L’Église russe et sa conception des droits de l’homme

Vladimir GOLOVANOW

V.G.
L'adoption de la dernière résolution du Conseil de l’ONU aux droits de l’homme ne fait pas les grands titres et pour cause: ce vote a vu la majorité des états, réunis autour d'une proposition élaborée avec l'Eglise orthodoxe russe, imposer une position en faveur des valeurs traditionnelles contre l'opposition des occidentaux, minoritaires mais soutenus par la Pensée Unique qui contrôle le "main stream" des médias. Les voila donc qui font silence. Mais pour ma part je pense intéressant d'aller plus loin et de mieux comprendre la position de l'Eglise russe dans ce domaine, puisqu'elle commence ainsi à faire sentir son influence largement au delà des frontières de la Russie et même de l'Orthodoxie. Pourtant cette position, soigneusement élaborée depuis la fin des années 1990, reste plutôt mal connue.

Une analyse magistrale en avait été proposée en 2009 dans une publication peu diffusée de notre compatriote, le professeur grenoblois Alexandre Bourmeyster (*).

Partant des "Fondements de l’enseignement de l’Église orthodoxe russe[1]", adoptés en 2008, et des textes du métropolite de Smolensk Cyrille (devenu le patriarche Cyrille I) qui ont précédé, Alexandre Bourmeyster analyse la position de l'EOR sur les droits et libertés de l'homme, le rôle de l'Eglise et de l'état, le libéralisme moral les questions d'éthique, etc. Il donne une vision très claire et précise de chacun des sujets en citant de larges extraits de textes de Mgr Cyrile et des "Fondements". Il le fait avec une grande connaissance de l'Eglise russe et de ses positions de principe. On note toutefois à la fin une digression qui me parait inutile: s'éloignant du sujet des droits humains, le professeur Bourmeyster entreprend de critiquer les relations spécifiques entre l'Eglise et le pouvoir soviétique, et il reprend là l'argument du "sergianisme", que l'Eglise Hors Frontière avait largement développé pour attaquer le patriarcat au siècle dernier et qu'elle semble avoir mis de côté après la réunification de 2007.

Malgré cette digression le texte dans son ensemble présente un très grand intérêt pour qui veut connaitre et comprendre l'action de l'EOR; j'en propose, en "bonnes feuilles", l'introduction et la conclusion.

Introduction de la publication du professeur Alexandre BOURMEYSTER

Le pape Jean-Paul II, au cours de ses déplacements et dans son activité doctrinale, aspirait à renforcer les valeurs traditionnelles de l’Église catholique dans le monde moderne. Dans sa confrontation avec le communisme, il n’avait pas hésité à brandir les « droits de l’homme », une notion hérétique encore peu auparavant, et avait rassemblé autour de lui l’intelligentsia laïque polonaise. Dans un contexte, certes, très différent, le métropolite Cyrille de Smolensk et Kaliningrad, promu depuis patriarche de Moscou, avait entrepris une ouverture semblable dans ses fonctions de président du département des Relations extérieures du patriarcat de Moscou. Il a développé les contacts médiatiques avec la population en Russie, en particulier avec la jeunesse ; à l’étranger, en dehors des canaux œcuméniques de jadis, il a multiplié les interviews, les conférences, traitant notamment des droits de l’homme et de la responsabilité éthique ; il a manifesté en outre le souci de rassembler la diaspora russe et, plus généralement, les orthodoxes en Occident autour du patriarcat de Moscou. Il y a partiellement réussi par la réunification avec l’Église orthodoxe russe hors des frontières.

Le métropolite Cyrille a joué incontestablement un rôle moteur dans l’effort d’insertion de l’Église orthodoxe dans le monde moderne, sans pour cela céder sur des questions doctrinales, comme l’ecclésiologie institutionnelle. À le lire et à l’entendre, on se demande parfois, si dans ses plaidoyers, il est question des droits de l’homme ou des droits de l’Église. Bien entendu, il est loisible de présupposer que ce sont les mêmes. Pour échapper à un exposé académique et ennuyeux où seraient confrontés des préceptes spirituels, des règles canoniques, à des principes laïcs, séculiers, je me propose de m’interroger sur l’identité de l’antagoniste auquel l’Église orthodoxe oppose ses valeurs traditionnelles :

Les" Fondements de l’enseignement de l’Église orthodoxe russe"[1] est le document qui pose ouvertement la question des droits de l’homme en relation avec l’enseignement orthodoxe. Il a été adopté au concile des évêques en 2008. Accessible par Internet, il est destiné aux séminaires du patriarcat et aux paroisses, en vue d’une coordination dans la réflexion et dans l’action des frères orthodoxes. En préambule, il constate que la promotion des droits de l’homme peut servir au développement de la personne et de la société, mais qu’en pratique, la référence à ces droits entraîne parfois des divergences avec l’enseignement chrétien. Les chrétiens se trouvent alors contraints par les structures politiques et sociales à penser et agir contrairement aux préceptes divins, au détriment de leur Salut. Le document se propose de rappeler les thèses essentielles de l’enseignement chrétien et de les confronter avec la théorie des droits de l’homme.

Suite ICI

Conclusion de la publication du professeur Alexandre BOURMEYSTER

Au XIXe siècle, l’EOR n’était pas à l’écoute de ses « réformateurs », Kireïevski, Khomiakov, Soloviev et d’autres encore, dans leur opposition aux idéalistes et aux nihilistes. Quand l’athéisme militant des bolcheviks entreprit de l’anéantir, il ne lui resta plus que le choix entre le martyre, l’affirmation de sa foi et le pacte avec l’ennemi, le diable. Les pages sombres et opaques du sergianisme ont été occultées lors de la « réconciliation » entre le patriarcat et l’Église hors des frontières. Pour le métropolite Cyrille, la confrontation avec le communisme appartient au passé. L’Église a survécu au communisme, désormais elle est confrontée à un autre ennemi, autrement redoutable. Il est clairement désigné, c’est le libéralisme, et à travers lui, l’Église réformée. Au nom de la liberté, face au monopole de Rome, elle aurait joué le rôle du « cheval de Troie » en introduisant l’ennemi au sein de la chrétienté pour la détruire. L’Église catholique, elle, n’est qu’un « concurrent », parfois arrogant, sur des terres canoniques orthodoxes.

Compte tenu de l’ampleur des tâches qui lui sont dévolues, accabler une Église officielle, parce qu’elle est trop proche du pouvoir politique serait injuste et excessif. En réalité, elle est loin d’avoir reconquis la place qu’elle avait avant la révolution et elle le sait. La Sainte Russie est une utopie aussi inaccessible que l’Avenir radieux. L’EOR ne cessera de se heurter à l’incompréhension et à l’hostilité d’une partie de l’opinion tant qu’elle feindra d’ignorer que son véritable antagoniste, l’ennemi caché, c’est le Prince de ce Monde, le Grand Tentateur.

* * *
(*) Note du rédacteur: Alexandre (Sacha) Bourmeyster, fils d’émigrés russes né en 1930, est un éminent slaviste; professeur émérite de russe, il a dirigé le Centre d’Études Slaves Contemporaines (CESC) à l’Université de Grenoble. Il a rédigé de nombreux ouvrages et publications, en russe et en français, sur l’analyse du discours politique soviétique en Russie, l'histoire de la Russie au XXe siècle, la place de l'Eglise et de la religion en Russie… cf. ICI .
Note de l'auteur:

[1] Основы учения русской православной церкви о достоинстве, свободе и правах человека, Архирейский Собор Русской Православной Церкви, 2008, официальный сайт Московского Патриархата [Les Fondements de l’enseignement de l’Église orthodoxe russe au sujet de la dignité, de la liberté et des droits de l’homme, concile des évêques de l’Église orthodoxe russe, 2008, site officiel du patriarcat de Moscou]:ICI ; http://www.mospat.ru/fr/documents/dignity-freedom-rights/introduction/


Commentaires (26)
1. Marie Genko le 13/10/2012 22:25
Cher Vladimir,

Pouvez-vous m'expliquer les phrases suivantes que je n'ai pas comprises :

"L’Église a survécu au communisme, désormais elle est confrontée à un autre ennemi, autrement redoutable. Il est clairement désigné, c’est le libéralisme, et à travers lui, l’Église réformée. Au nom de la liberté, face au monopole de Rome, elle aurait joué le rôle du « cheval de Troie » en introduisant l’ennemi au sein de la chrétienté pour la détruire. L’Église catholique, elle, n’est qu’un « concurrent », parfois arrogant, sur des terres canoniques orthodoxes"

Pourquoi l'Eglise réformée serait-elle un cheval de Troie, et comment les orthodoxes pourraient-ils être incriminés de l'avoir introduite au sein de la chrétienté (quelle chrétienté, la catholique?)

C'est l'ajout des la notion du purgatoire (en occident au XIIème siècle) qui a donné lieu à la vente des indulgences et aux excès de l'Eglise romaine, c'est là qu'il faut chercher les racines du protestantisme...

Enfin l'Eglise catholique romaine n'est pas un concurrent pour les orthodoxes, c'est hélas une Eglise hérétique...

Il me semble me souvenir qu'Alexandre Bourmeister est catholique???
Si vous le rencontrez transmettez lui mes amitiés, si toutefois il se souvient de moi.



2. Vladimir le 15/10/2012 23:32
Bien chère Marie,

Je ne connais pas personnellement Alexandre Bourmeyster et ne puis donc connaitre son appartenance religieuse. D'après ses publications (1) il a une grande connaissance de l'Orthodoxie, avec une approche orientée vers les thèmes de prédilection de l'Eglise Hors Frontières, mais son catholicisme éventuel n'est pas très apparent.

La conclusion que vous soulignez est son interprétation personnelle de la position officielle de l'Eglise russe qui n'a jamais écrit, à ma connaissance, que le Protestantisme "aurait joué le rôle du « cheval de Troie » en introduisant l’ennemi au sein de la chrétienté pour la détruire." Cette thèse est toutefois assez classique: Mgr Cyrile a écrit "Ce n’est pas par hasard que cette révolution fut précédée de la Réforme, la première à rejeter le caractère normatif de la Tradition dans le domaine de la théologie chrétienne… Le protestantisme est, par son essence, la relecture libérale du christianisme" (2). La Réforme ayant donc précédé et partiellement inspiré les Lumières, "inventeurs" de ce "libéralisme", considéré comme " l’ennemi", Alexandre Bourmeyster va plus loin que Mgr Cyrile et fait le raccourci en disant que c'est le Protestantisme qui a introduit le libéralisme dans la Chrétienté. Mais je dois dire que les dernières évolutions de certains courants protestants ne peuvent que renforcer cette thèse…

Par contre, je ne vous suivrai pas dans l'affirmation que l'Eglise catholique est hérétique. Comme l'a si bien écrit Irénée sur un autre fil, "si on lit attentivement les lettres de saint Basile de Césarée ou les traités "Contre les hérésies" de saint Irénée, on voit bien que les théologoumènes catholiques (dont une bonne partie existait déjà au premier millénaire, au temps de l'unité), sont insuffisants pour constituer une hérésie. Ainsi, saint Basile, fidèle à la tradition venant de saint Irénée, considère comme hérétiques surtout les gnostiques et les manichéens qui, dit-il, baptisent "au nom du Père, du Fils, et de Mani et de Priscille"." Plus prés de nous, je prends pour exemple la "Déclaration commune de la Commission théologique orthodoxe-catholique d’Amérique du Nord " (25 octobre 2003) qui dit dans ses conclusions: "3. Que dans l’avenir, en raison des progrès faits dans la compréhension réciproque durant les dernières décennies, les orthodoxes et les catholiques s’abstiennent d’étiqueter comme hérétiques les traditions les unes des autres sur la procession du Saint-Esprit;" (3). Et enfin je suis fidèlement la position officielle de mon Eglise, l'Eglise russe: " Le dialogue avec l'Église catholique romaine est fondé et doit rester fondé à l'avenir sur le maintien de la succession apostolique des ordinations. En même temps il apparaît indispensable de prendre en considération le caractère du développement des bases doctrinales et de l'ethos de l'Église catholique romaine qui va assez souvent à l'encontre de la Tradition et de l'expérience spirituelle de l'Église Ancienne."(4)

(1) Intéressante biographie sur Wikipédia: http://fr.wikipedia.org/wiki/Alexandre_Bourmeyster.
(2) Métropolite Cyrille de Smolensk et Kaliningrad, L’Évangile et la liberté. Les valeurs de la Tradition dans la société laïque, Éditions du Cerf, coll. « Istina », Paris, 2006. P. 102-102, cité par Alexandre Bourmeyster.
(3) http://www.scoba.us/assets/files/FilioqueStatement-FR.pdf
(4) file:///D:/Documents/ORTH/R%C3%A9f%C3%A9rences/Principes%20fondamentaux%20r%C3%A9gissant%20les%20relations%20de%20l%27Eglise%20orthodoxe%20russe%20avec%20l%27h%C3%A9t%C3%A9rodoxie.htm
3. Fabre Daniel le 16/10/2012 08:30
d'accord avec vous Vladimir !
4. Marie Genko le 16/10/2012 09:20
Cher Vladimir,

Merci pour votre très intéressante réponse!
Mes souvenirs de lectures sur le sujet des Lumières et de la Révolution Française, ne m'ont jamais donné à penser que le protestantisme pouvait être directement accusé d'avoir inspiré les révolutionnaires français. Toutefois indirectement, par le biais de l'influence des loges maçonniques, cela est certain!

Un sujet inépuisable serait l'influence du protestantisme sur le monde d'aujourd'hui et là, la théorie du cheval de Troie introduit dans le christianisme contemporain pourrait hélas être étayée sans trop de peine!

Vous avez raison de me reprendre lorsque j'écris que le catholicisme est hérétique!

J'ai infiniment de respect pour nos frères séparés catholiques et j'espère de tout coeur que les trois dogmes, qui nous séparent, seront reformulés de concert par nos deux Eglises afin de leur attribuer une orthodoxie indiscutable!

Vous avez raison aussi de dire que le terme "hérétique" que Saint Basile appliquait aux gnostiques et aux manichéens est choquant en ce qui concerne les catholiques dans la mesure ou les croyances des gnostiques et des manichéens flirtaient très manifestement avec le démon.
Un professeur de Cambridge, Steven Runciman, leur a consacré toute une étude, il s'agit de:
"Le manichéisme médiéval" édité chez Payot en 1972

Enfin je suis désolée d'avoir fait une faute de frappe dans le nom d'Alexandre Bourmeyster.
Alexandre Bourmeyster est d'origine russe, comme vous et moi, et son père ayant étudié en Russie dans la même école militaire que le mien avant la révolution, nous avons par ce biais eu une correspondance il y a quelques années.

Avec toute mon amitié Marie

5. Vladimir le 16/10/2012 11:29
Une erreur de manip a corrompu le lien (4) ci-dessus. Le voici corrigé.

Il faut bien entendu lire tout le texte d'Alexandre Bourmeyster pour bien voir quelle est la position de l'Eglise russe: comme je l'ai écrit, il donne une vision très claire et précise de chacun des sujets en citant de larges extraits des textes, et ce n'est qu'à la fin qu'il fait une digression personnelle. Sur le catholicisme sa position s'écarte de la position habituelle de l'EHF et se rapproche plus de celle du patriarcat.

Sur le protestantisme l'Eglise russe n'a pas de position unique du fait de la diversité même des confessions recouvertes par ce terme générique: si un dialogue intéressant a eu lieu avec les Anglicans et les Luthériens (ibidem), les dérives que connaissent certaines confessions (épiscopat féminin, ordinations d'homosexuels…) le rendent de plus en plus difficile…

(4) http://orthodoxeurope.org/page/7/5/2.aspx
6. Vladimir le 16/10/2012 13:50
Bien chère Marie,
Votre 4 s'est croisé avec mon 5 et j’approfondis vos questions:

Je trouve assez bien reconnue a position de Mgr Cyrile sur l'impact théologique de la Réforme introduisant le rejet du caractère normatif de la Tradition. Que les "Lumières" en soit une conséquence directe semble aussi assez évident: même le doute cartésien est inacceptable dans le cadre de la Tradition Orthodoxe et tout le reste, en particulier le rousseauisme, n'est possible qu'en niant la place de l'homme dans la création définie par la Tradition(1)… Le loges viennent ensuite.

Je ne crois justement pas que nous ayons des différences "de dogmes" avec les Catholiques: ils croient absolument aux mêmes dogmes que nous mais, comme le professe officiellement l'Eglise russe (2) "il apparaît indispensable de prendre en considération le caractère du développement des bases doctrinales et de l'ethos de l'Église catholique romaine qui va assez souvent à l'encontre de la Tradition et de l'expérience spirituelle de l'Église Ancienne."Les "développements doctrinaux et l'ethos" en question ne sauraient donc constituer des dogmes pour les Orthodoxes mais tout au plus des théologoumènes hasardeux et condamnables…

(1) " Cette approche ignore la notion de péché et tolère la pluralité des opinions. L’homme peut choisir n’importe quel mode de conduite, pourvu qu’il ne porte pas atteinte à la liberté d’autrui. La conséquence tragique de cette approche anthropocentrique est la naissance en de nombreux pays d’un système social qui incite au péché et s’éloigne du devoir de contribuer à la croissance spirituelle et éthique de la personne". (ibid (2) précédent p. 193)
D’où une philosophie amorale justifiant aussi bien le culte de la violence, que celui du profit, du sexe, de la consommation[ibid p 181-183]. Des interdits sont nécessaires car le vice se vend facilement à l’homme enclin au péché. Cela s’appelle, depuis l’Antiquité, la tentation[ibid p 199] (extrait de l'article d'Alexandre Bourmeyster).
(2) les "Principes fondamentaux" ont été approuvés par le concile épiscopal de 2000 et le concile local de 2009: c'est un document canonique.
7. Daniel le 17/10/2012 12:32
Il faut garder la tête froide et regarder les choses dans toute leur ampleur;

1° les "Principes fondamentaux" ont été approuvés par le concile épiscopal de 2000 et le concile local de 2009: c'est un document qui a valeur officiel mais pas un document canonique Dans quel sens était utilisé le terme canonique? J'ai du mal à le comprendre car les "Principes fondamentaux" ne formulent pas des canons. Par ailleurs, pour être canonique, comme le rappelait le Père Alexandre Schmemann dans un long article sur le problème canonique aux Etats-Unis; "Dans l'authentique tradition orthodoxe, le pouvoir ecclésiastique est soumis aux canons et ses décisions ne sont valides et obligatoires que dans la mesure où elles respectent les canons" (1)


2° Voir les choses dans leur globalité, c'est aussi voir les choses dans un contexte historique assez large. Quels sont tous les documents conciliaires ou ayant une valeur normative (on va faire simple) publiés par l'Eglise de Russie depuis ses débuts sur l'Eglise latine et que disent-ils? Sont-ils en contradictions les uns avec les autres?

3° La globalité c'est aussi l'Eglise orthodoxe dans son ensemble, que pense-t-elle? Avec toujours une perspective historique.


(1) : le Problème canonique par le Père Alexandre Schmemann à ce lien http://orthodoxinfo.com/ecumenism/schmem_canon.aspx
8. Vladimir le 17/10/2012 23:38
Bien cher Daniel,
Merci de ce commentaire. Comme toujours vous amenez les bons arguments et les bonnes questions.

Mon "canonique" est peut être un abus de langage, mais je l'utilise pour deux raisons:
1. Ces "Principes" ont été adoptés conformément au droit canon par l'instance suprême d'une Eglise locale. Comme vous l'avez souligné à plusieurs reprises, bien des dogmes ont été adoptés et des hérésies condamnées de cette façon avant que ces décisions ne soient étendues à l'ensemble de l'Orthodoxie. Cette décision a été prise dans l'authentique tradition orthodoxe et le respect des canons et doit donc être valide et obligatoire, selon la formulation du Père Alexandre Schmemann que je vous remercie de citer, à tout le moins pour le membres de l'Eglise concernée, dont je me revendique.
2. Vous posez à juste titre la question "quels sont tous les documents conciliaires ou ayant une valeur normative (on va faire simple) publiés par l'Eglise de Russie depuis ses débuts sur l'Eglise latine et que disent-ils?" La réponse est: il n'y en a pas de récent à ce niveau à ma connaissance (devons-nous toujours remonter à la condamnation de l'union de Florence?). Et j'irai plus loin en soulignant que je n'en connais pas non plus émanant d'autres Eglises.

Je pense que c'est la "Déclaration commune de la Commission théologique orthodoxe-catholique d’Amérique du Nord " qui met le mieux en lumière la situation actuelle: "en raison des progrès faits dans la compréhension réciproque durant les dernières décennies…" Il me semble en effet tout à fait essentiel de prendre en compte le changement de cap à 180 degré opéré par Vatican II dans la relation de l'Eglise catholique à l'Orthodoxie. Il est claire que cela a été inspiré d'en haut et il me semble heureux que les responsables orthodoxes le prennent en compte dans leur approche.

Et c'est surtout face aux menaces communes qu'il est important de présenter un front commun: Mgr Hilarion de Volokolamsk l'a encore répété dans son discours devant la XIIIe Assemblée générale Ordinaire du Synode des Evêques au Vatican. J'espère que ce discours sera bientôt disponible en français.
9. Daniel le 18/10/2012 10:34
@ Vladimir (message 8)

A votre point 2, je puis affirmer que le document le plus récent n'est pas forcément le meilleur et que si un document récent contredit des anciens, cela mérite de se poser quelques questions... Vérité il y a 200 ans; mensonge aujourd'hui? Et ce surtout si les doctrines catholiques n'ont au final jamais changé...

Pour les autres églises orthodoxes, les encycliques dites des patriarches orientaux traitent spécifiquement de l'Eglise de Rome

Quant à la déclaration commune de la Commission théologique orthodoxe-catholique d’Amérique du Nord, sa faiblesse demeure dans sa composition. Les évêques orthodoxes en Amérique du Nord sauf cas de l'OCA autocéphale, relèvent de synodes qui ne sont pas américains... Dans quelle mesure leurs synodes d'origine se sentent-ils engagés par ce qu'ils signent.

Concernant le point 1, où peut-on trouver l'intégralité de ces principes?
10. Marie Genko le 18/10/2012 11:33
Chers Daniel et Vladimir,

Merci pour vos deux messages 8 et 9.

A mon minuscule niveau, je crois que le respect envers nos frères chrétiens séparés est une démarche essentielle.
Nous devons cerrainement tenir compte de l'Histoire de l'Eglise d'Occident et de sa pensée théologique qui a eu une influence déterminante sur les chrétiens occidentaux.

Mais lorsque vous écrivez, Daniel:

"Vérité il y a 200 ans; mensonge aujourd'hui? Et ce surtout si les doctrines catholiques n'ont au final jamais changé"

Nous devons aussi tenir compte que la Vérité n'est pas un concept flexible au gré des époques!

Simplement il me semble en ce qui concerne les trois dogmes ajoutés par l'Eglise latine (filioque, Immaculée Conception et infaillibilité pontificale) qu'il suffirait de changer leur formulation pour les rendre orthodoxes.

Après tout les orthodoxes n'ont jamais mis en doute la primauté de Pierre, ni la pureté sans tâche de la Mère de Dieu. Pour ce qui concerne l'infaillibilité de Pierre, il s'agit simplement de l'infaillibilité de l'Eglise universelle conduite par Pierre....

Pardonnez-moi si cette approche vous simple très simpliste, elle vient du coeur et non de l'intellect ou de la connaissance....


11. Vladimir le 18/10/2012 13:15
Bien chers Daniel et Marie,

Le lien vers le texte complet des "Principes" est dans mon commentaire 5 (renvoi (4)) et ci-dessous. Je ne me sens pas capable de juger si ce document est meilleur que les précédents, mais je fais assez confiance pour cela aux théologiens qui l'ont préparé et aux conciles qui l'ont adopté. En tout les cas c'est lui qui s'applique actuellement et, ce qui est particulièrement impressionnant, c'est le fait qu'il correspond totalement à la pratique de la quasi totalité des Eglises (même celles de Bulgarie et Géorgie, très minoritaires, n'ont fait que suspendre leur participation au dialogue...)

Où peut-on trouver l'intégralité des encycliques dites des patriarches orientaux (XIXe siècle?)

Je trouve excellente la formulation de la Commission d’Amérique du Nord car justement elle souligne le changement doctrinal des Catholiques à Vatican II: ils ne considèrent plus l'Orthodoxie comme hérétique! Je trouve que cela est un grand pas en avant qui suit la levée des anathèmes et autres déclarations papales reprises dans le corps de son texte. Et au plan pratique, voyez tous le Moyen Orient catholique qui vient fêter Pâques avec nous! C'est un là petit pas mais qui va aussi dans le bon sens.

Par contre je reste très attaché à l'emploi des termes exactes dans nos débats: les points doctrinaux catholiques dont parle Marie ne sauraient être ni des dogmes au sens orthodoxe (le seul qui nous importe!) ni des hérésies au sens que Saint Irénée et saint Basile de Césarée donnent à ces mots. Il s'agit tout au plus de théologoumènes discutables, voire condamnables, mais dont personnellement je ne me sens pas non plus capable de juger. Le point de la primauté, en particulier, est bien celui sur lequel achoppe actuellement le dialogue théologique et dont la Commission d’Amérique du Nord dit: " Il ne fait pas de doute que la primauté du pape, avec toutes ses implications, demeure le problème fondamental à l’arrière-plan de toutes les questions de théologie et de pratique qui continuent de diviser nos Communions. "! (ibidem p. 16). Votre approche, bien chère Marie, me semble donc trop réductrice…
Avec toute mon amitié.

(4) http://orthodoxeurope.org/page/7/5/2.aspx
12. Daniel le 18/10/2012 19:49
@ Vladimir


Merci pour la fourniture du lien vers les "Principes"... Il m'avait échappé et je vais lire le texte avec soin.

Concernant les encycliques des Patriarches des Patriarches Orientaux, vous pouvez les trouver à ces liens en anglais :

Texte de 1848 : http://orthodoxinfo.com/ecumenism/encyc_1848.aspx
Texte de 1895 : http://orthodoxinfo.com/ecumenism/encyc_1895.aspx

Et en français :
Texte de 1848 : http://www.forum-orthodoxe.com/~forum/viewtopic.php?t=592
Texte de 1895 : http://presbyteraanna.blogspot.fr/2011/01/la-lumiere-du-thabor-n6encyclique-des.html

D'un point de vue catholique, les doctrines citées, Filioque, Immaculée conception, infaillibilité du pape (la liste est non exhaustive car il faut aussi ajouter par exemple le purgatoire) sont des dogmes, à savoir des vérités incontestables.

S'agit-il d'opinions tolérables ou optionnelles pour un orthodoxe? Pour le Filioque on a des condamnations un peu partout dans l'histoire orthodoxe, individuelles, conciliaires (879 notamment).
Il suffit qu'une entité ecclésiale diverge sur un point unique pour qu'elle sorte de l'Eglise... si bien qu'après cette affaire du Filioque, l'Eglise de Rome avait déjà quitté l'Eglise. Dans les cas de l'Eglise de Rome, on accumule des points supplémentaires suite à cette affaire du Filioque, sur lesquels on pourrait même s'abstenir de se pencher et de disserter vu que l'Eglise latine est déjà hors de l'Eglise. Mais si on s'y colle, que trouve-t-on?

Pour l'Immaculée conception, à savoir une naissance à part de l'Enfantrice de Dieu sans être atteinte du péché originel, c'est bel et bien inconnu dans l'Eglise orthodoxe et amène à se demander d'ailleurs le pourquoi de l'incarnation du Verbe si au final, il pouvait nous sauver d'une autre façon. Pour la grâce créée, il y a aussi les condamnations des conciles palamites... Quant à l'Infaillibilité pontifical, je ne vois pas quel orthodoxe sérieux pourrait dire qu'il ne s'agit pas d'une hérésie : on aurait là un super-évêque qui ne se tromperait jamais en matière de dogme pour peu qu'il le formule ex cathedra.

Les catholiques ne croient donc pas la même chose que nous pas plus que nous ne croyons la même chose qu'eux. Les catholiques croient que l'Esprit procède du Père ET du Fils, nous croyons qu'il procède du Père seul. Ils croient que les énergies divines sont créées, nous croyons qu'elles sont incréées. Ils croient que le Pape est infaillible, nous ne croyons qu'aucun évêque est infaillible mais que c'est l'Eglise qui l'est (l'église ne se réduisant pas aux évêques) etc. Il pense que l'âme transite dans un certain nombre de cas par le purgatoire, nous croyons qu'il n'existe en attendant la résurrection que l'Hadès (enfer) et le paradis etc.

Je note que le document "Les principes" disent :

"2.10. Il est inadmissible de limiter l'accord dans la foi à un cercle limité de vérités nécessaires, pour concéder au delà une "liberté dans les choses douteuses". L'attitude de tolérance à l'égard des divergences en matière de foi est de soi inacceptable. Ceci dit, il ne faut pas confondre l'unité de la foi et ses modes d'expressions"

Cela semble paradoxalement ce que vous proposez, une sorte de dénominateur commun défini à minima qui laisserait ensuite un choix entre de multiples options à la carte, les fameux théologoumènes.
13. Galahad le 22/10/2012 09:41
Bonjour,

Un grand merci pour ce texte et pour vos commentaires. Comme Vladimir m'avait gentiment invité à donner mon avis sur celui-ci, permettez moi d'y aller de mon petit commentaire.

Ce texte, avec lequel je ne suis que partiellement d'accord, reprend les maux qui accablent notre société : superficialité, manque de conscience spirituelle, athéisme, matérialisme, désenchantement du monde, relativisme, oubli de Dieu donnant lieu à de grandes angoisses existentielles ayant pour conséquence pour certains une fuite dans des addictions diverse, etc...

Tout ceci est une plaie qu'il faut combattre (ou mieux, guérir) nous sommes bien d'accord.

C'est après que je ne suis plus en phase avec ce texte. Car pour lui, la cause de ces malheurs est le libéralisme, ses conséquences sont les droits de l'homme... Pas convaincu par cette analyse. La cause de l'athéisme en occident n'est ni le protestantisme, ni le libéralisme ! La cause en est une Eglise Catholique qui s'est éloigné pendant des siècles de ce pour quoi elle fut créée : témoigner de la Présence du Seigneur, hâter la venue du Royaume et agir à la déification du monde. La pastorale de la peur, l'inquisition, les indulgences, la culpabilisation, la tolérance face à l'esclavagisme, le dolorisme, le juridisme, la rationalisation scolastique, les guerres de religion, la méfiance vis à vis de la science et de l'étude de la Création, la ratiocination théologique, voilà les causes profondes qui menèrent une partie de la population à se séparer (protestantisme) et une autre à rejeter le christianisme. Les racines des Lumières et de l'athéisme militant sont là. Ce sont les manques des uns qui provoquèrent une réaction des autres.

Les droits de l'homme comme conséquence de la laïcité ? Je ne vois pas en quoi les droits de l'homme seraient une conséquence de notre monde décadent ? Au contraire, j'y vois l'une des maigres lueurs qui demeurent. Car que sont ces droits de l'homme sinon une rémanence des principes évangéliques ? Rémanence laïque certes, mais rémanence quand même. Et puisque plus personne n'a à coeur d'évangéliser les terres barbares musulmanes ou communistes (sauf les protestants justement, sont-ils plus courageux ?), du moins peut-on encore y faire passer un mince filet de principe éthique via les droits de l'homme : liberté de pensée, égalité homme-femme, liberté de culte et de quitter son culte ou d'en changer... etc...etc...
Justement, si on suivait parfaitement les droits de l'homme, même ici, on traiterait moins les gens comme des objets puisque ces mêmes droits garantissent le respect de la personne.

La tradition comme remède ? Là je suis vraiment pantois. Qu'est ce que c'est que cette tradition dont on parle ? L'étude des textes fondateurs et des Pères de l'Eglise ? Alors là, oui, cela peut-être un remède. Le retour aux fondamentaux de l'Eglise, à savoir d'éclairer le monde par sa force d'Amour mystique qui vient du Christ ? Une fois de plus, oui ! La conscientisation du Mystère et l'incarnation de celui-ci en ces temps de changements ? Tout à fait d'accord...

Mais le problème, c'est que ce texte ne parle pas de cette tradition là. Il préfère brandir la normalisation d'une morale passéiste et désuète en mélangeant tout, le réellement problématique avec l'habitude : décadence pornographique, homosexualité, ordination de la femme (qu'aucun argument théologique sérieux ne peut empêcher, seul la tradition dans le sens de "coutumes" ou d'habitudes peut y faire un frein...) Cela me laisse un sentiment amère car je me dis que l'Eglise Orthodoxe Russe s'avance dangereusement sur la pente que pris autrefois l'Eglise Catholique quand sa spiritualité se résumait à un moralisme pharisien.

Or, le but et la fonction de l'Eglise est d'être une Matrice de déification, une révélatrice de la Lumière incréée, là est la seule vraie Tradition.

Bien fraternellement,
En Christ,
14. Marie Genko le 22/10/2012 17:04
Cher Galahad,

Merci pour votre message.
Je suis presque d'accord avec vous!

Je dis presque parce que je suis convaincue que tous les chrétiens sont appelés à la Sainteté et peuvent devenir saints, quelque soit le christianisme dans lequel ils ont appris à connaître le Seigneur!

Vous avez raison lorsque vous écrivez que les hérésies et les guerres de religions éloignent les hommes du christianisme. Mais regardons autour de nous et constatons que chez les Orthodoxes l'exemple est hélas loin d'être toujours celui de la fraternité!

Donc je propose que nous restions modestes et que nous ne jugions pas nos frères séparés catholiques et protestants!

De bonnes relations entre les chrétiens est une nécessité dans le monde qui nous entoure.

Avec toute mon amitié Marie

15. Tchetnik le 22/10/2012 18:00
@Galahad

L
16. Vladimir le 22/10/2012 21:50
Bien cher Daniel,

Merci pour ces liens. Ces encycliques sont très intéressantes et importantes. Toutefois la pratique du dialogue théologique, suivant la levée des anathèmes, prend effectivement en compte le changement de cap de l'Eglise catholique après Vatican II. Elle ne professe donc plus la même doctrine que celle qui est condamnée par les encycliques et c'est cela qu'illustre la pratique orthodoxe du dialogue théologique à tous les niveaux qui est "approuvée par l'ensemble des Eglises" comme le souligne souvent le patriarche Bartholomée.

Les théologoumènes catholiques ne peuvent être considérés comme des dogmes par les Orthodoxes d'abord parce que nous ne les approuvons pas, mais aussi parce-que le sens même de "dogme" me semble différent chez les catholiques et nous. Le filioque est-il un dogme catholique? Mais si oui, comment Paul VI, le Pape en personne, peut-il déclarer que la condamnation par le 2e Concile de Lyon (1274) de «ceux qui ont l’audace de nier que le Saint-Esprit procède éternellement du Père et du Fils» ne s’applique plus? Un dogme dont le refus n'est pas condamné est-il vraiment un dogme au sens que nous donnons à ce mot?

Bien entendu ces théologoumènes ne sont pas acceptables et il n'est pas question "de dénominateur commun défini à minima". Ni dogmes ni hérésies, ce sont des idées qui permettent d'approfondir notre foi en allant plus loin chercher la Vérité. Ainsi c'est en s'opposant au filioque que Saint Marc a approfondi les relations internes de la Sainte Trinité et c'est face à l'Immaculée Conception que nous allons plus loin dans la mariologie et dans la conception du péché. Le débat a toujours été source d'enrichissement: ainsi quand saint Grégoire Palamas introduit en Dieu une distinction entre l’essence et les « énergies » il est attaqué comme hérétique par Grégoire Akindynos soutenu par l'empereur; et Palamas fut mis en prison et excommunié avant d'être réhabilité et canonisé... Parfois même l'Eglise accepte d'intégrer deux doctrines à priori opposées: ainsi le concile local de l'Eglise russe décréta que les deux approches opposées des «non-possédants» et des «possédants» peuvent et doivent coexister dans l'Eglise (1503 - 1504) et les deux adversaires, saint Nil de la Sora et saint Jacques de Volokolamsk se réconcilièrent et furent tous deux canonisés…

En conclusion donc, je pense que les positions Kto son erronées et condamnables mais non hérétiques; elles ne sont pas suffisamment éloignées pour que des discussions ne permettent de les ramener dans le "droit chemin" (orthodoxie au sens étymologique). De plus, et cela est essentiel, les Kto ont gardé la succession apostolique des ordinations et leurs sacrements bénéficient donc de la grâce du Saint Esprit. Une grâce imparfaite, bien sur.

Merci Galahad pour votre très intéressante réflexion qui nous sort de nos débats rebattus... Je vais essayer d'y répondre plus tard!
17. Tchetnik le 22/10/2012 22:05
@Galahad

L'Eglise catholique a certainement certains torts historiques ou dogmatiques mais l'accuser de "complaisance envers l'esclavage| serait faire tres bon marche des innombrables bulles pontificales qui le condamnerent et le combattirent, des missionaires Catholiques qui, en Amerique du Sud, promouvaient la dignite des Indiens et en Afrique luttaient contre la traite (et se faisaient souvent massacrer par des roi naigres esclavagistes pour cela) et du fait que l;esclavage fut surtout le fait de negriers Protestants et Juifs. (sans oublier la part des musulmans et des Noirs eux-memes).

18. Galahad le 22/10/2012 23:10
Chère Marie,

Mais... je vous suis tout à fait !!! Ma charge à l'encontre de nos frères catholiques ne visait qu'un moment bien précis de leur histoire. Quelques siècles qui eurent la fâcheuse conséquence d'éloigner de la foi beaucoup de personnes. Loin de moi l'idée de nier l'apport spirituel de certains courants chrétien occidentaux !!! (catholiques ou protestants d'ailleurs). Loin de moi non plus l'idée que l'Eglise Orthodoxe est parfaite. Non. Réalisons l'unité de la chrétienté en respectant sa diversité de forme ! Et surtout en se consacrant au principal qui est la marche du monde et des individus vers notre réalisation en Christ.

Avec mon amitié !
19. Daniel le 23/10/2012 00:12
@ Vladimir

Pour savoir ce que professe l'Eglise catholique, au-delà des encycliques et autre, il est possible de se référer au Catéchisme de l'Eglise catholique. Paul VI peut bien dire que les anathèmes du concile de Lyon ne s'applique plus, mais dans les faits, ils n'ont jamais été levés. De même, Jean-Paul II a bien pu parler d'église soeurs, mais dans les faits, Benoît XVI a rappelé qu'aux yeux de l'église romaine, elle était la seule détentrice de la plénitude ecclésiale. Le dialogue théologique est dialogue sans plus, mais ne signifie pas qu'il y a convergence sur les désaccords théologiques et ne remet pas en cause la permanence de ses désaccords.

Les opinions contraires peuvent cohabiter quand les contradictions ne sont pas irrémédiables : les opinions opposées entre saint Nil de la Sora et saint Jacques de Volokolamsk traitent d'une question sociale et pas dogmatique.

Concernant Saint Grégoire Palamas, je ne dirais pas qu'il introduit la distinction entre substance et énergie, auquel cas il aurait fait une découverte jusque là inconnue, mais il introduit ces termes dans un moment de polémique, de même que le terme consubstantiel fut introduit pour les besoins de la cause.

Concernant la succession apostolique en dehors de l'Eglise orthodoxe, elle est bien évidemment absolument inexistante y compris dans des communautés ayant une foi orthodoxe, comme rappelée par le canon 1 de Saint Basile (discussion déjà tenue sur ce blog), canon pour lequel je pense que ces "Principes" sont en fait anticanoniques car violant un canon existant quand ils reconnaissent la possibilité d'une succession apostolique hors de l'Eglise.
20. Marie Genko le 23/10/2012 10:05
Cher Daniel,

Pourtant, si mes souvenirs sont exacts, l'Eglise orthodoxe russe reconnait la succession apostolique chez les catholiques, de même que les catholiques reconnaissent la succession apostolique chez les orthodoxes.
Peut-être pouvez-vous nous rappeler quels sont les Eglises autocéphales orthodoxes qui ne reconnaissent pas cette succession aux catholiques?

Je ne me souviens pas quel est le Canon qui exclue cette succesion chez les hérétiques?
Mais peut-être que le terme "d'hérétiques", comme l'explique Vladimir dans son message 16 ne s'applique pas aux catholiques???

Je sais bien que nous avons déjà débattu sur ce thème, mais il est parfois utile de répéter les choses afin qu'elles soient bien claires dans nos esprits.

Avec toute mon amitié Marie
21. Daniel le 23/10/2012 11:04
@ Marie

En effet, le format blog se prête mal à la recherche des données et plutôt que de répondre, j'essaierai de rédiger un article qui résume les différentes positions orthodoxes ainsi que les tenants de chacune d'elles.
22. Vladimir le 23/10/2012 12:06
Merci Daniel! Envoyez votre texte à "contact" et nous en discuterons... :)
23. Clovis le 23/10/2012 16:02
Pour aller dans le sens de Vladimir qui évoque la question du dogme,
Un ami m'avait donné un lien où l'on pouvait entendre Benoît XVI réciter le credo en grec, et sans le filioque. interesno da ?
24. Daniel le 23/10/2012 18:52
@ Clovis

Les catholiquent peuvent réciter le Credo sans filioque mais sont tenus d'y croire y compris les uniates qui n'utilisent pas le filioque.
25. Marie Genko le 23/10/2012 20:10
Cher Daniel,

Il me semble aussi nécessaire d'ajouter que les hérésies subies par le christianisme durant le premier millénaire (Arius, monophysime, iconoclasme) ont été une très grave menace pour la chrétienté!
Il est donc évident que les Canons ont été particulièrement intransigents et sévères à leur encontre...

Je ne veux évidemment pas dire qu'il y a des degrés dans l'hérésies, une erreur ou un mensonge restent des erreurs ou des mensonges.....
26. Vladimir Golovanow le 15/04/2013 11:40
Le patriarche orthodoxe russe "trouve très dangereux ce phénomène appelé féminisme"

Les membres de l'organisation féminine orthodoxe qu'il était venu rencontrer ont dû avoir matière à discussion. Le patriarche Kirill, chef de l'Eglise orthodoxe russe, a déclaré mardi 9 avril devant elles trouver "très dangereux ce phénomène appelé féminisme", selon l'agence russe Interfax. SUITE
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