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Message de Noël du patriarche Alexis de Moscou et de toute la Russie



Message de Noël du patriarche Alexis de Moscou et de toute la Russie
Nous publions ci-dessous la traduction française du dernier message de Noël du patriarche Alexis de Moscou et de toute la Russie, décédé le 5 décembre 2008. Ce message est parvenu aux diocèses de l'Église orthodoxe russe quelques jours avant le décès du patriarche.

Bien-aimés dans le Seigneur, éminents évêques, révérends presbytres et diacres dans le Christ, moines et moniales et vous tous, enfants fidèles de l’Église orthodoxe russe !

A nouveau, nous entendons le chant joyeux des Anges : « Gloire à Dieu au plus haut des Cieux et paix sur la terre, bienveillance aux hommes ! » (Lc 2, 14). L’Église accueille sur terre le Dieu d’avant les siècles qui, né à Bethléem de la Toujours Vierge, s’est fait homme. Selon ce que dit l’Évangile, sa venue apporte aux hommes vivant sur terre, la paix d’en-haut. La prophétie du psalmiste se réalise : « Le Seigneur donnera la force à Son peuple, le Seigneur bénira Son peuple en lui donnant la paix » (Ps 28,11).

« Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix », dit le Seigneur. « Ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. Que votre cœur cesse de se troubler et de craindre » (Jn 14, 27). La paix donnée par Dieu et incarnée en lui met fin aux passions du péché et à l’agitation de ce monde. Cette paix n’a rien en commun avec l’optimisme béat du quotidien qui enferme l’âme humaine dans le cadre des intérêts terrestres. Elle élève cette âme vers l’éternel Royaume de Dieu, auquel peut communier déjà et ici bas chaque chrétien authentique. Saint Basile le Grand disait de la paix donnée par Dieu qu’elle était « la plus parfaite des bénédictions », et saint Séraphin de Sarov nous a laissé de véritables paroles d’or de qualité céleste : « Recherche l’esprit de paix et des milliers seront sauvés autour de toi ».

Dieu le Verbe incarné a amené la paix à tous ceux qui croient en lui et le suivent, prenant leur croix. Mais alors, pourquoi y a-t-il autour de nous, comme avant, autant de conflits, de querelles, de disputes, de vexations ? Pourquoi l’animosité continue-t-elle d’exister entre les générations, les groupements politiques, les riches et les pauvres ? Pourquoi des parents se séparent-ils, obligeant leurs enfants à souffrir ? Pourquoi des peuples, même orthodoxes, s’élèvent-ils les uns contre les autres ?

Nous ne pourrons pas répondre à cette question avec droiture et honnêteté si nous ne jetons pas un regard au fond de notre propre cœur : est-ce que nous ne vivons pas trop souvent selon notre propre volonté, oubliant la volonté de Dieu et ses commandements, ne nous appuyant que sur les forces humaines, oubliant la force divine ? Ne remplaçons-nous pas l’élan vers la paix et la vérité par la vanité peccamineuse qui mène inéluctablement vers le vide qui déçoit ?

Alors souvenons-nous, mes très chers, que la paix authentique n’est donnée que par le Seigneur. Ce n’est qu’en suivant l’étoile de Bethléem sur le chemin du Christ que nous trouverons une vie pleine de prospérité et de paix sur terre et la paix éternelle dans son Royaume Céleste. Souvenons-nous que la paix du Christ triomphe des conflits de ce siècle et que ce n’est que par l’acquisition de cette paix dans son cœur que l’homme peut résister dans toutes les tempêtes de ce monde et apporter la réconciliation à ceux qui sont proches et lointains, en transfigurant la vie par la foi, la vérité, la pureté et l’amour. Que la paix du Christ nous prenne tous, ses disciples et ses adeptes, quel que soit notre âge, notre nationalité, nos opinions politiques et notre origine sociale. Qu’elle s’étende aussi sur les gens d’autres fois et d’autres convictions avec lesquels nous édifions la vie d’un même peuple.

Le monde est à nouveau dans le trouble. En bien des lieux, le sang est versé et les gens souffrent. Mais nous croyons, nous, chrétiens orthodoxes, que le Seigneur nous aidera par son exemple et son action pleins de bonté à éveiller les peuples à la réconciliation, à une sage et juste résolution de tous les litiges et tous les désaccords.

Bienaimés évêques, chers pères, frères et sœurs ! Par les prières de la très sainte Mère de Dieu et de tous les Saints, le Seigneur mène l’Église sur le chemin du salut. Grâce à vos très nombreux efforts dans l’année écoulée, il a gardé son peuple invaincu et « adjoignait chaque jour à la communauté ceux qui trouvaient le salut » (Ac 2, 47). C’est aussi avec l’aide de Dieu que s’est accompli mon service patriarcal. Le Christ chef des pasteurs a consolidé mes forces dans ma présidence en prière vers lui. Il m’a donné la joie d’une relation vivante avec beaucoup d’entre vous et la sagesse dans les discussions avec ceux qui ont le pouvoir, avec les représentants de divers pays et différents peuples.

En juin 2008 à Moscou s’est tenu le concile des évêques qui a canonisé en tant que saints de toute l’Église un grand nombre de justes de Dieu vénérés par le peuple de Dieu. Le concile a complété l’enseignement social de notre Église et a pris des décisions touchant à de nombreuses questions importantes relatives à sa vie. Nous avons célébré le 1020e anniversaire du Baptême de la Russie durant lequel le Seigneur a daigné me laisser rendre visite à l’antique ville de Kiev, berceau de notre Église et l’une de ses capitales spirituelles. En présence de nombreux croyants, nous avons prié les saints de Kiev et ressenti à nouveau la forte unité des peuples illuminés dans un même baptistère. Cette unité qui nous a été léguée par nos saints ancêtres, il nous faut la garder précieusement et la transmettre à nos descendants.

Dans l’année qui s’est terminée, 90 ans ont passé depuis le jour de l’assassinat criminel des martyrs impériaux. Durant les jours de leur mémoire, des dizaines de milliers de croyants venus sur le lieu de leurs souffrances, ont demandé leur aide à notre peuple dans sa renaissance spirituelle, dans la correction de ses chemins historiques. Soyons fermes dans l’espoir que le Seigneur nous accordera de surmonter toutes les conséquences des tragédies, des querelles et des crimes du XXe siècle, élevant la Sainte Russie de force en force.

Puisse Dieu réaliser en elle les paroles de saint Jean de Shanghai et de San Francisco, prononcées en la tragique année 1938 : « Bénie es-tu, Terre de Russie, purifiée par le feu de la souffrance ! Tu as traversé l’eau du baptême, tu traverses à présent le feu de la souffrance, tu entreras toi aussi dans le repos ».

Vous tous, mes très chers, je vous adresse de tout cœur mes vœux à l’occasion de la fête de la Nativité de notre Seigneur et Sauveur ! Que Celui qui est né à Bethléem, le Christ Dieu-homme, nous bénisse tous dans la Nouvelle Année, nous accordant la paix, la santé et le succès en toute bonne œuvre ! Qu’Il apporte dans nos maisons, dans nos pays, nos villes et nos villages la joie de vivre en bonne entente, dans l’amour et dans sa Vérité. En cette fête sacrée, je vous adresse les paroles du saint Apôtre Paul : « Frères, soyez dans la joie ; tendez à la perfection ; réconfortez-vous. Ayez le même sentiment ; vivez en paix, et le Dieu d’amour et de paix sera avec vous » (2 Co 13,11). Amen.

Mardi 6 Janvier 2009