Daghestan: Coexistence interreligieuse

Parlons D'orthodoxie

Au lendemain de la fusillade qui a causé cinq morts à la sortie d’une église au Daghestan, dimanche 18 février, La Croix revient sur la minorité orthodoxe de cette petite République musulmane de la Fédération de Russie.

Nichée dans les montagnes du Caucase du Nord, la République du Daghestan, membre de la Fédération de Russie, grande comme deux fois la Bretagne, s’étend le long des côtes de la Mer Caspienne.

Sa diversité ethnique et linguistique est particulièrement importante, même si l’islam sunnite y est très largement dominant, à plus de 90 %. Cette République, l’une des plus pauvres et instables de la Fédération, est notamment gangrénée par la corruption.

Dans cette mosaïque de peuples, on trouve également des « Russes ethniques » mais aussi des personnes originaires de Géorgie ou d’Ossétie, de confession orthodoxe. Cette religion représente ainsi environ 3 % de la population, sous influence du Patriarcat de Moscou, gardien de la foi russe

Daghestan: Coexistence interreligieuse
Le patriarche Kirill a d’ailleurs présenté ses condoléances à la suite de l’attaque qui a causé cinq morts le 19 février dans la ville de Kyzliar, dont l’homme qui avait ouvert le feu sur les fidèles au cri « d’Allahu akbar » à la sortie de la Divine liturgie du dimanche du pardon, veille du grand Carême orthodoxe.

La fusillade a été peu après revendiquée par l’État islamique. Le primat de l’Église russe a qualifié cet acte de « monstrueux, comme une provocation dont le but est d’inciter à la confrontation entre orthodoxes et musulmans, lesquels vivent en paix depuis des siècles au Caucase ».

Coexistence interreligieuse

« J’en suis convaincu : quel que soit celui qui est derrière ce crime monstrueux, il ne parviendra pas à détruire la paix et la concorde dans notre république multinationale et multiconfessionnelle. En dépit de tout, nous, et nos frères qui confessent l’islam, étions, sommes et serons de bons voisins et les fils d’un seul Père », a pour sa part déclaré l’archevêque Barlaam, du diocèse de Makhatchkala, la capitale du Daghestan.

La ville où a eu lieu l’attentat, est peuplée à presque 50 % de Russes.

Arrivés lors des conquêtes des XVIIIe et XIXe siècles, puis du temps de l’URSS, les « Russes ethniques » ont toujours pu pratiquer leur foi sans problème. À la chute de l’Union soviétique, la réislamisation de cette République, sous influence wahhabite, n’a officellement pas affecté la coexistence religieuse. En dépit de la présence d’une rébellion islamiste toujours active et du départ de nombreux jeunes pour la Syrie, cet attentat est le premier contre des chrétiens en tant que tels au Daghestan.

En réalité, la question religieuse reste secondaire dans cette République embourbée dans ses problèmes mafieux. Les deux ethnies principales, les Avars et les Darguines, dont sont issues les élites, s’accaparent depuis des années les aides perçues de Moscou, sur fond de crime organisé et de système tribal. Depuis quelque temps, à l’approche de l’élection présidentielle du 18 mars, la Fédération tente de mettre de l’ordre sur place. Ainsi, en octobre dernier, Vladimir Poutine a remplacé Ramazan Abdoulatipov à la tête du Daghestan par un Russe, Vladimir Vassiliev. Ce pourrait être, de l’avis des observateurs, une raison de l’attaque islamiste.

Marie Malzac La CROIX





Commentaires (6)
1. Vladimir.G: Déclaration du Conseil interreligieux de Russie après l’attentat contre les fidèles de Kizliar le 20/02/2018 16:07
Déclaration du Conseil interreligieux de Russie après l’attentat contre les fidèles de Kizliar

Le Conseil interreligieux de Russie a publié une déclaration suite à l’attentat commis le 18 février 2018 contre les fidèles sortant de l’église Saint-Georges de Kizliar. La fusillade ouverte par un criminel a coûté la vie à cinq femmes ; plusieurs personnes ont été blessées.

Nous, chefs et représentants des religions traditionnelles de Russie, avons appris avec une profonde douleur l’attentat commis contre les fidèles orthodoxes de Kizliar, dont cinq personnes ont été victimes. Le criminel a consciemment assassiné des croyants orthodoxes au moment où ils sortaient de l’église après l’office divin.

L’assassin a commis son attentat le Dimanche du pardon, jour où les chrétiens orthodoxes s’efforcent, suivant la tradition, de se réconcilier avec tous. Cet acte accuse l’idéologie misanthropique de l’extrémisme, montrant le véritable visage des serviteurs de Satan, qui masquent du nom de Dieu leurs agissements criminels. Le but du terroriste et de ceux qui l’ont inspiré est de semer la haine interreligieuse, d’anéantir les traditions multiséculaires de coexistence pacifique entre chrétiens et musulmans en Russie. Les leaders religieux de notre pays appellent à tout faire pour l’empêcher.

En ces jours de deuil, nous lançons un appel à s’abstenir de tout acte de provocation. L’acte terroriste de Kizliar oblige une fois de plus à dénoncer le danger de la diffusion de l’extrémisme et de l’intolérance, particulièrement chez les jeunes. Nous appelons donc l’état russe, les institutions publiques et religieuses à apporter une attention particulière à l’éducation des jeunes gens, afin de les protéger de la menace extrémiste.

Une fois de plus, il est démontré que les enfants et les jeunes doivent avoir des notions claires sur la religion, être capables de distinguer les traditions spirituelles anciennes des doctrines pseudo-religieuses étrangères et des sectes extrémistes.

Nous appelons la direction et les employés des services spéciaux à faire leur possible pour que les individus appartenant à des organisations terroristes et imprégnés d’idéologie misanthropique soient repérés et neutralités avant qu’ils n’aient commis leurs méfaits.

Nous appelons l’ensemble de la société à la paix, à la concorde et à la solidarité. Que le malheur qui nous frappe tous nous rapproche encore plus étroitement.

2. Tchetnik: la chariah avant les voeux le 20/02/2018 18:15
"Nos frères qui pratiquent l'islam"...

Il aurait été dommage de rater cette perle. Manifestement le carême ne profite pas à certains évêques qui devraient retourner sur les bancs du caté - dans la mesure où ils en font un.
3. Nicodème le 21/02/2018 09:29
La masse des musulmans , ignorants du coran , ou du moins de ses sourates les plus criminelles , se tient tranquille et vit à peu près selon les valeurs fondamentales de l''humanité , qui se trouvent rassemblées ds le Décalogue . Mais le jour où ça pète , ils sont accusés d'être de mauvais musulmans par les djihadistes de service , qui leur mettent le marché en main : ou bien tu es avec nous , et tu redeviens un bon musulman , ou bien tu ne marche pas avec nous (dans les massacres , les atrocités , les décapitations , etc...) et alors nous allons t'égorger comme ces chiens de chrétiens .C'est exactement ce qui s'est passé à Maaloula , en Syrie , et ds tant d'autres lieux . L'archevêque Barlaam est totalement coïncé , mais je pense qu'avoir fait cette déclaration peut être compris comme un acte de soumission , et en cela , il a sans doute eu tort .
4. Daniel le 21/02/2018 11:22
Les musulmans ne reconnaisent pas Dieu comme Père. Par respect pour eux, il me semble déplacé de dire "les fils d’un seul Père".

On note aussi l'erreur de la journaliste : "la sortie de la Divine liturgie du dimanche du pardon". Il s'agit des vêpres du dimanche du pardon, il était d'ailleurs 16 heures, heures locales. Je la félicite toutefois de ne pas avoir parlé de "messe".
5. Vladimir.G: Daghestan: les femmes tuées dans l’église de Kizlyar enterrées en tant que martyrs le 21/02/2018 17:22
Daghestan: les femmes tuées dans l’église de Kizlyar enterrées en tant que martyrs

Les cinq femmes assassinées dimanche 18 février 2018 par un homme armé alors qu’elles sortaient de l’église Saint-Georges, à Kizlyar, au Daghestan (Russie), ont été enterrées le 20 février à côté du lieu de culte orthodoxe. Les autorités de l’Eglise les considèrent comme des martyrs.

L’attaque terroriste, menée par un dénommé Khalil Khalilov, a été revendiquée par Amaq, l’agence d’information de Daech, l’Etat islamique. Le tireur, qui a été abattu, prétendait vouloir venger “les morts de Syrie”. Quatre autres personnes sont encore hospitalisées.

La décision d’enterrer ces victimes près de l’église a été prise par l’archevêque orthodoxe Varlaam de Makhachkala et Grozny. Il a considéré que ces fidèles ont été “martyrisés sur le territoire de l’église et qu’il était permis de les enterrer à côté de l’église”, a considéré le gouverneur du Daghestan, Vladimir Vassiliev.
Semer la discorde entre les communautés religieuses

Le chef de l’Eglise orthodoxe russe, le patriarche Cyrille, a dénoncé ce “crime monstrueux” commis à la veille du Grand Carême, le qualifiant de “provocation visant à semer la discorde entre les orthodoxes et les musulmans, qui vivent en paix dans le Caucase depuis des siècles”.

Le Conseil interreligieux de Russie, qui regroupe les représentants des religions traditionnelles de Russie, a dénoncé le lâche attentat commis dans cette province russe du Caucase à majorité musulmane. Il a déploré cette attaque qui a eu lieu “le Dimanche du pardon, jour où les chrétiens orthodoxes s’efforcent, suivant la tradition, de se réconcilier avec tous”. Le but du terroriste et de ceux qui l’ont inspiré, écrit le Conseil interreligieux, “est de semer la haine interreligieuse, d’anéantir les traditions multiséculaires de coexistence pacifique entre chrétiens et musulmans en Russie. Les leaders religieux de notre pays appellent à tout faire pour l’empêcher”. (cath.ch/interfax/mospat/be)
6. Nicodème le 22/02/2018 09:58
Si les musulmans , encore endormis , et que ne le sont que de nom , restent endormis , voire se convertissent au Christ (on peut rêver) , alors , la coexistence est possible . Et cela dépend en partie de la puissance de l'Etat central . En cela , on peut regretter l'URSS . Mais si lesdits muslmans , travaillés par la propagande salafiste se réveillent , alors ils vont marquer leur refus de se faire gouverner par un "kouffar" et ils vont mener une guerre jusqu'à leur victoire totale , à moins que l'Etat civilisé ne les réduise à néant . C'est aussi simple que cela . Les hiérarques le savent , mais ils ne peuvent pas tenir un autre discours que celui qu'ils tiennent aujourd'hui , dont ils croient qu'il va apaiser les muz encore partagés entre la civilisation et la radicalisation .
7. Nicodème le 22/02/2018 10:06
@Daniel ... Mouais , mais les mots "père" , "fils" ou "esprit" , sont des réductions anthropomorphes de réalités indicibles . Les mus comprennent le mot "père" à la lettre , dans le sens d'un engendrement humain . Comme les autres mots , notamment "Fils"... Et alors ils disent , "Dieu n' a pas de fils!" .A ce sujet le mot "engendré" du credo est assez malheureux . "Non créé" certes , mais "engendré" , qu'est-ce que ça veut dire ? Inutile de se créper le chignon là dessus comme les théologiens en ont le secret depuis 17 ou 18 siècles ... Pour revenir aux muz , ils sont en général extrêmement primaires et fondamentalistes . Cons , en somme . Et sont incapables de réaliser que tous ces concepts sont indicibles et incompréhensibles . Il n'y a que trois voies d'accès aux mystères divins : l'apophatisme , l'apophatisme , l'apophatisme !!!
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