La cathédrale inaugurée change radicalement le paysage de l’orthodoxie en France !

Parlons D'orthodoxie

Les fidèles du Patriarcat de Moscou ont enfin une « vraie » cathédrale
Samuel Lieven "La CROIX"

Le patriarche Kirill de Moscou a inauguré dimanche 4 décembre la nouvelle cathédrale orthodoxe sur le quai Branly à Paris.

Ce prestigieux édifice confère aux fidèles du Patriarcat de Moscou le rayonnement qui leur manquait, malgré près d’un siècle de présence en France. L’iconostase – la cloison recouverte d’icônes qui sépare le chœur de l’assemblée – n’est qu’un artifice provisoire en attendant une structure permanente en marbre. Mais les fumées d’encens et les chants liturgiques, dans la plus pure tradition russe orthodoxe, étaient bien réels dans la nouvelle cathédrale consacrée dimanche 4 décembre au matin à Paris par le patriarche Kirill de Moscou, qui effectue en France sa première visite depuis son élection début 2009.

La cathédrale inaugurée change radicalement le paysage de l’orthodoxie en France !
Après une inauguration plutôt discrète le 19 octobre en l’absence de Vladimir Poutine et de François Hollande, pour cause de raidissement diplomatique entre Paris et Moscou sur la Syrie, place à la religion.

Dans cet édifice de pierre et de verre coiffé de cinq bulbes dorés, à deux pas de la tour Eiffel, une douzaine d’évêques orthodoxes, des fidèles, mais aussi Mireille Mathieu, Frère Alois, prieur de Taizé, Robert Hossein, Jean-Pierre Chevènement, ou encore l’épouse du premier ministre russe Dmitri Medvedev ont assisté au rituel de consécration et à la messe célébrée par le chef de l’Église orthodoxe russe – 150 millions de fidèles, soit la moitié de l’orthodoxie mondiale.

Dans l’assemblée, des descendants de la première immigration russe blanche ayant fui la révolution d’octobre 1917, mais aussi des Russes, Biélorusses ou Moldaves d’immigration récente.

Le pape, représenté par son nonce apostolique en France


Pour beaucoup, ceux-ci sont venus de la paroisse des Trois-Saints-Docteurs, un ancien garage du 15e arrondissement qui tenait lieu jusqu’à présent de cathédrale à tous les fidèles du Patriarcat de Moscou, regroupés dans le diocèse de Chersonèse. Mais étaient également présents des fidèles… de la Martinique.

Comme Alain, transporteur, et Nicaise, infirmière, d’anciens catholiques attirés par la liturgie (essentiellement en slavon, NDLR) et « l’authenticité » de la tradition russe orthodoxe. Ils ont accompagné à Paris leur prêtre, le P. Jean-Denis, pour assister à l’événement, et ils comptent prochainement se rendre en Russie dans le cadre d’un échange entre paroisses.

Grand absent, en juin dernier, au dernier concile panorthodoxe en Crète, sous la présidence du patriarche œcuménique Bartholomeos de Constantinople, le patriarche Kirill de Moscou n’en a pas moins convié, dimanche, à sa cérémonie de dédicace les principaux responsables orthodoxes en France.

En particulier Mgr Jean de Charioupolis, archevêque des Églises russes en Europe occidentale, rattaché au Patriarcat de Constantinople auquel Moscou dispute âprement le leadership sur l’orthodoxie mondiale. Le pape François, que Kirill a rencontré lors d’une entrevue historique en février à Cuba, était aussi représenté par son nonce apostolique en France, Mgr Luigi Ventura.

Une visibilité sans précédent

Symbole d’un retour en mode majeur de l’Église russe sur la scène internationale après des décennies de glaciation soviétique, la cathédrale inaugurée dimanche, entièrement financée par la Fédération de Russie à hauteur de 170 millions d’euros, change radicalement le paysage de l’orthodoxie en France (environ 400 000 croyants). Elle donne d’abord, un siège apostolique enfin digne de ce nom aux fidèles du Patriarcat de Moscou.

Le siège actuel est occupé par Mgr Nestor de Chersonèse, jeune évêque au profil pastoral et fin connaisseur des réalités françaises et occidentales – il a été formé sur les bancs de l’Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge de Paris, fondé en 1925 par les intellectuels de l’émigration russe blanche. SUITE LA CROIX + PHOTOS


Commentaires (1)
1. Vladimir.G: "l’arrivée en France de nouvelles populations orthodoxes accroît l’audience d’une Église orthodoxe russe qui a conservé le slavon dans sa liturgie." le 13/12/2016 22:44
Samuel Lieven analyse fort justement la situation dans sa conclusion: "... l’arrivée en France de nouvelles populations orthodoxes, notamment de Roumanie et du Proche-Orient, accroît l’audience d’une Église orthodoxe russe qui a conservé le slavon dans sa liturgie. Quant au patriarche Kirill, il s’est dit ému, dans son homélie traduite simultanément en français, « d’avoir sous les yeux l’histoire tragique de la Russie en exode », qui a désormais dans cette cathédrale son port d’attache."

Samuel Lieven
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