Patriarcat de Jérusalem: des clercs demandent une meilleure reconnaissance des Arabes

Parlons D'orthodoxie

Les graves problèmes qui interviennent simultanément en Palestine, à Mossoul (Irak) et en Syrie s'ajoutant à «la situation critique» de l'Eglise orthodoxe, sans solution depuis plus de 200 ans, servent tous un «plan démoniaque» pour obliger les chrétiens arabes à quitter leurs terres natales ont dit les responsables religieux orthodoxes arabes.

Mgr Atallah Hanna, les archimdandrites Khristophoros Atallah, Athanase Kakish, et Meletios Bassal, basés à Jérusalem, ont présidé une réunion de plus de 700 membres de la communauté orthodoxe le jeudi 24 juillet au Club orthodoxe pour annoncer un «mouvement de correction» ayant pour objectif de faire respecter "les droits légitimes" des clercs et des communautés orthodoxes arabes.

Dans son adresse à l'assemblée, l'archevêque Hanna qualifie la politique de l'Eglise de Jérusalem, dirigée par les Grecs, de "discriminatoire" contre les leaders religieux orthodoxes arabes, disant que lui et les autres clercs refusent cela autant qu'ils refusent la politique sioniste en Palestine et celle des extrémistes de l'Etat islamique, qui ont récemment déraciné toute la communauté chrétienne de Mossoul en Irak.

Les clercs arabes ont exigé depuis des années que l'Eglise nomme des Arabes à des positions dirigeantes en Palestine et Jordanie afin qu'ils puissent servir les communautés et garder les chrétiens orthodoxes dans leur pays en créant des institutions qui gèrent cette mission, a-t-il continué. "Aujourd'hui, le 'mouvement de correction' des clercs, associé avec le Mouvement [orthodoxe arabe] de la jeunesse, et les autres initiatives des associations orthodoxes qui exigent des réformes, ... façonnent un nouvel avenir pour l'église."

Mgr Hanna a déclaré au Jordan Times que "le but de cette rencontre est de mettre l'accent sur l'unité de chrétiens arabes de l'Est et de souligner nos justes revendications… Notre objectif est de ne jamais diviser mais pour relancer l'Eglise orthodoxe à [lui rendre] la façon dont il a été dans le passé … Nous refusons qu'un étranger nous gouverne quel que soit son titre religieux, aussi fortement que nous rejetons l'occupation israélienne", a-t-il déclaré.

L'Archimdandrite Khristophoros Atallah a dénoncé un plan orchestré pour "éloigner les chrétiens de leurs églises, vidant ainsi le Moyen Orient de ses citoyens chrétiens … Il ya plus de 100 ans, l'Église orthodoxe était la première et la plus influente dans le pays; maintenant la communauté diminue", a-t-il dit "Nous ne permettrons pas la perte de l'identité orthodoxe; nous sommes sûrs que Dieu est avec nous, et donc nous devons travailler pour le droit et la justice. "

Mettant en avant certaines des pratiques de l'administration grecque que le 'mouvement de correction' veut changer, l'archimandrite Bassal déclare que l'Eglise orthodoxe est propriétaire d'un tiers de la terre historique de la Palestine; toutefois, "l'église n'a pas les documents financiers annuels (qui le prouvent) … «Nous n'avons pas d'écoles religieuses, ou une université, ni d'abris ou d'hôpitaux», a-t-il ajouté, alors que les établissements d'enseignement existants sont "inefficaces".

Les discours des dirigeants de l'Eglise ont été parfois interrompus par les jeunes participants à la réunion, qui scandaient des slogans en faveur de la "ligne de correction".

Source

Traduction VG




Commentaires (41)
1. Tchetnik le 29/07/2014 21:33
Le gâchis de l'ethnicisme dans toute sa splendeur.
2. Vladimir.G: depuis 2000 ans? le 29/07/2014 23:07
NB: l'archevêque Théodose de Sébaste (Atallah Hanna) est le deuxième palestinien a atteindre cette position au sein du patriarcat de Jérusalem (http://en.wikipedia.org/wiki/Theodosios_%28Hanna%29#cite_note-Khoury-1). Docteur en théologie de l'Université de Salonique. Connu pour ses prises de position en faveur de la cause palestinienne, il avait été arrêté en 2002 en Israël. (http://www.israelshamir.net/Atallah/Atallah.htm).

Il avait participé à la 58e semaine d'études liturgiques. de l'ITO Saint-Serge (Paris) en 2011 (http://www.orthodoxie.com/?s=Mgr+Hanna+Atallah&x=0&y=0)
3. Père Joachim le 30/07/2014 12:53
Parmi les nombreux problèmes qui ravinent et font saigner cette partie du monde il y a les nausées du Mgr; Arabe.
A croire qu'il lui reste du temps en ce moment ou d'autres confrères ..pas tous arabes... pensent les infirmes, enterrent les morts, consolent les affligés. Globalement font leur travail de "curé" alors que lui fait des meeting pour embêter son autorité.
Bien qu'arabe il es loin de représenter la position de tous les arabes chrétiens et orthodoxes. Ni les palestiniens, ni ceux de Turquie, ni ceux de Jordanie et pas non plus ceux d’Égypte.
Certes on entend ce que le Monsignori dit ainsi que 700 des fidèles qui doivent nous interpeller très fort au dessus du bruit des bombes.
Mais ce qui ne manque pas de nous titiller aussi c'est que réunir 700 partisans dans un club...ça doit couter bien cher ? a moins d'avoir des sponsors ?
(Baissons le regard pour que personne ne puisse le suivre et stigmatiser par lui ceux qui se débattent aussi dans de très grands problèmes loin de Palestine ! )
4. Fanfan le 31/07/2014 14:17
L'auteur du message 3 est-il un prêtre ? Si c'est le cas … j'en suis sans voix. Écrire un message abscons peut arriver à tout le monde, mais si perfide … on en perdrai son latin ...
5. Tchetnik le 31/07/2014 16:40
L'"autorité" serait-elle dispensée d'encaisser la critique?
6. Père Joachim le 01/08/2014 09:28
Nous aurions parlé aussi le latin si Saint Serge à la suite des Carmes n'avait pas suspendu cet enseignement, jadis.
Mais nous restons à l'écoute les uns des autres pensant entendre dans la symphonie de l'ecclésialité la "parole de vérité", que l'église ne cesse de chanté chez nous (Jn.10,1- 5)

Même si nous devons nous dire des choses et nous questionner dans ces temps de préparation conciliaire nous devons le faire avec nuances en toute honnêteté et en vu du bien commun.

A vrais dire je ne suis que moyennement intéressé et accorde peut d'attention aux message sous pseudonyme.
Si vous restez "sans voix" et "perdez votre latin", j'en suis marri ! mais peut être accepterez vous mes vœux pour un saint mois d'août ? ... et plus sérieusement bonne préparation à ceux qui entre ou entrerons dans 13 jours dans la grande préparation de la Pâque de l'été.
7. Tchetnik le 01/08/2014 12:48
Si vous étiez "moyennement intéressé", vous ne répondriez pas.

Rester à l'écoute des autres consiste aussi à leur parler dans leur langue, comme le firent les Apôtres à la Pentecôte du reste. Il est difficile d'écouter et de mépriser en même temps, ce qui peut hélas être reproché à certains hiérarques ethniques. Reproche en l'occurrence fondé.

Comme nous ne connaissons pas vos propres états de service en matière de défense de son prochain, il nous est aussi difficile de critiquer les vôtres que vous ne critiquez ceux des autres.
8. Daniel le 01/08/2014 13:13
Le problème ethnique à Jérusalem est ancien. C'est une chasse gardée grec et pendant longtemps tout fut fait pour ne pas nommer des arabes comme archimandrite afin qu'aucun ne puisse devenir évêque. Il n'y avait pas d’évêque arabe d'ailleurs. Mais rassurons-nous, ce n'était pas une politique ethnique discriminatoire, l'arabe est naturellement fainéant, inapte au métier d’évêque, alors que le grec, quel homme! J'ironise. Mais l'impact est mauvais car cela a toujours alimenté les récriminations et paradoxalement aidé le boulot des autres communautés chrétiennes pour détourner les fidèles orthodoxes locaux vers les autres églises chrétiennes non racistes...

Que l'Etat grec ait financé ou finance le Patriarcat de Jérusalem n'en fait pas une propriété grecque.
9. Fanfan le 01/08/2014 15:09
À Père Joachim X…

À mon sens le domaine religieux et spirituel, fait partie de l'intime le plus intime. À ce titre il est permis à tout un chacun de ne pas souhaiter retrouver ses message étalés tous azimuts sur internet comme c'est le cas dès lors que l'on y met son nom (et pas seulement son prénom). D'où l'emprunt d'un pseudo.

Il en irait autrement si nos échanges et commentaires, qu'ils soient symphoniques ou plus modestes, restaient entre ceux avec lesquels nous partageons ces conversations sur ce forum. C'est hélas impossible internetement parlant.

Contrairement à vous, ce qui m'intéresse ce n'est pas l'identité ou le c.v. de son auteur c'est simplement le contenu d'un message.
Mais si vous tenez absolument à connaître mon état civil faites le savoir aux modérateurs et je vous le transmettrai.
10. Tchetnik le 01/08/2014 17:02
Paradoxalement, le désintérêt des Grecs pour leurs ouailles Arabes ont facilité le travail de l,Église Russe qui, sous la direction de différents Empereurs a (pour le coup) été réellement missionnaire, avec écoles, hôpitaux, orphelinats, tenus par des personnels Arabes.

Mais ça, c'était avant.
11. Irénée le 01/08/2014 20:20
Comme bien souvent dans les échanges, il y a beaucoup de flou... de quelle époque parle t'on , du XIX è ? du débur du XXè ou d'auhourd'hui ?
Les visions sont aussi bien souvent caricaturales et imprécises... et wikipédia comme souce d'information ce n'est pas le top !
Comme le dit Père Joachim, il convient de bien regarder qui s'exprime, dans quel contexte, ce que cela représente réellement dans la vie de l'Eglise locale...
Ce n'est pas parce que nous avons lu une déclaration bien ficelée qu'elle est le reflet de la réalité !
Il conviendrait de présenter aussi tout ce qui est positif et constructif : les créations d'écoles pour les palestiniens, le centaines de bouses d'étude données à des familles arabes, l'action humanitaire, la visite des prisonniers palestiniens détenus dans les geoles locales, la création de dispensaires qui soignent gratuitement les chrétiens et musulmans...
Sans compter le plus important : la célébration quotidienne de la Divine Liturgie dans des dizaines de lieux saints ou dans les monastères... et là on ,e demande pas la nationalité du prêtre qui offre le Saint Sacrifice !
Et regardons aussi l'histoire particulièrement douloureuse de la Palestine depuis quelques siècles, l'empire ottoman, l'occupation anglaise; puis Israel/Jordanie jusqu'en 1967, l'uniatisme agressif, la latinisation forcée de certains chrétiens... La nécessité pour les jeunes palestiniens chrétiens de subvenir aux besoins de leurs proches, freinant considérablement les vocations monastiques et l'engagement ecclésial...
Il y a très certainement des améliorations à apporter à le vie de l'Eglise sur place, mais cessons de ne diffuser que les calomnies et les attaques de ceux qui veulent d'abord être
"Calife à la place du Calife" !
12. justine le 02/08/2014 17:09
Je pense qu'Irénée a raison (le Père Joachim peut-être aussi, mais son langage d'allusions est souvent peu intelligible, on ne sait pas trop ce qu'il veut dire). La présentation de la situation par les clercs en question est partiale et exagérée, ce qui ne veut pas dire que des améliorations ne soient pas souhaitables et possibles. Mais on ne doit pas ignorer non plus les efforts en faveur des fidèles arabophones faits ces dernières années précisément par le patriarche Théophile:

D'autre part, il ne faut jamais oublier combien est délicat l'équilibre entre les forces en jeu en Terre Sainte. Et certains ecclésiastiques militants, par leurs actions imprudentes, mettent en danger cet équilibre. Le patriarcat est donc obligé de mettre des freins afin d'éviter de fâcheuses conséquences.

Le Patriarcat de Jérusalem est profondément ancré dans la plus ancienne tradition ecclésiastique. Il est aussi organisé comme une communauté monastique, à l'image de la première communauté des Apôtres. Certaines revendications des clercs arabophones en question
(voir http://araborthodoxy.blogspot.ru/2014/07/statement-of-arab-orthodox-clergy-of.html)
montrent qu'ils n'ont pas trop le sens de ces choses. Ils approchent les choses plutôt comme des séculiers, comme s'ils avaient à faire à une institution de ce monde ou à une de ces "églises" occidentales sécularisées.
13. Irénée le 02/08/2014 19:06
Merci Justine pour votre soutien.
On finirait par croire que, même en Eglise, ce qui compte c'est d'avoir un bon service de communication !
Ce n'est sans doute pas la principale qualité de l'Eglise en Terre Sainte !
14. Irénée le 02/08/2014 23:48
La plus récente ordination presbytérale dans l'Eglise de Jérusalem a eu lieu le 27 juillet. Un jeune palestinien, moine, a été ordonné prêtre pour la paroisse de Beit Sahour (près de Bethléem) dont il est originaire.
Voici donc un jeune hiéromoine palestinien, formé en Grèce, qui vient contredire les affirmations péremptoires de quelques uns...
Axios Abouna Georges !
15. Daniel le 03/08/2014 00:01
Je trouve ma part les revendications pleines de bon sens...
16. Daniel le 03/08/2014 07:54
Irénée (message 14)

Euh, il est connu que les Grecs ont tout fait pour se réserver des postes d'évêques, et ce depuis des siècles. Les affirmations ne sont donc pas péremptoires mais une réponse à des problèmes réels qui durent depuis des décennies et favorisent le glissement des orthodoxes vers d'autres communautés chrétiennes uniates et autres. Pour ce qui est de à la dernière ordination, comment dit-on "arabe de service" en grec.
17. Tchetnik le 03/08/2014 09:54
Une communauté monastique dont les membres ne sont du reste pas forcément les meilleurs, il s'en faut de beaucoup. On y envoie en général les éléments accusés de forfaiture ailleurs...


De plus, les paroisses ne sont pas des monastères, n'ont pas les mêmes enjeux qu'un monastère et il est somme tout logique qu,on y aborde les problèmes avec un regard de séculier, puisque ce sont des séculiers qui sont concernés, dans leur salut, leur évangélisation. Laquelle, pour les ouailles Arabes, laisse hélas à désirer.

On peut estimer que la méthode de communication est hélas un peu excessive (mais nous sommes en Orient, où le sens de la mesure n'est pas forcément la qualité première), mais sans pour autant nier le bon sens et le fondement des revendications en question. A ce sujet, puisque P. Joachim mentionnait ds combats plus "graves", on se demande c que le patriarcat de Jérusalem aurait à dire sur les actuelles purifications ethniques de Gaza...
18. Irénée le 03/08/2014 17:48
@Tchetnik. Vos accusations, bien que très classiques, sur l'origine des membres de la communauté en question sont assez viles, et de plus injustifiées.
Qu'il y ai, là comme ailleurs, quelques personnes ayant eu des difficultés dans leurs expériences antérieures, personne ne le conteste.
Mais il n'y a pas que ces "cas particuliers". La plupart des moines sont arrivés assez jeunes sur place. L'actuel patriarche avait 12 ans. On ne peut pas l'accuser de forfaitures ailleurs !
Si on regarde les 18 évêques, certains sont nés en Palestine, et les autres sont arrivés entre 9 et 21 ans à Jérusalem.

Par ailleurs, il me semble bien audacieux de juger de la volonté de Dieu concernant l'itinéraire de ses serviteurs.
Doit-on dire que le saint néomartyr Philouménos avait commis des forfaitures parce qu'il a été moine quelques années avant d'arriver en Palestine et d'y mourir martyr en 1979 ?

Je pourrais trouver d'autres exemples d'excellents moines et prêtres arrivés au milieu de leur vie pour servir l'Eglise de Jérusalem et qui ne sont pas venus là pour cacher je ne sais quels actes commis ailleurs ! Certes, il y a sans doute quelques "planqués", mais pas plus qu'en Russie ou ailleurs !
Les paroisses ne sont certes pas des monastères, et elles sont desservies par d'excellents prêtres nés dans ce pays, extrêmement dévoués, assez bien formés, et qui ne sont pas en conflit permanent avec l'épiscopat !


@Daniel. Je ne sais pas comment on dit "arabe de service" en grec, mais encore une fois il s'agit d'une affirmation gratuite vis à vis d'un excellent jeune prêtre et moine plein de ressources et très bien formé... De plus, il n'est pas le seul ! depuis 10 ans, le nombre de hiéromoines d'origine arabe a sérieusement augmenté !
Le fait que l'épiscopat soit majoritairement d'origine héllène s'explique pour différentes raisons. Regardez de près ce qui s'est passé avec les évêques d'origine arabe en Galilée au moment de l'expansion uniate. Vous verrez qu'ils ont quasiment tous rejoint Rome... C'est un peu le "relativisme" souvent observé à Antioche !
19. Tchetnik le 03/08/2014 18:23

@Irénée

N'exagérez pas trop dans l'irénisme tout de même.

Les scandales en tout genre dont ont été acteurs certains membres assez éminents de cette église sont largement traçables et sourçables. Il est inutile de les relativiser.

Après si dire la vérité est pour vous chose vile, qu'y puis-je?

Nul ne juge de la volonté de Dieu, du reste, on se contente de constater un fait. Cee n'est pas la volonté de Dieu qui est jugée mais le comportement des Hommes, grosse nuance.. Et quand on se prétend membre éminent de l'Église, on évite de commettre les faits qui sont reprochés à certains, entre autre piquages de fond (pas grave), homosexualité (déjà un peu plus). Nul n'est à l'abri de la critique je le rappelle et tout ce qui est caché est mis en lumière.

Après nul ne cherche à nier non plus les excellents éléments que compte cette église, mais il est assez vain, là aussi de nier les problèmes réels et constatés depuis longtemps à l'endroit d'un certain monopole ethnique sur les postes d'évêques, monopole qui, en effet, a conduit bien des ouailles à changer de crèmerie.

Il en est de la vie paroissiale un peu la même chose qu'ailleurs. Certains prêtres sont sincères, sérieux, honnêtes, dévoués, les plus corrects possibles, d'autres sont des carriéristes arrivistes ne songeant qu'à accumuler les mitres. Aucun jugement, rien que le constat de la réalité. Pour l'appréciation de "ne as être en conflit avec l'épiscopat", je vous recommanderais la plus grande prudence car, à moins que vous ne soyez vous-même de la boutique, je vois mal comment vous pouvez en présumer. Je peux vous dire que, toutes juridictions confondues, les conflits avec l'épiscopat, parfois feutrés, parfois ouverts, sont légion. Et ici, le motif invoqué est, ne vous en déplaise, fondé et constaté.
20. justine le 03/08/2014 19:28
Il est à conseiller à ceux qui sans grand discernement - faute de connaitre la situation réelle - prennent à la lettre les accusations des clercs arabophones en question, de se familiariser avec l'histoire du Patriarcat de Jérusalem. L'immense apport de l'Eglise de Jérusalem à l'Orthodoxie - berceau de sa vie monastique et de sa vie liturgique avec tout le cycle quotidien, hebdomadaire, mensuel et annuel des Fêtes, son apport dans le domaine de la théologie - fut surtout le fait des Grecs (de souche ou de culture grecque). Et si l'Orthodoxie existe encore en Terre Sainte, c'est grâce aux vaillants combats et aux sacrifices des hiérarques grecs pendant des siècles, contre d'une part les Occidentaux qui voulaient s'emparer des Lieux Saints et les livrer à l'hérésie, et d'autre part contre les occupants étrangers - arabes, mamelouks, turcs -, et au soutien qu'ils ont reçu dans des moments désespérés par les Tsars russes. Quand donc on sait tout cela, le discours des clercs arabophones en question qui met lourdement l'accent sur "notre Eglise de Jérusalem" sonne du moins un peu étrange. Où étaient-ils lors de tous ces moments difficiles?

A Tchetnik, post 17. "On se demande ce que le patriarcat de Jérusalem aurait à dire sur les actuelles purifications ethniques de Gaza...": Ainsi qu'on a pu voir et lire sur plusieurs sites, le refuge jusqu'à présent le plus sûr des Palestiniens de Gaza a été, par la Grâce de Dieu, l'Eglise de Saint Porphyre, laquelle est, comme vous devez le savoir, une église du Patriarcat de Jérusalem. Si vous vouliez insinuer une indifférence, voire une solidarité du Patriarcat grec-orthodoxe avec les responsables du génocide à Gaza, vous aurez commis une grande injustice.
21. Irénée le 03/08/2014 19:31
Malgré mon pseudo, je m'efforce de ne pas sombrer dans l'univers des Bisounours !
Vous avez raison, il y eu et il y a des situations assez scandaleuses en Terre Sainte, mais sans doute pas plus qu'ailleurs...
Quant à dire la vérité, je ne peux qu'être d'accord, à condition que ce soit toute la vérité, et pas seulement ce qui est sombre et négatif !
22. Tchetnik le 03/08/2014 22:35
@Irénée

On est bien d'accord, en effet, une vision parfois plus nuancée est aussi plus juste.

Seulement, certains combats nécessitent parfois une vision plus unilatérale, au moins le temps de les résoudre.

Ce clerc a certainement ses excès de communication, un peu totalitaires, on est bien d'accord. Mais, hélas, ses reproches sont anciens, constatés et il est nécessaire de les corriger. Cee qui ne signifie pas que tout ce qu'il dit soit juste ou dit justement du reste, j'en conviens.
23. Tchetnik le 03/08/2014 22:41
A la question "ou étaient les Arabes pendant ces moments difficiles"?, réponse simple: sur la croix, en train de souffrir le martyr...
24. justine le 04/08/2014 10:47
Ma question concernait les clercs initiateurs du "Mouvement de correction". Or, vous citez faussement "les Arabes" en general. Je vous pose donc la question: Al Hakim etait-il sur la croix, souffrant le martyre??? Soyons sérieux - les Palestiniens sont effectivement cruficiés, mais par les Israéliens et certainement pas par le patriarcat de Jérusalem!
25. Tchetnik le 04/08/2014 14:16
Pas "faussement", vu les chiffres assez édifiants des pertes civiles au cours des eux derniers siècles.

A moins de ne considérer comme "Chrétien orthodoxe" que les porteurs de mitres.
26. Vladimir.G: Pour clore le débat le 04/08/2014 16:30
Certains commentaires ont tendance à rétrécir le débat à une querelle entre quelques clercs arabes et la direction grecque du patriarcat. Je ne connais pas spécialement l'Eglise de Jérusalem, mais il apparait qu'elle est essentiellement composée de fidèles palestiniens (Arabes) dirigés par des prélats grecs depuis l'empire de Byzance... "Où étaient-ils lors de tous ces moments difficiles? " Ils étaient là et supportaient "ces moments difficiles" même s'ils n'étaient pas admis à la prélature: 2 évêques en... 1500 ans? Ce "?" est une vraie question: je ne sais pas depuis quand la question se pose; le communiqué parle de 200 ans. Actuellement il y a donc un évêques Palestinien pour ... 20 Grecs! Il n'est pas question de nier les mérites du patriarcat de Jérusalem, mais sont-ils à mettre exclusivement au crédit de sa direction grecque? N'est-ce pas aussi (ou surtout) l’œuvre des fidèles?

Cela dit, ce «mouvement de correction» semble venir après un murissement certain: accroissement des ordinations de Palestiniens, sacre de Mgr Mgr Atallah Hanna, promotion de plusieurs archimandrites... Le «mouvement de correction» vise à accélérer ce rythme.
27. Irénée le 05/08/2014 19:19
Il est toujours très difficile d'utiliser nos catégories actuelles pour parler de l'Antiquité tardive ou du haut moyen âge ! Saint Sophrone qui était patriarche de Jérusalem au moment de l'arrivée des conquérants arabo-musulmans en 638 était-il un évêque arabe ? Né à Damas, moine au monastère de saint Théodose, il parlait sans doute un peu l'arabe... et saint Jean Damascène, lui aussi né à Damas et moine au monastère de saint Sabbas un siècle plus tard, était-il arabe ?

Les martyrs de Gaza au 10è siècle qui refusèrent la conversion à l'Islam étaient-ils arabes ?

Il est clair que la Palestine s'est peu à peu arabisée au fil des siècles.
Concernant la situation actuelle, 2 évêques en 1500 ans, c'est vraiment une plaisanterie ! Moi-même qui ne suis pas encore un vieillard gâteux (j'espère !) en ai connu au moins 3 depuis 1975.

Et quand on lit un peu l'histoire de Jérusalem, il y a des évêques nés en Palestine ou venant de pays voisins tout au long de l'histoire... et à de nombreuses époques on ne se préoccupait pas du fait qu'ils soient ou non "100% arabes" s'ils pouvaient servir l'Eglise !

Il y a eu des higoumènes (et des saints) d'origine bulgare, serbe, géorgienne dans les monastères depuis les origines, et personne n'y a jamais trouvé à redire.

Vladimir souligne avec raison l'oeuvre des fidèles sur place, elle est certainement considérable et exemplaire, mais malheureusement les préoccupations quotidiennes pour une simple survie de la famille empêchent l'épanouissement de ces communautés. plus de 60 ans d'humiliations et de pressions ont déjà fait immigrer la majorité des familles chrétiennes, et bien souvent les mieux éduquées.
28. Vladimir.G: Pour clore le débat le 09/08/2014 10:15
Précision importante

Il est dit dans l'article de Wikipedia que je cite en 2, et qui s'appuy sur un article de Maria C. Khoury qui semble indisponible ("A Rare Day for Orthodoxy in the Holy Land". Orthodox Christian News. 2 January 2006) que "l'archevêque Théodose de Sébaste (Atallah Hanna) est le deuxième palestinien à atteindre CETTE POSITION (donc ARCHEVÊQUE) au sein du patriarcat de Jérusalem". Ce détail important semble avoir totalement échappé aux commentateurs qui débâtent du nombre D’ÉVÊQUES arabes sur un autre fil, où ce débat vient comme un cheveu sur la soupe…

Il est toujours intéressant de voir les pourfendeurs des juridictions "culturelles" chez nous défendre la préférence ethnoculturelle pratiquée par le patriarcat de Jérusalem… Notre bien cher Tchetnik, par contre, reste bien droit dans ses bottes!
29. Irénée le 09/08/2014 14:10
Merci Vladimir pour ces précisions, mais je crains qu'elles ne soient pas très pertinentes...
Vous savez bien que les titres épiscopaux (évêque, archevêque, métropolite...) recouvrent des réalités variables selon les pays, les cultures ecclésiales et les époques.
J'ai sous les yeux l'annuaire de l'Eglise de Jérusalem 2014. J'y vois un Patriarche, 7 métropolites et 11 archevêques. Pas le moindre simple évêque en vue !
Et la situation était la même ces derniers siècles (au moins au XIXè et au XXè).
Et je maintiens ma déclaration concernant le nombre d'archevêques palestiniens depuis 1975.
Wikipédia a tort ! sur cette question et beaucoup d'autres, désolé !
Je suis surpris que Maria Khoury ai pu écrire cela, elle connaît parfaitement la situation.
30. Vladimir.G: Des précisions le 10/08/2014 10:32
Merci bien cher Irénée,

Vous en savez clairement plus que moi; je n'ai pas trouvé cet article de Maria Khoury que cite Wikipédia.mais j'avais vérifié que cet auteur était digne de foi (http://www.orthodoxytoday.org/articles2/KhouryWitness.php)... Le mieux serait évidement de trouver cette mystérieuse liste de prélats arabes, sans remonter aux calendes grecques!

Et il y a un autre élément qui n'a pas été pris en compte dans ces échanges: le monachisme. Les 3 archimdandrites arabes qui participent à ce «mouvement de correction» montrent qu'il y a des moines arabes et cela souligne l'étrangeté de la situation qu'ils dénoncent: dans les 19 ou 20 prélats actuels il n'y a qu'un Arabe...

Un article de "La Stampa" (lien) donne d'intéressantes précisions sur les revendications du «mouvement de correction»: Il dénonce "le déclin dû au manque de souci pastoral envers les fidèles" mais prend surtout parti dans le conflit en cours: "Aujourd'hui, pendant que notre peuple est exterminé par l'armée de l'occupation Israélienne, un prêtre propose un plan d'incorporation des Chrétiens dans l'armée de l'occupant sioniste sous l'autorité et avec la bénédiction du patriarche qui ne s'est pas préoccupé une seule fois de son peuple et de son troupeau". Les signataires soulignent aussi leur solidarité avec "leurs frères Musulmans" (sic).

Parmi les sept points de leur programme de "reformes" il y a:
- la demande d'arrêter la vente des biens de l'Eglise,
- l'inclusion d'Arabes dans le synode
- la création d'un organisme élu comprenant des prêtres et des laïcs pour participer à l'administration courante de l'Eglise.
Et ils recherchent l'appuy politique du roi de Jordanie (la monarchie hachémite est le "Gardien des Lieux Saints" musulmans et chrétiens) et du président Abbas.

http://vaticaninsider.lastampa.it/en/world-news/detail/articolo/terra-santa-tierra-santa-holy-land-35507/
31. justine le 10/08/2014 21:14
Ce n'est ni la première, ni la dernière fois que les "forces qui œuvrent dans les ténèbres" fomentent des troubles dans l'Eglise de Jérusalem (ou ailleurs, en Ukraine par exemple), exploitant des problèmes existants, les exacerbant autant que possible afin d'en faire des chevaux pour tirer leurs chars de guerre.

Le catalogue des demandes des "correcteurs" montre ce qu'on disait déjà auparavant sur un autre fil– les clercs en question ne semblent guère avoir le sens ecclésial et confondent la Sainte Eglise avec une organisation du siècle. Quant à la prétendue vente de biens de l'Eglise, le patriarcat a depuis longtemps répondu en extenso à ces accusations.

Pour ce qui est du prêtre qui se prononcerait pour le service militaire des Chrétiens dans l'armée israélienne, l'article du Vatican Insider indiqué par Vladimir donne son nom comme Gabriel Naddaf, ce qui est, selon toutes les apparences, un nom arabe et non pas grec!

Une liste des hiérarques arabes dans le Patriarcat de Jérusalem, je doute qu'elle existe, car il n'est pas de coutume dans l'Eglise orthodoxe de distinguer ses hiérarques selon leur appartenance ethnique. Dans la liste des évêques ne figure que le nom ecclésiastique, sans patronyme. Mais par l'Histoire de l'Eglise nous savons que le premier évêque arabe du Patriarcat fut Pierre, Evêque des Parembolai, c'est à dire "des Tentes". Ce fut un Bédouin du nom d'Aspebet, chef des Sarrasins vassaux du Roi de Perse, converti avec toute sa tribu par Saint Euthyme au 5e siècle.

Le nombre de ces Sarrasins qui s'établirent avec leurs tentes dans les environs de l'ermitage de Saint Euthyme dans le désert de Judée augmentant sans cesse, le saint demande au Patriarche Juvénal de leur donner leur propre évêque et de consacrer Aspebet, devenu Pierre dans le saint baptême. Et depuis ce temps, les Sarrasins chrétiens avaient toujours leur propre évêque, issu de leur clan. (Voir Cyrille de Scythopolis, Les Moines de Palestine, trad. A Festugière dans: Moines d'Orient III, Paris 1961-1963).
32. Irénée le 10/08/2014 23:00
Merci Justine pour ces informations. Quand on lit l'histoire de l'Eglise de Jérusalem de Papadopoulos publiée en 1910 et rééditée avec des mises à jour en 2010 (en grec) il est très fréquent de lire à propos de tel ou tel siège épiscopal, que l'évêque était originaire de Jaffa, de Nazareth, de Jérusalem ou d'autres villes et villages de Palestine. Certains avaient peut-être des ancètres grecs, mais rien ne le dit... ce qui tendrait à montrer qu'il y a eu, tout au long de l'histoire, depuis Pierre dont parle Justine, des évêques "arabes", même si cela n'a pas grande importance...
Il y eut aussi longtemps des évêques grecs sur le trone de Kiev !
33. Vladimir.G: le 11/08/2014 11:03
J'écrivais "sans remonter aux calendes grecques! ": depuis la guerre par exemple...

Le premier métropolite de Kiev autochtone est Mgr Hilarion, 1051-1054, 4e métropolite historique et le suivant fut Clément, 1051-1055, 13e métropolite historique, puis il faut attendre le 23-e, Cyrille II, 1246-1283, pour retrouver un métropolite autochtone (source ru: http://ricolor.org/history/ka/period/1/mitropolit/). Toutefois la plupart des évêques titulaires des différentes chaires étaient russes... La situation est donc quasiment l'opposé de celle de Jérusalem où non seulement il n'y a pas eu de patriarche autochtone depuis ... ? (auriez-vous un nom historique après St. Jacques le frère du Seigneur, Justine?), mais même les évêques restent des exceptions. Et c'est bien cette distorsion que dénoncent les "Correcteurs".
34. Irénée le 11/08/2014 15:27
Justine nous a proposé Pierre, évêque des arabes vivant sous les tentes, probablement vers 470.
Mais encore une fois, et comme le disait Justine, on n'a pas pris l'habitude de distinguer les évêques en fonction de leur origine ethnique (jusqu'à une date récente !).
Il est donc inconcevable de prétendre établir une telle liste, qui ne servirait d'ailleurs à rien !
Et la situation est bien différente selon les époques. En 800 par exemple, la langue des chrétiens de Palestine reste le grec, quelle que soit leur groupe ou leur région d'origine.
Après les croisades, l'arabe se répand de plus en plus, mais il reste des centaines de familles d'origine grecque à Gaza, à Césarée, à Jérusalem... elles parlent sans doute les deux langues (grec et arabe).
Il y a des mariages, des échanges... qui peut donc dire si Thaddeos, patriarche en 1298 est arabe ou grec ? et de plus, qu'est ce qu'un grec ou un arabe pour un palestinien de l'époque, puisque pour un arabe musulman tous les chrétiens sont des "RUM", des romains au sens de l'appartenance à l'empire byzantin.
Et au 18è siècle, quand la population de Palestine, tout comme celle de Grèce sont sous administration ottomane, qu'est ce qu'un grec ou un arabe ?
Encore une fois, les seules indications que nous ayons dans les archives, c'est parfois la ville ou la région d'origine des évêques, mais jamais rien sur leur "nationalité" qui n'existait évidemment pas dans cette région, ni en 800, ni en 1200, ni en 1750...
C'est pourquoi votre question cher Vladimir, posée à Justine concernant le nom d'un patriarche autochtone est assez étrange... Je crois sincèrement que la plupart des patriarches, sauf au cours des trois derniers siècles, ont été des autochtones, au moins au sens large...
Personne ne songerait à dire que saint Jean Damascène n'était pas du coin quand il a décidé de devenir moine à saint Sabbas !
Ou saint Sophrone, patriarche de Jérusalem de 634 à 638 et qui a vécu l'arrivée des musulmans dans la Ville Sainte, qui était né à Damas, il était quoi ? arabe ? grec ? syrien ?
Son prédécesseur, Modeste, était lui né en Cappadoce...
Et la vie des Pères et des Saints est pleine d'exemples de ce type... je pense par exemple à saint Romanos le mélode, né dans une famille juive de Homs en Syrie, il devient diacre à Beyrouth avant de se fixer à Constantinople... on ne lui a pas demandé non plus de quelle nationalité il était !
35. justine le 12/08/2014 17:22
A Vladimir, post 33: D'abord je dois vous reprocher d'être dans l'ignorance de l'Histoire de l'Eglise de Jérusalem, car quand vous parlez d'"autochthones" en Terre Sainte, qui voulez-vous dire exactement? Les juifs? Mais après que les Romains les eurent chasses du pays autour de l'an 70, après la destruction du Temple prédit par le Seigneur, il ne restait en Palestine qu'un petit nombre de juifs. Parmi les autres autochtones, les Grecs formaient désormais la majorité, suivi des Syriaques et autres minorités. Ces Grecs habitaient la Palestine depuis des siècles déjà, au moins depuis Alexandre le Grand (4e siècle avant J.C.). Ceci ne changea qu'au 20e siècle, avec l'immigration massive des juifs de la diaspora. Ou voulez_vous dire les Arabes? Mais à part les tribus de bédouins, c'est à dire les nomades arabes originellement idolâtres qui circulaient dans les deserts de tout le Moyen-Orient, il n'y avait pas d'Arabes en Palestine jusqu'à la conquête d'Omar en 635. Les autochtones de Palestine, entre l'an 70 et l'implantation permanente des Arabes musulmans à partir de la fin du 7e siècle, ce furent donc en majorité les Grecs, lesquels avaient couvert la Palestine et la Phénicie de tout un réseau de villes grecques comme p. ex. Césarée, Diospolis, Elefteropolis, Scythopolis, Neapolis, Nikopolis, Pella, Ptolemaide, Scythopolis, etc.

La ville grecque de Pella fut d'ailleurs le refuge de l'Eglise primitive, laquelle, lors de la persécution romaine de l'an 70 s'y établit et y resta jusqu'en 135, lorsqu'elle retourna à Jérusalem, s'accroissant pendant cette période surtout de chrétiens d'origine païenne, donc grecs (au sens ethnique) ou hellénistes (au sens religieux-culturel), alors que la séparation d'avec les judéo-chrétiens qui insistaient sur le maintien de la Loi de Moise devint de plus en plus nette, ces derniers finissant par etre absorbés par la religion des scribes. Voila donc une autre raison pour laquelle il n'y a pas eu dans l'Eglise de Jérusalem beaucoup d'évêques d'origine juive.

Mais au début il y en eut, et je peux donc satisfaire à votre exigence: Après Jacques le Frère du Seigneur il y eut Symeon, également parent du Seigneur, 2nd évêque de la Mère des Eglises (60-106), suivi par toute une série d'évêques d'origine juive (à juger d'après leurs noms): Judas, Zachée, Tobie, Benjamin, Levi, Ephraïm, Joseph, un deuxième Judas (tous entre 106 et 134 environ). Puis il y eut Mazabanis (251-260) et Zambdas (298-300). Au 5e siècle il y eut (outre Petros, évêque des Tentes, et ses successeurs sarrasins) le saint Patriarche Elie, qui selon son Synaxaire etait d'origine arabe (voir au 20 juillet). Du saint Patriarche Cyrille de Jérusalem (347-386) nous savons qu'il naquit à Jérusalem, mais le Synaxaire ne précise pas son appartenance ethnique. Voilà donc quelques exemples, en rien exhaustifs, dont on pourrait, à force de creuser, sans doute allonger de beaucoup la liste, d'évêques non-grecs au Patriarcat de Jérusalem, non seulement avant les grands remous en Terre Sainte à partir du 7e siècle, mais aussi aux temps récents.

L'obsession par la question des appartenances ethniques est, comme le dit très justement Irénée, un phénomène moderne et prouve seulement une chose: que nous nous sommes de beaucoup éloignés du Christ et que nous ne sommes en fait chrétiens que de nom....
36. Irénée le 12/08/2014 19:09
Merci Justine d'avoir complété mon commentaire.
C'est finalement une assez mauvaise question à débattre !
On pourrait aussi reprocher au moine martyr Philoumenos, assassiné par des fanatiques juifs au Puits de Jabob à Naplouse en 1979 d'avoir été d'origine grecque ! Maintenant qu'il a été canonisé, et qu'il est vénéra par des chrétiens de toutes nationalités, doit-on encore s'interrroger sur sa langue maternelle ?
37. Vladimir.G: Merci bien chers Justine et Irénée le 13/08/2014 11:17
Je ne prétends pas à l’omniscience et vos réponses détaillées à mon questionnement ont dépassé mes attentes. Je connais effectivement peu l'histoire du patriarcat de Jérusalem...

Je retiens d'abord que beaucoup de Juifs christianisés sont restés après 134 (ce n'est qu'après la seconde révolte que les juifs sont expulsés et Jérusalem est détruite par Hadrien) comme le montre la liste des évêques. Je n'en savais rien puisque le siège de Jérusalem semblait réduit et dépendait de Césarée jusqu'à son érection en patriarcat en 451 (*)...

La mention de Petros, évêque des Tentes, et ses successeurs Sarrasins est aussi très intéressante puisqu'elle justifierait la nomination de son "successeur" comme "archevêque du Qatar", ce qui a pourtant provoqué la rupture de communion avec Antioche.

La présence historique des Grecs et leur maintien en Palestine après la Catastrophe d'Asie Mineure explique évidement leur prépondérance au patriarcat... mais la justifie-t-elle au plan ecclésial? Je pense que le "mouvement de correction" est le signal de changements tout comme la chute du bolchévisme à changé la donne en Europe...

Enfin pour la période récente, le communiqué parle de "plus de 200 ans", l'affirmation de Maria C. Khoury que "l'archevêque Théodose de Sébaste (Atallah Hanna) est le deuxième palestinien à atteindre cette position" ne semble pas contredite...

Encore merci pour cet échange!
(*) Mgr Kalistos Ware, "L'Orthodoxie, l'Église des sept conciles", p.37
38. Irénée le 13/08/2014 14:19
Merci Vladimir pour vos réactions.
Sur le dernier point, je conteste l'affirmation du communiqué. J'ai personnellement connu au moins trois archevêques d'origine palestinienne depuis 1975 : Siméon, Constantin (je crois) et Théodose. Je serais surpris qu'il n'y en ai eu aucun entre 1800 et 1975. Le mouvement de "correction" semble en effet amorcé, et c'est tant mieux ! à condition d'avoir de bons moines capables de devenir évêques.
J'ai connu aussi depuis 35 ans un certain nombre de candidats potentiels d'origine palestinienne et je remercie le synode de ne pas les avoir élus !
39. Vladimir.G: Merci bien chers Justine et Irénée le 13/08/2014 15:17
Petite précision bien cher Irénée: le communiqué parle de "«la situation critique» de l'Eglise orthodoxe, sans solution depuis plus de 200 ans..." mais c'est Maria C. Khoury qui écrit que "l'archevêque Théodose de Sébaste (Atallah Hanna) est le deuxième palestinien à atteindre cette position"... Et vous aviez confirmé qu'elle "connaît parfaitement la situation" (cf. 24). Vous diriez donc maintenant qu'elle se trompe?
40. Irénée le 13/08/2014 16:58
Oui, je dis qu'elle se trompe... et je le lui dirai à l'occasion !

Quant à la situation critique évoquée par le communiqué, je ne suis pas non plus d'accord ! Dans la situation générale complexe et souvent très conflictuelle de la Palestine, je trouve au contraire qu'il y a une certaine stabilité dans l'Eglise... et même de très nombreuses améliorations ; église restaurées et peintes de fresques, monastères bien entretenus, vie liturgique régulière et intense... Mais comme l'a dit Justine, tout dépend de ce que l'on veut mesurer ! Si c'est d'abord la visibilité médiatique ou l'implication politique, alors ce n'est sans doute pas terrible... pour l'essentiel, les choses ne vont pas si mal !
41. Irénée le 14/08/2014 23:28
J'ai appelé un ami palestinien (orthodoxe) médecin à Jérusalem qui m'a confirmé ce que j'avais en mémoire : trois archevêques depuis 1975.
42. Vladimir.G: précision historique le 15/08/2014 10:09
Merci bien cher Irénée de vous être donné la peine d'éclaircir ce point. Il reste à déterminer les nom et les dates mais Maria C. Khoury avait donc tort et il reste à corriger l'article de Wikipedia ...
43. Irénée le 15/08/2014 14:20
S'il faut s'attaquer aux corrections de wikipedia, je vais devoir prendre ma retraite prématurément, il y a tant à faire !
Concernant les dates, Mgr Siméon a du décéder en 1981 ou 1982, Mgr Constantin au début de ce siècle, et Mgr Théodose est devenu évêque en 2005.
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