1.
Bartimée
le 01/07/2010 20:26
Le pape Benoît XVI est un grand pape humble, lucide et visionnaire.
Ayant vu l'arbre à ses fruits il agit pour soigner le malade : son Eglise.
Espérons quand à nous que notre futur éventuel concile ne sera pas notre Vatican 2.
D'ailleurs est-il bien nécessaire actuellement ce concile ?
Si oui, s'il n'est pas un piège, espérons qu'il ne nous soumettra pas à la mode idéologique du moment. Toute mode est par essence volatile, la mode c'est ce qui se démode. C'est parce qu'elle a su résister aux modes que l'Orthodoxie est le diamant qu'elle est.
Espérons qu'on nous laissera transmettre INTACT tel quel, tout ce que nous en avons reçu nous-mêmes.
"Gardez tout" a dit récemment une personnalité catholique.
Gardons notre ecclésiologie, notre ordo, nos pratiques sacramentelles, nos jeûnes, nos carêmes, nos iconostases et leurs portes ouvertes et fermées, nos prières audibles et non audibles, nos redondances, nos tournures, nos longueurs, nos horaires, nos calendriers - ou un seul mais non imposé comme jadis le rascol au contraire accepté explicitement à l'unanimité de bas en haut-, nos particularités
qui ont toutes un sens profond, universel, accessible à tous pour peu que l'on si intéresse.
Espérons qu'on ne nous demandera pas de sacrifier nous aussi à la nouvelle divinité païenne : le pratique, le commode, le simpliste.
Nos profusions ne sont pas nécessairement des contingences pour une soit-disante "réalité occidentale", les besoins spirituels des hommes sont les mêmes sous toutes les latitudes.
Les centaines de canons de l'Eglise et son histoire nous montrent que des réponses pertinentes ont été apportées à la très grande majorité des questions posées encore aujourd'hui. Si l'on prend la peine de s'y pencher on ne sera pas déçus. Les anciens ne nous ont pas attendus.
Exemples parmi d'autres : la question du célibat des prêtres dès la préparation de Nicée 1 avant 325, le sacerdoce féminin à Laodicée en 380, et pour ce qui est de la bioéthique aussi surprenant que cela paraisse voir Ephèse en 431. Pour la diversité sexuelle lire l'Apôtre, et encore plus loin le Lévitique.
N'écoutons plus les mélopées incantatoires des rénovationnistes-créativisants qui, par un tour de passe-passe dialectique, essayent de nous faire croire que leurs innovations, qu'elles soient simplificatrices, réductionnistes comme le lit de Procuste - pour un formatage oecuménique - ou qu'elles soient contre-façons de racines régionalo-phyléthismo-écofisantes, seraient, elles, un retour à la vraie "T"radition avec un T majuscule ...
N'ayons pas peur, il ne s'agit pas d'être figés, il s'agit de ne pas retailler un diamant qui donne tout son éclat lumineux. Mais de le transmettre.
Les pulsions créativistes passeront comme de la fumée. En hébreu le même mot désigne vapeur, buée, et vanité.
2.
Gérard
le 03/07/2010 09:25
Cher Bartimée
La "mode" oecuménique a 110 ans. Beaucoup de choses ont changé depuis, mais pas le désir d'unité des chrétiens. Cette "mode" répond au désir le plus profond du coeur de Jésus: "Que tous soient UN."
Les premiers chrétiens ont dû lacher la circoncision. Je pense que ça n'a pas été facile. Je pense qu'il faut mettre le Christ en premier, faire le tri entre le diamant de la foi et le reste, entre le fond et la forme.
Je crois comprendre qu'il n'a jamais été question de demander à tous la même forme d'expression liturgique.
Et puis tant pis pour la couleur des rideaux, il faudra peut-être faire des compromis là-dessus pour l'amour de Jésus.
L'unité visible des chrétiens est quelque chose de très important pour l'évangélisation. Le choix se situe entre "Unissons-nous ou disparaissons!", surtout dans un pays comme la France.
Il n'y a qu'une seule vérité, elle est notre maître à tous. Mais pour ce qui est de l'organisation de l'Eglise, c'est une question d'efficacité dans le service des croyants et la diffusion de l'évangile.
Quand à "Gardez tout", j'espère que vous ne garderez pas ce contre -témoignage que sont les disputes incessantes pour des questions de territoires, de compétences, de juridictions qui prennent leur indépendance.
Gérard
3.
Cathortho
le 03/07/2010 16:54
Cher Gérard
Vous avez raison, l'oecuménisme n'est pas une "mode" mais un devoir que ne peuvent évidemment pas comprendre ceux qui estiment que l'Eglise orthodoxe est à elle seule l'Eglise Une Sainte Catholique et Apostolique ou à l'inverse ceux qui estiment que l'Eglise catholique est à elle seule l'Eglise Une Sainte Catholique et Apostolique.
Pour ce qui est du "Gardez tout" je pense encore comme vous. En effet ce n'est pas concernant le mode de fonctionnement ecclésial fondé sur l'autocéphalie qu'il doit s'appliquer car il est à l'évidence le point faible de l'Orthodoxie. Par contre ce "Gardez tout" doit s'appliquer à la liturgie, laquelle constitue la force de l'orthodoxie et la faiblesse chronique du Catholicisme depuis la désastreuse réforme liturgique mise en oeuvre sous le pontificat du pape Paul VI.
Dans une approche traditionnelle et non pas moderniste de l'oecuménisme il me semble que ce que l'Eglise catholique peut apporter de plus précieux à l' "Ut unum sint" voulu par le Sauveur est son modèle ecclésial débarassé de ses excès ; et ce que l'Eglise orthodoxe peut apporter de plus précieux est sa fidélité à la "patrie liturgique" comme disait le grand liturgiste catholique Mgr Klaus Gamber qui s'élevait avec force contre "un oecuménisme mal compris" et "...un effrayant rapprochement avec les conceptions du protestantisme et, de ce fait, un éloignement considérable des vieilles Eglises d'Orient. Ce qui ne signifie rien moins que l'abandon d'une tradition jusqu'à ce jour commune à l'Orient et à l'Occident." (Mgr Klaus Gamber , "La réforme liturgique en question", Editions Sainte-Madeleine, 1992.) Et Mgr Gamber de préciser à très juste raison : "Une deuxième racine importante ["de la désolation liturgique actuelle"] est à rechercher dans l'éloignement de l'Eglise romaine d'Occident des Eglises d'Orient, qui commença au VIIIème/IXème siècle, et provoqua finalement en 1054 la rupture officielle entre Rome et Byzance." (p. 17).
Dans un court texte introductif à ce témoignage de Mgr Gamber en faveur du "ritus romanus" traditionnel, Sa Sainteté le pape Benoît XVI, alors cardinal, écrivait : "...une nouvelle impulsion spirituelle est nécessaire pour que la liturgie soit à nouveau pour nous une activité communautaire de l'Eglise et qu'elle soit arrachée à l'arbitraire des curés et de leurs équipes liturgiques." (p. 7) Nul doute que cette "nouvelle impulsion spirituelle" en faveur d'une liturgie digne de ce nom participe au premier plan de cette lutte contre la sécularistion et en faveur d'une "nouvelle évangélisation", initiatives auxquelles s'associe Sa Sainteté le patriarche Cyrille dans une nouvelle Sainte Alliance après celle qu'avait tenté de mettre en oeuvre le "Tsar mystique" Alexandre 1er, mort "en odeur de sainteté, entouré de la vénération générale" sous l'identité du staretz Fédor Kouzmitch (Constantin de Grunwald, "Alexandre 1er, le Tsar mystique", éd. Amiot - Dumont, 1955).
Marie Genko m'a devancé, et je m'en réjouis, pour vous dire que votre dernier commentaire m'a beaucoup touché, elle l'a fait en des termes d'une telle justesse que je ne peux rien y ajouter, sinon vous dire que je partage, hélas, votre dépit.
" L'unité des chrétiens " dites-vous " se fera sans l'unanimité ", je le pense tout comme vous. Cependant, si ette unité reste à faire dans le visible afin que l'annonce de la Bonne Nouvelle soit plus crédible, dans l'invisible l'Unité existe déja, seule notre cécité d'hommes orgueilleux et de peu de foi nous empèche de la voir. Pour ceux qui en douteraient en ces temps de divisons et de confusions, ce n'est pas seulement moi qui le dit, je suis en excellente compagnie comme l'attestent ces citations extraites de " La prière de Jésus " par Un moine de l'Eglise d'Orient (père Lev Gillet), éd Chevetogne, 1963, pp. 81-83 :
" L'invocation du nom de Jésus a un aspect ecclésial. En ce nom nous rencontrons tous ceux qui sont unis au Seigneur et au milieu desquels il se tient. En ce nom nous pouvons enclore tous ceux que le coeur divin renferme. [...]
" Quiconque est en Jésus est dans l'Eglise, car l'Eglise est dans le Christ. "
"... ce qui est impliqué dans le nom de Jésus, c'est l'aspect sans tache, spirituel et éternel de l'Eglise qui transcende toute manifestation terrestre et qu'aucun schisme ne peut déchirer. "
"Nous ne pouvons croire que des interprétations divergentes de l'Evangile soient vraies ou que des chrétiens divisés possèdent la même mesure de lumière, mais nous croyons que ceux qui, prononçant le nom de Jésus, essayent de s'unir à leur Seigneur par un acte d'obéissance inconditionnelle et de charité parfaite dépassent les divisions humaines, participent en quelque manière à l'unité surnaturelle du Corps mystique du Christ et sont des membres sinon visibles et explicites, du moins invisibles et implicites de l'Eglise. Et ainsi L'INVOCATION DU NOM DE JESUS,FAITE D'UN COEUR INTEGRE, EST UNE VOIE VERS L'UNITE CHRETIENNE. "
4.
Daniel
le 04/07/2010 13:28
@ Cathortho
La Sainte Alliance du tsar Alexandre 1er visait avant tout à maintenir le statu quo en Europe notamment en brimant les désir d'indépendance légitime des peuples asservis : Tchèques, Polonais sans Etat, Italiens divisés en une multitude d'Etat. Je ne vois pas ce qu'il y a de saint à cela.