ZOOM SUR UN LIVRE - "La beauté salvatrice, Mère Marie SKOBTSOV" de Xénia KRIVOCHEINE, une belle musique qui plaît aux yeux !
Une recension de Carol SABA
(porte-parole de l'Assemblée des Evêques orthodoxes de France)

"... Viendra le jour: dans l'étendue des mondes ... ayant vaincu en tout la force de destruction - Pour glorifier le Créateur, nous nous lèverons des tombes, Accomplissant le commandement d'amour et de résurrection" (Mère Marie, 1945, peu avant sa fin tragique au camp de concentration de mort)

"La beauté sauvera le monde !" disait DOSTOEVSKI. L'ouvrage "La beauté salvatrice, Mère Marie SKOBTSOV" de Xénia KRIVOCHEINE, en est une belle illustration ! A plus d'un titre ! Cet ouvrage dont il convient de saluer la sensibilité ecclésiale mais aussi poétique, artistique et esthétique, est riche d'illustrations, au sens direct et indirect de l'expression. "La Beauté salvatrice" n'est pas que le titre de l'ouvrage publié aux éditions CERF 2012 et préfacé par Sa Sainteté le Patriarche Cyrille de Moscou et de toutes les Russies, mais c'est aussi, et surtout, une invitation à découvrir ce beau livre, qui décline page après page le parcours inspiré de cette sainte "contemporaine" de l'Eglise orthodoxe en France, mettant en relief à travers ses écrits, des éléments signifiants de son œuvre -peintures, dessins, broderies etc.- qui s'inscrit avec une beauté d'une rare expressivité dans la tradition de l'Eglise orthodoxe

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. Mère Marie (+ 1891-1945) est un personnage haut en couleur, une sainte qui nous est proche, qui a connu dans la chair les affres et les horreurs de la barbarie des idéologies totalitaires du vingtième siècle, et a fini sa vie en martyr, "témoin" du Christ. Une sainte qui, après avoir prononcé ses vœux monacaux à Paris en 1932, et accompli son service dans le sacrement du frère au cœur même de ce village qu'était dans Paris intra muros, le 15ème arrondissement, a été arrêtée pour sa participation à la Résistance, et a été déportée à Ravensbrück, où elle périt dans les camps de la mort

Canonisée par le patriarcat œcuménique de Constantinople lors de sa session du 16 janvier 2004, avec le père Dimitri KLEPININE (+ 1904-1944) et de leurs compagnons, Georges (Youri) SKOBTSOV(+ 1921-1944) et Élie FONDAMINSKY (+ 1880-1942) ainsi que le père Alexis MEDVEKOV (+ 1867-1934), des personnalités marquantesde l’histoire spirituelle de l’émigration russe en France, elle appartient désormais au plérome de l'Eglise orthodoxe, et est devenu un des maillons de "cette chaine d'or de saints, rassemblés de génération en génération" dont parle Saint Syméon le Nouveau Théologien. De prime abord, comment ne pas être saisie par la couverture de ce livre riche en visuels, noir et blanc et en couleur ?

La belle et expressive représentation des "Anges aux trompettes" (aquarelle de Mère Marie de 1918) vous invite, à partir de cette dimension prophétique d'eschatologie apocalyptique, à pénétrer et à suivre étape après étape, ce chemin de croix de Sainte Marie SKOBTSOV, un chemin de gloire qui l'a conduite au témoignage ultime, celui du martyr. Comment ne pas être sensible aussi à l'intelligence spirituelle de la poésie de Mère Marie, ses croquis, ses dessins, sa broderie, sa peinture, qui expriment une lutte spirituelle, un combat mené non sans déchirures vivifiantes et créatrices, un combat riche de verticalités et d'horizontalités, qui ne regarde qu'un seul terminus: l'Unique nécessaire ?

Captivité et contemplation aussi devant l'icône de "Sainte Marie l'Egyptienne", peinte par Mère Marie en 1932.Sa beauté vous saisie dès les premières pages qui précèdent la préface de Sa Sainteté Cyrille de Moscou. On y voit Marie l'Egyptienne un peu comme un fœtus, entourée toute en circularité par un ange majestueux au visage nourri de tendresse déployant ses ailes géantes pour entourer, comme une mère entoure son enfant, la sainte ascète du désert d'Egypte.

Signifier le signifiant dans le parcours de Mère Marie. C'est là que réside la grande sensibilité et intelligence de cet ouvrage de Xénia KRIVOCHEINE qui s'expriment à travers une construction thématique, une chorégraphie dansante des textes et des illustrations, qui réussie à se hisser à la hauteur des profondeurs du parcours d'une sainte à la fois dépouillée mais aussi, et surtout, riche en couleur, en espérance et en vie pour le Christ. Le livre s'enrichit d'une très belle préface de Sa Sainteté Cyrille de Moscou, mais aussi, en postface, d'une riche contribution du professeur Georges NIVAT. Il comprend une biographie exhaustive de Mère Marie (avec des "moments clés posthumes") présentée sous forme de "Chronique de la vie de Mère Marie".

La partie centrale présente plusieurs illustrations de la vie et de l'œuvre de Mère Marie. Le tout un hymne émouvant et profond à celle qui écrit "Je connais seulement les joies du don, pour éteindre par notre sacrifice le chagrin du monde, pour que le feu et la clameur des aubes sanglantes soient noyés par les pleurs de compassion" (Mère Marie SKOBSTOV). Un livre d'une beauté expressive. A voir et lire certainement !

Suite Assemblée des Évêques Orthodoxes de France AEOF

ZOOM SUR UN LIVRE - "La beauté salvatrice, Mère Marie SKOBTSOV" de Xénia KRIVOCHEINE, une belle musique qui plaît aux yeux !

Rédigé par AEOF le 3 Novembre 2012 à 11:39 | 3 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par père Alexandre Winogradsky Frenkel le 06/11/2012 23:58
Le livre de Xénia Krivocheine "La Beauté Salvatrice, Mère Marie Skobtsov" se rapporte à l'importance de l'art dans la vie de la moniale, de sa créativité et fécondité artistiques qui plongent à la richesse de sa vie spirituelle au service des plus démunis, dans un temps de grande détresse historique et religieuse.

L'éloge qu'en fait Carol Saba en sa qualité de porte-parole de l'Assemblée des Evêques Orthodoxes de France souligne le sens de cette "beauté qui sauve le monde", expression dostoïevskienne qui fait écho au propos du livre de Paul Evdokimov "La Femme et Le Salut du Monde". Beauté et salut sont au coeur de la destinée exceptionnelle de Mère Marie Skobtsov. Le site créé par Xénia Krivocheine en langue russe pour rendre accessibles les écrits, les poèmes de la sainte "http://mere-marie.com/" et l'ensemble de son œuvre, permet de se ressourcer auprès de celle que le Métropolite Euloge eut l'intuition de bénir pour une vie consacrée au don total de soi.

Ce livre est préfacé par le Patriarche Cyrille de Moscou et de toutes les Russies. Elle fut canonisée le 16 janvier 2004 après une décision du Saint Synode de l'Eglise de Constantinople et glorifiée à la cathédrale Saint Alexandre Nevsky, à Paris les 1er et 2 mai de cette même année.

Le Patriarche Cyrille marque l'intérêt de l'Eglise orthodoxe des Russies pour ses diasporas. Lentement, avec discernement, l'Eglise-Mère de Moscou peut prendre la mesure de sainteté portée par diverses personnalités qui ont montré le chemin de vies totalement vouées au Salut. Ceci se produisit souvent à partir d'un chemin éloigné du Seigneur qui s'est épanoui, avec beauté et grande profondeur, dans le sacrifice total et paradoxal de leur vie, par-delà toutes normes établies. Les compagnons déportés et morts au camp de Ravensbrück et de Dora (pour le Père Dimitri Klepinine et Youri, fils de Mère Marie) ont chacun à leur manière suivi l'exemple de celle avec laquelle ils se dévouaient aux autres. Ilya Fondaminsky, juif baptisé au camp de Cimpiègne mourut à Auschwitz.

La beauté de l'art comme le salut qui vient par la femme dépassent de loin toutes formes de typisme humain. Le Christ vient rappeler que l'être humain est créé à l'image et à la ressemblance du Père céleste, Créateur du ciel et de la terre (Genèse 1.27, 5.1, 9.6). Mère Marie se consacra de tout son cœur, de toute son âme et de toutes ses forces , à savoir ses ressources matérielles - conformément au précepte divin (cf. Deutéronome 6.5, Matthieu 2,37 - Luc 10.27) au Sacrement du Frère qui fut ainsi manifesté dans un climat particulier. Nul doute qu'en la circonstance on peut voir avec clarté à quelle hauteur la moniale de la Rue de Lourmel, 75015 (Paris) sut incarner le deuxième précepte biblique et christique de l'amour du prochain (cf. Lévitique 19.18, Matthieu 19.19, Marc 12.31, Luc 10.27, Romains 13.9, Galates 5.14, Jacques 2.8).

Faut-il y voir un signe: dans la plupart des langues, il est bien question de l'amour du "prochain", celui qui ne serait que "proche"? L'hébreu suggère plus: "ואהבת לרעך = "veahavta lerèacha" ou le mot "rèa/רע " s'écrit sur le modèle de la racine "ra'/רע ", donc celui qui est l'ennemi, celui qui veut faire le mal et non celui qui est proche. Ceci est au coeur du kérygme christique en ce que le Seigneur ne nous demande pas de nous aimez selon des critères de proximité humaine - ce que les païens savent faire (Matthieu 5.38-48).

Mère Marie a partagé la vie des siens comme de ceux qui lui étaient "autres", bien au-delà des limites admises. Ce fut vrai lors des engagements au sein de la société athéiste de la Révolution bolchévique. Elle découvrit le don de soi-même dans son offrande monacale et l'émigration orthodoxe russe en Europe et à Paris.

Le livre de Xénia Krivocheine prend alors une dimension particulière si l'on replace la montée de Mère Marie vers Dieu dans sa participation active, fraternelle et donc divino-humaine à sauver ceux qui étaient poursuivis pour la seule raison d'exister. La moniale russe, révoltée dans la société où elle vit le jour trouva son point d'obéissance au Seigneur et à l'Eglise dans le don aux plus faibles, aux Juifs partis de Russie qui venaient chercher à la rue de Lourmel, des certificats de baptême et un accueil de bonté.

L'histoire verra comment et pourquoi l'Eglise accepta, principalement en Occident, de délivrer des cerficats de baptême comme sauf-conduits à des Juifs qui sont, par nature, les frères du Seigneur. Cela ne les aida que rarement. Beaucoup ne furent pas soustraits à la déportation et l'extermination.

Mère Marie, comme d'autres martyrs chrétiens qui périrent en déportation, eut un autre geste: elle prit la place d'une jeune femme pour la sauver de la mort. On se souviendra que, dans ses poèmes, la religieuse russe évoqua l'étoile jaune" (de David) imposée aux Juifs par les lois de Vichy (elle vécut cela dans le contexte spécifique de la France), donnant à cette infamie son sens spirituel traçant un lien d'enracinement en l'identité-même de Jésus de Nazareth.

Ces jours-ci, Jérusalem est présente au cœur des fidèles chrétiens, en particulier pour le Patriarche Cyrille de Moscou et de toutes les Russies, comme de tous ceux qui, dans une société mixte israélienne et arabe palestinienne. L'Eglise "Mère de toutes les Eglises de Dieu" s'interroge sur son avenir. L'Eglise a les promesses de l'éternité, celle-là même dont Mère Marie a témoigné avec une rare ferveur. Mère Marie ne peut inciter à gommer les typismes. Au contraire, elle a a montré la grandeur à prendre le risque de les assumer. Elle a sut offrir sa vie à la place d'une jeune juive tandis que le Christ déclare "Le salut vient des Juifs" (Jean 4.22). Elle interroge donc l'Eglise - notamment orthodoxe - et la conduit non à taire ce fait, mais à rappeler que l'Eglise dépasse tout phylétisme, toute forme de neutralité ou d'esprit partisan pour affirmer la beauté et la singularité de la résurrection.

Archiprêtre Alexander Winogradsky Frenkel
(Jérusalem)

2.Posté par Nicolas Tchavtchavadzé le 07/11/2012 12:09
Le livre est magnifique, je l'ai acheté il y a près d'un mois. Merci à Xénia et à son mari (qui a dû l'aider) pour ce livre exceptionnel par sa teneur et ses illustrations.

3.Posté par Cathédrale Saint-Alexandre-Nevsky Adresse le 26/11/2012 22:24
“La beauté salvatrice, Mère Marie SKOBTSOV” de Xénia KRIVOCHEINE,
une belle musique qui plaît aux yeux! A déguster certainement!
SUITE

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