Une soirée consacrée à la mémoire des déportés des camps Solovki
Une soirée consacrée au camp des Solovki a eu lieu le 8 décembre dans les locaux de la basilique du Christ Sauveur à Moscou. Une exposition intitulée « Solovki : Golgotha et Résurrection » avait été organisée. Il y à 73 ans, le 8 décembre, 509 détenus du camp avaient été exécutés. Parmi eux le père Paul Florensky.

La soirée a été placée sous le signe de ce qu’a dit dans son intervention liminaire le père Serge Pravdolioubov : « Le peu de dévotion que nous constatons à l’égard des nouveaux martyrs m’est douloureux ».

L’higoumène Andronnik (Troubatchev), l’un des petits-fils du père Paul Florensky a dit un office funèbre. Il a consacré son intervention à la mémoire des nouveaux martyrs et des confesseurs de la foi russes. C’est avec amertume qu’il s’est exclamé : « La sainteté des nouveaux martyrs n’a pas été acceptée par la société, ni d’ailleurs, malheureusement, par les milieux ecclésiaux.

Même à l’époque de l’athéisme soviétique nous portions plus d’intérêt qu’aujourd’hui aux nouveaux martyrs. Il est indispensable pour que vive leur mémoire d’entreprendre plusieurs choses. Il ne suffit pas d’éditer quelques ouvrages de les mettre sur nos rayons pour mieux les oublier. Obtenons un statut spécifique pour les lieux d’inhumation des victimes de la répression soviétique. Organisons le plus possibles de musées et d’exposition consacrés à la mémoire des fusillés. Élaborons des programmes pour les séminaires et les académies de théologie. Pour ce qui est de Solovki nous pouvons dire que la bureaucratie est, paradoxalement, ce qui menace le plus le monastère qui est en train de renaître. Des sommes considérables sont investies, de grands travaux sont effectués, cela menace d’effacer de nos mémoires les victimes de la période soviétique ».

Le professeur Paul Florensky, un autre petit-fils du père Paul, président du groupe d’experts pour l’étude des manifestations miraculeuse auprès de la commission de théologie du saint synode, a dit : « Il nous faut préserver dans l’archipel des Solovki absolument tout ce qui rappelle la déportation, ceci avec la même dévotion que sont préservés la sainte Couronne à Paris, les fers de saint Pierre à Rome. Il doit en être de même des barbelés, des baraquements de la terrible période des camps. Nous regrettons que les sommes considérables qui ont été investies dans la renaissance du monastère ne se manifestent que par l’existence d’une route asphaltée qui commence et qui se termine dans les marécages. J’espère que l’Eglise Orthodoxe Russe et son primat le patriarche Cyrille, tellement présents dans la société russe contribueront à la préservation de ce lieu sanctifié ».

Mgr Serge Timachov, vicaire de l’archevêché catholique de Moscou, est également intervenu : « Les Solovki sont un lieu saint non seulement pour les orthodoxes. Il y avait parmi les détenus des chrétiens appartenant à d’autres confessions, à d’autres religions ainsi que des non croyants. La terre des îles a été sanctifiée par les prières, le labeur, les terribles souffrances dont elle a été le témoin. Les murs érigés sur terre n’atteignent pas le Ciel, disait le saint métropolite de Moscou Philarète. Je suis particulièrement reconnaissant au père Porphyre (Choutov), le père supérieur du monastère Solovki, pour son invitation ».

Madame Nathalie Soljenitsyne a donné lecture d’un chapitre de « L’Archipel » consacré au camp de Solovki. Elle a raconté comment l’écrivain a réuni les témoignages des déportés ayant survécu ainsi que de leurs proches. Le nom de Soljenitsyne était présent dans toutes les interventions. L’archiprêtre Serge Pravdolioubov a dit de l’écrivain qu’il le considérait comme son père spirituel : « Alexandre Issaevitch est pour moi un père spirituel. Nous sommes prêtres de pères en fils et quatre de nos ascendants ont été déportés aux Solovki. Par son œuvre Soljenitsyne a revivifié mon âme, il a renforcé l’amour que je porte aux martyrs. C’est un amour que j’ai reçu de ma mère, elle pleurait son père disparu dans les camps. Le père Paul Florensky est également pour moi un père spirituel. Le temps est venu de procéder à sa canonisation. Ses écrits restent d’actualité et sont présents dans nos cœurs. Il nous parle de ce qui est essentiel. Nous avons déjà trop tardé à rendre hommage à nos pères et à nos mères. Au cours des dix dernières années j’ai travaillé aux neuf volumes des homélies prononcées par mon père, le prêtre Anatole Pravdolioubov, déporté des Solovki ».

Ont également pris la parole d’autres descendants des détenus du camp : Viatcheslav Stoliarov dont l’oncle a été exécuté dans ces camps. Il a rappelé la nécessité de traduire en justice les crimes commis par les bolcheviks. La guerre civile, a-t-il dit, n’est pas encore achevée car les autorités de l’Etat n’ont pas jusqu’à présent exprimé de repentir public.

La soirée s’est achevée par la présentation d’un documentaire consacré au camp, scénario de Youri Koublanovsky.
L’association « Le cierge de mémoire » regroupant essentiellement des jeunes était présente à la soirée.

Sedmiza
Traduction "P.O."

Rédigé par l'équipe de rédaction le 14 Décembre 2010 à 12:43 | 4 commentaires | Permalien



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