«Être dans le monde sans être de ce monde»

Vladimir GOLOVANOW

V. Golovanow

La mission chrétienne

Extraits du discoure de réception du métropolite Hilarion de Volokolamsk au grade de docteur honoris causa de l’Université de Lugano (Suisse) 30.10.2011

L’Église du Christ est envoyée dans le monde annoncer le Royaume de Dieu. Ce ministère d’annonce de la bonne nouvelle est un attribut imprescriptible de l’Église, dans la mesure où il repose sur le commandement du Christ ressuscité à ses disciples : « Allez, enseignez à tous les peuples… » (Mt 28, 19). (..) Cependant, si l’on ne saurait mettre en doute le devoir d’annoncer la Bonne nouvelle, confié à l’Église par le Christ lui-même, la question de l’application concrète de ce commandement se pose à chaque nouvelle génération de chrétiens. (…)

Il importe de souligner que le rapport de l’Église au monde repose sur une dialectique. D’un côté, les Saintes Écritures expriment clairement le rejet du monde : « N’ayez pas l’amour du monde, ni de ce qui est dans le monde (…) car tout ce qu’il y a dans le monde, les désirs égoïstes de la nature humaine, les désirs du regard, l’orgueil de la richesse, tout cela ne vient pas du Père, mais du monde » (I Jn 2, 15-16). La notion même de « monde » a une connotation négative chez les apôtres Jean le Théologien et Paul, ainsi que dans les œuvres de nombreux ascètes chrétiens.

D’un autre côté, « la fuite du monde », radicale et définitive, non seulement empêcherait l’Église de remplir pleinement son devoir missionnaire, mais risquerait même de provoquer un schisme à l’intérieur de l’Église. Dans l’épître déjà citée, l’apôtre Jean témoigne de l’amour sacrificiel de Dieu pour le monde qu’il a créé et réaffirme le commandement de l’amour du prochain, c’est-à-dire de l’autre (I Jn 4, 9, 20). Isaac le Syrien appelle dans ses œuvres à la compassion envers la création toute entière, y compris les démons.
L’approche véritablement chrétienne serait donc celle que proposait le grand penseur russe Vladimir Soloviev dans son commentaire du verset de Jean le Théologien « le monde entier est dominé par le Mauvais » (I Jn 5, 19) : il faut différencier le « monde » du « mauvais » dans lequel il demeure. Certes, le monde est soumis aux puissances du mal, mais n’est pas mauvais en soi (cf Fondements de la vie spirituelle). La mission du christianisme consiste justement à délivrer le monde de l’esclavage du mal.

L’époque du postmodernisme

L’époque du postmodernisme, qui débute, suivant la chronologie convenue, avec la catastrophe humanitaire des deux guerres mondiales, a vu la réalisation de la prophétie de F. Nietzsche sur « la mort de Dieu ». Depuis le processus de sécularisation, qui s’est poursuivi durant toute l’époque contemporaine, Dieu a cessé d’être le principe fondateur de l’existence dans la conscience collective des européens d’aujourd’hui. Le philosophe et théologien américain contemporain T. Altizer définit ainsi notre époque d’un point de vue religieux : « Les périodes de notre histoire où la conscience de la Divinité confinait à l’évidence, où la certitude morale d’une providence divine raisonnable sont définitivement révolues. Le nom de Dieu n’est déjà plus au centre de la vie et de la connaissance, il est prononcé à la périphérie, dans ces situations extrêmes où science et expérience sont impuissantes. Dieu devient de plus en plus pour nous le nom d’un mystère total et absolu, d’un mystère en présence duquel nous ne pouvons ni agir, ni parler [1]».

En même temps que la « mort de Dieu », nous observons dans la conscience des masses la fin de l’anthropocentrisme.(…) En même temps que les idéologies totalitaires, dont le communisme a été la dernière, l’homme moderne rejette toute tentative d’expliquer le monde, il nie la possibilité même de la vérité. Ainsi, l’homme postmoderne est-il un homme déçu. Il a renoncé à toute grande idée au nom de laquelle il aurait pu donner sa vie. Et sa vie a perdu tout sens. L’univers de l’homme contemporain, gravite autour de la liberté individuelle et des intérêts personnels, son but principal étant de consommer. Le principe du plaisir, dont s’inspire l’homme postmoderne est venu remplacer les impératifs religieux et moraux.
Le nihilisme contemporain comme négation d’un Dieu qui limiterait la liberté humaine, et comme négation de l’homme qui a renié Dieu au nom du progrès, ne propose aucune alternative, il se présente comme un vide. Ce vide peut et doit être rempli d'un contenu positif, correspondant à la nouvelle époque. Notre temps, suivant un sociologue contemporain, « rend possible le retour à grande échelle des valeurs religieuses. Le vide sans Dieu peut se transformer en vide POUR Dieu[2] ».

L’alternative chrétienne

Comme l’a démontré l’expérience de la Russie et d’autres pays d’Europe orientale longtemps soumis à une idéologie totalitaire, le christianisme peut proposer à l’homme moderne, sans illusion sur quelque système idéologique que ce soit, une réelle alternative. Il peut l’aider à trouver un sens nouveau et véritable à sa vie. Si certains, déçus par les idéaux soviétiques, se sont simplement mis à suivre les normes de la société de consommation ; beaucoup d’autres sont venus à l’Église et ont trouvé dans l’Évangile cet idéal véritable qui avait été remplacé par des idéaux fallacieux. L’expérience concrète de l’Église orthodoxe russe témoigne que le christianisme peut répondre aux questions existentielles de l’homme, et ce sans rejeter les acquis des temps modernes comme la liberté de la personne humaine et les droits de l’homme, mais en les ramenant à leurs racines chrétiennes et en leur communiquant par là-même une plus grande valeur.
En sens inverse, il serait profondément erroné d’adapter les vérités chrétiennes aux représentations instables de l’époque moderne sous le prétexte fallacieux que cette adaptation servirait la mission chrétienne. Force est de constater avec regret que certaines confessions chrétiennes se sont engagées sur cette voie. En appliquant à leurs communautés des phénomènes typiques du postmodernisme et par nature totalement séculiers, ils deviennent par là partie intégrante de la culture pluraliste postmoderne, incapables de proposer à l’homme contemporain une vraie alternative spirituelle.
Je voudrais insister sur ces vérités fondamentales du christianisme qui sont, à mon sens, indispensable à l’homme postmoderne: le Christianisme n’est pas une de ces idéologies abstraites qui indisposent tant nos contemporains. Le Christianisme est profondément concret, parce qu’au centre de son enseignement se dresse la Personne Vivante, le Dieu-Homme Jésus Christ. En lui, Divinité et humanité demeurent en harmonie, sans aucune restriction à la nature humaine. Les Pères de l’Église envisageaient le mystère de l’Incarnation divine dans toute sa paradoxale profondeur et sa radicalité. « Tout le mystère du salut, écrit saint Cyrille d’Alexandrie consiste dans la kénose et l’anéantissement du Fils de Dieu ». Dans la kénose divine, la liberté humaine et la dignité humaine, si chères au cœur de l’homme moderne, acquièrent un sens éminent. En Christ, la volonté divine cesse d’être une loi extérieure à l’homme qui devient le libre collaborateur de Dieu dans la transfiguration du monde. Ainsi, avec la christologie, la doctrine de l’homme, de sa dignité et de ses droits reçoit enfin son plein développement et la tâche de la mission chrétienne contemporaine dans les pays d’Europe et d’Amérique consiste justement à transmettre aux hommes cette doctrine.

Le christianisme ne se contente pas de poser en théorie le postulat du principe de liberté humaine en Christ : il le vit pleinement dans la liturgie, et c’est là sa force. Dans la vie liturgique communautaire, l’homme trouve une alternative à l’individualisme des villes contemporaines. Dans le sacrement de l’Eucharistie, il revit chaque fois l’union avec le Christ ressuscité, source d’une existence nouvelle. Dans cette unité réelle et non imaginaire, l’homme reçoit la faculté non seulement de vivre en conformité avec les valeurs chrétiennes, mais aussi d’être leur porteur et donc de témoigner activement du Christ au monde qui l’entoure. Au siècle hautement technique des mass media visuels, ce n’est plus la parole, mais l’exemple visible qui a le pouvoir de convaincre nos contemporains.

Le dialogue inter-chrétien

Face aux tâches de la mission chrétienne dans le monde contemporain, l’absence d’unité entre Chrétiens est un scandale pour le monde entier et pour nos Églises. Néanmoins, et ce fait positif mérite d’être souligné, le dialogue inter-chrétien se développe à différents niveaux et dans différents domaine.

Avant tout, j’aimerais souligner les perspectives du dialogue entre orthodoxes et catholiques. L’élection de Benoît XVI au pontificat lui a donné une nouvelle impulsion. Avec son sens aigu et profond de la théologie, sa connaissance approfondie de la tradition orthodoxe, le pape est ouvert au dialogue avec les Églises orthodoxes, il a beaucoup fait et continue à faire pour l’unité des chrétiens. Nos relations avec l’Église catholique romaine se développent en parallèle dans plusieurs directions. C’est d’une part, le dialogue théologique, qui se poursuit depuis plusieurs décennies. Nous discutons des points qui nous séparent, comme l’uniatisme ou la primauté de l’évêque de Rome. Nous espérons que cette discussion aidera les deux parties à comprendre que la voie du rétablissement de l’unité passe par le retour à la foi de l’Église du premier millénaire. Alors aussi des divergences d’ordre théologique ou ecclésiologique, des différences de rite existaient, mais les chrétiens parvenaient à conserver l’unité.
Il serait bon que nous collaborions plus, non seulement en théologie, mais aussi dans des domaines concernant directement la vie de nos fidèles (…). Il existe de multiples possibilités pour la collaboration dans les domaines qui nous unissent déjà. Si nous parlons de l’orthodoxie et du catholicisme, nous ne pouvons pas ne pas remarquer que nos conceptions sociales sont très proches, que la doctrine morale des catholiques et celle des orthodoxes sont pratiquement identiques. Nous pouvons faire et dire beaucoup ensemble, sans attendre le moment où nos divergences seront surmontées. Ainsi pouvons-nous parler au monde de la famille chrétienne traditionnelle, de la valeur de la vie humaine, qui ne doit pas être interrompue dès l’instant de la conception dans le sein de la mère jusqu’au dernier jour.

Aujourd’hui, l’Église orthodoxe éprouve de plus en plus de difficultés à poursuivre sa collaboration avec les différentes dénominations protestantes. Il m'est pénible d'en parler, mais le dialogue que nous avons conduit avec les protestants durant des décennies est aujourd’hui menacé par les dérives que nous observons dans les communautés protestantes d’Occident et du Nord: je pense à la libéralisation continue dans le domaine de la théologie, de l’ecclésiologie et de la morale.
Nous sommes tous très las des belles paroles et des déclarations. Il faut parler franchement entre nous de ce qui nous préoccupe. Nous devons garder à l’esprit la tâche qui est la nôtre, la nécessité de l’unité chrétienne. Pourquoi cette tâche est-elle si essentielle ? Parce que chaque jour qui nous sépare nous prive des possibilités que nous aurions si nous étions unis. Aujourd’hui, des milliers de jeunes gens meurent parce qu’ils n’ont pas compris à quoi bon vivre, et nous ne le leur avons pas suggéré. Ils meurent de la drogue, de l’alcool ou du SIDA. Ensemble, nous aurions pu faire beaucoup plus pour eux. Nous devons réfléchir aux réels besoins des gens. (…)

Les persécutions contre les chrétiens et la christianophobie

Ces derniers temps, la montée alarmante des persécutions religieuses est devenue symptomatique de notre époque. Les chrétiens sont les premiers visés. A l’heure actuelle, ce terrible phénomène défie non seulement le christianisme mondial, mais encore toute l’humanité civilisée. Les chrétiens sont pourchassés au quotidien en Égypte, en Irak, en Inde, au Pakistan, en Indonésie, dans certains pays d’Asie et d’Afrique. En dehors des flux massifs de réfugiés dont parlent régulièrement les médias, il existe encore un problème dont personne ne veut parler: la dégradation de la société qui retourne à un stade primitif de haine et d’autodestruction.
(…) Malgré l’escalade de violence sans précédent contre les chrétiens d’Égypte au début du mois d’octobre, aucun pays d’Occident n’a fait véritablement pression sur le pouvoir militaire temporaire en place dans ce pays, personne n’a menacé de prendre des sanctions économiques. Les images qui ont choqué le monde entier, où l’on voit les militaires du Caire sur des blindés chargeant une pacifique manifestation copte, tirant sur des gens désarmés, restent hors du champ des préoccupations des politiques. Le discours du ministre égyptien de la sécurité, qui a nié le fait du recours aux armes contre les manifestants coptes n’a pas non plus été apprécié à sa juste valeur, pas plus que l’information sur la falsification du nombre des victimes et le type de blessures reçues. L’Église est en droit d’interroger le gouvernement de ses pays : jusqu’à quand ? Pourquoi leurs intérêts économiques dans ces pays leur sont-ils plus chers que la vie de milliers d’innocents tués uniquement parce qu’ils croient au Christ ?
Le christianisme, malgré son morcellement, est aujourd’hui obligé de s’unir pour défendre nos frères et sœurs souffrant dans différentes régions: sans cela, nous perdrons un peu plus de notre crédibilité aux yeux du monde. Au contraire, en défendant les nôtres, nous affermissons nos positions, nous resserrons les rangs, nous nous rapprochons les uns des autres.
J’évoquerais ici aussi un autre phénomène, généralement dénommé christianophobie. Le sécularisme occidental, malgré son pluralisme et sa tolérance déclarés, fait preuve d’intolérance envers le christianisme. Nourri de puissants moyens financiers, le sécularisme agressif fait tout pour discréditer l’Église, effacer le nom du Christ de la mémoire du peuple, niveler les principes de morale et de culture façonnés par le christianisme.
Le sécularisme agressif prend pour cible toutes les Églises, sans se préoccuper de leurs différences théologiques et liturgiques. Il tourne en dérision la conscience religieuse en tant que telle, se moque de la morale, popularisant le relativisme éthique et l’indifférentisme. C’est pourquoi nous devons aujourd’hui comme jamais être solidaires et unis, collaborant activement et nous soutenant mutuellement.

Perspectives et objectifs

Comment les chrétiens d’aujourd’hui peuvent-ils résister à semblables conception et à l’offensive du sécularisme ? L’Écriture sainte parle clairement de l’apostasie (II Tes 2, 3) qui aura lieu, « mais il faut d’abord que la Bonne Nouvelle soit proclamée à toutes les nations » (Mc 13, 10). Nous vivons à une époque d’apostasie, les gens perdent la foi et l’amour parce que leur cœur est plus attaché aux biens terrestres, au confort, à l’aisance, aux plaisirs. Que faire dans cette situation ?
L’Église n’appartient pas à ce monde, et sa mission d’annonce de l’Évangile ne doit pas être évaluée suivant les critères de ce monde, d’après les notions de succès ou d’échec. Si le nombre des Chrétiens diminue, par exemple, en Europe occidentale, ils sont de plus en plus nombreux en Afrique, en Asie, en Amérique du Sud et dans différents pays d’Europe orientale. Il faut s’efforcer de comprendre ce qui attire les gens vers le Christianisme dans ces régions et comparer leurs motivations avec celles des européens qui s’éloignent aujourd’hui de la foi. Il nous faut avoir le courage de reconnaître que le développement historico-culturel de la civilisation occidentale est dans une impasse précisément parce qu’elle a renié le christianisme et rejeté ses valeurs. Nous ne savons plus nous réjouir, nous nous croyons malheureux parce que l’axe de nos intérêts est limité exclusivement aux biens terrestres qui, cependant, du fait même de leur temporalité sont incapables de communiquer à l’homme bonheur, joie ou plaisir.
L’exemple des Chrétiens coptes et irakiens, qui versent leur sang pour leur foi et sont persécutés, est particulièrement édifiant, pour nous européens. Beaucoup d’entre eux ont quelque chose à perdre, beaucoup de chrétiens de ces pays occupaient une place en vue, certains d’entre eux sont riches. Pourtant, la foi et l’identité conservent pour eux leur primordialité. Beaucoup d’entre nous, à la fin des années 80 et au début des années 90 du siècle dernier, doutions que les populations des anciennes républiques de l’Union soviétique reviendraient à la foi de leurs pères. C’est pourtant ce qui s’est produit. Pourquoi ? Grâce à l’héroïsme spirituel des nouveaux-martyrs et des confesseurs russes demeurés fidèles au Christ jusqu’à la fin, j’en suis convaincu.
Ainsi, la civilisation occidentale contemporaine s’enfonce dans une impasse dont ni la science, ni un management efficace, ni les technologies ne sauraient la tirer. La crise de la société n’est pas un phénomène objectif, elle part d’une crise spirituelle de la personne restée sans Dieu avec ses problèmes insolubles et ses questions. La crise de la personne réside dans le déplacement de l’image de Dieu à la simple individualité. L’homme a perdu son visage, il est devenu une unité abstraite de la société de consommation avec un certain nombre de besoins. Le témoignage chrétien doit traverser comme un rayon de lumière l’épaisseur des amoncellements intellectuels des dernières époques. Il doit parler à l’homme-personne, redire toute la dimension unique de chacun d’entre nous, en d’autres termes, remettre l’homme sur le piédestal sur lequel l’avait placé le sublime mystère de l’Incarnation divine.
(…)
Les Églises chrétiennes, en premier lieu l’Église orthodoxe et l’Église catholique, ainsi que les Églises orientales chrétiennes doivent aujourd’hui s’allier et agir de concert. Nous devons absolument former une alliance des Églises de tradition apostolique, nous permettant de discuter ensemble des problèmes et des défis du monde contemporain. Il faut également créer des structures d’information informelles, qui proposeraient une information objective, vérifiée et régulièrement mise à jour sur les évènements intéressant les destinées de l’Église et du monde. Les formes traditionnelles de collaboration entre les Églises sont aujourd’hui insuffisantes, nous devons aspirer à nous rapprocher, et il faut commencer par l’essentiel, travailler ensemble à la défense des chrétiens et de l’héritage chrétien.
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[1] Long gone are those periods in our history when it was possible to have an innate sense of the actual identity of God, or a moral assurance as to the purpose or providence of God. No longer is the name of God evoked at the center of life and understanding; it is now spoken only at the peripheries, in those boundary situations where understanding and experience break down. God has increasingly and ever more comprehensively become for us a name of total and ultimate mystery, a mystery in the presence of which we can neither act nor speak (T. J. J. Altizer, The Descent into Hell. A Study of the Radical Reversal of the Christian Consciousness, The Seabury Press, N.-Y. 1979, р. 98).

[2] Il nostro tempo “lascia aperta anche l’ipotesi di un ricupero su vasta scala dei valori religiosi… Il vuoto di Dio può trasformarsi in vuoto per Dio” (G. Morra, Il quarto uomo. Postmodernità o crisi della modernità? Roma 1996, p. 127)

La conférence du métropolite Hilarion à l’Université de Lugano (Suisse)




Commentaires (2)
1. T. Schakhovskoy le 07/11/2011 13:01
Magnifique texte, à lire et relire, merci Vladimir. En particulier, c'est une aide pour chacun de nous confronté à la déchristianisation dans son entourage. Il est très difficile de dialoguer sur ces sujets avec des amis athées ou agnostiques qui veulent à tout prix séparer religion et vie quotidienne, assimilant la première à un dangereux obscurantisme alors qu'ils sont capables du plus grand dévouement pour leurs proches et moins proches dans ce qu'ils appellent "la vie réelle".
Quelle chance nous avons... et comme nous l'oublions, trop souvent, nous aussi au quotidien...
2. Ivan le 07/11/2011 18:26
A propos de la belle conclusion de V. Golovanow:
"nous devons aspirer à nous rapprocher, et il faut commencer par l’essentiel, travailler ensemble à la défense des chrétiens et de l’héritage chrétien.
""
Permettez-moi de vous signaler un video reportage sur la marche de protestation du 29 octobre contre la christianophobie à Paris ( à propos d' une pitoyable pièce de théatre ) : j' avoue que cette manifestation m' a touché en tant que chrétien, en faisant abstraction de tout ce qui me sépare par ailleurs des catholiques lefèbristes (fraternité Saint Pie X !... )
3. vladimir le 07/11/2011 23:33
Bien cher Ivan,

Il faut rendre son bien à chacun: tout ce texte est de Mgr Hilarion, je n'ai fait que le raccourcir légèrement.

Et je suis toujours gêné par les accusations de blasphème: n'oublions pas que c'est sous ce chef d'accusation que Jésus a été condamné. De plus, dans ce cas précis, les "voyeurs" qui vont regarder cette pièce sont dûment prévenus par la critique: "Certains ont quitté la salle devant un spectacle qui franchit sans transiger les frontières du visible. D’autres sont restés qui ont hurlé « escrocs » à la fin des 55 mn. D’autres encore se sont battus après la représentation." Faut-il leur interdire?
4. vladimir le 11/11/2011 11:36
"Les Églises chrétiennes, en premier lieu l’Église orthodoxe et l’Église catholique, ainsi que les Églises orientales chrétiennes doivent aujourd’hui s’allier et agir de concert. Nous devons absolument former une alliance des Églises de tradition apostolique, nous permettant de discuter ensemble des problèmes et des défis du monde contemporain. Il faut également créer des structures d’information informelles, qui proposeraient une information objective, vérifiée et régulièrement mise à jour sur les évènements intéressant les destinées de l’Église et du monde. Les formes traditionnelles de collaboration entre les Églises sont aujourd’hui insuffisantes, nous devons aspirer à nous rapprocher, et il faut commencer par l’essentiel, travailler ensemble à la défense des chrétiens et de l’héritage chrétien."

Je voudrais revenir sur ce texte à la lumière du débat qui se poursuit sur un autre fil au sujet de la participation orthodoxe au dialogue interchrétien (lien). Nous sommes vraiment dans une situation byzantine: l'ennemi est à nos portes, nos frères se font massacrer et notre foi est humiliée chez nous. Mais nos "meilleurs défenseurs de la foi", la Sainte Montagne et ses disciples, se concentrent sur les relations entre les Personnes de la Trinité et les énergies incréées de Dieu... Heureusement que l'aile marchante de l'Eglise Russe se mobilise et nous mobilise là où se joue le vrai combat!
5. vladimir le 11/11/2011 19:45
A PROPOS DE CERTAINES CRITIQUES DU GRAND CONCILE PANORTHODOXE EN PREPARATION
vendredi 11 novembre 2011 www.orthodoxie.com
Le 2 novembre, le métropolite Hilarion de Volokolamsk a reçu un doctorat honoris causa de l'Académie de théologie orthodoxe de Saint-Pétersbourg. A cette occasion, il a évoqué le grand concile panorthodoxe en préparation et les critiques qui lui sont parfois adressées: " La préparation du saint et grand concile suscite parfois certaines indignations, elle fait parfois l’objet de spéculations au sein de certains groupes. Plusieurs médias marginaux ont déployé une véritable campagne contre la convocation du concile. Des sites internet pratiquent la désinformation en ligne sur différents aspects du processus préconciliaires. On y trouve des citations des Pères, prononcées autrefois sur d’autres sujets et artificiellement tirées de leur contexte. Les mêmes procédés sont utilisés dans les feuillets anonymes parfois distribués dans nos églises : la perspective du concile y est agitée comme une épouvante. On y trouve même des appels à rejeter la communion avec les autres Églises locales. On effraye les gens, leur disant que le concile à venir sera celui de l’antichrist car on y prendra soi-disant des décisions allant à l’encontre de la doctrine de l’Église, de ses dogmes, de ses canons et de ses règles (...) ce genre de raisonnement non seulement n’a aucune espèce de fondement, mais témoigne de l’ignorance ou de la déformation volontaire des faits historiques et de la tradition de l’Église par ceux qui les propagent (...) Ce concile ne supprimera pas les carêmes, il n’introduira pas un épiscopat marié, n’autorisera pas le second mariage des prêtres, ne reconnaîtra pas l’autorité du pape de Rome sur l’Église orthodoxe, ne signera pas d’union avec les catholiques, en un mot, il ne fera rien de ce que dénoncent certains ‘défenseurs de l’orthodoxie’ qui montrent un excès de zèle déraisonnable ".

http://www.orthodoxie.com/2011/11/a-propos-de-certaines-critiques-du-grand-concile-panorthodoxe-en-pr%C3%A9paration.html
6. Daniel le 11/11/2011 22:41
A Vladimir (message 4)

Permettez-moi de vous parodier... L'Empereur de Constantinople à Saint Marc d'Ephèse : "Le Turc est à nos portes, l'Asie mineure est perdue, les Balkans envahis, et vous, mon cher Marc, vous vous concentrez sur les questions du Purgatoire, de la double procession de l'Esprit, des azymes... mon cher; pour qui vous prenez-vous. Heureusement que les évêques en marche conscient des difficultés actuels se mobilise pour le grand et vrai combat contre le Turc en s'alliant avec les latins"

Prônez-vous l'adogmatisme quand vous dites : "la Sainte Montagne et ses disciples, se concentrent sur les relations entre les Personnes de la Trinité et les énergies incréées de Dieu...". Rien ne peut être fait en dehors de la Vérité et ne vous en déplaise avoir une confession de la foi exacte (ce qui intègre les relations intratrinitaires et les énergies incrées). Sans énergie incréée, pas de déification, but de la vie chrétienne, si je ne m'abuse... à moins que le nouveau but de la vie chrétienne ne soit le militantisme...

Le Métropolite Hilarion, ayant vécu en Russie ne connait malheureusement pas la réalité de l'Occident faute d'y être né et d'y avoir vécu de façon intime. Le sécularisme de l'homme occidental n'est pas un anti-christianisme, excepté une minorité de laïciste militante, c'est avant-tout un anticatholicisme ou anti-protestantisme et un anti-papisme. L'homme occidental est à plaindre : depuis le grand schisme, on lui a présenté une caricature de christianisme via ce qu'on appelle le catholicisme. Il devait y avoir dans l'occident une intuition que cela n'était pas le vrai christianisme, à en juger par les mouvements issus du catholicisme qui en Occident prônèrent "un retour aux sources". Vaudois, hussites, et au final les protestants. Malheur suprême, les protestants qui eurent quelques succès numériquement errèrent dans leur retour aux sources faute de retrouver l'orthodoxie.

Face à ce pseudo-christianisme, l'homme occidental s'est sécularisé. Il ne rejetait pas le Christ en tant que tel (beaucoup de gens diront le Christ oui, mais l'Eglise sous-entendue catholique, jamais) mais le Christ tel qu'il lui était présenté par le pape et le pape lui-même. Catholicisme et protestantisme sont en fait les responsables de la sécularisation par leur présentation d'un christianisme dénaturé qui a fini par détourner les gens.

Croire que l'on va enrayer la sécularisation au côté de ce qui en son la cause est un "doux rêve" (euphémisme). En s'alliant aux responsables du mal, les orthodoxes brouillent leur message et dissuadent les personnes en recherche qui vont prendre l'orthodoxie pour un catholicisme bis, au final aussi "corrompu spirituellement". Il est tant que l'Eglise orthodoxe présente son message unique, rafraîchissant, moderne et éternel à la fois, et bien sûr de façon indépendante... Le salut de l'ouest en dans la seule orthodoxie...
7. vladimir le 11/11/2011 23:54
Bien cher Daniel,
Je trouve votre comparaison très pertinente: le concile de Florence (se termine en 1439) précède de peu la chute de Byzance (1453). Nous en sommes bien là!

Un temps pour jeter des pierres, et un temps pour les ramasser...

Mais Saint Marc ne devait pas trop discuter avec l'empereur: Éphèse était sous domination turque depuis 1304
8. justine le 12/11/2011 01:45
Tout à fait d'accord avec Daniel. Nous qui avons enfin, par l'infinie Miséricorde du Seigneur, trouvé le vrai Christianisme dans l'Eglise Orthodoxe, après avoir souffert toute une vie de ce ciel de plomb que le "christianisme" occidental nous avait plaqué sur la tête, nous savons de quoi nous parlons quand nous réfutons cette caricature et cette mise a mort de Dieu par le catholicisme et le protestantisme à sa suite. Une fois pour toutes nous avons compris que rien ne sortira plus de là, rien si ce n'est décadence et mort. C'est pour cela nous plaignons ceux qui n'ont pas encore trouvé l'issue de ce tombeau, et notre devoir est de faire ce que nous pouvons pour les aider à en sortir. Plus encore, nous nous révoltons quand nous voyons des Orthodoxes qui trahissent l’Orthodoxie. L'héritage des Chrétiens, c'est le Trésor de l'Orthodoxie. Un Trésor spirituel, un Trésor inestimable, la seule espérance de l'humanité. Est-ce par d'interminables palabres, en signant déclaration sur déclaration, en créant sans cesse de nouvelles commissions et sous-commissions que vous allez aider les gens à le trouver? Est-ce que le Christ nous a enseigné de créer toute cette bureaucratie ecclésiastique, tout ce tourisme conférencier? N'est-ce pas le parfait piège du diable que tout cela pour détourner les hiérarques de leur véritable tache qui est d'enseigner leur troupeau et de le protéger des loups et des doctrines nocives? Comment peut-on délivrer le monde de l'esprit séculier quand on est soi-même captif de cet esprit, au point de se moquer des Saints Dogmes et de la Sainte Montagne? Ce qu'il faut, ce ne sont pas des conférences. Ce sont des Saints. Et donc, notre première tache est de travailler à notre propre sanctification, en suivant les Saints Pères, en suivant l'Agneau où qu'Il aille, assumant la croix de la confession la vraie Foi, chacun là où il se trouve placé.
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