La mémoire russe en pièces: La Maison de la Russie à l’étranger, Solovki, Boutovo...

l'équipe rédaction

La mémoire russe en pièces: La Maison de la Russie à l’étranger, Solovki, Boutovo...
"Parlons" conseille vivement la lecture intégrale de ce bel article dont voici le début:
Georges Nivat

Difficile mémoire russe… Les violences du samedi 11 décembre sur la place du Manège, au centre historique de Moscou, sont venues rappeler que la Russie d’aujourd’hui a ses problèmes d’immigrés, comme le reste de l’Europe, en partie hérités de son empire, et qu’elle est loin d’être un pays à l’encéphalogramme social plat. C’est peut-être du problème national que partira l’étincelle qu’on peut prévoir.
«La Russie aux Russes» est un slogan impossible dans un pays qui est multiracial depuis son berceau: peuples de la steppe intégrés dans le creuset moscovite, Tatares vaincus mais intégrés depuis le XVIe siècle, peuples du Caucase arrimés à l’empire depuis la fin du XVIIIe et les guerres coloniales du XIXe. Et maintenant les «Arbeitsgaster» – le mot est aujourd’hui usité en russe – légaux ou illégaux, surtout venus des républiques indépendantes d’Asie centrale, et de plus loin. Car la Russie se développe économiquement, et attire à elle des millions d’immigrés. On discute de quotas, de légalisation, comme ailleurs.
Mais la particularité ici est que l’on ne sait pas à quoi l’on est arrimé. La référence à la Russie et au patriotisme est certes omniprésente, en particulier dans les grands médias télévisés. On veut redresser l’image de la Russie, on fait appel à la diaspora russe, l’ancienne et la nouvelle, aujourd’hui répandue dans tout l’Occident, et reliée à la patrie.

Les succès du pouvoir sont assez évidents, en dépit de la crise économique: nouveaux TGV, obtention des Jeux olympiques, de la Coupe du monde de football, gigantisme de Moscou et autres villes. Mais quelle est cette nation dite «Fédération de Russie»? De fédération elle n’a que le nom: on n’en sort pas volontairement. Ce n’est pas un «melting pot» à l’américaine, c’est un maillage culturel complexe, étonnant, sui generis, où la langue russe est lingua franca. La victoire de 1945 est omniprésente dans les monuments et dans les manuels. Une sorte de syncrétisme historique définit les Russies qui se sont affrontées dans la plus terrible des guerres civiles du XXe siècle comme des héritiers à parité de la Russie.

L’Eglise russe, seule force vraiment indépendante de l’Etat, étend sa juridiction sur des pans entiers de l’empire qui échappent au Kremlin: c’est elle qui incarne «le monde russe» dont parlent souvent le patriarche Kirill et son bras droit l’higoumène Hilarion( 1 "PO" ), jeune moine compositeur et historien, promu en un rien de temps N° 2 de l’Eglise orthodoxe russe.....

L’Eglise de Moscou et celle de l’Etranger ont fusionné.
Le général Denikine est au cimetière du monastère Donskoï, pas loin de Soljenitsyne. Staline réapparaît ici ou là, et l’Archipel du Goulag est inclus dans le programme scolaire grâce à l’édition abrégée que Natalia Soljenitsyne vient d’en faire. Mais la Russie n’est pas plus chrétienne que le reste de l’Europe, mais le tandem au pouvoir n’a derrière lui qu’un parti informe qui peine à élaborer une plate-forme… Alors les passions nationalistes et xénophobes se développent dans une certaine jeunesse désœuvrée, et le sport pourrait bien jouer ici comme ailleurs un rôle de boutefeu.

J’étais juste avant les désordres du Manège aux cérémonies du quinzième anniversaire de la Maison de la Russie à l’étranger, fondée par Soljenitsyne, une Maison qui «rapatrie» les trésors de la pensée russe élaborés dans la diaspora: un travail magnifique mais pour happy few, évidemment.

Puis au Temple du Christ Sauveur, l’immense église de l’architecte Thon reconstruite à l’initiative de l’ancien maire Louj­kov: la crypte abritait une belle exposition sur le monastère des Solovki dans la mer Blanche et le camp de concentration qu’il abrita de 1919 à 1939. Des dizaines de milliers d’intellectuels, de clercs y furent martyrisés, précipités encore vivants dans la mer depuis le fameux escalier abrupt de l’ermitage de Sikera, des hommes transformés en chevaux, fusillés par douzaines, immergés dans la mer par les trous sur la glace.

Le problème de la mémoire était au centre. Un prêtre, fils et petit-fils de prêtres, tous assassinés, lui-même rescapé du goulag, le père Sergueï Pravdolioubov, parla avec force du «courage qui nous manque pour affronter notre passé». Le poète Koublanovski donna l’exemple d’une croix que son groupe avait érigée dans les années 1990 sur des fosses communes qu’ils avaient repérées près de Yaroslav, et qui a aujourd’hui disparu: lieu de mémoire non entretenu, ignoré par la population, parfois vandalisé.

Une autre visite fut pour le polygone de Boutovo, à une trentaine de kilomètres de Moscou, où, dans les années 1936-37, en cinq mois furent exécutés 28 000 hommes, dont plusieurs prélats transférés des Solovki. L’organisation macabre était méthodique; on a repéré 13 fosses communes qui ont trente ou quarante mètres de long, quatre de large. Une palissade a été construite pour protéger le lieu. C’est l’Eglise orthodoxe qui s’occupe du lieu de cette sinistre mémoire. Je le visitai avec son jeune directeur, Igor Garkavyï. Il aimerait bâtir un mur avec les 28 000 noms. On en est loin: une douzaine de noms sont donnés à l’entrée, à titre d’échantillon. Une petite église de bois venue du Grand Nord fait un contraste presque joyeux avec le lugubre champ où serpentent les fosses communes.

On y célèbre le pardon et la Résurrection. Hors palissade, une autre église récente, dans le style de Pskov, beaucoup plus grande, a été bâtie par les soins d’un mécène croyant. Au sous-sol, une sorte de petit musée avec quelques vitrines où sont montrées des bottes, des sacoches trouvées pendant les fouilles. Trois cent soixante martyrs ont été canonisés lors d’un synode de l’année 2000 par l’Eglise orthodoxe russe: les icônes de ces nouveaux saints font le tour de la crypte, et celles des saints du jour sont exposées à la vénération. Combien de visiteurs ce lieu reçoit-il par an? Moins de 6000, dit le directeur. Il est allé à Oradour-sur-Glane, en Auvergne, là ce sont plus de 10 000 visiteurs par an, dont de nombreux Allemands… Suite "LE TEMPS"|
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Note P.O. Deux précisions:
(1) il s'agit, bien sûr, du métropolite et non de l'higoumène Hilarion, président du département des relations extérieures du patriarcat de Moscou.

(2) Il n'y a pas d "urne" de Staline: la dépouille du tyran a été inhumée dans la nécropole de la place Rouge.

Et enfin: l'auteur n'énumère pas entièrement, loin de là, toutes les éminentes personnalités ayant pris la parole à la soirée de la Maison Russie à l'étranger...

Regardez également:
Intervention du métropolite Hilarion à la cérémonie du quinzième anniversaire de la "Maison de la Russie à l’étranger"
Une soirée consacrée à la mémoire des déportés des camps Solovki
Contre l’oubli, vers le pardon


Commentaires (14)
1. vladimir le 23/12/2010 14:31
Précisions sur les notes:
1/ Le métropolite Hilarion de Volokolamsk portait le titre le titre d'higoumène avant sa consécration comme évêque en décembre 2001. G. Nivat retarde un peu!
2/ Là G. Nivat fait carrément une confusion: en effet, la tombe de Staline est l'une des 12 tombes individuelles qui se trouvent dérivent le mausolée. Il y a aussi des tombes communes de "héros de la révolution" et plus d'une centaine d'urnes scellées dans le mur.
2. vladimir le 26/12/2010 15:21
Au delà de ces détails, l'excellent texte de G.Niva souligne la portée historique des événements que nous vivons, et ce en particulier sur 2 plans:

LE PROCÈS DU BOLCHEVISME EN RUSSIE
G. Nivat souligne bien les progrès de cette démarche initiée par l'Église et la société civile (cf. lien ci-dessous), mais il ne met pas suffisamment l,accent sur la nouvelle volonté des autorités: si "le tandem au pouvoir n’a derrière lui qu’un parti informe qui peine à élaborer une plate-forme", le président Medvedev a néanmoins clairement lancé cette nouvelle campagne, point No 1 dans les objectif du nouveau président du "Conseil consultatif des droits de l'homme auprès du Président" (cf. http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/La-Russie-denonce-les-crimes-de-Staline_a1291.html). D'après les dernières informations, le plan d,action est prêt et les actions concrètes doivent être lancées en janvier prochain.

L'ÉGLISE ORTHODOXE LIBÉRÉE
G.Nivat souligne à juste titre que "L'Église russe /est/ seule force vraiment indépendante de l’État." C'est une première historique et ce non seulement en Russie mais aussi dans toute l'Orthodoxie: pour la première fois depuis St Constantin (IVe siècle), aucune Église orthodoxe n'est soumise au pouvoir temporel des empereurs ou des rois. Bien au contraire, nous voyons maintenant, en Russie comme ailleurs, le pouvoir civil cherchant à se concilier l'Église, obligé de tenir compte de ses règles...

Mais, malheureusement, les séquelles de "la croyance infernale qui avait servi de mobile au génocide russe" (ibid) imprègnent toujours la société russe, comme le montre G. Niva, et empoisonnent d'ailleurs aussi la conscience occidentale (cf. le parallèle établi par N&K Krivocheine sur http://www.bogoslov.ru/text/1328797.html). Et la guérison semble devoir être longue, malgré les mouvements favorables que je souligne ci-dessus.
3. Anne le 27/12/2010 13:09

L'Eglise russe est indépendante?D'où viennent alors très exactement les fonds nécessaires à

l'achat de terrains à l'étranger aux fins d'y implanter des centres cultuels?

4. vladimir le 27/12/2010 16:27
Il n' jamais été question que ce centre appartienne à l'Église: le terrain a été acheté par l'état russe qui décide de la construction du centre culturel et en garde la propriété. Le président Medvedev avait comparé cette opération de prestige avec la construction... du pont Alexandre III.
5. Tchetnik le 27/12/2010 17:18
Disons que, en Russie, Église et état ne se dictent pas mutuellement leurs conduites respectives, mais collaborent dans de nombreux domaines de construction de société.

Avec beaucoup de fruits positifs et quelques autres plus discutables.
6. Anne le 28/12/2010 00:01
Je n'ai pas rêvé:sur ce terrain appartenant à l'état vont bien être construits une Cathédrale et un Séminaire?Est-ce un cadeau de l'état russe à l'Eglise auquel cas l'Eglise sera l'obligée de l'état ou bien l'état sera propriétaire des bâtiments ? Il semble exister une confusion entre cultuel et culturel.
7. Marie Genko le 28/12/2010 10:10

Chère Anne,

L'Église et l'État, partout sur notre planète veillent tous deux sur le bien être de la société qui leur est confiée.
L'Etat doit assurer la sécurité et bien être humain. L'Eglise doit assurer le bien être spirituel.

Remarquez qu'il s'agit d'UN SEUL ET MÊME TISSUS SOCIAL!
Et c'est justement la raison pour laquelle il est si important que l'Église et l'État travaillent main dans la main dans certains domaines.
A quoi servirait à l'Etat de construire un centre spirituel orthodoxe en France, si l'Église ne l'approuvait pas?
Et réciproquement, où l'Église trouverait-elle les moyens financiers et le support politique nécessaire auprès d'un État étranger, sans l'aide de son propre gouvernement?
Nous sommes tous conditionnés en France par la sacro sainte approche laïque qui honnit toute collaboration entre les confessions religieuses et l'État.
Pourtant cette collaboration est inévitable, et à mon sens elle est nécessaire.
8. vladimir le 28/12/2010 12:33
C'est dans les esprits de nombre de nos amis français que règne une grande confusion (cf. Nice). Du coté russe tout est parfaitement claire: les biens de l'Église et ceux de l'État sont clairement séparés (il y a d'ailleurs des transferts en cours, cf. lien).

Le gouvernement russe a considéré cette fois qu'une cathédrale représente mieux la Russie qu'un pont... et j'approuve personnellement ce choix! Bien entendu les fonctions cultuelles de l'édifice seront assurées par l'Église russe comme cela a toujours été le cas: rappelons que la cathédrale de la rue Daru est restée propriété de l'ambassade de Russie jusqu'à son transfert à l'association cultuelle par le dernier ambassadeur (1). Il en était de même pour la cathédrale de Nice, comme l'a reconnu le jugement de 1ère instance (2), il en sera de même pour le métochion Saint-Serge à Jérusalem (3) etc.

Le fait que le gouvernement considère ainsi l'Église comme un bon représentant de la culture russe dans le monde illustre ce qu'en écrit G. Niva: "c’est elle qui incarne «le monde russe»..." N'est ce pas l'exposition "Sainte Russie", entièrement dédiée à l'art sacré, qui a été le point culminant de l'Année de la Russie en France?

(1) "B.A. Maklakov considère de son côté comme extrêmement souhaitable et même nécessaire que, en plus d’un tel acte de transmission par lui-même de l’administration de l’église et de ses biens à la communauté, entre cette dernière et lui-même en sa qualité de représentant du dernier gouvernement russe par voie de succession légitime, soit établi un accord écrit particulier stipulant que la communauté religieuse accepte l’obligation de se soumettre, le moment venu, au gouvernement russe légitime qui souhaiterait entrer en possession des biens de l’église en qualité de biens lui appartenant légalement et considérerait comme nécessaire de faire valoir ses droits en ce qui concerne l’église, [droits] qui sont assurés par le fait même de son appartenance à l’Ambassade en tant que partie inaliénable, possédant comme cette dernière les avantages de l’exterritorialité." in Compte-rendu de la séance du Conseil paroissial du 4/17 mai 1923 N° 93 - 8. Cf. http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Nicolas-ROSS-Basile-Maklakov-et-la-rue-Daru_a912.html
(2) Cf: http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/La-justice-francaise-reconnait-a-la-Russie-le-droit-de-propriete-sur-l-eglise-russe-de-Nice_a671.html
(3) Cf. http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Le-Metochion-Saint-Serge-a-Jerusalem_a443.html
9. Volkoff le 28/12/2010 17:30
@Marie,
D’abord Joyeux Noël, grégorien, julien, tous les deux, à vous, aux vôtres, à tous ceux qui viennent sur ce blog et qui le produisent !
Bien sûr : comme vous voulez le dire, convictions religieuses de la société et politique étatique ne font qu’un…
Mais : le gouvernement de la multiconfessionnelle Russie devrait-il budgétairement contribuer à la mise en place de mosquées en France (pour ses nombreux ressortissants tatars travailleurs migrants) ?
Ne font qu’un : concordat (avec les catastrophiques résultats de l’Eglise étatisée en Russie impériale et, maintenant, en Grèce où il y a encore peu la mention de l’appartenance confessionnelle était obligatoire dans les pièces d’état-civil, - la corruption de la hiérarchie ecclésiale a atteint un comble parmi la hiérarchie grecque…

Asservissement : comme sous les jacobins et/ou les bolcheviks ?
Fusion : comme dans les pays musulmans durs (Arabie Saoudite, Soudan, etc.) avec le knout et l’ablation des mains prononcées par une justice non étatique ?
L’église russe émancipée depuis 1991 revendique « la collaboration » (« sorabotnitchestvo », comme dans le latin laborare). Cela est fort attrayant mais au risque de passer pour hérétique : seule Rome depuis le traité de Latran et le renoncement au pouvoir séculier a su être aussi indépendante que possible à l’égard des gouvernements « mondains » .
En Russie nous pouvons essayer de constater aujourd’hui des relations plutôt harmonieuses dans le couple église- état.
Encore que ça commence à battre de l’aile : restitution des objets et monuments confisqués (rébellion des fonctionnaires des musées), inhumations solennelles d’apparatchiks bolcheviks pas plus croyants que Voltaire et la Commune de Paris, préchi précha des dirigeants politiques à la conversion miraculeuse : ceci et bien d’autres choses commence à susciter un rejet dans l’intelligentsia pourtant fort néophyte. De même que les prises de position politiques quasi quotidiennes du synode et du patriarche Cyrille.
N’oublions pas « les orthodoxes-staliniens », ils sont nombreux à mélanger la nostalgie impérialiste, saint Alexandre de la Neva, et le paradis sue terre du socialisme « réel » ! A défiler avec des oriflammes blasphématoires qui arborent l’effigie du camarade Staline et la Sainte Croix d’un coup d’un seul.
N’envions pas sa responsabilité et sa mission : difficile d’imaginer un funambulisme plus hasardeux. Que le Ciel l’assiste…
Essai de synthèse : « la laïcité » dans ses déclinaisons Union Européenne (loin du fanatisme évangélique de Bush junior) n’est-elle pas le modèle plus vivable : catéchisme facultatif, aumôniers dans les régiments, les hôpitaux publics et les lieux de détention, fêtes religieuses non ouvrées, présence aux offices au choix des dirigeants politiques… Il n’est pas difficile de poursuivre l’énumération des aspects positifs de ce modèle de relations religion-autorités publiques.
La Russie en est, selon moi, aussi loin qu’elle l’était de la liberté de conscience sous les communistes.
Pardonnez moi d’avoir été confus.


10. Fabre le 28/12/2010 20:15
"rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu " chers amis en toutes,NOS, discussions il est souvent des arguments de traditions, de canons, de théologie et pratiquement rien des psaumes et des Evangiles.....Pensons-nous le Christ Orhodoxe....ce ne serait suffisant car il faudrait bien qu'Il eut été et soit Russe pour être ainsi complètement agréé...non ou me trompes-je
11. Anne le 28/12/2010 23:53

Par leur essence même,lesfonctions de l'Eglise et de l'état sont différentes.Et une Eglise proche du pouvoir politique court plus qu'une autre le risque d'être instrumentalisée et d'y perdre son authenticité spirituelle et par voie de conséquense sa crédibilité.
Sans aucun doute la tâche du Patriarche Kirill et de son clergé est extrèmement délicate et on ne peut que souhaiter qu'ils réussissent avant tout dans leur oeuvre pastorale auprès de leur peuple
russe.
12. Tchetnik le 29/12/2010 02:29
@Anne

Un gros risque à courir en effet, et la remarque est pertinente.

Dans le même temps, l'Église est l'institution qui a donné aux nations leur idéal de vie commune et leur projet de société, qui a contribué à faire en sorte que l'ensemble des activités humaines de ladite nation soient orientés vers le souvenir de Dieu et favorisent le Salut.

Pour cela, même si il est effectivement indispensable de ne pas confondre rôles et compétences, les deux acteurs, distingués, mais non "séparés" doivent collaborer et marcher la main dans la main, avec hélas, les risques de débordement que cela peut avoir. Et si cela permet de produire des bons fruits avec une société certes imparfaite, mais plus digne, plus honnête et plus juste, pourquoi pas?

Mais, vous avez raison de souligner que la plus grande prudence s'impose pour éviter que cela ne se transforme en autre chose.
13. Marie Genko le 29/12/2010 10:33

Cher Volkoff,

Merci pour vos vœux, moi aussi je vous adresse les miens, pour tout le meilleurs possible en cette Année 2011 et une Sainte Fête de Noël si vous fêtez la Nativité le 6/7 janvier.

Tout d'abord j'ai envie de vous répondre qu'il y a suffisamment de mosquées en France pour satisfaire tous les travailleurs migrants musulmans d'où qu'ils viennent!

Ensuite, je pense qu'il ne faut pas exagérer le côté multiconfessionnel de la Russie!
IL EST UN FAIT, mais il me semble que selon les régions de cet immense pays, vous trouvez les musulmans en majorité dans le Caucase et le Tatarstan, les orthodoxes en majorité dans la Russie même etc. etc.
Évidemment toutes ces confessions se retrouvent dans les grandes villes pour des raisons évidentes, mais les orthodoxes, ou considérés comme tels, sont sans aucune contestation possible, la majorité.

Il me semble que la politique du gouvernement russe actuel est de rester favorable à un soutien en priorité des chrétiens orthodoxes.

JE NE TROUVE PAS CELA INJUSTE DU TOUT PUISQU'IL S'AGIT DE LA CONTINUITÉ HISTORIQUE DE CE PAYS!

J'irai même plus loin, je trouve extrêmement dommage qu'il n'en soit pas de même dans tous les pays européens de tradition chrétienne;
A commencer par la Fille aînée de l'Église, notre beau pays la France!

A propos des Églises étatisées, vous citez en exemple la Russie impériale et la Grèce actuelle.

Ma réponse est simple:

La sainteté est difficile, et de tous temps, sous tous les régimes, certains prêtres ou prélats ont été des objets de scandales.
Je vous assure qu'IL N'EST NUL BESOIN D'ÊTRE MEMBRE D'UNE ÉGLISE INFÉODÉE A L'ÉTAT POUR Y TROUVER DE MAUVAIS PRÊTRES OU DE MAUVAIS PRÉLATS.
Ouvrez votre journal de ce jour, et je suis bien certaine que vous y trouverez tout, et plus encore, pour soutenir mon propos!

L'argument de la séparation de l'Église et de l'État est pour moi un argument mis en avant par les ennemis du christianisme pour mieux l'abattre.

Enfin pour ce qui est de la liberté de conscience en Russie, il me semble que Mr. Ziouganov a le droit de parler haut et fort! Les bouddhistes, les musulmans et les juifs ont leurs lieux de cultes. Des rencontres interconfessionnelles ont lieu régulièrement entre les leaders des grandes religions présentes en Russie.
Et pour terminer, personne en Russie n'a l'obligation de croire en Dieu!

14. vladimir le 29/12/2010 18:25
Je voudrais généraliser: nous vivons dans une Europe qui refuse de mentionner ses racines chrétiennes dans sa constitution et nous voyons que la Russie trouve normal d'être représentée par une cathédrale et des objets de culte... G. Niva souligne parfaitement que la situation en Russie est critique: nombre d'observateurs considèrent que ce sont là les séquelles de 70 ans de bolchévisme et les efforts des autorités d'y remédier avec l'aide de l'Église sont (encore?) loin d'avoir atteint leur objectif. Mais pourquoi voyons nous une situation similaire se développer chez nous qui sommes depuis longtemps en démocratie? Le patriarche Cyrille n'y répondait-il pas en soulignant combien notre laïcité était devenue agressive par sa promotion de toutes les déviations anti-chrétiennes?
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