TRIODE

Parlons D'orthodoxie

"Au bord des fleuves de Babylone nous étions assis et nous pleurions, en nous souvenant de Sion. Aux saules de ses vallées nous avions suspendu nos harpes. Car là, ceux qui nous tenaient captifs nous demandaient des hymnes et des cantiques, nos oppresseurs , des chants joyeux: «Chantez-nous un cantique de Sion!» Comment chanterions-nous le cantique de Yahweh, sur la terre de l'étranger?Si jamais je t'oublie, Jérusalem; que ma droite oublie de se mouvoir!...

Que ma langue s'attache à mon palais, si je cesse de penser à toi, si je ne mets pas Jérusalem au premier rang de mes joies! Souviens-toi, Yahweh, des enfants d'Edom; quand au jour de Jérusalem, ils disaient: «Détruisez, détruisez-la, jusqu'en ses fondements!» Fille de Babylone, vouée à la ruine, heureux celui qui te rendra le mal que tu nous as fait! Heureux celui qui saisira et brisera tes petits enfants contre la pierre! "


Psaume 137 chanté aux matines des trois dimanches préparatoires après le polyeleos

Le « Triode » et son temps

Nous sommes entrés dans la période du Triode qui va nous conduire vers Pâques. Le Triode, ou période pré-pascale, est l’une des trois grandes périodes de l’année liturgique qui se place entre celle de l’Octoèque (la plus longue, qui recouvre toute l'années du cycle fixe) et celle du Penticostaire (huit semaines depuis les Pâques).

Le Triode commence dix semaines avant Pâques et dure jusqu’au Samedi Saint.

Le Triode est aussi le livre liturgique qui sera utilisé jusqu'à Pâques (l’Octoèque et le Penticostaire étant utilisé durant les autres périodes). Il porte ce nom parce que les «canons» ou compositions poétiques qui s’y trouvent ne comportent que trois «odes», au lieu de neuf le reste de l’année et dans les autres livres. Il y a un canon particulier pour chaque jour suivant une pédagogie spirituelle qui nous conduit à Pâques.

Structure du Triode

Le Triode est structuré en trois groupes de semaines commençant le dimanche:

Les Dimanches préparateurs: Les trois semaines avant le début du Grand Carême, qui débutent donc dimanche prochain, sont des semaines de préparation, chacune étant consacrées à un thème spécifique qui s’exprime dans les lectures des Saintes Écritures:

1. Le Dimanche du Publicain et du Pharisien (Luc 18,9-14 – premier dimanche du Triode),
2. le Dimanche du Fils prodigue (Luc 15,11-32) ;
3. le Dimanche du Jugement Dernier (appelée aussi le Dimanche de Carnaval: abstinence de viande ; Matthieu 25,31-46) ;
4. le "Dimanche de l’expulsion d’Adam" ou "Dimanche du Pardon" (« dernier jour des laitages ») - Matthieu 6, 14-21, qui n'est pas le premier jour du Carême mais le dernier jour préparatoire puisque le Carême ne commence qu'aux vêpres.

Dans cette période préliminaire, l’Église nous prépare pour le jeûne et nous introduit peu à peu dans l’atmosphère du Grand Carême.

Ainsi, la semaine après le Dimanche du Fils prodigue est une semaine habituelle – on jeûne le mercredi et le vendredi. Après le Dimanche du Jugement Dernier, on ne consomme plus de viande, mais seulement des œufs, du poisson et des laitages. Le Dimanche de l’Expulsion d’Adam du Paradis conclut cette période de préparation. Le jour suivant, lundi, marque le début du Grand Carême.

Le Grand Carême commence donc aux vêpres du "Dimanche de l’expulsion d’Adam" qui comprennent un rituel solennel du pardon : les chrétiens se demandent pardon et se l’offrent les uns aux autres pour marquer le début du Grand Carême. Les Vêpres de ce Dimanche sont donc le premier office du Carême qui ouvre le "Lundi pur".

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Les Dimanches du Grand carême portent aussi des noms spécifiques :

1. Le Dimanche du triomphe de l'Orthodoxie ou "des icônes"; "Ce jour, premier dimanche du jeûne, nous faisons mémoire du rétablissement des saintes et vénérables icônes par les empereurs de Constantinople d'éternelle mémoire, Michel et Théodora sa mère, pendant le patriarcat du saint confesseur Méthode."
2. le Dimanche de Saint Grégoire Palamas nous rappelle que le but de l’homme est de devenir Dieu (theosis, divinisation), par la Grâce de Dieu, dans le Saint Esprit.
3. le Dimanche de la Sainte Croix comprend un rituel spécifique de vénération de la Croix qui prépare les fidèles à la commémoration de la Crucifixion et à la Résurrection du Seigneur.
4. le Dimanche de Saint Jean Climaque rappelle le véritable combat spirituel nécessaire pour entrer dans le Royaume de Dieu. L’Échelle Sainte de Saint Jean Climaque nous rappelle que ce parcours du Grand Carême est un voyage vers le Ciel, par lequel nous devons abandonner un à un nos vices et nos attachements terrestres pour nous diriger vers le Dieu-Amour.
5. le Dimanche de Sainte Marie l’Égyptienne fait comprendre que nul péché passé ni aucune ancienne malice ne sauraient écarter le véritable pénitent de Dieu.

La Semaine Sainte: pour les chrétiens orthodoxes, le Grand Carême prend fin avec le samedi de Lazare (40ème et dernier jour du Carême) et le Dimanche des Rameaux, jour de fête qui ouvre une période distincte, la Semaine Sainte, qui précède directement les Pâques.

Thèmes du Triode

Le principal est celui du Paradis perdu en Adam et retrouvé dans l’Église, dans la personne du Christ, le Nouvel Adam. L’expérience du jeûne répond ainsi à la « gourmandise » des premiers parents. Mais les prières sont orientées vers la Croix et la Résurrection : «Souviens-Toi de moi, Seigneur, quand Tu entreras dans ton Royaume!» – cette demande du Bon Larron revient comme un refrain. Au milieu des quarante jours, on vénère la Croix, le nouvel Arbre de vie. Chaque samedi, on prie pour que le Paradis soit accordé aux fidèles défunts. Chaque dimanche on célèbre avec joie la Résurrection, Pâque déjà accomplie et à laquelle on tend à communier. L’ensemble du temps du Triode est une célébration de la Pâque, un grand « passage » de la mort à la vie. La grande promesse est de voir Dieu par le saint Esprit.

Le style

L’hymnographie byzantine puise sa richesse théologique à l’Écriture sainte et à la tradition des saints Pères. Les poètes du Triode sont des théologiens mystiques parlant du mystère pascal par expérience ; ils méditent continuellement la Bible : André de Crète, dans un immense «canon», aide le chrétien à s’identifier avec les figures des pécheurs repentants et des justes rencontrées dans la Genèse et dans l’Exode, et à tendre son effort intérieur vers la réactualisation du Paradis et l’entrée dans le Royaume.

Les saints

Leur présence est continuellement attestée par les beaux poèmes liturgiques. Avec saint André, on trouve saint Grégoire de Thessalonique, témoin de la lumière incréée qui illumine celui qui rompt avec ses péchés ; saint Jean Climaque, modèle de conquête méthodique de «l'impassibilité» ou absence de passion ; sainte Marie l’Égyptienne, exemple d’un changement total dans le comportement par amour pour le Christ ; on vénère surtout Notre Dame par le chant fréquent du grand acathiste qui lui est consacré. Elle est en effet l’exemple d’un usage de la liberté proposé à tout baptisé : elle s’est gardée de tout péché ; et devant l’horrible mort de son Fils et son Dieu, elle n’a pas douté qu’Il serait fidèle et qu’Il serait le champion de la vie éternelle.

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Commentaires (1)
1. Vladimir.G.: carême 2015 le 02/02/2015 15:08
Bon résumé pour le carême 2015 sur:

http://www.spiritualite-orthodoxe.net/grand_careme_orthodoxe.html
2. Gilles le 06/03/2021 20:17
"Je vous salue Marie" ,et en grand âge ou simplement vieillissant , ceinture nouée ou mise simplement , chaussures comme sandales chaussèes , et même en dit petit confort ou repos en petit coin de repos dit de paradis, Marie Coeur Fidèle
3. PierreB le 17/03/2021 06:39
Bonjour,

Une question subsidiaire : pourquoi indiquer citer le psaume selon la numérotation (et la traduction ?) de la Bible hébraïque et non celle de la Septante ?

Ce n'est pas la première fois que je remarque ce genre de chose.
4. Nicodème le 18/03/2021 13:31
@pierre B. : ah , ben j'y avais pas pensé à celle-là !! la querelle calendaire ne suffisant pas à nous diviser , il fallait trouver quelque chose de nouveau : la numérotation des Psaumes ...
5. PierreB le 19/03/2021 07:06
Quelqu''un se cache dans les détails dit-on. Je n''ai pas envie de polémiquer. Mais je ne peux m''empêcher de penser à la préface du père Placide pour sa traduction des psaumes.

Et plutôt qu''une accusation, j''aurais espéré une explication.
6. Victorov le 19/03/2021 19:36
Cher PierreB, la réponse à votre question paraît simple : la plupart des lecteurs orthodoxes francophones utilisent les Bibles courantes en français, avec la numérotation "occidentale" des Psaumes.

Il n'existe pas, à ce jour, de Bible en français correspondant intégralement au découpage orthodoxe, et tout le monde ne dispose pas de la traduction des Psaumes par le père Placide ...

Bon Carême à vous !
7. PierreB le 20/03/2021 07:18
Je connais trois psautiers en français, ils sont facilement trouvables, celui du père Placide existe dans des formats peu coûteux. Ensuite il faut faire avec les Bibles à disposition. Pour le psautier, je re-renvoie à la préface du père Placide

facile de formater un format court. C'est bien, les discussions oiseuses sont évitêes. Il n'en reste pas moins que le choix du psautier n'est pas innocent.

Bon Carême à vous.
8. Daniel Loit le 20/03/2021 09:43
Il n'y a pas de numérotation "occidentale" des psaumes mais une numérotation qui vient de la massorétique et que l'on trouve utilisée chez les protestants et dans certaines bibles traduites par des catholiques, et la numérotation de la Septante que l'on trouve aussi reprise dans la Vulgate. Etant donné que le psautier se lit par stance et que les numéro compte, il est plus facile d'utiliser un psautier avec la numérotation "orthodoxe". On en trouve facilement gratuitement en ligne en pdf ou pas.
9. PierreB le 20/03/2021 18:37
Mais le psautier de mère Anastasia (basé sur le texte Slavon) est tout aussi fidèle à cette tradition. Le découpage du texte n''est pas innocent mais son contenu l''est encore moins.

"Comment chanterions-nous un cantique du Seigneur sur une terre étrangère ?
Si je t''oublie Jérusalem qu''à l''oubli ma droite soit livrêe"

Le texte des Septante est le texte traditionnel de l''Église.

La traduction en grec a "un charisme non moindre, comme disaient les Pères, que celui de l''ancienne Écriture".

"On a pu parler de préparation évangélique dans les Septante".

Je cite le père Placide, c''est avec son psautier que j''ai crû dans la foi


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