature humaine.

Ce sont des interprétations toutes personnelles... mais je sens ces nuances.

8.Posté par vladimir le 29/10/2011 16:20
Le débat semble terminé et nous pouvons conclure:

- Je suis d'accord avec Daniel pour réserver le vocable "Mère de Dieu" à la traduction de "Mitera tou Theou/Богоматерь", dont il rend exactement le sens. Son emploi dans les testes liturgiques et théologiques devrait donc rester assez rare, voire exceptionnel.
- Je trouve aussi que la meilleure traduction de Théotokos/Богодица" est le néologisme "Enfantrice de Dieu" qui rend le mieux l'idée théologique et devrait donc trouver toutes sa place dans les textes liturgiques et théologiques. (Pour être aussi juste, "Déipare" me parait moins heureux par son manque de clarté et ses rapprochements avec 'ovipare', 'vivipare', etc.). Je constate d'ailleurs, avec plaisir, que ce terme gagne du terrain dans la blogosphère orthodoxe(1)
- Pour ce qui est du langage courant, appellation des églises ou des icônes, je trouverais logique de prendre les termes normalement utilisés en français: Notre Dame, Sainte Vierge, Vierge Marie, avec une préférence pour le premier car c'est celui qui est le moins connoté par l'accent exagéré mis sur la virginité de Marie chez les Catholiques. Donc vive le "monastère orthodoxe de NOTRE DAME DE TOUTE PROTECTION" et l'icône de "NOTRE DAME DE KAZAN" que nous fêtons bientôt!

(1) Par exemple sur "Vox terrae - Vox angelorum, chants de l'Église Orthodoxe. Vidéos de chants orthodoxes glanées sur le web" http://voxterraevoxangelorum.blogspot.com/

9.Posté par Potomok le 29/10/2011 18:27
@6 - Vladimir
"Mère" de Dieu...

Car nous ne parlons pas de Christine Piottro!!!

C'est qui? C'est la première magistrate de la commune de DIEULEFIT..
Qui savait? Si vous m'autorisez ce petit et sympathique "joke"!

10.Posté par beaufils olivier le 30/10/2011 05:07
chers frères et soeurs en JESUS
je suis catholique et nouveau lecteur de votre site
je tiens à signaler que le terme MERE DE DIEU est employé des milliers de fois par jour dans la récitation du chapelet (catholique)... Sainte MARIE mère de DIEU priez pour nous pauvres pécheurs...
c'est là un point commun qui devrait nous rapprocher mais je n'y connais rien à l'Orthodoxie et ne sui
s pas théologien...je me contenterai de prier pour mes frères et soeurs en JESUS-CHRIST

Olivier

11.Posté par vladimir le 30/10/2011 09:51
Of course cher Potomok! Merci d'avoir corrigé...

12.Posté par Gueorguy le 30/10/2011 18:28
@10 - Beaufils Olivier

Cher Ami,

Cela me semble assez naturel. Tout comme le terme "Vierge Marie" est employé dans l'Eglise orthodoxe. D'ailleurs le père Cyrille l'emploie plusieurs fois dans le texte auquel je fais référence, consacré au IIIème Conclie oeucuménique d'Ephèse en 431.

En lien, une carte postale électronique qui m'est parvenue d'un proche en visite dans la région.

13.Posté par Gueorguy le 06/11/2011 22:59
Sans vouloir remettre en cause l'intéressant débat que nous propose Vladimir, je voudrais le mettre en relief avec l'évocation (voir lien ci-dessous vers le reportage proposé par Orthodoxie.com) de la ferveur que suscite la présentation, actuellement en Russie, de la relique de la ceinture de la Mère de Dieu.

Je veux bien admettre qu'il y a peut-être une part de curiosité dans cette foule mais je veux, surtout, faire admettre qu'on ne peut que reconnaître cette immense et sincère ferveur.

14.Posté par vladimir le 06/11/2011 23:23
Merci de votre commentaire bien cher Gueorguy: vous êtes trop rare sur PO qui a consacré un fil à ce véritable phénomène de société

15.Posté par Gueorguy le 07/11/2011 20:49
Merci! Vous avez raison d'avoir signalé cette autre file de discussion.

16.Posté par Marie Genko le 07/11/2011 23:37

Cher Vladimir,

Durant le premier millénaire, le territoire canonique, dépendant du Patriarche de Rome, était en communion avec l'Eglise universelle, il avait développé son propre rite et ses propres usages et ceux- ci étaient parfaitement légitimes et orthodoxes.
Si nous lisons les poètes du haut Moyen Age français, nous constatons aussitôt que le vocabulaire utilisé aujourd'hui dans l'Eglise catholique n'a pas varié.

Voici à titre d'exemple un court extrait du Miracle de Théophile de Rutebeuf

"Si comme en la verriere Entre et reva arriere Li (Si comme en la verrière pénètre la lumière
solaus que n’entame, Ainsinc fus virge entiere Quant (Et pourtant ne l'entame. Ainsi Tu fûs vierge
Diex, qui ès ciex iere, Fist de toi mere et dame. Ha ! (entière lorsque Dieu fit de Toi une Mère, une
resplendissant jame, Tendre et piteuse fame, Car (Dame. Ha resplendissante, tendre et pieuse femme
entent ma proiere, Que mon vil cors et m’ame De (entends ma prière! Que mon vil corps et mon âme
pardurable flame Rapelaisses arriere....." ( ne reposent en la perdurable flamme....)

Pour moi, ces merveilleux vers sont tout à fait orthoxes, le mot "Dame" y est en effet employé pour s'adresser à la mère de Dieu. Il s'agit bien d'une jolie tradition médiévale encore usitée aujourd'hui.

Mais comme, à titre personnel, je suis attachée au vocabulaire utilisé dans la tradition orthoxe russe, je n'ai aucune raison d'utiliser le "Notre Dame" cher aux Latins.
Chaque patriarcat a son visage et ses coutumes.

Pourquoi, comme le dit le Père Nicolas ci dessus, inaugurer des nouveautés dans notre propre tradition?


17.Posté par vladimir le 08/11/2011 10:48
Bien chère Marie,

Il faut soit se tenir à la véritable tradition orthodoxe, soit chercher à "l'inculturer", mais je trouve mauvais de faire de l'à peu prés:
- "Mère de Dieu" traduit "Mitera tou Theou/Богоматерь", très rare dans les textes liturgiques et théologiques. Il n'y a donc aucune raison de l'employer partout.
- Le vocable le plus fréquent est "Théotokos/Богодица", dont meilleure traduction est le néologisme "Enfantrice de Dieu" qui rend le mieux l'idée théologique et devrait donc trouver toute sa place dans les textes liturgiques et je constate avec plaisir que son emploi progresse avec l'amélioration des traductions.
- Pour ce qui est du langage courant, les églises, les icônes, je trouve logique de rechercher l'inculturation avec les mots normalement utilisés en français et qui correspondent tout à fait aux dogmes orthodoxes. J'ai une préférence pour " Notre Dame", car c'est celui qui est le moins connoté par l'accent exagéré mis sur la virginité de Marie chez les Catholiques, et je suis heureux d'en trouver une excellente référence chez nous avec le "monastère orthodoxe de NOTRE DAME DE TOUTE PROTECTION".

Il n'y a donc, en fait, aucune nouveauté: simplement la constatation d'une heureuse évolution que j'applaudis!

18.Posté par Marie Genko le 08/11/2011 14:23
Cher Vladimir,

Chaque Eglise patriarcale a ses traditions propres, ses rites, sa langue.
Je prie avec autant de ferveur chez les Grecs ou les Géorgiens.
Et je me réjouis de la richesse de chacune des traditions orthodoxes.
J'admire leur diversité et je peux ajouter que j'admire aussi la tradition liturgique de l'Eglise latine, ses beaux chants grégoriens et son vocabulaire médiéval!
Mais je ne ressents aucunement le besoin de changer le vocabulaire traditionnel employé chez les Orthodoxes russes!
Pourquoi?
Parce que rechercher l'inculturation présente des dangers.
Ce qui nous sépare des hétérodoxes, c'est indubitablement: l'hérésie!
Mais cette hérésie nous en ressentons les EFFETS, avant d'en analyser les causes.

Vouloir nous acculturer au vocabulaire et aux traditions occidentales, c'est nous exposer à adopter les EFFETS engendrés par l'hérésie chez les Occidentaux...., donc perdre cet esprit de CHARITE, d'HUMILITE et de REPENTIR, chers aux orthodoxes.

C'est parce qu'elle a voulu s'acculturer au monde protestant, que L'OCA a bien failli courir à sa perte!

C'est à cause de la volonté de modernisme, de la rareté des confessions exigées, de tout un ensemble d'aménagements insidieux, que quelque choses dérape dans l'archevêché et que son équipe dirigeante s'engage aujourd'hui aujourd'hui dans une voie sans issue!

Croyez-moi, cher Vladimir, gardons nous de nous mêmes, et surtout ne nous croyons pas tenants d'une autre mission que celle de gardiens de la pureté de notre Foi orthodoxe, selon nos pauvres forces et nos faibles moyens.
Avec toute mon amitié Marie

19.Posté par Ivan le 08/11/2011 20:00
à "deipare", ou à "enfantrice de Dieu",je préfèrerais "parturiente de Dieu": parturiente de Dieu est une traduction exacte de Theotokos ou Богородица, tout en respectant la langue française ainsi que la signification theologique de cette expression; il est vrai que "parturiente" appartient en premier au langage médical !...à ce moment-là pourquoi ne pas garder tout simplement le mot grec "Theotokos "? nous utilsons bien" Kirie eleison". "Notre Dame" est une très belle expression et respecte à la fois le sens theologique et la langue française ; cependant elle n' est pas la traduction la plus proche de Богородица mais signifie littéralement Владычица Наша. De même "Mère de Dieu " qui se traduit par Богоматерь.
Alors, je vous pose la question pratique suivante: comment devons-nous réciter en français l' hymne à la Vièrge, où les termes "Богородица " et " и Матерь Бога нашего" se suivent de près et nous entraînent le plus souvent à répéter de manière non satisfaisante les mêmes mots
Mère de Dieu(Theotokos ,Богородица ).... et Mère de notre Dieu( и Матерь Бога нашего ) J' opterais finalement pour garder le terme grec "Theotokos".

20.Posté par vladimir le 08/11/2011 22:38
Mais chère Marie, qui parle de "de changer le vocabulaire traditionnel employé chez les Orthodoxes russes"? "Mère de Dieu", vocable dont nous parlons ici, est employé par les Catholique dans le cadre spécifique du chapelet ce qui a amené des traducteurs peu regardants à l'utiliser à tort et à travers pour les Orthodoxes français, qu'ils soient de tradition russe, grecque, géorgienne ou autre... et ce depuis relativement peu de temps (je n'ai pas trouvé de mention antérieure aux années 1930). D'autres traductions, meilleures à mon sens, sont en train de le remplacer... et c'est tant mieux!

Et je crois, encore question de vocabulaire, que ce n'est pas l'hérésie qui nous sépare des autres confessions chrétiennes, qu'il ne faudrait pas, stricto sensu, qualifier "d'hétérodoxes": en effet, "hérésie" signifie rejet ou substitution d'un dogme; or ces confessions souscrivent à tous nos dogmes et ne peuvent donc être qualifiées "d'hérétiques". Par contre elles sont bien schismatiques pour avoir rejeté l'autorité de l'Eglise

Merci cher Ivan de votre commentaire. Comme je l'écrivais, je ne suis pas partisan des "innovations inutiles": j'ai trouvé justes les traductions de "Théotokos/Богодица" par "Enfantrice de Dieu" (que je préfère), voire "Déipare" (qui m'écorche les oreilles). Je n'ai jamais vu ni "parturiente de Dieu" (vous avez bien raison d'en souligner la connotation médicale… totalement déplacée!) ni "Théotokos". Cette dernière absence s'explique par le fait que le mot n'était pas utilisé dans la messe en latin, contrairement à "Kirie eleison"; ce serait donc aussi une "innovation inutile". Je préfère donc en rester à "Enfantrice de Dieu" pour les textes liturgiques ("Богородица и Матерь Бога нашего" devenant sans problème et très exactement "Enfantrice et Mère de notre Dieu).

Et je suis heureux de voir que "NOTRE DAME" progresse aussi au patriarcat de Moscou: "Le Patriarche Cyrille célèbre la Divine liturgie à l’église NOTRE-DAME-JOIE-DE-TOUS-LES-AFFLIGES (Moscou).
Le 6 novembre 2011, 21e dimanche après la Pentecôte et fête de l’icône NOTRE-DAME-JOIE-DE-TOUS-LES-AFFLIGES, le Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie a célébré la Divine liturgie dans l’église dédiée à cette icône et dite aussi de la Transfiguration du Sauveur, rue Bolchaïa Ordynka à Moscou… (cf. lien)

Très amicalement
Vladimir

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