Qu'est ce qui ne va pas entre Rome et Moscou?

Vladimir Golovanow

Qu'est ce qui ne va pas entre Rome et Moscou?
Par Jean-Marie Guénois
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Coup de froid entre le Saint-Siège et le Patriarcat orthodoxe de Moscou. Ce n'est pas le premier accroc mais la réunion de la commission mixte internationale qui vient de se conclure à Vienne a déçu. Vue de Moscou, elle n'a produit « aucune avancée significative. »
Dans cette commission, catholiques et orthodoxes travaillent sur la notion clé de la «primauté» pontificale. En clair : Le pape a-t-il une prérogative sur les patriarches orthodoxes, qui sont, eux aussi, des chefs d'Eglise chrétienne ? Si oui, laquelle ? Et comment s'exerce-t-elle ?
L'enjeu étant de définir, pour l'avenir, un mode de gouvernance, entre grandes Eglises chrétiennes. Tout en gardant leur identité, elles pourraient reconnaître cette primauté. Et donc accorder, au pape, une certaine autorité. En échange, celui-ci devrait partager davantage ses décisions.


Pour réfléchir, la commission composée de théologiens et d'historiens revisite le premier millénaire. Elle cherche à comprendre, comment, à l'époque, les décisions pouvaient se prendre. Une sorte d'état des lieux des pratiques en cours jusqu'en 1054, quand les chrétiens étaient unis.
Lors d'une précédente rencontre à Ravenne en 2007 les orthodoxes avaient reconnu (1) qu'en cas de litiges théologiques sérieux dans les premiers siècles de l'Eglise c'est à Rome que l'on venait, en dernier ressort, chercher un arbitrage.
Ce consensus sur le rôle du pape avait été salué comme une avancée importante dans le dialogue œcuménique. Mais les orthodoxes reviennent aujourd'hui sur cette lecture pour rappeler deux choses : cette autorité du pape de Rome, même à l'époque, « ne s'appliquait pas à l'Est » ; elle allait de pair avec la « synodalité », c'est-à-dire, une culture de la prise de décision collective avec les évêques. (2)
C'est ce qui se pratique dans les Eglises orthodoxes.
Les Patriarches sont liés à leur synode composé d'évêques : pour leur propre élection et pour toute décision importante.
Au-delà de son aspect technique, le grand intérêt de ce différend est ce qu'il cache : aussi spirituelle soit-elle, l'unité des chrétiens, au moins entre catholiques et orthodoxes, dépendra notoirement d'une vision commune de la gestion du pouvoir.
Or, deux philosophie de l'organisation s'opposent : l'une latine, centralisée et pyramidale ; l'autre orientale, décentralisée et plus collective.
Ce problème est universel. Mais, de nature culturelle, pourra-t-il se résoudre ? (3)

Commentaires de V. GOLOVANOW pour "P.O."

(1) Aucune Église orthodoxe n'a accepté le document de Ravenne à ma connaissance et le patriarcat de Moscou l'a officiellement rejeté car, en parlant de l'autorité des conciles œcuméniques (paragraphe 39), ce document établit "un parallélisme entre la "communion avec Rome" pour les Eglises locales d'Occident et la "communion avec Constantinople" pour les Eglises orthodoxes" (Mgr Hilarion de Volokolamsk le 22/10/2007), formulation à laquelle les représentants russes s'étaient vivement opposés à Belgrade en septembre 2006 mais qui avait été maintenue dans le document final en profitant de leur absence. Il est bien claire que ce point ne concerne pas le rôle du Pape dont parle Jean-Marie Guénois et ce qu'il dit me semble bien résumer le situation.

(2) Prise de position de l'Église russe à la conférence de Vienne: "Le 'document de Crète' est exclusivement historique et, parlant du rôle de l’évêque de Rome, il ne fait presque pas mention des évêques des autres Églises locales au cours du premier millénaire, donnant ainsi une image erronée de la répartition des pouvoirs dans l’Église primitive. De plus ce document n’affirme pas clairement que la juridiction de l’évêque de Rome ne s’étendait pas à l'orient pendant le premier millénaire. Il est à espérer que ces erreurs et omissions soient corrigées lors d’une révision du texte". En conséquence, la délégation russe a demandé et obtenu que le texte de Crète ne soit pas retenu parmi les documents officiels de la commission, qu’il ne porte la signature d’aucun de ses membres et qu’il soit simplement utilisé comme instrument de travail pour une nouvelle réécriture plus attentive aux aspects théologiques de la question. Et les participants ont convenu de constituer "une sous-commission chargée d’examiner les aspects théologiques et ecclésiologiques de la primauté par rapport à la synodalité". (Métropolite Hilarion de Volokolamsk, chef de la délégation du patriarcat de Moscou, dans une note publiée sur le site web du patriarcat).

PS: photo : Reuter. Qui peut identifier cette belle église?


Commentaires (30)
1. Marie Genko le 09/11/2010 10:37

-L'évêque de Rome acceptera-t-il, ou pas, de restreindre son autorité directe aux limites du patriarcat romain de jadis?
-Acceptera-t-il de revoir les ajouts dogmatiques faits par les catholiques au cours du second millénaire dans des conciles redevenus universels dans leur représentativité chrétienne?
(je veux parler des tous les évêques de la chrétienté)
-Et acceptera-t-il enfin que ce soit, selon la tradition de l'Église, le consensus des prélats qui soit seul autorisé à promulguer un nouveau dogme?

Voilà trois conditions qui demanderont beaucoup de Foi et d'humilité au Saint Père de Rome.

Mais c'est l'unité des chrétiens qui est à ce prix!

Et accepter de revisiter, unis dans notre prière à l'Esprit Saint, les ajouts du second millénaire, n'est-ce pas une certitude d'accomplir tous ensemble la volonté de notre Père dans le ciel?
2. Tchetnik le 09/11/2010 15:30
N'allons pas trop vite.

On peut, et on doit même se reconnaitre et se respecter, dans nos héritages communs et nos enjeux. De nombreux Chrétiens d'autres églises peuvent vivre le sens de Salut et de Sainteté de façon parfaitement orthodoxe, même s'ils n'en sont pas conscients. De plus, face au sécularisme antiChrétien actuel et au danger qu'il fait courrir pour le Salut de nos enfants, un témoignage commun est non seulement utile mais nécessaire.
Ce sans pourtant fermer les yeux sur les différences de dogmes et d'enseignements réelles qui nous séparent, et sans faire de relativisme sentimental.

Sans doute serait-il plus profitable de bien se consentrer sur ce qu'il est possible de faire ensemble aujourd'hui sur les domaines d'action qui peuvent effectivement être communs sans poser de problème de mise en péril de nos fidélités respectives, et de laisser de côté un aspect dogmatique qui, dans sa recherche, mêne forcément à une idéologie de compromis qui est non seulement contraire à la notion même de Vérité, mais ne satisfait personne.

3. vladimir le 09/11/2010 18:02
Je ne cris pas que, à aucun niveau, il soit question de "compromis" ou de "juste milieu". Au contraire, et les derniers développements du dialogue théologique le démontrent, il faut trouver ensemble la Vérité des Pères dans son acception la plus complète et la plus totale possible.
Je pense que c'est là le but du débat théologique dans son sens premier: connaitre Dieu. Et ce sont ces débats, surtout quand il y a désaccord, qui nous permettent de progresser: par exemple St Marc n'aurait sans doute par développé sa doctrine de la procession du Saint Esprit s'il ne s'était pas confronté au débat sur le "filioque"
4. Marie Genko le 09/11/2010 18:50

Cher Tchetnik,

Vous avez cent fois raison, nous devons tous nous respecter nous aimer et témoigner ensemble !
Mais combien ce témoignage serait plus percutant, plus puissant, plus christique enfin, si nous avions tous la même foi!
Et lorsque je dis la même foi, il n'est pas question dans mon esprit d'uniformiser les Églises!
Que chacun conserve ses traditions et ses prières!
Mais une réelle volonté d'avancer vers l'unité, cette unité de Foi qui fera de nous des témoins authentiques de la Parole du Christ, des témoins réellement habités par la lumière de l'Esprit Saint,cette unité là doit se faire sur une base de foi commune, celle de la foi des sept premiers conciles!
Car cette foi est la seule a avoir été promulguée par l'Église réunie dans l'universalité de ses représentants.
Le jour où nous serons unis dans la foi, ce jour là nous serons réellement respectables et crédibles aux yeux des musulmans et des autres confessions.

5. Daniel le 09/11/2010 20:30
@ Vladimir, message 3. Vous dites : "il faut trouver ensemble la Vérité des Pères dans son acception la plus complète et la plus totale possible. "

Cette vérité n'a jamais été perdue, n'a nul besoin d'être trouvée ensemble car elle est dans sa plénitude dans l'église orthodoxe.
6. vladimir le 09/11/2010 21:49
@Daniel
Donc, d'après vous, il n'y a rien de neuf dans ce qu'écrit St Marc d'Éphèse? Il ne fait que rabâcher des choses archi-connues?
Permettez moi de ne pas être d'accord: la Vérité totale n'est connue que du Seigneur, qui est seul omniscient. Nos esprits corrompus ne peuvent en percevoir que les reflets qu'Il nous découvre, en particulier par les prophètes et les Pères. Il n'en reste pas moins que même là, nous n'avons pas fini de de tout comprendre... Et c'est toujours grâce à la contradiction que nos dogmes se sont clarifiés: St Marc a fait progresser notre compréhension des relations entre les Personnes de la Trinité grâce à son débat avec Jean de Raguse; les erreurs de celui-ci ont provoqué l'énoncé des vérités par St Marc...
7. Tchetnik le 09/11/2010 22:45
Mais disons que le but de ces discussions n,est pas de "chercher un compromis", mais de trouver quels dogmes, enseignements et usages étaient bien ceux de l'Église indivise (laquelle avait tout de même quelques hauts et bas dans ses relations interculturelles, mais c'est normal, rien d'alarmant).

Une unité n,est forte que si elle est cohérente, donc fondée sur la vérité et la bonne Foi, pas sur un compromis branlant.
8. Fabre le 10/11/2010 07:40
des compromis, même un seul compromis n'est plus la foi de l'Eglise, en cela pas d'unité possible...et bien sur, tout n'a pas été dit ! comme le dit Vladimir, mais ce qui a été dit doit est déjà vérité en l'orthodoxie (sauf quelques réserves...comme les péages, l'apocatastase etc...à vérifier;..)et déjà être l'expression d'une seule et même foi, sans compromis ni compromission
9. François le 11/11/2010 12:40
j'ai deux questions, que je pause à tous.

Je suis catholique, et bien sûr l'unité des chrétiens me tient à coeur. Evidemment, elle ne peut se faire que dans la communion au même Seigneur, Lui qui est la Vérité. Je cherche donc la Vérité, pas le mienne, mais Lui qui est cette Vérité.

Première question, quelle sont les principales erreurs des catholiques, et pourquoi ? Je ne demande qu'à être éclairé, je crois pouvoir accepté la vérité, si elle se présente à moi.

Deuxième question, il y a dans l'Evangile et dans les acte des apôtres un certain nombre de passage où (pour nous catholiques) il paraît clair que Saint Pierre à une place spéciale parmi les apôtres. Je dis spéciale, et non pas forcément supérieure, à dessein. Quelle interprétation faîtes-vous, par exemple, du passage de Matthieu 16, 18-19 ? Pour ne citer que celui-là.
10. Fabre le 11/11/2010 15:40
à François :
d'abord, le pape de Rome dit détenir son siège du siège de Saint Pierre, or saint Pierre n'a jamais été évêque de Rome, il en était déjà un; ensuite la profession de foi de saint Pierre fait dire au Seigneur "...sur cette pierre je bâtirai mon Eglise..." il ne s'agit pas de la personne de Pierre mais de ce qu'il a dit qui est la pierre, sa profession de foi qui est le fondement de l'Eglise..
ensuite aucun pape, évêque, prêtre ne peut -être infaillible, le pape de Rome se déclare infaillible.
ensuite le fillioque; nous disons le Saint Esprit issu du Père, qui procède du Père .POINT donc, les KTOS ajoutent et du Fils ce qui subordonne le Saint Esprit au Fils or en la Très Sainte Trinite aucune des personne n'est subordonnée à l'Autre même pas le Fils au Père mais le Père reste le Principe des Deux autres personnes ( à expliquer le Principe, mais c'est long).
ensuite pour nous la très Sainte Vierge était sous le "péché d'Adam comme toute l'humanité, (aussi nous ne sommes pas coupables du péché d'Adam mais nous en héritons les conséquences) elle pouvait pécher et était mortelle.. mais choisissait de ne pas pécher, pour vous elle n'était pas mortelle et ne pouvait pécher, or que ce qui est assumé est sauvé dit saint Irénée, donc il fallait que Marie soit véritablement humaine et non une super -humaine différente de nous...
ensuite pour nous pas de purgatoire ni de limbes pour les bébés etc...
à suivre................
11. François le 11/11/2010 18:31
à Fabre :
sur le premier point : il était évêque, mais d'où, quelle était sa fonction ?
sur le deuxième, il ne faut pas se méprendre, je ne vais pas développer, l'infaillibilité est d'abord celle de l'Eglise, et le Pape n'est reconnu l'avoir uniquement dans certaine condition, et sur certains sujets. Une question, connaissez-vous bien la doctrine de l'infaillibilité, ou ce que l'on vous en a dit ?
En ce qui concerne le filioque, je ne suis pas théologien, juste une question, la formulation du Père par le Fils vous semble-t-elle plus juste ? Je sans comme des insuffisance, j'aurai besoin d'un cours de théologie trinitaire orthodoxe. Je ne suis pas si sur qu'il y ai plus qu'un malentendu (un ami m'a dis que le filioque ne signifiait pas la même chose pour les deux parties. Dès lors, normal qu'il y ait incompréhension).
Sur la Vierge Marie, vous prêtez des croyances au catholique qu'ils n'ont pas. Bien sûr elle pouvait pécher, bien sûr elle était mortelle. Elle pouvait péché, étant libre, mais pour les catholiques, elle n'avait pas cette souillure qui pousse au péché. En d'autre terme, elle avait la disposition de coeur pour accueillir pleinement Dieu. Et ce par grâce. Mais elle aurait très bien pu pécher, ça je suis d'accord. Et avouez qu'elle à été particulièrement, et d'une façon unique, associée à l'oeuvre de Dieu. Pour nous c'est le modèle par excéllence de l'humanité sauvée, de la sainteté. Pas un être fondamentalement différent de nous.
Dernier point, les limbes ont été une hypothèse , liée au purgatoire, elle est abandonnée aujourd'hui.
Quand au purgatoire, j'aimerai savoir comment vous le comprenez (ainsi que l'enfer et le paradis)

J'espère que ce que j'ai écris permettra; au moins, de savoir que, entre ce que vous prêtez aux catholiques de croire, et ce qu'ils croient réellement, il peut y avoir un écart.

et la suite m'intéresse
12. Fabre le 11/11/2010 20:13
j'ai écrit que saint Pierre n'était pas Evêque ! ....mais apôtre
je regrette ami, avant j'étais Kto et j'ai aussi fait théologie Kto, immaculée conception pour la Sainte Vierge, cela vous dit quelque chose ??!
chez nous m^me une décision synodale si pas accepté par le peuple, reste nulle et sans effet !
je vois comme sur un autre forum orthodoxe que vous cherchez plus a pinaiilllllller qu'a approfondir votre spiritualité, la foi n'est pas intellectuelle et en cela les discours ne m'enchantent pas
le purgatoire n'existe pas pour nous donc il n'y a rien à comprendre !
allez demeurez avec vos certitudes....et coupant les cheveux en quatre nous n'irons pas loin...je vous ai dit des pistes, je ne me trouve pas à vous enseigner, d'autres le feront bien mieux que moi ! que Dieu vous bénisse ! et qu'Il vous et m' illumine de Sa Vérité et de Son Amour ! et après nous marcherons vous et moi en joie ensemble ! désolé mais vraiment je n'ai pas l'étoffe d'un enseignant ! ni l'intelligence et la connaissance, juste je livre ce que je crois et sais...c'est peu : Daniel



13. Fabre le 11/11/2010 20:15
ah oui : " il en était déjà un " veut dire : il y en avait déjà un !
14. Marie Genko le 11/11/2010 20:22

Cher François,

Croyez bien que cette Unité nous la souhaitons tous, car nous sommes conscients de la faiblesse du témoignage chrétien hors de l'Unité voulue par le Christ lui-même.
Pour mieux vous expliquer nos différences actuelles, il me semble nécessaire de rappeler qu'il
faut aussi tenir compte des deux approches orientales et occidentales qui divergent dans l'organisation dune Église, hiérarchisée de façon centralisée et pyramidale en Occident et organisée de façon beaucoup plus conciliaire, ou collégiale, en Orient.
En Occident une approche rationnelle exige des formules rationnelles (École d'Athènes si je ne m'abuse) A l'inverse l'Église d'Orient s'inspire davantage de l'École de Jérusalem, qui privilégie une démarche plus spirituelle.
Les orientaux sont conscients que leur connaissance de Dieu est en enfance et que bien des choses sont toujours un Mystère.
Pour nous, c'est l'assemblée de tous les évêques de l'Église dans son universalité, qui est directement inspirée par l'Esprit Saint, comme le furent jadis les apôtres.
Le drame de la chrétienté est que l'Église d'Occident a continué a tenir des conciles et à promulguer des dogmes sans la présence des évêques orientaux.
Ces nouveaux dogmes pour être acceptés par les orientaux exigeraient d'être discutés à nouveau par des conciles réunissant tous les évêques de l'Église chrétienne!
Afin que nous ayons la certitude que l'Esprit Saint descende à nouveau sur son Église réunie dans toute son universalité.
Ainsi en était-il durant les sept premiers conciles de l'Histoire de la chrétienté, ainsi devra-t-il en être dans le futur pour manifester la volonté de tous de vivre à nouveau dans l'Unité.
Car l'hérésie est un mal bien pire que le péché!
L'hérésie éloigne le chrétien de la Vérité du Christ.
Elle vide les églises finit par tuer la foi elle-même.
Voilà pourquoi nous devons avant tout privilégier la certitude d'avancer tous ensemble dans la Vérité. Celle qui a aussi été celle des Occidentaux durant le premier millénaire.


15. vladimir le 11/11/2010 22:33
Bien cher François,

Peut être un début de réponse sur ce blog
16. Marie Genko le 12/11/2010 10:05
Cher Vladimir,

Merci d'avoir mis le lien de Saint Materne en ligne.
Pour ceux qui n'auraient pas le temps, ou le courage, de lire tout ce qui y figure, je souhaite reproduire ici la conclusion du Père Andrew Philipps:

"Nous rentrons dans l'Église et nous restons dans l'Église afin de sauver nos âmes, et rien d'autre. L'Église n'est pas un loisir, un jeu, un intérêt privé, un prétexte, ou même une communauté. C'est le Salut de nos âmes. Nous y réussissons en étant d'abord nous-mêmes et ensuite en étant le meilleur de nous-mêmes. S'il y a quoique ce soit d'autre, tout cela est secondaire. Nous ne devons jamais perdre cela de vue. Si nous le faisons, alors nous nous trompons et nous sommes sur la voie pour quitter l'Église.
Afin de sauver nos âmes, nous devons d'abord nous connaître nous-mêmes, recherchant et découvrant nos propres fautes, péchés et défauts. Ensuite, nous devons les prendre à bras le corps et les combattre, mais progressivement et en douceur, et commencer à les dompter, et ne jamais laisser tomber ce combat. Nous saurons que nous ne sommes pas occupés à cela à chaque fois que nous commencerons à nous occuper des fautes des autres. Si notre fierté personnelle est blessée au cours de la vie ecclésiale, Dieu merci. C'est pour ça que nous y sommes, pour devenir humble."

Je ne peux que recommander de lire en entier le récit du Père Andrew Phillips, car il relate bien la petitesse à laquelle il a été confronté dans sa vie de converti!
Et l'exemple de son assiduité et de sa persévérance est un enseignement pour chacun d'entre nous.

17. vladimir le 12/11/2010 10:53
Merci Maroucia,
Je suis bien d'accord avec vous!

Et @François pour continuer: je considère votre quête comme très intéressante et importante et je suis intéressé à ce dialogue. Toutefois, les questions que vous posez ont donné lieu à plusieurs centaines d'ouvrages depuis 1000 ans: il y a de quoi remplir une bonne bibliothèque et il est donc impossible d'y apporter même un début de réponse satisfaisante dans le cadre d'un post. Si vous souhaitez vraiment aller plus loin, je vous suggère de lire l'ouvrage de Mgr Kallistos (Ware) de Diacletia: "L'Orthodoxie : L'Eglise des sept Conciles." (Cerf). C'est une excellente initiation à l'Orthodoxie. Il aborde exactement toutes les questions que vous posez et ce en référence au dialogue œcuménique. Vous aurez vraiment un début de réponse que vous pourrez approfondir.

Par ailleurs certaines de ces questions ont déjà fait l'objet de débats sur ce forum et je suis en particulier l'initiateur de deux d'entre eux:
http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/La-primaute-chez-les-orthodoxes-a-travers-le-dialogue-catholique-orthodoxe_a223.html
et ci-dessous (il y a aussi d'autres fils qui en traitent: vous pouvez chercher par mots clés...)

Si vous voulez réagir et relancer - n'hésitez pas à le faire sur chaque fil. Personnellement je vous répondrai. De toute façon continuez à chercher et à questionner: vous trouverez et on vous répondra dit l'Évangile!

Et, en tant que catholique, pourriez-vous me dire ce que vous pensez de la présentation que je fais ci-dessus des positions de votre Église? Les ressentez vous aussi comme cela? Les ressent-on comme cela autour de vous?

Merci encore de votre intérêt. Je compte sur la poursuite de votre participation!

18. François le 12/11/2010 11:39
à Fabre : ne vous méprenez pas, je ne vais pas entrer dans des discutions stérile, ce que je veux, c'est mieux connaitre la foi des orthodoxes, parce que actuellement je n'ai que des préjugés, vrai ou faux, et j'ai tendance à penser que ça pourrai être là même chose de l'autre côté, que vous orthodoxe vous avez aussi des préjugés - certains peuvent être vrai, d'autres faux. Il ne peut pas y avoir de dialogue sur des préjugés. Mieux vaut une franche opposition qu'un malentendu, à mon sens.
Je ne vais donc pas pinailler. Je ne vous demande qu'une chose, éclairer moi un peu plus sur ce qu'enseigne l'Eglise orthodoxe.
J'ai quant même une question, comment comprenez vous l'idée de purgatoire ?

à Marie : merci de votre réponse. Je crois personnellement que l'on à deux visions complémentaires de la même chose. Il est déplorable pour nous d'être divisé, cela réduit tellement notre témoignage. Mais la vérité existe, prions pour que Dieu nous éclaire, l'unité ne peut venir que de Lui.
19. Irénée le 12/11/2010 13:36
@François...et les autres !
Permettez-moi de rappeler le lien avec l'intégralité de l'ouvrage du métropolite Hilarion "Le mystère de la Foi" qui répond à la plupart des questions que vous vous posez sur la vision orthodoxe :
http://fr.hilarion.orthodoxia.org/5_2
J'ajouterais que la découverte de l'orthodoxie chrétienne ne peut pas se faire exclusivement à partir de lecture ou de discussions en ligne. Il s'agit d'une rencontre personnelle, d'une expérience...je crois enfin pouvoir dire que la phrase de l'évangile "Viens et vois" s'applique particulièrement bien à l'Eglise orthodoxe.
20. vladimir le 12/11/2010 15:26
Merci pour ce rappel à l'essentiel de l'Orthodoxie!

Toutefois cette synthèse dogmatique s’adresse plutôt à un lecteur déjà familier de la tradition orthodoxe et qui voudrait approfondir ses connaissances et les systématiser, alors que le livre de Mgr Kallistos Ware me semble plus adapté pour quelqu'un souhaitant s’initier à l’orthodoxie comme François. En particulier, ce livre traite expressément les questions posées par François contrairement à celui de Mgr Hilarion.

Entièrement d'accord aussi avec "Viens et vois": un très grand nombre a d'abord connu l'Orthodoxie en participant à une liturgie: que ce soit les envoyés du prince Vladimir, au Xe siècle, ou Mgr Kallistos (cf. lien).
21. Fabre le 12/11/2010 15:38
oui François, pour ma part j'ai progressé ....d'erreurs en erreurs pendant très longtemps mais je ne sais plus qui a dit : " Dieu écrit Droit avec nos lignes (vies, recherches etc...) courbes.." allez ! en prière avec vous et que Le "Vent Divin" vous soit favorable !
22. Tchetnik le 12/11/2010 16:31
@François

Disons pour simplifier un peu que nous sommes "catholiques" comme on l'était avant le XIième siècle. notre compréhension de la réalité Divine et du sens de Salut et de Sainteté qu'elle donne à la vie s'incarne dans des dogmes et enseignements qui étaient reconnus pratiqués et même générés par le monde Latin comme par le monde Grec et Syriaque.

Ce que je vais dire sur la primauté n'engage que moi. Il s,agit d'une opinion que beaucoup d'Orthodoxes pourront ne pas partager. Je ne parle pas au nom de l'Église entière:

Saint Pierre, dans les évangiles comme dans les Actes avait effectivement un ascendant sur les autres Apôtres, une position de frère ainé en quelque sorte. Quand Saint Jean le laisse entrer dans le Tombeau avant lui, ou quand le Christ lui donne le pouvoir de lier et de délier avant les autres Apôtres...Mais ce pouvoir n'était pas celui d'un père. Il ne représentait pas une autorité absolue et directe sur les autres Apôtres, ni une exclusivité de la détention de la Grâce et de la Vérité. Saint Pierre à reçu en premier des prérogatives qu'l n'a pas reçu en exclusivité. Quand il fallut aller évangéliser la Palestine, il est dit que "les Apôtres y envoyèrent pierre et jean". Lors de l'assemblée de Jérusalem, le point de vue de Pierre (qui fut enguelé par paul et qui changea d'a vis d,ailleurs) joua effectivement un rôle important, mais il ne fit pas la décision de l'assemblée à lui tout seul.

Dans cette perspective, une reconnaissance d,une certaine forme de primauté est possible, mais pas telle qu'elle s'affirme depuis Grégoire VII en particulier.

Nous n'acceptons pas l'mmaculée Conception car elle permet une possibilité de Salut avant l'Incarnation et rend cette dernière sans objet. Le Christ, pour transfigurer notre nature, a du lIncarner avec sa déchéance, même s'IL était Lui même sans péché. De plus, ce dogme (Jean Dun Scott) ôte à la Sainte Mère de Dieu toute possibilité d'accepter ou de refuser sa mission, d'exercer la capacité d'action propre à l'image Divine.

Le purgatoire est refusé aussi car il laisse une possibilité de jugement avant le jugement, et rien, dans la Sainte Écriture ni chez les Pères (Grecs comme Latins) ne laisse supposer son acceptation. En revanche on est persuadé que la misericorde de Dieu, aiguillonée par les prières d'intercession des Saints et des Chrétiens encore sur cette terre peut effectivement améliorer le sort des défunts.

Ajoutons à cela la discussion sur le Filioque , qui part d'une interprétation un peu déformée de la lecture de Saint Augustin, ainsi que de la déclaration du Concile de Tolède en 589 (déclaration interpretée ensuite de façon un peu excessive elle aussi). Charlemagne, qui voulait se distinguer doctrinalement de Byzance pour justifier son nouveau titre, souhaita l'imposer dans sa messe de couronnement impérial le 25/12/8oo. Mais le Pape Léon III refusa catégoriquement et fit graver le Symbole de foi en grec et en latin sur des plaques d'argent, SANS le Filioque. Le concile de 879, tenu suite à la qurelle de Photios, avait d'ailleurs interdit (avec le concours de légats du pape), toute innovation dans le Symbole de foi. Hélas, en 1014, lors de son couronnement l'Empereur germanique Henri II l'imposa au Pape Benoit VIII qui l'accepta.

Ces différences sont réelles et on ne doit pas les relativiser, mais n,empêchent certainement pas à l'héritage cathoolique de conserver ces vérités, même entachées d'erreurs , ni à de très nombreux Catholiques de comprendre le Christ de façon parfaitement Orthodoxe (même s'ils n,en ont pas conscience) et de mener une vie juste et vertueuse que Dieu peut reconnaitre en elle même.

Bonne continuation. Dieu demande beaucoup de fidélité à la Vérité, mais sait aussi reconnaitre les hommes de bonne volonté, ou qu'ils soient.
23. Tchetnik le 12/11/2010 18:15
J'en profite pour plussoyer le conseil de Vladimir sur le livre de mgr KALLISTOS WARE "L'ORTHODOXIE, L'ÉGLSIE DES SEPT CONCILES" (Ed le Cerf??).

Ce livre est dense mais très complet et se lit très bien. Exprimant des choses compexes et profondes dans un vocabulaire simple, il est beaucoup plus compréhensible que certains autres.
24. François le 12/11/2010 19:37
à Tchetnik :

merci pour ces précisions. Je vous retourne le compliment s'il en est, les orthodoxes aussi sont parfois des catholiques qui s'ignorent...

J'ai lu presque en intégralité le lien proposé, une présentation de la foi par Mgr Hilarion (convient-il de dire Monseigneur pour un orthodoxe ?), si je ne savais qui est sont auteurs, et à 2-3 détails près, je dirai que c'est un catholique qui l'a écrit.

Pour la question de la primauté, je suis d'accord. Juste une question (qui est en faite le problème que nous rencontrons, catholiques et orthodoxes), quelle rôle, quel contenu, quelle place donner à cette primauté, comment l'accorder au reste ? Je n'ai pas de réponse, je sais juste que à titre personnel, la thèse maximale (Un super évêque qui serait une sorte d'empereur) et la thèse minimale (une simple primauté d'honneur, sans contenu) ne me satisfont pas.
Ce qui ne m'empêche pas d'être particulièrement attaché au pape, encore plus à celui-ci.

Sur l'Immaculée Conception, il est claire qu'elle n'est pas possible sans l'Incarnation. Elle n'ouvre pas une possibilité de salut sans celle-ci. Et elle n'ôte pas la liberté à la Vierge, sinon Adam lui-même, avant sa faute, n'aurai pas eu la liberté de pécher.

Pour le reste je préfère ne pas parler de ce que je ne connais pas assez bien.
Mais les différences me sembles minimes - il ne faut pas les nier ni les taire, pas non plus les exagérer.

Et ne pas oublié que nos divisions ne réjouisse que l'Adversaire.
25. Tchetnik le 12/11/2010 21:44
@François

L'union est une meilleure chose effectivement, mais elle ne peut se faire au prix d'un abandon de la Vérité et de la Fidélité.

Sur la primauté, l'usage qui était pratiqué avant le Schisme parait être un modèle, avec un Pape qui peut servir de président et d'arbitre (donc au dela d,une simple primauté d'honneur, exemple, le rôle du Pape Léon ier au Concile de Chalcédoine, celui d'Adrien Ier au IIième Concile de Nicée), sans pour autant se mettre au dessus de l'institution Conciliaire par laquelle l'universalité de l'Église (donc Sa Vérité) s'exprime.

Il est vrai que les différences sont minimes, mais elles peuvent entrainer certaines différences de compréhension de Dieu et du sens de Salut. L'Homme est il vraiment libre? A-t-il un rôle à jouer dans son Salut ou est il si mauvais que rien sinon la grace peut le sauver...autant de questions qui ont secoué l'Occident Chrétien et qui, pour l,essentiel proviennent d'une déformation de compréhension, parfois très minime.
En tir, quelques dizièmes de milimètres d'écart au départ du coup peuvent faire la différence entre toucher sa cible ou la rater de plusieurs mètres.

Ce qui ne nous empêche pas souvent, et même plus souvent qu'on ne le croit, de nous découvrir une compréhension commune et un vécu commun du sens Chrétien de la vie, de se reconnaitre et de se respecter par la même. Et d,avoir des enjeux et combats similaires sur lesquels nous pouvons offrir un témoignage et une action communs. Ce n'était peut être pas le cas il y a deux siècles, mais ça l'est à mon avis, devenu aujourd'hui. On peut alors se concentrer sur ce que l'on peut faire réellement de manière à promouvoir le Christ, à pratiquer les idéaux de vertus qu'il nous recommande, sans pour autant remettre en cause des dogmes et enseignements qui restent indispensables pour identifier, comprendre et donc vivre le Christianisme.
26. François le 12/11/2010 22:59
à Tchetnik :

Oui, des différences même minimes ne doivent pas être niées, et peuvent être l'occasion de grands écarts à l'arrivé. Si il y a une vraie erreur sur un point essentiel au départ.
27. Fabre le 13/11/2010 08:44
dans l'épisode du tombeau, Saint Jean se tient à l'entrée,, il voit et il sait...., il n'a pas besoin d'un examen plus grand parce que saint jean et de tous les apötres c :"celui que Jésus Aimait"...aussi en raison de son intériorité et sa compréhension, intuitive, spirituelle, théologique plus parfaitement immédiate, de son courage et fidélité (Il est resté avec le Christ jusqu'à la Croix) que tous les autres...tandis que Saint Pierre plus extériorisé, plus " dynamique, plus " frustre" (pas péjoratif), plus impétueux, devait allez plus avant dans le tombeau pour voir et savoir...
28. vladimir le 13/11/2010 10:37
Bien cher François: votre 24
Il est évident "que c'est un catholique qui l'a écrit" (on dit bien Monseigneur, Père et Sa Sainteté chez les orthodoxes), mais un catholique du 1er millénaire. Si Rome renonce à ce qui a été ajouté ensuite (à commencer par la doctrine de l'évolution des dogmes, qui permet tout le reste mentionné dans les différents commentaires!) nous partagerions la même foi et pourrions communier ensemble!
Comme je l'écris sur le poste dédié au dialogue (lien ci-dessous), Rome semble bien mettre de l'eau dans son vin et accepter que ce qui était considéré comme hérésie par les conciles de Lyon, de Trente etc. devienne "légitime diversité" et je serai vraiment intéressé à connaitre votre avis sur ma description des positions catholiques: rendez-vous sur ce fil...

Mais il n'en est pas de même pour les Orthodoxes comme je l'explique dans mon prochain article.

La question du Pape est au cœur du problème: la "Déclaration commune de la Commission théologique orthodoxe-catholique d’Amérique du Nord" le dit très clairement (j'en donne de larges extraits dans le poste sur le filioque indiqué en 17) : "Il ne fait pas de doute que la primauté du pape, avec toutes ses implications, demeure le problème fondamental à l’arrière-plan de toutes les questions de théologie et de pratique qui continuent de diviser nos Communions." et c'est bien pour cela que c'est le sujet dont discute actuellement la Commission mixte, avec les difficultés mentionnées dans l'article ci-dessus...
29. Daniel le 13/11/2010 15:34
La livre de Kallistos Ware est en effet un grand classique "L'Orthodoxie : L'Eglise des sept Conciles." (Cerf), même s'il comporte des erreurs et insuffisance et sur certains points traduit plus l'évolution de la pensée de l'auteur lui-même (il est bon de comparer les différentes éditions) que la pensée orthodoxe elle-même.
30. Hervé Catta le 23/11/2010 18:10
monsieur Golovanov,
j'ai des livres sur la Russie qui m'ont été prêtés par une famille Golovanov; je voudrais bien les leur rendre.
j'habite toujours sur une péniche.
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