l’État turc, l’imposant séminaire orthodoxe de l’île de Halki,a été transformé contre toute attente en un sanatorium en institut islamique
Rappelons 2018: les nombreuses demandes adressées par le patriarche Bartholomé au gouvernement turc afin que soit rouvert le séminaire de Halki . Jusqu'à présent rien n'a changé, la situation continue même à s'aggraver

Un hôpital situé sur l’île turque de Halki a été remis à la Diyanet, la direction nationale des affaires religieuses, afin d’être transformé en centre d’enseignement islamique. Dans le même lieu, l’école théologique orthodoxe de l’île a été fermée sur ordre de l’État depuis 1971 et n’a pas été autorisée à ré-ouvrir

Alors que le Patriarcat œcuménique de Constantinople attend depuis des années la réouverture de son séminaire sur l’île turque d’Halki, les autorités turques ont fait savoir, jeudi 2 août, leur intention d’ouvrir un centre d’études islamiques face à ce centre d’étude orthodoxe inauguré à la fin du XIXe siècle.

Depuis 1971, date de sa fermeture officielle par l’État turc, l’imposant séminaire orthodoxe de l’île d’Halki est devenu un moyen de pression courant des autorités turques sur le Patriarcat œcuménique de Constantinople.

Adossé à un monastère orthodoxe du XIe siècle, l’établissement religieux est un symbole très fort pour tous les grecs-orthodoxes du Patriarcat œcuménique. Plus qu’un simple séminaire, il crée un sentiment d’appartenance chez tous les grands responsables orthodoxes du pays, qui, pour la plupart, y ont été formés.

Mais l’annonce par le gouvernement turc, le 2 août 2018 de l’installation d’un centre d’étude islamique sur l’île semble marquer un véritable coup d’arrêt à une possible réouverture du séminaire, fermé depuis 47 ans. « L’annonce de la création de ce centre islamique est vécue comme un véritable désaveu pour les grecs-orthodoxes du Patriarcat œcuménique de Constantinople », selon Nicolas Kazarian, chercheur associé à l’IRIS en charge de l’observatoire géopolitique du religieux.


Guerre des symboles

D’après le chercheur, « une véritable guerre des symboles s’engage avec cette annonce », alors même qu’en avril, une rencontre entre le président turc Erdogan et le patriarche Bartholomeos laissait espérer une possible réouverture du séminaire. Cette annonce « est typique des discussions depuis de nombreuses années sur Halki », explique Nicolas Kazarian, le gouvernement turc usant sans ménagement de la politique « du bâton et de la carotte ».

En 2013, Recep Tayyip Erdogan avait proposé de rouvrir le séminaire d’Halki en échange de la réhabilitation de deux mosquées dans la capitale grecque. « Quand on rend quelque chose, on a le droit d’attendre certaines autres choses en retour, avait déclaré le président turc devant les parlementaires. De quoi s’agit-il ? Nous avons deux mosquées à Athènes. Elles appartiennent à l’héritage ottoman. L’une est la mosquée Fethiye. Nous disons aux Grecs : rendez-la nous et nous allons la restaurer ! »

Le gouvernement local avait aussitôt refusé, réaffirmant sa volonté d’obtenir sans marchandage la réouverture de l’école de théologie de Halki.

Un projet d’effacement de l’identité grecque orthodoxe

D’après des informations du site russe Sedmitza.ru, les plans de constructions des nouveaux bâtiments indiqueraient que le futur centre d’étude islamique serait construit juste en face de l’actuel séminaire.

« On ne sait pas encore précisément quelle forme prendra l’ouverture de ce centre islamique » nuance Nicolas Kazarian, rappelant qu’il ne s’agit encore que d’une annonce. Mais d’après lui, « cette ouverture est une tentative claire d’effacement plus forte de l’identité grecque orthodoxe dans le pays ».

La réaffirmation par le pouvoir d’une Turquie musulmane

Finalement, conclut-il, « le séminaire d’Halki, à cause de ce qu’il représente, est une victime collatérale de la politique d’affirmation, en Turquie, d’une fusion entre l’identité nationale et l’identité religieuse musulmane ».

Selon Fuat Bekiroğlu, chef du département des affaires religieuses de Halki, le projet commencera à être réalisé lorsque la propriété de la pinède de l’île sera transférée au département, ce qui n’est pas encore le cas à ce jour.

Les habitants d’Halki, majoritairement de culture grecque orthodoxe, ne sont pas satisfaits du nouveau projet. L’île est déjà surpeuplée pendant la saison touristique, invoquent-ils. Et ils ne sont pas pressés de voir les étudiants musulmans affluer sur l’île.

Julien Tranié, La Croix, le 28/08/2018

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 11 Septembre 2020 à 11:32 | 4 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Tchetnik le 11/09/2020 16:15 (depuis mobile)
En se soumettant corps et âme aux banksters, Bartolomé aura fini par tout perdre.

2.Posté par Pandèlis le 11/09/2020 21:57
Grec Orthodoxe, vivant dans l'archipel du Dodécanèse en Grèce, plus précisément dans l'île de Symi, sous la juridiction du Patriarcat Œcuménique de Constantinople, il est temps que notre Patriarche, sa Toute Sainteté Bartholomé oppose une indignation ferme et musclée à ce nouvel affront du petit sultan Hitl...en Erdogan.

Après le blasphème de la conversion de notre basilique Sainte Sophie de Constantinople en mosquée, suivie de celle de l'église du Saint Sauveur de Chora dans la même ville, nous apprenons aujourd'hui la future construction d'un centre d'étude islamique sur l'île de Halki, juste en face le fameux séminaire, école de théologie du Patriarcat, fermé depuis 1971par ordre unilatéral des autorités turques de l'époque. Trop c'est Trop !!!

Comme l'état grec réagit militairement aux provocations turques en mer Égée dans nos eaux territoriales, il ne doit pas laisser notre Patriarche Bartholomé se battre seul. La fermeture provisoire de la grande mosquée d'Athènes et celle de Thessalonique devraient être ordonnées par le gouvernement grec jusqu'à ce qu'Erdogan se calme et revienne sur ses décisions blasphématoires et contraires à la liberté de culte pour les grecs Orthodoxes de son pays et du monde entier pour les blasphèmes.

3.Posté par Gilles le 11/09/2020 23:40 (depuis mobile)
Espérer c''est accepter les coups . Discerner provocations ou blasphèmes aussi . Chrétien ce n''est pas un état fini ni figé c ''est , cela dit sans uniatisme , accepter ensemble d'' Espérer

4.Posté par IVAN le 17/10/2020 13:23
PÉTITION : NON À LA TURQUIE
DANS L'UNION EUROPÉENNE !
Depuis quelques mois, le dirigeant turc Receip Erdogan menace la Grèce, Chypre et le peuple arménien et mène méthodiquement une politique expansionniste aux portes de notre continent.

En signant cette pétition, nous affirmons clairement notre conviction : la Turquie n’est européenne ni par sa géographie, ni par son histoire, ni par sa culture, ni par son comportement.

Il est scandaleux que malgré les mots d’apparente fermeté, le processus d’adhésion de la Turquie n’ait été que suspendu et non abandonné. Il n’est pas acceptable que l’Union européenne continue à verser à la Turquie près d’un milliard d’euros par an au titre des aides de pré-adhésion.

Tous ensemble, nous demandons que la France obtienne de l’Union européenne un abandon clair et irrévocable d’un processus d’adhésion qui n’a plus aucun sens.

Monsieur le président de la République, au nom de la France, prenez vos responsabilités !

5.Posté par Pandèlis le 17/10/2020 14:44
Je partage votre coup de gueule Ivan et merci de la part de tous mes compatriotes de l'île de Symi où je vis et qui se trouve à quelques encablures des côtes turques. L'histoire l'a prouvé, souvent nous grecs, mais aussi nos cousins arméniens sommes bien seuls face à cette engeance de vipères turques. Merci aux français, mes compatriotes aussi, qui nous soutiennent....

6.Posté par Tchetnik le 17/10/2020 18:32
Plutôt que de faire une pétition contre la Turquie dans l'"union" (oignon) "Européenne", il vaut mieux faire une pétition contre l'"union" "européenne", car c'est d'elle que vient une partie du problème. Elle est par principe très anti-chrétienne, donc très complaisante envers l'islam.

7.Posté par Jonas le 18/10/2020 03:07
@la rédaction :
Pardonnez-moi, je ne voudrais pas être vexant et j'espérais que quelqu'un d'autre vous le signalerait avant : le titre de l'article n'a ni queue ni tête ! Il devrait être formulé : "Un sanatorium de Halki (île où se trouve aussi le séminaire orthodoxe fermé par l'Etat turc en 1971) transformé par les autorités en institut islamique".
Heureusement le corps de l'article remet les choses au point !
@Pandélis :
Il n'y a aucun "blasphème" à transformer deux musées (c'est ce qu'étaient Saint-Sophie et Saint-Sauveur-in-Chora d'un point de vue légal) en mosquées... Mais provocation certainement, et violation de la charte de l'Unesco dont relèvent ces deux édifices... Or l'Unesco a à peine réagi !
Certes les deux étaient des églises chrétiennes... du temps de l'Empire byzantin. Mais il (ou ce qu'il en restait) est tombé en 1453, et aussi bien Sainte-Sophie que Chora ont déjà été mosquées depuis lors, et jusqu'à leur transformation en musées par Mustapha Kemal Atatürk dans les années 1920. Cinq siècles, c'est une durée respectable, moindre certes que celle de l'existence de Sainte-Sophie comme église chrétienne, mais presque aussi longue dans le cas de Chora... Et pour Erdogan, le "nouveau sultan", défaire ce qu'a fait Atatürk, c'est s'égaler au "père de la nation" !
Il faudrait que l'Unesco introduise dans sa charte un article selon selon lequel un édifice ne peut être utilisé que dans l'intention selon laquelle il a été concu par ses constructeurs... Car ni Sainte-Sophie ni Chora n'ont été conçues comme mosquées... et cela se verra toujours pour un oeil attentif ! Cela dit, aux premiers siècles du christianisme, les empereurs et l'Eglise ont aussi transformés bien des temples païens en églises...
Reste le cas de la fermeture de Halki, qui est effectivement une entrave à la liberté religieuse...
Et installer juste en face un institut islamique est un coup très dur pour le patriarche Bartholomée, qui espérait vraiment jusqu'à une date récente la réouverture du séminaire orthodoxe...
C'est pourquoi je suis d'accord (sur le fond, pas la forme !) avec Tchetnik dans son post 1).
Mais il n'y a pas de quoi se réjouir, sauf pour les gens à courte vue qui voient "Constantinople" humilié et "Moscou" triomphant : à terme, c'est toute l'Orthodoxie qui est atteinte et qui souffrira...

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