Balkans : les Églises orthodoxes ressentent l’onde de choc de l’affaire ukrainienne

Parlons D'orthodoxie

JEAN-ARNAULT DÉRENS

Le tomos signé le 5 janvier 2019 par le patriarche œcuménique de Constantinople reconnaissant l’autocéphalie d’une Église orthodoxe d’Ukraine provoque autant d’espoirs que d’inquiétudes dans les Balkans, où l’Église serbe est confrontée à des dissidences au Monténégro et surtout en Macédoine du Nord. Une nouvelle carte de l’orthodoxie européenne est-elle en train de se dessiner ?

Dès le 11 octobre 2018, le Patriarcat œcuménique de Constantinople, qui jouit d’une « primauté d’honneur » sur toutes les Églises orthodoxes du monde, mais pas pour autant de pouvoirs hiérarchiques ou disciplinaires semblables à ceux du pape dans le catholicisme, annonçait qu’il allait annuler la décision de 1686 plaçant l’Église orthodoxe d’Ukraine sous la jurisprudence de celle de Moscou. Cette décision, finalement actée le 5 janvier suivant, a suscité une tempête de réactions dans les Balkans – faisant la joie des Églises autocéphales de Macédoine et du Monténégro, qui ne disposent d’aucune espèce de reconnaissance canonique. Ces deux Églises, considérées par la communion de l’orthodoxie mondiale comme des « schismes » de l’Église serbe, ont vu cette décision comme un précédent de bon augure pour leur propre cause.

Très minoritaire, l’Église autocéphale monténégrine, « reconstituée » en 1993, entretenait d’ailleurs des relations nourries avec l’Église ukrainienne du Patriarcat de Kiev. En visite à Cetinje en 2010, son chef, le patriarche Filaret avait lancé : « les Églises orthodoxes d’Ukraine et du Monténégro n’attendent pas la reconnaissance de Moscou ni de Belgrade, mais seulement celle de Jésus Christ »…

À l’inverse, l’Église serbe ne cachait pas son inquiétude, et a soutenu la position de Moscou, quoique sans prendre le risque d’une rupture ouverte avec Constantinople, tandis que l’Église grecque surveille avec attention la situation en République de Macédoine – officiellement devenue la « Macédoine du Nord » en janvier 2019, en conséquence de l’accord passé entre les Premiers ministres Alexis Tsipras et Zoran Zaev. SUITE


Commentaires (3)
1. Guillaume le 25/07/2019 10:09
Une conséquence de l'aventurisme phanariote.
2. Vladimir G: Merci pour cet article dont la profondeur nous sort de nos salades parisiennes le 25/07/2019 15:08
Merci pour cet article dont la profondeur nous sort de nos salades parisiennes...

Le choc créé par la décision du Phanar ébranle ainsi toute l'Orthodoxie, comme le souhaitait en son temps Zbigniew Brzeziński: "après l'effondrement de l'URSS notre principale ennemi est l'Orthodoxie..."
3. père Joachim le 29/07/2019 11:33
Les mots et les concepts piégés du jargon orientalo-orthodoxe modernes par les quels je me suis laissé piégé, un temps, sont:

1) "PROVISOIRE
2) Primauté "d' HONNEUR"
3) Troisième "ROME"

La liberté de la quinzaine d'églises en communion universelle est totale. Nous n'avons que notre "conscience" comme critère de vérité. Sans oublié le soutient d'un FILS DIVIN Ressuscité et partagé au rythme de nos Divines Liturgies "offertes, agrées et bénies en retour de la Puissance Divine" Chrysostome.

La "conscience"du savoir est sanctifiée par l'accueil liturgique pentecostal qui offre le "discernement".

Ainsi pendant des millénaires des personnes et des groupements, dont il est préférable de taire ici la liste généreuse, ont ouvert les chemins de l'aventure en élaborant des "doctrines chrétiennes dissidentes" en toute bonne conscience et sur des termes et des concepts piégés.

Pour ceux qui le désirent, il est toujours possible d'aller à leur rencontre fraternelles lors des rassemblement du Conseil Œcuménique des Églises. COE/WCC
(on y trouve les tendances aussi variées que l'arianisme, le nestorianisme et même une nuance anodine affirmée, du phylétisme triomphant, dans la version mondiale d'un Nation Persécutée, qui s'exprime en communion mondiale totalement respectable et amie, mais absolument isolée).
4. Vladimir G: Monténégro : les députés rejettent une loi reconnaissant le mariage homos le 12/08/2019 19:25
Monténégro : les députés rejettent une loi reconnaissant le mariage homos

Dans le petit Etat des Balkans, le projet de loi proposé par le gouvernement devait accorder des droits similaires à ceux des couples hétérosexuels mariés, à l'exception de l'adoption des enfants, aux couples homosexuels contractant une union civile. Seuls 38 des 81 députés de l'Assemblée nationale (46%) ont voté en faveur de ce projet de loi qui n'était pas soutenu par les représentants des minorités ethniques membres de la coalition au pouvoir. Les élus de l'opposition ont boycotté le vote qui a donné lieu à des manifestations de protestation relayées dans les média occidentaux. L'Église orthodoxe, largement majoritaire (72% de la population), s'était prononcée contre le projet de loi...

47% des Monténégrins pensent aujourd'hui que les droits des membres de la communauté LGBT ne sont pas respectés mais 45% des Monténégrins se disant contre les démonstrations d'affection des gay dans l'espace public, selon un récent sondage de l'ONG "Centre de l'éducation civique", démontrant bien que la société est divisée sur le sujet. Malgré cela, la 7e "Marche des Fiertés" doit être organisée dans la capitale, Podgorica, à l'automne. Ces marches donnent régulièrement lieu à des heurts entre des opposants et la police.

Petit pays de 650.000 habitants, le Monténégro négocie depuis 2012 son adhésion à l'Union européenne.
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