L’ÉGLISE ORTHODOXE ÉTHIOPIENNE RÉCONCILIÉE

Parlons D'orthodoxie

L'Église orthodoxe tewahedo éthiopienne est l'une des plus anciennes églises chrétiennes du monde, constituée vers le IVe siècle. Elle fait partie de l'ensemble formé par les Églises des trois conciles.

Elle utilise le rite abyssinien /dit aussi guèze / ; son chef porte le titre de patriarche et catholicos d'Éthiopie et réside à Addis-Abeba. Elle dépendait du patriarcat copte d’Alexandrie et devint autocéphale en 1959.

LE SCHISME DE 1991

La scission date de 1991, quand le Front démocratique révolutionnaire des peuples éthiopiens (EPRDF) renverse le Gouvernement militaire provisoire de l’Éthiopie socialiste (Derg), mis en place en 1974 après le renversement de l’empereur Haïlé Sélassié (1892-1975, empereur d'Éthiopie de 1930 à 1936 et de 1941 à 1974.)

L’ÉGLISE ORTHODOXE ÉTHIOPIENNE RÉCONCILIÉE
Le patriarche Abouna Merkorios, élu en 1988 et proche du Derg, abdique et part s’installer aux États-Unis avec plusieurs évêques, mais continue toutefois à se considérer comme le patriarche légitime de l’Église d’Éthiopie en affirmant que son abdication a eu lieu sous la contrainte. Il forme un synode en exil et l'Église éthiopienne orthodoxe en exil est reconnue par plusieurs communautés éthiopiennes de la diaspora en Amérique du Nord et en Europe occidentale.

12 nouveaux évêques sont ordonnés par en 2007 et des excommunications réciproques sont émises par les deux synodes (Synode à l'intérieur et Synode en exil).

Paulos Gebre Yohannes (1935-2012) est élu patriarche de l'Église éthiopienne orthodoxe en1992. Il fut un des huit présidents du Conseil œcuménique des Églises 2006 à sa mort.

LA RÉCONCILIATION 27 ANS PLUS TARD

Les discussions entre les deux Synodes avaient commencé il y a plusieurs années et le premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, un réformiste nommé en avril, a personnellement accéléré le processus de réconciliation. Il s’est conclu fin juillet 2018, au cours d’une visite du premier ministre aux États-Unis auprès de la diaspora éthiopienne : la réunification des deux synodes a été célébrée en grande pompe à la cathédrale Debre Mihret St. Michael de Washington DC et les membres de l’Église orthodoxe éthiopienne de Tewahedo ont officiellement proclamé la fin du schisme vieux de 27 ans qui divisait cette ancienne Église.

Le patriarche Abune Merkorios est rentré en Éthiopie ce 1er août avec le Premier ministre. Abiya Ahmed et sa délégation. Il et a repris ses fonctions de patriarche alors même que Abouna Mathias reste aussi patriarche et sera chargé de « mener l’Église en effectuant les tâches administratives », indique l’accord dont les termes ont été rendus public par le site d’information orthodoxe OCP Media Network.

Illustration : célébration du retour du patriarche Abune Merkorios le 1er août 2018

V.G.


Commentaires (2)
1. Vladimir.G: proche de l'Orthodoxie par ses dogmes et son ecclésiologie le 27/08/2018 22:06
J'ai pensé intéressant de proposer ce post sur l'Église d'Éthiopie, car c'est une confession particulièrement discrète et peu connue chez nous. Elle se rapproche pourtant de l'Orthodoxie non seulement par ses dogmes, dont je parle plus loin, mais aussi par son ecclésiologie: autocéphalie sur base nationale, Église en exil après une révolution, réunification...

Au plan doctrinal, les Églises des trois conciles suivent la doctrine MIAPHYSITE. Le miaphysisme est une doctrine christologique développée au Ve et VIe siècles par Dioscore, patriarche d'Alexandrie de 444 à 451 ou 454, puis Sévère, patriarche d'Antioche de 512 à 518, à partir de la formule promue par Cyrille d'Alexandrie1 : «μία φύσις τοῦ θεοῦ λόγου σεσαρκωμένη (mía phýsis toû theoû lógou sesarkōménē, 'Une est la nature (mia physis) incarnée de Dieu le Verbe').»

Sévère d’Antioche exposait la doctrine ainsi, suivant le rapport de l’évêque jacobite Bar-Hebraeus :

« En Jésus-Christ, il n’y a qu’une nature, la divine et l’humaine, sans confusion, sans mélange et sans corruption, et qui demeurent ce qu’elles étaient ; de même que la nature de l’homme est de deux natures, de l’âme et du corps ; et que le corps est aussi composé de deux natures, la matière et la forme, sans que l’âme soit changée au corps et la matière en la forme2. »

C'est cette doctrine que développait Jean Philopon dans ses Tmimata :

« Aussi nous ne disons pas qu’il y a une nature ou une hypostase de la divinité et de l’humanité, mais bien du Christ composé ; car nous confessons et nous adorons [le Christ en une seule nature] ou hypostase, en tant que composé. Nous n’admettons point la destruction de l’une, ni la confusion [ou le mélange] des deux. […] nous croyons que le Verbe de Dieu s’est incarné de telle sorte qu’il y a eu union de la nature divine et de l’humanité3 »

Pour le miaphysisme, on ne peut donc pas parler de monophysisme au sens d'Eutychès qui enseignait qu'il n'y a qu'une nature en Jésus-Christ, la nature divine, par laquelle a été absorbée la nature humaine « comme une goutte d'eau l'est par la mer ». C'est la doctrine d'Eutychès qui a été condamnée au concile de Chalcédoine.

Notes et références

1 Formule d'Apollinaire de Laodicée qu'il attribuait, à tort, à Athanase d'Alexandrie, Pierre Maraval, Le christianisme de Constantin à la conquête arabe, PUF, 1997, p. 355.
2 François Nau, « En quelle mesure les Jacobites sont-ils monophysites ? », Revue de l'Orient chrétien,‎ 1905, p. 128-129 (lire en ligne [archive]).
3 Chronique de Michel le Syrien, tome II, livre VIII, chapitre XIII, [p. 110 [archive] (page consultée le 25 octobre 2012)].

Source: http://fr.wikipedia.org/wiki/Miaphysisme
http://fr.wikipedia.org/wiki/Miaphysisme
2. père Joachim le 29/08/2018 18:20
Cher Vladimir, j'espère que vous êtes parfaitement au courant que l'église orthodoxe n'est pas restée figée sur la foi exprimée au VII s. "explicitant les écritures" au cours des siècles dans ce qu'on s'accorde à appeler LA FOI APOSTOLIQUE.
L'église indivise a du répondre à des courants de pensées déviants provenant de différentes tendances, de différentes couches sociales et de pouvoirs séculiers très agressifs agissant même par menaces et dictats...
on voie à l'observation que l'accompagnement de ces déviations est souvent long et patient ; puis les différentes idéologies se constituent en groupes autonomes et continuent leur chemins seuls- allant même à créer des "communions sans communion"... Notre monde permet à chacun de trouver ses espaces de créativité et d'épanouissement culturels voir de religion. Et tant mieux !

La Vérité elle aussi semble avancer, en clarifiant et en approfondissant sa prédication, en quête, espère elle ? de la rencontre de l'unique nécessaire, éclairée de la lumière sans déclin, révélée en chemin à ses Saints à ceux qui les entendent et appliquent leurs enseignement. (Ce jour 29/08 père Amphilochios Makris de Patmos est proclamé saint.)
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