Archimandrite Serge (Chévitch) 1903-1987 à l'occasion du 34e anniversaire de sa dormition

Parlons D'orthodoxie

Introduction

Le père Serge Chévitch fut en relation avec la correspondante de ces lettres de 1930 à son décès en 1960. C'était une dame russe, émigrée à Paris avec sa fille, qui avait perdu toute sa famille et traversé de dures épreuves. La dépositaire des lettres n'a pas autorisé leur publication intégrale mais seulement les extraits présentés ici.

Aucune des lettres n'étant datée, on ne peut leur attribuer d'ordre chronologique mais on comprendra facilement qu'elles appartiennent à des périodes bien différentes de la vie de la correspondante.

Lorsqu'il devint moine, le père Serge vivait alors à Paris dans un petit monastère rattaché à la toute proche communauté des Trois Saints Hiérarques, restée depuis 1931 sous l'homophore du Patriarcat de Moscou. Le petit groupe comptait ou avait compté depuis sa fondation, tant parmi les clercs que parmi les paroissiens, plusieurs correspondants directs de saint Silouane, la moniale iconographe Théodosie (Orlova), le futur archevêque Séraphin (Rodionov) ou Nadejda Soboleva (future moniale Silouane) notamment, ou du père Sophrony (Sakharov), comme le fondateur de la communauté des Trois Saints Hiérarques lui-même, le métropolite Benjamin (Fedtchenkov), le moine iconographe Gregoire (Kroug), sans parler de l'archimandrite Dimitri (Balfour).

C'est à saint Silouane que le père Serge lui-même écrivit, lorsqu'il résolut de devenir moine en 1938, pour lui demander sa bénédiction. La réponse du starets fut la dernière lettre qu'il écrivit avant sa mort. Déposée sur la table de sa cellule, elle fut postée le lendemain par le père Sophrony.

Archimandrite Serge (Chévitch) 1903-1987 à l'occasion du 34e anniversaire  de sa dormition
Extraits des lettres du Père Serge Chévitch à l’une de ses filles spirituelles

1. Toutes les personnes saintes et justes ne prêtaient attention ni à la sécheresse [intérieure], ni aux pensées, ni à la lutte [spirituelle], ni non plus aux joies, aux douceurs, aux consolations spirituelles. Elles n’aspiraient qu’à une seule chose : être fidèles au Seigneur par l’accomplissement, à chaque instant, de Ses commandements, le service du prochain, la garde du cœur, etc.

2. La seule et unique cause de tous nos désordres aussi bien intérieurs qu’extérieurs est l’abandon de la prière ! Prier, prier, prier, — et tout ira mieux. Voilà la recette générale et universelle. Il n’y en a pas d’autre. Nous sommes faibles parce que nous sommes seuls. Nous sommes seuls parce que le Seigneur est absent ! Le Seigneur est absent parce que nous ne Lui demandons pas d’être en nous ! Tout est là. Plus nous prierons avec ferveur, avec constance, avec attention, plus le Royaume de Dieu qui est en nous s’ouvrira rapidement. C’est cela le bonheur et la félicité ! Et alors plus rien d’autre ne nous est nécessaire. Celui qui [demeure] dans le Royaume, règne !

3. L’essence même de la vie spirituelle est la paix et la joie dans le Seigneur. Pour disposer notre cœur à la paix, il nous faut y consacrer toute notre attention et tous nos soins, tout en sachant que la véritable paix intérieure est un don de Dieu. Pour cela, il faut extirper du cœur tout ce qui peut troubler cette paix intérieure : les sentiments mauvais, l’irritation, l’envie, la convoitise, la vaine agitation, etc. Tout cela nous ravit la paix intérieure et la quiétude. Soyez en paix et le but est atteint. C’est cela le bien-être ou le début de la béatitude. Ne vous souciez que de cela. Dès que vous voyez que quelque chose trouble la paix, rétablissez-la immédiatement, du matin jusqu’au soir. Vous avez péché, ne vous découragez pas, mais, simplement après avoir demandé au Seigneur de vous pardonner, invoquez de nouveau son saint Nom et vous goûterez la douce paix du cœur. C’est en cela que consiste l’essence de la vie spirituelle : ce ne sont ni les prosternations, ni les exploits ascétiques, ni les jeûnes, mais la paix et la joie dans le Saint-Esprit. C’est parfaitement pratique, facile et à la portée de tous et de chacun. Que chacun se serve et prenne autant qu’il veut (cf. Jean 6, 11).

4. La confession est [uniquement] l’énonciation de ce qui est transgression de la volonté de Dieu, quand le cœur l’a clairement comprise.

Mais lorsqu’on a envie de s’entretenir d’un sujet spirituel, elle peut tout à fait être remplacée par une conversation avec une amie proche, ou par une correspondance avec des gens qui ont une expérience spirituelle, tels des anciens de Valaam, ou de l'Athos , — je peux vous fournir des adresses —, ou enfin par la lecture d’ouvrages spirituels. Il est nécessaire de lire constamment. Ce que vous avez lu aujourd’hui peut, tout d’un coup demain, jeter la lumière sur une quelconque difficulté spirituelle ; [lisez] principalement l’évêque Théophane [le Reclus], l’évêque Ignace [Briantchaninoff], la Philocalie.

La prière de Jésus c’est l’Amour pour Dieu et le premier commandement, aussi bien de l’Ancien que du Nouveau Testament : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu » (ce qui veut dire : « Pratique la prière de Jésus », qui est justement Amour de Dieu). Grâce à cette prière, sans l’avoir même cherché, le cœur s’enflammera d’amour pour le prochain et pour toute créature de Dieu. Il n’est pas possible d'aimer sincèrement le Créateur sans aimer l’œuvre de Ses mains. Aimez ceux qui vous entourent : c'est cela même la prière de Jésus. A chaque effort dans cette direction, de votre cœur coulera aussitôt « la source d’eau vive jaillissant en vie éternelle » (Jean 4, 14), c’est-à-dire l’amour de Dieu, l’allégresse du Saint-Esprit, c’est-à-dire la prière incessante.

(1) Ce que le Père Serge faisait lui-même, avec le starets Jean de Valaam notamment, ou avec saint Silouane.
Lire aussi

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5. Toi seul Seigneur, unique et sage, connais « les temps et les moments (cf. Actes 1, 7). Et nous, non pas comme des démons ingrats, mais comme des enfants de Dieu reconnaissants, aimants et bien-aimés, nous supporterons tout patiemment, avec de la gratitude dans le cœur, avec une action de grâce sur les lèvres. Réjouissez-vous dans le Seigneur et ravivez sans cesse dans votre âme la flamme de cette joie salvatrice. Répétez mentalement au Seigneur : « Je Te rends grâce pour tout ! Je Te rends grâce, à Toi qui es sage, à Toi qui es bon, à Toi qui seul aimes et es aimé ! Tu m’as donné de connaître les voies de la Vie. Tu m’as abreuvée à la coupe de Ton Amour. Tu m’as amenée dans Ton Temple ! Tu m’as fait communier à Ta souffrance et à Ta gloire ! ».

Je voudrais tellement vous apaiser complètement, afin que vous suffise pour longtemps cette réserve de quiétude. Il ne faut pas beaucoup exiger du Seigneur, ce serait l’indice d’une attitude incorrecte à l’égard de la vie spirituelle. Le Seigneur enverra tout ce qui est nécessaire, mais en temps utile. Il ne faut pas que la vie spirituelle devienne seulement une soif de consolation et de plaisir. Le Seigneur veut de notre part de la fidélité, du dévouement, de la constance dans la patience et la reconnaissance. C’est cela qui a du prix. Tout le reste n’a aucune valeur dans la vie spirituelle. Ceux qui sont expérimentés dans la vie en Dieu n’accordent aucune signification ni aux consolations, ni à leurs suppressions passagères ou à leur absence. Dans le livre La Lutte invisible, l’évêque Théophane [le Reclus] dépeint très bien tout le chemin de la vie spirituelle et il y a des chapitres tout à fait compréhensibles sur la prière et sur la prière de Jésus. Essayez de vous procurer cet ouvrage quelque part et lisez-le, rafraîchissez dans votre mémoire tout ce qui se rapporte au chemin spirituel et essayez de voir ce qui vous convient ou non.

Mais par-dessus tout, luttez contre l’acédie. C’est votre combat principal. Si vous venez à bout de l’ennemi, le reste sera pour vous simple et facile. Votre acédie s’est renforcée après les épreuves que vous avez vécues, d’où la nécessité de beaucoup vous battre contre elle ; mais vous la vaincrez. Ayez seulement le cœur à l’ouvrage ! Montrez-lui que vous êtes un lutteur et un combattant courageux, et elle n’osera plus s’approcher de vous.

N’attendez aucun succès facile et rapide dans la vie spirituelle, c'est le premier indice d’un manque de fermeté. D’ordinaire, celui qui cherche une réussite prompte et facile dans la vie spirituelle se refroidit rapidement et se détache du Seigneur. Mais si nous nous disposons à peiner toute notre vie, pour, à la fin, récolter des fruits bons et mûrs, alors nous les récolterons quand le temps viendra. Il ne faut se comparer à personne. C’est un terrain [favorable] aux tentations ennemies. Le dicton « qui va lentement va sûrement » se vérifie largement dans la vie spirituelle.

Que brûle toujours en vous le désir d’être ferme, reconnaissante envers Dieu (les démons sont orgueilleux et ingrats) et répandez sur les autres une gaieté chaleureuse, la joie, la vaillance, la consolation ! SUITE en PJ et
Plusieurs publications sur "PO" starets Serge (Chévitch)


Archimandrite Serge (Chévitch) 1903-1987 à l'occasion du 34e anniversaire  de sa dormition
ПРИГЛАШАЕМ ПОСЕТИТЬ САЙТ и АРХИВ Un site consacré à l’histoire de la paroisse de la Sainte-Trinité et des Nouveaux Saints Martyrs russes à Vanves /PM/

Qui retrace l’histoire de la paroisse de la Sainte-Trinité à Vanves vient d’être mis en ligne. Fondée en 1935 par l’archimandrite Stéphane (Svetozarov) (1890-1969), la paroisse devient un centre spirituel important grâce à la présence de l’archimandrite Serge (Chévitch), qui en est responsable de 1945 à 1987.

Son fils spirituel le plus célèbre est le moine Grégoire /Kroug/ dont le travail d’iconographe parvint, grâce à l’aide du père Serge, à un niveau rarement atteint dans l’histoire de l’Église.

Vous y trouverez les icônes conservées à l’église à la page « Icônes ».

Et aussi, entre autres, une copie d’une lettre inédite de saint Silouane de l’Athos, une copie originale d’un certain nombre d’œuvres de Mère Marie Skobtsov, récemment canonisée par le Patriarcat de Constantinople, tantôt tapées à la machine, tantôt rédigées de la main de sa mère, Sophia Borissovna Pilenko, dont on trouvera la liste manuscrite.

Les autres personnalités marquantes ne sont pas oubliés.

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Все святые и праведные люди, не обращая внимания ни на сухость, помыслы, брань, ни на радости, сладости, духовные утешения, стремились лишь к одному : быть верными Господу – в постоянном исполнении заповедей Его, в служении ближним, в хранении сердца и тому подобное.

Причина всех наших нестроений и внутренних и внешних одна : оставление молитвы! Молиться, молиться, молиться – и всё пойдет на лад. Это всеобъемлющий и всеобщий рецепт. Другого нет. Слабы мы, потому что одни. Одни – потому что нет Господа! Господа нет — потому что не просим Его быть в нас. Всё в этом. Чем усерднее, чем постояннее, чем внимательнее будем молиться, тем скорее откроется сущее внутри нас Царствие Божие – а это и счастье и блаженство. Тут уж более ничего не требуется. Кто в Царстве тот — царствует!

Сущность духовной жизни есть мир и радость о Господе. Для устроения сердечного мира надо и напрягать все возможные с нашей стороны заботы и хлопоты – только знать, что настоящий внутренный мир есть Дар Божий. Для сего следует устранять из сердца всё, что может сей внутренний мир нарушить : это недобрые чувства, раздражение, зависть, похотения, заботливость суетная и т. д... Через всё это похищается у нас внутренний мир и покой. Имейте мир с собой и цель достигнута. Это и есть благобытие или начало блаженства. Только об этом и заботьтесь. Как только видите, что мир чем нибудь нарушен, тотчас его восстанавливайте – начиная с утра до вечера. Согрешили – не унывайте, а просто испросив у Господа прощения, вновь призывайте святое Его Имя и будете вкушать сладкий сердечный мир. Сие и есть сущность духовной жизни – не поклоны, не подвиги, не посты, а мир и радость в Духе Святом. Это всем и каждому совершенно удобно, легко и доступно – возьми и бери – кто сколько хочет! ЧИТАТЬ ДАЛЕЕ В ПРИЛОЖЕНИИ



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