UN BON EXEMPLE?

D'autant que, par delà nos différences, nous retrouvons des motifs qui nous sont proches dans les raisons et les difficultés de ce rapprochement.

"Le Figaro" explique que les deux Églises protestantes historiques(1) se réunissent ce week-end pour franchir une étape décisive dans leur rapprochement. Il s'agit de deux familles, avec leur histoire, leur liturgie, leur théologie (les divergences sont aujourd'hui dépassées, l'une portait sur la présence du Christ dans l'eucharistie, l'autre sur la place de la loi dans la vie chrétienne, décisive pour les calvinistes), mais partageant leurs pasteurs et une foi commune, qui veulent ne faire qu'une Église tout en préservant leur style propre. Elles étaient déjà fédérées au sein de la Fédération protestante de France (FPF), créée en 1905, qui rassemble à ce jour dix-sept dénominations et réfléchit à l'admission de six autres Églises. Mais l'union en cours de discussion est d'essence ecclésiale et non plus fédérative: le principe en avait été adopté en 2007 et toutes les régions consultées depuis deux ans ont voté à une écrasante majorité en faveur de l'union. Toutefois les arcanes théologiques et juridiques sont telles qu'il faudra encore quatre années avant de célébrer définitivement cette union et les deux Églises se donnent jusqu'à 2013 pour finaliser ce projet.

Le président du conseil national de l'ÉRF a affirmé que le projet était motivé «par le besoin d'un meilleur témoignage de l'Évangile». Ce n'est pas «une simple clause de style» a-t-il assuré. Ni «un “machin" institutionnel” concocté par les “appareils” ecclésiastiques pour colmater la dégradation de la vie de nos Églises.». Pour lui, «nos Églises elles-mêmes nous apparaissaient comme des cercles trop fermés, trop identitaires, trop à l'image d'un protestantisme qui n'existe plus». Il a précisé : «Nous avons compris que nous ne pouvions plus fonctionner sur la seule base de la desserte pastorale, et que notre vie d'Église elle-même devait donner priorité à l'annonce de l'Évangile.» En clair, «annoncer» pour faire face à la poussée des mouvements évangéliques et continuer à exister comme une identité forte du protestantisme. Et le président de la FPF avait situé l'enjeu global : «Le protestantisme actuel voit deux types d'Églises se rapprocher : le type luthéro-réformé à dominante rationnelle, intellectuelle, avec un engagement sociopolitique fort ; l'autre à dominante émotionnelle et missionnaire marqué par un discours de séparation d'avec le monde. Mais ces deux types sont de plus en plus hybrides. Le côté militant et confessant des évangéliques est aujourd'hui prudemment repris par les luthéro-réformés qui ne craignent plus de parler d'évangélisation.»

Note

1. L'Église réformée de France (ÉRF), d'origine calviniste, est la principale Église protestante historique en France. Elle compte ≈350 000 membres, répartis de manière très inégale sur tout le territoire métropolitain, à l'exception de l'Alsace-Lorraine et du Pays de Montbéliard. Elle est constituée d'environ 400 Églises locales, regroupées en 50 consistoires et huit régions. L'Église évangélique luthérienne de France (EELF) est moins importante (≈40 000 membres essentiellement dans le territoire de Montbéliard et à Paris), et de création plus récente – fin XIXe siècle. L'union des réformés et des luthériens existe déjà en Alsace et Moselle depuis 2005, où le rapprochement a été juridiquement simplifié dans le cadre du Concordat qui s'applique encore là-bas. Ce cas a servi d'exemple et de modèle pour le projet national en cours d'élaboration,

Rédigé par Vladimir Golovanow le 23 Mai 2009 à 18:24 | 0 commentaire | Permalien



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