1.
Jean Vandersmissen
le 30/10/2009 21:59
Sans doute une idée généreuse à condition de ne pas libérer des condamnés dangereux comme on l'a vu récemment dans une affaire de pédophilie.
Dire " les chrétiens sont immuablement pour la miséricorde, pour que le pire des pêcheurs disposent du temps indispensable pour se repentir. Cette attitude a toujours été celle des États chrétiens" ne correspond pas avec la réalité historique, voir l'Inquisition ou chez nous orthodoxes le règne de Ivan le Terrible - je viens de voir en avant-première le film de Louguine. Evidemment, ce tsar était un mauvais chrétien et le saint métropolite Philippe nous montre la voie à suivre.
2.
Wormwood
le 31/10/2009 14:04
Laissons, je vous prie, l'inquisition (sujet délicat à traiter) à ceux qui doit en répondre. Je ne suis pas un spécialiste de l'histoire russe, mais je crois me souvenir que l'un des premiers actes du grand et saint prince Vladimir, après le baptême de la Rus, fut d'abolir la peine de mort en raison de la cohérence de cette décision avec la foi nouvellement professée. La réalité historique a montré que ces belles intentions perdirent bientôt leur effet, le pragmatisme politique à courte vue prenant le pas sur le respect de la personne humaine induit par la vérité théologique. L'humanité en a régressé d'autant. Bonne nouvelle ! Il semble qu'on revienne aujourd'hui en Russie à un réalisme qui prend davantage en compte la nature spirituelle de l’être humain (même déviant) et qui respecte sa dignité inaliénable, dignité que la révélation chrétienne fonde et explicite.
Disons-le brièvement : Fait à l'image de Dieu, chacun est appelé à croître à sa ressemblance, mais cette croissance n'est pas une montée ininterrompue. Même si le baptême opère pleinement le mystère de recréation de la personne humaine qu'il célèbre, notre croissance en Dieu s'opère ensuite au prix d'un combat spirituel, d'une lutte contre la jalousie du démon, l'esprit du monde et la faiblesse de la chair dont parle saint Paul. Or, la lutte est incertaine et nous tombons.
C'est dire que sans discernement et accompagnement de l'Eglise, au lieu de se laisser envahir jusque dans son corps par la grâce baptismale reçue une fois pour toutes, l’homme peut se laisser illusionner. Ainsi, cédant au mal qui se déguise en bien, il tombe dans le péché d’abord, dans l’habitude du péché ensuite, dans la captivité du péché enfin.
Les Pères ont remarqué qu’à la racine des passions qui conduisent aux péchés se trouvent deux puissances constitutives de l’homme, la convoitise et la colère, puissances qui lui sont utiles si elles sont maîtrisées et bien orientées, mais catastrophiques autrement. Si l’homme cède à leur impulsion de façon dévoyée, la première fait de lui une bête, la seconde un démon. Mais ce n’est pas parce que l’homme cède à la bestialité ou à l’agressivité démoniaque qu’il change sa nature et perd sa dignité. Le plus grand pécheur demeure un fils du Père dont il est dit ”... Il nous a élus en lui, dès avant la fondation du monde, pour être saints et immaculés en sa présence, dans l'amour.” C’est la fidélité de Dieu à son dessein salutaire pour chaque homme, me semble-t-il, qui fonde le fait que l’Eglise ne désespère jamais du destin de quelqu’un. Quel que soit le péché, sa gravité ou l’horreur qu’il inspire, la pénitence est toujours possible. Relisons les Apophtegmes, les “Vies” des saints, il n’est question que de cela. Nul ne peut désespérer de lui-même, nul ne peut désespérer des autres. Mettre un terme à la vie de quelqu’un, c’est s’opposer à la Providence divine, se substituer au Jugement du seul qui est le juste Juge et, finalement, se condamner soi-même pour s’être fait dieu à la place de Dieu. C’est faire la preuve de notre cécité spirituelle, c’est faire la preuve de notre surdité à la tradition évangélique particulièrement prégnante dans l’Eglise russe qui nous enseigne que le pécheur le plus abominable, avant d’être un coupable, est d’abord un malheureux.