Le Patriarcat de Constantinople a considéré anti-canoniques les démarches de l’Église de Bulgarie

Parlons D'orthodoxie

Dans le communiqué de la session ordinaire du Saint-Synode du Patriarcat de Constantinople, qui s’est tenue du 7 au 9 février derniers, le Patriarcat de Constantinople a considéré anti-canoniques les démarches de l’Église de Bulgarie concernant la question de l’Église orthodoxe de l’Ancienne république yougoslave de Macédoine.

Suite à la demande publiée le 23 novembre 2017 selon laquelle le Saint-Synode de « l’Église de Macédoine » avait reconnu le Patriarcat de Bulgarie comme son Église-mère et appelé à l’unité eucharistique avec celui-ci, le Saint-Synode bulgare s’est engagé de « coopérer pleinement avec celle-ci, ainsi que d’intercéder pour elle et de la soutenir auprès des Églises orthodoxes locales, afin que soient prises toutes les mesures nécessaires à l’établissement de son statut canonique ».

Mgr Nicolas, métropolite de Plovdiv et Mgr Cyprian, métropolite de Stara Zagora, ont accompagné le président bulgare Rumen Radev en République de Macédoine lors de sa visite du 16 au 17 février.

Le 16 février, ils se sont rendus au tombeau du héros national de la lutte pour la libération de la Macédoine du joug ottoman Gotsé Deltchev pour y prier. Pour Mgr Nicolas, cette visite s’inscrit dans la volonté de l’Église bulgare d’arriver à l’unité orthodoxe et les efforts pour y parvenir ne peuvent qu’être bénis. Pour lui, « tout effort de toutes les Églises locales pour rétablir l’unité orthodoxe sera couronné de succès, car Dieu veut qu’on soit tous un dans Son nom ».

Mgr Cyprien, qui est également président de la commission de dialogue entre l’Église orthodoxe de Bulgarie et « l’Église orthodoxe de Macédoine », a affirmé que dans le mesure où l’Église orthodoxe de Macédoine reconnait l’Église bulgare pour mère-Église, cette dernière l’aidera à retrouver son unité canonique avec le monde orthodoxe.

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Le site officiel de l’Église orthodoxe bulgare a publié l’information suivante, en date du 23 novembre:

« L’État bulgare et l’Église orthodoxe bulgare sont unis dans leur aspiration au développement et à l’approfondissement des relations entre la Bulgarie et la République de Macédoine. C’est là la position commune du président Roumen Radev et de Sa Sainteté le patriarche bulgare Néophyte, qui se sont rencontrés aujourd’hui (photographie ci-dessus, ndlr) sur l’initiative du président. Lors de la réunion, celui-ci a souligné l’importance des accords bilatéraux sur l’amitié, le bon voisinage et la coopération entre la Bulgarie et la Macédoine, qui renforcent la confiance mutuelle, contribuent au développement bilatéral des relations bilatérales et constituent un pas positif dans le processus de l’intégration européenne de la République de Macédoine.

La parenté spirituelle de la Bulgarie et de la République de Macédoine a été mentionnée. Le patriarche Néophyte a apporté avec lui la lettre du Saint-Synode de l’Église orthodoxe de Macédoine, dont il a fait connaître le contenu au chef de l’État et qui appelle à l’établissement de l’unité eucharistique de l’Église orthodoxe de Bulgarie avec « l’archevêché restauré d’Ohrid en l’entité de l’Église orthodoxe de Macédoine ». Le patriarche a assuré le président de la bonne volonté du Patriarcat de Bulgarie pour rechercher la voie d’une résolution favorable. Cette question doit être discutée lors de la réunion du Synode de l’Église orthodoxe de Bulgarie, tandis que la question de l’autocéphalie sera discutée avec les autres Églises locales autocéphales ». Lien

Lire aussi Le chef de l’Archevêché autonome d’Okhrid de Serbie a visité le Centre spirituel et culturel russe


Commentaires (2)
1. Vladimir.G: une belle "salade" le 19/02/2018 10:59
LA MACÉDOINE, « UN TEST POUR L’ÉGLISE ORTHODOXE GRECQUE »

Depuis l’indépendance de la Macédoine en 1991, l’Église orthodoxe grecque s’oppose à ce que ce pays des Balkans adopte le même nom que celui de la région de Thessalonique.

Le chercheur Nicolas Kazarian, spécialiste du monde orthodoxe, revient sur les positions de l’Église.

POURQUOI L’ÉGLISE ORTHODOXE GRECQUE EST-ELLE HOSTILE AU NOM DE MACÉDOINE ?

Nicolas Kazarian : Au XIXe siècle, la Grèce a mis l’Église au cœur de la machine symbolique qui va forger l’identité grecque. C’est un pays où l’identité est une question sacrée. Ainsi l’appellation de l’Ancienne République yougoslave de Macédoine est vue comme une réappropriation culturelle par Skopje de l’histoire grecque.

Pour l’Église orthodoxe grecque, l’usage de ce nom de Macédoine est perçu comme une forme de révisionnisme historique. Elle ne voulait pas s’en mêler au début. Cependant, elle a changé d’avis estimant que le pouvoir religieux doit dire au peuple quand il se trompe. L’Église intervient pour protéger la sacralité des éléments constitutifs de l’histoire nationale grecque. Cependant, sur la question territoriale, je doute que l’argument de l’invasion de la Grèce par ce petit pays des Balkans, invoqué par certains partis politiques grecs, soit repris par l’Église. C’est plus une peur agitée par les nationalistes.

COMMENT A ÉVOLUÉ LA POSITION DE L’ÉGLISE ORTHODOXE SUR LE SUJET DEPUIS 1991, DATE DE L’INDÉPENDANCE DE LA MACÉDOINE ?

N. K. : Elle ne change pas de position. L’archevêque Jérôme d’Athènes reste sur sa ligne. En fait, ce n’est pas l’Église qui se radicalise mais la société qui se libéralise. La seule évolution qui existe est politique. L’Église reproche au premier ministre grec, Alexis Tsipras, de négocier avec le pouvoir macédonien. Ces dernières années, le premier ministre et l’Église orthodoxe se sont opposés sur des questions économiques et sociétales. La position du pouvoir religieux grec sur la Macédoine serait en somme un prolongement du conflit larvé entre Alexis Tsipras et l’Église.

QUEL EST LE POIDS DE L’ÉGLISE DANS LES NÉGOCIATIONS ACTUELLES ENTRE LES GOUVERNEMENTS GREC ET MACÉDONIEN ?

N. K. : Ce débat autour de la Macédoine est un test pour l’Église orthodoxe grecque. En protestant contre l’appellation de Macédoine, elle prouve qu’elle a encore un poids dans une société grecque qui se sécularise. On peut faire un parallèle avec les manifestations du début des années 2000, lorsque l’Union européenne voulait imposer à la Grèce que la mention de la religion soit retirée des cartes d’identité. Ces protestations étaient dirigées par l’Église, qui s’opposait à l’époque à ce retrait. Elle a perdu ce combat, certes, mais la position de l’ancien archevêque Christodoulos en est tout de même sortie renforcée, relégitimée.
Recueilli par Audrey Parmentier
https://www.la-croix.com/Monde/Europe/Macedoine-test-lEglise-orthodoxe-grecque-2018-02-05-1200911450

« LA SAINTE MONTAGNE PROTESTE ÉNERGIQUEMENT »

Le dimanche 4 février dernier, les pères Nicodème (monastère Saint-Paul) et Sisoès (monastère de Xénophon) ont représenté la Sainte Communauté de la Sainte Montagne de l’Athos lors de la manifestation qui a eu lieu à Athènes contre l’inclusion du nom « Macédoine » dans la nouvelle appellation programmée de l’ancienne république yougoslave dont la capitale est Skopje. La lecture du message de la Sainte Communauté par le p. Nicodème a été saluée par une salve d’applaudissements et de slogans.

« Les pères athonites adressent leurs salutations à cet immense meeting, à cet immense rassemblement. Le Mont-Athos évite de commenter l’actualité, mais dans les situations critiques et par crainte de voir naître des développements dangereux, il est parfois contraint de rompre son silence responsable, lorsque la vérité est en jeu et que l’histoire est déformée, comme c’est le cas aujourd’hui avec la mise en question du caractère grec de la Macédoine » a déclaré le p. Nicodème.
https://orthodoxie.com/pere-nicodeme-monastere-saint-paul-mont-athos-la-sainte-montagne-proteste-energiquement/

L’ÉGLISE ORTHODOXE DE MACÉDOINE

Cette Église proclama son autocéphalie en 1967, sans la bénédiction de son Église mère, le patriarcat de Serbie. Elle bénéficie du soutien des autorités macédoniennes et regroupe la majorité des Orthodoxes du pays, où l'Orthodoxie est majoritaire (65% contre 33% de Musulmans d'après le recensement de 2002). Elle est en communion avec d'autres Églises dissidentes: le "synode alternatif" bulgare et les "Eglise autocéphale" ukrainienne et monténégrine, toutes hors de l'Orthodoxie mondiale…

Les démarches mentionnée dans l'article viennent compliquer et politiser les choses. Leur condamnation par Constantinople n'a rien de surprenant mais, étant donné l'opposition séculaire entre ce patriarcat et l'Église de Bulgarie, dont l'absence de cette dernière au concile de Crête a été la dernière illustration, je serais bien surpris si la Bulgarie (Église et pouvoir main dans la main!) renonce à la tentation d'étendre son influence en Macédoine. La position de l'Église russe, traditionnel protecteur des Bulgare, sera à suivre...

ILLUSTRATION :
Pour fixer les idées, je propose sur ma page Facebook la carte de la Macédoine en 1892, dans le cadre de l’empire ottoman, à côté de celle d’aujourd’hui. Elle explique la crainte des Grecs concernant d’éventuelles revendication macédoniennes sur un large pan de la Grèce, alors intégré à cette «Grande Macédoine». Elle explique aussi pourquoi la salade où se mélangent plusieurs légumes s’appelle «macédoine» :)
Des explications de la situation en Macédoine sont disponibles sur https://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/LA-MACEDOINE-UN-TEST-POUR-L-EGLISE-ORTHODOXE-GRECQUE_a5292.html
2. Vladimir.G: "la volonté de l’Église bulgare d’arriver à l’unité orthodoxe" le 20/02/2018 15:58

Deux métropolites de l’Église bulgare ont accompagné le président bulgare Rumen Radev lors de sa visite en République de Macédoine
Par
Jivko Panev -
19 février 2018
102

Mgr Nicolas, métropolite de Plovdiv et Mgr Cyprian, métropolite de Stara Zagora, ont accompagné le président bulgare Rumen Radev en République de Macédoine lors de sa visite du 16 au 17 février. Le 16 février, ils se sont rendus au tombeau du héros national de la lutte pour la libération de la Macédoine du joug ottoman Gotsé Deltchev pour y prier. Pour Mgr Nicolas, cette visite s’inscrit dans la volonté de l’Église bulgare d’arriver à l’unité orthodoxe et les efforts pour y parvenir ne peuvent qu’être bénis. Pour lui, « tout effort de toutes les Églises locales pour rétablir l’unité orthodoxe sera couronné de succès, car Dieu veut qu’on soit tous un dans Son nom ». Mgr Cyprien, qui est également président de la commission de dialogue entre l’Église orthodoxe de Bulgarie et « l’Église orthodoxe de Macédoine », a affirmé que dans le mesure où l’Église orthodoxe de Macédoine reconnait l’Église bulgare pour mère-Église, cette dernière l’aidera à retrouver son unité canonique avec le monde orthodoxe.

Le 17 février, le président bulgare et les deux métropolites ont rendu visite au plus grand monastère d’hommes Saint-Jean Bigorski où ils ont été accueillis par l’évêque du lieu le métropolite Stéphane et l’higoumène du monastère le père Parthène. Vous pouvez regarder ci-dessous la vidéo de la visite mise par le président Radev sur sa page officiel Facebook.
3. Nicodème le 23/02/2018 11:08
De la résurgence des guerres balkaniques sous masque ecclésial ... Ce serait des circoncis , ce serait la guerre , la vraie , sanglante et dégueulasse à souhait (ex.: proche Orient , depuis des lustres ) . Mais peut-être est-ce l'avantage de ne pas être circoncis* , c'est la guerre à fleurets mouchetés sous toutes sortes de prétextes "ecclésiaux" . Et pendant ce temps , l'islam avance . Et rigole .

*la circoncision rend plus agressif
4. Vladimir.G: Les catholiques ont-ils peur des migrants ? le 23/02/2018 14:40
Vous semblez déjà oublier les guerres yougoslaves, entre Chrétiens, avec une composante ethno-confessionnele évidente et particulièrement féroces...

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Depuis que le pape François s’est emparé de la question, les catholiques eux-mêmes ne sont pas tous sur la même longueur d’onde. Les catholiques ont-ils peur des migrants ? Faisons le tour de la question.

Les « migrants » font la une des médias depuis plusieurs années. Si l’opinion s’émeut lorsque des centaines d’entre eux meurent en essayant de traverser la Méditerranée, elle se divise sur la question de leur accueil en Europe. Depuis que le pape François s’est emparé de la question, les catholiques eux-mêmes ne sont pas tous sur la même longueur d’onde.

Les catholiques ont-ils peur des migrants ? Faisons le tour de la question.

Le pape François, relayé en France par les évêques, a fait de l’accueil des migrants un incontournable de la vie chrétienne au XXIe siècle. C’est d’ailleurs un verset de l’Évangile de Matthieu qui fonde l’attitude chrétienne à l’égard des migrants : « J’étais un étranger et vous m’avez accueilli. » Pourtant, entre solidarité, crainte et exaspération, la question divise les catholiques. Comment l’expliquer ?

Petit retour en arrière. Peu après son élection, en 2013, le pape François dénonce sur la plage de Lampedusa la « mondialisation de l’indifférence » face aux milliers de migrants qui se noient, chaque année, au large des côtes européennes. En quelques heures, l’expression fait le tour du monde et la question migratoire s’impose comme une priorité du nouveau pontificat. Le pape argentin multiplie les déclarations percutantes, interpelle sans ménagement les opinions et les gouvernements.

Chez une partie des catholiques, une image, en particulier, a participé au malaise. Nous sommes en avril 2016. Le pape François revient en avion de Lesbos avec à son bord trois familles syriennes de confession musulmane. Si le Vatican précise que seules ces familles avaient des papiers en règle pour embarquer, beaucoup se posent la question : pourquoi le pape n’a-t-il pas aussi emmené avec lui des réfugiés chrétiens ?

Aujourd’hui, les catholiques sont de plus en plus nombreux à s’engager, via les mouvements et les paroisses, dans l’assistance aux migrants : aide d’urgence, logement, alphabétisation, démarches de demande d’asile auprès des autorités, recherche d’un travail… Malgré les obstacles et l’absence de moyens, cette solidarité gagne du terrain, comme à Paris, où plus de la moitié des 106 paroisses sont aujourd’hui à pied d’œuvre.

Mais pour d’autres catholiques, le pape en fait trop. À leurs yeux, un chef d’Église ne doit pas s’exprimer sur un domaine qui relève de la seule souveraineté des États. Ils reprochent aussi au pape un certain « angélisme » : l’Europe, se demandent-ils, peut-elle accueillir « toute la misère du monde » ? En toile de fond, c’est l’islam qui cristallise les inquiétudes, bien que tous les migrants ne soient pas forcément musulmans.

Enfin, une minorité active sur les réseaux sociaux considère que l’Église est davantage attendue sur d’autres terrains. À leur endroit, le nouvel archevêque de Paris, Mgr Michel Aupetit, rappelle : « Il n’y a pas la bioéthique d’un côté et les migrants de l’autre ». Et, nous confiait un curé, « la majorité des gens est partagée intérieurement ».

Mais sur ces deux sujets, l’avis des catholiques diffère peu du reste de la population. Plus que les déclarations des évêques, c’est d’abord le climat social et politique qui détermine leur comportement.
Samuel Lieven
https://www.la-croix.com/Religion/Catholicisme/Monde/VIDEO-catholiques-ont-ils-peur-migrants-2018-02-12-1200913224?utm_source=Newsletter&utm_medium=e-mail&utm_content=20180221&utm_campaign=newsletter__crx_alert&utm_term=926948&PMID=4d6db7603741276ba050e4edd94462ae
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