Ivan Schakovskoy: les émigrés russes se doivent de participer au renouveau spirituel du pays et non d'aspirer à en rester éloignés

Parlons d'orthodoxie

Ivan Schakovskoy: les émigrés russes se doivent de participer au renouveau spirituel du pays et non d'aspirer à en rester éloignés
Une interview accordée par le prince Ivan Schakovskoy à Interfax-Religion
(Elena Maler-Matiasova)

Le philosophe émigré Nikita Struve a récemment déclaré qu’il désapprouvait le projet de construction à Paris d’un centre spirituel et culturel orthodoxe. Selon lui, l’Eglise orthodoxe russe reste tributaire de l’Etat tandis que l’émigration aspire à rester indépendante de « la Russie post soviétique ». Une grande majorité d’émigrés partagerait cette vision à l’exception « d’une dizaine d’entre eux qui préfèreraient rejoindre Moscou ».

Elena Maler-Matiasova a interviewé pour Interfax-Religion le prince Ivan Shakovskoy représentant de l’une des lignées russes les plus anciennes, petit neveu de Mgr Jean, archevêque de San Francisco. Né à Paris, Ivan Schakovskoy s’est récemment installé en Russie. Il a répondu à plusieurs questions portant sur l’attitude des émigrés russes à l’égard de la Russie, de l’Eglise russe et du retour en son sein des paroisses orthodoxes russes de France




Ivan Dimitrievitch, que pensez-vous de la récente interview donnée par Nikita Struve ? Il s’y montre très négatif à l’égard de la Russie et de son Eglise ?

Que dire ? Nikita Alexéevitch a certes énormément contribué en son temps à la sauvegarde de la culture russe, il suffit d’évoquer la production des éditions « YMCA-Press », la revue « Le Messager » ou l’ouvrage « Les chrétiens en URSS ». Cependant, ce que N.Struve dit et écrit à propos de la Russie actuelle n’a rien à voir avec la réalité. N.Struve a toujours été hostile à l’égard du patriarcat de Moscou. Mais ses déclarations récentes indiquent qu’il a totalement perdu le sens des réalités.

Nikita Struve affirme que ses vues sont partagées par la majorité des émigrés russes en France et que seuls une dizaine de personnes peu versées dans les affaires de l’Eglise s’en tiennent à un point de vue opposé.

Ces dires ne correspondent en rien à la réalité des choses. Ceux qui souhaitent l’union avec le patriarcat de Moscou représentent de nombreuses paroisses dont chacune compte bien plus de dix membres. S’il ne s’agissait que d’un groupuscule, à quoi bon entrer en discussion avec ses membres ? Il serait bien plus simple d’ignorer ces gens. Il est inexact d’affirmer qu’il s’agit de personnes titrées et, de surcroît, ignares dans les affaires de l’Eglise. Je vois là une manifestation de mépris pour les nobles ce qui correspond d’ailleurs parfaitement avec les vues libérales de N.Struve. Il s’agit de personnes que je connais fort bien, on compte parmi elles des enseignants de l’Institut de théologie Saint Serge et des clercs. Comment peut-on dire qu’ils n’ont pas de connaissances ecclésiologiques ? N.Struve taxe simplement d’ignorance tous ceux qui ne partagent pas ses vues

Comment expliquer cette méfiance à l’égard de la Russie moderne d’une certaine frange de l’émigration russe ? A lire leurs écrits on a l’impression que ces gens continuent à vivre à l’époque soviétique et à poursuivent le combat contre l’URSS en la personne de la Russie ?

Les raisons de cette méfiance sont en effet dans la persévérance des personnes à ne pas changer dans leur attitude de toujours à l’égard de l’Union Soviétique. Mais nous ne parlons que d’une partie de la diaspora russe en France. Même l’attitude à l’égard de la Russie soviétique n’a jamais été univoque. Il y a eu des « Russes blancs » de la première génération qui s’étaient résigné à abandonner le pays et qui, malgré l’existence d’un régime hostile, n’aspiraient qu’à retourner en Russie. Les choses ont radicalement changé pendant la guerre, beaucoup de Russes se sont rangé du coté de l’Union Soviétique. Beaucoup sont rentrés au pays malgré des conditions d’une difficulté indicible car ils voulaient par-dessus tout partager le destin de la Russie.
Si les changements en Russie étaient survenus vingt ou trente ans avant qu’ils ne se soient produits les parents de ceux qui se prononcent aujourd’hui contre un rapprochement avec la Russie seraient encore en vie. Leur réaction aurait été tout à fait autre. La posture critique dont nous parlons est celle d’une génération qui s’est formée dans le milieu émigré et qui connaît fort peu la Russie et ne sent pas liée avec elle. Si dans les années 40 et 50 cette génération se considérait russe elle se dit de nos jours française mais quand même porteuse de la culture et des traditions russes.

Pouvons-nous dire que l’émigration a été un phénomène forcé ainsi d’ailleurs que le passage provisoire des paroisses russes sous la juridiction de Constantinople ? D’où le message, en 2003, du patriarche Alexis II qui invitait « les paroisses de la dispersion russe » à réintégrer le patriarcat de Moscou.

Le XX siècle a fait que l’Eglise en exil s’est divisée en trois branches. Il y a d’abord eu les paroisses de l’Eglise orthodoxe russes hors frontières qui s’était constituée à la suite de la révolution. Sous la houlette du métropolite Euloge une partie de ces paroisses ont transité sous la juridiction du patriarcat de Constantinople pour après la guerre revenir brièvement, avant son décès, sous l’omophore de Moscou. Des paroisses relevant du patriarcat de Moscou continuaient à exister comme, par exemple, le metochion des Trois Saints Docteurs fondé en 1931 à Paris et qui était l’église principale de l’exarchat en Occident du patriarcat de Moscou. Je nommerai également l’église de la Sainte Trinité à Vanves, patriarcat de Moscou, dans la banlieue de Paris, dont le recteur était l’archimandrite Serge (Chevitch), soit dit en passant l’oncle de Nikita Struve. Sans m’approfondir dans les détails du droit canon je dirai que l’existence de chacune de ces trois branches était alors parfaitement légitime.
Il va de soi que ces divisions étaient perçues comme provisoires et imposées par les circonstances. Le message du patriarche Alexis II était, plutôt qu’un appel, une réponse aux paroisses russes qui, à ce moment, aspiraient à l’union.
Nous sommes devenus en 2007 les témoins d’un événement historique marquant : la signature de l’Acte d’union canonique entre l’EHORHF et le patriarcat de Moscou. La grande majorité des paroisses russes à l’étranger ont su dépasser la scission à laquelle elles avaient été forcées et devenir à nouveau partie intégrante de l’Eglise russe reconstituée. Sont restées de coté les paroisses qui avaient maintenu l’usage de la langue russe mais n’avaient plus aucun espoir en une renaissance de la Russie. Il s’agit essentiellement de fidèles d’origine non russe devenues orthodoxes récemment et souvent pour des raisons d’ordre laïc. Souvent ces paroissiens ont été artificiellement inclus dans les rôles des églises ceci afin d’être certain de pouvoir compter aux assemblées sur une majorité de voix.

Comment expliquer la violence des réactions à des évènements tels que la restitution à la Russie de la cathédrale Saint Nicolas à Nice ? N’est-ce pas l’émigration qui, la première avait combattu pour que la Russie soit délivrée du joug soviétique et une fois que cela s’est produit s’est, dans l’une de ses parties, refusée à reconnaître la Russie rénovée ?

Nous assistons à la renaissance spirituelle de la Russie. Je suis persuadé que tout croyant russe se doit non seulement de contribuer à cette renaissance mais d’en devenir un acteur. Cela ne serait que logique. Or, l’attitude de Nikita Struve est radicalement contraire à celle que je viens de formuler. Il estime que l’essentiel serait de préserver coûte que coûte l’indépendance à l’égard de la Russie actuelle. Une vie à part s’est avec le temps constituée dans les paroisses russes à l’étranger, il y a là-bas une atmosphère spécifique, un cercle de personnes bien déterminé. Certaines de ces paroisses se sont mises à rappeler de plus en plus des lieux de réunion, comme des clubs ou des associations où les gens se rendent pour y rencontrer des amis. C’est un petit monde auquel ils se sont habitués et qu’ils n’ont pas le moindre désir de changer. S’unir avec le patriarcat de Moscou leur semblerait être le résultat d’une pression venue de l’extérieur.

Ivan Dimitrievitch, vous qui résidez en Russie estimez-vous que la Russie vit une crise spirituelle profonde ce dont parlent constamment certains représentants de l’émigration ?

Je ne vois pas du tout de quelle crise peut-on parler ? La Russie a été pendant le XX siècle l’arène d’une véritable lutte spirituelle. Ses prêtres et ses fidèles étaient prêts à mourir pour leur foi et ils le faisaient. L’Eglise persécutée devait combattre pour sa survie et ce combat l’a aguerri et rendu plus forte. Les prophéties de Saint Séraphin de Sarov et de Saint Jean de Cronstadt se sont ainsi accomplies. Terribles persécutions qu’il serait impossible de fuir mais dont le sens serait de faire renaître en Russie une spiritualité perdue. Nous voilà témoins de cette renaissance, du moins de ses débuts.
Or, c’est en Occident, en France en particulier, que nous constatons l’existence d’une authentique et profonde crise spirituelle. La foi chrétienne y dépérit, les églises sont désertées, souvent détruites ou données en location car devenues inutiles. Véritable misère spirituelle. A son retour d’un voyage officiel en France le président Medvedev avait dit que l’événement qui l’avait le plus marqué a été de pouvoir aller se recueillir devant la Sainte couronne d’épines du Christ à la cathédrale Notre Dame de Paris. Quel autre chef d’un Etat occidental aurait dit cela ?

Traduction "PO"
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Интервью Елены Малер-Матьязовой
Задача эмигрантов - участвовать в духовном возрождении России, а не желать независимости от нее

Недавно известный эмигрант, философ Никита Струве в одном из интервью заявил, что отрицательно относится к проекту строительства в Париже русского православного комплекса. Он выразил мнение, что Русская церковь зависима от государства, а эмиграция стремится быть независимой "от постсоветской России". По словам Н.Струве, идею такой обособленности разделяют очень многие представители эмиграции, "но есть и небольшая группа, человек десять, которая хочет объединения с Москвой". (1)
О том, как на самом деле относятся представители русской эмиграции к современной России, Русской церкви и возвращению в ее лоно находящихся во Франции русских храмов, Елене Малер-Матьязовой специально для "Интерфакс-Религия" рассказал князь Иван Шаховской - представитель одного из древнейших русских княжеских родов, внучатый племянник архиепископа Сан-Францисского Иоанна. И.Шаховской родился в Париже, а в сознательном возрасте переехал жить в Россию.

- Иван Дмитриевич, поделитесь, пожалуйста, своими впечатлениями от недавнего интервью с Никитой Струве, в котором он весьма критично высказался в отношении современной России и Русской церкви.

- Что тут можно сказать? Конечно, в свое время Никита Алексеевич сделал многое для сохранения русской культуры - достаточно вспомнить деятельность возглавляемого им издательства "YMCA-press", Вестник РСХД (Русского студенческого христианского движения) или книгу "Христиане в СССР". Но то, что он начал говорить и писать о современной России, выглядит совсем неадекватно: в принципе, он всегда высказывался против Московской патриархии, но, судя по его последнему выступлению, потерял чувство здравого смысла и логики.

- По словам Никиты Струве, его взгляды разделяет абсолютное большинство представителей русской эмиграции, а приверженцами противоположной позиции являются десяток человек, мало сведущих в церковных делах. Насколько это соответствует реальности?

- На самом деле, совершенно не соответствует. Сейчас люди, выступающие за воссоединение с Московским патриархатом - члены приходов, любой из которых уже насчитывает больше десяти человек. А если бы их действительно был десяток, никто с ними и не спорил бы, их бы попросту не замечали. То же касается и его упрека в том, что все они - титулованные, да еще и малосведущие в церковных делах. Это далеко не так. Очень похоже на какое-то презрение к представителям дворянства, вполне соответствующее его политическим либеральным взглядам. Понимаете, Струве имеет в виду очень хорошо мне известных людей, среди которых и профессора Свято-Сергиевского богословского института, и специалисты по богословию и церковной истории, и священнослужители - каким же образом они могут хуже него разбираться в церковных делах? Видимо, мало сведущими он просто называет тех, кто не разделяет его взгляды.

- С чем же связана такая настороженность по отношению к современной России определенной части русской эмиграции? Читая их высказывания о "постсоветской России", "постсоветской Церкви" и неискоренимой "советской ментальности", складывается впечатление, что они все еще существуют во времена СССР и продолжают бороться с ним в лице России.

- Причины этой настороженности действительно связаны с критичным отношением к Советскому Союзу, которое со временем стало для них "традиционным" и, как мы видим, сохранилось до сих пор. Но это относится только к части русской эмиграции, потому что даже к советской России такое отношение было не у всех. Так, были эмигранты первого поколения, которые вынужденно и с большой болью покинули страну и, несмотря на враждебный режим, при первой же возможности были готовы в нее вернуться. А особенно отношение к России потеплело во время войны: ряд эмигрантов были на стороне Советского Союза, свидетельством чего является то, что сразу после войны некоторые из них вернулись обратно даже в те тяжелейшие условия - потому, что не могли не разделить участь своей страны.....
Продолжение, Suite Interfax Religion

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(1) Н.А. Струве, из интервью журналу "Огонёк" : "— Очень много, как показывают выборы на наших церковных общих съездах. Но есть и небольшая группа, человек десять, которая хочет объединения с Москвой. Она почти целиком состоит из потомков бывших титулованных — князей, графов, баронов, но они мало сведущи в церковных делах..."


Commentaires (17)
1. Marie Genko le 09/08/2011 19:57

Très intéressante interview, pour laquelle je remercie autant Elena Maler Matiosa qu'Ivan Schakhovskoy.
Je conseille vivement aux russophones d'en prendre connaissance car Ivan Schakhovskoy, qui a grandi en France, sait parfaitement de quoi il parle.
Lorsque nous savons qu'un des membres proche de sa famille enseigne l'Histoire de l'Eglise à l'institut Saint Serge, il nous est évident qu'en dépis d'un titre princier, n'en déplaise à certains, ce professeur est parfaitement au courant des affaires de l'Eglise.

Si Ivan Schakhovskoy avait le temps de traduire pour Parlons d'Orthodoxie cette interview, nos amis francophones lui en seraient infiniment reconnaissants et auraient surement beaucoup de commentaires à y apporter.
Avec toute ma reconnaissance et mon amitié.
2. vladimir le 09/08/2011 23:04
Je partage évidement l'avis de Marie: le témoignage d'Ivan est véridique face aux affirmations gratuites de N. Strouve. Quelques imprécisions viennent toutefois en affaiblir la portée:

- Ivan indique que Mgr Euloge aurait quitté l'Eglise Hors Frontières (EHF); cela n'est pas tout à fait exact: Mgr Euloge faisait partie du synode de Karvlovtsy (origine de l'EHF) tant que celui-ci appartenait à l'Eglise russe et il est resté au patriarcat lorsque "les Karlovtsiens" ont rompu en 1927, jetant ainsi les base de l'EHF. Mgr Euloge a quitté le patriarcat et "s'est placé sous la protection de Constantinople" plus tard, en 1931.(1)
- Il dit que la majorité des paroisses russes de la diaspora est revenue dans l'Eglise russe. Cette affirmation me semble très discutable: en France, les paroisses de Daru et celles des Vitalistes (2), qui refusent l'union, sont prés de deux fois plus nombreuses que celles qui appartiennent au patriarcat (diocèse de Chersonèse et EHF). Ce que dit Ivan est peut être vrai dans l'ensemble de l'Europe occidentale, mais je ne sais pas où trouver de telles données. Au plan mondial cela ne me parait pas juste non plus si l'on tient compte des gros bataillons de l'OCA…
- Il écrit que la majorité des paroissiens qui n'ont pas rejoint l'Eglise russe est constituée de personnes qui ne sont pas d'origine russe. Cette affirmation me semble complètement erronée: les paroissiens de Daru (sans parler des Vitalistes!) sont en majorité d'origine russe, au moins pour un parent chez les plus jeunes. Ils sont Orthodoxe par tradition familiale et ne se préoccupent pas de la juridiction de leur paroisse; s'ils votent pour la direction actuelle de l'Archevêché, c'est pour suivre la "minorité agissante": les membres les plus actifs, impliqués dans les activités de la paroisse, la "Fraternité orthodoxe", etc., qui eux sont viscéralement attachés à l'indépendance et rêvent d'Eglise locale. Les partisans du rapprochement avec Moscou se retrouvent minoritaire parce-que les plus actifs ont rejoint les paroisses du patriarcat. Les "convertis" (ceux qui ont choisi l'Orthodoxie en venant de familles hétérodoxes) sont très minoritaires (voir sur ce sujet l'excellente études de père Serge Model (3) mais se retrouvent majoritairement dans les actifs avec la foi des convertis…

Avec ces petites réserves, qui ne concernent qu'une fraction de l'interview, je trouve ce témoignage particulièrement juste et pertinent et j'espère, comme Marie, qu'une prochaine traduction permettra à tous nos lecteurs d'en prendre connaissance

(1) Voir détails sur http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Histoire-de-l-Archeveche-de-Daru-quelques-faits-essentiels_a1676.html et commentaire 41 sur http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Nice-la-cathedrale-Saint-Nicolas-et-la-justice_a1803.html?com#com_2348828
(2) Nom donné par commodité aux membres de l'EHF qui ont suivi l'ancien primat, Mr Vitali, pour refuser l'union avec l'Église Russe en 2007
(3) http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Orthodoxie-occidentale-la-lecon-belge_a1208.html
3. TJM le 11/08/2011 00:00
"Les "convertis" (ceux qui ont choisi l'Orthodoxie en venant de familles hétérodoxes) sont très minoritaires (voir sur ce sujet l'excellente études de père Serge Model (3) mais se retrouvent majoritairement dans les actifs avec la foi des convertis…"

Tout ceci est très triste... Puissions-nous nous unir dans le Seigneur... Venant d'une famille "hétérodoxe" et ayant "la foi des convertis"... (ce que je considère personnellement, c'est peut-être de l'orgueil, vous me le direz j'espère, plus proche de l'Evangile que de l'être par "tradition familiale" - le Christ ne demande-t-il pas de renoncer à ces liens là aussi ???) il me semble que l'important, ici et dans n'importe quel pays, c'est de VIVRE pleinement la réalisation de la foi Orthodoxe ! Loin de moi l'idée de remettre en cause l'attachement "personnel" à une nation ou une culture mais il me semble me souvenir de quelques paroles d'importance de l'Apôtre à ce sujet qui sont loin d'aller dans le sens évoqué dans cet entretien... Je ne penche ni dans un sens ni dans l'autre, je continue à m'interroger... et je crois que dans ce débat, d'un côté comme de l'autre les attitudes sont outrées (ce que je comprends aussi parfaitement...). Par contre dans le commentaires ci-dessus les paroles que j'ai cité me semble inconsidérément agressives... Une fois encore, l'important est, en effet, l'Eglise locale... et dans la réalité ("charnelle"), en France à tout le moins (et nous nous exprimons depuis ce lieu) elle est constituée par ceux qui sont "dans" la paroisse, la vie ecclésiale est là ! Tout jugement extérieur et "généraliste" me semble étranger et abstrait... Il faudrait, simplement, commencer par là ! Si rien ne peut être reproché au point de vue de la foi orthodoxe, aucune situation ne devrait donner lieu à "débat sur la place publique" ! Aux heures très sombres que nous vivons, le petit troupeau devrait rejeter loin de lui toute idée de "culturologie" (que je nomme aussi culturisme ou, avec l'excellent catholique Unamuno "cultéranisme" !) A-t-on assez conscience dans l'orthodoxie "de tradition familiale" de ce qu'il en coûte en terme d'abandon et de renonciation "culturologique" à tous ceux qu'on ose encore nommer, sans beaucoup de charité : "Les "convertis" (ceux qui ont choisi l'Orthodoxie en venant de familles hétérodoxes)" ? Le fait minoritaire aurait-il cessé d'être signifiant pour ceux qui ont pour Maître LE minoritaire par excellence... Celui qui aura posé le coin du Dieu Vivant entre la nationalité et la foi ? Ou bien, faut-il, alors disons le clairement, en revenir à la doctrine "agnosique" de Barlaam et considérer que chaque Eglise doit, en "union" conserver sa foi "nationale", ne convertir en aucune manière ? Ce qui revient à ramener l'orthodoxie à un folklore tout aussi valable que tous les autres... On peut en rire, certainement, mais c'est bien ce qui est en jeu derrière ces déplorables "affaires" (et je dis ceci en me situant aussi loin de la position de N. Struve que de celle de Ivan Schakhovskoy).
Délivre-nous Seigneur de ces querelles indignes ! Gospodi pomiluj !

4. Maricha le 11/08/2011 10:03
Née en France dans une famille de "Russes blancs" de tradition orthodoxe (patriarcat de Constantinople), j'ai moi-même fait le choix d'aller vivre en Russie après la chute de l'état soviétique. Mon point de vue est beaucoup plus proche de celui d'Ivan Shakhovskoy que de celui de Nikita Struve. Certains membres de l'émigration se sont "fossilisés" dans l'antisoviétisme en oubliant le peuple russe qui a tant souffert pendant des décennies. Et je regrette beaucoup que dans la dite "Fraternité orthodoxe" il y ait des gens dont les ancêtres ont pendant des siècles construit et défendu la Russie et l'orthodoxie. Quand à Moscou on va en quelques années constuire 200 églises, surtout dans les nouveaux quartiers, quand à chaque réunion du Saint Synode on approuve l'ouverture de nouveaux monastères, il est minable de dire que la Russie est toujours "soviétique".
5. Marie Genko le 11/08/2011 10:54

Cher TJM,

Merci de nous donner votre sentiment avec tant de conviction.
Votre sincérité n'est nullement agressive, elle montre aucontraire que vous vivez votre Foi dans votre coeur et votre chair et que vous souffrez, comme nous tous, de la situation conflictuelle que nous sommes amenés à vivre.
Je vous remercie au contraire de bien vouloir nous donner votre éclairage.

Comme vous devez vous en douter, chacun d'entre nous s'est aussi penché sur la cause profonde de ces conflits et s'est efforcé de trouver une réponse.
Je me permets donc de vous donner ci-dessous des extraits abrégés d'une réflexion que j'ai publiée sur ce blog, il y a quelques semaines dans laquelle je me suis efforcé de montrer que notre attachement à notre "culturalisme ecclésiastique" n'est NULLEMENT UN ATTACHEMENT NATIONAL, mais plutôt un attachement naturel à UNE CULTURE PATRIARCALE:

"Car il ne serait pas du tout absurde de considérer que ce culturalisme ecclésiastique est justement voulu et exigé par les fidèles, avant même qu’il ne le soit par certains membres de notre clergé.
Quelles en sont les causes : Pour moi il ne s’agit pas, ....., de l’héritage d’une culture d’empire, mais bien plutôt de l’héritage d’une culture patriarcale.
Antioche et Jérusalem n’ont jamais été des empires. Les patriarcats de Géorgie, de Roumanie, de Serbie n’ont pas davantage été l’expression d’une culture impériale, mais bien plutôt l’expression d’un ensemble de rites et d’usages d’une Eglise établie localement. Les empires ont toujours cherché à créer un pouvoir centralisé.
L'EGLISE AU CONTRAIRE S'EST TOUJOURS CONSTRUITE LOCALEMENT DANS SA PRATIQUE, SES HABITUDES ET SON RITE.
C'EST CETTE CULTURE PATRIARCALE D'UNE EGLISE ETABLIE LOCALEMENT, QUI EST DEVENUE INSEPARABLE DE L'IDENTITE RELIGIEUSE DES ORTHODOXES.

Et c’est à cette identité religieuse que nous, les simples paroissiens, voulons à tout prix rester fidèles, en dépit des migrations qui nous ont dispersés dans le monde.

Comment être certains que cette fidélité est légitime:

a/Notre fidélité à notre identité patriarcale contribue à nous ancrer dans notre Foi et elle nous permet de résister contre la formidable pression de l’environnement déchristianisé du monde dans lequel nous vivons.

b/La pluralité des identités patriarcales sont une digue salutaire contre l’uniformisation voulue et encouragée dans le processus de globalisation de notre planète. L’Eglise orthodoxe, dans la richesse de sa diversité et la pluralité de ses usages, ...., est pour nous, les fidèles, une véritable bouée de sauvetage ! Nous nous agrippons à cette bouée, parce qu’elle est notre ultime recours !
Qui protègera notre foi et notre conscience en dehors de notre Eglise ?

Comment établir localement une assemblée de fidèles autour d’un seul évêque ?

a/Sur une terre patriarcale orthodoxe, aucune entorse aux Canons ne devrait être possible, puisqu’il suffit, comme nous le montrent les paroisses russes établies en Turquie, que celles-ci commémorent (en russe ou en slavon) le patriarche du lieu, celui de Constantinople.

b/Pour les paroisses orthodoxes, établies sur les terres autrefois païennes des continents américains, indiens ou asiatiques, nous observons qu’elles ont gardé, pour la plus part d’entre elles, une filiation avec leurs Eglises mères respectives.................................................

c/Enfin comment observer les Canons lorsque les fidèles orthodoxes se trouvent sur le territoire canonique du patriarche de Rome ?

S’il est vrai que l’Eglise de Rome a perdu à nos yeux son Orthodoxie, devons nous pour autant faire fi du territoire qui a été attribué à Rome par nos saints conciles ?

Car ce territoire canonique romain a eu plus de mille années d’existence légitime !

L’ignorer, et vouloir créer en Occident ........une nouvelle Eglise établie localement, cela voudrait dire que les Orthodoxes ont renoncé à l’espoir d’un retour à l’unité de l’Eglise fondée par Notre Seigneur !
Ce serait la négation de toute démarche œcuménique !

Pourtant, certains théologiens voudraient voir le patriarche de Constantinople jouer le rôle du « locum tenens » du patriarche de Rome et soutiennent l’idée de la création d’une Eglise Locale d’Occident, soumise au Patriarcat de Constantinople !
Cette démarche prend appui sur 28ème Canon du Concile de Chalcédoine (451)...................................................................................................................

Actuellement, les fidèles orthodoxes, dispersés en Occident, commémorent les patriarches de leurs Eglises mères respectives.
C’est une solution d’attente du retour de Rome en Orthodoxie. Le jour, où le Saint Père de Rome aura la même foi que la notre, c’est avec une joie profonde que les Orthodoxes établis en Occident le commémoreront !
Je voudrais ajouter que ce retour comblera particulièrement ceux des fidèles orthodoxes qui viennent du protestantisme ou de la religion catholique et qui prient dans nos églises malgré l’usage de langues étrangères et de rites bien éloignés de ceux de l’Eglise de leur enfance."

Je voudrai encore ajouter aux extraits que je viens de vous donner ci-dessus, que donner au Patriarche de Constantinople une autorité directe sur la diaspora orthodoxe, reviendrait à lui conférer l'autorité que nous nions à la papauté catholique.
Il me semble essentiel, qu'il qu'y ait plus ni de première, ni de seconde, ni de troisième Rome, mais le consensus de toute la chrétienté orthodoxe dans toute la richesse de sa pluralité cultuelle.

Et cela ne change rien à l'ordre des dyptiques, qui confère une légitime primauté d'honneur à Sa Sainteté Bartholomé.
6. Mischa le 11/08/2011 11:47
Фраза Н.А. Струве "Она почти целиком состоит из потомков бывших титулованных — князей, графов, баронов, но они мало сведущи в церковных делах.."

Очень странно слышать подобную классовую ненависть из уст профессора, философа. Допускаю, что в среде "левой" интеллигенции, /во всём мире/ бытует такое мнение, что вот мол, титулованные люди, они тупые и необразованные. А в среде постсоветской интеллигенции это до сих пор остаётся в сознании от школьного советского образования "глупый Царь, необразованные министры, тупое духовенство, жадные кровопийцы купцы, жестокие кулаки..."
К образованным обычно эти "умники интеллигенты" относят только учителей и профессоров. Я когда то читал у Солженицына замечательный текст о советском классе "образованщине".
Он очень презрительно о них пишет. Это люди которые не знают своих корней и полностью воспитаны на традициях левой интеллигенции 19 века. Именно они расшатывали Россию, подрывали её восстаниями, вошли потом в кровь и плоть нового сознания "образованщины" в СССР.
Ну, что же, тогда логично и у Струве, что "попы = кровопийцы. графы, князья = тупые и недалёкие, народ = отсталый" Кто может принести свет и прочертить будущий путь этому тёмному люду? Только МЫ, надо слушать только НАС !!!!
Обычно у этих МЫ и НАС, очень много ненависти и нетерпимости к другим, Господи, помилуй ИХ и прости
7. Marie Genko le 11/08/2011 12:44
CherTJM,

Je voulais encore ajouter à ce que je viens de vous écrire ci-dessus, que je rends grâce au Seigneur que des personnes comme vous, venant d'une famille hétérodoxe, veuillent bien nous apporter leur témoignage et être actif dans nos paroisses et nos communautés!
Il est aisé de comprendre quel déchirement cela peut être de se séparer de sa tradition familiale et d'aller à l'encontre de tous les siens!
De tout coeur MERCI!

Si vous voulez prendre connaissance du texte entier de la réflexion dont je vous ai donnné des extraits vous le trouverez sans peine en cherchant dans l'encadré appelé: RECHERCHE juste au-dessus de l'encadré SONDAGES sur la droite de l'écran.
Il vous suffira de taper "marie genko réflexions" et vous aurez le texte en entier.
Vos commentaires y seront les bienvenus.
Cher TJM, je ne suis pas théologien, je ne cherche qu'à exprimer mon point de vue d'orthodoxe d'origine russe, française par ma culture et ma reconnaissance envers mon pays d'accueil.
Il est un fait évident que l'enseignement des différents théologiens orthodoxes sur la question de la disapora est hélas loin d'être unanime.
Espérons que le futur grand concile orthodoxe nous donnera enfin une position commune sur ces questions qui nous divisent.
8. Marie Genko le 11/08/2011 13:46
Cher Misha,

Merci pour votre message N°6
Je voudrai répéter ce que j'ai déjà écrit ici, le professeur Nikita Struve et son fils Daniel sont des personnes aux connaissances encyclopédiques, ils ont beaucoup oeuvré pour l'orthodoxie en France, ils ont beaucoup de charisme et sont éminament sympathiques.
Leur opinion diverge complètement de la notre et ce fait les pousse certainement à défendre souvent leurs idées de façon excessive.
Nous savons tous combien il est dificile à chacun d'entre nous de nous remettre en question et de nous interroger sur le bien fondé de nos convictions...
Et plus nous avançons en âge plus nos idées se cristalisent en quelque sorte!
L'idée de l'Eglise Locale a été brillamment défendue par le Père Alexandre Schmemann, qui a su lui donner vie aux USA, et ceci même à l'encontre de Sa Sainteté le patriarche de Contantinople.
Ce dernier y étant formellement opposé.
Le Père Alexandre Schmemann et le proffesseur N.Struve étaient de grands amis, ils ont partagé les mêmes rêves et vécu le même engagement.
Aujourd'hui l'ennemi commun, l'URSS, a disparu, mais les rêves vivent toujours...
Prions le Seigneur pour que nous parvenions tous à nous aimer à défaut de nous comprendre!
Prions pour que nos chemins finissent par se rejoindre au lieu de se séparer.
9. vladimir le 11/08/2011 15:50
Bien cher(e?) TJM,

Vous m'avez très mal compris si vous avez perçu quelque agressivité que ce soit dans ma phrase. Je n'ai rien contre les "convertis", au contraire je suis toujours passionné de les rencontrer et de connaitre leur cheminement vers l'Orthodoxie: ils l'ont fait par choix raisonné ou en répondant à un appel particulier contrairement à nous qui "sommes tombé dedans quand quand nous étions petits" et ne sommes jamais posé de questions. Je ne sous-estime absolument pas votre effort et constate aussi, et j'envie, que ce sont les "convertis" qui montrent souvent l'exemple par leur activité et leur adhésion profondes aux valeurs de l'Orthodoxie.

Cela dit, j'ai noté que vous constituez une petite minorité des paroissiens qui n'ont pas rejoint l'Eglise russe, contrairement à ce qu'avance Ivan, et je corrige cette inexactitude. Au delà de ma propre expérience, forcement limitée, ce constat est corroboré par l'étude du père Serge, que je cite. Pensez-vous que nous sommes dans l'erreur là-dessus?

Je ne met aucune connotation dans le fait que vous soyez minoritaires: Ivan se trompe, c'est tout. Et loin de moi l'idée que vous soyez "moins orthodoxes", à la limite au contraire, comme je le dis plus haut. Par contre votre description de notre attachement à nos Eglise mères est une caricature malheureuse et je me demande si vous y avez vraiment réfléchi sur une base doctrinale. En effet, cela n'est pas réellement lié à l'aspect national (l'Eglise russe englobe une centaine de nationalités différentes dans 55 états sur les cinq continents; au dernier Concile local les délégués venant de Russie étaient minoritaires, aux précédentes élection du patriarche, les deux candidats arrivés en tête étaient un Estonien et un Ukrainien...) mais au charisme propre des Eglises autocéphales qui constitue la spécificité de l'ecclésiologie Orthodoxe, une part essentielle de son témoignage, de la Tradition qui fonde notre foi.

Si chez les Protestants le croyant est quasiment en contact direct et personnel avec le Sauveur (chez les Pentecôtistes des fidèles peuvent même recevoir directement "le baptême du Saint Esprit" comme les Apôtres l'ont reçu à la Pentecôte) et chez les Catholiques l'intercession se fait par l'intermédiaire du Pape, vicaire du Christ, l'Église orthodoxe (je rappelle que "orthodoxe" signifie "le vrai dogme") voit la plénitude de l'Eglise, corps du Christ, dans la communion partagée à travers les primats des Église autocéphales. En effet, et c'est un point essentiel, tous les évêques Orthodoxes ne sont pas en communion directe entre eux, mais bien avec leur primat, qu'ils commémorent, et les primats communient ensemble en se commémorant entre eux. Cette unité par la diversité a un sens eschatologique profond et important comme l'explique Mgr Kallistos Ware (1): "l'Église orthodoxe est une icône de la Trinité, (...) reproduisant sur terre le mystère de l'unité dans la diversité (...) De même que chaque personne de la Trinité est autonome, de même l'Église est faite de beaucoup d'Églises autocéphales indépendantes". Ainsi les Églises autocéphales ne sont pas de simples divisions administratives: tout comme les Personnes de la Trinité, elles ont chacune leur charisme et leur apport propre à l'Unité de l'Église. Et cet aspect théologique a des applications très concrètes: si l'on regarde par exemple le Typikon qui règle notre vie liturgique, on y voit les apports successifs des différentes Églises autocéphales (2); de même, si la date du 25 décembre pour Noël vient de l'Église de Rome, le calcul de la date de Pâques vient de l'Église d'Alexandrie(3)… etc.

Comme vous voyez nous sommes loin du folklore. La diversité de l'Église, comme la vit l'Orthodoxie, fait partie intégrante de notre connaissance de Dieu (théologie), de notre Voie du Salut (eschatologie) et de notre témoignage du Règne. Il est donc normal que la plupart des orthodoxes s'efforcent de garder vivants ces liens avec leur Eglise mère. Et d'ailleurs, en ce qui vous concerne, vous n'avez pas été accueilli dans une Orthodoxie abstraite et détachée, mais bien dans une paroisse dépendant d'un diocèse situé dans un patriarcat. Le cas de Daru est évidement paradoxal (au sens originel: contraire au dogme!) puisqu'établi dans l'Eglise russe, dont il conserve les traditions vivantes, ce diocèse s'est rattaché à un autre patriarcat à cause de circonstances exceptionnelles et à titre provisoire (cf. tomos). La perception de ce lien théologique et eschatologique y est donc affaiblie et même perdue pour certains. Il n'en reste pas moins que ces liens constituent une part essentielle de la doctrine Orthodoxe.

Notes
(1) in "L'orthodoxie. L'Eglise des sept Conciles", Mgr Kallistos Ware explique (p.311) que
(2) cf. Job Getcha, «Le Typikon décrypté. Manuel de liturgie byzantine». Cf. http://www.orthodoxie.com/2009/11/recension-job-getcha-le-typikon-d%C3%A9crypt%C3%A9-manuel-de-liturgie-byzantine.html
(3) http://www.henk-reints.nl/cal/audette/calgreg.html#contro

10. vladimir le 11/08/2011 15:54
PS: j'avais développé ce thème dont un commentaire à l'article de Marie Genko dont voici le lien
11. Elena Maler le 14/08/2011 21:40
Merci beaucoup pour vos commentaires. Je veux dire que j'ai été très intéressé de rencontrer et de discuter avec Ivan Shakovskoy )! Parce qu'il connaît la France et la Russie, dans lequel il vit une longue période.
12. Tierientiew le 15/08/2011 10:47
La "résurgence" orthodoxe ne peut se réaliser que par une volonté éthique et un choix spirituel affirmés.
En tant que président de l'Institut Saint Michael Cheltsov, je reste persuadé qu'il existe dans le monde assez de bonne volonté pour réaliser ce nouveau souffle, l'inconscient collectif russe est une puissance
transcendantale et la sainte russie en est pétrie.
13. Marie Genko le 15/08/2011 16:08
Cher Docteur Terientiew,

Voici ce que j''ai lu sur votre site et je vous remercie beaucoup de l''avoir écrit!

"Lorsque nous nous heurtons à l''incompréhension de l''autre, cet autre soi-même, nous n''avons peut-être pas tort et nous avons le sentiment d''avoir raison.
Cependant, méfions-nous de notre égo, il nous éloigne des vraies questions:
suis-je dans ma vérité ou dans la vérité?"

Très sincèrement Marie G
14. Tierientiew le 18/08/2011 13:40
La question fondamentale se pose ainsi: où désirons-nous aller ?
L'immigration orthodoxe russe est une réalité historique, mais c'est surtout (hélas) une réalité politique.
Cependant, notre destin n'est pas figé, il serait orgueilleux de vouloir prétendre qu'il existe au tréfond de nous-mêmes une capacité de renoncement à la relation intime que nous entretenons avec nos racines, qui, sont profondément ancrées au sol de la sainte Russie.
Cela nous oblige à être présent car nous revendiquons notre "besoin" à retourner aux sources de la spiritualité orthodoxe, ce n'est pas depuis 1917, un vieux rêve, une nostalgie, une illusion infantile, c'est en vérité, une prise de conscience qui nous interpelle en ce début du XXIe siècle, nous voulons vraiment oeuvrer , nous avons cette ambition et nous voulons ouvrir le grand chantier de l'espérance orthodoxe , partout dans le monde.
C'est pourquoi, je me permets, humblement, de suggérer une profonde réflexion, qui soit constructive, afin de pouvoir rassembler autour des idées du Prince Ivan Schakovskoy, le peuple orthodoxe, en faveur d'une fondation qui serait susceptible de créer ainsi, une dynamique de communauté, pour un choix éthique, pas dans la solitude, la soumission, mais dans l'Amour, à la lumière du passé et véritablement dans le présent, revisité spirituellement.
15. vladimir le 12/11/2011 20:03
QUEL DESIR D’EXIL POUR LA JEUNESSE RUSSE ?
Publié le 11 novembre 2011 à 18:24 http://www.lecourrierderussie.com/2011/11/11/desir-exil-jeunesse-russe/

Partir ou ne pas partir ? La question inquiète un pays qui doit déjà faire face à de graves problèmes démographiques : un sondage VTsIOM affirme ainsi que 42% des Russes veulent quitter leur pays, en majorité des jeunes de moins de 24 ans. Le Courrier de Russie est allé questionner cette nouvelle génération partagée entre l’envie de découvrir le monde et l’amour inconditionnel qu’elle porte à son pays. Rencontre sur les bancs de l’université de Journalisme et de l’université de Langues Orientales Lomonossov, au centre de Moscou.



Anastasia, 20 ans, étudiante en 4ème année de journalisme



Je voudrais passer la majeure partie de ma vie en Russie mais ce ne sera pas avant d’avoir étudié ou travaillé à l’étranger. Il est très important pour moi d’aller découvrir d’autres cultures, comme les Etats-Unis ou la France. Je ne me suis pas encore décidée sur une destination précise, mais j’aime la culture américaine et leur sens des affaires. Dans l’idéal, je voudrais être correspondante à l’étranger, pendant quelques temps.

J’aime mon pays bien sûr, je me sens Russe à 100% et je ne me reconnais dans aucune autre culture. Mais je ne suis pas totalement satisfaite des conditions de vie qui m’attendent ici, dans le futur, lorsque je serai autonome. Je ne resterai ici que si je suis certaine de pouvoir me réaliser personnellement et professionnellement, et j’ai des doutes !

Notre vie ici est assez difficile, je comprends que certains partent. J’aimerais participer à l’évolution du pays, c’est d’ailleurs pourquoi je milite pour le parti Russie Unie, même si c’est sans grande conviction : j’ai bien conscience que pour les douze prochaines années, tant que Poutine sera au pouvoir, peu de choses vont changer. C’est d’ailleurs pourquoi j’envisage ma vie ailleurs pendant ce laps de temps ! L’opposition est écoeurante, et décevante. Aucun parti n’est digne de mon vote. Il y a deux types d’opposants : ceux qui adhèrent au système et ceux qui le rejettent. Les premiers font ce que Russie Unie leur dit de faire. Les autres, ce sont de jeunes extrémistes ivrognes qui ne cherchent que la bagarre. Mais je reste optimiste : avec notre mentalité russe, nous pourrions survivre à n’importe quel cataclysme ! La Russie a encore de beaux jours devant elle.

Maxime, 19 ans, étudiant dans les nouvelles technologies



Je suis partagé sur mon avenir. Je ne peux pas dire que ce pays soit merveilleux mais c’est tout de même ma patrie ! Je ne veux pas la renier. Pourtant, l’Europe m’attire : l’Espagne pour sa douceur de vivre, la France pour son amour de la mode et l’Angleterre pour sa stabilité, son esprit.

Pour l’instant, je n’ai pas fait de démarches concrètes pour partir. Mais j’ai remarqué que dans mon entourage, les jeunes parlent de plus en plus de quitter le pays : ils ne voient plus de perspectives ici. Parmi mes amis, certains pensent s’installer ailleurs mais tous insistent sur un détail : ils veulent revenir en Russie. Je suis plutôt d’accord avec eux mais je crois que c’est au gouvernement d’aider les gens à se réaliser, à se sentir utiles. Beaucoup de personnes pensent que tout s’achète ici et cela les désespère. C’est aux dirigeants de changer cela.



Georgi, 18 ans, étudiant en économie

A la fin de mes études, je compte rentrer en Arménie, où je suis né. Il n’y a pas d’avenir pour moi ici et je comprends ceux qui veulent quitter la Russie : les gens sont fatigués du désordre qui y règne. Tout le monde sait que la loi n’est pas la même pour tous et que lorsqu’on a très peu d’argent, c’est difficile de vivre normalement. Je suis très pessimiste quant au futur de ce pays, je ne sais pas s’il a une chance d’évoluer sur les dix prochaines années. J’aimerais faire partie de la Russie d’aujourd’hui, mais comme j’appartiens à ce que l’on appelle une minorité ethnique, je me rends à quel point c’est devenu dangereux pour moi et les autres caucasiens de vivre à Moscou.



Ksenia, 19 ans, étudiante en 3ème année de journalisme



Je ne compte pas passer toute ma vie en Russie, il y a énormément d’autres endroits où vivre mieux… Et je ne parle pas que de climat !

D’ici quelques années, je compte m’installer au Népal dont j’admire la culture bouddhiste et dans laquelle je me reconnais. La proportion de gens bons là-bas est bien plus élevée qu’ici ! J’ai commencé à étudier le népalais et j’économise pour partir vivre à Katmandou. Mon rêve serait de travailler chez Greenpeace ou devenir professeur de yoga… L’écologie n’est pas une priorité pour le gouvernement russe et je n’ai pas l’impression que cela va changer, c’eqt pour ça que je souhaite me tourner vers un pays où des changements concrets peuvent aboutir.

De tout façon, j’ai l’impression que le système politique russe fait tout pour dégoûter les gens et les encourager à partir. L’avenir du pays m’effraie : j’ai le sentiment que d’ici 50 ans, la Russie revivra une autre révolution, car les Russes en auront assez du système. Et ce sera aux enfants de ma génération de faire cette révolte. Pour nous, il est trop tôt : les gens ne sont pas prêts, pas encore assez révoltés. Ils croient trop en Poutine.



Valentin, 16 ans, étudiant en économie





Je n’ai pas l’intention de partir vivre ailleurs ! Je compte bien rester ici pour faire face aux problèmes et lutter pour que le système politique ou la vie en général s’améliorent. Je ne comprends pas toutes ces gens qui veulent quitter le pays. Ils sont fous ! En Europe, tout est déjà tracé et la situation économique est catastrophique. Mieux vaut rester en Russie qui a un futur bien plus prometteur.

Bon, c’est sûr que si on me proposait un poste bien payé en Europe ou en Amérique sur du long terme, j’y réfléchirais. Mais au fond de moi, ma famille, ma vie est ici. Je sens que j’hésiterais vraiment à quitter ma patrie. Et même si j’ai dans l’idée d’établir des partenariats avec des compagnies internationales plus tard, je resterai ici. Je veux accomplir des choses en Russie pour la Russie. Aujourd’hui, les gens n’ont aucune volonté pour faire bouger les choses. Mais, dans 5 ou10 ans, tout va changer : tant au niveau économique que politique. J’en suis certain. Notre génération grandit et se rend compte que trop de choses vont mal dans notre pays.

Clémence Laroque
16. TIERIENTIEW Georges le 15/11/2011 08:18
Je comprends l'envie de voir le monde à 20 ans, ce parcours , c'est aussi le mien.
Cependant, méfions nous des cartes postales où le rêve (ces bulles de champagnes qui montent à la tête) semble à portée de main, ce n'est hélas, trop souvent, qu'une illusion de l'esprit.
Pour ceux qui sont de l'autre côté de la frontière, la Russie aussi, est un beau rêve, et il faut l'avouer tous les rêves fascinent.
La Russie est un grand pays, par son histoire et sa culture, son romantisme, de cet héritage la nouvelle génération doit puiser sa foi et l'espérance d'un nouveau monde, ici et maintenant, enracinée de cette culture orthodoxe, unique au monde.
La Russie d'aujourd'hui, se reconstruit progressivement, elle se cherche encore, mais de cette "alchimie" sortira une société ambitieuse et créative.
Il y a en Russie quelque chose de mystique et de magique qui permet la résurgence, le sentiment que tout est possible, en vérité, ce beau pays a la capacité de donner du sens à la vie .
17. Georges TIERIENTIEW le 28/12/2012 12:21
La sainte Russie est une et indivisible, elle est le coeur de la psyché slave. La source "extérieure" qui toujours divise démontre de façon sans doute maladroite sa peur de "re-naître" au monde nouveau qui s'exprime aujourd'hui.
Nous devons comprendre, simplement, le besoin de sortir définitivement du poids des attitudes de fermeture qui suscitent et entretiennent la confrontation permanente.
Ne plus fuir, ne plus déserter ce qui nous construit, mais au contraire nous faire avancer, nous faire grandir dans ce lieu unique qui est le nôtre, l'orthodoxie.
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