Patrick le Carvese : A propos du chant des fidèles au cours des offices orthodoxes

Parlons D'orthodoxie

Patrick le Carvese , un membre de la chorale de la Paroisse Notre-Dame-Joie-des-Affligés et Sainte-Geneviève (Paris), 4 rue Saint Victor - Diocèse de Chersonèse PM

Au cours d'une assemblée générale de ma paroisse en 2012, l'un des participants a morigéné ceux qui, sans y avoir été invités, chantent en même temps que le chœur au cours des offices, en ajoutant que cette attitude le gênait dans sa propre prière.

Cette remarque aurait été banale si elle avait été formulée par un chef de chœur épris d'ordre, ou même par un choriste déçu que sa belle voix soit polluée par un importun. En fait, elle venait d'un paroissien ne faisant pas partie du chœur et n'étant pas à ma connaissance intéressé par une telle perspective, ce qui finalement donnait beaucoup plus de poids à son intervention. Elle a pris encore plus de relief lorsque dès le lendemain, au cours d'un colloque de musique liturgique, ce fut au tour d'un fidèle – catholique, lui – de se plaindre de l'impossibilité, dans un office orthodoxe, de chanter lorsque l'on n'est pas membre du chœur !

Cette revendication, que je n'ai jamais entendue de la part d'un orthodoxe (certains ont réglé le problème en s'autorisant à chanter « en douce ») est compréhensible venant de fidèles catholiques participant à des offices dans lesquels un meneur de chant ad hoc entonne les mélodies en s'aidant d'un instrument de musique, invitant ainsi les fidèles à participer au chant. Dans ce système, l'habitude est au chant monodique (les harmonisations étant exécutées par un instrument) alors que les offices orthodoxes de tradition russe impliquent le plus souvent la polyphonie.... Suite OLTR

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Commentaires (4)
1. Vladimir.G: Il convient d’offrir à Dieu ce qu’il y a de meilleur, le 03/03/2018 18:07
De même que l’icône représente un monde transfiguré par Dieu, de même la beauté du chant liturgique n’est pas de ce monde: elle porte en elle le reflet du ciel, la nostalgie du paradis perdu, la joie ineffable de ceux qui ont goûté aux consolations célestes.
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Le chant liturgique, louange de Dieu, est complémentaire de l’icône et il tient une très grande place dans la liturgie.

"Le Chant liturgique orthodoxe" in "Cinq lecons sur l'orthodoxie", pèreGuy Fontaine, responsable(s) : Boris Bobrinskoy, Desclée De Brouwer , (février 2015)
"Il convient d’offrir à Dieu ce qu’il y a de meilleur, Lui rendant liturgiquement les dons qu’il nous a faits. La même raison d’ailleurs explique pourquoi dans les Églises orthodoxes, et selon les recommandations canoniques des conciles (notamment le concile in Trullo), le chant n’est pas assuré par tous mais par un petit nombre de fidèles compétents qui sont en la matière le meilleur de la communauté tout en représentant celle-ci dans sa totalité." L’auteur ne manque d’ailleurs pas de le remarquer par la suite, ajoutant que la compétence du chantre n’est pas seulement technique, mais aussi et surtout charismatique.

Michel Quenot, Art vocal sacré et théologie. Saints hymnographes et mélodes byzantins, Éditions Orthdruk, Bialystok (Pologne), 2017. Recension par Jean-Claude Larchet sur https://orthodoxie.com/recension-michel-quenot-art-vocal-sacre-theologie-saints-hymnographes-melodes-byzantins/
2. Nicodème le 05/03/2018 08:49
Sauf que , ds la pratique , on se permet d'inviter n'importe quelle casserole à venir . En outre , si vous êtes chrismé et vacciné , vous avez tous les droits , par exemple , pour un prétendu ténor ,mais apprenti clerc , celui de chanter la partie d'alto ds son registre d'homme , ce qui détruit passablement l'harmonie , tandis que si vous ne l'êtes pas et que , pourtant , vous avez plus de 30 ans d'expérience polyphonique , que vous lisez la musique , que vous travaillez le chant depuis des années ds une école de musique avec de bons profs de chant , vous n'avez que le droit de la fermer . Chose vécue . Quant au monde kto , d'abord , la plupart de temps , les pièces sont éxécutées au moins 1 tierce en dessous de la tonalité souhaitée par le compositeur , tellement on a peur de faire sortir les aigus , que les gens ne sortiront d'ailleurs pas , parce qu'ils ont honte , et ensuite , le tempo est toujours beaucoup plus lent que prévu , parce que ces gens n'ont pas la joie intérieure qui permet d'exprimer l'être intérieur par un allant et un rythme adéquat .Le fait que le , ou, plutôt la , ds 95% des cas , meneur soit passablement incompétent , n'arrange pas les choses . Je reviens aux zorthos : il y a aussi la pratique du lutrin central qui empêche la lecture dès qu'on est un peu myope , outre le fait que tout le monde se gêne . C'est d'une stupidité sans nom . Au nom de la "tradition" ! j'au vu une dame , à La Servagère , il y a 30 ans environ , nous expliquer que les neumes , c'était la "tradition" de l'Eglise . En somme , la notation (et l'harmonie) avait fait des progrès extraordinaires depuis le Haut Moyen-Age , mais non , il fallait en rester à une notation primitive . Des gens qui chantent faux , en plus . J'ai vu un gars qui était incapable de dépasser le médium , et , en outre , chantait faux , être finalement ordonné prêtre alors qu'il n'avait fait aucun progrès . C'est grave . C'est comme pour les instit . Le chant est une discipline fondamentale . Car , il est de nature divine (sauf le metal , le rap et toutes ces saloperies bien entendu) . Comment voulez-vous avoir une belle liturgie qui , en parlant aux sens , parle au cœur , si les clercs chantent faux ? Et le "chœur" itou ? Enfin , moi , maintenant , tout cela est derrière moi . On m'a dit lorsque je suis arrivé : "C'est le ciel qui vous envoie!" J'étais le seul ténor , avec un vrai registre de ténor , et avec une culture vocale correcte . Ben maintenant on m'a repris . Le Malin , peut-être . C'est bien possible . Toujours est-il que j'ai décidé de cesser de souffrir en n'y allant plus . Ni nulle part d'ailleurs . D'où mon retour vers l'agnosticisme . Mais , que ce soit chez les zorthos ou chez les ktos , non seulement on ne se soucie pas de ceux qui s'en vont , mais au contraire on s'en réjouit . Inutile de se demander pourquoi le christianisme , loin de "commencer" comme l'avait cru Alexandre Men , n'en finit pas de mourir . Et comme ça ne va pas assez vite , la soumisison bisounoursesque aux barbares parachève le travail .
3. Théophile le 05/03/2018 15:31
@ Nicodème

Ne vous laissez pas abattre par la déception liée à votre expérience personnelle. La liturgie est au fond bien plus que la beauté des chants.
Et si, c'est vrai, il y a beaucoup de médiocrité en chacun de nous, il ne faut pas voir que cela, sinon vous allez tomber dans le découragement le plus total.
Au fond, vous avez un tempérament mystique.
4. Vladimir.G: rechercher la bonne paroisse le 05/03/2018 17:54
Bien cher Nicodème,

Vous n'avez vraiment pas de chance si vous n'avez jamais rencontré que des paroisse où le chant est médiocre. Il est vrai qu'il y en a quelques unes, mais on peut généralement les éviter en cherchant un peu: dans la plupart des cas que je connais, le chant est au moins honnête et il y a des églises,même chez nous, où il est réellement magnifique (j'en connais plusieurs à Paris, une à Lyon...). À Moscou et St Petersbourg, la question est réglée différemment, puisqu'il s'agit de choriste professionnels rémunérés; en revanche dans les villages les chœurs n'ont souvent rien d'extraordinaire...
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