IV ème Congrès de Chefs de Religions Mondiales et Traditionnelles à Astana

Vladimir GOLOVANOW

V.G.

« La religion est le royaume de l'âme humaine et de la morale. Les hautes valeurs professées par toutes les religions seront toujours conservées et respectées par l'Etat », Nursultan Nazarbayev, président du Kazakhstan

Le Kazakhstan est en passe de réussir son pari de devenir un centre incontournable du dialogue interreligieux: ce IVème congrès a en effet rassemblé les 30-31 mai 2012 plus de 350 délégués de 40 pays, musulmans et chrétiens, juifs et bouddhistes, hindouistes, shintoïstes et zoroastriens. Les orthodoxes étaient fortement représentés par deux patriarches, Moscou et Jérusalem, Mgr Emmanuel de France représentant le patriarche de Constantinople. Le patriarche de Moscou était aussi accompagné par le métropolite Hilarion de Volokolamsk et le métropolite Alexandre d’Astana et du Kazakhstan


Ouvrant les débats, le président Nursultan Nazarbayev a parlé de la crise globale des valeurs morales. Il faut lutter pour la tolérance, la paix et l'harmonie et le Kazakhstan montre depuis longtemps l'exemple concret de la construction d'un dialogue pacifique entre les religions et les nationalités a-t-il souligné. Aujourd'hui vous pouvez librement aller à l'église, à la mosquée ou à la synagogue. Le respect réciproque est le grand principe de la société du Kazakhstan. Rejetant fermement la théorie du conflit des civilisations, le président prône la tolérance des religions comme base de la pacification mondiale et propose de créer une organisation internationale des religions pour réduire les tensions interreligieuses.

Suivirent des interventions des leaders religieux présents: Cheikh Abdallah Turki, Secrétaire générale le la Ligue Islamique Mondiale "L'appel à la paix par le dialogue est une noble mission. Nous, les musulmans, considérons que ce forum religieux à pour objectif l'amélioration de toutes les religions mondiales et sommes reconnaissants au président du Kazakhstan pour cette initiative.

Giovanni Lajolo président émérite du Gouvernorat de l'État de la Cité du Vatican et de la Commission pontificale pour l'État de la Cité du Vatican: Les catholiques croient que le monde n'est pas simplement un cadeau de Dieu, mais est aussi une responsabilité humaine. Les thèmes que nous discutons aujourd'hui, sont très importants et je suis heureux de prendre part à ces débats avec tous les participants.

Abdulrahman bin Muammar, Secrétaire général du centre du Roi Abdul Aziz pour le dialogue national Arabie Saoudite: Ce Congrès d'Astana devient de plus en plus prestigieux et significatif pour les chefs religieux du monde. Ici nous parlons des problèmes qui nous inquiètent quelle que soi notre religion.

En marge de congrès, le président du Kazakhstan et le Patriarche Cyrille ont discuté des différents aspects de la vie des orthodoxes au Kazakhstan depuis la création d’une région métropolitaine. Le Primat a exprimé au Président sa gratitude pour le soutien que l’état accorde à l’Église, en particulier pour la construction d’un bâtiment pour le Synode de la région métropolitaine du Kazakhstan et d’un centre spirituel et culturel dédié aux saints Cyrille et Méthode. Evoquant l’ordre du jour du Congrès, le patriarche a souligné que l’Église orthodoxe russe accorde une attention particulière à cette possibilité de dialoguer avec les leaders et représentants des religions mondiales traditionnelles.



Commentaires (1)
1. Vladimir le 03/08/2012 19:33
Clarification de l’archiprêtre Vsevolod Tchapline au sujet des protestations des fidèles concernant le dialogue interreligieux
juillet 31, 2012 JPanev

« Des appels collectifs et individuels ont été reçus par la hiérarchie de l’Église orthodoxe russe au sujet du IVème congrès des leaders des religions mondiales et traditionnelles, qui s’est déroulé du 30 au 31 mai 2012 à Astana. En réponse à ceux-ci, je souhaiterais communiquer ce qui suit. Dans les principes de la conception sociale de l’Église orthodoxe russe, il est mentionné : « Le service au nom du salut du monde et de l’homme ne peut être limité à aucun cadre national ou religieux, comme le dit clairement le Sauveur dans la parabole du Bon Samaritain. Bien plus, en rencontrant un affamé, un sans-domicile, un malade, un prisonnier, c’est au Christ Lui-même, Lui qui porte tous les péchés et toutes les souffrances du monde, que les membres de l’Église sont confrontés. Venir en aide à celui qui souffre, c’est dans la pleine acception de cette expression, venir en aide au Christ Lui-même. Le destin éternel de chaque homme est lié à l’accomplissement de ce commandement (Mt 25, 31-46). Le Christ appelle Ses disciples à ne pas se laisser étouffer par le monde mais à être «le sel de la terre» et «la lumière du monde» (paragraphe 1,2).

Dans sa conférence, lors de l’assemblée des évêques du 2 février 2011, le patriarche de Moscou et de toute la Russie Cyrille a souligné : « De nombreux défis du monde contemporain, liés aux processus de la globalisation, à la croissance de l’extrémisme et du terrorisme, à la situation du milieu ambiant, exigent une réponse commune des peuples qui peut être trouvée notamment par le dialogue interreligieux. Notre Église y participe activement ». En même temps, a remarqué le patriarche, il est évident pour la conscience orthodoxe que l’aspiration à éroder les limites entre les systèmes religieux est un mal, non seulement dans le contexte des vérités dogmatiques, mais aussi dans celui de la stabilité sociale. « Priver les gens des traditions, en ignorant leur volonté – a dit sa Sainteté – signifie susciter l’ignorance, le radicalisme, les conflits. En participant au dialogue interreligieux, nous ne renonçons pas à la vision orthodoxe de la vérité et nous ne perdons pas notre temps dans des querelles doctrinales, mais nous travaillons à la vie commune pacifique des peuples, qui attendent précisément de nous une telle œuvre (…) Nous sommes convaincus que le fondement du dialogue doit être non pas « le mélange des confessions », des compromis théologiques douteux, des expérimentations liturgiques, mais le respect mutuel de l’intégrité des croyances, des traditions, des façons de vivre ».

Selon les paroles de sa Sainteté, l’Église orthodoxe russe « voit que les chrétiens, les musulmans, les juifs, les bouddhistes, les croyants d’autres religions traditionnelles peuvent s’opposer ensemble aux fléaux sociaux, se préoccuper ensemble de la vie digne des hommes, surpasser ensemble les conflits nationaux et sociaux, défendre ensemble leurs intérêts devant les autorités ».

Dans la décision de l’assemblée des évêques de l’Église orthodoxe russe de 2011, « au sujet des questions concernant la vie et l’activité externe de l’Église orthodoxe russe » (paragraphe 50), il est dit : « Le dialogue interreligieux constitue un aspect important du témoignage chrétien. La participation de notre Église à celui-ci est fondée sur la vision orthodoxe de la vérité, à l’exclusion de la confusion ou de l’union de différentes traditions religieuses. Le but de ce dialogue est la recherche d’une réponse aux défis du monde contemporain posés à tous les croyants, d’assurer la vie dans la paix et la collaboration de personnes de différentes religions, nationalités et cultures, l’opposition conjointe à l'extrémisme et au terrorisme, de même qu’aux tentatives de l’évincement du point de vue religieux de la vie de la société ».

Chez les chrétiens orthodoxes et les représentants des religions non chrétiennes, il y a des concepts très différents de Dieu et de Sa relation envers l’homme, des traditions différentes, un mode de vie différent. Néanmoins, les conceptions morales des religions traditionnelles sont semblables dans de nombreux domaines, et cela permet à leurs leaders, en communiquant entre eux, de s’opposer aux défis de l’immoralité, de l’athéisme agressif, de la haine entre nations, de l’hostilité politique et sociale. Les participants au dialogue interreligieux ont mutuellement condamné à plusieurs reprises le terrorisme, se sont prononcés pour le soutien à la famille traditionnelle, ont plaidé au retour de la moralité dans la vie de la société, ont critiqué la politique dépravée de certains médias, ont défendu les intérêts des communautés religieuses dans les discussions avec les autorités civiles.

Les délégations de l’Église orthodoxe russe ont participé, dans le passé également, à des congrès analogues dans la République du Kazakhstan, initiées par le président N.A. Nazarbayev. Nous souhaiterions mentionner que, dans les documents concluant les congrès, aucune déclaration syncrétiste n’a été faite. Au cours de ces forums, aucune expérimentation douteuse, cérémonielle ou rituelle n’a été effectuée, auxquelles auraient participé les représentants orthodoxes.

Lors du IVème congrès des leaders des religions mondiales et traditionnelles à Astana, qui s’est déroulé récemment, ont participé le patriarche de Jérusalem et de toute la Palestine Théophile III, ainsi que le patriarche de Moscou et de toute la Russie Cyrille. En outre, les Églises orthodoxes de Constantinople, Géorgie, Roumanie, des Terres tchèques et de Slovaquie, d’Amérique, ont envoyé leurs représentants.

Dans son allocution, lors de la session plénière, le patriarche de Moscou et de toute la Russie Cyrille, a souligné : « Jamais dans son histoire, l’humanité n’a connu un tel système qui impose un standard global – social, culturel et idéologique. Les rêves de carrière, la relation envers les choses, la façon de se conduire et même le mode de penser – tout cela est exposé à l’unification totale. Aujourd’hui, le péché est devenu la norme, étant donné que dans la société de consommation, il n’y a pas de fondement pour le concept de la «moralité » (…). Le modèle athée de développement des peuples a subi l’échec avec les idéologies du XXème siècle. L’histoire de ce siècle a montré qu’éloigner la religion de la société signifie éloigner aussi la morale, le cœur. Si la société, dans laquelle la majorité est constituée par les croyants, est déclarée totalement « séculière », si l’on s’efforce de confiner la religion à un ghetto, la séparant des processus sociaux, on répète la tentative manquée des États à l’idéologie athéiste dominante (…) Aujourd’hui, nous leaders religieux, sommes appelés à parler clairement du caractère néfaste des tentatives de bâtir un monde sans Dieu, un monde de la domination des passions et de l’égoïsme ».

Au cours des travaux du congrès, un message final a été adopté. Les positions suivantes, notamment à l’initiative de l’Église orthodoxe russe, y ont été introduites : « Nous considérons le renforcement du fondement moral et spirituel de la société et la renaissance des valeurs familiales traditionnelles comme une condition du développement durable du monde, la clef de la conscience du sens et du but de l’être humain (…). Nous réaffirmons l'importance de la formation d’objectifs de vie positifs pour nos jeunes gens, du renforcement du fondement de leur moralité, de leur développement spirituel et du progrès par l’instruction à tous les niveaux. Les jeunes gens contemporains, dès leurs premières années, doivent avoir le droit d’acquérir les connaissance fondamentales sur leur propre tradition religieuse, de la même façon qu’ils étudient leur langue maternelle, leur histoire et leur culture».

Que le Seigneur aide tous les enfants de l’Église orthodoxe russe dans leurs bonnes œuvres, accomplies à la gloire de Dieu dans l’esprit de la modération chrétienne et le sage discernement en Dieu, en ouvrant leurs bras aux proches et aux lointains, tout en gardant une fidélité inébranlable à la seule vérité du Christ ».

Source :Patriarchia.ru
Nouveau commentaire :