L’Église orthodoxe albanaise refuse de reconnaître l’Église orthodoxe en Ukraine

Parlons D'orthodoxie

Le 8 mars, l’agence grecque Romféa, a annoncé que le synode de l’Église orthodoxe albanaise l’une des quinze Églises orthodoxes locales dans le monde, a refusé de reconnaître la nouvelle Église créée en Ukraine par le patriarcat de Constantinople.

La session du synode albanais où a été prise cette décision s’est tenue le 4 janvier, cependant c’est seulement le 7 mars que le texte en a été rendu public.

Les évêques de l’Église albanaise ont dit leur inquiétude devant la reconnaissance « tardive » par Constantinople du sacre épiscopal de Philarète Denissenko, excommunié et frappé d’anathème, « dont le sacre est invalide et privé de l’action et de la grâce de l’Esprit Saint ». De plus, l’Église albanaise s’interroge sur la canonicité du sacre d’Épiphane Doumenko primat de la toute nouvelle « Église orthodoxe d’Ukraine ».

« Comment peut-on, par condescendance, reconnaître en ces consécrations l’action de l’Esprit Saint, alors qu’elles ont été une offense à l’Esprit Saint ? »

Le synode de l’Église albanaise rappelle qu’en son temps c’était l’ensemble des Églises de Serbie, de Roumanie, de Bulgarie, de Géorgie, de Pologne, d’Albanie de Tchékie et Slovaquie qui espéraient leur autocéphalie, ce qui n’a rien à voir avec la situation actuelle en Ukraine. Le document rappelle que des millions de fidèles de l’Église orthodoxe ukrainienne ont refusé de participer à la réception du tomos accordant l’autocéphalie et ont rompu tout lien eucharistique avec Constantinople.

« Au lieu de la concorde et de l’unité des fidèles orthodoxes en Ukraine, nous craignons une division du monde orthodoxe » souligne le synode de l’Église albanaise, qui appelle, pour sauvegarder l’unité, à la convocation d’une synaxe des primats des Églises orthodoxes locales pour discuter du problème ukrainien.

On a également appris qu’en novembre dernier, dans un courrier au patriarche Cyrille, l’archevêque Anastase de Tirana et de toute l’Albanie considérait le projet d’autocéphalie pour l’Ukraine était une aventure « en terrain miné ».

INTERFAX.RU Албанская православная церковь отказалась признать ПЦУ Traduction pour PO


Commentaires (23)
1. Jean Oberlin le 11/03/2019 12:11
Voilà une prise de position très précieuse car elle illustre cette troisième voie défendue par trop peu de monde aujourd'hui : ni partisan de Moscou, ni partisan de Constantinople, mais amoureux de la sainte et vraie Foi orthodoxe.

L'article ne le mentionne pas, pourtant sur le site du Monastère Sretensky, d'une importance considérable en tant qu'il est l'organe de presse principal (bien que non officiellement présenté comme cela) et le plus diffusé du "PM", il est bien explicité que, tout en rappelant les canons, l'anticanonicité du rétablissement de gens anathématisés aux rangs épiscopaux, mettant en doute quant à la réelle succession apostolique, le "PM" n'en est pas moins sujet à des prises de positions fautives et ambiguës :
"At the same time, the Albanian Church reiterated its concern and criticism of the Russian Church’s decision to not participate in the Crete Council in 2016 and to interrupt Eucharistic communion with the Patriarchate of Constantinople in October of last year. As Abp. Anastasios wrote to Pat. Kirill, the Eucharist must remain outside of and above all conflicts."

http://orthochristian.com/119801.html

C'est une bonne attitude. Merci à cet archevêque Anastase !

Bonne quarantaine à tous !
2. Guillaume le 11/03/2019 13:46
D'après Orthodoxie.com, le Saint Synode de l'Eglise Grecque n'est guère enthousiaste et pas prête pour reconnaître l'église Denissenko. Le Рhanar va pouvoir compter ceux qui reconnaissent cette "église" sur les doigts d'une main.
3. Guillaume le 11/03/2019 13:47
Le patriarcat de Serbie soutient la même position sur la canonicité.
4. Didier Veillat le 11/03/2019 17:03
@ M. Jean Oberlin,
La troisième voie... en effet. Préoccupé par l'avenir de l'Archevêché de la rue Daru, je prêche (dans le désert) une troisième voie. Mais entendons-nous; sans phobie de la Russie. Il s'agit juste de rétablir une loi organique: un territoire, une langue, un évêché. Et compte-tenu des immigrations, la nécessité d'aménagements quant à la langue.
Concernant la tentative du Phanar sur l'Ukraine, il est heureux que la plupart des Patriarcats voient juste et soutiennent l'évitement de tout guerre intestine au sein de l'Orthodoxie. L’Arménie, la Grèce... Bientôt, le Phanar ne sera soutenu que par lui-même, comme ce fameux Baron de Münchhausen... Je ne me réjouis pas pour autant parce que toute cette affaire est bien triste et dommageable pour l'Orthodoxie. Comme vous le rappelez, il est dommage qu'en 2016... Mais on ne refait pas l'Histoire.
Bonne soirée.
Didier Veillat
5. Guillaume le 12/03/2019 10:07
Le pape de Constantinople a daigné répondre à l'archevêque de Tirana. Bref même seul dans le phanar il aura raison.
6. Gueorguy le 12/03/2019 15:27
On trouve le texte, traduit en russe, de cette lettre sur le lien ci-dessous.

Le site Orthodoxie.com en donne un résumé.

Guillaume est espiègle mais résume encore plus synthétiquement.
7. Guillaume le 13/03/2019 07:58
Cher Georguy je reconnais être espiègle et taquin que voulez vous je suis Français avec beaucoup de défauts et un petit fond voltairien malgré moi sans doute.
8. Jean Oberlin le 13/03/2019 15:03
Mr. Didier Veillat
La troisième voie honnête serait plutôt : un territoire, une langue (avec compréhension au cas par cas selon les origines majoritaires des paroissiens)n comme aux EUA), une juridiction : celle du patriarcat œcuménique. Toute les autres églises locales ayant juridictions dans des territoires définis, seul (bien malheureusement aux vues de ses têtes dirigeantes depuis au moins Métaxakis) le Patriarcat Oecouménique devrait avoir des juridictions dans le monde "non-orthodoxe". A l'époque de la conversion des slaves c'était déjà la même chose et jamais Alexandrie, Antioche, Jérusalem, Chypre ou la Géorgie (seule Rome voulait concurrencer Constantinople) n'ont prétendu pouvoir étendre leur juridiction au-delà des frontières définies par leur autocéphalie prétendument pour veiller sur une diaspora. Dans les territoires non orthodoxes autres que l'Arabie et l'Afrique, c'est toujours Constantinople qui avait la responsabilité de l'évangélisation. Et rien n'empêcherait que les Eglises locales soucieuses de leurs fidèles émigrés, ne dépêchent des prêtres pour servir dans les paroisses se la juridiction du P.Oecuménique. Par amour de l'Orthodoxie, je ne vois pas le problème à un tel fonctionnement.
Donc oui à une Métropole de France suffragante du Patriarcat Oecuménique (comme c'est le cas de nos jours), non à une mythique église locale où feu l'Exarchat serait l'épicentre. Les ruines de ce qui constituait jadis l'Archevêché (en soit déjà une énorme anomalie et tâche canonique encombrant l'Orthodoxie) doivent se fondre dans la Métropole de France, ou retourner à leur "russéïté" (c'est déjà une économie canonique entraînant une multiplicité de juridictions sur un même territoire canonique...)
9. justine le 13/03/2019 17:14
A Jean Oberlin, post 1: Le site du monastère de Sretenski n'est pas " l'organe de presse principal du PM" comme vous dites incorrectement pour discréditer aussi bien le monastère que son site, apprécié dans tout le monde orthodoxe pour ses précieuses contributions à l'information ecclésiastique orthodoxe et ses articles de fond sur des thèmes de la vie spirituelle orthodoxe d'une grande variété et par des hiérarques, prêtres, startsi et théologiens de haut niveau. Est-ce l'ignorance, la russophobie ou la jalousie qu'un site orthodoxe d'un tel calibre n'existe pas en langue grecque qui vous fait dire de telles choses?

Si l'Eucharistie doit rester en-dehors des conflits, il faudrait alors blamer les Saints Canons qui stipulent la peine de l'excommunication dans bien des cas et la pratique du Fanar lui-meme qui avait rompu la communion avec le'Eglise de Grece il y a quelques annees a cause d'un desaccord avec l'Archeveque Christodoulos.

Et puis votre "troisième voie" n'est guère recommandable, car la neutralité dans un cas d'injustice contre des frères chrétiens, voire de promotion consciente de la persécution contre eux, d'anti- canonicité flagrante et de corruption (on vient de publier l'accord entre Bartholomé et Poroshenko qui prouve bien que le premier s'est fait richement rétribuer par le second pour le tomos) équivaut à la lâcheté et à la trahison.

D'ailleurs Bartholomé n'a guère apprécié la prise de position de l'Archevêque Anastase, comme le montre sa réponse publiée le 9 mars et dans laquelle il fait comprendre à celui-ci que son autocéphalie comme celle de toutes les autres Eglises autocéphales n'est que provisoire et dépend entièrement du bon plaisir de l'Autocrate du Phanar.

Dans cette épître quasiment illisible, tellement elle est imprégnée de la superbe fanariote et articulée dans un langage on ne peut plus pompeux, Bartholomé essaie de justifier la reconnaissance des schismatiques ukrainiens par une série d'exemples tirés de l'Histoire de l'Eglise, dont la plupart s'avèrent toutefois être le résultat du bien connu truquage fanariote des sources - comme notamment le cas des Mélétiens d'Egypte du 4e siècle dont Bartholomé prétend que les évêques et prêtres ordonnés par ce schismatique ne furent pas ré-ordonnés, ce que le document-source, c'est à dire la Lettre du 1er Concile Ecuménique (Nicée 325) aux Egyptiens, dément très clairement, puisqu'on peut y lire que ces personnes ne furent admis à la communion qu'après avoir été ré-ordonnés, et qu'ils ne purent exercer leur office qu'en rang inférieur à tous les autres évêques et prêtres de l'Eglise d`Alexandrie -, ou d'une déformation de faits de mauvaise foi comme le cas de ROCOR dont les évêques et prêtres ne furent pas ré-ordonnés lors de leur réunion avec Moscou (quand on sait, et le Fanar le sait, que la fondation de l'Eglise Russe en Exil avait eu lieu avec l'expresse bénédiction du Patriarche Tykhon dans le but de préserver une partie saine et indépendante du régime communiste de l'Eglise Russe), donc un cas complètement différent du schisme ukrainien causé uniquement par l'orgueuil et la philodoxie de Philarète et l'hérésie ethnophylètique de certains ukrainiens.

Ces tentatives de justification ne font qu'empirer le mal du Fanar, tout comme son refus de la convocation d'un Concile panorthodoxe - parce que, comme il répondait déjà au patriarche Jean d'Antioche, de même que les 4 Eglises refusèrent de venir en Crète, ainsi il refuse maintenant de manière analogue de venir à un Concile panorthodoxe - , car Bartholomé prouve une fois de plus qu'il agit par simple vengeance et entêtement et que malgré toutes ses "belles" paroles l'unité de l'Eglise et le bien de son plérome lui sont aussi chers que sa première chemise....

Pour la lettre de Bartholomé a l'Archevêque Anastase, voir le texte integral grec: https://www.vimaorthodoxias.gr/oikoumeniko-patriarxeio/apologitiki-apantisi-vartholomaiou-ston-anastasio-gia-to-oukraniko/
10. Didier Veillat le 13/03/2019 18:00
Restons espiègles: "Le fou étant celui qui a tout perdu sauf la raison" (W. Chesterton), on peut considérer que le Phanar a forcément raison... S'il n'y avait que lui! Voltaire, par exemple... Mais pas d'égarement trop taquin. En tant que Français, je serais plutôt rouspéteur, ce qui est bien plus de l'ordre de Bernanos...

Ceci dit, je pense qu'au delà de la raison, il y a l'ordre de l'Orthodoxie à maintenir. Quand bien même le Phanar aurait-il raison (il s'en faut de beaucoup!), il s'est fourvoyé en faisant entrer l'Orthodoxie dans une forme de désordre pénible et contre-productif. L'urgence étant d'éviter tout schisme, il lui faut revenir à une raison non rationnelle. Mais il est allé déjà bien loin et je crains que le retour ne soit douloureux; cependant il vaut mieux souffrir que de mourir. En l'espèce, il n'est jamais trop tard. Quoique, pour Mgr Bartholomée, je crains que cela ne le devienne rapidement, surtout en acceptant des biens immobiliers de la part de M. Porochenko en échange du Tomos: le mauvais pas de trop!
A plus long terme, cela finira en arabesque latérale et l'Orthodoxie ne sera pas ébranlée pour autant. Le plus tragique étant que tout cela ne serait pas arrivé avec un peu de clairvoyance et que pour le moment cela sème un mauvais vent inutile et douloureux pour certains.
Didier Veillat
11. Didier Veillat le 14/03/2019 09:50
@ Jean Oberlin post 8

Je vous rejoins sur cette loi organique: "un territoire, une langue (avec compréhension au cas par cas selon les origines majoritaires des paroissiens comme aux EUA), une juridiction".
Où je ne vous rejoins pas: "celle du patriarcat œcuménique".
Tout simplement parce que les deux éléments sont contradictoires sur tous les plans. Tant que le dernier Tomos était en vigueur, l''Archevêché se constituait en Exarchat autonome. En tant que tel il correspondait à la loi organique du droit canon.
Il se trouve que l'Archevêché de Daru n'est plus uniquement, et loin s'en faut, la manifestation de sa russicité (si le terme existe). Les paroisses sont cosmopolites et pour beaucoup inscrites dans la langue du territoire. Cela ne signifie pas qu'elle ne soient pas proches de la Russie originelle des fondateurs, qu'elles n'aiment pas la Russie, etc. Mais leur habitus n'est plus russe.
Qu'il y ait des éléments à revoir ou à perfectionner, que ceci ou que cela..., certes! Mais il n'y a pas de raison profonde ici et maintenant qu'elles soient sous Moscou ou Constantinople. Non plus que sous la Métropole grecque de Mgr Emmanuel "de France" qui suit Mgr Bartholomée jusqu'en Ukraine comme son ombre. Comme je l'ai écrit à Mgr Emmanuel: "Vous voulez Constantinople, vous aurez Moscou". Je m'en serais bien volontiers passé.
Quant à une autocéphalie, il faut être patient sur le long terme, mais ne pas fermer cette porte à double tour et pour toujours. Or c'est ce que voudraient bien certains et c'est ce contre quoi l'Orthodoxie en Europe à laquelle j'appartiens se défend... bien contre son gré, malheureusement. Je me demande en quoi d'ailleurs cela peut bien gêner Constantinople, si ce n'est pour des questions d'étendue politico-territoriale contre Moscou. S'il n'était que de moi, en attendant mieux, ce serait la protection de la Roumanie... Mais il ne faut pas espérer de l'Archevêché qu'il se dirige, en attendant, en conscience vers le pire.
Le fait que le Patriarcat de Constantinople ait dissous l'Archevêché sur le papier ne signifie pas que ce dernier accepte le suicide qui lui est promulgué comme thérapeutique... ce pourquoi il continue de vivre.

Bonne journée

Didier Veillat
12. justine le 14/03/2019 20:16
Le refus de l'Eglise d'Albanie, après bien d'autres, de reconnaître les schismatiques ukrainiens, est très rassurante pour tous les Orthodoxes, et on doit espérer qu'aucune de toutes les autres Eglises locales ne les reconnaîtra, car dans le cas contraire, comme souligne le théologien orthodoxe protopresbytre Anastase Gotsopoulos dans un exposé qui vient d'être publie en grec, le corps épiscopal de l'Orthodoxie dans le monde entier serait irrémédiablement empoisonné par des "évêques" sans succession apostolique, ce qui est une chose extrêmement grave du point de vue sacramentel.

Dans son article intitulé "Les Eglises locales devant un défi grave", il attire l'attention sur le fait qu'un tiers de la nouvelle "église" ukrainienne créée par le Fanar se compose d'"évêques" sans ordination valide et hors de la succession apostolique. Ce sont les 30 "évêques" de la dite "Eglise orthodoxe ukrainienne autocéphale" de Makarij Maletic qui remontent tous à deux clercs: un ancien hiérarque du patriarcat de Moscou, Ioan Bodnarchuk, évêque de Zytomir ordonné en 1977 par Philarète alors métropolite canonique de Kiev, mais qui en 1989 entra en schisme et fut pour cela destitué par le PM, et un ancien diacre de l'Eglise russe du nom de Victor (Vincent) Chekalin qui ne reçut jamais la prêtrise ni bien sûr l'ordination épiscopale, mais parut sous diverses identités fictives dans diverses juridictions et divers pays et finit par être condamné en Australie pour séduction et abus de mineurs à 4 ans de prison. Ces deux donc "ordonnèrent" les premiers "évêques" de l'EOUA, et le père Anastase reproduit un tableau avec la "généalogie" exacte des 30 "évêques" EOUA qui constituent aujourd'hui le tiers de l' "Eglise autocéphale ukrainienne" fanariote.

Quant à Makarij Maletic lui-même, le patriarcat de Constantinople faisait état, dans son communiqué annonçant la "réintégration" des schismatiques, que celui-ci avait fait appel à lui. Or, un appel se fait contre un verdict, et Makarij n'a jamais fait objet d'un verdict en tant que "évêque". Il avait été protopresbytre de l'Eglise ukrainienne canonique du Patriarcat de Moscou, puis rejoignit la schismatique EOUA, sur quoi il fut suspendu par l'Eglise canonique. En 1996 il fut "ordonné" "évêque" par trois pseudo-évêques sans succession apostolique de l'EOUA, tous les trois "ordonnés" par le charlatan Chekalin. Contre quoi Μakarij faisait-il appel au Fanar? demande le père Anastase. Et quel jugement le Fanar a-t-il levé par sa décision synodale du 11 octobre 2018? Et de quelle manière le Fanar a-t-il "réintégré" Makarij Maletic dans "sa dignité épiscopale"? Est-il possible, poursuit le père Anastase, qu'une décision synodale patriarcale concernant une appellation puisse compléter l'absence de succession apostolique et la transformer en ordination épiscopale? Depuis quand les soi-disants "privilèges canoniques du Patriarcat de Constantinople de recevoir des appels de hiérarques et autres clercs de toutes les Eglises Autocéphales" incluent-ils aussi la thérapie de l'absence de succession apostolique par sa "transformation" en ordination épiscopale?

Le cas des 30 "évêques" sans succession apostolique de l'EOAU dans la nouvelle "église" en Ukraine constitue donc un défi extrêmement grave et dangereux pour l'Eglise Orthodoxe.

Quant à l'appel de Philarète, le père Anastase souligne que sa réintégration est invalide parce que celui-ci avait par ses actes perdu tout droit de faire appel contre sa destitution et son anathématisation par le Saint Synode du Patriarcat de Moscou, conformément au canon 4 d'Antioche, confirmé par des Conciles Ecuméniques: "Si un évêque quelconque qui a été déposé par un synode, ou un prêtre ou diacre qui a été déposé par son évêque, devait s'enhardir à exécuter une part quelconque du ministère, que ce soit un évêque selon son habitude précédente, ou un prêtre ou un diacre, qu'il n'ait plus aucun espoir d'être réintegré par un autre synode, ni aucune occasion d'exercer sa défense, mais que ceux qui communient avec lui soient expulsés de l'Eglise, en particulier s'ils se sont enhardis à communier avec les personnes précitées en connaissance de la sentence prononcée contre elles."
13. Vladimir G: la diaspora est composée de personnes élevées dans la tradition orthodoxe de leur patrie d'origine.... le 15/03/2019 09:41
Le caractère erroné de la doctrine disant que "Dans les territoires non orthodoxes autres que l'Arabie et l'Afrique, c'est toujours Constantinople qui avait la responsabilité de l'évangélisation et que "doive être soumise au Patriarcat de Constantinople "toute province qui ne relève pas d'un autre siège patriarcal"," a été largement démontré dans la "lettre du Patriarche Alexis II de Moscou au Patriarche Bartholomée de Constantinople (18 mars 2003; cf. lien.) En voici des extraits


Il apparaît évident que cette interprétation inexacte provient ici d'une interprétation erronée du terme "chez les étrangers" (en tis varvarikis) et du contexte de cette expression. Une telle interprétation erronée suppose qu'il s'agit ici non pas des peuples barbares vivant soit dans l'empire romain soit au-delà de ses limites, mais des entités administratives (définies par l’État) peuplées surtout de barbares. Or, il ne fait aucun doute que cette expression recouvre non pas les provinces mais les peuples, elle n'est pas utilisée au sens administratif et politique mais au sens ethnique. Cela découle de façon évidente des considérations que nous développons ci-dessous.

Comme vous le savez, à l'époque hellénistique et byzantine, le terme "varvaros" se rapporte aux représentants des peuples dont la langue, la culture et les mœurs ne sont pas grecques.(...) C'est dans ce sens que ce terme est utilisé par exemple dans le 63ème (52ème) canon du Concile de Carthage, où il est dit qu’en Mauritanie il n'y avait pas de conciles parce que ce pays se trouve à l'extrémité de l'Afrique, il est limitroph! e d'une terre barbare (to varvariko parakitê). Néanmoins, ce terme peut aussi se rapporter à tout ce qui est barbare, et à ce titre – aux territoires qui, bien que peuplés des barbares, entrent dans la composition de l'empire.

C'est justement dans ce sens que ce terme est utilisé dans le canon de Chalcédoine. On n'y parle pas de peuples barbares en général, mais seulement de peuples bien déterminés, des peuples des provinces susmentionnées (ton proirimenon diikiseon), c’est à dire des barbares vivant dans les diocèses du Pont, de l'Asie et de Thrace qui faisaient partie intégrante de l'empire romain d'orient. Ainsi le canon soumet au siège de Constantinople les évêques des barbares vivant dans les limites ecclésiales de ces trois diocèses.

Tous les commentateurs des canons, Alexis Aristène, Jean Zonaras et Théodore Balsamon, de même que l'auteur du Syntagma alphabétique, Matthieu Blastaris, entendent par l'expression "en varvarikis" justement les peuples barbares et, qui plus est, uniquement les peuples soumis à la juridiction de ces trois diocèses, soulignant que les peuples barbares des diocèses voisins n'étaient pas soumis par cette règle à la juridiction de Constantinople, mais ils restaient sous la juridiction d'autres Eglises orthodoxes. (...) Il est par ailleurs souligné que la juridiction de l'évêque de Constantinople a été étendue à ces territoire justement du fait de leur voisinage avec la province canonique définie par la 28e règle du Concile de Chalcédoine, bien que dans le texte même des règles la possibilité d'un tel élargissement ne soit pas prévue.

Ainsi les commentateurs anciens et faisant autorité confirment que le Concile de Chalcédoine n'a donné à l’évêque de Constantinople un droit sur les territoires "barbares" que dans les limites de trois diocèses, dont seul le diocèse de Thrace se situe en Europe. (...) En ce qui concerne les frontières de l’Eglise de Constantinople en Asie, Balsamon écrit, dans l’interprétation du canon 28 du IVe Concile œcuménique : "Sache qu'on appelle pontiques les métropolites riverains de la Mer Noire jusqu'à Trébizonde, asiatiques les mé! tropolites près d'Ephèse, de la Lycie, de Pamphilie et des environs, mais pas en Anatolie, comme disent certains. En Anatolie, c'est celui [l’évêque] d'Antioche qui possède le droit d'ordonner" (Syntagma d'Athènes II, 284).

Il convient également de constater qu'il ne s'agit pas dans ce canon de la diaspora mais des peuples "barbares" autochtones vivant non pas dispersés mais sur leurs propres terres. Ils sont devenus chrétiens surtout à la suite d'activités missionnaires : leur christianisme ne vient pas de leur patrie étrangère comme c'est le cas pour la diaspora. Et voilà pourquoi, on s'éloigne de la réalité historique et on mélange des concepts différents si on étend le champ d'application d’un canon concernant les peuples autochtones, devenus chrétiens par suite d'activités missionnaires, au phénomène de la diaspora composée de personnes qui partent en terre étrangère et qui ont été élevés dans la tradition orthodoxe de leur patrie.

http://oltr.fr/documents/145-lettre-du-patriarche-alexis-ii-de-moscou-au-patriarche-bartholomee-de-constantinople
14. Jean Oberlin le 15/03/2019 11:33
Justine Post 9. J'apprécie énormément Pravoslavie.ru qui est, après Romfea et Pemptousia bien sûr, le site d'information orthodoxe le plus actualisé et le plus complet. Je remarquais ce fait, visible pour qui ouvre les yeux, que le site du Monastère de Srietensky est le plus lu et le plus complet (en trois langues, dont l'anglais qui plus est) des sites d'informations orthodoxes russes, ce qui en fait donc, bien que non officiellement présenté ainsi, ce que je stipulais déjà, le premier site pour la diffusion des informations en Russie et dans les communautés russophone et russophiles de l'étranger, où le Patriarcat de Russie exerce sa juridiction et son influence comme il plaît à Dieu que cela soit. On sait également que le Monastère Srietensky est, avec le Monastère Daniylov ainsi que la Laure de la Trinité Saint-Serge, un Monastère patriarcal, où Sa Sainteté le Patriarche réside parfois et où certaines assemblées synodales siègent.
Je ne sais comment il pourrait m'être aisé d'être russophobe étant tributaire de ce Patriarcat de Moscou pour ce qui est de ma naissance puis de ma croissance spirituelle. Aussi, pour la troisième voie que je défends, tout ce qui est orthodoxe est bon et vrai, mais toutes les influences hétérodoxes quelles qu'elles soient méritent d'être dénoncées pour ce qu'elles sont : anti-orthodoxes. Ni plus ni moins.

Mais, Grande Quarantaine et vie chrétienne oblige, je vous pardonne bien fraternellement vos égarements et vos jugements, très chère sœur en Christ Justine ! Je sais votre faiblesse de raisonnement lorsque vous prenez partie pour le "PM", je ne vous en fais pas grief, loin de là !
15. Didier Veillat le 15/03/2019 13:01
Quand je lis des chrétiens orthodoxes se disputer pour des prééminences (ou non) de sites, s'invectiver sous une fausse politesse, etc. et n'étant pas certain qu'ils seraient pareillement véhéments à l'encontre d'un disciple de Shiva (je pioche ici au hasard, j'avais pensé d'abord à Kali...), je m'inquiète.
Depuis que je participe à des discussions sur ce site, j'ai établi par divertissement et sans gloire une liste des "nom d'oiseaux" qui fleurissent ici ou là. Chacun voulant être plus orthodoxe que son voisin...Certes, le printemps arrive, mais de grâce, de grâce!
En ce temps de carême, la tempérance la plus stricte est recommandable. S'il vous plaît.
Concernant les sites dont il est faut état par Mme Justine et par M. Oberlin, je ne lis ni ne comprends aucune langue étrangère. (Si je comprenais la langue russe, j'irai bien volontiers à des offices dans cette langue.) Mais je suis sûr qu'ils ont tous l'Orthodoxie et chacun leur apport à l'Orthodoxie. Cela ne mérite aucune dispute de fond sur des formes...
Un autre terme est récurrent: celui de russophobie et ses cousins. On ne peut pas être ni russophobe, ni russophile, me semble-t-il, quand on est chrétien orthodoxe. J'aime beaucoup des aspects de la Russie et la considère comme un pays majeur dans l'Histoire du monde, mais certains aspects de la politique russe ou même de son climat (pour parler de quelque chose de trivial) ne me sont pas très attractifs. Suis-je -phile ou -phobe? Je reconnais qu'il existe des gens dont la phobie passionnelle est délétère, mais cela ne relève plus de l'orthodoxie...

Merci à M. Vladimir G pour le lien vers la lettre du Patriarche Alexis II quant à la diaspora.

Bonne fin de journée.
Didier Veillat
16. Guillaume le 25/03/2019 09:28
Le phanar devant le peu de succès de sa décision serait en train de préparer un nouveau coup de force avec une visite commune du patriarche Bartholomé et de l'homme de paille de Denissenko à la Sainte Montagne.
https://orthodoxie.com/le-patriarche-oecumenique-bartholomee-et-le-metropolite-epiphane-se-rendraient-sur-mont-athos-apres-paques/
17. justine le 25/03/2019 12:25
A Guillaume, post 16: Espérons que les Athonites lui feront comprendre qu'ils ne se laisseront pas souiller de force par des concélébrations proscrites. Leur majorité est tres opposée à cela. Si Bartholomé insiste, cela contribuera certainement à une chute ultérieure de son acceptabilité pour le plérome orthodoxe et précipitera ainsi sa fin définitive.
18. justine le 25/03/2019 13:01
La lettre par laquelle le patriarche Barholomé a répondu a l'Archeveque Anastase d'Albanie (voir post 9 ci-haut) a fait l'objet de nombreux commentaires critiques dont deux sont particulièrement importants parce qu'ils montrent toute l'étendue des prétentions inacceptables de Bartholomé et la malhonneteté de ses arguments moyennant le trucage de sources historiques. Ce sont:

1. l'analyse en deux parties du théologien orthodoxe qui écrit sous le pseudonyme Petrus Antiocheus, intitulé "The true story of Bartholomew's 'Meletian Schism' " et "The Council of Carthage and the limits of papal authority" , publiée sur https://orthodoxsynaxis.org/2019/03/21/the-true-story-of-patriarch-bartholomews-meletian-schism/ et
et https://orthodoxsynaxis.org/2019/03/20/the-council-of-carthage-the-limits-of-papal-authority/

2. Editorial de l'hebdomadaire grec "Orthodoxos Typos", édition du 22 mars, intitulé "Antimanifeste contre l'arrogance patriarcale" (en grec), republié sur le site: http://aktines.blogspot.com/2019/03/blog-post_833.html#more.
19. Guillaume le 01/04/2019 09:27
L'archevêque de Tirana, vient de réécrire au patriarche de Constantinople pour lui faire de nouveau part de sa perplexité et de sa incompréhension devant les sous entendus du Phanar.
20. justine le 01/04/2019 12:16
Au post 19, complement: On peut trouver le texte francais (avec quelques bizarreries typographiques malheureusemrnt) de cette seconde reponse de l'Archeveque Anastase sur https://orthodoxie.com/wp-content/uploads/2019/03/anastase_reponse_bartholomee.pdf .

D'autre part, dans une interview le metropolite Kallistos Ware a lui aussi renouvele son opposition aux demarches du patriarche Bartholome en Ukraine et confirme son point de vue que l'Ukraine fait partie de l'Eglise de Russie depuis 300 ans et que ce fait historique ne peut etre nie. Il demande a nouveau qu'une solution du probleme ukrainien soit tentee par une rencontre au niveau panorthodoxe. Ses declarations (en anglais) sont acessibles sur: https://youtu.be/_6HI5KSrDls
21. père Joachim le 02/04/2019 00:34
Afin de dissiper tout malentendu, nous précisons que l’Église orthodoxe autocéphale d’Albanie, dans le cas où la situation dégénéreraiten schisme (que Dieu ne le permette pas!)restera, tout en faisant fermement profession de l’amour dans la vérité, avec le Patriarcat œcuménique

YANNOULATOS met de l'huile sur le feu pour pousser à la révolte et annonce vouloir se réfugier sous l'omophrore du Protos qu'il disqualifie par son argumentaire partisan, en cas de vrais coup dur.
Mystère !
A toutes faims utiles,i je disposais d'une planche à billets perso. j'investirais dans de l'encre et du papier pour redresser les consciences !
22. justine le 02/04/2019 11:59
Au post 21: Pour la clarté et contre les équivoques: Le premier alinéa du post 21 est une citation de la lettre de l'Archeveque Anastase. "Yannoulatos" se réfère à ce meme Archeveque (c'est son nom de famille civil).
L'accusation que l'Archeveque Anastase jetterait de l'huile sur le feu et pousserait à la révolte et voudrait en cas de besoin se réfugier sous l'omophore de Bartholomé, est injuste et entièrement partisane de la fanarodoxie. Il est tout à l'honneur du Primat de l'Eglise d'Albanie de défendre dans la très grave crise actuelle, provoquée par les démarches anticanoniques de l'actuel patriarche de Constantinople, l'ordre canonique de l'Eglise Une Sainte Catholique et Apostolique et de mettre au point la vérité historique contre les falsifications dont se sert Bartholomé pour justifier ses actes. Ces falsifications ont d'ailleurs été dénoncées dès la publication de la lettre patriarcale par plusieurs historiens de l'Eglise. Voir notammment:
https://orthodoxsynaxis.org/2019/03/21/the-true-story-of-patriarch-bartholomews-meletian-schism/
https://orthodoxsynaxis.org/2019/03/20/the-council-of-carthage-the-limits-of-papal-authority/

Et pour ce qui est de la seconde partie de l'accusation: Veuillez noter la différence entre la personne du patriarche actuel Bartholomé, désavouée par le plérôme orthodoxe, et l'institution ecclésiale historique du Patriarcat de Constantinople, reconnue par tous. Aucune question de "refuge" aupres du "protos sans egaux", mais declaration de fidelité à l'institution.
Les seules consciences à redresser en l'occurrence est celle des Fanariotes des temps présents et de ceux parmi le clergé qui les soutiennent, car ils ont trahi leur promesse de fidelité à l'Eglise, sa doctrine, ses saints canons et sa tradition.
23. père Joachim le 03/04/2019 21:08
p.22 "fidelité à l'institution ecclésiale historique du Patriarcat de Constantinople, reconnue par tous."

Enfin voilà l’affirmation d "un principe" d'organisation structurelle, SAGE, ESSENTIEL et RASSURANT, qui vient compléter " la doctrine, et les saints canons"
Principe dont ne parle, malheureusement pas, mon ami ancien, le Professeur Anastassios YANNOULATOS, membre actif de SYNESMOS, ancien métropolite Kényan, qui se trouve avec beaucoup de succès à la tête de l'orthodoxie Albanaise.

Si la fondation constantinienne, sœur cadette de la Rome apostolique, celle des 10 premier siècles (celle d’Hippolyte, du Dialogue des Présanctifiés et d'autres) ; celle qui est restée imperméable, aux provocations politiques du Saint Empire Romain Germanique. Si ce Siège apostolique, doit rester pour l’Église Universelle "l'institution ecclésiale historique du Patriarcat de Constantinople" ? cf.22, alors il faudrait enfin que notre hiérarchie s'accorde pour expliquer au monde ce qu'est un PRIMUS INTER-PARES !

Qu'on nous dise si ce poste est réservé à d'adorables personnalités telles, que le très consensuel Patriarche DIMITRIOS (authentique Phanariote, écrasé par la junte militaire locale, et les phalangistes loups gris) mais surtout pas par des hommes sans trop d'idéologies castratrices sujets à l'erreur possible, et avec du caractère, tels : les Athenagoras ou le très théologique Dr. Patriarche Bartholomé ARCHONDONIS.
Si l'on doit dire ? que les orthodoxes rédigent le "mode d’emploi" pour la prochaine élection- en évitant de reproduire, si possible le schéma cardinalice mondialisé « du rituel ridicule, des fumés noires ou blanches » dont nos néo-orthodoxes sont coutumiers.

***

Quand à la question des "Fanariotes des temps présents", et même "ceux des temps plus anciens", que l'on se rassure !
La sociologie de la Cité Reine ne se limite pas à cette seule population !

Il y avait à Istanbul, jusqu’en 1955, des lieux populaires, héritiers d'une haute tradition de Capitale Chrétienne cosmopolite et séculaire.
Chez "ces gens là" on gardait l'estime, le respect et la solidarité et avec les frères et sœur ORTHODOXES du Nord / même lors de leur recherche de liberté.
En cas de coup dur, comme en 1917, leur table modeste et leur cœur étaient toujours ouvert.
Sur leurs iconostases domestique, il y avait une place privilégiée pour les Saints de Russie.
Ces gens là respiraient et respirent d’ "un même souffle". Grâce à des codes immatériels, je les voie se reconnaitre par delà les frontières.

La valeur commune de ces peuples c’est qu’ils sont viscéralement étrangers aux rejets sectaires; tolérants vis-à-vis des "pièces rapportées", et religieusement respectueux de l'étranger fut-il hétérodoxe.

Pour sauvegarder encore cet héritage précieux, plaise à Dieu que le souffle de l'AGAPE et la "Sainte Sophia" leur Temple inaliénable, président à nouveau dans les âmes de nos Chefs respectés, pour qu’ils tracent à nouveau les limites de justes terrains ecclésiaux d'ententes et de Communion.
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