Réflexions sur la succession Apostolique

Vladimir Golovanow

"L'Église Une, Sainte et Universelle est l'Église Apostolique. Par le sacerdoce divinement institué, les dons du Saint Esprit sont communiqués aux fidèles. La succession Apostolique de la hiérarchie depuis les saints Apôtres est la base de la communion et de l'unité de la vie de grâce. Se séparer de la sainte hiérarchie c'est se séparer du Saint Esprit, du Christ lui-même. "Suivez tous l'évêque comme Jésus-Christ suit son Père et suivez les prêtres comme les Apôtres. Les diacres, honorez-les comme les commandements de Dieu.

Sans l'évêque, que personne ne fasse rien touchant l'Église. [...] Où sera l'évêque, là doit être le peuple, de même que là où est le Christ, là aussi est l'Église universelle" (s. Ignace d'Antioche. Smyrn. 8) "Principes fondamentaux régissant les relations de l'Eglise orthodoxe russe avec l'hétérodoxie", § 1.9


Une place particulière attribuée par l'Eglise russe à l'Eglise romaine

"C'est un des rares documents, sinon le seul au caractère conciliaire, qui distingue ainsi l'Eglise romaine des autres communautés et lui reconnaît l'attribut principal de l'Eglise du Christ, la succession apostolique, dont l'importance a été soulignée dans les premiers paragraphes du document," soulignait Le métropolite Philarète de Minsk et de Biélorussie dans son commentaire du texte des "Principes fondamentaux régissant les relations de l'Eglise orthodoxe russe avec l'hétérodoxie" (il était le président de la Commission théologique du Saint-Synode chargée de la rédaction du texte)

Dans un débat sur la succession Apostolique, Daniel lui répond:

"Pour ce qui est de la succession apostolique purement mécanique, ils sont nombreux à l'avoir:

- monophysites (coptes, arméniens, etc.)
- nestoriens
-vieux-catholiques
- vieux croyants
- vieux-calendaristes
- vraies églises russes

Les trois derniers ayant par ailleurs une foi parfaitement orthodoxe."

Les Orthodoxes "dissidents"

Daniel donne un début d'explication pour les trois derniers (concernant le dernier, je pense qu'il veut parler des "Vrais Chrétiens Orthodoxes" /V.C.O./): ils ne sont pas "hétérodoxes" et ne sont donc pas concernés par ce documents. Leur succession apostolique des ordinations mérite toutefois d'être éclaircie.

Chez les VCO et vieux-calendaristes elle peut être sujette à caution car leurs prélats et clercs ont été clairement excommuniés et réduits à l'état laïc par les synodes canoniques dont ils faisaient partie avant de faire sécession et ces communautés sont considérées comme schismatiques. Parler ensuite de succession apostolique pour ceux que les excommuniés ont ordonné, en contradiction avec les canons, revient en fait à remettre en question la canonicité des Eglises orthodoxes…Très logiquement les VCO le font; ils ne reconnaissent pas cette canonicité et se considérent chacun comme les "seuls vrais orthodoxes". Il y en a une liste impressionnante – chacun doit pouvoir y trouver le groupe qui lui convient le mieux, mais lorsque des communautés schismatiques rejoignent l'Eglise canonique les ordinations ne sont pas reconduite de façon automatique, en particulier pour les ordinations épiscopales…

Chez le Vieux croyants il ne peut évidement être question que des Vieux-croyants "presbytériens"(popovtsy), les autres n'ayant ni prêtres ni évêques. A l'origine (XVIIe siècle) un seul évêque serait resté fidèle aux vieux rites et ils n'eurent plus d'évêques après sa disparition. Ce n'est qu'au début du XIXe siècle que la principale communauté, basée à Moscou, se mit en quête d'un évêque. En 1846 ils trouvèrent le métropolite grec, Ambroise, qui avait dut fuir son diocèse de Sarajevo (Bosnie) après avoir soutenu une révolte contre les Turcs et résidait au monastère de Belaïa Krinitsa (alors en Autriche-Hongrie, maintenant en Ukraine occidentale); il se rallia à la vieille foi et fut admis par chrismation. (Mon aïeul faisait partie du conseil qui organisa cette opération et il eut maille à partir avec la police de Nicolas I pour "soutien aux schismatiques".) A partir de là la hiérarchie fut restaurée et ce courant s'appela « la hiérarchie de Belaïa Krinitsa ». Il regroupe actuellement la majorité des Vieux-croyants russes et des discussions sont en cours depuis plusieurs années pour une réunification avec l'Eglise russe; les ordinations ne seraient pas remises en cause…

Les hétérodoxes cités

Le dialogue avec les Églises orientales anciennes (préchalcédoniennes) "consiste dorénavant à préciser certaines formules christologiques; le rapprochement de ces «deux familles ecclésiales de tradition orthodoxe orientale» est accéléré par l’importance que chacune de ces deux Églises accorde à la tradition apostolique et patristique" écrit le métropolite Philarète (ibid.) et les " Principes fondamentaux" leur consacrent un chapitre de l'annexe dont voici l'essentiel: "Après étude de l'information relative au développement du dialogue entre l'Église orthodoxe et les Églises orientales orthodoxes (préchalcédoniennes), rendre hommage à l'esprit de fraternité, de compréhension mutuelle et d'effort commun de fidélité à la Tradition apostolique et patristique qui est exprimée par la Commission théologique mixte pour le dialogue entre l'Église orthodoxe et les Églises orientales orthodoxes dans la "Seconde déclaration commune et propositions aux Églises " (Chambésy, Suisse, 1990) … Il faut exprimer l'espoir que les formulations christologiques continueront à être précisées au cours de l'étude des questions de caractère liturgique, pastoral et canonique, de même que les questions concernant le rétablissement de la communion ecclésiale entre les deux familles d'Églises de tradition orthodoxe et orientale".

Je ne voudrais pas extrapoler mais je pense que ce texte reconnait la présence succession Apostolique dans ces Eglises.

Les «Églises des deux conciles» ou « Églises non-éphésiennes » ou encore« Églises pré-éphésiennes » (*) ne sont pas citées dans les "Principes fondamentaux" et je n'ai trouvé aucune information sur leur dialogue avec les Orthodoxes. Leur doctrine ayant pénétré par la Perse en Asie centrale, au Caucase, en Sibérie occidentale et jusqu'à la basse Volga les Coumans ou Polovtses étaient Nestoriens), l'Eglise orthodoxe russe a été en contact avec ces communautés dés le début et reconnaissait leur baptême en cas de mariage mixte (il y a plusieurs cas de mariages princiers dans les chroniques). Ils ont été intégrés à l'Eglise orthodoxe russe au fur et à mesure de l'expansion de l'empire russe et, dans les années 1890, la métropole d'Ourmia (nord de la Perse) de l'Église apostolique assyrienne a rejoint l'Eglise russe en conservant ses ordinations. Il semblerait donc que l'Eglise orthodoxe russe ne considère par les Nestoriens comme hétérodoxes…

On peut aussi souligner que le dialogue interconfessionnel entre "l'Église assyrienne d'Orient", autre Églises des deux conciles, et l'Église catholique a abouti à une « Déclaration christologique commune » signée entre le pape Jean-Paul II et le patriarche Mar Dinkha IV le 11 novembre 1994. Les deux parties reconnaissent dans ce texte les principaux dogmes communs sur la nature du Christ ("Notre Seigneur Jésus Christ est donc vrai Dieu et vrai homme, parfait dans sa divinité et parfait dans son humanité, consubstantiel au Père et consubstantiel à nous en tout, hormis le péché.") et la Mère de Dieu ("L'humanité à laquelle la bienheureuse Vierge Marie a donné naissance a été depuis toujours celle du Fils de Dieu lui-même")… qui sont aussi communs avec les Orthodoxes. Le 20 juillet 2001, le Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens a publié des orientations pour l'admission à l'Eucharistie entre "l'Eglise catholique chaldéenne", qui dépend de Rome, et l'Église assyrienne d'Orient.

*NB: dans "Témoignage Chrétien" - oct. 2010 – J.Anciberro présente "Les Églises d'Orient en un seul (grand) tableau"

Pour les vieux-catholiques, ni le métropolite Philarète ni les "Principes fondamentaux" ne parlent de succession Apostolique. Tout en soulignant "sa riche histoire et son importance théologique" ("vingt textes ont déjà été rédigés et adoptés conjointement ; autant de thèmes théologiques, ecclésiologiques, sotériologiques, y compris les thèmes relatifs à la Mère de Dieu et à certains sacrements."), les "Principes fondamentaux" soulignent les difficultés qui persistent:

"a) le maintien par l'Église vieille-catholique de l'antique pratique de la "communicatio in sacris" avec l'Église d'Angleterre, ainsi que les tendances apparues plus tardivement en Allemagne de "communicatio in sacris" avec l'Église évangélique, qui réduisent l'importance des textes ecclésiologiques communs cosignés; **

b) la difficulté à incarner et à exposer dans toute la vie de l'Église vieille-catholique la théologie des textes communs signés ensemble.


** Notons que la consécration de femmes comme évêques, voire d'homosexuels, dans ces deux obédiences est un fait nouveau qui va certainement entrainer une réévaluation des relations œcuméniques avec elles.

Conclusion

Cette courte excursion dans une question dogmatique importante a pour objet de donner des éléments factuels afin de lancer un débat. Nous voyons bien que l'Eglise russe réserve une place tout à fait particulière à l'Eglise de Rome sur cette question: en suivant l'explication du métropolite Philarète, elle apparaitrait comme faisant partie de " l'Église Apostolique, Une, Sainte et Universelle", conformément à la définition du § 1.9, puisqu'il il y " maintien de la succession apostolique des ordinations. En même temps il apparaît indispensable de prendre en considération le caractère du développement des bases doctrinales et de l'ethos de l'Église catholique romaine qui va assez souvent à l'encontre de la Tradition et de l'expérience spirituelle de l'Église Ancienne." ("Principes fondamentaux régissant les relations de l'Eglise orthodoxe russe avec l'hétérodoxie", annexe, § " Relations avec l'Église catholique romaine"

J'espère que, malgré les vacances, les érudits contributeurs de PO vont accepter de faire part de leurs connaissances… V. Golovanow



Commentaires (17)
1. Daniel le 24/07/2014 13:06
Un peu de confusion dans ce papier, sur lequel je reviendrai donc.
2. Vladimir.G: merci d'avance le 24/07/2014 15:21
Merci d'avance,

Je comptais bien sur vous :-)!
3. Vladimir.G: ""la possibilité pour les orthodoxes de reconnaître l'existence de la succession apostolique chez les anglicans" est remise en cause... le 24/07/2014 22:51

La succession apostolique dans l'Anglicanisme n'est pas mentionnée dans les "Principes fondamentaux", mais le récent communiqué de l'Eglise russe en parle: "la possibilité pour les orthodoxes de reconnaître l'existence de la succession apostolique chez les anglicans" Mais il est évident que tout est remis en cause comme le souligne la conclusion du communiqué: "L'Église orthodoxe russe constate avec regret que la décision, permettant l'élévation des femmes à la dignité épiscopale, entrave considérablement le dialogue entre les orthodoxes et les anglicans qui s’est développé depuis de nombreuses décennies, et contribue à renforcer les divisions dans le monde chrétien dans son ensemble."(lien).

http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Communique-du-departement-des-relations-ecclesiastiques-exterieures-du-Patriarcat-de-Moscou-concernant-la-decision-de-l_a3858.html

4. justine le 26/07/2014 19:19
Je trouve gratuit et prétentieux de vouloir rouvrir ici la discussion sur la question si les hétérodoxes possèdent ou non la succession apostolique.

A moins d'être de sérieux et authentiques théologiens et canonistes, ayant la maitrise de tous les témoignages de l'Eglise sur ce sujet dans toutes les langues et de toutes les époques, il nous sied, à nous autres fideles orthodoxes, de nous en tenir à ce que la Sainte Eglise Orthodoxe a toujours enseignée, à savoir qu' en-dehors d'elle, il ne saurait y avoir de succession apostolique. Et de renoncer à vouloir se montrer "plus sages que nos sages et saints instructeurs".

Ce n'est pas parce que certains exposeraient ici leurs opinions personnelles écumenistes ou tenteraient d'interpréter certains textes à leur manière, toute dilettante, que cela changera quoique ce soit à la position bien fondée et traditionnelle de l'Eglise.
5. Daniel le 27/07/2014 09:12
Je manque vraiment de temps mais je dois relever cetter énorme confusion:

"Leur doctrine ayant pénétré par la Perse en Asie centrale, au Caucase, en Sibérie occidentale et jusqu'à la basse Volga les Coumans ou Polovtses étaient Nestoriens), l'Eglise orthodoxe russe a été en contact avec ces communautés dés le début et reconnaissait leur baptême en cas de mariage mixte (il y a plusieurs cas de mariages princiers dans les chroniques). Ils ont été intégrés à l'Eglise orthodoxe russe au fur et à mesure de l'expansion de l'empire russe et, dans les années 1890, la métropole d'Ourmia (nord de la Perse) de l'Église apostolique assyrienne a rejoint l'Eglise russe en conservant ses ordinations. Il semblerait donc que l'Eglise orthodoxe russe ne considère par les Nestoriens comme hétérodoxes… "

La pédagogie étant faite de répétition (même si cela est lassant à la fin), je rappelle les principes d'économie et d'acribie. Il existe maintes façons de recevoir un hétérodoxe dans l'église, le baptême n'étant que l'une d'elle. La réception sans baptême ne signifie pas le reconnaissance des baptêmes antérieurs mais le fait que leur vacuité est comblée par la cérémonie de réception. C'est aussi le cas des clercs dont l'ordination peut ne pas être répétée...

Ainsi, les Ariens n'étaient pas reçus par le baptême, et certains évêques Ariens ont été reçus sans réordinations, ce qui ne signifie pas que les Ariens n'étaient pas considérés comme hétérodoxes.

Etre successeur des apôtres, c'est aussi prêcher l'enseignement des apôtres...
6. Vladimir.G: Possibles avancées le 29/07/2014 10:42
J'ai mis en commentaire 3 sur ce fil un extrait du communiqué de l'Eglise russe sur les Anglicans car il souligne la place spéciale dévolue à Rome: alors que les "relations /avec les Anglicans/ durent depuis plusieurs siècles" (communiqué) et "revêtent un caractère particulier, en fonction de leur ancienneté et de l'esprit d'intérêt et d'estime réciproques qui les a toujours animées" ("Principes fondamentaux"), elles ne permettaient que d'envisager "la possibilité pour les orthodoxes de reconnaître l'existence de la succession apostolique chez les anglicans"; pour les Catholique, par contre, cet "attribut principal de l'Eglise du Christ" est reconnu d’emblée comme base du dialogue.

Ce point est évidement extrêmement important puisque l'étape suivante du dialogue pourrait être de reconnaitre que «les deux Eglises ont préservé la continuité et la vraie foi apostolique dans le Sauveur et devraient accepter l'autre dans la pleine communion de prières et de sacrements» comme le proposaient les Anglicans... On a vu pendant le "Congrès Antiochien" (lien) que des avancées très concrètes sont possibles ...

http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Un-grand-pas-vers-l-Unite-Balamand-2014_a3860.html
7. Daniel le 29/07/2014 14:46
Je ne sais pas en quoi les reconnaissances des successions apostoliques, en opposition avec la doctrine traditionnelle, sont des avancées. Avancées vers la confusion, certes...
8. Vladimir.G: Vous me lisez décidement mal! le 29/07/2014 20:30
Je parles d'avancées très concrètes à propos du "Congrès Antiochien" ...

La reconnaissance des successions apostoliques me semble être un fait acquis depuis longtemps... je me demande en fait quand il aurait été remis en cause!
9. Daniel le 29/07/2014 21:22
"La reconnaissance des successions apostoliques me semble être un fait acquis depuis longtemps..."

Ah bon, à quelle date?
10. Vladimir.G: Vous me lisez décidement mal! le 29/07/2014 22:47
Quand aurait-il été remis en cause?

Et même les anathèmes, bien limités, ont été levés par ceux-là même qui les avaient fulminés (leurs successeurs en fait...)
11. Daniel le 30/07/2014 12:49
Vous me surprenez vraiment. Quels anathèmes ont été levés? Ceux des conciles oecuméniques demeurent, par exemple... Ils n'ont jamais été levés.

Le monopole de la succession apostolique, réservé à l'église orthodoxe est affirmé dans le canon 1 de Saint Basile, qui date... de Saint Basile...

Sur le site du diocèse antiochien des plus officiels, en réponse à une encycliaue de Benoit XVI, un pretre orthodoxe écrivait:

"However, Apostolic Succession is not merely an historical pedigree, but also requires Apostolic Faith. This is because Apostolic Succession is not the private possession of a bishop, but is the attribute of a local Church. A bishop who goes in schism or is cast out of office due to heresy does not take his Apostolic Succession with him as a private possession. To be authentic, a bishop must teach Apostolic Faith and must be in communion with the other bishops of the Church. St. Cyprian of Carthage taught that any bishop who breaks away from the unity of the Church loses his claim to Apostolic Office. He wrote, “Whoever is separated from the Church is joined to an adulteress, is separated from the promises of the Church; … He who does not hold this unity does not hold God’s law, does not hold the faith of the Father and the Son, does not hold life and salvation.”

Source: http://www.antiochian.org/node/17076

Il n'y a donc pas de succession apostolique à proprement parler (mise à part la succession mécaniste hors de l'église orthodoxe). Mais cette succession mécaniste ne suffit pas à elle seule.
12. Vladimir.G: "C'est un des rares documents, sinon le seul au caractère conciliaire, qui distingue ainsi l'Eglise romaine des autres communautés et lui reconnaît l'attribut principal de l'Eglise du Christ, la succession apostolique" le 30/07/2014 14:41
"un prêtre orthodoxe écrivait:"... et en face deux Conciles proclament!

Cherchez l'erreur :-)
13. Daniel le 30/07/2014 18:00
Le canon de Saint Basile qui dénie l'existence de succession apostolique hors de l'église est validé car le Concile in Trullo. Face à cela, le concile russe peut aller se rhabiller... avec tout mon respect...
14. Vladimir.G: la question des frontières de l''''Église dans la théologie orthodoxe russe le 30/07/2014 19:04
Le tout est de savoir ce qu'est l'Eglise:
"La publication de la Déclaration par le concile épiscopal est précédée par un long discours du métropolite Philarète de Minsk et de Biélorussie, president de la Commission théologique du Saint-Synode, chargée de la rédaction du document. Ce discours est destiné d'une part à rendre compte de l'activité de la Commission et, d'autre part, à exposer les principaux points du document élaboré. L'annexe étudie la question des frontières de l'Église dans la théologie orthodoxe russe. Malgré son caractère concis, ce dernier texte donne des renseignements précieux sur les problèmes de l'ecclésiologie russe contemporaine relatifs à la question des églises non-orthodoxes et en présente une solution «nouvelle», celle des Principes régissant les relations de l'Eglise orthodoxe russe envers l'hétérodoxie.
Le métropolite Philarète fait remarquer l'absence d'unanimité chez les théologiens russes sur la question de l'unité ecclésiale. Plusieurs courants proposent des solutions différentes du problème ecclésiologique. Si les sacrements ne peuvent être célébrés que dans l'Eglise, communion de tous ceux que le Christ sauve, comment se fait-il que nous reconnaissions le baptême, la chrismation, l'ordination et parfois même l'Eucharistie des communautés avec lesquelles nous ne sommes pas en communion? En plus, si nous reconnaissons le baptême des hétérodoxes, cela n'implique-t-il pas que tous les autres mystères qu'ils célèbrent soient également valides? Pour quelle raison le Christ et son Esprit ne seraient-ils présents que dans le baptême?
L'analyse du métropolite Philarète part du principe que l'Eglise est un organisme universel, supérieur aux Eglises locales, et que c'est ainsi qu'elle doit être comprise par les théologiens qu'il cite. Ce sont les frontières de cette Eglise, désignée dans le document par les expressions Eglise universelle, Eglise du Christ et Eglise orthodoxe , qui sont considérées différemment.

...
15. Tchetnik le 30/07/2014 20:37
Baptème, chrismation, communion et autres sacrements ne sont pas RECONNUS en dehors de l'Église Orthodoxe, avec tout le respect que nous pouvons avoir pour d'autres. Daniel a largement expliqué la différence entre "économie" et "reconnaissance".
Il serait temps d'arrêter l'autisme.
16. justine le 31/07/2014 15:18
Le prêtre orthodoxe cité au post 11 exprime non pas une opinion personnelle, mais la conscience de l'Eglise (orthodoxe, s'entend, puisqu'en-dehors d'elle il n'y a pas d'Eglise) de tous les temps. Cette même conscience est exprimée également par Saint Justin de Celije dans sa Dogmatique: Il ne saurait y avoir de succession apostolique sans la transmission inaltérée de la Foi apostolique (vol 4, p. 200-210, avec amples citation de sources, depuis St Irénée de Lyon, St Athanase le Grand, St Maxime le Confesseur, St Grégoire de Nysse, St Jean Chrysostome, St Jean Damascène, les Conciles Œcuméniques).

"Seule peut être apostolique l'Eglise qui possède la succession apostolique et avant tout la hiérarchie apostolique, celle qui est fidèle à l'ensemble de la Tradition apostolique." (p. 204). "Voici quelle est la foi des Apôtres, la foi des Pères: elle est de croire selon la Tradition de la sainte Eglise universelle (conciliaire). Quiconque ne croit pas selon la sainte Tradition de l'Eglise universelle est un infidèle." (p. 210).

La même conscience de l'Eglise est exprimée par un autre homme de Dieu, grand ancien et théologien athonite, le bienheureux Georges de Grigoriou (Kapsanis), lequel disait, en accord avec tous les Saints Pères, que mettre au même pied l'Eglise
Orthodoxe et l'hétérodoxie (comme le fait par. ex. le document de Balamand) "constitue en réalité déchéance de la Foi Orthodoxe" (http://aktines.blogspot.gr/2014/07/blog-post_26.html#more)

On ne peut que souhater a Vladimir d'élargir quelque peu son horizon ecclesiastique. L'Eglise ne se limite ni à une seule Eglise locale ni à une seule époque, mais elle englobe toutes les Eglises orthodoxes locales de toutes les époques.
17. justine le 31/07/2014 17:01
Il n'y a pas d'organisme ecclésial qui serait supérieur aux Eglises locales. Ceci sont des idées schizophrènes écumenistes d'origine protestante. Il y une seule Eglise, Une, Sainte, Catholique et Apostolique, celle que nous confessons chaque jour, et chaque Eglise locale orthodoxe est cette même Eglise en Russie, en Grèce, en Serbie, en Amerique etc. dans le monde entier, sur terre et aux Cieux. Elle a une seule Tête et une seule Hypostase, le Christ, et son âme est le Saint Esprit. Et si Vladimir voulait enfin se résoudre à se ressourcer chez les Saints Pères, il nous épargnerait toutes discussions inutiles.
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