Vient de paraître aux Éditions Apostolia: « Bienheureux les cœurs purs. Vie du petit Serjik Stark »
Par la moniale Serafima (Antonina Ossorguine)

Traduit du russe par Nikita Krivochéine
© Apostolia 2022
Disponible en ligne depuis cette page et dans Librairie de la Cathédrale orthodoxe russe à Paris

Dans ce livre, des souvenirs de différentes personnes, parmi lesquelles Saint Sophrony, le Métropolite Euloge, le père Boris Stark.

« Ne dis pas avec tristesse : il n’est plus ; dis avec joie : il a vécu. » (Saint Sophrony de l’Athos)

Ce volume présente la vie du petit Serge Stark (fils du Père Boris Stark, notamment connu pour sa longue correspondance avec Saint Sophrony – voir Lettres à des amis proches, Cerf 2013), ainsi qu’une série de témoignages poignants relatifs à sa courte existence, ayant été rappelé par le Seigneur à l’âge de 9 ans. Ce court récit nous plonge dans le contexte de l’immigration russe en France des années 40, dont de nombreuses figures se distinguèrent par leur sainteté, nous laissant un héritage inestimable.

Vient de paraître aux Éditions Apostolia: « Bienheureux les cœurs purs. Vie du petit Serjik Stark »
« Les athonites disent que le premier pas d’un nouveau-né est un pas vers la tombe. Et en cela, il n’y a pas de découragement, de peur, de tristesse, au contraire – la joie, car elle tue la mort. » Père Boris Stark.

Xenia Krivocheine: "Ce petit livre m’a été offert à Moscou, mais il a été écrit à Paris. Je l’ai ouvert et je n’ai pas pu m’en arracher, je l’ai lu d’un trait. Qui était le petit Serjik ? Un messager céleste? Un ange dans la chair qui s’est envolé un instant dans notre monde pour nous révéler le miracle de l’amour pour Dieu et pour les hommes? À l’âge de 5 ans, Serjik rêvait déjà de devenir moine, une lumière surnaturelle et une bonté illimitée pour tous les êtres vivants émanaient de lui".

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POSTFACE du père Boris Stark et souvenirs de matouchka Nathalie

Il suffirait, semble-t-il de dire « Que Ta volonté soit faite ! Mais comme il est difficile d’accepter la volonté de Dieu, dans un malheur tel que la mort de Serjik ».

Je voudrais ajouter quelques précisons à ce texte de la moniale Sérafima. Serioja était à ses neuf un véritable connaisseur des offices. Il s’était pénétré de l’ordo et des traditions. Il portait le stichère et avait été nommé lecteur sans qu’il y ait eu consécration. Nous ne savions pas s’il était possible de le vêtir de ce stichère pour l’inhumer. Lorsqu’il tomba malade et que, quelques semaines plus tard, il devint conscient d’être à l’article de la mort il pria d’apporter à l’hôpital tous les vêtements dont il sera revêtu après sa mort, y compris le stichère. Il répartit ses effets, ses livres et ses jouets entre ceux auxquels il souhaitait qu’ils soient remis.

Il peut paraître étonnant que l’hôpital n’aie pas immédiatement effectué un examen aux rayons X. C’était le premier semestre de la guerre et l’électricité manquait. Plusieurs évènements tragiques ont coïncidé dans le temps avec la mort de Serjik.

L’un des médecins de Villemoisson, celui qui disposait d’une installation rayons X était à l’armée. Un autre docteur voulait aider Serjik mais il ne pouvait pas se déplacer jusqu’à l’hôpital. La pénicilline venait d’apparaître, tous les stocks de cet antibiotique avait été mis à la disposition de l’armée. Les civils ne pouvaient donc en bénéficier.

Je suis enclin aux larmes mais je ne parvenais pas à pleurer lors de l’enterrement de notre fils. Plus de cinquante ans se sont écoulés depuis la mort de notre fils. Jamais je n’ai questionné Dieu : « Pourquoi, Seigneur, as-Tu laissé faire ? » Je comprenais que ce qui s’était passé devait se passer. Serjik était resté dix ans avec nous. C’est notre fils qui nous a donné des forces pour vivre jusqu’à aujourd’hui.

Matouchka Nathalie écrit : « Quand Serkjik avait un an un véritable miracle s’est produit. Une fois il trébucha, tomba et se mit à pleurer. Je vis que son pouce gauche ne se pliait pas et avait gonflé. Nous eûmes peur et nous nous dépêchâmes d’aller à Paris pour faire un examen aux rayons X. Le docteur dit que les ligaments de son pouce étaient endommagés et qu’il fallait attendre pour opérer. Le risque était que le doigt ne pourrait toujours pas se plier après l’opération. Nous en fûmes attristés.

Le temps passait. Nous apprîmes un jour que l’icône de la Mère de Dieu de la Racine devait venir de Belgrade en France. Cela peut paraître étrange mais jamais auparavant je n’avais pas entendu les mots « icône miraculeuse ». Un prêtre de mes connaissances me conseilla fortement d’aller vénérer cette icône. Ce que nous fîmes. A notre retour nous ouvrons la grille et nous voyons Serjik courir à notre rencontre. Il crie : « Maman, regarde : mon doigt s’est mis à bouger ». Alors le père Boris et moi nous sommes dit l’un à l’autre que tous deux nous avions prié pour cette guérison. Le médecin se refusait à croire à ce qu’il voyait.

Nous avons beaucoup de fois déménagé et changé de lieu. Chaque fois que nous avions emménagé j’étais saisie comme par une hallucination : « Comment faire sortir le cercueil de cet appartement ? » C’est, bien sûr, à Serjik que je pensais. J’avais le sentiment qu’il n’en avait plus pour longtemps. J’ai parlé de ceci avec le métropolite Euloge. Il m’a dit : « Vous ne devez pas penser comme ceci. Je vous l’interdis ».

Une fois Serjik était assis près du seuil de la maison. De petits oiseaux voletaient autour de lui. Il tendit la main et l’un d’entre eux s’assit sur son doigt, serra ses pattes, tomba et mourut. Serjik et moi-même furent très étonnés. Il murmura : « Maman, nous n’allons pas l’enterrer. Attendons papa ». Nous mîmes l’oiseau dans un bouquet de fleurs des champs. Après la venue du père Boris Serjik se chargea lui-même de mettre l’oiseau en terre. Je ne raconte que quelques-uns des épisodes étonnants de la vie de Serjik.

Vient de paraître aux Éditions Apostolia: « Bienheureux les cœurs purs. Vie du petit Serjik Stark »
Photo: Père Boris Stark, son épouse Natalya et Serjik

Lettre de condoléances envoyée aux parents de Serge par le métropolite Euloge

Mes chers, vous éprouvez de grandes souffrances. Je les partage. Je commémore notre cher Serjik dans mes prières. C’était un enfant radieux et juste. Que les ténèbres et l’horreur de la mort se dissipent autour de son petit cercueil. Que les souffrances s’en aillent de son corps. Il souhaitait très fort avoir un petit crucifix, je lui ai envoyé un que j’avais apporté de Terre Sainte. Je pensais que si la maladie venait à l’emporter, si son âme angélique avait à connaître la mort terrestre il emporterait cette petite croix au Ciel. Est-ce à nous qu’il appartient de prier pour lui ? Ou bien faut-il que nous le sollicitions de prier pour nous, pêcheurs que nous sommes ? Il nous regarde d’en haut avec amour et en premier sa mère, son père prêtre. Avec Boris et Natacha, ses parents, nous allons prier pour lui.

Dans l’amour du Christ, le métropolite Euloge, le 20 février 1940

Vient de paraître aux Éditions Apostolia: « Bienheureux les cœurs purs. Vie du petit Serjik Stark »

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 10 Avril 2022 à 07:28 | 0 commentaire | Permalien


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