Foi orthodoxe - Les fois chrétiennes se rejoignent par l’eucharistie

Vladimir GOLOVANOW

Claude Lafleur

Les différences entre l’Église orthodoxe et l’Église catholique sont minimes, rapporte le père Ihor Kutash, de l’Église orthodoxe ukrainienne. À preuve, celui-ci enseigne depuis quinze ans à des catholiques, à l’Université Saint-Paul d’Ottawa. « C’est dire que la foi que nous partageons est suffisamment semblable pour que nous puissions nous comprendre sans problème. »

Ce qui distingue le plus ces deux institutions religieuses, l’orthodoxe et la catholique, c’est le fait que l’Église catholique considère que seules sont légitimes les communautés chrétiennes qui se soumettent à l’autorité du pape. « Tandis que nous, nous considérons que, chaque fois que la liturgie est célébrée par un prêtre qui est en communion avec les évêques de l’Église, celle-ci se trouve alors dans toute sa plénitude, indique le père Kutash. Pour nous, l’Église, c’est l’union de toutes ces Églises, et ce qui nous unit, c’est l’eucharistie. » Pour le reste, les célébrations et les traditions religieuses sont assez semblables, dit-il.

Nuances de croyances

Ihor Kutash est né de parents ukrainiens qui se sont installés en Alberta en 1924. « Ma famille est très liée à l’Église orthodoxe, dit-il, et c’est à l’âge de 15 ans que j’ai décidé que j’étudierais la théologie. » Ayant complété sa formation à 22 ans, au Collège Saint-André à Winnipeg, il a été ordonné prêtre. Il est ensuite venu s’installer à Montréal en 1969, où il oeuvre à la paroisse St. Mary the Protectress, dans le quartier Rosemont. « J’ai déménagé à Montréal parce que j’ai rencontré une Montréalaise, dit-il. Nous nous sommes mariés, nous avons eu un fils et avons maintenant trois petits-enfants ! C’est donc par amour que je suis venu vivre dans une ville que j’adore ! » Notons au passage que le père Kutash parle parfaitement trois langues : l’ukrainien, l’anglais et le français.

Il précise que l’Église orthodoxe ukrainienne est dirigée par un primat - le métropolite Yuri, qui réside à Winnipeg - et qu’elle est liée à la communauté orthodoxe internationale par son appartenance au patriarche de Constantinople.

Le père Kutash souligne que, s’il y a peu de différences entre les fêtes catholiques et orthodoxes, il y a néanmoins quelques nuances à apporter, notamment à propos de la Vierge Marie. « Nous vouons une grande vénération à Marie, mère du Christ, dit-il, mais on ne dit pas souvent “Vierge Marie” parce que, pour nous, ce n’est pas sa virginité qui importe avant tout. Nous croyons que, oui, Marie était vierge, mais, pour nous, elle était avant tout la mère de Jésus. On parle donc de Marie mère du Christ. »

Autre différence : l’Église catholique insiste sur la conception immaculée de Marie, c’est-à-dire qu’elle serait née en ayant été « surnaturellement protégée contre le péché originel » commis par Adam et Ève (avoir croqué la pomme du savoir). « C’est ce péché originel qui fait que nous mourrons tous, rappelle Ihor Kutash. Mais nous, nous disons que Marie est née avec le péché originel et c’est pourquoi elle est décédée. Toutefois, elle a été ressuscitée par son fils Jésus - elle est la première à l’avoir été après lui - de sorte qu’elle réside désormais aux côtés de son fils, de Dieu le père et de tous les saints. »....SUITE le Devoir


Commentaires (6)
1. makarios le 31/03/2013 18:50
si les différences entre orthodoxes et catholiques sont minimes alors qu'attendons-nous pour proclamer l'intercommunion? De plus ne devons-nous pas alors nous distancer quelque peu de certains enseignements de saints tels que Nectaire d'Egine, Nicolas Vélimorovitch, Paissios l'Ancien, Jean Maximovitch....et aussi dans une certaine mesure de Grégoire Palamas que nous célébrons ce dimanche car la controverse provoquée par Barlaam ne méritait pas d'être combattue avec autant de force puisqu'en fin de compte les différences sont minimes et accessoires...
2. Daniel le 31/03/2013 22:14
Je ne sais pas dans quel langue s'est exprimé le Père Ihor Kutash, mais quand je lis « Nous vouons une grande vénération à Marie, mère du Christ, dit-il, mais on ne dit pas souvent “Vierge Marie” parce que, pour nous, ce n’est pas sa virginité qui importe avant tout. Nous croyons que, oui, Marie était vierge, mais, pour nous, elle était avant tout la mère de Jésus. On parle donc de Marie mère du Christ. », je suis surpris.

Ce Marie, mère du Christ (exact sur le fond) sonne un peu nestorien vu que les orthodoxes disent surtout Marie, enfantrice de Dieu, Déipare (si l'on veut traduire exactement le sens de Théotokos) ou Mère de Dieu (qu'on trouve dans les textes liturgiques) ou encore Génitrice de Dieu (présent mais plus rare dans les textes liturgiques). Problème de traduction ou de transcription de l'interview, les journalistes n'étant pas au courant de ces finesses?
3. Vladimir le 01/04/2013 11:10
J'ai proposé cet interview du père Ihor car elle contient beaucoup de choses intéressantes et je trouve son approche très intelligente: il part de ce qui rapproche pour ensuite montrer les différences. Et il le fait de façon à être réellement compris des Catholiques, ce qui est particulièrement intéressant pour nous qui vivons au milieu d'eux.

Le père Ihor dit que les différences sont minimes, mais tout est relatif: oui, il y a plus de choses qui nous rapprochent que de choses qui nous séparent et nous sommes plus proches des Catholiques que des Protestants, qui occupent une place prépondérante aux Etats Unis. Mais le père Ihor passe le plus clair de son interview à évoquer les différences – ce n'est pour rien!

Il évoque donc une grande partie des différences doctrinale, je dirais les plus flagrantes, mais il est évident qu'il en laisse aussi de côté pour ne pas sortir du cadre de ce petit article. Il y a bien évidement la doctrine sur les énergies incréés, qui tient une place fondamentale dans l'approche de la spiritualité hésychaste, elle-même à la base de la pratique orthodoxe(*); il faut aussi citer le "filioque", qui a formellement déclenché le schisme, l'évolution des dogmes chez les Catholiques, qui permet toutes les dérives et bien d'autres. Mais j'insisterais surtout sur la primauté catholique opposée à la conciliarité orthodoxe, qui me semble en fait être la question fondamentale d'où les autres ont découlé.

En fait, pour que nous puissions communier ensemble, car nous ne parlons "d'intercommunion", nous communions totalement, quand nous sommes totalement d'accord, ou nous ne communions pas, il suffirait que la Catholiques renoncent à tous les ajouts du deuxième millénaire, de l'autorité universelle de Rome et du "filioque" à l'infaillibilité et à l'immaculé conception (notez que même la dormition de Marie n'est pas comprise de la même façon), sans oublier l'évolution des dogmes et les "détails" liturgiques qui font sens: excommunication des petits enfants, officiant face au paroissiens… et j'en passe beaucoup! Après nous pourrons discuter des avancées orthodoxes comme les énergies incréés…

Comme vous voyez, bien cher Makarios, nous en sommes encore loin et il n'y a pas vraiment de différence doctrinale entre le père Ihor et les saints que vous citez, mais simplement une différence d'accent: le père Ihor met en avant les ressemblances pour se faire comprendre des Catholiques et les saints sur les différences, pour que les Orthodoxes ne fassent pas fausse route.

PS à Daniel: je pense clairement à une erreur de traduction que vous avez raison de souligner. Le débat entre "Theotokos" (enfantrice de Dieu) et "Theochristos" (enfantrice du Chtist) a été tranché au IIIe Concile œcuménique (Ephèse, 431) et, comme l'écrit Mgr Kallistos Ware, "Il n'était donc pas simplement question de titres de dévotions, mais du message essentiel du salut. Le mot " Theotokos", dans la doctrine de l'Incarnation, a la même importance que le mot "homoousios" dans celle de la Trinité."

Mais il s'agit probablement d'une mauvaise traduction: Claude Lafleur n'est visiblement pas expert en religion. Vous pouvez d'ailleurs lui écrire sur
4. Vladimir le 01/04/2013 11:12
(*) PPS pour Makarios: à propos de St Grégoire Palamas voir l'article que j'ai écrit sur http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/L-hesychasme-est-a-la-base-de-la-spiritualite-orthodoxe-Partie-1-l-hesychasme-et-la-Philocalie-des-Peres-Neptiques_a2761.html et http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/L-hesychasme-est-a-la-base-de-la-spiritualite-orthodoxe-Partie-2-La-developpement-de-l-hesychasme_a2768.html
5. Tchetnik le 01/04/2013 16:18
"Christotokos, en l'occurence et non "Théochristos".



6. Vladimir le 01/04/2013 17:57
Of course! Merci bien cher Tchetnik! Ma plume m'a emporté.
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