Une lettre de Monseigneur Hilarion, métropolite de Volokolamsk, à M. Nikita Alexéevitch Struve

Parlons d'orthodoxie

Une lettre de Monseigneur Hilarion, métropolite de Volokolamsk, à M. Nikita Alexéevitch  Struve
Papier à en tête du DREE du patriarcat de Moscou, le 30 août 2010,réf. N°1787

Au rédacteur en chef du "Messager Orthodoxe", « Revue de pensée et d’action orthodoxes », N.A. Struve

Distingué Nikita Alexéevitch !
La revue « Le Messager » a un passé prestigieux, et est entrée dans l’histoire en tant que l’un des périodiques orthodoxes les plus anciens de notre époque. Pendant la période soviétique « Le Messager » était une source d’information précieuse permettant de mieux connaître la vie de l’Eglise Russe dans le pays ainsi que dans la diaspora. Cette publication a perpétué la tradition de la théologie et de la conscience ecclésiale russe héritées de la Russie d’avant la révolution.

Il convient de regretter que ces derniers temps « Le Messager » est devenu moins riche et constructif qu’il ne l’était. Je pense en particulier à la manière dont la revue traite de la vie des établissements à l’étranger du patriarcat de Moscou.

A partir de 2005 plusieurs cahiers du « Messager » (N°N° 189, 190 et 191) ont à leur sommaires des articles qui soumettent à des critiques infondées le patriarcat de Moscou dans son ensemble et le Département des relations ecclésiales extérieures en particulier. Les auteurs des éditoriaux du « Messager » N° 196 et du N° 149 de la version française de la revue se sont permis des affirmations calomnieuses à l’égard du patriarcat de Moscou en l’accusant d’une manière inconsidérée d’essayer de s’approprier d’une manière indue (cela en ayant recours aux bons offices de l’Etat russe) la cathédrale Saint Nicolas, à Nice. Ces éditoriaux formulent des accusations incompatibles de par leur nature à l’égard des responsables ecclésiaux de l’Eglise russe. D’une part ils feraient preuve « de cléricalisme autoritaire » (N° 189, p. 5), de l’autre ils auraient tendance à fusionner avec l’Etat russe (N° 196, p.p. 3 et 5).

Je ne peux que regretter qu’une revue aussi respectable renonce à sa vocation constructive et s’engage dans la voie de la confrontation. Il m’est par conséquent désormais impossible de rester membre du Comité de rédaction du « Messager » et de m’y sentir utile.

Je ne cesse d’espérer que l’Eglise orthodoxe russe, notre Eglise Mère à tous, cessera d’être la cible des attaques de diverses personnes et organisations en Europe Occidentale et que les talents qui nous ont été donnés par Dieu nous aideront à mieux servir les idéaux chrétiens d’amour et d’unité en Christ.

Avec mes sentiments distingués,
Hilarion, métropolite de Volokolamsk, président du DREE
(signature)

Le facsimilé de la lettre de Mgr Hilarion a paru dans le N° 198, 2011 du "Vestnik"



Commentaires (10)
1. Parlons d'orthodoxie le 13/10/2011 19:15
Nikita Krivochéine à propos du "Messager" (N° 189)
10. 10. 2005 Paris

"Dissensions au sein de l'Eglise en Europe Occidentale", l'éditorial qui ouvre le dernier cahier du "Messager" (N° 189) est signé par le professeur N.Struve, rédacteur en chef de cette prestigieuse revue à laquelle l'intelligentsia orthodoxe russe des années soixante et soixante-dix doit tant.

Il s'y agit essentiellement de la situation de crise qui s'est installée parmi les fidèles d'Europe Occidentale après le décès de Monseigneur Serge (Konovalov), Archevêché des églises orthodoxes de tradition russe en Europe occidentale, et la Missive du Patriarche Alexis II en date du 1 avril 2003. Ce texte est d'ordre purement polémique, il mérite commentaire, voire démenti…

N. Struve diabolise tout au long de l'éditorial le DREE du PM (Département des Relations Ecclésiales Extérieures du Patriarcat de Moscou) qui est le service diplomatique de l'Eglise russe : véhicule et moteur, d'après lui, d'une politique traditionnelle d'expansion impérialiste de l'Eglise, héritage non surmonté du récent passé soviétique…

Ce service serait jusqu'à présent, selon N.Struve, à la botte du pouvoir en place, il aurait terni les derniers mois de l'existence terrestre de Monseigneur Antoine (Bloom) de bienheureuse mémoire. Le DREE aurait dépêché à Londres des émissaires non souhaités, aurait entravé l'action missionnaire du défunt Métropolite. Peu avant son décès Mgr Antoine aurait opposé une fin de non recevoir à la Missive adressée le 1 avril 2003 par Sa Sainteté le patriarche Alexis II aux églises orthodoxes de tradition russe en Europe occidentale.
Or, Monseigneur Basile (Osborne) venu de Londres assister à une Table Ronde organisée par l'OLTR a dans son intervention fait un récit détaillé des évènements de 2003. "Lorsque, très souffrant, Monseigneur Antoine a pris connaissance de la missive du Patriarche Alexis II il s'est exclamé: "Enfin! C'est arrivé!".

Faut-il douter de la parole de Monseigneur Basile?

L'auteur de l'éditorial reprend d'ailleurs à son compte la rumeur selon laquelle la missive de Sa Sainteté Alexis II ne serait "qu'un simple fax" dispatché par le DREE à l'insu du Patriarche. "Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose" comme le disait Beaumarchais. Mais le rédacteur en chef du "Messager" n'en est pas à une médisance près…

N.Struve parle dans son éditorial de la "stagnation synodale" dans laquelle s'enliserait l'Eglise Russe. Lors de son intervention à la première Table ronde de l'OLTR il s'est laissé allé jusqu'à affirmer que "l'Eglise Russe est gravement malade!".

Diagnostic outrecuidant appliqué à notre Eglise mère, celle à laquelle se sentaient coupés par les circonstances le Métropolite Euloge, les théologiens et penseurs expédiés en Europe par Lénine et dont "Le Messager" s'approprie la gloire… Dire de l'église de ses ancêtres qu'elle est malade de ses innombrables martyrs, des décennies qu'elle a passées dans l'oppression la plus cruelle, dans la tentation, l'étouffement intellectuel relève de l'impudence… L'effet sur l'assistance a été tel que N.Struve a senti peu après la nécessité de faire paraître à propos de cette intervention une mise au point maladroite dans l'hebdomadaire de langue russe paraissant à Paris.

Je viens d'assister à Moscou à la cérémonie de la transmission des archives du philosophe émigré Ivan Iline au Centre des Russes de l'étranger. Les communications de plusieurs chercheurs moscovites étaient d'une telle tenue, d'une telle érudition que l'Institut Saint Serge, en mal de nouveaux enseignants, serait bien avisé de solliciter l'administration russe de lui expédier un nouveau "bateau philosophique"!

Ce séjour tout récent en Russie m'a permis de visiter plusieurs paroisses à Moscou et en province, de m'entretenir avec des prêtres. Je retourne ayant vu et constaté un renouveau quasi miraculeux de la ferveur dans un pays où pendant près d'un siècle le régime déicide s'est acharné contre toutes les religions. Beaucoup de jeunes, et visiblement des intellectuels, des militaires et des miliciens en uniforme assistent aux offices, des librairies au choix très riche, des prêtres accessibles, des communautés paroissiales à la vie intéressante et active, beaucoup de monastères, d'écoles du dimanche, de pèlerinages organisés…

Pouvait-on s'imaginer qu'un Centre des Russes à l'étranger soit, le jour de son inauguration à Moscou, solennellement béni par le père Nicolas Balachov, soit dit en passant l'un des responsables du DREE, précédé pendant la cérémonie par le rédacteur en chef du Messager portant une icône? Il n'y a pas si longtemps N.Struve était parmi les premiers dans les listes noires du KGB alors que le père Balachov était relégué dans une paroisse éloignée de la capitale et faisait l'objet d'harcèlements administratifs.

Il faut être vraiment insatiable pour n'avoir à l'égard de l'église russe que de l'amertume et de l'acrimonie au lieu de rendre grâce pour sa renaissance.
Par rapport à la situation – que je connaissais bien - pendant les périodes Khrouchtchev et Brejnev je n'hésite pas à parler d'une véritable transfiguration. Il ne s'en suit nullement que les critiques du "Messager" soient toutes sans fondements mais il ne s'agit que "d'atavismes", le cours du temps suffira à les faire disparaître.

L'éditorial du "Messager" affirme que préconiser une Eglise locale de tradition russe serait une contradiction dans les termes, qu'il ne saurait y rien avoir "d'ethnique" dans une église locale. Fort bien, mais pourquoi l'Archevêché de la rue Daru s'obstine à garder l'épithète "russe" dans sa dénomination officielle? Cette obstination est probablement conforme aux injonctions de Constantinople?

Sans être nommée l'OLTR qui regroupe des orthodoxes de juridictions différentes (les membres de l'Archevêché y sont même surreprésentés) et dont le seul souhait est que soit prise en compte de la Missive du Patriarche Alexis II, que des négociations fraternelles soient entamées est traitée d'organisation "moscoutaire" à la botte du DREE, de trublions minoritaires et théologiquement ignares qui pratiquent la diffamation et la calomnie.

Cependant des paroisses toujours plus nombreuses de l'Archevêché de la rue Daru réunissent leurs fidèles qui votent pour que leurs communautés transitent sous la juridiction du Patriarcat de Moscou. Quoi d'étonnant à ce que des croyants récemment sortis des pays de la CEI ne soient pas satisfaits de ce qu'ils trouvent souvent dans les églises de l'Archevêché. N.Struve écrit que les soupçons de modernisme, de "rénovationnisme" inspiré par Vatican II à l'égard de la pratique liturgique dans les paroisses de la rue Daru sont dénués de tout fondement. Soit, mais serait-ce "l'homme au couteau entre les dents" qui inspire ces nombreux retours vers l'Eglise mère?

L'Archevêché de la rue Daru serait, selon l'éditorial, avec l'Eglise orthodoxe d'Amérique, la seule structure ecclésiale à être fidèle aux décisions du Concile de 1917-1918 alors que l'église russe ignore superbement les décisions de ce concile. Cela équivaut à reprocher à un forçat de ne pas améliorer son ordinaire! Plusieurs monographies consacrées au Concile viennent de paraître en Russie. Un colloque à ce sujet pourrait prochainement se réunir à Paris. Sujet plus que complexe: imaginons nous une assemblées des évêques de France statuant en 1793. Fort à croire que certaines de ses décisions auraient été biaisées!

Le rédacteur en chef du "Messager" conclut en accusant le Patriarcat de Moscou de fonctionner dans un esprit d'autoritarisme, de soif du pouvoir, et pour bien faire, de sous culture théologique. Puisque ces notes sont données par un professeur émérite aucune raison de douter de leur bien- fondé…
Reste à espérer que ce texte respirant le mépris ne reflète pas la manière de voir des responsables de l'Archevêché! Si tel était le cas on peut, sans être un futurologue diplômé, s'attendre à ce que dans le moyen terme l'Archevêché continue à dériver et se recroqueville tel une peau de chagrin alors qu'avec l'aide Dieu l'Eglise locale préconisée par le patriarche Alexis II se mettrait en place en Europe. Le rapprochement entre l'Eglise Russe Hors Frontières et le patriarcat de Moscou en est certainement un signe prémonitoire.
Suite....
2. Marie Genko le 14/10/2011 11:26
Cher Nikita,

Merci pour ce long message.
Je copie ci-dessous le paragraphe qui m'interpelle:

"L'éditorial du "Messager" affirme que préconiser une Eglise locale de tradition russe serait une contradiction dans les termes, qu'il ne saurait y rien avoir "d'ethnique" dans une église locale. Fort bien, mais pourquoi l'Archevêché de la rue Daru s'obstine à garder l'épithète "russe" dans sa dénomination officielle? Cette obstination est probablement conforme aux injonctions de Constantinople?"

Tout d'abord, je suis persuadée que Sa sainteté Bartholomé ne souhaite pas déroger aux Saints Canons Orthodoxes en gardant deux évêques dans un seul et même lieu sous son omophore.
Il a été amené à tolérer PROVISOIREMENT cette situation pour éviter à la diaspora russe et à ses descendants de rester soumis à une Eglise captive d'un régime athée.

En ce qui concerne l'obstination de l'archevêché à garder l'épithète "russe", autant que je puisse le comprendre, la cause en est l'admiration profonde de Nikita Struve pour le philosophe Alexis Khomiakov.
Voici ce qui est écrit, à propos d'Alexis Khomiakoff dans le livre "Galerie des Ecrivains russes", publié à Moscou en 1901, éditions de S. Skirmunt et rédaction de I. Ignatov.

"A partir de positions purement philosophiques, reconnaissant que c'est uniquement par la Foi qu'il est possible d'étreindre la Vérité, il place la religion à la tête des relations sociales, considérant que chaque société ou chaque Etat est l'expression de la vision du monde enseignée par la religion qui est au fondement de sa propre culture. Pour lui la foi orthodoxe, en tant que révélation incarnée, l'Eglise orthodoxe en tant que Vérité et Amour,, dans ses formes sociales et "la liberté dans l'harmonie de sa manifestation" _protègent les peuples de cette déliquescence morale qui a été introduite dans la vie Occidentale par la latinité et le protestantisme, entraînés sur le chemin érratique d'un rationalisme mensonger.......Se présentant comme un apologète de l'Orthodoxie et un critique inconditionnel des églises occidentales Khomiakoff considérait la Russie comme porteuse de Vérité et d'Amour, unie dans une seule et entière conscience populaire......"

Nikita Struve ne souhaite certainement pas abandonner son identié patriarcale russe.
Pas plus d'ailleurs que tous les fidèles de l'archevêché.
Simplement les penseurs de l'archevêché, inspirés également par les écrits et l'action du Père Alexandre Schmemann, s'entêtent à vouloir reproduire le modèle de l'OCA.
Une Eglise Locale de Tradition russe indépendante.
Et c'est cette indépendance qu'ils souhaitent obtenir de Constantinople.
Ils ont pensé, en toute sincérité, que l'Eglise Locale devait être construite, comme l'OCA en Amérique, en Europe occidentale.
C'est à dire que toutes les juridictions présentes en Europe occidentale devaient se séparer de leurs Eglise mères respectives pour se fondre dans une structure semblable à celle que s'est efforcée de créer l'OCA du temps des Père Jean Meyendorff et Alexandre Schmemann.

Simplement l'Archevêché est le seul à soutenir cette position, visiblement érronnée sur le territoire canonique de l'évêque de Rome, puisque toute la diaspora a rejoint les Eglises mères respectives!
Je ne peux que répéter que l'Occident a connu mille ans d'Orthodoxie, et que notre seul devoir et de l'enjoindre à retrouver son orthodoxie première dans le rite et la culture qui lui sont propres.

Que tous me pardonnent de ne pas développer davantage, et aussi la traduction rapide, que j'ai donnée ci-dessus, mais je suis plongée dans mes valises et sur le départ en vacances....
Amitiés à tous Marie
3. vladimir le 14/10/2011 23:23
Je trouve personnellement bien triste ce plaisir malsain que nous semblons avoir à remuer le couteau dans la plaie béante de notre discorde, qui est blessure que nous faisons à notre Eglise, au Corps du Christ! Pourquoi "Le Messager" ressort-il maintenant cette lettre de reproches, justifiés, qui a plus d'un an? Pourquoi faut-il republier la réponse polémique à un éditorial polémique de… 2005? Pourquoi voir à tout prix jeter de l'huile sur ce misérable feu?

Heureusement Marie en tire un contenu positif! Merci pour ce très intéressant commentaire, en particulier pour la traduction de ce texte caractéristique d'Alexis Khomiakoff.

Je ne suis toutefois pas d'accord avec vous sur l'interprétation du modèle de l'OCA. Comme l'a dit Mgr Hilarion de Volokolomask "… elle n’est pas une des Eglises ethniques de la «diaspora», mais l’Eglise orthodoxe des Etats-Unis, du Canada et du Mexique... Nous pouvons donc dire à toute personne qui voudrait se joindre à l’Eglise orthodoxe : « Vous n’avez pas besoin d’être ou de devenir Russe ou Grec ou Antiochien pour être orthodoxe. Vous n’avez pas besoin de devenir exotique ou oriental, vous pouvez être orthodoxe en gardant votre identité nationale ou culturelle.»

Cependant, tout en étant américaine, l’Eglise orthodoxe sur le continent américain doit être capable d’assister pastoralement tous les groupes ethniques qui en auraient besoin. Cette sorte de disponibilité fait véritablement partie de l’expérience américaine. L’Eglise doit aussi être capable de réagir aux nouvelles vagues d’immigration, en incorporant les nouveaux immigrants, avec leurs langues et leurs cultures. La tâche de l’Eglise orthodoxe en Amérique vis-à-vis des immigrants doit consister non pas à les « américaniser », mais à les christianiser et à les « orthodoxiser ». D’où le besoin d’être ouverte aux nouvelles potentialités offertes par les nouvelles immigrations.

Je crois que le fait de donner l’autocéphalie à l’O.C.A. était un acte prophétique de la part de l’Eglise russe orthodoxe." (1)

Donc OUI! C'est un modèle! Mais j'insiste sur le fait que cela n'a été possible que parce que son autocéphalie lui a été donnée par son Eglise-mère, comme l'avait préparé le saint patriarche Tikhon lorsqu'il était à la tête de la métropole russe d'Amériques, et selon le processus canonique d'octroi de l'autocéphalie qui a été unanimement approuvé par la commission préconciliaire de décembre 2009 (2). C'est "la politique qu'à toujours suivi le Patriarcat de Moscou dont le but canonique et missionnaire a toujours été une Eglise pour les Américains, fondée avec la bénédiction de l'Eglise mère et invitant tous les candidats à se joindre librement à elle" (3)
et d'ailleurs, à mon sens, c'est ce modèle qui a été repris par le patriarche Alexis II quand il a écrit en 2003 "Nous fondons notre espoir que la Nouvelle Métropole autonome, qui réunira tous les fidèles de tradition orthodoxe russe des pays d’Europe Occidentale, servira au moment choisi par Dieu, de creuset à l’organisation de la future Eglise orthodoxe Locale multiethnique en Europe Occidentale, construite dans un esprit de conciliarité par tous les fidèles orthodoxes se trouvant dans ces pays." (4) Malheureusement, ce n'est pas du tout cette démarche là que suivent les adeptes du "RÊVE D'AUTOCÉPHALIE" (5)

(1) http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Le-fait-de-donner-l-autocephalie-a-l-O-C-A-etait-un-acte-prophetique-de-la-part-de-l-Eglise-russe-orthodoxe_a1677.html
(2) "Le document qui a été finalement élaboré et devra être approuvé par la prochaine session de la Conférence Panorthodoxe Préconciliaire prévoit que les "présupposés ecclésiologiques, canoniques et pastoraux en vue de l'octroi de l'autocéphalie à une entité ecclésiale territoriale", quand celle-ci en fait la demande expresse, sont d'abord soumis à l'appréciation du concile de l'Eglise-mère à laquelle est canoniquement rattachée cette entité. Si la réponse est favorable, la demande est transmise par l'Eglise-mère au Patriarche Oecuménique afin qu'il en informe les autres Eglises orthodoxes territoriales et recueille leur avis qui doit s'exprimer de manière consensuelle. En cas d'accord de l'Eglise-mère et de consensus des autres Eglises orthodoxes, le Patriarche Oecuménique proclame alors l'autocéphalie de l'Eglise en question par une charte officielle (tomos) qui est signé par le Patriarche Oecuménique et contresigné par les primats des autres Eglises orthodoxes." in http://www.aartsbisdom.be/Z-Nouvelles_2009/Consultation_Interorthodoxe.html
(3) P. Jean Meyendorff; nécrologie du p. Alexandre Schmemann annexée à l'édition russe du Journal, après une 1ère publication ds St Vladimir's Theological Quarterly, 28, 1984, pp 3-10. Traduit du russe par V. Golovanow))
(4) http://oltr.france-orthodoxe.net/html/appelfr.html
(5) http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Deux-projets-pour-l-Orthodoxie-en-Occident-PROJET-1-REVE-D-AUTOCEPHALIE_a728.html
4. Marie Genko le 15/10/2011 10:03
Cher Vladimir,

Je vous remercie pour votre longue réponse et pour les références que vous vous donnez la peine de donner.

Je ne vais certainement pas discuter le bien fondé de la création de l'OCA.

Puisque notre Eglise mère, l'Eglise de Russie, a jugé bon de donner l'autocéphalie à l'OCA, il ne me reste qu'à souhaiter que cette autocéphalie, qui a été si vivement contestée par le patriarche de Constantinople, sera finalement reconnue et approuvée par le concensus de tous les patriarcats!

Autant que je puisse le savoir, cette reconnaissance est loin d'être acquise actuellement???
Et la plus part des patriarcats conservent leurs diocèses directement sous leurs omophores respectives sur le continant américain.

Comme vous l'écrivez très justement, c'est à l'Eglise mère de donner l'autocéphalie.

Pour terminer je pense que, si le Père Alexandre Schmemann, lui qui était si attaché à son identité patriarcale russe, avait pu prévoir que l'exemple de l'OCA alait provoquer une telle dérive dans l'archevêché dont il était issu, il est probable qu'il se serait senti totalement déchiré!
5. Boris le 15/10/2011 21:06
Vive la liberté! Vive l'amour !
La curiosité est l'un de mes nombreux péchés: étonné de constater que l'épitre du métropolite DREE se désistant de son inappropriée présence au Comité de rédaction du "Vestnik MJO - Вестник РХД" date d'il y a plus d'un an (2010), j'ai sollicité que l'on me faxe les pages en question.

Curiosité satisfaite: Mgr Hilarion s'est vu publié pour que le rédacteur en chef de la revue, N.Struve, aie l'occasion de vitupérer en 2011 et une fois de plus, de noircir l’Église orthodoxe russe dans une réponse de mauvais aloi. Il ne s'en est pas privé...
J'exhorte les membres dudit Comité, ceux qui ont la morale piur eux, de suivre le bel exemple du métropolite de Volokolamsk!
6. Gaetan Lamertume le 16/10/2011 10:50
Le brave N.Struve ne vit plus avec son temps...il s'est mis depuis longtemps hors jeu mais l'orgueil le tient si fort qu 'il est le seul à ne pas le saisir! Hélas l'âge venant n'est pas toujours une richesse mais peut être aussi un handicap...
7. justine le 18/10/2011 11:38
L'OCA serait donc "l'Eglise Orthodoxe en Amerique" tout court, c'est a dire on exclut automatiquement de cette Eglise tout ceux qui n'appartiennent pas a l'OCA, a savoir au moins autant de chretiens orthodoxes que l'OCA a de membres! D'autre part, de quelle Ecclesiologie se reclame Marie Genko en affirmant que la France est "le territoire canonique de l'Eveque de Rome"? Certainement pas de l'Ecclesiologie orthodoxe de nos Saints Peres, car selon cette ecclesiologie, la canonicite du pape est inexistante, vu qu'aucun heretique ne peut etre considere eveque canonique. Veuillez donc vous rapporter aux Canons Apostoliques, aux Canons de St Basile le Grand, au "Synodicon de l'Orthodoxie", a St Marc d'Ephese, a St Gregoire Palamas, a St Athanase de Paros, a St Cosmas d'Etolie, aux ecrits relatifs de Saint Justin de Celije, aux temoignages de hierarques contempoirains comme le metropolite Athanase de Chypre, metropolite Hierotheos de Naupacte etc. etc.
8. vladimir le 18/10/2011 16:56
Bien chère Justine,
Votre commentaire aborde deux questions bien différentes:

1. OCA: Mgr Hilarion de Volokolomask en a dit "… elle n’est pas une des Eglises ethniques de la «diaspora», mais l’Eglise orthodoxe des Etats-Unis, du Canada et du Mexique...". Cela ne signifie pas que les Chrétiens orthodoxes qui habitent aux Etats-Unis, Canada et Mexique et n'appartiennent pas a l'OCA sont exclu de l'Orthodoxie: ils appartiennent à la diaspora de l'une des Eglises autocéphales, tout comme la plupart d'entre nous qui échangeons sur ce blog. Cette situation est jugée anormale par tous ceux qui y réfléchissent: ainsi, citant le patriarche Barthelemy, le patriarche Alexis II écrivait en 2002 (lien) "En dépit des Saints Canons, les Orthodoxes, en particulier ceux qui vivent dans les pays occidentaux, sont divisés en groupes ethnico-raciaux. Les Eglises ont à leur tête des évêques choisis pour des considérations ethnico-raciales. Souvent ces derniers ne sont pas seuls dans chaque ville et parfois n'entretiennent pas de bonnes relations et se combattent ", ce qui "est une honte pour toute l'orthodoxie et la cause de réactions défavorables qui se retournent contre elle". Le modèle de l'OCA permettrait de dépasser cette triste situation... Mgr Hilarion ne dit pas autre chose.

2. Pour le territoire canonique du Pape de Rome, Marie se réfère à l’ecclésiologie constante de l'Eglise russe qui reconnait rappelée en particulier dans les "Principes fondamentaux régissant les relations de l'Eglise orthodoxe russe avec l'hétérodoxie", document officiellement adopté par le concile épiscopal de 2000 et confirmé par le concile local de 2009(1). Il affirme spécifiquement que " Le dialogue avec l'Église catholique romaine est fondé et doit rester fondé à l'avenir sur LE MAINTIEN DE LA SUCCESSION APOSTOLIQUE DES ORDINATIONS. En même temps il apparaît indispensable de prendre en considération le caractère du développement des bases doctrinales et de l'ethos de l'Église catholique romaine qui va assez souvent à l'encontre de la Tradition et de l'expérience spirituelle de l'Église Ancienne.". Ainsi l'Eglise russe reconnait la validité de l'ordination épiscopale des évêques catholiques, et par là même leurs diocèses, malgré "le caractère du développement des bases doctrinales et de l'ethos de l'Église catholique romaine qui va assez souvent à l'encontre de la Tradition et de l'expérience spirituelle de l'Église Ancienne."

Sources:
(1)Cf. http://orthodoxeurope.org/page/14/1.aspx, Annexe, "Histoire et spécificité des dialogues théologiques avec l'hétérodoxie, "Relations avec l'Église catholique romaine"; c'est moi qui ai mis les majuscules
9. Marie Genko le 18/10/2011 19:16
Chère Justine,

Je ne comprends pas pourquoi vous pensez que l'OCA exclut qui que cela soit???
L'OCA se veut l'Eglise orthodoxe en Amérique, mais cela ne l'empêche pas, à ma connaissance, d'avoir d'excellentes relations avec les autres juridictions orthodoxes présentes en Amérique, y compris l'Eglise russe Hors Frontières!
L'OCA a été créé au départ pour permettre aux diocèses russes d'échapper à la tutelle de l'Eglise de Russie, qui était captive d'un pouvoir athée.
Ses fondateurs, dont le Père Alexandre Schmemann, espéraient en effet que tous les orthodoxes présents en Amérique rejoindraient l'OCA, mais le patriarcat de Constantinople n'a pas voulu reconnaître l'autocéhalie de l'OCA et il a créée son propre diocèse grec, le patriarcat d'Antioche a fait de même....

Si vous prenez l'Histoire du premier millénaire de l'Eglise vous verrez que le territoire canonique de l'évêque de Rome englobait bien la Gaule, l'Espagne et l'Italie.
Devons nous espérer que les chrétiens de ces territoires retrouveront prochainement leur Orthodoxie première (ils ont été orthodoxes durant tout le premier millénaire) ? et par conséquent respecter les limites de leur patriarcat ?
Je pense que OUI, car il n'est pas question d'helleniser ou de russifier le monde latin, qui a sa propre tradition cultuelle, mais au contraire de témoigner notre orthodoxie, afin que ce monde latin retrouve le souffle de l'Esprit Saint qui l'habitait durant mille années! Afin que, abandonnant ses hérésies, il retrouve la même Foi que la notre!
Pour cela notre témoignage est de toute première importance et ce témoignage ne peut être que celui de la Foi et de l'Amour!
Pour que ce témoignage soit crédible, nous devons commencer par nous aimer les uns les autres et mettre un point final à toutes les querelles entre les Orthodoxes.

Avec toute mon amitié Marie
10. vladimir le 19/10/2011 10:38
Bien chère Marie,

Je reviens sur cette question de l'octroi de l'autocéphalie, car elle constitue actuellement l'un des problèmes fondamentaux de notre organisation ecclésiale orthodoxe: quasiment réduit à 2 du XVe au XIXe siècles (patriarcat de Moscou, seul resté indépendant et ayant absorbé celui de Géorgie, et patriarcat de Constantinople, "ethnarque" c'est-à-dire chef de tous les Orthodoxes de l'empire ottoman) le nombre des Eglises orthodoxes a maintenant atteint 15 (avec OCA) et sera certainement appelé à augmenter encore, mais dans quelles conditions? C'est l'une des questions non résolues des réunions Préconciliaires en cours depuis 35 ans…

En effet, les dernières proclamations d'autocéphalies ont généralement été compliquées, avec des délais importants (le record est actuellement détenu par l'Eglise de Bulgarie, qui a attendu sa reconnaissance par Constantinople 74 ans!) car il n'y a tout simplement pas de procédure unanimement acceptée. En 2009 il y eu un premier accord au sein de la commission mixte préconciliaire sur les principes de base:
- "les présupposés ecclésiologiques, canoniques et pastoraux en vue de l'octroi de l'autocéphalie à une entité ecclésiale territoriale, quand celle-ci en fait la demande expresse, sont d'abord soumis à l'appréciation du concile de l'Eglise-mère à laquelle est canoniquement rattachée cette entité. Si la réponse est favorable, la demande est transmise par l'Eglise-mère au Patriarche Œcuménique afin qu'il en informe les autres Eglises orthodoxes territoriales et recueille leur avis qui doit s'exprimer de manière consensuelle. En cas d'accord de l'Eglise-mère et de consensus des autres Eglises orthodoxes, le Patriarche Œcuménique proclame alors l'autocéphalie de l'Eglise en question par une charte officielle (tomos) qui est signé par le Patriarche Œcuménique et contresigné par les primats des autres Eglises orthodoxes."(1)

Mais les discussions n'ont pas abouti sur les points pratiques de la mise en application de ces principes (par exemple dans quel ordre et quel délai les Eglises donnent leur avis, pour quels motifs peuvent-elles refuser leur accord…) et la question reste en suspens.

Remarquons que le processus de l'OCA suit bien les principes adoptés: accord de l'Eglise-mère (en 1970), transmission au patriarcat de Constantinople, avis des autres Eglises (4 ont donné leur accord)… et blocage puisque chaque Eglise peut arrêter le processus en ne donnant pas d'avis sans limite de temps et sans avoir à le justifier… En fait le problème est compliqué par le fait que nombre d'Eglises ont leurs éparchies sur le territoire de l'OCA, à commencer par le patriarcat de Constantinople (premier à avoir rompu l'unité de la Métropole des Amériques en 1921) et le patriarcat de Moscou (avec ses paroisses et l'Eglise hors frontières); toutefois le processus n'est pas vraiment bloqué puisque, après le tomos d'autocéphale (30 mai 1970), l'OCA a été rejointe par l'archidiocèse albanais (1971) et le diocèse bulgare (1976). De plus les évêques de l'OCA font partie des Assemblées épiscopales des Amériques du nord et du centre et du Canada à titre individuel, l'OCA n'étant pas unanimement reconnue par les autres.

(1) http://www.aartsbisdom.be/Z-Nouvelles_2009/Consultation_Interorthodoxe.html
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