Le « Vatican » des Orthodoxes

Vladimir GOLOVANOW

Clémence Laroque

Cité de l’Anneau d’or, Serguiev Possad s’enorgueillit du monastère de la Trinité-Saint-Serge, assimilé au cœur de la foi orthodoxe russe et classé au patrimoine mondial de l’Unesco. À 70 kilomètres au nord de Moscou, Serguiev Possad - ou Zagorsk à l’ère soviétique, en l’honneur du compagnon de Lénine, Vladimir Zagorski - est une étape incontournable sur la route d’Alexandrov.

Le monastère de la Trinité-Saint-Serge est pour de nombreux Russes certes un symbole de spiritualité mais aussi de patriotisme. Fondé vers 1345 par Serge de Radonège, saint patron de la Russie, il est une fierté nationale. Dès les premières années après sa création, l’édifice religieux joue un rôle primordial dans la vie spirituelle, politique et culturelle du pays. Soutenant toujours l’État, il réussit à s’attribuer les faveurs des émi­nences de l’époque, ce qui lui permet de faire croître ses terres et ses richesses. Au XVIIIème siècle, le monastère devient le plus riche propriétaire foncier de Russie et se voit décerner le rang honorifique de Laure par Elisabeth Petrovna, fille de Pierre le Grand.

Dès l’arrivée des Bolcheviks au pouvoir, l’édifice est fermé - son patrimoine nationalisé et ses moines chassés -, pour devenir un musée d’Histoire et des Arts. Il faudra un demi-siècle au monastère pour retrouver ses lettres de noblesse.
Le monastère, qui est également à vocation militaire, se dote dès 1540 d’épaisses murailles fortifiées, percées de onze tours. D’impressionnants remparts qui expliquent pourquoi de nombreux princes s’y sont réfugiés durant les années noires de l’histoire russe, à l’instar de la tsarevna Sophie et de ses frères Pierre (futur Pierre le Grand) et Ivan, en 1682, durant la révolte des streltsy.

Les murailles protègent en­core aujourd’hui un ensemble ecclésiastique surprenant de neuf ég­lises, deux cathédrales, un sé­minaire, la Chambre des Métropolites (qui accueille le patriarche de Moscou et de toutes les Russies à chacun de ses déplacements), un musée d’art, une source d’eau miraculeuse et une académie ecclésiastique.

Cette dernière a aujourd’hui bel et bien retrouvé sa réputation puisqu’après avoir été fermée par les Bolcheviks, elle redevient la principale « pierre » du monastère, considéré comme l’un des plus actifs de Russie. Environ 300 moines s’y forment et confirment sa qualité de haut lieu de la spiritualité. Chaque année, plus d’un million de pèlerins convergent vers ce sanctuaire, principalement à la Pâque orthodoxe, à la Pentecôte et le 18 juillet, fête de la Saint Serge, fondateur de la Laure.

La capitale de la miniature Suite .....La Russie d’Aujourd’hui







Commentaires (5)
1. vladimir le 16/02/2012 22:44
J'ai bien conscience que le titre d'origine, que j'ai laissé, ne correspond pas du tout à la réalité: il ne peut y avoir de "Vatican des Orthodoxes" puisqu'il n'y a pas de centre de pouvoir sur l'Eglise orthodoxe, ce que symbolise le Vatican. Il est évident que le Phanar, siège du patriarcat œcuménique - primus inter pares chez les Orthodoxes - ne peut aucunement se comparer à un Vatican.

On pourrait trouver une comparaison plus juste au niveau de chaque Eglise orthodoxe, puisque Rome était l'une d'elles au 1er millénaire. Toutefois là encore l'importance du principe de conciliarité rend la comparaison très hasardeuse. De toute façon, si on veut parler de l'Eglise russe, le siège du patriarcat se trouve au monastère Saint Daniel, à Moscou, et non à la Trinité-Saint-Serge.

Mais j'ai laissé ce titre car je le trouve caractéristique de la façon qu'on les journalistes de chercher les repères les moins appropriés pour réduire l'écart mental et spirituel entre le monde orthodoxe et l'Occident.

Précision historique peu connue: comme le mentionne l'article, le monastère a été fermé en en 1920 et pratiquement laissé à l'abandon pendent 20 ans. Les travaux de préservation et restauration de ce trésor du patrimoine ont commencé en 1940 et la vie monastique a repris en 1946. Il est alors effectivement devenu résidence du patriarche et principale académie théologique de Russie jusqu'en 1983, quand le patriarche a emménagé à Saint Daniel. Le monastère est inscrit au patrimoine de l'UNESCO depuis 1993.
2. justine le 17/02/2012 14:57
Tout honneur à Sergeij Posad: Ne défigurez pas ce haut-lieu de l'Orthodoxie en l'afflublant d'un tel titre! Il est peu probable que cette mauvaise farce plaise aux théologiens de la Laure de la Sainte Trinité, qui n'ignorent certes pas ce que veut dire "Orthodoxie" et ce que veut dire "Vatican"....
3. vladimir le 17/02/2012 19:09
Il faut rendre à César ce qui est à César et à Clémence Laroque son article et son titre: écrivez lui bien chère Justine.

Sur le lien ci-dessous, le site officiel de la Laure en français avec photos (magnifiques!), vidéo et notices explicatives...
4. vladimir le 17/02/2012 19:12
PS: j'ai quand même trouvé un domaine où le parallèle avec le Vatican se justifie: les ouvres d'art. Les deux sites présentent clairement le sommet de l'art des deux Eglises et, sommes toutes, c'est de cela que parle essentiellement cet article...
5. justine le 18/02/2012 16:32
Oui, bien sûr, il y a des choses communes: par exemple, comme au Vatican, à la Laure St Serge aussi, les murs s'élèvent en hauteur et s'étendent en largeur, ils sont construits sur le sol et au-dessus il passe des nuages. Et il y a des oeuvres d'art.... Ce qu'écrit l'auteur du titre en question, c'est plus que de la légèreté de journaliste. C'est symptomatique de ce que, à fort juste titre, notre Saint Père Nikolaj d'Ohrid a écrit: "Plus l'Occident s'est éloigné de la Vérité chrétienne, plus son regard spirituel s'est terni, jusqu'au point où, en ce vingtième siècle, sa vue s'est complètement obscurcie. Maintenant, il ne lui reste plus que les yeux du corps, la vue des sens..." (dans son livre "A travers la Fenêtre de la Prison").
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