Le patriarche Bartholomé relance-t-il la Pentarchie?

Vladimir GOLOVANOW

V. Golovanow

Le site PRAVMIR annonce (1), en se référant à Romfea.gr (2), que le patriarche Bartholomé I a invité les primats des 4 "anciennes Eglises" (Alexandrie, Antioche, Jérusalem et Chypre) à une rencontre spéciale en septembre prochain pour traiter des problèmes liés à l'instabilité au Moyen Orient et de la préparation du Saint Concile. Cette réunion semble parfaitement logique puisque c'est justement sur le territoire de ces Eglises là que se posent actuellement des problèmes particulièrement dramatiques face auxquels les Eglises sont en première ligne.

Toutefois, ce format de réunion - les 5 "anciennes Eglises" qui sont autocéphales dés le premier millénaire - ne va pas sans rappeler la Pentarchie qui a gouverné l'Eglise jusqu'au Grand Schisme: l'accord des cinq grands patriarcats (Rome, Constantinople, Alexandrie, Antioche, Jérusalem) considérés comme les cinq sens de l'Eglise à partir du Concile de Calcédoine (453).

D'après PRAVMIR, il y a parmi les théologiens grecs une tendance à considérer que ces 5 "anciennes Eglises" (Chypre ayant remplacé Rome, voir la question des dyptiques jouiraient de prérogatives particulières pour diriger l'Eglise alors que les autres, crées plus tardivement, leur seraient en quelque sorte "subordonnées".

Cette approche est bien évidement contestées par la plupart des théologiens et on peut se demander si le fait de monter ainsi en épingle ce projet ne tiendrait pas plutôt de la "théorie du complot" à laquelle les Russes ont particuliérement tendance à succomber!

(1) PRAVMIR
(2) ROMFEA.gr


Commentaires (8)
1. Michel Englert le 13/05/2011 16:28
...parmi les théologiens grecs...

Qu'est-ce-que cette question a en commun avec la théologie ?
2. Potomok le 13/05/2011 19:18
Un peu comme çi, la France, l'Allemagne, le Bénélux et l'Italie se réunissaient pour décider du sort et des orientations de l'Europe...
3. Daniel le 14/05/2011 09:50
Si c'est pour discuter du Proche-Orient, autant le faire entre églises qui y sont installées, à savoir celle invitées. En plus, s'ils veulent discuter d'autre chose, pourquoi pas...
4. vladimir le 17/07/2011 14:14
20 juin 2011 - RUSSIE : Pour le métropolite de Volokolamsk Hilarion, aucun groupe d'Eglises ne peut se prévaloir d'un rôle particulier au sein de l'orthodoxie
Aucun groupe d'Eglises ne peut se prévaloir d'un rôle particulier au sein de l'orthodoxie, a déclaré, le 20 juin dernier, à Moscou, le métropolite de Volokolamsk Hilarion (Alféïev), responsable du département des relations extérieures du patriarcat de Moscou, dans un entretien à l'agence de presse russe semi-officielle Interfaxe-Religiïa. Faisant écho à la convocation, annoncée en avril dernier par le patriarche oecuménique Bartholomée Ier, d'un sommet (" synaxe ") des primats des plus anciennes Églises territoriales, à savoir les patriarcats de la " Pentarchie " du premier millénaire – Constantinople, Alexandrie, Antioche, Jérusalem (sans Rome) – ainsi que l'antique Église de Chypre " pour converser de problèmes concernant l'ensemble de l'orthodoxie " (SOP 358.15), il a affirmé : " Nous ne pouvons en aucune façon être d'accord avec l'idée selon laquelle tel ou tel groupe d'Eglise constituerait le "pivot" de l'orthodoxie mondiale au prétexte que leur statut d'autocéphalie est plus ancien que celui des autres Eglises ". Une telle conception reviendrait à diviser l'orthodoxie en " Eglises de première catégorie et Eglises de seconde zone ", a-t-il dit. " Si nous voulons dignement préparer et réaliser le concile panorthodoxe, il faut que nous nous appuyons sur les conceptions ecclésiologiques qui unissent toutes les Eglises orthodoxes, et ne pas inventer de nouvelles conceptions qui ne peuvent qu'introduire la division et le trouble ", a-t-il ajouté. Commentant également les récentes déclarations de l'archevêque Chrysostome II de Chypre qui souhaitait que soit revue la place attribuée à son Eglise dans les " diptyques " – l'ordre canonique traditionnel des patriarcats —, au prétexte que l'Eglise de Chypre peut se prévaloir d'une fondation apostolique (SOP 359.4), le métropolite Hilarion a souligné que " ce n'[était] vraiment pas le moment d'engager une quelconque révision des diptyques ", d'autant plus qu'une telle discussion ne peut que retarder la convocation du futur concile panorthodoxe. " Nous avons beaucoup de respect pour l'autorité des anciens patriarcats. Mais quant il est question des affaires communes [à l'orthodoxie], il est indispensable de nous concerter tous ensemble, conformément aux principes de coopération interorthodoxe admis par tous. Notre objectif commun, c'est précisément de consolider les efforts de toutes les Eglises territoriales, indépendamment de leur histoire et de leurs origines, pour faire face aux différents défis de notre temps ", a-t-il poursuivi.
5. Marie Genko le 24/08/2011 12:43
Cher Michel Englert,

Pourriez-vous préciser votre message N°1, je ne saisis pas bien à quoi vous faites exactement référence.

Cher Vladimir,

Merci pour votre message N° 4, il est parfaitement clair que le métropolite Hilarion parle selon une approche pleinement orthodoxe! une approche qui ne réclame aucun droit à l'Eglise la plus importante du monde orthodoxe, à savoir celle de Russie!
Mais au contraire, Mgr Hilarion défend ce que souhaite chaque chrétien orthodoxe: la pleine conciliarité de tous nos patriarcats unis dans l'amour du Seigneur et humbles dans l'ordre des dyptiques.
6. Michel Englert le 24/08/2011 23:39
Chère Marie,

Les questions de l'organisation de l'Eglise ne sont pas des questions théologiques. Elles sont régies par les canons de l'Eglise et la pratique ecclésiale. Les canons ont été reçus par toute l'Eglise, parfois par les Conciles œcuméniques, parfois par les Conciles des Eglises locales. Ces questions ont étés réglées pour le bien de l'Eglise, et en fonctions des besoins de l'époque. La Pentarchie n'a pas toujours existé, mais a été mise en place progressivement, à l'image du paysage (politique) de l'Empire Romain, et pour la paix de l'Eglise qui vivait dans cet Empire et en formait, pour ainsi dire, tout le peuple.

Après la chute progressive de l'Empire, l'organisations de l'Eglise a changé aussi. On a vu apparaître d'autres patriarcats et d'autres Eglises autocéphales, et ce, pour le bien de l'Eglise dans un nouveau contexte politique. L'organisation de l'Eglise a pourtant gardé des vestiges historiques : en particulier, la place d'honneur qu'ont selon les canons les patriarcats de Rome et de Constantinople est un vestige de leur statut de capitale de l'Empire.

L'organisation de l'Eglise est une question de discipline ecclésiale, et non une question de foi, même si c'est la foi qui est la motivation et le salut qui est le but du principe d'"économie" qui régit les canons. A ce titre, les canons (ainsi que la pratique ecclésiale) sont propres à l'Eglise sur terre à un moment donné, et peuvent être changés par l'Eglise elle-même, si cela est pour son bien.

La théologie, quand à elle, est un autre domaine. La théologie est le "discours sur Dieu". La théologie parle de la foi même, de Dieu même, et de notre rapport avec Lui qui est éternel. La foi et la théologie ne peuvent pas êtres modifiés pour les besoin du moments, pas même par l'Eglise toute entière. Elles ne peuvent qu'être révélées par la grâce de Dieu, et formulées, précisées et reformulées par les hommes qui en ont la grâce, y compris, à ce titre, par les Conciles œcuméniques.

L'article traite bel et bien des questions d'organisation de l'Eglise, et nullement de théologie. Je m'étonne donc d'y lire "il y a parmi les théologiens grecs une tendance à considérer que ces 5 anciennes Eglises jouiraient de prérogatives particulières pour diriger l'Eglise...", et "cette approche est contestées par la plupart des théologiens...". Comme si cette question relevaient de la théologie, ou comme si les théologiens en question avaient une autorité particulière en la question.
7. vladimir le 25/08/2011 09:47
Bien cher Michel Englert,

Merci pour cette excellente explication. Vous avez tout à fait raison de préciser ces concepts mais la théologie est généralement comprise dans un sens plus large car les canons font aussi partie intégrantes des sources de notre foi comme composante de la Tradition: "La Tradition contient: les livres de la Bible, le Credo, LES DECRETS DES CONCILES OEUCUMENIQUES..."(1). C'est bien pour cela que le Droit canon et l’ecclésiologie, dont il est question ici, font partie des matières enseignées dans tous les instituts et académies de théologies et les canonistes sont donc aussi considérés comme théologiens...

(1) in "L'Orthodoxie, l'Église des sept conciles" Mgr Kalistos Ware, p. 253. C'est moi qui met en majuscules, Dans le chapitre 10 "Tradition: source de la foi Orthodoxe" le sous-chapitre 6, p. 264 s'intitule d'ailleurs "Le Droit canon"
8. Marie Genko le 25/08/2011 10:11
Cher Michel,

Merci infiniment pour cette explication très claire.
Je pense que personnne ne conteste la place d'honneur revenant aux patriarches de Rome et de Constantinople.

Vous écrivez que l'organisation de l'Eglise est une question de discipine ecclésiale et c'est certainement une chose dont nous les fidèles ne sommes pas toujours conscients à sa pleine mesure.
Vous écrivez aussi que les Canons peuvent être changés par l'Eglise elle-même si cela est pour son bien.

Je suppose qu'ils ne peuvent l'être que par un Concile?

En va-t-il de même pour l'ordre des dyptiques? Il me semble me souvenir qu'une Eglise réclamait justement un changement dans l'ordre des dyptiques dernièrement?

Tout changement peut hélas générer des conflits...

Merci d'avoir bien voulu m'éclairer.




Merci


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