BAPTISER LES ENFANTS NES DE MERES PORTEUSE

Parlons D'orthodoxie

Le Saint Synode de l'Eglise russe des 25-26 décembre 2013 a adopté le document "Du baptême des enfants nés de mères porteuses" ICI Ce baptême ne sera possible qu'après la confession de ce pêché par les parents et avec l'accord de l'évêque.

Le document souligne que cette méthode reproductive est inacceptable aux yeux de l'Eglise. Le concept de "mère porteuse" est appelé en russe «суррогатное материнство», qui se traduirait par "ersatz de maternité", ce qui permet au Synode de souligner combien cette dénomination souligne le côté dénaturé de ce moyen qui avilit la dignité humaine de la femme et sa noble vocation de mère, car son corps n'est plus considéré que comme une sorte d'incubateur, une machine.

Le Synode rappelle que l'enfant n'est pas responsable d'être né grâce à un procédé reprouvé par l'Eglise; il peut donc être baptisé selon la foi de ses parents et parrains. Mais, souligne le document, «Si les parents ne confessent pas expressément leur acte, et les parrains se montrent de fait d'accord avec cet acte peccamineux, il ne peut plus être question d’éducation chrétienne de l'enfant. Le refus de baptiser l'enfant correspond alors à la tradition orthodoxe prévoyant l'adhésion à la doctrine de l'Église du baptisé ou de ses parents et parrains quand il s'agit d'un enfant. Un tel refus aura également une signification pastorale, puisque la société reçoit alors clairement le signal de l'Église que la pratique des mères porteuses est inacceptable du point de vue chrétien».

Si les parents ne confessent pas leur acte il y lieu de reporter le baptême jusqu'à ce qu'ils changent d’attitude ou jusqu'à ce que l'enfant soit en âge de choisir lui-même sa foi. Cette décision souligne que l'Eglise considère le baptême comme un acte conscient de la part du baptisé ou des personnes qui en répondent, a commenté Vladimir Legoïda, responsable du Département synodal de l’information.

Le baptême d'un enfant né de mère porteuse doit se faire conformément aux instruction de l'évêque du lieu et un prêtre qui s'en dispenserait tomberait sous le coup de sanctions canoniques. La seule exception est constitué par le danger de mort: dans ce cas le sacrément est donné sans considération des circonstances de la naissance de l'enfant.

Source: PRAVMIR
Traduction pour "PO" V.G.

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Extrait de la décision du Saint Synode : « Le Synode a promulgué une déclaration concernant le baptême des enfants nés des mères-porteuses, usage qui est aujourd'hui autorisé en Russie. Il y est recommandé de ne procéder au baptême de ces enfants qu'à l'âge raisonnable où ils peuvent prendre et assumer eux-mêmes les engagements baptismaux devant Dieu. Ils peuvent aussi recevoir les sacrements de l'initiation en bas-âge à condition que leurs parents fassent acte de conversion et s'engagent à élever leur enfant dans la foi chrétienne et en obéissance à la parole de l'Évangile. Le document rappelle que "tout enfant peut être baptisé sur la foi de ceux qui demandent ce sacrement pour lui. Un enfant n'est pas responsable des actes de ses parents et n'est pas coupable du fait que sa venue au monde résulte des technologies reproductives condamnées par l'Église".



Commentaires (4)
1. Daniel le 30/12/2013 16:27
Refuse-t-on le baptême aux parents tous deux orthodoxes vivant maritalement sans être mariés civilement et/ou religieusement pour marquer le fait que l'église désapprouve cette cohabitation qui n'est que fornication? Cela serait logique si l'on suit le même raisonnement.
2. Vladimir.G le 30/12/2013 22:26
Bien cher Daniel,

Vous êtes là dans un sophisme: un orthodoxe est baptisé ou ce n'est pas un orthodoxe...
3. Daniel le 31/12/2013 00:49
Je voulais dire le baptême aux enfants des parents vivant dans la fornication... C'est vrai que ma phrase est maladroite.
4. Tchetnik le 31/12/2013 10:25
Il est vrai que le baptême implique de la part des parents qu'ils s'engagent à éduquer leur enfant dans la Foi Chrétienne et l'y fassent grandir.

Or des parents qui vivent de tels modes de vie ou ont recours à de tels procédés ne sont certainement pas prêts à faire cela et il est délicat pour un prêtre de "brader" ainsi un sacrement en sachant le peu de cas qui risque d'en être fait. Concernant les parents vivant dans la fornication, la prudence des prêtres leur commande souvent de différer le baptème, et de catéchiser d'abord les parents.

L'Église ne s'oppose pas fondamentalement au baptème, mais le diffère jusqu'à ce que les parents puissent en comprendre les implications et en assumer les conséquences.
5. Vladimir.G le 03/01/2014 18:57
L’intérêt de ce document c'est qu'il montre que l'Eglise se préoccupe des phénomènes de société les plus actuels. Il se fonde sur les "Fondements de la conception sociale de l’Église orthodoxe russe", adoptés par le Concile épiscopale de 2000, qui exposent la doctrine de l’Eglise orthodoxe russe sur les relations entre l’Eglise et l’Etat et les problèmes de la société contemporaine. Le document reflète également la position officielle du Patriarcat de Moscou sur ses relations avec l’état et la société civile. Il établit enfin une série de principes directeurs s’appliquant à l’épiscopat, aux clercs et aux laïcs. (cf. http://orthodoxeurope.org/page/3/6.aspx).

Concernant les problèmes de bioéthique (ch 12) il pose pour principe (12.1): "Le développement rapide des technologies biomédicales envahissant la vie de l’homme moderne de la naissance à la mort, ainsi que l’impossibilité de fournir une réponse aux problèmes moraux soulevés dans le cadre de l’éthique médicale traditionnelle, posent à la société une sérieuse interrogation. Les tentatives de l’homme de se mettre à la place de Dieu, en modifiant et en «améliorant» la création de son propre arbitraire, peuvent apporter à l’humanité de nouvelles peines et de nouvelles souffrances. Le développement des technologies biomédicales, dont l’emploi incontrôlé dépasse sensiblement l’interprétation des possibles conséquences morales, spirituelles et sociales, ne peut pas ne pas susciter la profonde préoccupation pastorale de l’Eglise. En formulant son attitude face aux problèmes bioéthiques largement discutés dans notre monde et en premier lieu à ceux qui ont une action directe sur l’homme, l’Eglise s’appuie sur la Révélation divine qui présente la vie comme don incomparable de Dieu, sur le concept de liberté imprescriptible et de dignité de la personne humaine à l’image de Dieu, appelée, «en vue du prix que Dieu nous destine à recevoir là-haut dans le Christ Jésus» (Phil 3, 14), à la perfection du Père Céleste (Mt 5, 48) et à la divinisation, c’est à dire à communier à la nature divine (2 P 1, 4)."

Sur "l’emploi des nouvelles méthodes biomédicales permet dans bien des cas de vaincre la stérilité" (2.4), le document condamne la plupart des moyens de procréation artificielle, y compris donc la gestation pour autrui ("Le phénomène des «mères porteuses», c’est à dire le port d’un ovule fécondé par une femme qui après l’accouchement doit remettre l’enfant aux «clients» est contraire à la nature et moralement inacceptable, même dans le cas où il est pratiqué à des fins non commerciales. Cette méthode suppose la destruction de la profonde intimité affective et spirituelle qui s’établit entre la mère et l’enfant dès la grossesse. Le phénomène des mères porteuses est un traumatisme aussi bien pour la femme dont les sentiments maternels sont bafoués, que pour l’enfant qui peut par la suite connaître une crise d’identité.").

Toutefois le document en autorise un, "la fécondation par les cellules sexuelles du mari fait partie des moyens d’aide médicale admissibles, dans la mesure où elle ne viole pas l’intégrité de l’union conjugale et ne diffère pas dans son principe de la conception naturelle dans le contexte des relations conjugales". Cela autorise donc, en particulier, l’insémination artificielle par les cellules sexuelles du mari, voire même la Fécondation in vitro avec réimplantation ce qui, sauf erreur de ma part, distingue l'Eglise russe de l'Eglise catholique (Donum Vitae, 1987).

NB: Je ne connais pas la position des autres Eglises orthodoxes sur le sujet...
6. Russian Orthodox Church: repentance must precede baptism of babies born to surrogate mothers le 05/01/2014 09:13
The Holy Synod of the Russian Orthodox Church has issued a statement on the baptism of infants born to surrogate mothers.

After expressing sympathy for spouses struggling with infertility, the synod cited a 2000 Russian Orthodox bishops’ document and stated that it is morally licit for spouses to use artificial insemination as long as fertilized eggs are not destroyed. (The Catholic Church, in contrast, teaches that artificial insemination is gravely immoral.)

The synod affirmed Russian Orthodox teaching that surrogate motherhood is “unnatural and morally unacceptable” and stated that surrogate motherhood humiliates the woman carrying the couple’s child by reducing her body to “a kind of incubator.”

Infant baptism, the statement continued, presumes “upbringing in the Christian faith and according to the norms of Christian morality.” Such an upbringing cannot be assumed, the synod stated, unless those presenting the infant for baptism – either the parents or the surrogate mother –repent. Without such repentance, baptism must be deferred until the child can make the choice.

Additional sources for this story
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Baptiser Les Enfants Nes De Meres Porteuse (Parlons D'Orthodoxie)
7. Vladimir.G le 08/01/2014 10:29
Quand une juriste décrit froidement la gestation pour autrui comme dans un monde digne de 1984 d’Orwell, cela se note. Dès l’introduction, Muriel Fabre-Magnan, dans La gestation pour autrui. Fictions et réalité, annonce la couleur : tordre le cou au sentimentalisme emphatique des "pro-GPA" et de leur rhétorique axée sur le malheur des couples infertiles. A cette fin, elle rapporte 20 ans de pratique de la GPA aux Etats-Unis pour décrire les effets prévisibles qu’aurait celle-ci en France. Glaçante, l’introduction finit par ces mots : "On ne pourra pas dire qu’on ne savait pas".

L’auteur va tour à tour démontrer l’instrumentalisation des "enfants produits" et des femmes porteuses . Mais ces démonstrations sont encadrées par une vision plus large du phénomène. Celui-ci crée le risque de rendre la maternité incertaine et mène à la constitution d’un "prolétariat reproductif" .

Suite: lien http://www.nonfiction.fr/article-6864-p1-gestation_pour_autrui_le_nouvel_esclavage_.htm

Intéressant article de Clément COUSIN montrant bien tous les aspes de cet "ersatz de maternité" que combattent la plupart des Eglises chrétiennes.
8. Vladimir.G le 08/01/2014 11:00
Alors que les techniques de procréation médicalement assistée (PMA) font débat en Europe, les femmes seules et les couples hétérosexuels peuvent y avoir recours sans restriction en Russie. La revue Bolchoï Gorod a mené l’enquête sur ces gens qui font don de leur sperme ou de leur ventre pour permettre à d’autres de devenir parents.

Suite:http://www.lecourrierderussie.com/2014/01/06/pma-maman-papa-commande/

Traduit par : Inna DOULKINA Inna DOULKINA publié Lundi 6 janvier 2014

9. Vladimir.G le 10/01/2014 20:14
GPA en Russie : pourquoi l’Eglise est contre ?

Pourquoi l’Église orthodoxe russe s’oppose-t-elle à la pratique de la gestation pour autrui (GPA) ? Le diacre Andreï Kouraev s’explique dans un entretien avec la revue Snob.

L’Église orthodoxe russe n’a pas d’arguments religieux contre la pratique des mères porteuses. Notre position sur cette question est motivée par des valeurs humanistes, et non dogmatiques.

Nous considérons que l’enfant, comme l’être humain en général, ne constitue pas un objet pour l’expérimentation.

Le lien de l’enfant et de la mère est le plus important des rapports de la vie, le plus sacré. Freud a dit un jour que les émotions psychologiques de la petite enfance, notamment traumatiques, demeurent avec nous toute la vie, même si on les oublie.

Ensuite, le psychiatre tchèque Stanislav Grof a soulevé la question des émotions intra-utérines. Quand le bébé vit dans le sein de la mère, il entend sa voix, le rythme de son cœur ; et c’est, pour lui, une image du paradis. Grof suppose que les images du paradis dans les religions les plus diverses puisent toutes leurs racines précisément dans la période embryonnaire du développement de l’être. L’accouchement, lui, est toujours un trauma pour l’enfant – physique autant que psychologique… C’est l’expulsion du paradis. Mais nous pouvons minimiser l’ampleur de ce trauma. Quand la mère pose l’enfant sur sa poitrine après l’accouchement, quand elle communique avec lui, c’est pour lui un écho du paradis perdu. Mais dans le cas d’une mère porteuse, ce lien se déchire. Bien sûr, si une mère ne veut pas de son enfant, ce lien est aussi rompu – mais du moins la société ne l’approuve pas. Alors que dans le cas d’une mère porteuse, ce déchirement est programmé dès l’origine, et légalisé. Au final, les gens font subir à l’enfant une expérience de la douleur qui n’était pas inévitable.

Et puis, quelque chose d’autre se dessine à travers la pratique de la mère porteuse. C’est « l’égoïsme parental » - quand les parents, dans l’enfant, aiment en réalité eux-mêmes. Si un couple n’a pas d’enfant, eh bien, il y a les orphelinats : on peut aider, adopter un enfant. Mais ces gens répètent : non, l’enfant doit être une copie génétique de moi…

Source : Propos recueillis par Ksenia Sobtchak et Ksenia Sokolova, Snob
Julia BREEN publié Mardi 7 janvier 2014
10. Vladimir.G le 26/01/2014 11:02
Il me semble intéressant de revenir à ce document, dont la traduction complète sera prochainement disponible, car il montre clairement la place que veut occuper l'Eglise russe dans la société: "Le refus de baptiser l'enfant /né par GPA et dont les parents ne se repentent pas/... aura également une signification pastorale, puisque la société reçoit alors clairement le signal de l'Église que LA PRATIQUE DES MERES PORTEUSES EST INACCEPTABLE DU POINT DE VUE CHRETIEN" (majuscules de VG).

Il rappelle aussi que le baptême orthodoxe implique des obligations (trop souvent oubliées!): "L'Eglise est ouverte à tous ceux qui cherchent à être sauvés. Le baptême est le sacrement d'entrée dans l'Eglise et il présuppose l'accord des baptisés avec la foi et l'enseignement de l'Eglise ainsi que leur participation ultérieure à la vie ecclésiale. Le Sacrément du baptême est donné par l'Eglise orthodoxe aussi bien aux adultes qu'aux enfants. Les adultes sont admis au Sacrement après une préparation spécifique, le catéchuménat – enseignement de la foi et de la morale chrétiennes. Dans ce cas le prêtre responsable du catéchuménat détermine le moment quand donner le baptême.

Quand il s'agit de baptiser un nouveau-né ce sont ses parents et ses parrains qui donnent pour lui le consentement au baptême et la condition du baptême d'un nouveau-né est l'engagement de l'élever dans la foi chrétienne et conformément aux normes de la morale chrétienne; cela présuppose la participation régulière des parents, de l'enfant et de ses parrains aux offices religieux et aux sacrements.
...
La position ainsi exposée est fondée sur l'enseignement de l'Eglise concernant le refus de baptiser les nouveau-nés dans les familles dont les membres négligent de façon évidente et en connaissance de cause la tradition de l'Eglise et n’adhèrent pas à l'enseignement chrétien concernant le mariage et la famille. Ceci ne concerne pas uniquement la question de la GPA mais aussi toute volonté clairement exprimée de ne pas vivre en chrétien.
11. L'Eglise russe s'interroge sur les conséquences de la GPA le 09/04/2014 15:54
Le saint-synode de l’Église orthodoxe russe a adopté fin décembre un texte « sur le baptême des nourrissons nés avec l’aide de “mère porteuse” », alors que la gestation pour autrui (GPA), autorisée par la loi, se développe en Russie.

En Russie, le Code de la famille permet, depuis 1995, de recourir à la maternité de substitution. Cela a fait naître un commerce très lucratif, décuplé par l’essor de sites Web traduits en plusieurs langues. Des couples originaires de pays aux législations plus restrictives y louent les services d’une mère porteuse, moyennant plusieurs dizaines de milliers d’euros. Ce phénomène a conduit l’Église russe à s’interroger sur « l’attitude pastorale » découlant de ces pratiques.

L'intégralité de l'article de François-Xavier Maigre sur le site de La Croix
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