Vladimir Golovanow :   Sept français à Solovki
Sept Français, descendant de Russes-Blancs et membres de l'Union de Gallipoli ont participé à la restauration de l'ermitage de la Sainte Trinité sur l'ile d' Anzer, dans l'archipel des Solovki, a annoncé mercredi le fond de Saint André Premier Appelé qui organise chaque année ces pèlerinages de restauration. "Ce groupe a mis en place un iconostase dans l'ermitage qui avait été détruit il y a 90 ans. Nous l'avons construit nous-mêmes et nous somme heureux qu'il y ait maintenant, dans cet endroit particulièrement tragique, un iconostase construit par les descendants d'officiers et de prêtres russes" a dit le chef du groupe, Alexis Grigoriev. Le grand-père de sa femme, Georges Mihailovich Ossorguine a péri dans ce camp, fusillé en 1929. Il avait été arrêté pour avoir conservé des vêtements liturgiques… (plus de détails en russe ICI)

Les Solovki sont un endroit unique au monde, où on se sent plus prés du ciel que nulle part ailleurs. Situé au milieu de la Mer Blanche, au-delà du Cercle Polaire, c'est un haut lieu de la spiritualité et de la mémoire russes. Il y d'abord les nombreux saints qui en font l'un des principaux lieux de pèlerinage avant le révolution: fondés par les saints Zosime et Sabbaty, le monastère connut son apogée au XVIe siècle avec l'higoumène saint Philippe (Kolychev), qui fut ensuite appelé à Moscou comme métropolite et fut martyrisé (voir le filme "Tsar"); c'est à lui qu'on doit les prouesses agricoles et ces constructions grandioses qui créent l'atmosphère extraordinaire dont je parlais au début.

 Vladimir Golovanow :   Sept français à Solovki
A partir du XVIIIe siècle le monastère devint l'un des principaux centres de pèlerinage de Russie, avec des centaines de volontaires venant y faire retraite et aidant les moines à développer les constructions et une activité agricole qu'on aurait cru inimaginable sous ces latitudes (on y faisait même murir des pastèques en utilisant la chaleur de la ciergerie…). Le monastère est classé au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1992.

Mais les Solovki symbolisent surtout le terrible martyre du peuple russe au XXe siècle.
C'est là que fut testé et mis au point le système du Goulag dès 1920 et ce camp devint l'archétype de tous les autres; plusieurs dizaines de milliers de détenus y trouvèrent la mort, souvent après avoir subi des "punitions" raffinées. Parmi ces martyres un grand nombre furent des gens d'église martyrisés pour leur fidélité à Jésus Christ dans le cadre de l'opération de liquidation de l'Eglise orthodoxe déclenchée par Lénine le 19 mars 1922: des milliers de prêtres et de moines furent assassiné, les autres déportés aux Solovki où ils furent. C'est tout cela qu'à voulu rappeler le Père Jean (Krestiankin) 1910-1006, l'un des starets les plus vénérés en Russie) en appelant les Solovki "un antimension à ciel ouvert".

Rouvert depuis 1990, le monastère de abrite aux dernières nouvelles environ 40 moines venus de toute la Russie, qui continuent ainsi l'apostolat des anciens et gardent le souvenir des nouveaux martyres. Il est aussi redevenu un lieu saint de plus en plus visité par des milliers de pèlerins ou de touristes venus du monde entier. Le cardinal Vingt-Trois s'y est rendu en 2008 et Sa Sainteté Cyrille I en 2009 et 2010. Les Solovki c'est aussi une nature magnifique et sauvage (j'y ai vu un renard polaire) où chaque année on découvre de nouvelles fosses communes. Les Solovki sont un territoire ouvert à la visite et, selon la tradition, les pèlerins sont reçus et nourris gratuitement pendent les trois premiers jours. Ils peuvent aussi recevoir la bénédiction de rester plus longtemps en œuvrant pour le monastère.
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Une soirée consacrée à la mémoire des déportés des camps Solovki

Rédigé par Vladimir GOLOVANOW le 25 Août 2011 à 09:30 | 6 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Parlons d'orthodoxie le 11/10/2011 21:28
Новый генплан Соловков не предполагает переселение жителей поселка и его ликвидацию

Архангельск. 11 октября. ИНТЕРФАКС - Утвержденный генеральный план Соловков не предполагает ликвидацию поселка, в котором проживают порядка тысячи жителей.
"При разработке генплана нужно было найти сбалансированное решение. Этот процесс шел на протяжении последних четырех лет, рассматривались самые разнообразные идеи - начиная от переселения поселка и заканчивая его сохранением", - сообщил во вторник на пресс-конференции главный архитектор Архангельской области Дмитрий Яскорский.
По его словам, новый генплан позволит выстроить четкую градостроительную политику, изменить внешний облик Соловков.
"Уникальность Соловков сложно переоценить. Сюда ежегодно приезжают тысячи туристов, и они могли увидеть как историческую и культурную уникальность, так и ужасы быта, чего уж тут скрывать", - признал Д.Яскорский.

"Соловецкий монастырь переживает сейчас время возрождения. Десятки памятников федерального значения, объектов культурного и духовного наследия восстанавливается, реставрируется. При этом до недавнего времени поселок жил и развивался по документам, принятым в восьмидесятых годах прошлого века, когда речи о возрождении монастыря не шло", - добавил он.Одной из основных задач нового генплана, по словам его разработчиков, должно стать наведение порядка в застройке. "Поселок захламлен стихийными постройками, многие из которых используются жителями в бытовых целях. После создания новой инженерной инфраструктуры актуальность в данных строениях исчезнет", - сказал Д.Яскорский.

Документ предполагает строительство в центральной части Соловков новой школы, детского сада, больницы, физкультурного комплекса и стадиона. В юго-восточной части города предусматривается строительство нового жилого квартала.
Кроме того, по задумкам архитекторов, планируются реконструкция здания аэропорта, действующей причальной линии и строительство нового причала.

"Вокруг монастыря появится рекреационная парковая зона. Генпланом также предусмотрен разбор недостроенных зданий, расположенных на территории поселка", - добавил главный архитектор региона.
Поселок Соловецкий расположен на одноименных островах в Белом море, где находится действующий монастырь и Соловецкий музей-заповедник, считающийся одним из крупнейших в России. Музей хранит более тысячи объектов культурного наследия, самые древние из которых датируются V тысячелетием до н.э.

Решением Генеральной ассамблеи ЮНЕСКО от 14 декабря 1992 года историко-культурный ансамбль Соловецких островов включен в список Всемирного наследия.

2.Posté par Parlons d'orthodoxie SOLOVKI le 12/10/2011 21:56
На Соловки будет летать регулярный рейс из Москвы

Москва. 12 октября. ИНТЕРФАКС - Регулярный беспосадочный рейс по маршруту Москва-Соловки-Москва начинает действовать с 14 октября.

Как отмечается в сообщении пресс-службы президента, поступившем в "Интерфакс" в среду, таким образом выполняется поручение, данное главой государства в целях повышения транспортной доступности регионов России.
"В соответствии с указанием Дмитрия Медведева рабочая группа при президенте по вопросам восстановления объектов культурного наследия религиозного назначения, иных культовых зданий и сооружений и компания ЗАО "Авиа менеджмент групп", работающая под брендом "Dexter", откроют этот рейс 14 октября", - сообщает пресс-служба Кремля.
Полеты будут выполняться из аэропорта Домодедово по вторым и четвертым субботам месяца туда и обратно....Suite

3.Posté par L'incroyable histoire du monastère des îles Solovki le 09/11/2013 19:22
Connaissez-vous les îles Solovki ? Situé au Nord-Ouest de la Russie dans la mer Blanche, l'archipel de six îles est une réserve naturelle depuis 1974 et est classé au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1992. Si ses paysages et son architecture valent le coup d'œil, cet archipel est surtout chargé d'histoire.

"monastère prospère au Moyen-Âge"

D'une superficie totale de 347 km2 , il ne comptait que 968 habitants en 2002. L'histoire de ces îles très isolées commence en 1429. Deux moines orthodoxes décident alors d'y fonder un monastère. Il faut dire que l'endroit et la sensation d'isolement qu'il procure sont particulièrement propices au recueillement. Aux XVe et XVIe siècles le monastère prospère jusqu'à devenir un des principaux acteurs économiques de la région. Avec le temps, le il se dote d'une garnison militaire, de canons et fait construire deux forteresses lui permettant de repousser les attaques de ses turbulents voisins. Lors de cette faste période, on a pu dénombrer jusqu'à un millier de religieux au sein du lieu. Beaucoup d'entre eux travaillaient manuellement dans des activités allant de la salaison du poisson au commerce de fourrures en passant par le travail de la nacre. Le monastère accueille également des prisonniers sur cette période, en général des dissidents condamnés à l'exil pour des raisons politiques ou religieuses. A côté de ses geôles, le monastère détient des centaines de manuscrits et d'incunables (livres publiés avant 1501) de grande valeur. Il est par ailleurs un haut lieu de l'orthodoxie russe.

"Un nouveau tournant "

L'histoire du monastère prend un nouveau tournant après la révolution bolchevique de 1917. Le bâtiment est réquisitionné pour la création d'un complexe qui se révélera être le premier Goulag (camp de travail forcé). Les moines sont mis aux travaux forcés et sont progressivement incorporés à la masse de détenus fraîchement débarqués dans l'archipel. Le camp a pour mission le "redressement moral" des éléments jugés comme socialement condamnables : bourgeois, intellectuels, tsaristes, anarchistes... Les conditions sont rudes, mais c'est avec l'arrivée de Staline au pouvoir en 1929 que le camp va basculer définitivement dans l'horreur. Un certain Naftaly Frenkel, ancien déporté, est à l'origine de nombreuses idées pour rentabiliser le camp. Il n'est alors plus question de "redressement moral" mais de rationnement, de tortures, d'exécutions et de travail forcé par un temps glacé : les conditions dans le camp sont insupportables, mais il est rentable. On ne connaîtra jamais le nombre exact des victimes décédées sur les îles Solovki, mais elles se comptent en milliers. Le camp sera fermé en 1939 et remplacé par une école de cadets destinée à former les jeunes soldats russes pour la Seconde Guerre mondiale. Le monastère a aujourd'hui retrouvé son rôle initial. Une quarantaine de moines y vivent et participent à sa restauration. Si l'archipel est heureusement aujourd'hui beaucoup plus calme qu'il ne l'a été, il garde un grand intérêt d'un point de vue architectural, avec plusieurs bâtiments multiséculaires.



4.Posté par Tchetnik le 10/11/2013 12:12
Il existe au sujet du bagne des Solovki un témoignage qui date de 1925 et qui fut publié en France en 1928 par Tallandier:

BORIS CEDERHOLM

"AU PAYS DU NEP ET DE LA TCHEKA".

Ajouté à celui d'Ivan Solunievitch, il constitue un des premiers témoignages accessibles aux Occidentaux sur la réalité concentrationnaire soviétique.


5.Posté par Vladimir.G le 10/11/2013 19:14
Les Solovki : îles sacrées, îles martyres:
Très beau reportage de Jean-Louis Tremblais publié le 11/10/2013 (Figaro Magasine). Magnifiques photos...

Je constate en particulier un étonnant développement de la vie monastique: lorsque j'y étais allé, en 1998, il n'y avait qu'une poignée de moines...

6.Posté par Tamara Schakhovskoy le 10/11/2013 20:04
De mon côté, je tiens à vous faire partager l'émotion que me procure ces jours-ci la lecture de l'extraordinaire témoignage de Boris Chiriaev*, "La veilleuse des Solovki", publié en avril 2005 aux Editions des Syrtes. Un trésor à mettre entre toutes les mains !
Le plus bouleversant, c'est que, bien loin d'être une lecture sinistre, il nous parle de ce qu'il y a de meilleur en l'homme : les étincelles de créativité, de spiritualité et de rayonnement de l'esprit qui ont continué de jaillir là-bas, dans l'horreur quotidienne et des conditions de vie effroyables. Paradoxalement, alors que la nuit bolchevique était tombée sur le reste du pays, les bagnards des Solovki, hétéroclite échantillon d'humanité souffrante, parvenaient à maintenir la flamme de la "veilleuse", jouant des pièces interdites ailleurs, célébrant des offices religieux en cachette au prix de mille astuces, luttant pour garder le droit de se sentir "homme", qu'on s'efforçait de leur ôter.

Juste un minuscule extrait pour vous encourager à acheter ce livre qui fait du bien. On y découvre l'inoubliable Père Nicodème, "le pope consolateur". L'auteur l'interpelle, révolté par la manière dont le prêtre l'exhorte à se réjouir malgré tout.
"- Comment diable voulez-vous qu'on se réjouisse avec une vie pareille ?"
Le père Nicodème aussitôt se détourna du rayon de soleil ; il se rembrunit, son expression se fit sévère, fâchée presque :
"Ne dis pas ça ! Ne dis jamais ça ! C'est lui, le diable qui ne donne aucune joie, qui ne produit que la douleur et le désespoir. Chasse-le ! Le Seigneur, Lui, ne donne que joie et réjouissance.
-Drôle de réjouissance ! Vivez un peu ici et vous en souperez, de cette réjouissance ! Le Seigneur a prodigué Ses biens... (...) Ici, ce n'est que boue, puanteur, sang et excréments. Nous ne voyons rien d'autre ici (...).
- Non, fiston, ces excréments-là, ils sont plus doux que nectar et ambroisie. C'est une myrrhe odorante et de l'encens pour l'âme. C'est pareil ici, tout au moins dans ma paroisse.
- De quelle paroisse parlez-vous ici, mon père ? m'écriai-je en riant. Quand vous étiez prêtre, oui, vous aviez une paroisse, mais maintenant, vous n'êtes plus rien, même pas une personne - un numéro, un néant...
- Moi, un néant ? (le père Nicodème bondit de son châlit). Mais qui pourrait faire de moi, moi qui suis enfant de Dieu, Sa créature, et un prêtre de surcroît, un rien, un néant ? J'étais pope, je le reste (...) et ma paroisse, je l'ai toujours. Qui m'aurait pris ma paroisse ? La voilà, tu la vois (il montra d'un geste les rangées de châlits) : trois rangées sur deux côtés. Elle est grande, ma paroisse. On n'en voit pas beaucoup des comme ça ! (...) Tu n'as donc rien vu ? Eh bien, regarde ! (il me prit par les épaules pour me forcer à me retourner vers les châlits). Qui est couché là ? Qui déambule ? Ce sont eux ! Tous sont lépreux et tous veulent être guéris. Ils ne savent pas eux-mêmes ce qu'ils demandent, mais ils le demandent instamment. Et pas seulement en prison, dans le monde aussi, où ils sont encore plus nombreux. Tous ont soif, tous supplient..."
Je ne voyais plus que le visage ruisselant de lumière du vieux prêtre ; ce visage me cachait tout le reste - et les rangées de châlits, et la masse humaine qui y grouillait, et les murs calcinés de l'église profanée. Je ne voyais que deux yeux, deux paupières parsemées de cils clairsemés, et deux larmes, deux lourdes larmes de vieillard.
(...) De ses deux mains, le père Nicodème me fit tourner la tête vers la fresque, dans l'ombre. (...) Les peintures n'étaient presque plus visibles. Sur le fond obscur du mur humide, on ne distinguait plus que les deux bras levés du père qui retrouve son fils et exulte de joie.
"Regarde, ouvre les yeux, vois et réjouis-toi !" murmurait le père Nicodème."


* Boris Chiriaev (1889-1959), fils de propriétaire terrien, philologue, engagé volontaire dans le régiment des hussards de Tchernigov, capitaine en second, arrêté pour tentative de passage à la frontière. D'abord condamné à mort, il fut finalement déporté et arriva aux Solovki en 1923, dans le "premier convoi". Il y passa sept ans avant d'être relégué pour éviter la surpopulation du camp. Son témoignage porte sur ces premières années de mise en place du système du goulag.

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