Le semeur de discordes

Nikita Krivocheine

Le semeur de discordes
Par le père Jean Valentin Istrati (prêtre roumain)

Faut-il rappeler que le diable ne dort pas, ne mange pas? Depuis la création du monde il réside dans l’abstinence, n’oublie rien, ne se fatigue jamais et n’a à aucun moment eu l’idée de faire valoir ses droits à la retraite. Il n’est jamais souffrant et il lui arrive guère de mourir. Il n’a en permanence qu’un seul souci : distraire les humains lorsqu’ils font le bien et les faire oublier le salut. Le diable est un théologien fort versé, dans sa haine il connaît par cœur les Saintes Ecritures tout en n’ayant pas la moindre intention de les observer. Voilà des millénaires qu’il perfectionne ses méthodes. Il se sert des gens pour agir ayant recours aux méthodes les plus diverses, il se sert des animaux, des plantes, de la matière, des pensées et des mécanismes, etc. Sa tâche consiste à remplir l’enfer, en y installant des hommes, des créatures de Dieu prédestinées au Royaume éternel de la Lumière.

Il existe une hiérarchie chez les diables : certains sont des fantassins, des deuxième classe des péchés charnels, spécialistes des mots obscènes et des mauvaises actions, des experts ès haine et animosité, des recrues des ténèbres et de la mort par auto-intoxication, des professeurs du désert de l’âme.

Il y a chez les diables une élite : fonctionnaires d’en bas, officiers, généraux et amiraux : ce sont eux qui versent de la bibine bon marché dans la gorge de ceux qui se sentent malchanceux, politologues des ténèbres ils vouent à la damnation des groupes, des classes entières de la société, parfois mêmes des nations. Quelle est leur modus operandi ? Ils altèrent les esprits de ceux qui gouvernent, ils trompent ceux qui détiennent le pouvoir, ils dépravent les cœurs des décisionnaires, ils aveuglent les leaders. Ces diaboliques généraux remplissent à ras bord les comptes en banque des parlementaires pour les faire voter des lois autorisant les meurtres ou légitimant le péché ; ils rendent sourds ceux qui veillent et transforment en pandémies les passions et les vices. Ce sont eux qui tiennent la main des toxicos qui inhalent des vapeurs mortelles.

Cette infernale élite ne mésestime nullement la force des médias. Au contraire, ils s’en servent. Ce sont des faiseurs d’opinion, des inspirateurs de doute. Ils nous rivent à nos téléviseurs. Ils secondent les iconoclastes et les militants du sécularisme. Cette démoniaque élite nous inculque la soif du pouvoir et soutient ceux qui ont sur les masses une ascendance quasi hypnotique. Par les moyens de la corruption et de l’escroquerie ils favorisent les plans de carrière des incompétents. Ils dressent des obstacles sur le chemin de ceux qui ont des talents donnés par Dieu et attisent les ambitions des nullités.

Les démons combattent l’Eglise du dedans comme du dehors

Les forces des ténèbres dressent la société contre l’Eglise, le clergé et les croyants. Ce sont elles qui mettent en exergue les péchés commis par les prêtres. Pour éloigner les fidèles de l’Eglise elles s’exclament : « Regardez donc ce que font les popes ! ». Les démons faussent nos prières élevées dans les larmes, font croire qu’il y a cohue et bagarre à fin de la liturgie pour accéder à une parcelle d’antidore. Ils dévaluent les symboles chrétiens et mettent en valeur les symboles diaboliques et païens. Ce sont ces forces qui font progresser les méthodes d’assassinat de l’embryon à toutes les phases de la grossesse.

Ces commandos provenant du huitième cercle de l’enfer de Dante s’immiscent dans les Eglises, y introduisent et y favorisent le sectarisme. L’intelligentsia de la géhenne mène un combat implacable contre les prêtres et les confesseurs, elle nous confisque notre humilité et notre repentance, nous inculque l’orgueil et nous fait miroiter des représentations mensongères de l’Eglise et du clergé. Pour que les hommes ne soient plus en communion avec Dieu les forces des ténèbres s’emploient à dégrader la dignité écclésiale. Les démons cherchent à faire cesser le sacrement de l’ordination, comme l’ont fait les protestants et avec eux toutes les sectes du monde. Ils veulent que nous n’allions plus communier. Mais ce qui est le plus cher au Malin, c’est la division obtenue par l’indignité et la désobéissance canonique. Le schisme, la division, l’hostilité, voilà les principaux leviers de l’action du Malin. C’est dans ces voies que périssent des personnes qui avaient reçu le baptême au nom de la Sainte Trinité. Aussi, si vous entendez quelqu’un vous dire de ne pas communier dans l’Eglise du Christ, sachez qu’il agit de concert avec le prince des ténèbres attaqué par l’élixir d’immortalité qu’est la Sainte Communion.

Seule la sainte Eucharistie, le Corps et le Sang du Christ nous délivrent des démons, les privent de leur force, quel que soit leur grade. L’Eucharistie, et elle seule, détruit, extermine et transforme en poussière toutes les entreprises de Satan dans nos âmes et nos esprits.

Traduction Nikita Krivocheine
Pravoslavie.ru
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PO Une caméra vidéo camouflée dans nos âmes


Commentaires (5)
1. Justine le 24/03/2012 15:02
Selon l'enseignement de la Sainte Eglise Orthodoxe, le Christ a vaincu le diable et ses démons par Sa Mort sur la Croix et Sa Résurrection. Pour cela, chaque personne baptisée par le Saint Baptême Orthodoxe, en lequel elle est co-crufiée, co-ensevelie et co-ressuscitée avec Christ, est délivrée du pouvoir de Satan. Or, quand après le Baptême nous retombons dans les péchés, nous redonnons malheureusement au diable des droits sur nous, et selon ce que nous enseignent nos Saints Pères, ce qui nous délivre dans ce cas-là des démons, c'est en tout premier lieu la métanie, c'est à dire la prise de conscience de nos péchés, le repentir sincère, puis le Mystère de la Sainte Confession. Celui qui croit qu'il sera délivré des démons par la seule Sainte Eucharistie, sans repentir sincère et sans confession, s'illusionne grandement. Tel n'est pas l'enseignement de la Sainte Eglise.
2. Daniel le 24/03/2012 19:24
@ Justine

Je rejoins en effet votre commentaire. Le texte oublie trop rapidement la confession et le repentir et peut faire croire que la communion est une sorte de talisman qui marche à tous les coups... Je ne pense pas que l'auteur du texte le pense mais vous avez raison de corriger son oubli.
3. vladimir le 25/03/2012 14:15
Je pense qu'il faut aller plus loin dans l’analyse de ce qu'écrit le père Jean sur l'action salvatrice de l'Eucharistie: il n'en parle pas à propos du salut individuel mais dans le chapitre consacré au combat de l'Eglise, à la suite du paragraphe consacré aux schismes et divisions. Dans ce contexte, l'Union par la sainte Eucharistie est en effet la seule parade Orthodoxe; c'est bien la communion au même calice qui cimente l'Eglise orthodoxe, ce qui la différencie d'ailleurs de la doctrine romaine qui a banalisé l'Eucharistie et voit son unité dans l’allégeance au Pape.
4. Justine le 26/03/2012 12:20
Vladimir écrit: "c'est bien la communion au même calice qui cimente l'Eglise orthodoxe". Pourquoi toujours, chez certains contemporains, ces exclusions de tous les autres éléments qui font l'unité de l'Eglise orthodoxe, cette insistance exclusive sur la seule Eucharistie? Ce qui en fait l'unité au même titre et de manière indispensable, c'est la Foi commune et la même fidélité à la Sainte Tradition, aux Saints Pères et aux Saints Conciles, locaux et œcuméniques. Comme l'a très justement fait remarquer le Père Jean Romanides, ce n'est pas la Sainte Eucharistie qui fait que l'Eglise est l'Eglise, mais c'est tout au contraire l'Eglise qui fait que la Sainte Eucharistie est la Sainte Eucharistie. Car il ne saurait y avoir de Sainte Eucharistie sans l'Eglise et sans Orthodoxie. Il faut se garder de ce genre d'exclusivismes, à la mode chez certains théologiens innovateurs, car ils contiennent les germes de l'hérésie. N'oublions par que "hérésie" signifie choisir une partie du tout et lui donner une signification exagérée, voire absolue.
5. vladimir le 26/03/2012 15:55
Et bien là je ne suis pas d'accord avec vous, bien chère Justine, car nous ne parlons pas de la même chose et j'ai l'impression que vous ne saisissez pas la pensée du père Jean: il y a un grand nombre de groupes schismatiques qui ont "la Foi commune et la même fidélité à la Sainte Tradition, aux Saints Pères et aux Saints Conciles, locaux et œcuméniques"... ils n'en sont pas moins hors de l'Eglise et le signe en est bien cette rupture de la communion. Je pense que c'est bien de cela que parle le père Jean en écrivant "ce qui est le plus cher au Malin, c’est la division obtenue par l’indignité et la désobéissance canonique. Le schisme, la division, l’hostilité, voilà les principaux leviers de l’action du Malin." Et là, le seul moyen de le combattre est bien la Sainte Eucharistie...

Vous, par contre, parlez de tout autre chose, des autres confessions, voire carrément de religions différentes... Je ne pense pas que cela soit là l'objet de ce texte qui s'adresse bien à nous tous, fidèles Orthodoxes... ou qui nous croyons tels!
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