Interview du recteur du séminaire p. Alexandre Siniakov au site de l'aumônerie de l'Université de Moscou

Parlons d'orthodoxie

Interview du recteur du séminaire p. Alexandre Siniakov au site de l'aumônerie de l'Université de Moscou
Traduction p.SERGE MODEL

"La formation au séminaire orthodoxe en France associe l'enseignement laïc et religieux". Le recteur du séminaire orthodoxe russe de Paris, le hiéromoine Alexandre Siniakov a expliqué, dans une interview au portail russe « Tatianin den’ » de l'aumônerie orthodoxe de l'Université de Moscou, l'activité de cette école théologique de l'Eglise orthodoxe russe. En voici la traduction française:

— Père Alexandre, comment se fait-il que vous soyez devenu recteur du séminaire orthodoxe russe à Paris ? Racontez-nous un peu votre parcours.

p.A.S. —Tout fut très simple pour moi : j’ai toujours aspiré à la vie monastique et, après la sortie de l’école, le lendemain de la réception du diplôme, je suis parti pour le monastère Ipatiev de Kostroma. Là j’ai vécu une année, avant que Mgr Alexandre, alors archevêque de Kostroma, maintenant métropolite du Kazakhstan, m’envoie en formation en France. J’ai étudié à l’Institut catholique de Toulouse, à l’Ecole pratique des hautes études (Paris), où j’ai soutenu mes thèses de DEA et de doctorat, et à l'institut de théologie orthodoxe Saint-Serge, où j’ai défendu ma maîtrise.

Interview du recteur du séminaire p. Alexandre Siniakov au site de l'aumônerie de l'Université de Moscou
Quand surgit l’idée de la création d’un séminaire orthodoxe en France, l'archevêque Innocent de Chersonèse (maintenant, archevêque de Vilnius et de Lituanie) m’a proposé de diriger cette école théologique. La décision du Saint-Synode suivit.
Le rectorat est pour moi est une expérience immense, qui me donne beaucoup. Certes, nous avons déjà vécu une grande quantité d’épreuves, de difficultés, nous nous sommes heurtés à un nombre indescriptible de problèmes. Mais, par la grâce de Dieu, tout cela est passé, même si, évidemment, bien des choses sont encore devant nous — le séminaire est très jeune et doit s’affermir.
Le séminaire russe fut créé, il y a quatre ans, par le Saint-Synode de l'Eglise orthodoxe russe, à l'initiative du Patriarche Cyrille, alors encore métropolite de Smolensk et de Kaliningrad. Il a ouvert ses portes, proprement dit, il y a deux ans. Récemment, nous avons entamé la troisième année académique au séminaire.

— Où se trouve, géographiquement, votre Séminaire à Paris ?

p.A.S. — Géographiquement, le Séminaire se trouve en banlieue parisienne. Une ligne du RER y mène — 25 minutes du centre de Paris, ce qui est, pour les Français, considérable. Par contre, c'est habituel pour les Russes familiers des distances immenses de Moscou.
Le séminaire s'est installé dans un ancien couvent catholique, qu’occupaient auparavant les Sœurs Auxiliatrices. D'abord, nous louions les locaux, mais le 1er août de cette année, l'Église russe est devenue le propriétaire de la Maison et du territoire adjacent. Maintenant nous avons un bâtiment assez grand, avec 25 chambres d'étudiant, cinq chambres pour les prêtres et les professeurs venant au séminaire et presque quatre hectares du parc. Cette année, nous avons entrepris la construction d’une église en bois, qui deviendra l’image de l’architecture traditionnelle russe.

— Pour l’instant, l’église du Séminaire est située dans un local aménagé ?

p.A.S. — Oui, au séminaire, il y a une église domestique dans un local aménagé, que nous modifions maintenant entièrement. À l'intérieur, il est peint à fresque. L'étape suivante est l'installation de l'iconostase, qui vient d’arriver chez nous des ateliers de la laure de la Trinité-Saint-Serge. Nous voudrions que cette église devienne une église idéale de la tradition orthodoxe russe, pour que l'on puisse, notamment, la montrer aux visiteurs.

L’église du séminaire était dédiée, encore à l’époque des Sœurs Auxiliatrices, à la mémoire de Sainte Geneviève de Paris, une sainte du VIe siècle, fort vénérée dans l'émigration russe. Sainte Geneviève est vénérée tant par les orthodoxes que les catholiques. Nous avons décidé de conserver cette dédicace et consacrer également l’autel de notre église en l'honneur de saint Martin le Confesseur, pape de Rome, qui a lutté avec l’hérésie monothélyte ; et comme il est mort à Chersonèse, nous le considérons comme l’un des saints patrons du diocèse de Chersonèse.

— Y a-t-il beaucoup d’étudiants au Séminaire ?

p.A.S. — Cette année, 22 personnes étudient chez nous ; chaque année nous acceptons en moyenne près de sept personnes, parfois un peu plus. La plupart de nos étudiants viennent de Russie, mais il y a aussi des jeunes gens d'Ukraine, de Moldavie, de l'émigration russe en Europe occidentale. Trois de nos élèves sont des représentants d’autres cultures, convertis à l'Orthodoxie : un Colombien (ordonné diacre l'année passée), un Ghanéen (ordonné prêtre du Patriarcat d’Alexandrie il y a quelques semaines), et un Haïtien de la mission de l'Église russe hors-frontières à Haïti, qui attend encore son visa français.
La langue de contact au Séminaire est le français. Deux tiers de l’office divin sont célébrés dans cette langue.

— Qui enseigne au Séminaire ?

p.A.S. —Du point de vue de l'enseignement, notre Séminaire est particulier. Le fait est que nos séminaristes passent le principal de leur enseignement — environ 2/3 de toutes leurs études — dans une des universités parisiennes : soit à la Sorbonne (aussi bien à Paris IV qu’à l’EPHE), soit à l'institut Saint-Serge, soit à l’Institut catholique de Paris. Seulement un tiers des études se déroulent à l'intérieur même du séminaire : ce qu’il est nécessaire de connaître aux futurs pasteurs selon les standards du comité pédagogique de l'Eglise orthodoxe russe y est enseigné. Nos professeurs sont des membres du clergé du diocèse de Chersonèse et des diocèses voisins, des laïcs — représentants de l'émigration russe, professeurs des universités. Des catholiques viennent enseigner la langue latine. J'enseigne le grec et la théologie dogmatique.

— Oui, c’est un système unique … Quels sont ses atouts ?

p.A.S. — Le but de ce système est de cumuler la formation laïque et spirituelle. L'Eglise orthodoxe russe a, ces dernières années, envoyé beaucoup d’étudiants se former dans des établissements d'enseignement publics européens, en les laissant parfois sans accompagnement spirituel. Et le séminaire russe cumule pour la première fois l'enseignement dans les établissements d'enseignement publics, et le maintien du cadre de la formation spirituelle de l'Eglise orthodoxe russe. L'étudiant reçoit donc deux formations — universitaire et religieuse. Cela lui permet, d'une part, de faire connaissance avec le milieu universitaire, avec ses défis, et c'est très important pour le croyant, parce qu'il se heurte là à des non croyants, aux gens d’autres cultures, d'autres religions. Et en même temps, il affermit ses racines spirituelles, éprouve la solidité de sa foi. D'autre part, le séminaire aide à supporter le choc culturel que l’étudiant peut éprouver en se retrouvant dans un autre milieu, mais il ne s’enferme pas uniquement à l'intérieur de sa propre confession : en tant que futur pasteur, il entre en contact avec les gens, avec qui à lui il lui faudra communiquer par la suite. Notre système est semblable à la méthode du forgeage de l'épée : de chaud à froid et vice versa.

— Au sein du séminaire, les étudiants ont également des charges complémentaires ?

p.A.S. — Oui, certes. D’abord, le jour commence chez nous par la divine liturgie — à laquelle tous assistent, sauf s’ils ont des raisons valables d’absence. Le jour s’achève par la célébration des vêpres. Souvent nous ne devons obliger personne : les jeunes gens viennent toujours volontiers eux-mêmes. Plusieurs d’entre eux chantent, certains servent à l’autel, ceux revêtus des ordres sacrés officient, chacun à leur tour.

Par ailleurs, il y a des charges en matière d’organisation de la vie intérieure de séminaire, par exemple, dans la salle à manger. Nous essayons d’envoyer régulièrement nos étudiants dans des paroisses de France. Notre chœur accompagne parfois des pèlerinages vers des saints lieux chrétiens, aide parfois dans les paroisses lors des fêtes paroissiales ou dans quelques autres cas solennels.

— Y a-t-il un journal, une revue, du Séminaire de Paris ?

p.A.S. — Oui. Depuis près de quatre ans, nous publions en France le Messager de l'Eglise orthodoxe Russe renouvelé — il sort en français, c’est un trimestriel. Nous publions aussi une petite revue d'étudiants en français et russe sous forme électronique.

— Vous vivez parmi les gens avec une autre mentalité, très différente de la mentalité russe. Quelle est leur réaction à l’égard du séminaire, de vos élèves, de vous-même ?

p.A.S. — En général, je dois dire par expérience - je vis en Europe depuis 12 ans déjà - que les Français éprouvent envers nous un grand intérêt, un grand respect pour la culture russe, et en particulier, l’Orthodoxie russe. Nous sentons une vraie sympathie de la société française envers l'Eglise orthodoxe. Quand le projet de notre séminaire a été lancé, beaucoup de Français ont réagi très positivement. La critique est plutôt venue du côté russe. Les Français nous soutenaient, comme ils pouvaient - catholiques et orthodoxes. Les croyants orthodoxes étaient heureux d’avoir une école théologique dans leur pays, où les prêtres se formeront pour eux ; en effet, en Europe occidentale, il y a actuellement un manque criant des pasteurs orthodoxes.

— Comment fonctionne votre petite communauté au Séminaire ? Je pense que les relations collectives sont construites chez vous un peu autrement que dans les grandes écoles de théologie ?

p.A.S. — Il y a certes une grande différence. Nous avons tâché de faire en sorte qu’entre la direction du séminaire et chaque étudiant s’établissent des relations personnelles. Chez nous, chaque étudiant est visible, et en quelques années d’études il devient tout à fait transparent pour l’évêque, pour la direction du séminaire, ce qui, vu les particularités du ministère ecclésial, est très important. Il est nécessaire que la personne qui présidera une paroisse orthodoxe, bénéficie d’une confiance absolue de la hiérarchie ecclésiale.

Le fait que le séminaire soit petit change la relation entre les étudiants eux-mêmes. Nous nous efforçons d’éduquer les étudiants non tant dans une atmosphère de peur de la punition et dans l’observation de la discipline, que dans une atmosphère de responsabilité pour ce qu’ils représentent eux-mêmes. Nous leur expliquons que tout pas erroné de leur part se répercutera sur la réputation de l’Eglise orthodoxe russe dans son ensemble et sur l’image des pays qu’ils représentent. On juge l’Église à travers eux, on juge leurs pays, et c’est une particularité du séjour à étranger, dans un milieu culturellement différent.

— Dans les murs du séminaire sont réunis des gens des différentes cultures : comment s’entendent-ils les uns avec les autres ? Je pense que l’Ukrainien et le Russe peuvent se comprendre, mais comment faire avec le Colombien ou le Haïtien ? En effet, même la perception du monde diffère chez les représentants des différents peuples.

p.A.S. — Oui, c’est cela. Dans ce domaine, nous avons eu des difficultés. Les garçons formaient des groupuscules ethniques. Nous luttons contre cela, pour montrer l’universalité de l’Orthodoxie, pour montrer que la foi en Christ transfigure la personne à tel point que, tout en continuant à porter une culture nationale concrète, elle comprend que la foi en Christ est plus forte. Et que dans Christ, il n’y a ni Grec, ni Juif, ni masculin, ni féminin.

Nous nous efforçons de créer les conditions pour que chaque culture se manifeste en plénitude, et montre ce qu'elle a précieux, mais ne limite pas la liberté et l’expression des gens d’une autre culture. D’habitude, nous célébrons toutes les fêtes ensemble — celles que fêtent les Africains, et celles que fêtent les Français, les Russes, les Moldaves et les Ukrainiens. Nous tâchons de découvrir les uns aux autres. Et chaque culture montre ce qu’elle a de meilleur, de plus proche du Christ et de l’Évangile.

Tous nos étudiants proviennent de pays avec une histoire compliquée, avec une situation économique et politique difficile. Nous apprenons l'un de l'autre de nouvelles choses, nous partageons nos difficultés. Et cela nous aide à nous rendre compte de la valeur de ce don que Dieu nous a fait nous ayant placés tous ensemble sous un même toit.

Mardi 18 Octobre 2011
Séminaire Russe
PATRIARHIA.RU

Le programme 2011-2012 des conférences du samedi au Séminaire orthodoxe russe en France



Commentaires (22)
1. vladimir le 19/10/2011 13:44
Magnifique témoignage.

Et je rappelle cette illustration de la place qu'occupe de plus en plus le Séminaire orthodoxe russe en France "au service de la formation et de la rencontre des Chrétiens d'Orient et d'Occident" comme le proclame sa devise: http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Le-choeur-du-Seminaire-a-participe-aux-vepres-orthodoxes-de-la-Saint-Denis-a-Notre-Dame-de-Paris_a1956.html?com#comments
2. Daniel le 20/10/2011 22:00
Je suis surpris que l'on ne célèbre pas les matines au séminaire... C'est dommage! Cela dit, je préfère le séminaire de Jordanville.
3. vladimir le 20/10/2011 23:06
Je pense qu'il faut faire une distinction entre séminaire et monastère. Les étudiants sont là pour ... étudier! Il va sans le dire que que les mâtines des dimanches et jours de fêtes sont toujours célébrés.

Je pense que le séminaire de Jordanville est très bien, de même que l'académie saint Vladimir, mais ils ont un défaut majeure: il faut traverser l'Atlantique et obtenir un visa US...

De plus ce séminaire est particulièrement important hic et nunc pour témoigner que l'Orthodoxie ne se réduit pas à nos guéguerres pichrocolines!
4. Daniel le 21/10/2011 23:36
A Jordanville, les étudiants ont le cycle liturgique complet de façon journalière... et les cours. Cela fait partie de la formation de tout futur prêtre. Je rappelle tout de même que les offices liturgiques sont de la théologie et qu'est théologien non celui qui étudie la théologie mais celui qui converse avec Dieu... De là le fait que des théologiens multi-doctorés et multi-thésard soient moins théologiens que des moines nourris aux seuls offices litturgiques... Suivez mon regard...
5. Daniel le 22/10/2011 01:37
Autre remarque : j'aurais préféré un recteur plus âgé (oui je sais "aux âmes bien nées mais bon, ce jeune est devenu prêtre avant l'âge canonique de 30 ans, c'est un peu rapide), avec plus d'expérience de vie monastique (quel est le CV du hiéromoine Alexandre en terme de vie monastique), expérience que je souhaite à tous les moines dont je me rends compte que certains n'ont jamais mis les pieds plus d'une année dans un monastère...
6. Mischa le 22/10/2011 10:45
@Daniel
Простое напоминание: Митрополит Никодим Ротов стал митрополитом совсем молодым! Как множество другого русского епископата. Большинство из них никогда не проходили монастырского послушания!!!!!
Знания, ум, образование, замечательные организационные способности: не всегда можно приобрести в монастыре. Это таланты данные Богом!
7. victorov le 22/10/2011 10:52
@Daniel (post 4).
Il est possible qu'à Jordanville, le cycle complet des offices soit célébré (à noter qu'il n'y a pas seulement un séminaire, mais un monastère), mais pour les cours, il n'y a peut-être pas de quoi se vanter :
- en première année, les séminaristes ont ainsi : russe, slavon d'église, chant liturgique, histoire de la Russie, anglais et "fondements de l'orthodoxie". Et c'est tout !
- en deuxième année : russe, slavon, chant d'église, histoire universelle, histoire de la Russie et Ancien Testament.
Ce n'est qu'en troisième année (sur cinq) que commencent les cours de théologie proprement dite, tout en poursuivant l'étude de la littérature russe, etc.

Conséquence : les diplômés de Jordanville connaissent essentiellement le slavon et l'ordo liturgique ... et cela s'arrête à peu près là. Le fait que Jordanville ait produit bien peu de théologiens ou d'ouvrages dans d'autres domaines que ceux-là n'étonnera sans doute personne ...
8. L.V. Lasareff le 22/10/2011 11:56
Désarçonnantes récriminations : que de religieux ayant apporté leurs vœux ont vécu une vie exemplaire « dans le monde » au service de Dieu et de leurs prochains ?

Que d’évêques, dont nombre ont atteint la sainteté, n’ont fait dans les cloîtres que des stages de perfectionnement ?
A l’époque soviétique (ceci est, bien sûr, autre chose) que de croyants sont devenus « moines dans le monde » et y ont peut-être plus de mérites que, peut-être, certains pères stylites (столпники) ?

Pour ce qui est du recteur d’Epinay : voici une personne d’une spiritualité plus que riche, d’un amour opérant et d’une piété peu extériorisée mais rayonnante.
Tout ceci en connaissance de cause : j’ai assisté à Epinay à plusieurs conférences.
L.V. Lasareff
9. vladimir le 22/10/2011 13:18
Bien cher Daniel,

Vous ouvrez là un débat très intéressant qui va des objectifs des séminaires au rôle de nos prêtres. Je vais vous proposer mon avis personnel et j'espère que vous et d'autres viendront l'enrichir.

OBJECTIFS DES SEMINAIRES
Tous les séminaires ont un but principal, former des prêtres, et j'y reviendrai dans la deuxième partie. Mais les deux qui nous intéressent, Jordanville et Epinay, ont aussi pour objectif de témoigner de l'Orthodoxie dans la société occidentale. Et là les méthodes différent:

- Crée en 1948 dans le cadre du monastère de la Trinité, le séminaire de Jordanville (1) a pour objectif de CONSERVER LES TRADITIONS DE L'EGLISES RUSSE PREREVOLUTIONNAIRE (2). Vu au départ comme une école pour les jeunes membres de la communauté monastique, il a clairement gardé cette orientation principale comme le montre le programme détaillé par Victorov en 7 et, situé dans le cadre du monastère, il met naturellement l'accent sur l'ordo monastique.

- Le séminaire d'Epinay proclame dans sa devise qu'il est "AU SERVICE DE LA FORMATION ET DE LA RENCONTRE DES CHRETIENS D'ORIENT ET D'OCCIDENT"(3). Ce n'est pas un monastère et, comme l'annonce son recteur il "associe l'enseignement laïc et religieux". Son objectif n'est donc pas de former des moines, mais des prêtres capables de répondre aux multiples défis que la société actuelle jette à l'Orthodoxie, aussi bien à l'Est qu'à l'Ouest. Il est donc normal qu'il s'éloigne de l'ordo monastique pour suivre celui d'une bonne paroisse (avec la cathédrale des Trois Saints Docteurs, c'est l'une des très rares paroisses de France, en dehors des monastères, où la Liturgie est célébrée tous les jours).

ROLE DE NOS PRETRES
Que nos prêtres ne doivent pas tous être moines est une évidence: le "ministère blanc" des prêtres mariés est l'une des caractéristiques essentielles de l'Orthodoxie; et le rôle des prêtres mariés et des laïcs dans notre témoignage ne doit pas, à mon sens, être sous-estimé. Comme j'ai posté récemment plusieurs articles sur le monachisme et son apport dans la Mission orthodoxe en Occident, j'espère ne pas être taxé d'anti-monachisme primaire comme l'a été, injustement, le père Alexandre Schmemann. Mais je crois que c'est à ce niveau que se situe la pierre de touche entre la subculture traditionnaliste(4), qui cherche à enfermer tous les Orthodoxes dans un ghetto fondé sur la règle monastique, et une Orthodoxie ouverte, qui veut porter le message de l'Evangile au monde tel qu'il est.

Sans amoindrir le rôle essentiel des moines, que rappellent en particulier Misha et par L.V. Lasareff, je pense que nos prêtres mariés sont particulièrement à même de le faire, en étant eux-mêmes directement au contact de toutes les réalités de notre société. Et, pour revenir à notre débat, il me semble que c'est une formation répondant à ces défis là que propose le séminaire d'Epinay.

(1) http://hts.edu/seminary/front/en/index.html
(2) "The seminary strives to preserve the high scholarly standards, teachings, and traditions of the Pre-revolutionary Russian Orthodox Church" in http://hts.edu/seminary/front/en/history.htm
(3) http://www.seminaria.fr/
(4) http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Defense-de-la-desecclesialisation_a1878.html
10. Daniel le 22/10/2011 18:38
@ Vladimir

Mon objection était justement liturgique : dans une "bonne paroisse", on célèbre aussi les matines tous les jours, comme c'est le cas aux Saints Docteurs, à la cathédrale Saint Sava. Je suis surpris que liturgiquement parlant, on célèbre la liturgie sans avoir célébré auparavant les matines que ce soit la veille collées aux vêpres ou le matin avant la liturgie, et ce dans un séminaire de surcroît...

Les matines ont quand même un canon en 9 odes qui a un contenu catéchétique...unique au saint et à la fête alors que la liturgie est globalement la même avec comme unique changement les tropaires et les lectures... J'attends d'un prêtre qu'il ait toute de même suivi un cycle liturgique annuel complet (avec matines et vêpres tous les jours). Ne pas dire les vêpres et les matines c'est peu à peu tomber dans une facilité qui réduit la vie liturgique à la seule Divine liturgie.

On se tue à répéter aux fidèles de pointer leur nez aux matines et vêpres, ce serait bien qu'un séminaire puisse offrir aussi des matines, histoire de montrer l'exemple... Après reste à voir si cela est possible en termes d'emploi de temps. Je comprends que vu la localisation du séminaire et le temps de transport nécessaire pour gagner Paris, cela puisse être difficile mais tout de même. Pas de matines, dans un séminaire, je suis surpris... d'autant que l'intérêt d'une liturgie quotidienne me semble à l'inverse, réduit...
11. Hiéromoine Alexandre le 22/10/2011 22:53
Daniel,
Votre amour des matines est admirable. Nous aussi, nous regrettons que l'emploi du temps de nos séminaristes ne nous permette pas de les célébrer tous les jours, comme nous l'aurions aimé. Il y a cependant plusieurs remarques à faire:
1. On ne peut comparer les matines à la divine liturgie. Dans le premier cas, il s'agit d'un office des heures, dans le deuxième cas, du sacrement de l'Eucharistie que nous célébrons en suivant le commandement du Seigneur: Faites cela en mémoire de moi. La répétitivité des textes de la divine liturgie n'enlève rien à la valeur de ce Sacrement fondamental dans la vie de l'Eglise et de chaque chrétien.
2. Dans la plupart des séminaires orthodoxes en Russie, ni les vêpres ni les matines ni la divine liturgie ne sont célébrées quotidiennement, pas plus que dans la plupart des paroisses (sauf les cathédrales). Il est possible de verifier sur les sites internet de ces séminaires qu'on y récite seulement des prières du matin et du soir. Ce n'est pas pour autant qu'il faille s'en prendre à cette pratique qui, à notre insu, peut avoir des raisons justifiées.
Je fais ces modestes remarques, tout en me rendant compte que ma réponse ne vous satisfera probablement pas, venant de la bouche d'un homme bien trop jeune pour être écouté et pris au sérieux.
Merci néanmoins de l'intérêt que vous manifestez pour la vie liturgique de notre séminaire. Nous vous porterons dans nos indignes prières.

Vladimir,
Merci de vos paroles d'encouragement: elles me touchent beaucoup. Votre vision de la mission de notre séminaire est proche de la mienne et votre souci de manifester de la solidarité à vos frères dans la foi est réconfortant au milieu des méfiances et des préjugés qui enveniment les relations entre orthodoxes en France, pourtant appelés ensemble à témoigner de la résurrection du Christ.
12. Gueorguy le 22/10/2011 23:53
Cela serait peu de mot de dire que nous aimons le Séminaire et tout le travail qui y est accompli. Venez, visitez et vous rendre compte!!!
Saluons cette œuvre au sein de l'Eglise russe et cessons cet esprit sectaire que c'est mieux ailleurs, qu'il y a mieux ailleurs, etc...
C'est certainement très bien ailleurs et nous en sommes ravis. Mais c'est très bien au Séminaire et nous sommes ravis de cette nouvelle pierre à l'Edlifice qui est l'Eglise.

Merci Père Alexandre, permettez moi d'ajouter, Merci Père Serge, Merci à tous ces jeunes étudiants qui se préparent à cette vie.
13. vladimir le 23/10/2011 10:22
Cher père Alexandre bénissez. Merci pour ces précision et pour votre attention.

Je veux aussi dire que je suis d'accord avec vous, Daniel, sur l'importance théologique des mâtines. Il est très malheureux que bon nombre de paroisses ne les célèbrent pas, même pour les fêtes, et que les fidèles n'aient pas conscience de leur importance théologique (il suffit de regarder la très faible fréquentation des vigiles, qui justifie probablement cette fréquent suppression…). Il faut dire aussi que suivre le canon n'est pas toujours facile et il serait particulièrement utile d'en mettre le texte français en ligne. Je ne suis pas certain que cela suffise à la formation théologique des prêtres, mais cela donnerait une bonne base à celle des fidèles…
14. Daniel le 23/10/2011 22:42
Juste un rappel sur les auteurs des canons des matines : Saint Théophane le Confesseur fêté demain, auteur d'environ 150 canons, Saint Côme de Maiouma, auteur de plusieurs canons et de triodes pour 4 jours de la semaine sainte, Saint Jean Damascène (canon de Pâques entre autre) et j'en passe... Les canons sont donc bel et bien de la littérature patristique... Comment peut-on se permettre de les ignorer, que l'on soit prêtre ou laïc?
15. vladimir le 24/10/2011 10:48
Bien cher Daniel,

Je croix que nous sommes tous d'accord sur l'importance des matines et des canons. Il faut simplement constater la réalité: les matines sont méconnues des fidèles (et aussi des pasteurs qui suppriment les vigiles - j'en connais plus d'un!) et les canons peu accessibles (pourriez-vous m'indiquer une source en ligne?) Heureusement dans les séminaires les textes patristiques sont étudiés en dehors des offices...

Je voudrais aussi souligner la chance qu'on les séminaristes d'Epinay d'avoir un recteur aussi jeune et brillant: il est un parfait représentant de la renaissance miraculeuse de l'Eglise russe; il n'a pas connu l'Eglise asservie et ses compromissions et, très proche des étudiants par son âge et sa position, il me semble parfaitement à même de comprendre leurs besoins et d'y répondre.
16. Daniel le 24/10/2011 23:24
@ Vladimir

Je sais bien que le net met tout à disposition en un clic et souvent gratuitement mais parfois il faut payer... En français, les canons sont disponibles dans diverses traductions. La traduction intégrale, menées complètes, triode, pentecostaire, octoèque est l'oeuvre du Père Denis Guillaume, et les droits semblent appartenir à Chevetogne qui les publient. Compter 25-26 euros par mois des menées, un peu cher mais l'investissement en vaut la peine car cela permet de suivre le cycle liturgique en permanence y compris en semaine quand les églises sont fermées, de disposer des canons des saints (nécessaires pour d'éventuelles paraclésis etc), de lire les canons d'avant-fête et d'après-fête afin de se préparer aux fêtes etc.

Cest traductions sont donc protégées par le droit d'auteur. D'autres traductions du Père Denis doivent être disponible auprès du Monastère Saint Geny de Lectoure qui en a les droits.

Pour les francophones, le problème n'est donc pas la disponibilité des textes, mais leur coût pour des personnes privées (une paroisse francophone peut se les procurer) et la modification des textes qui prennent un tour de plus en plus politiquement correct (et ce, sans aucune indication ou note dans la traduction) au fur et à mesure des rééditions. Ceux qui ont une paroisse francophone à proximité ont encore moins de souci car le canon est lu en français... encore faut-il qu'ils viennent!
Vous pouvez aussi trouver les traductions gratuites de Bernard le Caro.

Je sais que les textes patristiques sont étudiés en dehors des offices mais bon, il n'y pas de théologie sans vie spirituelle orthodoxe . Et se limiter aux prières du matin et du soir, c'est à mes yeux le B.A-BA. J'en attends plus de séminaristes car dans le monde, des laïcs pieux en font déjà nettement plus (acathistes, office des lecteurs etc). Il me semble qu'à Saint Serge, la journée débute avec les matines.

Je ne doute pas du savoir du recteur d'Epinay... qui est polyglotte comme chacun sait...
17. ivan le 25/10/2011 01:07
@ Daniel-commentaire No10-
A propos des"bonnes paroisses"
Il conviendrait d' ajouter aux 2 paroisses signalées: St Serge, où matines et vêpres sont célébrées tous les jours de l' année, et ce depuis bientôt 88 ans...
18. vladimir le 25/10/2011 13:44
Merci Daniel!

On peut faire un point assez complet des possibilités offertes en France:

Il n'y a aucune paroisse, à ma connaissance, qui mette le texte des canons à la disposition des paroissiens… En ligne ils sont introuvables (sauf en slavon). Il faut donc les acheter sur papier à Chevetogne: l'édition complète en 13 volumes, broché, 310,20 €, ou les mois entre 22 et 35 € chacun (1).

J'ai écrit au Monastère Saint Geny (2) pour savoir ce qu'il propose …

Les "Feuillets Liturgiques" du Diocèse de Genève et d'Europe occidental de l'Eglise orthodoxe russe à l'étranger (3) indiquent les saints et les lectures des dimanches et jours de fête… mais ne donnent pas les canons.

Il n'y aurait que 3 paroisses de Paris qui célèbrent le cycle journalier complet: les cathédrales des Saints Docteurs et Saint Sava et Saint Serge (merci pour ce rappel Ivan). Célébrations en slavon essentiellement. La paroisse du séminaire (Epinay) célèbre quotidiennement Liturgie et Vêpres; Vigiles dimanches et fêtes (slavon essentiellement). Connaitriez vous d'autres cycles complets? En province? en français?

(1) http://www.monasterechevetogne.com/index.php?taalkeuze=1
(2) www.monasteresaintgeny.fr
(3) http://www.diocesedegeneve.net/index.php?option=com_content&task=blogcategory&id=24&Itemid=48
19. vladimir le 26/10/2011 15:19
Aiguillé par erreur sur un autre fil de discussion:
Posté par Gueorguy le 26/10/2011 14:34
Nous avions abordé, dans une autre file de discussion, la question des traductions.
Le sujet est inépuisable!
Notons, par exemple, que sur le site indiqué par Vladimir, la traduction du "Notre père" est différente de celle chantée dans nombre de paroisses francophones.
http://ndjasg.perso.neuf.fr/textes/Notre_Pere.html

VG: en effet, on pourrait espérer que l'AEOF mette un peu d'ordre dans tout cela!
20. Le recteur du séminaire a participé au colloque théologique de l'Académie orthodoxe de Saint-Pétersbourg le 06/10/2012 11:34
A l'invitation de l'évêque Ambroise de Gatchina, recteur de l'Académie de théologie et du séminaire de Saint-Pétersbourg, le hiéromoine Alexandre Siniakov a participé le 3 et 4 octobre 2012 au IVe Colloque théologique international de l'académie.

Il y a présenté un exposé sur "L'hypostase dans l'enseignement de saint Grégoire de Nazianze", dans le cadre de la section théologique. Après l'exposé, il a répondu aux questions des enseignants et des étudiants de l'académie. De même, le père Alexandre a également enregistré une émission pour la radio du diocèse de Saint-Pétersbourg pour présenter la vie du Séminaire orthodoxe russe en France.
21. Marie Genko le 08/10/2012 09:51
Cher Père Alexandre,

Bénissez-moi, mon Père.

Je voudrais vous remercier pour la générosité de votre accueil au séminaire.
Vous remercier de m'avoir autorisée à suivre les cours du Père Serge Model un samedi par mois durant plus de deux années.
Grâce au Père Serge, qui a toute ma reconnaissance, j'ai appris tant de choses concernant l'Histoire de l'Orthodoxie!
Enfin je voudrais témoigner de l'extraordinaire athmosphère de prière, d'ordre et de propreté qui caractérise votre séminaire.
Ne vous étonnez pas: la propreté d'un lieu est aussi un signe de la propreté de l'âme de ceux qui l'habitent!

Je viens de lire tous les messages, qui précèdent, dont je n'avais pas eu connaissance auparavant pour raison d'absence...et je veux aussi remercier Daniel et Vladimir pour leurs échanges enrichissants pour les lecteurs.

Je voudrais ajouter qu'une des raisons pour lesquelles les fidèles orthodoxes sont d'instinct si attachés à leur religion ce n'est pas uniquement pour une réalité identitaire évidente, mais aussi pour l'extraordinaire liberté qui est laissée aux fidèles.

Parce que chacun d'entre nous se sent parfaitement libre, nous devons aussi respecter les choix d'autrui.
Certains ont besoin d'une orthodoxie formatée à l'exemple de la vie monacale et d'autres d'une vie en orthodoxie plus sécularisée!

Respectons les aspirations de chacun et n'imposons pas nos propres schémas à autrui.

Je renouvelle ici ma profonde reconnaissance au Père Alexandre.

Avec tout mon respect en Christ

Marie
22. Межрелигиозный симпозиум в Генеральном совете департамента Эссон le 23/11/2014 19:56

В воскресенье 16 ноября в Генеральном совете департамента Эссон (Essonnes) в г. Эври состоялся первый межрелигиозный симпозиум, собравший более ста представителей христианских Церквей (католиков, протестантов, православных), иудейской и мусульманской общин. Инициатором встречи выступил глава местной католической епархии епископ Мишель Дюбост, председатель Совета по межрелигиозным связям Конференции епископов Франции. Вместе с епископом М. Дюбостом в президиум вошли М. Меррун, настоятель мечети г. Эври, и раввин М. Серфати, председатель Иудео-мусульманской ассоциации Франции.

Перед участниками симпозиума был поставлен вопрос: "Как религиозные общины могут содействовать социальному служению в департаменте?" Представители каждой религии представили свой вклад в борьбу против бедности, изоляции, преступности и инициативы по содействию интеграции мигрантов.

Симпозиум окончился приемом и ужином, который в честь представителей религиозных общин дал председатель Генерального совета Жером Гедж.

В симпозиуме принял участие ректор Русской православной семинарии иеромонах Александр (Синяков).
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