Trois coptes font leur entrée dans le nouveau gouvernement égyptien

Parlons D'orthodoxie

La communauté chrétienne d’Égypte espère des jours meilleurs avec la fin de la présidence de Mohamed Morsi, même si elle craint des actes de représailles d’extrémistes islamistes et se montre prudente vis-à-vis de l’institution militaire en raison de douloureux souvenirs

Mardi 16 juillet, trois coptes ont pris place au sein du gouvernement provisoire (avec les portefeuilles de la recherche, du commerce et de l’industrie, et de l’environnement) qui doit mener le pays jusqu’à de nouvelles élections, législatives et présidentielle. L’Église copte a exprimé son soutien à ce plan de transition présenté par le général Abdel-Fattah al-Sissi, le nouvel homme fort du pays, au côté duquel le patriarche copte Tawadros II est apparu le 3 juillet, de même que le grand imam sunnite d’al-Azhar, cheikh Ahmed al-Tayyeb, tenant d’un islam modéré. Suite Blog Copte


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1. Vladimir.G : REPORTAGE. Égypte : le soulagement des Coptes le 20/07/2013 17:08

REPORTAGE. Égypte : le soulagement des Coptes

Le Point.fr - Publié le 16/07/2013 à 18:33 - Modifié le 17/07/2013 à 14:04
Les chrétiens d'Égypte accueillent avec joie l'éviction du président Mohamed Morsi, qu'ils accusent d'avoir contribué à leur marginalisation.
Par Denise Ammoun et Armin Arefi, au Caire

Le temps semble s'être arrêté dans cet ancien quartier copte du Caire. Vieux de plus de 1 000 ans, le lieu abrite trois des plus anciennes églises d'Égypte : Saint-Georges, Saint-Serge et l'Église suspendue. Une vieille dame en robe descend avec peine l'escalier de pierre ocre menant dans l'enceinte du souk millénaire. Nadia n'est pas voilée et laisse admirer ses boucles d'oreilles en or. Elle porte au bras un tatouage représentant une croix. Cette Égyptienne est copte, autrement dit chrétienne d'Égypte.

"Je suis ravie que Mohamed Morsi ne soit plus là, car il n'a fait que nous diviser, souligne-t-elle. En ne parlant que de charia dans ses discours, il ne s'adressait qu'aux musulmans." Plus grande communauté chrétienne du Moyen-Orient, les Coptes (nom dérivé du grec qui signifie "égyptien") sont présents dans le pays depuis la fin de l'époque pharaonique. Mais l'invasion arabe, au VIIe siècle, a marqué le début de leur déclin. Les chrétiens d'Égypte ne représenteraient plus aujourd'hui que de 6 à 10 % des 84 millions d'Égyptiens, dans un pays à très grande majorité musulmane.
Discours antichrétien

Les étroites ruelles de la cité antique sont vides de tout habitant. Les touristes ont délaissé les magasins de souvenirs, laissant la poussière s'emparer des livres et autres portraits du Christ. Trois femmes vêtues de noir se présentent soudain devant une échoppe. Elles disent revenir d'un enterrement. "Morsi est parti, Dieu soit loué", sourient-elles, avant de disparaître aussitôt. L'accession du Frère musulman à la présidence du pays en juin 2012 s'est accompagnée d'une recrudescence d'attaques visant les Coptes. Des violences qui s'expliquent par une libération du discours antichrétien, notamment dans les prêches enflammés des islamistes les plus radicaux.

Adel Eshada est propriétaire d'une boutique du vieux Caire depuis 45 ans. Le sexagénaire vend bibles, corans, et même livres de cuisine égyptienne. Mais son magasin est vide, résultat, selon lui, de l'absence de sécurité dans le pays depuis la révolution du 25 janvier 2011. D'après le commerçant, nombreux sont les Coptes qui auraient ainsi été amenés à quitter le pays depuis un an. Assis sur un banc, face à sa boutique dont il a coupé l'électricité pour réaliser des économies, le vieil homme chauve dénonce le harcèlement dont il est victime. "Les islamistes essaient de me provoquer en m'insultant et en m'humiliant, mais je ne réagis pas", affirme-t-il. Pourtant, un officier de police stationné à l'entrée du quartier assure : "Les Coptes et les musulmans vivent ensemble main dans la main." L'agent se défend ainsi d'avoir été dépêché sur place pour protéger la minorité chrétienne. "Toute personne enfreignant la loi est punie, peu importe sa confession", lance-t-il.
Discriminations

Adossé à un mur, un jeune couple profite de l'ombre pour déguster des biscuits en plein jeûne du ramadan. "On ne se cache pas ici, car nous sommes dans l'enceinte de l'Église", souligne Gabriel, un Copte de 25 ans. "Mais dehors, je me sens étranger." Le jeune homme affirme être sans cesse pris à partie dans la rue, lorsqu'il se promène avec sa fiancée. "Lorsqu'on aperçoit ma croix accrochée à mon rétroviseur, on n'hésite pas à me cracher dessus", raconte-t-il. Titulaire d'une licence en commerce, Gabriel doit se contenter d'un métier de chauffeur de taxi. Quant à Amal, sa fiancée, elle n'a pas de travail malgré son diplôme de comptable. "Nous sommes victimes de discriminations, car nous sommes chrétiens", assure-t-il.

Si la Constitution égyptienne accorde en théorie les mêmes droits à tous ses citoyens, peu importe leur appartenance religieuse, il est rare de voir des Coptes occuper des postes de haut niveau, que ce soit dans le gouvernement, le Parlement ou à l'université. Et l'adoption par référendum, en décembre 2012, d'un nouveau texte plaçant l'islam au coeur de la société n'a fait qu'éloigner la perspective d'un État égalitaire entre les différentes communautés égyptiennes. Ainsi, le couple ne voit aujourd'hui son salut que dans un départ à l'étranger, malgré la récente mise à l'écart de Mohamed Morsi. "L'avenir est noir", lâche Gabriel, sans détour.
Théorie du complot

Le portrait du nouveau patriarche copte trône fièrement sur les bicoques cubiques de la vieille ville. Élu en novembre 2012, Tawadros II s'est rapidement démarqué du pouvoir islamiste du Caire. En avril 2013, le pape orthodoxe a accusé le président Morsi de "négligence" après des affrontements entre policiers et Coptes qui avaient fait 2 morts et 89 blessés devant la cathédrale Saint-Marc du Caire. Le 1er juillet, Tawadros II apparaît à la télévision aux côtés du général al-Sissi, qui somme le président islamiste de quitter le pouvoir.

"La majorité des manifestants à Tahrir étaient des chrétiens et des fellouls (caciques de l'ancien régime, NDLR)", grogne devant la mosquée Rabaa al-Adaweya du Caire Mossad Fathi, médecin responsable d'une milice d'autodéfense des Frères musulmans. "C'est le pape Tawadros qui les a poussés à manifester, poursuit-il. Si nous, les Frères, voulons la démocratie, les chrétiens veulent la guerre civile."
Actes de vengeance

Des accusations récurrentes au sein de la confrérie que John Andi, un Copte d'une vingtaine d'années, rejette catégoriquement. "Il est vrai que les Coptes ont beaucoup participé aux manifestations anti-Morsi, mais ils étaient autant présents que les musulmans", assure le jeune homme frêle, de passage dans le vieux Caire pour visiter l'église Saint-Serge. "Morsi n'a pas respecté les idéaux révolutionnaires, la justice sociale et la liberté d'expression, insiste John Andi. C'était un dictateur, qui s'est attribué les pleins pouvoirs. Il a nommé des Frères partout et n'a associé aucun chrétien."

S'ils ne cachent pas leur satisfaction à voir le président islamiste écarté du pouvoir, les chrétiens d'Égypte sont depuis la cible d'actes de vengeance. Depuis le 3 juillet, au moins six Coptes ont ainsi été tués à Louxor et dans le Sinaï.
2. Vladimir.G le 05/01/2014 21:32
À la veille du Noël orthodoxe, le président égyptien rend visite au pape Tawadros

Le président par intérim, Adly Mansour, a effectué dimanche 5 janvier 2014 une visite au pape copte-orthodoxe dans sa cathédrale Saint-Marc au Caire.

Une initiative « rare » et « hautement symbolique », avance l’Associated Press, qui relate la visite rendue dimanche 5 janvier 2014 par le président égyptien par intérim, Adly Mansour, au pape Tawadros. Celle-ci a eu lieu dans la cathédrale Saint-Marc, le siège du Patriarcat copte-orthodoxe dans le centre du Caire, à la veille du Noël orthodoxe fêté mardi 7 janvier, précise l’agence d’information.

Cette visite serait « la première du genre », estime de son côté le site Internet du quotidien égyptien Al Ahram, qui rappelle que « les précédents présidents ont communiqué leurs vœux de Noël par téléphone ou en délégant un représentant ». Au passage, le président intérimaire a également souligné que « l’unité entre musulmans et coptes devrait durer de montrer le lien fort entre les deux religions ».

« Cette visite est l’expression de la considération qu’a l’État égyptien pour ses citoyens chrétiens qui ont offert beaucoup, debout, côte à côte avec leurs frères musulmans, pour la gloire de la nation », a déclaré le porte-parole du président, Ehab Badawi. Une référence sans doute aux manifestations du 30 juin 2013 qui ont conduit au renversement du président Mohammed Morsi, appartenant à la confrérie des Frères musulmans.
Grandes tensions

Cette initiative intervient dans une période de grandes tensions en Égypte, alors que les Frères musulmans poursuivent leurs manifestations quasi quotidiennes pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme un « coup d’État ». La confrérie cible à la fois l’armée, qui a porté au pouvoir le président par intérim Adly Mansour, mais également Al-Azhar et les chrétiens, qu’elle juge « complices » de l’armée : en effet, le grand imam d’Al-Azhar et le pape Tawadros, entre autres, étaient présents le 3 juillet lorsque l’armée a dévoilé sa « feuille de route » organisant le départ de Mohammed Morsi.

Cet été, dans la foulée de la répression sanglante décidée contre le campement des Frères musulmans sur la place Rabaa au Caire et qui a fait près de 600 morts le 14 août, de nombreux dispensaires, monastères et églises, mais aussi habitations et magasins ont été pillés ou brûlés à travers le pays. Nombreux sont les chrétiens à craindre de nouvelles représailles. Fin octobre, quatre personnes ont été tuées par balles, et douze autres blessées alors qu’elles venaient de sortir d’une église du quartier populaire d’Al-Warak, dans le nord du Caire.
Mesures de « haute sécurité »

Les catholiques avaient sollicité une protection particulière de leurs églises dans la nuit du 24 au 25 décembre. En réponse, le porte-parole du ministre de l’intérieur avait promis des mesures de « haute sécurité » pour le Nouvel an et pour le Noël orthodoxe. Dans la nuit du 1er janvier 2014, un incident a éclaté entre des islamistes et la police a l’extérieur d’une église du Caire, les forces de l’ordre étant parvenue à les empêcher d’y pénétrer.

Plus largement, les chrétiens – comme d’autres minorités égyptiennes, chiites et bahaïs par exemple – se plaignent de discriminations dans leur vie quotidienne, et en particulier dans l’accès aux postes de la fonction publique et pour la construction de lieux de culte. La future Constitution, qui doit être approuvée lors d’un référendum les 14 et 15 janvier prochains, entérine des avancées en matière de libertés fondamentales (consacrant par exemple une « totale liberté religieuse ») mais maintient dans le même temps la référence aux « principes de la charia » comme source de la législation.
A.-B. H.
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