Vendredi Saint
En ce jour est suspendu au gibet / Celui qui a suspendu la terre sur les eaux..., / est couvert d’une couronne d’épines, le Roi des anges.

(15ème Antienne des matines du vendredi saint)
Tu t’es laissé crucifier / Afin de faire jaillir pour moi le pardon / Ton côté fut transpercé pour me donner la source de vie / Tu t’es laissé percer de clous / Pour que la profondeur de tes souffrances / Me révèle la grandeur de ta Royauté

Stichère des matines du vendredi saint aux Béatitudes


Celui qui a souffert les crachats, les coups, les soufflets meurt pour la vie du Monde. Nous suivons ici Jésus jusqu’au Golgotha. Golgotha veut dire « lieu du crâne » et nous voyons bien le crâne d’Adam, au fond des enfers.Nous suivons Jésus non à la manière de ceux qui le suivaient de loin, mais à la manière de sa mère, de Jean et des saintes femmes. Jésus est mis à mort en dehors de la ville, devant les murs de Jérusalem. (Que nous avons déjà croisé lors d’autres fêtes... voir Les Rameaux, La Résurrection de Lazare). Seule la partie supérieure de la croix se détache contre le ciel, nous reliant à sa signification cosmique.

La croix à 8 extrémités, conformément aux traditions iconographiques anciennes. Dans la tradition orthodoxe russe, la « suppedaneum » (la partie inférieure), est souvent oblique, allusion au bon et au mauvais larron. Ici, elle est horizontale.

La Sainte Femme se tient derrière Marie la Théotokos. Le centurion (celui qui a proclamé « cet homme était vraiment Fils de Dieu ») que la tradition nomme Longin, est derrière saint Jean. Saint Jean regarde Marie.

Jésus est nu. Le linge qui le revêt n’était certainement pas là le jour historique de sa crucifixion. La tradition iconographique s’attache à représenter Jésus « impassible », vivant, et à ne pas séparer la crucifixion de la résurrection. Il est remarquable que c’est ainsi que nous apparaît le visage du supplicié du Saint Suaire de Turin : Il semble à la fois supplicié, en même temps complètement pacifié, et Maître de la situation.
Vendredi Saint

Rédigé par Parlons d'orthodoxie le 17 Avril 2020 à 06:01 | 5 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par vladimir le 17/04/2009 22:18
Après les vêpres et les matines du Grand Samedi, je vous propose ce poème extrait du "Requiem"
de Anna Akhmatova.

РАСПЯТИЕ

Не рыдай Мене, Мати,
во гробе зрящия.
___

Хор ангелов великий час восславил,
И небеса расплавились в огне.
Отцу сказал: "Почто Меня оставил!"
А матери: "О, не рыдай Мене..."
1938
Магдалина билась и рыдала,
Ученик любимый каменел,
А туда, где молча Мать стояла,
Так никто взглянуть и не посмел.
1940, Фонтанный Дом

Le choeur des anges a célébré cette heure si grande,
Et les cieux se sont embrasés.
Il a dit à son Père: "Pourquoi m'as-tu abandonné?"
Et à sa Mère: "Ô ne me pleure pas..."

Madeleine sanglotait et se débattait,
Son disciple le plus aimé est devenu de pierre,
Mais vers l'endroit où, silencieuse, se tenait sa Mère,
Personne ne levait les yeux.
1940-1943

2.Posté par Tchetnik le 10/04/2015 09:28
Vexilla regis prodeunt
fulget Crucis mysterium,
quo carne carnis conditor
suspensus est patibulo.
Confixa clavis viscera
tendens manus, vestigia,
redemptionis gratia
hic immolata est hostia.
Quo vulneratus insuper
mucrone diro lanceae,
ut nos lavaret crimine,
manavit unda et sanguine.
Impleta sunt quae concinit
David fideli carmine,
dicendo nationibus :
regnavit a ligno Deus.
Arbor decora et fulgida,
ornata Regis purpura,
electa digno stipite
tam sancta membra tangere.
Beata, cuius brachiis
pretium pependit saeculi :
statera facta corporis,
praedam tulitque tartari.
Fundis aroma cortice,
vincis sapore nectare,
iucunda fructu fertili
plaudis triumpho nobili.
Salve, ara, salve, victima,
de passionis gloria,
qua vita mortem pertulit
et morte vitam reddidit.
O Crux ave, spes unica,
hoc Passionis tempore !
piis adauge gratiam,

Te, fons salutis Trinitas,
collaudet omnis spiritus :
quos per Crucis mysterium
salvas, fove per saecula.
Amen.

Saint Venance Fortunat, 569.


3.Posté par Nicodème le 10/04/2015 10:32
Merci , cher Tchetnik , d'illustrer par ce rappel , le fait que le latin n'est pas incompatible avec l'orthodoxie , puisque Venance Fortunat vivait au temps de l'Eglise indivise , catholique dans son essence et orthodoxe dans sa foi . Et chacun sait ce qu'en disait Tonton Georges ...Oui , c'est mon quart d'heure nostalgique :-)))

4.Posté par Clovis le 12/04/2015 21:24
Il est vrai que le latin a quelque chose de spécial, et liturgiquement tout autant. C'est une des langues du Titulus Crucis tout de même.
Quant à moi je ne me lasse pas des Leçons de Ténèbres de Couperin, notamment la Troisième dont l'interprétation par Jordi Savall et le Concert des Nations est un sommet,
de mémoire :
O vos omnes qui transitis per viam
Attendite et videte
Si est dolor sicut dolor meus,
attendite et videte,
quoniam vindemiavit me,
ut loctus ut est Dominus,
in die irae furoris Sui...

5.Posté par Nicodème le 13/04/2015 09:24
Peut-être qu'en ne perdant pas mon latin , je parviendrai à ne pas perdre la foi . A quoi ça tient , tout de même !! je précise que je suis tout sauf tridentin* ..:-))


*j'entends par "tridentin" le courant qui se qualifie à tort de "traditionnaliste" , car la Tradition de l'Eglise ne commence pas au concile de Trente ...

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