Le Samedi des défunts : les vivants et les morts.

Parlons D'orthodoxie

Le jour du souvenir des morts a été institué par le prince Dimitri Donskoy avec la bénédiction de saint Serge de Radonèje.

L'histoire de la fête commence en 1380.

Dimitri Donskoy, après avoir vaincu Mamai, a visité le monastère de la Trinité Saint Serge. Le prince a commémoré les soldats orthodoxes morts à la bataille de Koulikovo et a invité l'Église à célébrer chaque année le samedi d’avant le 26 octobre, jour de la commémoration de saint Démétrios de Thessalonique

Au fil des ans, samedi de saint Démétrios/ Dimitrievskaya est devenu un jour de commémoration funéraire. Les croyants prient en ce jour pour le repos des âmes de leurs proches.

Le Samedi des défunts : les vivants et les morts.
Traduction Elena Tastevin

Ce jour, les divins Pères ont prescrit de faire mémoire de tous ceux qui depuis l'origine des siècles se sont endormis dans l'amour de Dieu et l'espérance de la résurrection, de la vie éternelle.

Le protoprêtre Boris Levchenko, professeur de la chaire de patrologie et de théologie de l’Université Orthodoxe d’Etat Saint Tikhon parle du sens des supplices subis en enfer et explique comment les vivants peuvent secourir les morts.

Nous nous préparons au Carême avec nos proches défunts

L’Eglise a établi le Samedi des défunts en mémoire de tous ceux qui nous ont précédés. Il a deux de ces Samedis au cours de l’année liturgique. Le premier est lié à la mémoire du Dernier Jugement qui attend tout le monde et qui va déterminer à jamais le destin de chacun. Cependant, après le Jugement de chacun le sort d’une âme peut être modifié.

Le Samedi des défunts nous nous rappelons le Dernier Jugement / cf. TRIODE / et appelons tout le monde à y méditer. Il est également très important pour les défunts qui, eux-aussi, voudraient retarder le Dernier Jugement. Il nous semble que le défunt n’a plus besoin de rien. Aussi l’affirmation que les défunts ont peur du Dernier Jugement autant que les vivants est-il étrange.


Or, la personnalité après la mort demeure ce qu’elle était. Bien que je ne connaisse pas le comportement des défunts, la psychologie des vivants les poussent à oublier l’aboutissement du Jugement Il peut nous sembler que le défunt n’a plus besoin de rien. Aussi, l’affirmation que les défunts ont peur dernier. Nous vivons dans l’instant présent. Une telle approche est transcendante. Ainsi, le Samedi des défunts nous nous souvenons de la mort et du Dernier jugement. Les vivants sont doivent soutenir les défunts par leurs prières en leur rappelant que le seul Guérisseur est Dieu.

L’âme dans l’au-delà peut souhaiter la communication avec Dieu

Le sort de l’âme peut changer et l’homme peut se tourner vers Dieu après la mort car la personnalité garde la faculté du choix. Admettons qu’une âme est en proie à des doutes. Nous croyons que l’âme garde la volonté, les sentiments et la raison. Elle peut choisir si elle demeurera avec ceux qui aiment ou détestent Dieu. Cependant, elle ne peut pas mettre en œuvre ses souhaits à défaut d’un corps. Nous la secondons par nos prières. Ceci n’est pas une affirmation mais une supposition.

En fait, la mort est une sorte de transfiguration de l’homme. Après la mort, l’âme apprend si elle est en conformité avec le dessein Divin et cela est justement mis dans la balance au Jugement de chacun. Nos prières peuvent aider à « sortir l’âme de l’enfer » à condition qu’elle le veuille elle-même. Dans les livres sur la vie des Saints Pères il y a nombre de telles délivrances. Par exemple, le martyr Ouar a libéré les parents d’une personne qui vénérait et préservait ses reliques.

Nous ne pouvons pas prier tout le temps. Il faut, donc, se réunir ne serait-ce que le samedi des défunts pour prier pour tous ceux dont nous pouvons nous souvenir. Même pour les hérétiques et les suicidés.

Le Samedi des défunts : les vivants et les morts.
Le supplice de la bienheureuse Théodore est l’image d’un jugement privé.

Les souffrances endurées par la bienheureuse Théodora sont terribles. « Lorsque l’heure de ma séparation de mon corps est venue, j’ai vu une multitude de diablotins noirs à côté de mon lit. Ils grinçaient des dents comme s’ils voulaient me dévorer. Ils déroulaient des parchemins exposant mes péchés. Ma pauvre âme tremblait d’effroi. Leur vue était pire que la mort elle-même. Je me détournais pour ne pas les voir mais je ne pouvais pas ne pas les voir ni ne pas les entendre. Exténuée, j’ai enfin vu deux Anges Divins comme deux jeunes hommes qui se sont approchés de moi. Leurs habits rayonnaient et leurs ceintures étaient dorées.

Ils se sont mis à gauche de mon lit en discutant calmement. Je me suis réjouie. Les ayant vu, les diablotins ont frémi et ont reculé ». Ensuite la bienheureuse Théodora raconte ses épreuves avant le Jugement privé. Après la mort Théodora s’est présentée à l’élève du vénérable Basile le Nouveau, le vénérable Grégoire. Le récit abonde en détails qui sembleraient parfaitement fantastiques sur les supplices en enfer et les épreuves de l’âme.

Il y a beaucoup de choses que Dieu nous offre personnellement et nous ne sommes pas capables de transmettre aux autres. L’apôtre Paul dit, par exemple, qu’il ne connaît pas les mots pour nous faire comprendre ce qui se produit « là-haut ». La bienheureuse Théodora a eu une révélation qu’elle devait partager avec tous les hommes. D’abord, il s’agit d’un jugement divin privé tenu par des anges du bien et du mal. Ensuite, elle transmet le sens du jugement privé. Ce qui est retenu et préservé par l’Eglise n’est pas fortuit et n’appartient pas seulement à une personne. Chacun pouvait reconnaître ses propres péchés dans la description de la bienheureuse Théodora.

A côté du récit de la Bienheureuse Théodora il existe nombre d’autres descriptions de supplices. Par exemple, celle de Cyrille d’Alexandrie.

Les tourments en enfer existent en vérité

Selon certains Pères, les supplices en enfers sont ceux de la conscience. Ils seront terribles sans être physiques. Le père Boris n’est pas d’accord : « Cette opinion n’a pas été adoptée unanimement. Selon une autre opinion, les supplices infernaux sont suscités par des choses matérielles ayant un effet sur l’âme. Aussi, les appelle-t-on « le vers qui ne meurt point » et « le feu qui ne s’éteint point », « la géhenne du feu ». Ces dénominations témoignent du fait que les supplices sont physiques. Je ne sais pas s’ils sont physiques au sens de notre perception terrestre des choses. Par exemple, le feu que nous connaissons n’a pas d’impact sur l’âme alors que le feu que nous ignorons a un effet spirituel. Selon les Pères, « le lac de feu » décrit dans l’Apocalypse est réel mais sa matière nous est inconnue. Par exemple, le feu d’un volcan n’est pas le même que celui dans la cheminée ».

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