Hommage à l'ACER
Parlons D'orthodoxie
NICOLAS ROSS
L'Action chrétienne des étudiants russes fête ses 90 ans
Pour rendre hommage à ce mouvement, qui a joué un rôle considérable dans la vie religieuse et culturelle de l'émigration russe et dont je me suis personnellement souvent senti proche, j'ai pris l'initiative de proposer sur ce Blog "Parlons d'orthodoxie" la traduction de larges extraits d'une allocution du père Serge Boulgakov prononcée le 21 novembre 1933 à Paris, alors que l'ACER fêtait ses 10 ans. Elle a été publiée (en russe) dans le Vestnik R.S.Kh.D., 1934‒1, pp. 5-6.
Notre étendard
Je ne peux concevoir l'Action chrétienne des étudiants russes en rupture avec toute l'histoire de la culture russe et l'histoire de l'orthodoxie russe. Notre mouvement est né ici, à l'étranger, de manière totalement indépendante, issu des profondeurs de la conscience de la jeunesse russe. Mais il ne faut pas oublier qu'il est le prolongement direct de ce mouvement religieux de l'intelligentsia russe qui est apparu longtemps avant la dernière guerre dans les milieux les plus cultivés de la société russe. Les slavophiles, Dostoïevski, Vl. Soloviev et de nombreux autres penseurs, membres de la Société philosophique et religieuse de Moscou et de Saint-Pétersbourg, étaient à la tête de ce mouvement, de ce retour de l'enfant prodigue, qui avait erré sur les voies erronées de l'athéisme et de l'hostilité à l'Église. [...]
L'Action chrétienne des étudiants russes fête ses 90 ans
Pour rendre hommage à ce mouvement, qui a joué un rôle considérable dans la vie religieuse et culturelle de l'émigration russe et dont je me suis personnellement souvent senti proche, j'ai pris l'initiative de proposer sur ce Blog "Parlons d'orthodoxie" la traduction de larges extraits d'une allocution du père Serge Boulgakov prononcée le 21 novembre 1933 à Paris, alors que l'ACER fêtait ses 10 ans. Elle a été publiée (en russe) dans le Vestnik R.S.Kh.D., 1934‒1, pp. 5-6.
Notre étendard
Je ne peux concevoir l'Action chrétienne des étudiants russes en rupture avec toute l'histoire de la culture russe et l'histoire de l'orthodoxie russe. Notre mouvement est né ici, à l'étranger, de manière totalement indépendante, issu des profondeurs de la conscience de la jeunesse russe. Mais il ne faut pas oublier qu'il est le prolongement direct de ce mouvement religieux de l'intelligentsia russe qui est apparu longtemps avant la dernière guerre dans les milieux les plus cultivés de la société russe. Les slavophiles, Dostoïevski, Vl. Soloviev et de nombreux autres penseurs, membres de la Société philosophique et religieuse de Moscou et de Saint-Pétersbourg, étaient à la tête de ce mouvement, de ce retour de l'enfant prodigue, qui avait erré sur les voies erronées de l'athéisme et de l'hostilité à l'Église. [...]

Notre étendard est l'étendard de Constantin, il porte l'inscription "Par ce signe tu vaincra". Son tissu est usé et troué par des balles, mais je crois fermement que vous ne l'inclinerez pas devant d'autres forces hostiles. Cependant, même s'il vous arrivait de faiblir et de l'incliner, d'autres générations, qui vous succéderont, ne manqueront pas de lever haut notre étendard et de vaincre par lui.

Et nous devons éviter l'isolement et la solitude dans une conscience privée de charité de la suprématie de notre "orthodoxie". Le monde chrétien souffre du sentiment, de la conscience de sa désunion, qui affaiblit l'œuvre créatrice des chrétiens et retarde la victoire de l'étendard de Constantin.
Trop de choses sont actuellement bâties et décidées par des forces non-chrétiennes ou antichrétiennes. Vos aînés, les penseurs religieux russes du début du XX siècle, vous on légué une grande idée, l'idée de l'œuvre créatrice chrétienne. Elle doit se manifester de plus en plus dans tous les domaines de la culture: la technique, l'art, la science, l'action sociale. C'est en cela qu'est le vrai sens de notre mouvement, qui est né à l'initiative d'acteurs de la vie culturelle et scientifique et c'est seulement à cette condition qu'il pourra conserver le droit de se nommer l'Action chrétienne des étudiants russes. C'est alors seulement que nous vaincrons par notre étendard.
Cet étendard, que je porte avec mes mains faiblissantes et à l'ombre duquel j'espère mourir, vous aurez à le porter avec courage et dignité. Peut-être aurez-vous à le transmettre en Russie, mais, en toute certitude, vous serez amenés à le transmettre aux générations futures.