Le numéro deux de l'Eglise russe demande aux catholiques des "pas concrets" vers le dialogue

Parlons d'orthodoxie

Le numéro deux de l'Eglise russe demande aux catholiques des
"La VIE"
Marie-Lucile Kubacki

En déplacement à Paris, Mgr Hilarion Alfeyev, président du département des relations extérieures du Patriarcat de Moscou, est revenu sur le principal obstacle à la visite du Pape en Russie, et a appelé l'Eglise catholique à des "pas concrets" en faveur du dialogue. Rencontre avec un homme brillant, diplomate et musicien.

A l'occasion des premières journées du livre orthodoxe à Paris, samedi 18 février, dont La Vie était partenaire, Mgr Hilarion Alfeyev, métropolite de Volokolamsk et président du département des relations extérieures du Patriarcat de Moscou, a visité le séminaire russe en France, inauguré il y a deux ans à Epinay-sous-Sénart. Une arrivée tout en sobriété qui n'a pas manqué pourtant de susciter une vague de respect parmi les séminaristes. Il faut dire que l'homme en impose par son parcours et le fait qu'il est aujourd'hui considéré comme le numéro deux d'une Eglise où le nombre de monastères est passé de 18 à plus de 800 en 25 ans depuis la fin de l'oppression soviétique. "Et nos monastères sont vraiment pleins ! a-t-il lancé avec une pointe d'humour. Nous ne connaissons pas vraiment de crise des vocations..."

Figure clé de l'Eglise orthodoxe russe et du dialogue entre catholiques et orthodoxes, le métropolite de Volokolamsk est un personnage aussi doué qu'énigmatique. A 45 ans seulement, il préside le département des relations extérieures du Patriarcat de Moscou depuis 2009, un poste précédemment occupé par Mgr Kirill, l'actuel patriarche de Moscou.

Diplômé de l'Académie théologique de Moscou, polyglotte, il maîtrise le grec ancien et et le syriaque et il est l'auteur d'une trentaine de livres. Musicien hors pair, il a étudié le piano et le violon au conservatoire de Moscou, avant de composer une « Passion selon saint Matthieu » et un « Oratorio de Noёl »... Son amour de la musique a d'ailleurs beaucoup compté lors de ses rencontres avec Benoît XVI.

Perçant, son regard pétille lorsqu'il évoque le sujet : "Au niveau personnel, la musique a été l'un des facteurs du rapprochement. Une fois, j'ai même organisé un concert au Vatican avec de la musique russe... Le Pape a accepté cette initiative avec bienveillance". Aussitôt il ajoute : "En dehors des sympathies personnelles qui peuvent exister, nous recevons de manière très positive les pas que fait Benoît XVI pour sauvegarder des valeurs traditionnelles comme la famille et la fidélité conjugale".

En revanche, lorsqu'on l'interroge sur l'éventuelle rencontre du Pape et du Patriarche de Moscou, il sourit
: "Je me serais étonné que vous ne posiez pas la question... Il n'y a rien de vraiment nouveau : nous pensons que cette rencontre est tout a fait possible mais elle ne nous intéresse pas si elle n'est que protocolaire. Il reste des points importants sur lesquels nous nous trouvons en désaccord, des questions qui influencent la vie de nos fidèles, comme celle de l'église gréco-catholique en Ukraine. Nous attendons des pas concrets de l'Eglise catholique pour créer une atmosphère bienveillante et propice".

Diplomate, ses propos sont mûrement réfléchis, son discours parfaitement maîtrisé mais il sait se montrer inflexible. Comme en octobre 2007, lorsqu'il décide avec la délégation du Patriarcat de Moscou russe de quitter une session de la commission mixte orthodoxe-catholique pour le dialogue théologique à la suite d'un désaccord avec le Patriarcat de Constantinople.....SUITE
............................
MOSPAT
Le métropolite Hilarion a pris part à l’ouverture des Journées du livre orthodoxe en France
Le métropolite Hilarion a rencontré les enseignants et étudiants du Séminaire orthodoxe russe à Paris
Discours du métropolite Hilarion de Volokolamsk devant l’Assemblée des évêques orthodoxes de France 17 fevrier 2012
Le métropolite Hilarion a rencontré les évêques-membres de l’Assemblée des évêques orthodoxes en France (AEOF)
Le métropolite Hilarion a visité l’Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge à Paris


Commentaires (2)
1. UKRAINE: V.G. le 23/02/2012 10:22
Je me permet de rappeler ce point de vue... différent, que j'avais déjà signalé sur un autre fil:

UKRAINE : « EXCELLENTES » RELATIONS AVEC LES ORTHODOXES
Réflexions du primat de l'Église gréco-catholique

ROME, vendredi 17 février 2012 (ZENIT.org) – L’archevêque majeur Sviatoslav Schevchuk, primat de l'Église gréco-catholique ukrainienne, a fait l’éloge des relations avec les orthodoxes, qu’il a qualifiées d’ « excellentes » lors d’une visite auprès de la centrale de l’œuvre internationale de bienfaisance catholique « L’Aide à l’Église en Détresse », rapporte l’AED. Ces relations « n’ont jamais été aussi bonnes qu’aujourd’hui » et il lui tient « particulièrement à cœur » d’entretenir « ces apports amicaux et fraternels ».

Après un millénaire de christianisme et l’épreuve de l’athéisme agressif du XXe s., le primat souligne la mission particulière des Églises chrétiennes de « redécouvrir ces racines chrétiennes et de trouver de nouvelles voies pour affirmer leur présence chrétienne dans la société. »

« En cette époque d’incertitude (…) les Églises chrétiennes bénéficient d’une grande confiance. Selon des sondages, les gens me font plus confiance qu’au président », fait observer le primat, qui ajoute : comme l’Église ne dépend pas de l’État, elle a la liberté « exprimer la vérité et jouer un rôle important dans la société ». Il estime que le christianisme a un rôle à jouer en faveur de l’unité nationale de l’Ukraine : « Nous sommes neutres en politique, mais nous enseignons la doctrine sociale chrétienne, nous proclamons l’Évangile et défendons ceux qui sont sans défense ». Pour remplir cette mission de manière authentique, il prône une bonne formation des prêtres.

Le primat de l’Église grecque-catholique d’Ukraine a exprimé sa reconnaissance envers « L’Aide à l'Église en détresse » pour « le soutien que l’œuvre apporte depuis de nombreuses années » à son pays : il a bénéficié d’une bourse pour étudier à Rome après l’effondrement de l’Union soviétique, et grâce à l’AED, il a reconstruit le séminaire de Lviv.
http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Proselytisme-Une-question-qui-empoisonne-les-relations-bilaterales_a2169.html
2. Michel Englert le 23/02/2012 10:44
Par qui, et depuis quand le métropolite Hilarion est-il "considéré" comme "le numéro deux de l'Eglise russe" ?
3. vladimir le 23/02/2012 11:29
Pour quelques journalistes (dont Marie-Lucile Kubacki ).

En 2006 c'était le métropolite Cyrille de Smolensk et de Kaliningrad (http://infocatho.cef.fr/fichiers_html/archives/deuxmilsixsem/semaine48/26nx48turquieenj1.html), que Mgr Hilarion a remplacé à la tête du DREE, et il disait alors "Alexis ne veut pas qu'une telle rencontre soit de pure forme, et il a raison". ... :-).
4. vladimir le 23/02/2012 18:59
Mais, pour parler sérieusement, le principe d'organisation monarchique de l'Eglise fait qu'il ne peut y avoir de No 2. En cas d'empêchement du Patriarche, le Saint Synode se réunit pour désigner un "locus tenens" qui devient en quelque sorte "No 1 par intérim"...

Par contre, Mgr Hilarion est bien le premier porte-parole de l'Eglise russe après le Patriarche par ses fonction de chef du DREE, tout comme l'actuel Patriarche, alors métropolite, l'était avant lui, ce qui provoquait bien les mêmes confusion journalistiques ... On ne change pas les journalistes catholiques qui veulent toujours retrouver leurs propres repères partout.
5. Michel Englert le 23/02/2012 20:53
Il y a bel et bien en ordre d'honneur parmi les hiérarches dans l'Eglise orthodoxe. Mais le métropolite Hilarion et loin d'être le deuxième...

> les journalistes catholiques qui veulent toujours retrouver leurs propres repères partout.
Est-ce pareil dans chez les catholiques romains? Qui est le deuxième chez eux? Est-ce un siège particulier, ou bien une fonction au Vatican?
Nouveau commentaire :