Iran: Ordination historique d’une diaconesse au sein de l’Eglise arménienne apostolique

Parlons D'orthodoxie

Pour le chef de l’Eglise apostolique arménienne dans la capitale iranienne, il est impératif de rajeunir la participation des personnes dans les sphères sociales, éducatives et de service de l’Eglise.

« Nous sommes profondément convaincues que la participation active des femmes à la vie de notre Eglise permettra aux femmes arméniennes d’être impliquées avec plus d’enthousiasme et de vigueur », a-t-il insisté

Ani-Kristi Manvelian, une anesthésiste âgée de 24 ans, a été ordonnée diaconesse en la cathédrale arménienne orthodoxe de Saint-Sarkis (Saint-Serge) à Téhéran. Son ordination, considérée comme « historique », a eu lieu alors que l’Eglise apostolique arménienne doit encore formellement restaurer l’office du diaconat féminin.

L’ordination diaconale, qui a été conférée le 25 septembre dernier par Mgr Sebouh Sarkissian, archevêque arménien apostolique de Téhéran, a été confirmée au travers de la diffusion d’un certain nombre de clichés qui montrent la diaconesse pendant qu’elle sert à l’autel durant la Divine liturgie de la veille de Noël, le 5 janvier dernier.


Iran: Ordination historique d’une diaconesse au sein de l’Eglise arménienne apostolique
Une première historique

Même si le ministère de diaconesse existait dans les couvents de l’Eglise arménienne depuis des siècles, il s’agit d’une première historique. C’est la première fois, en effet, qu’une femme laïque, qui n’appartient à aucune congrégation monastique féminine, est ordonnée « diaconesse de paroisse ».

Lire Ordination et historique de la diaconesse dans l'Église Orthodoxe

Ani-Kristi est impliquée dans la vie de l’église de Téhéran depuis son plus jeune âge. Elle avait l’habitude d’accomplir les tâches d’acolyte pendant les offices religieux, comme lire les psaumes et porter la bougie cérémonielle. En expliquant le but de cette ordination, Mgr Sarkissian a estimé que sa décision avait pour but de « revitaliser la participation des femmes à notre vie liturgique ». « Ce que j’ai fait est en conformité avec la Tradition de l’Eglise et rien d’autre », a insisté l’archevêque Sarkissian, dont l’archevêché dépend de la juridiction du Catholicossat de la Grande Maison de Cilicie des Arméniens, dont le siège se trouve à Antélias, près de Beyrouth. SUITE

//// Parmi les Eglises d’Orient, le synode du Patriarcat grec orthodoxe d’Alexandrie a, lui aussi, décidé, en novembre 2016 de restaurer l’institut du diaconat féminin, nommant une Commission d’évêques pour « un examen approfondi de la question ». ////

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Lire aussi L’Eglise arménienne a canonisé jeudi les 1,5 million de victimes du génocide arménien

Des femmes évêques ?
L'Histoire nous a gardé la lecture "par erreur" par saint Maël d'Armagh du rite d'ordination épiscopale sur sainte Brigitte de Kildare, au lieu du rite d'abbesse, en faisant officiellement l'unique femme-évêque dans les faits connue dans l'Histoire de l'Église Orthodoxe. A côté de cet épisode particulier, les murs la chapelle Saint-Zénon dans l'église de Sainte-Praxède à Rome ont encore cet étonnant témoignage du passé : "Episcopa Theodora". Cependant l'on ne tirera pas de conclusion trop hâtive car on donnait ce titre aux mères d'évêques. Néanmoins ce titre a dû choquer des extrémistes phalocrates car la terminaison du titre a été grattée sur la mosaïque. SUITE


Commentaires (4)
1. Vladimir.G: RÉFLEXIONS SUR LES MINISTÈRES DES FEMMES DANS LES ÉGLISES ORTHODOXES le 20/01/2018 13:49
RÉFLEXIONS SUR LES MINISTÈRES DES FEMMES DANS LES ÉGLISES ORTHODOXES
Monique Dumais – Rimouski

Une théologienne orthodoxe de grande expérience, Elisabeth Behr-Sigel, nous présente dans son ouvrage, Le ministère de la femme dans l'Église, Paris, Cerf, 1987 (https://www.editionsducerf.fr/librairie/livre/3087/le-ministere-de-la-femme-dans-l-eglise), des éléments de questionnement et de propositions au sujet des ministères des femmes dans les Eglises orthodoxes. Je m'attacherai surtout à faire connaître ses prises de position sur cette question.

Dans son livre, elle aborde plusieurs aspects qui ont trait à la condition des femmes, tels que l'altérité homme-femme dans le contexte d'une civilisation chrétienne (chap. 1), la femme comme image de Dieu (chap. 2), Marie, mère de Dieu (chap. 6); mais c'est surtout au chap. 4: "La femme dans l'Église orthodoxe. Vision céleste et histoire", et au chap. 5: "La place de la femme dans l'Église" que sont soulevées les questions sur le diaconat et le sacerdoce féminin.

Dans la préface signée du 15 juillet 1987, le métropolite de Souroge, Antoine, indique: "La question de l'ordination des femmes au sacerdoce ne fait qu'être posée. Pour nous, orthodoxes, elle nous vient du "dehors". Elle doit nous devenir "intérieure" (p. 11). L'auteure, pour sa part, signale que le moment important, c'est la Consultation des femmes orthodoxes, organisée conjointement par le Conseil œcuménique des Églises et les Églises orthodoxes membres de ce Conseil, en septembre 1976, au monastère d'Agapia en Roumanie. Retraçons quelques aspects importants de la pensée orthodoxe au sujet des femmes.

L'Esprit-Saint et la féminité

Le théologien orthodoxe, Paul Evdokimov, a parlé du mystère de la femme, il voyait dans la Personne du Saint-Esprit, une maternité hypostatique, se prolongeant dans la maternité virginale de Marie, Théotokos, préfigurant de toute éternité la vocation de toute femme à la maternité spirituelle (cf. La femme et le Salut du monde, réédité, Paris, Desclée de Brouwer, 1978). Elisabeth Behr-Sigel rappelle également que l'Esprit-Saint est "l'archétype divin d'une féminité définie comme dynamisme de vie et de sanctification, comme maternité hypostatique" (p. 53). Elle présente quelques références intéressantes:

Un évangile apocryphe, L'Évangile des Hébreux, fait dire au Christ: "Ma mère, l'Esprit-Saint". Dans la Didascalie des Apôtres, écrit d'origine syrienne de la fin du Ille siècle, on trouve cette recommandation qui atteste d'ailleurs l'existence d'un ministère fé34 minin: "Honore le diacre à la place du Christ, honore la diaconesse à la place du Saint-Esprit." (p. 56).

La conception de la Tradition chez les orthodoxesé

Elisabeth Behr-Sigel insiste pour affirmer que les orthodoxes ne voient pas dans la Tradition "une collection d'expériences et d'espérances qui appartiennent au passé". La Tradition, c'est "la vie même de l'Église en sa continuité comme en sa nouveauté toujours jaillissante. Toutes deux, continuité et nouveauté créatives, sont, en elle, l'oeuvre du Saint-Esprit." (p. 100). Conséquemment, elle n'accepte pas "une certaine forme de critique, une condamnation globale, unilatérale, de l'Église historique" (p. 102), même si elle n'en ignore pas les imperfections et les péchés. Elle préfère parler du "mouvement féminin" (p. 115) plutôt que féministe, craignant un féminisme agressif à l'occidentale.

Cependant, elle n'est pas sans constater que les femmes sont encore exclues des consultations sur des sujets qui les concernent au plus haut point tels que la contraception et l'avortement. Elle pose aussi des questions fort pertinentes: "De quelle Tradition s'agit-il dans l'Église? (...) Et quelle nature?" (p. 113). Au sujet des différences et d'une spécificité des femmes, elle affirme: "On la voue au foyer et à la maternité. Mais n'est-ce pas jeter la poudre des mots sur le vide de beaucoup d'existences féminines dans les conditions de la vie moderne?" (p.116).

Même si elle a une structure hiérarchique, l'Église n'est pas ressentie, selon Elisabeth Behr-Sigel, "comme une pyramide de pouvoirs mais comme une communion de prière et d'amour" (p. 130). Ainsi, l'utopie que l'auteure propose, ce n'est pas de "réformer l'Église, mais (de) rendre nos communautés chrétiennes plus conformes à leur principe spirituel, révélatrices de ce que l'Église est dans ses profondeurs cachées." (p. 142).

Diaconat et ordination des femmes.

Le diaconat des femmes a déjà existé dans les premiers siècles de l'Église (cf. La Didascalie des Apôtres déjà cité, le canon 19 du Concile de Nicée (325) qui mentionne l'ordination des diaconesses par imposition des mains, la présence de diaconesses à Byzance). Les diaconesses étaient généralement choisies parmi les vierges et les veuves, seulement quelques-unes étaient mariées. Les diaconesses ne pouvaient plus se marier après avoir reçu l'ordination ou la consécration diaconale. "À partir du IX-Xe siècle le diaconat féminin dégénère en fonction presque uniquement honorifique" (p. 154).

Elisabeth Behr-Sigel propose un diaconat ouvert aux femmes, sous la guidance de l'Esprit, elle le souhaite comme "un ministère original" (p. 155, cf. p.233).

L'ordination des femmes à la prêtrise est un sujet de réflexion qui se poursuit pour Elisabeth Behr-Sigel. Elle partage l'avis de la résolution finale d'Agapia en 1976:

Le problème de l'ordination de femmes au sacerdoce, dit cette résolution, a été considéré comme ne se posant pas pour les femmes orthodoxes (un premier texte disait "comme ne se posant pas actuellement" ...). Cependant, on recommande que ce problème soit étudié à la lumière de la Tradition orthodoxe en vue d'un énoncé plus clair de la position orthodoxe dans le dialogue oecuménique, (p. 146).

Toutefois, elle regrette qu'il n'y ait pas eu un second Agapia.

La théologienne orthodoxe insiste sur le sens de la continuité de la vie de l'Église comme une des caractéristiques de la mentalité orthodoxe. Une continuité qui ne doit pas être sclérosée ni sclérosante, si l'on tient compte de sa conception de la Tradition. Elle écrit que "les arguments opposés au sacerdoce féminin ne sont pas tous d'égale valeur et que certains apparaissent faibles, voire opposés à l'esprit évangélique" (p. 149).

Sa déclaration la plus importante me semble celle-ci:

Que le sacerdoce féminin n'ait jamais existé jusqu'ici dans l'Église orthodoxe est un fait historique. Peut-on déduire d'un fait une règle immuable? En tant qu'institution terrestre, l'Église n'est pas totalement étrangère à l'histoire et aux cultures. Ce qui était impensable

dans les conditions culturelles d'une époque donnée peut devenir une exigence morale et spirituelle pour le chrétien dont la conscience a acquis plus de maturité, (p. 150).

Son texte manifeste l'évolution de sa pensée: "La masculinité, certes, ne fait pas le prêtre. Mais elle apparaît comme un signe convenable pour désigner l'Époux de l'Église" (p. 152). Et plus loin, "J'ai longtemps pensé que la masculinité du prêtre se justifiait par sa fonction, en quelque sorte iconique, dans la liturgie eucharistique. J'en suis moins convaincue aujourd'hui." (pp. 185-186).

Hamelin, Monique
http://www.lautreparole.org
2. Vladimir.G: ORDINATION DES FEMMES ET THÉOLOGIE ORTHODOXE le 22/01/2018 15:48
ORDINATION DES FEMMES ET THÉOLOGIE ORTHODOXE

L'Eglise orthodoxe "devraient également se préoccuper du rôle des femmes dans l'Église et renforcer sa position sur la question de l'ordination des femmes et envisager, après une étude sérieuse et la prise en compte de tous les paramètres, la restauration de l'ordre de diaconesses dans l'Eglise."

Archevêque Chrysostome de Chypre, mars 2014

L'HISTOIRE

L'activité des diaconesses est mentionnée dès le début du 2ème siècle (Cf. lettre de Pline le Jeune à l'empereur Trajan) et au IIIe siècle la Didascalie des Apôtres affirme que Marie Madeleine avait servi Jésus Christ et était devenue diaconesse et l'auteur y demande de prendre les diacres et diaconesses comme "artisans pour la justice". Au 4ème siècle les diaconesses sont mentionnées au Concile à Nicée (325). La législation de Justinien au 6ème siècle indique des femmes diacres dans les grandes églises impériales de Agia Sophia (Sainte-Sagesse) et Blachernae (au service à la Grande Église, Agia Sophia il y avait 100 hommes et 40 femmes comme diacres,) et au 8ème siècle, le Codex Barberini contenant un manuel liturgique, fournit un rite de consécration pour les femmes diacres. Les diaconesses ont ainsi continué d'exister après la période moyenne de l'empire romain d'Orient, en particulier dans la capitale de même que dans nombre de communautés monastiques (cf.Manuel des Cérémonies de Constantin Porphyrogénète, au 10ème siècle, (De Ceremoniis).

Mais après le 4ème siècle les conciles d'Orange au 441 et Orléans en 533 interdisent leur ordination et les diaconesses disparaissent en Occident. En orientl'église byzantinedéveloppe à partir du 11e siècle une théologie de l'impureté rituelle (menstruations, accouchement): "l'impureté de leurs périodes menstruelles dicte leur séparation du sanctuaire divin et sacré," (*) et marque de fait la fin des diaconessesbien qu'aucune interdiction formelle ne fut prononcée.

(*) In Karras, Valerie A. (June 2004). "FemaleDeacons in the Byzantine Church". Church History No 73

On trouve une tentative de restaurer l'ancien office de diaconesse en Russie dans la Vie de sainte Élisabeth la néo-martyre, telle que rapportée par le métropolite Anastassy. Ses efforts pour restaurer cet office furent fortementencouragés et soutenus par le métropolite de Moscou mais violemment combattus par l'évêque Hermogène de Saratov, qui accusa la sainte de tendances au Protestantisme (sa religion d'origine…) avant de s'en repentir. Il est remarquable de voir que la Grande Duchesse ne tira pas avantage de sa position pour parvenir à réaliser son rêve.

L'EXCEPTION DE LA "DIACONIE".

Plus près de nous,le document final de la Conférence panorthodoxe de Rhodes(1988) mentionne explicitement que «l'ordre apostolique des diaconesses doit être rétabli» (§ 32) et certains théologiens orthodoxe sont tout récemment exprimé des réserves concernant la validité théologique de certains arguments contre l'ordination des femmes: la reformulation par le métropolite Kallistos [Ware] deDiokleia(http://orthodoxwiki.org/Kallistos_%28Ware%29_of_Diokleia) de son argumentation fondamentale sur l'ordination des femmes, le retour inlassable à cette question par la regrettée Dr. Elisabeth Behr-Sigel (http://www.pagesorthodoxes.net/saints/behr-sigel/behr-sigel-intro-hommage.htm) et son combat titanesque pour accroitre le rôle des femmes dans l'Église orthodoxe et dans sa liturgie, les approches théologiques formulées par le regretté professeur Nikos Matsoukas (un des plus grands théologiens orthodoxes dogmatiques de notre temps, http://www.crestinortodox.ro/parinti/nikos-matsoukas-138004.html), et aussi nombre de thèses théologiques orthodoxes, d'études postdoctorale set d'autres contributions académiques, tout cela semble avoir remis en question l'opposition à l'ordination des femmes sur la base de la théologie et de la tradition orthodoxe.

Le sujet a été relancé en janvier 2015 par un colloque international à Thessalonique qui avait pour titre “Diaconesses, ordination des femmes et théologie orthodoxe” (le communiqué final est disponible sur http://cemes-en.weebly.com/.) La plupart des contributions étaient axées sur l'ordre des diaconesses et la question de l'opportunité de sa restauration fut largement débattue. Les participants ont convenu que les femmes ne peuvent prétendre au sacerdoce sacramentel ou "hiératique", conformément aux restrictions canoniques en vigueur, mais ils ont souligné que la "diaconie" pourrait faire exception du fait de son existence dans l'Église ancienne.

La conférence n'a pas proposé de conclusion, sauf la recommandation d'inclure la restauration de l'Ordre du Diaconesses dans les débats du prochain Concile panorthodoxe, en choisissant de laisser la décision finale aux autorités ecclésiastiques appropriées dans l'espoir qu'elles sauront aussi envisager d'autres paramètres pertinents. Les intervenant se sont contentés de soulever certaines sérieuses inquiétudes théologiques sur toutes les questions examinées et ont souligné l'incohérence de l'approche classique qui appelle à la «Tradition» CONTRE "l'ordination des femmes" mais ignore la même Tradition POUR ce qui concerne la renaissance de l'Ordre des diaconesses et la participation des femmes à la prêtrise diaconale sacramentelle de l'Église orthodoxe.

Les contributions couvrent tous les aspects de la théologie orthodoxe: Près de quarante documents présentés à la conférence (voir résumés en anglais sur http://cemes-en.weebly.com/uploads/2/7/8/8/27884917/appendix__ii.pdf ), en plus des messages importants des autorités ecclésiastiques, dont le Patriarche œcuménique, et universitaires de différentes écoles théologiques, couvrent pratiquement tous les domaines de la théologie biblique, liturgique, patristique, systématique, canonique et historique. Pratiquement toutes ces contributions portent le point de vue orthodoxe, mais elles peuvent aussi fournir des arguments théologiques pour toute la communauté chrétienne plus large, tant pour les Églises et confessions chrétiennes qui excluent les femmes de la prêtrise sacramentelle (catholiques, certains évangélistes...) que pour celles qui ont déjà adopté leur ordination (anglicans, protestants traditionnels et évangéliques).

Et la conférence suggère humblement que soient reformulés les arguments théologiques utilisés jusqu'à présent par les orthodoxes dans le dialogue interchrétien en ce qui concerne la question de l'ordination des femmes; cela est possible, réalisable et légitime pour soutenir et renforcer le témoignage authentique de notre Église dans la société et le monde. Et cela ne signifie bien entendu aucunement que le rôle des femmes laïques dans le témoignage de l'Église orthodoxe ne doive pas aussi être vivement promu en parallèle.
3. Nicodème le 04/02/2018 22:30
En Iran ...les ayatollah vont s'étrangler !!!
4. Vladimir.G: le 05/02/2018 11:23
Pas uniquement en Iran et pas seulement les ayatollah chiites... :)
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