LE SITE BOGOSLOV. RU poste ce TEXTE en russe
et "RADONEZH"


Nous reprenons un texte qui a été publié le 28 avril 2010 sur le forum Orthodoxierusseoccident

L'archevêché (des églises russes en Europe occidentale du patriarcat de Constantinople) est-il fidèle à sa vocation ?

Pour répondre à cette interrogation, il faut d'abord savoir quelle est la vocation de l'Archevêché. A en juger par ce qui se disait et s'écrivait en son sein aux cours des années passées, les membres de cet exarchat se voyaient plusieurs missions. La première et la plus importante était absolument claire : il fallait donner la possibilité aux dizaines de milliers de réfugiés russes, s'étant trouvés hors de leur pays, de continuer à vivre une vie en Eglise. Cette vie « en Eglise » devait se faire selon les indications laissées par le concile de Moscou de 1917/1918, lequel avait couronné le renouveau de l'Eglise russe au 19ème siècle. Très tôt apparut aussi la conscience qu`il fallait témoigner de l'Orthodoxie devant l'Occident dans lequel les émigrés se sont trouvés plongés. Enfin, quand il fut clair que le retour ne se ferait pas dans de brefs délais, apparut le souci d'enraciner l'orthodoxie en occident et parallèlement, de remplir un rôle de «conservatoire » de la tradition russe, tellement fut terrible la crainte de voir le régime soviétique détruire jusqu'au bout toute trace de christianisme en Russie.[

Donner aux émigrés la possibilité de vivre en Eglise

Au début, l'exarchat parvint à remplir cette mission de façon exemplaire. Grâce au dévouement des prêtres et évêques qui se sont trouvés dans l'émigration et à la ferveur du troupeau le nombre des églises se multiplia, surtout en France. Il en fut ouvertes même dans les endroits les plus reculés comme Ugine ou Tarascon sur Ariège, à partir du moment où une concentration de réfugiés russes s'y trouvait. L'émigration vivait une intense vie liturgique et sacramentelle. L'Exarchat réussit aussi à intégrer, dans des conditions acceptables, les représentants de la seconde vague d'émigration, après la deuxième guerre mondiale. A l'heure actuelle cependant il faut bien constater que beaucoup des descendants des premiers émigrants ont quitté l' Eglise.
Par ailleurs, l'accueil des flots actuels d'immigrants issus des pays orthodoxes où est établie l'Eglise russe pose de redoutables problèmes. On les considère souvent avec une certaine méfiance voire un peu de condescendance. Ces attitudes, courantes dans l'Archevêché, témoignent de la difficulté d'intégration des nouveaux arrivés. C'est un problème qui mérite réflexion. Car il est facile de rejeter la faute de ces difficultés sur les nouveaux arrivés eux-mêmes, qui sont « différents ». Mais on sait bien, qu `en Eglise, différence n'a jamais été synonyme de séparation ou d'exclusion.

On a l'impression, en outre, que, de façon paradoxale, la direction actuelle de l'Archevêché souhaiterait que l'Eglise russe ne lui « fasse pas concurrence » pour le service pastoral de cette population et que cette « juridiction » se retire d'Europe occidentale. D'un autre côté, l'Archevêché n'a plus beaucoup de prêtres capables de comprendre les nouveaux venus, ne serait-ce que pour un problème de langue. Il est donc amené soit à vouloir « assimiler » le plus rapidement possible ces arrivants soit à rechercher, pour leur servir de pasteurs, des « transfuges » du Patriarcat de Moscou. Or les changements de juridictions sont souvent consécutifs à des problèmes dans la juridiction d'origine. Ces problèmes sont couramment attribués aux défauts de l'Eglise russe, où les prêtres seraient « soumis à l'arbitraire des évêques. » Mais on sait bien que les vraies raisons sont fréquemment plus prosaïques.

De son côté l'Eglise russe estime, elle aussi, qu'il lui appartient d'exercer sa mission auprès des Russes ayant quitté leur patrie, comme elle l'avait toujours fait avant la révolution. Il s'ensuit une atmosphère de conflit permanent fort pénible. Et l'on voit bien que, dans ce domaine, la seule solution raisonnable, d'un point de vue pastoral, serait une collaboration entre les uns et les autres chacun pouvant apporter son expérience irremplaçable.
La mission première de l'Archevêché envers l'émigration russe n'est donc plus assurée de manière indiscutable et à la satisfaction générale, comme cela a longtemps été.

Application des décisions du concile de Moscou

En ce qui concerne l'application des décisions du concile de Moscou on peut estimer que, là aussi, après une période faste, la situation s'est profondément dégradée. Certains font toujours grand cas de la participation des laïques à la vie de l'Eglise. Mais les apparences sont trompeuses. Si l'on examine ce qui se passe dans la réalité, on ne voit pas une vie ecclésiale harmonieuse, dans la sollicitude des évêques, exerçant dans la collégialité leurs devoirs de pasteurs d'un peuple, collaborant avec eux, pour la dignité de la vie sacramentelle et pour le salut de tous.
La loi de l'Eglise a progressivement été remplacée, dans l'Archevêché, sans que l'on n'y prenne garde, par la loi civile qui régit la vie des associations. Et cette dernière loi est appliquée de la pire des façons. Certes, les assemblées ecclésiales peuvent faire apparaître des désaccords. Il faut alors, par les débats, parvenir à des solutions capables d'obtenir l'accord de tous. Au lieu de cela nous voyons des « Assemblées Générales » à différents niveaux où l'objectif n'est pas d'échanger, dans la recherche de la solution juste, mais de garder « la majorité » pour écarter les « adversaires » et garder le « pouvoir ». Ces assemblées générales sont souvent précédées de réunions se voulant secrètes, dont l'objectif est de préparer soigneusement des tactiques fort peu ecclésiales (exclusion des liste de votants du plus grand nombre possibles de personnes ne partageant pas les « idées correctes », répartition des rôles à l'assemblée, préparation des tactiques de votes etc…) En cas de conflit, on ne recherche pas la médiation de quelque sage, ou d'autres évêques, mais on s'adresse tout de suite aux avocats. Bien entendu les personnes de bonne volonté répugnent à utiliser ces procédés « légaux » mais non ecclésiaux et les manœuvriers remportent « la majorité » ce qui leur donne bonne conscience.
Dans ce domaine un autre problème existe. Il y a toujours eu dans l'Exarchat plusieurs évêques, dont un dirigeant. Les statuts prévoient d'ailleurs un « comité épiscopal, » qui devrait se réunir au moins deux fois par an. Le rôle de ce comité est en réalité très important bien que peu compris. Notre entité ecclésiale s'est trouvée coupée de l'Eglise russe, et n'a pas été organiquement intégrée dans l'Eglise de Constantinople. Ce comité organise donc une certaine collégialité épiscopale indispensable dans l'Eglise. Un évêque orthodoxe tire en effet sa légitimité de son appartenance à son Eglise locale et au corps épiscopal de cette Eglise. Sans cette synodalité organique l'évêque perd peu à peu son autorité. Et c'est ce que l'on constate malheureusement dans l'Archevêché, aux dires même de son Archevêque.
De plus et depuis peu, la situation a radicalement empiré puisqu'il n'y a plus qu'un seul évêque. Il sera impossible à l'avenir de disposer, au sein de cette structure, de plusieurs candidats susceptibles d'être désignés (à l'élection du Saint synode de l'Eglise de Constantinople) pour la diriger. Car un tel candidat devrait être, idéalement, un évêque déjà expérimenté et ayant montré des capacités certaines pour occuper une telle fonction.
On voit donc que l'exarchat n'a pas réussi à créer un modèle convaincant d'application des décisions du concile de Moscou.

Témoignage de l'orthodoxie en Occident.

Dans ce domaine, à ses débuts, l'exarchat a pleinement réalisé son dessein. De fait, les hiérarques et les remarquables théologiens de cette époque participèrent pleinement au grand souffle œcuménique qui marqua la première moitié du 20ième siècle. Cette participation fut particulièrement marquante, car elle fut exempte de tout esprit de prosélytisme ou de compromission. Le rôle de l'Exarchat fut d'autant plus important qu'à cette époque, en raison des problèmes liés à la fin de l'empire Ottoman et à l'instauration du communisme en Europe de l'Est, personne d'autre ne pouvait témoigner de l'Orthodoxie au sein de ce mouvement Œcuménique.
Aujourd'hui la situation a radicalement changé. Les Eglises traditionnelles ont repris un rôle majeur dans le dialogue œcuménique. Le caractère unique du service de l'Archevêché a disparu. Mais il reste le témoignage de vie, au sein de l'Occident, qui demeure primordial. Il est dommage que ce témoignage soit un peu assombri par les disputes et les remous autour et au sein de cette structure.

L'enracinement local de l'orthodoxie

Cette mission a, en quelque sorte, accaparé toute l'attention et concentré toutes les disputes et déchirements dans l'Archevêché. Personne pourtant ne conteste l'existence d'un tel devoir pour nous. Les difficultés ne viennent que des modalités selon lesquelles cette mission doit être remplie. Beaucoup, dans l'Archevêché, pensent encore que ce processus doit forcément être mené par eux, en tant que (presque seuls) orthodoxes locaux, exempts de phylétisme. D'autres pensent au contraire que cet enracinement ne se fera que dans le temps, lorsque la plénitude de l'Eglise aura trouvé la voie juste pour « organiser » l'Eglise orthodoxe en Europe occidentale. Ils pensent surtout qu'une opposition systématique à (ou aux) Eglise(s) mère(s) ne fait que compliquer le problème. De plus, ils sont persuadés qu'un archevêché coupé de sa source ne peut plus rien transmettre à qui que ce soit. Il risque au contraire de sombrer dans le sectarisme, comme l'ont fait d'autres structures pas si loin de nous, coupées, elles aussi de leurs racines.

Conclusion
Ce rapide survol du destin de l'Exarchat/Archevêché montre qu'il est resté fidèle de façon exemplaire à sa vocation depuis les débuts de son existence jusqu'à un passé récent. Mais les conditions de son existence ont été complètement bouleversées par la chute du pouvoir soviétique et l'afflux massif d'orthodoxes de toute l'Europe centrale et même d'ailleurs. Il n'est plus la structure centrale de l'orthodoxie dans nos pays et il ne peut plus représenter le monde orthodoxe comme il le faisait naguère de façon naturelle. Ses forces ont largement décliné. Ces changements l'ont plongé dans une crise sans précédent.
C'est dans ces conditions que va se tenir une nouvelle assemblée générale de l'Archevêché. Ses dirigeants ont déployé des efforts considérables pour que soient exclus de cette assemblée ses nombreux membres qui ne partagent pas les convictions de ceux qui ont pris le « pouvoir » exclusif en son sein. Ils l'ont fait avec habileté et succès. Aucun problème de « majorité » ne devrait se poser. Mais l'Archevêché aurait eu besoin de toutes ses forces pour dépasser ces problèmes de « majorité », maintenir sa cohésion et trouver les voies de son avenir. La position actuelle qui consiste à imposer à tous des thèses figées et contestées par beaucoup, au prix de désordres et disputes permanentes, non seulement à l'intérieur mais aussi en dehors de l'Archevêché, risquent de le mener bien loin de ses vocations premières.

Avril 2010
Séraphin Rehbinder

*Source: Orthodoxierusseoccident


Rédigé par Parlons d'orthodoxie le 15 Juillet 2011 à 10:30 | 65 commentaires | Permalien


Commentaires
Du plus récent au plus ancien | Du plus ancien au plus récent

1.Posté par Nicolas le 28/04/2010 10:36
Voila une belle synthèse de ce qu’est l’archevêché des églises russes en Europe occidentale. A la lecture, on pourrait même parler au passé, tellement ce texte me fait penser à un éloge funèbre prononcé devant le cercueil de quelqu’un qui fut bon, mais emporté trop tôt par les vicissitudes de sa propre vie.

Malgré l’excellente prose de Monsieur Rebhinder, le sentiment général est à la tristesse de voir un tel héritage gaspillé par manque de volonté de certains et faiblesse d’autres. L’archevêché est décrédibilisé aux yeux de tous : aux yeux de l’église catholique pour qui le seul interlocuteur orthodoxe en France est l’église russe et dans une moindre mesure l’AEOF, décrédibilisé aux yeux du Phanar, pour qui Mgr Gabriel n’est qu’un pion à qui il ne faut plus accorder aucun vicaire, décrédibilisé au sein du monde orthodoxe car ces derniers temps une partie du clergé est issue des rebus des différentes églises locales (dixit le métropolite Cyrille de Smolensk lors de sa rencontre avec Mgr Serge après les soucis engendré par la paroisse de Rome) et enfin décrédibilisé aux yeux de ses propres fidèles qui préfèrent ne pas se faire entendre pour éviter les coups de fouet.

Le doute s’est installé aussi sur l’intégrité de certains prêtres arrivés des pays de l’est. Personnes ne sait d’où ils viennent, qui ils sont, qu’elle a été leur cursus. Selon la rumeur ou selon certains responsables, ils ont été interdit, renvoyés des séminaires…Mais le plus triste, c’est qu’ils ne s’intègrent pas dans la culture de notre diocèse et ne prennent pas le temps d’apprendre la tradition russe de notre diocèse. Au contraire, ils cherchent même à imposer leur coutume et ce, avec la bénédiction de l’évêque qui ne veut surtout pas gérer de conflits supplémentaires. De ce fait, chaque paroisse fait sa propre sauce pourvu qu’on la laisse tranquille. Il eut été pourtant si simple de donner à l’institut St Serge un rôle d’école de formation pour des prêtres amenés à servir dans notre archevêché, mais les sirènes de la philosophie sont tellement plus belles.

Il n’y a plus de consensus ecclésial parmi le peuple des fidèles de l’exarchat. Tout n’est que réunions secrètes de personnes voulant imposer de force une politique et un œcuménisme forcené que rejète une partie des clercs et des laïques. Lors de la présentation de l’excellent ouvrage du père Boris Bobrinskoy à l’institut St Serge, Mgr Gabriel n’hésita pas une fois de plus à marteler en fin de réunion sa volonté d’éloignement avec l’église russe et son enracinement dans l’oeucuménisme. Cela en choqua plus d’un et en premier lieu le père Boris, pour qui ce livre était l’occasion de faire un lien entre l’église de Russie et notre diocèse.

Tout ceci est affligeant !

2.Posté par Irénée le 29/04/2010 08:48
Merci pour votre note 12 suite au Post "orthodoxes et catholiques"... je partage le souhait de ne pas tomber dans la calomnie.
Je regrette simplement que vous décidiez de filtrer les calomnies quand elles sont destinées à SS Cy rille ou à Mgr Nicodème, et que vous soyez plus complaisants quand il s'agit de parler du clergé de l'Archevêché. En effet les propos de Nicolas ci-dessus sotn plutôt agressifs, d'autant plus qu'il s'agit d'informations à la fois imprécises et pourtant très catégoriques.
Je cite :
"l’intégrité de certains prêtres arrivés des pays de l’est. Personnes ne sait d’où ils viennent, qui ils sont, qu’elle a été leur cursus. Selon la rumeur ou selon certains responsables, ils ont été interdit, renvoyés des séminaires" ou bien "une partie du clergé est issue des rebus des différentes églises locales".
Si cela contribue à apaiser les tensions comme vous le proposez, alors je ne comprend plus rien...
Encore deux remarues sur le message ci-dessus :
Dire que pour l'Eglise catholique romaine le seul interlocuteur en France est le patriarcat de Moscou est tendencieux et tout à fait inexact. Les faits chaque jour dans la vie des paroisses le prouvent.
Enfin, la dernière remarque sur l'engagement oecuménique et l'éloignement de l'église russe (qui aurait gêné Père Boris) est assez incompréhensible sans citations ou explications.
Il est assez affligeant que dès qu'il s'agit de salir l'archevêché, tout est acceptable, alors que quand les critiques sont destinées à l'Eglise russe, il y a filtrage et non-publication.

3.Posté par Marie Genko le 29/04/2010 10:30

Cher Irénée,

J'étais à Saint Serge, lors de la présentation du livre du Père Boris.
Et j'ai en effet entendu le Père Boris nous dire que son livre avait reçu la bénédiction de Mgr Hilarion.
Je suis bien certaine que cette bénédiction n'a pas été reçue sans l'approbation de Mgr Gabriel.

Je n'ai pas gardé un souvenir précis des paroles de Mgr Gabriel en fin de réunion.
J'ai du hélas être distraite.
Mais elles ne m'ont pas frappées comme une une volonté d'éloignement de l'Église russe.
Je ne prendrai par conséquent pas la responsabilité de confirmer les paroles qui sont citées par Nicolas dans le message 1, ci-dessus.
Si Nicolas, ou la personne qui lui a répété la teneur des propos de Mgr Gabriel, donnait une citation précise, cela éviterait un flou désagréable.
Je ne peux que dire, à la décharge de Nicolas que notre sensibilité à nous qui voyons notre archevêché et nos églises russes tomber chaque jour plus profondément dans l'escarcelle du patriarcat de Constantinople et renier notre Église mère, notre sensibilité est particulièrement exacerbée ces derniers temps, et toute réflexion même anodine est reçue comme une véritable agression!


4.Posté par Irénée le 29/04/2010 11:00
Chère Marie,
Merci pour vos efforts de clarification.
Encore une fois, je veux bien comprendre votre douleur, et ce que vous vivez chaque jour, mais il y a dans les propos de Nicolas des accusations très graves, et des insinuations insupportables.
Nous sommes membres d'une seule et même Eglise, qui n'a qu'un seul chef, le Christ.
D'après ce que je crois savoir, notre Seigneur ne réside ni à Constantinople, ni à Moscou.
Je n'ai pas non plus une vision "petite épicerie" de la vie de l'Eglise, et je ne sais donc pas ce qu'est l'escarcelle de Constantinople.
Laissons ces querelles poitiques à ceux qui sont intéressés par les questions de pouvoir et de rapports de force, et écoutons simplement la prière dite par le prêtre sur les fidèles inclinés :
" Toi-même Maîte, abaisse ton regard du haut du ciel sur ceux qui ont la tête inclinée non devant la chair et le sans, mais devant toi, Dieu redoutable"
Ne nous inclinons donc pas devant le pouvoir (sous quelque forme que ce soit), mais devant Dieu seul.

5.Posté par vladimir le 29/04/2010 16:30
Je trouve d'abord vraiment excellente et équilibrée l'analyse de Séraphin. On peut toutefois fignoler des détails: des candidats à la direction peuvent se trouver en dehors de l'épiscopat, comme le montre l'exemple de Mgr Serge ou la promotion de Mgr Michel (Storogenko), mais le refus de Constantinople de promouvoir des évêques, et privant donc l'Archevêché de toute synodalité interne (il est aussi privé de conciliarité "externe", ne participant à aucun concile) est bien entendu préoccupant. Cela nourrit évidement les soupçons d'une volonté d'absorption à brève échéance. L'analyse de Séraphin concernant les méthodes "démocratiques" au sein de l'Archevêché recoupent totalement les observations que j'avais faites précédemment.

Le témoignage de Nicolas vient renforcer l'impression de malaise mais, à mon sens, n'a aucune raison d'être censuré: celui du p. Georges (Mitrofanov) sur le niveau de la prêtrise est tout aussi accablant. L'expression "une partie du clergé est issue des rébus des différentes églises locales" est référencée: "métropolite Cyrille de Smolensk lors de sa rencontre avec Mgr Serge après les soucis engendrés par la paroisse de Rome" (j'aurais personnellement aimé une référence plus précise: Nicolas en était-il le témoin direct ou a-t-il puisé à une source écrite?) Pour le témoignage concernant le discours de Mgr Gabriel, j'imagine qu'il sera prochainement démenti par un communiqué officiel et Nicolas n'aura plus qu'à admettre qu'il a mal entendu...:)

6.Posté par T.Schakhovskoy le 29/04/2010 19:46
@Vladimir
Voyons, il est assez clair que les propos de Mgr Gabriel ne sont démentis que lorsqu'ils peuvent donner l'impression d'un rapprochement ou d'une amitié pour l'Eglise russe, ou ses représentants... !

7.Posté par Marie Genko le 29/04/2010 22:55

Cher Irénée,

Merci pour votre message et votre Bonne Parole!
Il est clair que nous les fidèles, nous ne demandons qu'à aimer et respecter les Saints Patriarches de l'Église orthodoxe!
Nous devons reconnaissance et respect au patriarche de Constantinople qui a accordé sa protection à notre archevêché lorsqu'un régime athée nous a privé de notre Église mère!
Mais aujourd'hui, nous voyons des querelles et des procès secouer notre archevêché!
Nous voyons la division au sein de certaines paroisses!
Nous voyons notre archevêque affirmer au Patriarche de Russie, Sa Sainteté Alexis II, qu'une orthodoxie française, pleinement occidentale est devenue l'essence de notre archevêché!
Vous savez bien, comme moi, que Sa Sainteté Bartholomé n'a jamais voulu reconnaitre l'OCA!
Ce n'est donc pas pour reconnaître dans notre archevêché une Église Locale d'Occident!!!
Nous sommes intégrés de fait à la métropole grecque!
Si cette intégration avait été souhaitée par tous, tout aurait été pour le mieux dans le meilleurs des mondes!
Seulement les descendants des Russes blancs, attachés à leur Église mère sont encore suffisamment nombreux pour que cette intégration soit pour nous une violence!
Et je ne pense pas me tromper en disant que cette intégration à la métropole grecque est la source de tous les procès qui nous secouent jusqu'aujourd'hui!
Car si nous avions eu confiance, et si nous avions accueilli nos frères de Russie, et leurs prélats, nouvellement libérés de soixante quinze années de persécutions, si nous avions partagé avec eux nos églises construites par les Russes pour les Russes, nous aurions été un véritable témoignage d'amour chrétien!
Pour réussir ce témoignage, il fallait aimer nos frères orthodoxes de Russie et avoir confiance en eux!
Il fallait accepter de discuter de l'avenir de notre archevêché avec notre Église Mère, l'Église de Russie, et avec aussi bien sûr les représentants du patriarcat de Constantinople!

Vous dites très admirablement :

"Ne nous inclinons donc pas devant le pouvoir (sous quelque forme que ce soit), mais devant Dieu seul."

Cher Irénée, c'est justement ce que nous faisons, nous souffrons des litiges et des querelles entre Orthodoxes, car elles sont une offense à notre Dieu!


8.Posté par Irénée le 04/05/2010 10:19
Puisque ce texte est à nouveau publié, reprenons le dialogue !
Je ne vois personnellement aucun signe concret et sérieux d'une intégration de l'archevêché à la métropole grecque.
La question de l'OCA est très différente de la situation en France, toute tentative de mise en parallèle me semble assez dangereuse et inexacte.
J'étais samedi dernier à la Liturgie célébrée à St Serge par Mgr Gabriel. J'ai eu, contrairement à ce qui est souvent insinué, l'impression très forte d'être présent dans une église pleinement de tradition russe, respectant rigoureusement l'héritage reçu de l'émigration russe, tout en étant ouverte à d'autres langues et cultures.
Je pense enfin qu'il ne faut pas idéaliser la situation actuelle de l'Eglise en Russie, il y a des choses merveilleuses, mais aussi beaucoup de difficultés. Là comme ailleurs, ses serviteurs ne sont pas tous des saints ! Même si comme le disait le Père Gabriel Henry les pêcheurs d'aujourd'hui sont les saints de demain...

9.Posté par Marie Genko le 04/05/2010 22:52

Cher Irénée,

Le texte que nous avons pu lire il y a quelques jours, publié par le Père Georges Mitrofanov vous donne entièrement raison!
Aucune entreprise humaine n'est entièrement pure et ce ne sont pas des hommes qu'il nous faut suivre, mais bien le Christ, dont les prêtres s'efforcent de nous transmettre l'enseignement.
Étant pécheurs nous-mêmes, nous savons bien qu'aucune Église n'échappe aux tentations et aux péchés!
Et cela est certainement vrai dans tous les patriarcats orthodoxes....

Au sujet de l'OCA, je connais trop mal ce sujet pour vous apporter quelque élément nouveau. Je ne peux que supposer que vous avez raison et que le cas de cette entité ecclésiale, reconnue par Moscou et non par Constantinople, est profondément différente de la situation de notre archevêché.

Par contre, nous savons vous et moi que la situation de notre archevêché devra se résoudre d'une façon ou d'une autre dans un avenir plus ou moins proche.
Après la dernière réunion de Chambésy, il apparaît clairement :
qu'UNE ASSEMBLÉE D'ÉVÊQUES DE CHAQUE PATRIARCAT SERONT L'ÉGLISE LOCALE ORTHODOXE SUR LES TERRES D'OCCIDENT.
Je ne pense pas me tromper en écrivant que le Patriarche de Constantinople, ne peut avoir deux archevêques sur le même territoire...???
Donc il faudra bien que notre archevêché se range définitivement dans le sein de l'Église grecque !
Car l'autre alternative serait qu'il accepte de se ranger dans la métropole que l'Église russe souhaite créer en Europe occidentale.
Et jusqu'à présent, nous n'avons vu aucun signe positif dans cette direction.
Direction, qui aurait pourtant l'immense avantage de réunir tous les descendants de l'immigration russe en une seule et même entité ecclésiale ce qui serait la fin de tous les honteux procès qui nous ont secoués ces dernières années, et qui nous secouent encore aujourd'hui!

Que certaines paroisses de l'archevêché restent encore profondément attachés à leurs racines et leurs traditions russes me paraît tout à fait normal, le contraire eut été choquant!
Mais cela n'empêche pas notre archevêché d'être soumis au métropolite Emmanuel!
Et nous avons pu lire dernièrement que les paroisses de l'archevêché situées hors de France dépendent des prélats grecs locaux.

Contrairement aux souhaits de la Fraternité orthodoxe,

L'ARCHEVÊCHÉ N'EST PAS LE FONDEMENT DE LA FUTURE ÉGLISE LOCALE D'OCCIDENT!

Cette Église Locale existe de fait par la représentation de cette assemblée d'évêques, issus des Églises des différents territoires canoniques orthodoxes.

Les fidèles de notre archevêché doivent donc commencer à prendre conscience que le choix n'est pas dans l'utopie d'une Église Locale Française, mais qu'il s'agit d'un choix différent :
Celui de rester fidèles au souhait des fondateurs de notre archevêché, rester fidèles aux racines de la spiritualité de nos pères dans la métropole russe, ou bien se tourner définitivement vers l'Église de Constantinople.
Le Seigneur bénissant toutes les Églises orthodoxes, je pense qu'il y a là une liberté pour chacun de se ranger dans la paroisse et la juridiction la plus proche de l'enseignement qu'il a reçu et qu'il souhaite continuer à suivre.
Je ne vois pas là un sujet de discussion.

Mais nous devons simplement nous efforcer de voir LE DEVENIR DE NOTRE ARCHEVÊCHÉ sous son jour véritable, et prendre nos responsabilités en conséquence!
Pour moi, tout litige, ou procès, qui couvre de honte notre sainte religion devrait à tout prix être évité!
Et c'est bien pour cela que je m'exprime, souvent avec des larmes de désespoir, sur Parlons d'Orthodoxie, qui a la patience de me publier.



10.Posté par Irénée le 05/05/2010 07:49
Merci Marie pour ces commentaires.
Dans l'ensemble je suis assez d'accorrd avec vous, mais ne pensons pas trop que seules les propositions issues de nos analyses personnelles et humaines soientenvisageables...
Concernant la question des évêques sur un même territoire, la réponse n'est pas qu'il ne peut pas y avoir deux évêques d'un même patriatcat sur le même territoire, mais tout simplement qu'il ne peut pas y avoir deux évêques orthodoxes sur le même territoire, et cela quelle que soit son appartenance juridictionnelle.
La question (et le problème !) n'est donc pas la présence sur un même territoire (ou presque) de deux évêques dépendant du patriarcat oecuménique, mais bien la présence de nombreux évêques dépendant de plusieurs Eglises autocéphales sur ce même territoire.
Comme je crois l'avoir écrit ici, la solution serait un métropolite ou archevêque UNIQUE pour la France, avec des auxiliaires parlant les langues et connaissant les traditions propres à chaque peuple. Et c'est de cet ensemble formant un véritable synode que pourra naître l'Eglise locale le temps venu.
Par ailleurs, pourriez-vous me dire ou vous avez lu que les paroisses de l'archevêché situées hors de France dépendaient des évêques grecs locaux ? Je ne suis pas au courant...
Il me semble enfin qu'il est inutile et exagéré de montrer du doigt la Fraternité orthodoxe et de la rendre responsable de tous le maux...Ce groupe a eu une cetaine influence, mais il ne me semble plus aujourd'hui si vigoureux ni dynamique...

11.Posté par Marie Genko le 06/05/2010 01:13

Cher Irénée,

Merci pour vos éclaircissements, sur le points de théologie qui me manquent hélas.
En ce qui concerne la situation de la diaspora orthodoxe en Occident, j'avais compris qu'une assemblée des évêques, soumis à leur Église mère respective, comme l'est actuellement l'assemblée des évêques de France, serait PROVISOIREMENT l'Église Locale Orthodoxe dans chaque pays d'Europe occidentale.
Nous voyons actuellement ce processus se mettre en place en Allemagne, et il sera suivi par la Belgique et très certainement par les autres pays de la diaspora, comme l'Espagne ou l'Italie.
Il me paraissait évident que Mgr Gabriel pourrait difficilement être membre de chacune de ces assemblées épiscopales dans chacun des pays où l'archevêché compte des paroisses.
Et voilà la raison pour laquelle j'ai écrit que, de fait, les paroisses de l'archevêché situées hors de France seraient administrées par un prélat de Constantinople.
Mais puisque vous me dites que je me suis trompée, je l'admets volontiers et je me réjouis du fait que notre archevêché conserve encore cette autorité.
Vous dites, avec juste raison, que la solution serait un archevêque ou un métropolite unique pour la France!
Dans ce cas il serait forcément grec puisque le patriarcat de Constantinople a droit de préséance sur les autres évêques...
Je crains que les patriarcats de Roumanie, Serbie, Géorgie et les autres ne soient pas prêts à l'accepter...!
Vous ajoutez aussi que les propositions issues de nos analyses personnelles, ne sont pas les seules envisageables.
Merci de tout cœur de rappeler cela, car vous me redonnez donne l'espoir que nos patriarches parviendront à trouver dans la prière la solution la plus juste, selon notre ecclésiologie orthodoxe, la moins douloureuse pour les fidèles et surtout une solution qui ramènera la paix entre les paroissiens et aboutira à la fin de ces insupportables conflits en justice.


12.Posté par Irénée le 07/05/2010 07:07
Juste une rapide réponse aux commentaires de Marie.
Bien entendu, ce qui est proposé par le document de Chambésy concerne l'organisation provisoire des pays comme ceux d'Europe occidentale. Mais il me semble qu'il s'agit implicitement d'un provisoire en attendant une certaine autonomie...sinon je ne vois pas ce que serait ce "provisoire".
Il serait en effet difficile à Mgr Gabriel de se rendre présent dans tous les pays ou il y a des paroisses de l'archevêché. Mais on peut espérer qu'il aura un jour ou l'autre des évêques auxiliaires, il peut sinon se faire représenter par un prêtre, le doyen du pays par exemple.
Je ne vois personnellement aucun inconvénient à ce que l'assemblée des évêques soit présidée par le métropolite représentant l'Eglise de Constantinople. Pour mémoire, l'Eglise de Russie a vécu plusieurs siècles en dépendant de Constantinople, et cela n'a pas empêché qu'elle développe ses propres pratiques, son chant, sa langue liturgique...

13.Posté par Marie Genko le 07/05/2010 08:52

Cher Irénée,

Je pense qu'aucun d'entre nous ne peut trouver quoi que cela soit à redire aux décisions qui ont été prises à Chambésy.
Il est normal que les assemblées épiscopales en Europe occidentale soient présidées, dans l'Amour et la Charité par un évêque du patriarcat de Constantinople.
Il me semble qu'il y a dans cette organisation provisoire de la diaspora en Europe occidentale une nette différence avec un projet qui serait celui d'une métropole unique, réunissant toutes les diasporas.
Car cette Métropole qui rassemblerait les membres de la diaspora grecque, russe, roumaine serbe etc. se trouverait forcément soumise à un prélat grec!!!

Dans le cas présent les évêques restent soumis à leur Église mère, et dans le second les évêques seraient de facto sous l'omophore du Patriarche de Constantinople!

Et nous serions à nouveau la cible d'attaques nous accusant de "papisme orthodoxe"

Je ne peux que dire donner ici une avis en toute humilité.
Un avis qui m'est dicté par mon amour pour l'Orthodoxie!
Laissons de côté nos querelles, faisons confiance à nos Saints patriarches pour trouver la solution qui mettra fin aux honteux procès qui nous agitent.
La solution qui permettra à chacun de rester fidèle à la traditions de ses pères.
Et pour éviter les écueils du modernisme, dans lesquels nos frères de l'OCA ont bien failli sombrer, essayons dans la Charité de réaliser l'unité des descendants de l'émigration russe.


14.Posté par Irénée le 07/05/2010 13:28
La situation actuelle ne peut-être que temporaire. Il me semble absolument ingérable d'avoir à longue échéance une assemblée d'évêques dépendant chacun de leur Eglise mère. Un vrai synode local doit se construire afin d'aministrer non pas les fidèles de telle ou telle nationalité, mais bien l'ensemble des chrétiens orthodoxes vivant sur un territoire donné.
Quand ce synode existera, il élira son primat, qui sera grec, russe ou autre chose, ce n'est pas la question...Ce qui n'empêchera en rien l'exisyence de paroisses de tradition russe, roumaine ou autre.
Reprenant ce que j'ai dit, je ne vois pas ou serait le problème d'avoir un métropolite d'origine grecque, s'il laisse chaque tradition s'exprimer.
A l'Athos, il y a des moines de toutes traditions, dépendant du patriarcat oecuménique, et chacun garde ses usages liturgiques et sa spécificité.
Il en est de même ailleurs...
Le "papisme orthodoxe" est à combattre certainement, mais il ne faut pas non plus que ça devienne une obsession...

15.Posté par vladimir le 07/05/2010 15:12
Cher Irénée,
Le modèle dont vous rêvez est très proche de l'OCA: un synode local élit le primat; l'Église autocéphale intègre les différentes traditions, (il y a un diocèse roumain transversal aux diocèses géographiques et le primat est aussi exarque du patriarche de Bulgarie, il y a aussi des paroisses de traditions russe, largement majoritaires, serbe, etc.) Mais ce modèle n'est pas accepté par les patriarcats qui ont leurs propres juridictions en Amérique (Constantinople, Antioche, Roumanie...). Il y a un organe conciliaire, la SCOBA (http://www.scoba.us/) qui réunit "tous les évêques canoniques des Amériques" (les évêques de l'Eglise russe hors frontières /ERHF/ n'y participent pas) et élit sont président (contrairement aux Assemblées épiscopales mises en place par la conférence de Chambésy IV, dont le président est d'office le représentant de Constantinople). Et maintenant elle devrait se transformer en "Assemblée épiscopale des Amériques" dont la première réunion est fixée à la Pentecôte (http://frontierorthodoxy.files.wordpress.com/2010/03/scoba-hierarchs-issue-orthodox-sunday-message.pdf).

Il me semble difficile de préjuger quelle organisation définitive de la diaspora pourra être décidée par le Saint Concile. Les décisions de la Conférence de Chambésy IV ne me semblent pas aller vers ce synode unitaire auquel vous pensez (cf. http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Les-decisions-de-Chambesy-IV_a423.html):
- Les Assemblées épiscopales sont morcelées à l'image des diocèses grecs
- Leurs présidents ne sont pas élus et ne bénéficie donc que de la primauté d'honneur de patriarcat de Constantinople
- Elles ne peuvent interférer dans les affaires des diocèses des Églises locales qui y sont représentées, ces diocèses continuant à dépendre exclusivement de leur Église-mère
- Elles n'ont même pas l'exclusivité de la représentation de l'Orthodoxie au plan local, chaque église autocéphale continuant à gérer librement tous les contacts extérieurs...
En bref, il s'agit clairement de préserver en priorité les liens de chaque diocèse de la diaspora avec son Église-mère en assurant tout au plus une légère coordination au plan local... Et l'existence de doubles diocèses au sein d'une même autocéphalie (Daru/métropoles grecques pour Constantinople, Patriarcat/ERHF pour Moscou) ne facilite aucunement la lisibilité de cette organisation!


16.Posté par Marie Genko le 07/05/2010 22:43
Cher Vladimir,

Merci pour vos explications!
C'est bien ainsi que j'avais cru comprendre la situation actuelle.
Et c'est la raison pour laquelle j'avais voulu souligner que le choix qui se pose actuellement à l'archevêché est CELUI DE S'INTÉGRER DÉFINITIVEMENT A LA MÉTROPOLE GRECQUE, ou bien d'accepter CELUI DE S'INTÉGRER DANS LA MÉTROPOLE INDÉPENDANTE PROPOSÉE PAR LE PATRIARCAT DE MOSCOU.

Car les choses en Église se construisent avec lenteur, et le temps d'une Église Locale Orthodoxe autonome en Occident me semble encore loin d'être venu!

Cher Irénée,

Merci de me confirmer ce qui me semblait évident:
"qu'il serait en effet difficile à Mgr Gabriel de se rendre présent dans tous les pays où il y a des paroisses de l'archevêché"

Je ne peux que répéter que l'union des descendants de l'émigration russe en une seule entité ecclésiale mettrait fin aux douloureux procès qui salissent notre Orthodoxie.
Ces retrouvailles de deux familles séparées, deux familles dispersées sur toute la surface de notre terre seraient enrichissantes pour nous tous!
Comme cette nouvelle structure ecclésiale serait vigoureuse! et comme elle serait un magnifique exemple d'une famille enfin reconstituée.



17.Posté par Irénée le 08/05/2010 13:25
Je ne vois pas pourquoi le choix proposé par Vladimir devrait être fait.
La situation actuelle est assez satisfaisante pour beaucoup.
L'intégration dans la métropole grecque n'est pas (que je sache...) à l'ordre du jour, et ne semble être souhaitée par personne.
Quant la création d'une métropole "indépendante", aucune proposition ou négociation n'a été menée dans ce sens depuis la lettre de patriarche Alexis, aucune rencontre n'a lieu afin de préciser cette option. Dans le flou qui demeure, ce n'est pas vraiment une option...
Concernant les procès, quand la fédération de Russie conteste la propriété d'une église à une association, je ne vois pas où l'orthodoxie est salie. Ce sont les échanges de certaines personnes autour de cette question, les rancoeurs, les traitrises et et les petites mesquineries qui salissent celles et ceux qui les écrivent, l'orthodoxie n'a pas grand chose à voir là dedans...
Enfin, je maintiens mon sentiment selon lequel des regroupements et une organisation "nationale" de l'Eglise ne me semble pas être du tout de nature à aller de l'avant, bien au contraire...
Et encore une fois, je ne vois pas deux familles séparées, mais deux communautés écclésiales parfaitement canoniques et en totale communion.
Les difficultés de la présence orthodoxe en France sont ailleurs... dans un non respect des règles de la vie de l'Eglise organisée sur des bases ethniques et nationales.

18.Posté par Marie Genko le 08/05/2010 22:31

Cher Irénée,

Vous avez raison sur bien des points, car il est indiscutable que la situation actuelle satisfasse beaucoup de monde, dans le cas contraire elle ne serait pas ce qu'elle est aujourd'hui!

-L'intégration dans la métropole grecque n'est en effet souhaitée par personne!

-Et aucune négociation, en vue de la création d'une métropole indépendante, n'a été menée avec l'Église de Russie!

-En parlant de procès, je ne faisais pas référence à Nice uniquement, mais aussi à Londres, Liège, Biarritz....

Si je parle de famille séparée en mentionnant l'Église orthodoxe russe Hors frontières et l'archevêché, ce n'est pas uniquement au symbole de leur racine commune ethnique ou nationale, (oh le vilain mot!!!) que je faisais allusion, mais surtout au fait qu'une entité ecclésiale plus importante, que ne l'est aujourd'hui notre archevêché, compterait nécessairement plusieurs évêques, ce qui simplifierait la nécessité d'ubiquité pour notre archevêque Gabriel au moment des assemblées épiscopales dans les différents pays européens.
Assemblée épiscopales prévues par la récente réunion à Chambésy.

Je souhaite aussi ajouter que ni Vladimir, ni moi-même ne sommes infaillibles!
Nous exprimons simplement nos observations et nos souhaits sur ce blog.
Et ceci pour essayer, avec votre aide et celle d'autres, de mieux comprendre comment nous devons œuvrer au devenir de notre archevêché!
Je veux vous remercier pour votre bonté et votre inaltérable patience!
Vous m'avez beaucoup apporté, à moi et aussi certainement à tous ceux qui lisent ce site, et ils sont nombreux!
Si seulement toutes les personnes qui partagent vos souhaits et votre vision du devenir de notre archevêché pouvaient avoir le quart de votre patience et de votre bonté, les choses seraient infiniment plus faciles!
Cher Irénée, je ne peux qu'exprimer ici la certitude que nos patriarches trouveront dans la prière la solution la meilleure et la plus canonique pour l'Orthodoxie en terre d'occident!
La solution la moins douloureuse pour les fidèles attachés à leurs Églises mères.
La solution, qui sera une preuve de l'espérance des Orthodoxes de voir ce TERRITOIRE CANONIQUE ROMAIN retrouver l'Orthodoxie qu'il n'aurait jamais du perdre!
Car nous devons aussi exprimer notre respect et notre reconnaissance à nos frères chrétiens séparés, qui ont bien voulu nous accueillir sur leur terre!

19.Posté par Daniel le 09/05/2010 00:26
@ Marie Genko

Ne voyons pas trop les choses en noir, le verre est à moitié vide et à motié plein. Concernant les procès, les affaires londoniennes, biarrote sont réglées judiciairement. Seuls restent Nice, et vous me l'apprenez, Liège à présent... Ceci est cause de tension mais elle s'apaisera une fois que les tribunaux auront tranché...

Vous dites : "Car nous devons aussi exprimer notre respect et notre reconnaissance à nos frères chrétiens séparés, qui ont bien voulu nous accueillir sur leur terre!" Les Français de souche convertis à l'orthodoxie dont je fais partie se sentent sur leur terre et n'estiment rien devoir aux frères chrétiens séparés.

20.Posté par Cathortho le 09/05/2010 14:32
@ Daniel

Dans votre comm. 19, en réponse à Marie Genko, vous écrivez : " Les Français de souche convertis à l'orthodoxie dont je fais partie se sentent sur leur terre et n'estiment rien devoir aux frères chrétiens séparés. " Je ne vois pas ce qui peut vous permettre de parler au nom de tous les Français de souche " convertis " à l'orthodoxie, lesquels soit-disant n'estimeraient ne rien devoir à leurs frères chrétiens " séparés ". Qu'en savez-vous ? Si tel est le cas pour vous, fort bien, il n'ya rien à dire, ce n'est ni blâmable ni louable.
Ce qui est par contre blâmable, c'est que vous généralisiez votre cas à l'ensemble de ces " convertis ", or j'en connais parmi ces derniers qui estiment au contraire devoir beaucoup à leurs frères " séparés ". Je suis personnellement un de ces " convertis " et je n'ai commencé à m'interesser au catholicisme qu'après ma " conversion " à l'orthodoxie. Or j'y ai rencontré, que ce soit chez les bénédictins, les trappistes, les dominicains, les jésuites, les membres de la Communauté de Jérusalem ou chez de de simples fidèles catholiques, amis ou anonymes, des frères et soeurs " séparés " qui m'ont beaucoup apporté et mapporteront encore beaucoup.
Des frères et soeurs avec lesquels je ne me sens, en vérité, aucunement... séparé!

21.Posté par Daniel le 09/05/2010 18:20
@ Cathorto

Relisez un peu moins vite. Marie Genko parlait de reconnaissance envers ceux "qui ont bien voulu nous accueillir sur leur terre! " et je répondais à ceci, à la question de l'accueil (asile) octroyée par la France (l'Etat français d'ailleurs) aux réfugiés . Je ne suis pas accueilli en France car mes ancêtres y sont depuis des siècles. Je n'ai aucune reconnaissance à avoir à l'égard de qui que ce soit à l'égard d'un hypothétique accueil... tout comme les autres Français de souche convertis à l'orthodoxie.

22.Posté par Marie Genko le 09/05/2010 22:23
Cher Daniel,

C'est Cathortho qui m'a bien comprise, car c'est bien à l'accueil bienveillant des catholiques et des protestants, que je faisais allusion dans mon texte ci-dessus.
Nous avons été aidés, et même souvent soutenus, par les chrétiens de France, alors qu'il aurait pu en être tout autrement.
Voilà pourquoi je ne peux que répéter que la solution qui sera mise en place par nos patriarches en ce qui concerne la diaspora orthodoxe, devra aussi, du moins à mon humble avis, tenir compte de l'appellation traditionnelle du territoire canonique romain.

23.Posté par Cathortho le 10/05/2010 11:03
@ Daniel

Je lis à allure normale. Par contre vous écrivez trop vite. De plus vous n'assumez pas ce que vous avez écrit et lorsque l'on vous prend en défaut vous bottez en touche.
Votre phrase est très claire : " Les Français de souche convertis à l'orthodoxie dont je fais partie se sentent sur leur terre et n'estiment rien devoir aux frères chrétiens séparés. " Lorsque vous dites que les Français de souche " convertis " estiment ne RIEN devoir aux frères chrétiens " séparés" (de l'orthodoxie), ce RIEN ne s'applique pas seulement " à l'égard d'un hypothétique accueil " comme vous le prétendez dans votre réponse à ma remarque, c'est-à- dire à un aspect de ce qui est désigné, à savoir les frères chrétiens " séparés ", mais à l'ensemble de ce qui est désigné, à TOUT ce que ces frères " séparés " représentent. En effet en bon français RIEN s'oppose à TOUT !
De plus, je le répète, vous vous permettez de parler au nom de tous les " convertis " en écrivant : " LES Français... ", or je ne vous permets pas de parler en mon nom car si le Français de souche que vous êtes estime ne RIEN devoir aux chrétiens de souche de votre pays, cela vous regarde, mais moi je ne me considère pas dans le même cas que vous.

24.Posté par Daniel le 10/05/2010 11:25
@ Marie Genko

J'avais une question à vous poser car vous avez connu l'époque des premiers exilés russes en France. J'ai lu il y a longtemps le livre du Protodiacre Germain Ivanoff Trinadatsy intitulé "Le Vatican et l'Eglise russe". Si mes souvenirs sont exacts, mais je puis me tromper de livre, l'auteur dit (entre autre) que la générosité des catholiques dans l'accueil des réfugiés russes n'était pas totalement inintéressée et qu'il y avait le désir de convertir les réfugiés russes... Ceci me semble probable car l'attidtude du Vatican vis-à-vis de la révolution russe n'a pas été aussi net que cela, selon cet auteur...

25.Posté par Irénée le 10/05/2010 13:17
Merci à Marie pour ses commentaires positifs et constructifs.
Je reviens en quelques lignes sur cette question de territoire cnonique de l'Eglise de Rome.
J'ai la conviction que si Rome avait conservé sa fidélité à l'écclésiologie orthodoxe, il n'y aurait pas de "juridiction universelle" et donc, depuis bien longtemps, des Eglises locales auraient acquis leur autonomie. L'évêque de Rome serait donc le "premier parmi les égaux", mais pas le pontife universel.
Et donc la France, tout comme d'autres pays ou régions, aurait une Eglise autonome.
C'est de cette manière quu'il faudrait envisager l'avenir, sinon, avec l'écclésiologie catholique-romaine, même Moscou est sous sa juridiction !

26.Posté par gérard le 10/05/2010 16:04
Irénée
Je pense que ce serait néfaste pour l'évangélisation que les évêques catholiques rentrent dans des problématiques de territoire et de partage de pouvoir. L'unité de l'Eglise catholique par la communion que vivent les évêques catholiques avec le serviteur de l'unité qu'est le Pape est positive pour l'évangélisation. L'éclatement de l'Eglise catholique n'est pas souhaitable pour la diffusion de l'Evangile. Le Corps du Christ ne serait que plus déchiré.
Plus la communion entre les chrétiens est forte, plus Jésus rayonne dans le monde par son Eglise.
Jn 13 (35): "A l'amour que vous aurez les uns pour les autres, le monde reconnaîtra que vous êtes mes disciples."
Gérard

27.Posté par Cathortho le 10/05/2010 16:30
@ Marie Genko et Irénée

Il me semble que la solution concernant le différent opposant l'écclésiologie orthodoxe et l'écclésiologie catholique se trouve dans une recherche du "juste milieu" (dans cette expression il faut accorder une importance particulière au mot " juste " afin de ne pas confondre cette recherche fondamentale avec un simple désir de compromis superficiel) entre l'excès centralisateur catholique et l'excès décentralisateur orthodoxe. Ce n'est certes pas chose facile car une des conséquences du péché est que l'homme est un être passionné plus enclin au conflit entre points de vue partisans dans une logique du tiers exclus que l'appaisement fraternel dans une logique du tiers inclus. Cela nécessite de la bonne volonté et il semble que, tant du côté catholique que du côté orthodoxe, cette bonne volonté se manifeste de plus en plus, tant il est vrai que les périls qui menacent les chrétiens n'ont pas disparus avec la chute du communisme mais prennent une forme peut- être plus redoutable avec la société marchande libéral-libertaire.

28.Posté par Daniel le 10/05/2010 17:31
@ Cathortho

Pourriez-vous détailler ce que vous appelez "l'excès décentralisateur orthodoxe?"

29.Posté par vladimir le 10/05/2010 19:58
@ Cathortho
Je ne suis pas du tout d'accord avec "excès décentralisateur orthodoxe": l'Église orthodoxe (je rappelle que "orthodoxe" signifie "le vrai dogme") est profondément unie dans l'Eucharistie partagée. Elle est Une dans la diversité, et c'est justement cette diversité qui constitue l'une des différences fondamentales avec le catholicisme. Là où le catholicisme se fonde sur la suprématie universelle et l'infaillibilité pontificale (dogmes introduits tardivement), l'Église orthodoxe voit la communion partagée au Corps et au Sang du Christ, à travers les primats des Église autocéphales, et l'infaillibilité de l'Église dans sa totalité, proclamée par les Conciles.
Diversité dans l'unité: il y a là un sens eschatologique profond et important. Dans son livre "L'orthodoxie. L'Eglise des sept Conciles", Mgr Kallistos Ware explique (p.311) que "l'Église orthodoxe est une icône de la Trinité, (...) reproduisant sur terre le mystère de l'unité dans la diversité (...) De même que chaque personne de la Trinité est autonome, de même l'Église est faite de beaucoup d'Églises autocéphales indépendantes; et de même que dans la Trinité les trois personnes sont égales, dans l'Église aucun évêque ne prétend à un pouvoir absolu sur les autres. Tout comme dans la Sainte Trinité, le Père a la prééminence, comme source et jaillissement de la divinité, ainsi à l'intérieur de l'Église orthodoxe, le Pape est «le premier d'entre les égaux»"
Ainsi, icônes de chacune des Personnes de la Trinité, les Églises autocéphales ont une charisme propre qui participe au charisme trinitaire de l'Église et présentent ensemble le Corps du Christ dans sa plénitude. En voulant centraliser le pouvoir et personnaliser le Christ dans "Son vicaire" le catholicisme a perdu une partie des la signification théologique de l'Église trinitaire, alors que l'Orthodoxie l'a préservée dans sa totalité. La Vérité est là et toute inclination vers le "papisme", sous prétexte de "juste milieu", serait erronée. C'est l'un des aspes essentiels de la primauté dans l'Église et les débats de la «Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l’Église catholique romaine et l’Église orthodoxe» portent d'ailleurs là dessus en partie; et en particulier le "document de Ravenne", approuvé par la commission en octobre 2007 mais refusé par l'Église Russe (cf. http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Une-nouvelle-querelle-orthodoxe-autour-de-l-oecumenisme-et-du-document-de-Ravenne_a444.html)

@Daniel
Concernant le coté intéressé prêté par certains aux Catholiques: on ne peut exclure qu'il y ait eu des arrières pensées, mais on doit souligner que, à ma connaissance, elles ne se sont jamais traduites en actes. Au contraire, je peux témoigner que les catholiques ont toujours apporté une aide concrètes aux Orthodoxes , en particulier en mettant des lieux de cultes à disposition (nous avons toujours plusieurs paroisses qui officient dans des églises ou chapelles mises à disposition par les diocèses catholiques). De plus, il y a eu au moins 2 instituts d'éducation catholiques - St Georges et Ste Olga, qui ont assuré l'éducation de jeunes émigrés jusque dans les années 1970-90: je n'ai jamais entendu parler d'une seule conversion, mais au contraire d'un grand respect pour la pratique religieuse orthodoxe (carêmes et fêtes en particulier: les pensionnaires orthodoxes étaient d'ailleurs ravis de se retrouver entre eux autour de plats carémiques spéciaux!!).
Je connais le p. Germain Ivanoff et ce genre d'affirmation est bien dans son style: il soutien par ses écrits l'idéologie d'un parti extrême dans l'Orthodoxie de tradition russe et à maintenant rejoint, avec sa paroisse, l'un des groupes "Vitalistes" issus des la scission de l'Église Russe Hors Frontière. L'anti-œcuménisme fait partie de sa doctrine de base.

30.Posté par Cathortho le 10/05/2010 20:26
@ Daniel

Je pense que vous comprenez très bien à quoi je fais allusion. Mais puisque vous me posez la question je ne céderais pas à l'impolitesse et je vais vous répondre, non pas en "détaillant" comme vous le souhaitez car l'espace d'un blog de discussion ne le permet pas et parce que les détails éloignent du principe et que je n'ai pas la prétention d'avoir en ma possession tous les éléments permettant d'apporter une réponse définitive, mais de manière simple, celle d'un chrétien qui souffre de voir l'Eglise divisée.

Par " excès décentralisateur orthodoxe " je veux dire que l'autonomie de chaque patriarcat est une très bonne chose dans son principe car elle permet une libre respiration de l'Eglise, mais que l'absence d'autorité centrale verticale surplombant l'horizontalité des patriarcats autonomes amène inévitablement à la triste réalité qui est celle que nous voyons aujourd'hui, à savoir une dispersion de l'Eglise Une dans des querelles juridiques fratricides provoquées par une tendance naturelle, lorsque cette autorité centrale est absente, au repli identitaire nationaliste voire ethnique. Privez un atome de son noyau, ses electrons vont se disperser dans tous les sens.

Par "excès centralisateur catholique" je veux dire que l'autorité centrale est une très bonne chose dans son principe puisqu'elle permet d'assurer la cohésion de l'ensemble de l'Eglise, mais que son excès, faisant dériver la papauté en papisme et étouffant les églises locales, amène inévitablement à la triste réalité qui est celle que nous voyons aujourd'hui, à savoir une hypercentralisation uniformisante qui fait dériver les contestations légitimes de ce travers vers les aberrations modernistes, hypercentralisation qui, finalement et paradoxalement, fragilise le centre comme nous le voyons actuellement avec le problême de la pédophilie de certains prêtres et de certains évêques dont les effets, exploités par ses ennemis, atteignent l'Eglise catholique tout entière et son Pape.

Cependant, ces deux excès n'entameront en rien la sainte solidité de l'Eglise Une puisqu'elle à été bâtie par le Verbe incarné Lui-même - "sur cette pierre..." - et que les puissances de l'enfer ne prévaudront jamais contre elle comme nous le savons. A nous, misérables pêcheurs, incombe de contribuer, d'abord par la prière et autant que nous le pouvons par les moyens existants, à la disparition de ces excès et à la restauration visible de l'unité apparemment perdue, " afin que le monde croie ".

31.Posté par Marie Genko le 10/05/2010 22:25

Merci, Irénée pour votre commentaire 25, je vous suis entièrement.

Merci, Vladimir pour toutes les précisions que vous apportez dans le commentaire 29 en réponse à Cathortho et Daniel, je suis totalement en accord avec vous.

@Gérard,

IL N'Y A PAS DE FONDEMENT A UNE PROBLÉMATIQUE DE TERRITOIRE ENTRE LES PATRIARCATS ORTHODOXES.
C'est la situation de la diaspora, qui se querelle entre elle, qui vous induit en erreur!

Nous sommes en Occident sur le territoire canonique de l'évêque de Rome, et la communion entre tous les chrétiens se fera le jour où nous croirons aux mêmes dogmes.
Pour cela il suffit aux Catholiques d'accepter de revenir un peu en arrière et de partager avec nous les dogmes qui étaient les leurs en 1054.
Comme l'écrit Irénée, ce jour là, il y aura une Église Locale Orthodoxe de France, et cette Église, comme toutes les Églises Orthodoxes aura ses propres traditions et son propre rite.
Le Saint Père de Rome présidera dans l'amour et la Charité les réunions des différents patriarches, et comme l'écrit Vladimir les conciles de notre Église dans sa plénitude seront véritablement les successeurs de la Pentecôte vécue par les apôtres.
L'Église, comme le Christ est éternelle, alors ne pouvons nous pas accepter de revenir en arrière à ce point de rupture afin de construire ensemble notre foi dans les siècles à venir?

C'est dans l'espoir de voir bientôt se réaliser ce souhait ardent, qui habite tant de chrétiens, qu'il me semble nécessaire de tenir compte de nos frères séparés catholiques et protestants dans l'organisation de la diaspora.
Car l'Église Locale Orthodoxes de France, ce sont nos frères séparés en devenir d'orthodoxie!
Cette future Église Locale orthodoxe se distinguera de la diaspora.
Et c'est en cela que les décisions de Chambésy, qui conservent à la diaspora ses liens avec les différentes Églises Mère, me semblent si sages, car elles n'empiètent en rien sur un territoire traditionnellement soumis à l'évêque de Rome.
La diaspora est un peuple migrant, alors que les autochtones doivent respecter la règle de l'Église territoriale!

32.Posté par Cathortho le 10/05/2010 23:19
@ Vladimir

Globalement, je suis d'accord avec votre commentaire 29, mais en désaccord sur quelques points de détails sur lesquels je ne vais pas épiloguer, pour moi seul importe l'essentiel. Avant d'en venir au document de Ravenne, qui me paraît important, je voudrais toutefois dissiper un malentendu que vous aurez sans doute noté entre temps en lisant ma réponse à Daniel (commentiare 30).
Vous écrivez en effet à mon adresse : " toute inclination vers le "papisme", sous prétexte de "juste milieu", serait erronée. " Vous auriez tout à fait raison de me reprocher un tel point de vue si telle était ma pensée, or telle n'est pas ma pensée car il est évident que lorsque je parle d' "excès centralisateur catholique " c'est précisément au " papisme " que je fais allusion. Ainsi pour moi le juste milieu rejette tout autant le papisme que l'anti-papauté. Attention à ne pas tomber dans le même travers que vous m'aviez une fois reproché, celui de lire trop vite !

J'en viens maintenant au document de Ravenne refusé à juste raison par Mgr Hilarion et le patriarcat de Moscou. Je vous rappelle que le départ justifié de Mgr Hilarion de la dixième session de la commission mixte pour le dialogue théologique orthodoxe-catholique a été motivé non pas directement par la question du " papisme " mais par la présence dans les travaux de cette commission de représentants de l'Eglise estonienne créée par le patriarcat de Constantinople dans le territoire canonique du patriarcat de Moscou, présence imposée par le métropolite Jean de Pergame, co-président de la commission, et qui est apparue à juste raison comme une provocation à Mgr Hilarion qui avait commenté cet incident dans un entretien publié par l'agence Interfax à l'automne 2007 et traduit par Orthodoxie.com. Mgr Hilarion : " Le métropolite Jean de Pergame, en tant que coprésident de la commission mixte pour le dialogue orthodoxe-catholique, porte la responsabilité de la rupture du dialogue. Ses commentaires ainsi que le texte final du document finalisé à Ravenne sans la participation du Patriarcat de Moscou peuvent même donner l'impression que le patriarcat de Constantinople a délibérément poussé le Patriarcat de Moscou à quitter le dialogue, pour pouvoir prendre des décisions qui auraient été impossibles avec la participation du Patriarcat de Moscou. "

Sur le fond, il est bien évident qu'avec la participation de Mgr Hilarion les travaux de cette commission auraient pris une autre tournure, plus féconde, concernant le problème de la primauté dans l'Eglise universelle, plus féconde car elle n'aurait pas éludé la question épineuse du "papisme" . Mgr Hilarion précise en effet : " On peut citer comme exemple le 39° paragraphe du document, qui dit qu'après la rupture entre l'Occident et l'Orient au XI° siècle, la convocation d'un "concile œcuménique" au sens strict du terme est devenue impossible, mais que cependant "les deux Eglises continuaient à convoquer des conciles dans les moments de crise grave. A ces conciles participaient les évêques des Eglises locales qui se trouvaient en communion avec le siège de Rome, et de façon similaire, même si cela était compris d'une manière différente, les évêques des Eglises locales qui se trouvaient en communion avec le siège de Constantinople." Déjà, à la session de la commission mixte à Belgrade en 2006, j'avais émis une série d'objections de principe à ce sujet. Dans la tradition orthodoxe, la communion avec le siège de Constantinople n'a jamais été perçue comme une condition obligatoire de catholicité à la façon dont l'était, pour les Eglises d'Occident, la communion avec le siège de Rome. [...] Le Patriarcat de Constantinople s'intéresse beaucoup à la discussion du problème du primat dans l'Eglise universelle, puisqu'il espère, dans le cadre du dialogue orthodoxe-catholique, obtenir des Eglises locales orthodoxes une conception du primat qui élargirait ses droits historiques. Jusqu'à aujourd'hui, les Eglises orthodoxes reconnaissaient au Patriarcat de Constantinople uniquement une primauté d'honneur. Cependant, le métropolite Jean a émis dans une interview l'opinion selon laquelle le concept de "primauté d'honneur" ne correspond pas aux canons orthodoxes.
Constantinople veut nous imposer un modèle ecclésiologique qui n'a jamais existé dans la tradition orthodoxe, et qui est plus proche du modèle centralisateur de l'Eglise catholique romaine. Dans un tel modèle, le rôle de "pape d'Orient" serait joué par le patriarche de Constantinople. "

Ainsi il apparait que malheureusement le patriarcat de Constantinople, en apparence favorable à l'oecuménisme, l'est pour de mauvaises raisons, lesquelles ne font que compliquer et retarder un peu plus le véritable oecuménisme, celui qui n'élude pas le problême de fond à savoir la différence essentielle entre papauté et "papisme". Quant à l'Eglise catholique, représentée par Mgr Kasper, elle n'est pas sortie grandie en acceptant de continuer de participer aux travaux de la commision en l'absence du patriarcat de Moscou.


33.Posté par Gérard le 10/05/2010 23:33
Cher Cathortho, chers frères et soeurs
Merci à vous de m'accueillir. Je ne pense pas que les églises locales soient étouffées dans l'Eglise catholique. En quoi le seraient-elles? Les évêques sont comme "Apôtres" dans leur évêché. Leur autorité n'est pas contestée. Ils ont une grande liberté pastorale. Les catholiques dont je fais partie sont satisfaits de la communion de leurs évêques avec le Pape, dans leur immense majorité.
En ce qui concerne l'uniformité, je suis aux Philippines et je ne trouve pas que l'Eglise catholique philippine soit la même que l'Eglise catholique de France. Chaque église locale a un passé, et pour aujourd'hui des réalités différentes et des problèmes différents à gérer. Ce n'est pas le Pape qui dicte les décisions que les évêques philippins ont à prendre pour aider leur peuple. Je ne pense pas que les évêques philippins se sentent étouffés par la Pape.
Par contre dans le domaine théologique, il y a en effet une seule et même foi dans toutes les églises locales catholiques.
En ce qui concerne les aberrations modernistes, je n'en ai jamais vu dans les églises. C'est la même Eucharistie. Je crois qu'il y en a eu dans les années 70-80 ; mais Jean-Paul II est passé par là.
En ce qui concerne les affaires de pédophilie, l'Eglise catholique est secouée dans son Corps entier par ces révélations des fautes graves de certains de ses pasteurs, et je pense que ce sont tous les chrétiens qui sont bouleversés. Chacun de nos péchés affectent le Corps entier de l'Eglise qu'il soit connu du public ou non. Le diable aime la ténèbre et de rendre public ce genre de crimes ne peut que rendre plus difficile leur réalisation. Mais nous savons bien que ce genre de crimes touche toutes les institutions à commencer par la famille.
Chers frères et soeurs orthodoxes, bonne journée.
Gérard

34.Posté par Cathortho le 11/05/2010 12:28
Cher Gérard,

Soyez le bienvenu sur ce blog. L'orthodoxe oecuméniste que je suis se réjouit qu'un frère en Christ catholique vienne parler d'orthodoxie et apporte ainsi un éclairage " extérieur ".
Personnellement je suis intimement convaincu que l'Eglise catholique est tout aussi orthodoxe (professant la foi droite) que l'Eglise orthodoxe, laquelle est tout aussi catholique (universelle) que l'Eglise catholique. Ce qui revient à dire que pour moi l'Eglise catholique et l'Eglise orthodoxe sont ensemble l'Eglise Une Sainte Catholique et Apostolique. Le protestantisme ne fait pas partie de l'Eglise puisqu'il a rompu avec la succession apostolique, qu'il ne croit plus au sacrement de l'eucharistie ni en la Sainte Théotokos (ce qui ne m'empêche pas de respecter les protestants qui sont des frères séparés).
Cette position (concernant l'orthodoxie de l'Eglise catholique) malheureusement très minoritaire au sein de l'orthodoxie (elle était cependant celle du grand philosophe orthodoxe russe Vladimir Soloviev), constitue un point de vue difficile à tenir, souvent objet de réactions violentes et irrationnelles (je ne fais pas allusion à ce blog à part une ou deux exceptions), et place dans une position inconfortable mais que j'assume totalement. J'ajoute que j'ai été baptisé dans l'Eglise catholique (que j'ai très peu connue dans mon enfance et ma jeunesse) et que j'ai été chrismé (confirmé) dans l'Eglise orthodoxe (sous juridiction du patriarcat de Constantinople) en 1984.

Cette présentation étant faite j'en viens à votre commentaire 33. Vous dites que dans l'Eglise catholique les églises locales ne sont pas étouffées comme je l'ai écrit plus haut. Pour être plus précis quand je parlais d'étouffement des églises locales je faisais allusion au passé car aujourd'hui et depuis plusieurs siècles les églises locales n'existent plus du fait de l'uniformisation romaine. Uniformisation dont vous contestez la réalité en prenant l'exemple de l' "Eglise catholique philippine" mais pour rester srtrict dans les termes je ne pense pas que l'on puisse parler d'une "Eglise catholique philippine" comme l'on parle par exemple d'une Eglise orthodoxe roumaine car du fait de l'hypercentralisation romaine uniformisante (qui ne va évidemment pas jusqu'à contester l'autorité des évêques comme vous le rappelez) il n'existe pas d' "Eglise catholique philippine" autonome. Je comprends bien que parler d'uniformisation dans l'Eglise catholique peut paraître surprenant quant on voit l'attitude de nombre d'évêques en situation d'opposition larvée par rapport à l'autorité centrale romaine représentée par le Pape (par exemple la non application par ces évêques du motu-proprio mettant à juste raison le rite pré-conciliaire sur un même pied d'égalité que le rite post-conciliaire) mais quand je parle d'uniformisation c'est d'une uniformisation de principe qu'il est question, un excès de centralisation et d'uniformisation provoquent tôt ou tard une rébellion qui peut être contestable quant à sa forme mais compréhensible quant à ses causes.

Enfin vous dites que vous ne voyez pas d'aberrations modernistes dans les églises, je ne les vois moi que trop, et je ne suis pas le seul, particulièrement, ce qui est le plus grave, dans la liturgie (la messe si vous préférez) post-conciliaire, ce qui est une des raisons qui m'ont amené à me placer sous juridiction orthodoxe.

De nouveau, soyez le bienvenu cher Gérard. Bonne journée. Christ est ressuscité !

35.Posté par vladimir le 11/05/2010 22:15
Je m'associe au plaisir de pouvoir dialoguer avec un frère "séparé" et de rechercher ensemble les voies de la Vérité. Je me range aussi résolument du coté des "orthodoxes œcuménistes" mais, et là je divergerais avec Cathortho, ce n'est pas pour rechercher une vérité intermédiaire: je crois fermement que les Catholique se sont séparés de l'Église Orthodoxe en professant un certain nombre d'opinions théologiques erronées. Mais ce n'est pas une raison pour refuser le dialogue, au contraire: ce dialogue nous permet d'approfondir notre propre foi en la confrontant à ces opinions et, pourquoi pas, de rapprocher les points de vue non pas dans un entre-deux inconsistant mais dans de nouvelles avancées de notre connaissance du Royaume.

L'Église est, bien entendu, le chemin essentiel de notre accès au Royaume mais la conception que les Orthodoxe en ont diffère de celle des Catholiques: il me semble que Rome considère trop l'Église comme UN POUVOIR ET UNE ORGANISATION TEMPORELS alors que nous Orthodoxes en avons avant tout UNE APPROCHE SPIRITUELLE ET MYSTIQUE: toute pensée orthodoxe sur l'Église commence par sa relation à Dieu (et non au Pape!) et l'Église est non seulement le Corps du Christ (je crois que les Catholiques sont d'accord là dessus) mais aussi, par son organisation même, l'icône de la Trinité. Et cela l'approche catholique me semble l'avoir perdu.

J'ai exposé dans mon commentaire précédent comment cette approche trinitaire se retrouve dans la diversité des Églises autocéphales. Ce ne sont pas, en effet, de simples divisions administratives: tout comme les Personnes de la Trinité, elles ont leur charisme et leur apport propres à l'Unité de l'Église. Et cet aspect théologique a des applications très concrètes: si l'on regarde par exemple le Typikon qui règle notre vie liturgique, on y voit les apports successifs des différentes Églises autocéphales (cf. Job Getcha, «Le Typikon décrypté. Manuel de liturgie byzantine»(1)); de même, si la date du 25 décembre pour Noël vient de l'Église de Rome, le calcul de la date de Pâques vient de l'Église d'Alexandrie(2)… etc.

Cette conception de l'Église – icône de la Trinité explique aussi l'importance du CONCEPT DE CONCILIARITE dans l'Église. Rappelons d'abord que le mot "catholique" vient d'une racine grecque qui signifie rassemblement (tout comme "sobornaïa" employé dans le Credo slavon) et cette référence explicite à la conciliarité dans le credo de Nicée souligne son importance essentielle: "Un Concile est une expression de la nature trinitaire de l'Église. On peut voir là à l'œuvre le mystère de l'unité dans la diversité, conformément à l'image de la Trinité, lorsque de nombreux évêques, assemblés en concile, arrivent à une décision collective sous l'inspiration du Saint Esprit." comme l'écrit Mgr Calistos Ware (ibid. commentaire précédent).

Comme vous voyez, mes chers frères, nous sommes loin du folklore de l'Église philippine ou russe, roumaine ou chilienne. La diversité de l'Église, comme la vit l'Orthodoxie, fait partie intégrante de notre connaissance de Dieu (théologie), de notre Voie du Salut (eschatologie) et de notre témoignage du Règne. Il me semble que nos frères Catholique ont perdu cela en totalité… mais je serais très intéressé à connaître leur position sur cette question.

Notes
(1) http://www.orthodoxie.com/2009/11/recension-job-getcha-le-typikon-d%C3%A9crypt%C3%A9-manuel-de-liturgie-byzantine.html
(2) http://www.henk-reints.nl/cal/audette/calgreg.html#contro

36.Posté par Cathortho le 12/05/2010 00:53
Cher Vladimir

Tout ce que vous dites dans votre message 35 concernant les différences entre le catholicisme et l'orthodoxie je le connais par coeur pour l'avoir lu et entendu depuis plus de 25 ans que je suis dans l'Eglise orthodoxe. Sur certains points je suis entièrement d'accord sur d'autres non. Je ne vais pas reprendre tous ces points les uns après les autres, non pas pour me défiler, ce qui n'est pas dans ma nature, mais parce que leur importance mériterait de longs et sérieux développements, s'appuyant sur des travaux et des références divers nécessitant de longues recherches qui demandent du temps. Or ce temps je ne l'ai pas et, pardonnez-moi si je parrais prétentieux ce qui n'est pas mon intention, tout cela est pour moi dépassé et me semble relever de querelles byzantines qui ne sont pas en adéquation avec les enjeux pressants du moment.
Pour moi les choses sont simples : la grande majorité des prélats et des théologiens de l'Eglise orthodoxe reconnaissent que l'Eglise catholique n'a pas rompu avec la succession apostolique et que ses sacrements sont valides. C'est là l'essentiel, tout le reste n'est constitué que de points de vues théologiques, dont je ne nie aucunement l'importance, mais qui sont " secondaires " par rapport aux possibilités effectives de déification offertes aux baptisés par le cadre apostolique authentique et les sacrements authentiques reconnus réciproquement par les "deux" Eglises. A partir du moment où il y a reconnaissance réciproque sur ces deux point essentiels comment se fait-il que la division perdure ?
Qelques petites remarques pour terminer.
- Vous qualifiez Gérard de frère séparé, pour moi un catholique est pleinement un frère en Christ puiqu'il a été baptisé au nom deu Père du Fils et du Saint Esprit et qu'il récite le même credo que les orthodoxes avec la seue différence qu'il le dit avec le filioque ce qui nest plus le motif principal de division entre catholiques et orthodoxes.
- Je ne recherche pas une "vérité intermédiaire" à savoir, si les mots ont un sens, une "moyenne" entre deux termes qui ménagerait la chêvre et le choux. Soit vous m'avez mal lu, soit je me suis mal exprimé.
- Vous affirmez une contre-vérité en prétendant que le mot catholique vient d'une racine grecque qui signifierait rassemblement commme le mot russe sobornaîa, c'est faux, le mot catholique vient du mot grec katholikos qui signifie universel, vous travestissez la vérité de ce mot pour le faire entrer dans la perspective de la conciliarité ce qui n'est pas très honnête, d'autant plus que le concept de conciliarité n'a nullement besoin de ce subterfuge pour témoigner sa vérité.

37.Posté par gérard le 12/05/2010 02:31
Chers frères
Merci pour vos réponses. J'apprends à vous connaître en lisant "Parlons d'orthodoxie" et "Orthodoxie.com" depuis plusieurs années car je suis très désireux de l'unité visible de L'Eglise. Nos Eglises ont la succession apostolique et les sacrements et avancent dans le dialogue.
Au sujet de nos frères protestants, et surtout évangéliques, je constate qu'ils ont une grande audace évangélisatrice. Nous, catholiques avons des choses essentielles à apprendre d'eux. Pour que le "Venez et voyez." de l'Evangile soit possible, nos paroisses doivent devenir, si elles ne le sont pas encore, de vrais communautés accueillantes, comme des famille. Ne plus aller à l'église, sans que les personnes nouvelles soient accueillies et trouvent vraiment une communauté fraternelle et, je dirai même amicale. Nous devons aussi apprendre comme cela se fait déjà dans certaines groupes à prier de manière spontanée, directe et instantanée pour les frères qui ont besoin de la prière dans les difficultés de leur vie. Cela existe déjà dans l'Eglise catholique mais demande à être beaucoup développé. Et enfin, nous devons avoir ce désir de témoigner de Jésus. Voilà ce que je trouve positif chez nos frères évangéliques.
Je m'intéresse à l'orthodoxie car je crois qu'un jour les chrétiens seront de nouveau réunis et déjà, pour beaucoup nous nous appelons frères. Je pense que la convergence des orthodoxes et des catholiques aura un effet très important sur tous les chrétiens, un effet d'entraînement qui aura un immense rayonnement sur le monde. Je pense que l'Eglise Orthodoxe russe étant la plus nombreuse du monde orthodoxe détient la clé de l'unité. Le désir d'unité est très fort chez les catholiques. C'est plus récent dans l'orthodoxie russe à cause de l'oppression soviétique. Chez nos frères protestants, nous trouvons aussi beaucoup de frères désireux de l'unité mais certains dispersent et divergent en méprisant et calomniant l'Eglise catholique sans se soucier de la véracité de leurs critiques.
Je vous avoue ma faible compétence en théologie ecclésiale, donc je ne dirai que des choses simples qui n'engagent que moi. A propos de l'Eglise catholique et du Pape, je dirai que notre relation première n'est pas avec le Pape mais avec Jésus dans notre prière personnelle, dans les sacrements, dans la prière communautaire, dans nos relations avec nos frères et soeurs et dans la lecture de la Bible et des enseignements de l'Eglise, et je pense que cela est valable pour tous les chrétiens.
La dimension organisationnelle et hiérachique de l'Eglise catholique est un squelette, une structure, l'autre dimension de l'Eglise est charismatique, c'est à dire l'action de l'Esprit Saint en elle. La collégialité est quelque chose d'important et c'est un principe dans l'Eglise catholique. A cette fin, l'Eglise catholique a réuni des conciles dans son histoire. Je pense que le Pape est le serviteur de l'unité dans notre Eglise. Le Pape ne décide pas seul sans concertation et les grandes décisions sont prises collégialement. Dans tous groupes humains, quelqu'un reçoit la mission de décider après débats s'il n'y a pas unanimité et d'organiser la vie collective. Les orthodoxes ressentent aussi le besoin d'avoir un patriarche, c'est la même chose dans l'Eglise catholique. En ce qui concerne le problème des dogmes qui ont été promulgués dans l'Eglise catholique depuis la séparation, je ne sais pas, je n'ai pas la solution, pour contourner ces difficultés. Je pense qu'avec l'aide de L'Esprit-Saint, les gens missionnés par nos églises pour en débattre seront inspirés pour trouver le chemin de l'unité.
Enfin, je dirai qu'il est vrai que le catholique a le désir d'être en communion avec le Pape, ce n'est pas l'homme en tant que tel qui importe mais la fonction de serviteur de l'unité. Le catholique marque ainsi son désir d'appartenir à la famille des Apôtres qu'est le Corps du Christ afin qu'il ne soit qu'UN.
Bonne journée, chers frères.
Gérard

38.Posté par Marie Genko le 12/05/2010 09:42

Cher Vladimir ,

Merci pour votre lumineuse explication!

Je me permets d'insister sur le désir réel et palpable d'unité de tous les chrétiens.
Et je ne peux que répéter que, POUR FACILITER CE RETOUR A L'UNITÉ, et SON ORGANISATION ECCLÉSIALE FUTURE, nous les Orthodoxes, devons rester, pour l'heure, les enfants de nos Églises mères respectives sur les terres d'Occident.

Si le Seigneur veut bien le permettre, nous retrouverons dans un avenir proche une unité de dogmes avec nos frères séparés.

ET CE JOUR LA, LES CHRÉTIENS D'OCCIDENT SERONT SERONT L'UNIQUE ET VÉRITABLE ÉGLISE LOCALE ORTHODOXE D'OCCIDENT.

Les Français autochtones, convertis à l'Orthodoxie, auront le choix entre rester fidèles aux Églises en diaspora, qui les ont accueillis, ou bien se fondre dans L'ÉGLISE LOCALE ORTHODOXE ROMAINE revenue à la source de son Orthodoxie première.

Il reste à espérer que les problèmes actuels, que vous rappelez dans votre message numéro 15 ci-dessus, problèmes de double diocèses au sein d'une même Église autocéphale en diaspora (Daru avec la métropole grecque, et l'EORHF avec l'Église russe) auront trouvé une résolution.

Telle qu'apparaît la situation présente, il est possible de prédire dans un futur proche L'INTÉGRATION TOTALE DES PAROISSES FRANCOPHONES DE L'ARCHEVÊCHÉ DE LA RUE DARU A LA MÉTROPOLE GRECQUE, et celles de L'ÉGLISE ORTHODOXE RUSSE HORS FRONTIÈRES A LA FUTURE MÉTROPOLE INDÉPENDANTE SOUHAITÉE PAR L'ÉGLISE DE RUSSIE EN OCCIDENT.

L'avenir des paroisses russophones de l'archevêché est entre les mains des paroissiens de ces églises!

Depuis la dernière réunion de Chambésy, il n'y a pas l'ombre d'un doute, que l'archevêché n'est pas, et ne sera jamais, le fondement de l'Église Orthodoxe d'Occident.

Il reste à lui rendre la justice d'avoir d'avoir porté haut et clair le témoignage de l'Orthodoxie sur une terre dévastée par un siècle de laïcité agressive.


39.Posté par Cathortho le 12/05/2010 10:38
Cher Gérard

Concernant les protestants je vois mal comment nous, orthodoxes et catholiques, pourrions reconstituer l'unité visible de l'Eglise Une avec eux étant donné, je le répète, qu'ils ont rompu avec la succession apostolique, sans parler de la question des saints sacrements et de celui de la Sainte Mère de Dieu; lesquels ne sont certes pas des questions secondaires ! Cela me paraît impossible. Sans oublier que les protestants sont divisés en deux branches principales, les luthériens et les calvinistes, elles-mêmes divisées à leur tour en de multiples sous-branches.

D'une certaine manière, la question du Protestantisme par rapport à l'Eglise est un peu la même que celle de la Turquie par rapport à l'Europe : la Turquie ne fait pas partie de l'Europe il est donc illogique de vouloir la faire entrer dans l'Union européenne, ce qui n'empèche pas que l'on puisse établir des liens particuliers avec elle vu sa proximité géographique et historique avec notre continent. De même étant donné que le Protestantisme n'est plus dans l'Eglise depuis qu'il a rompu avec la succession apostolique, il est illogique de vouloir le faire entrer dans l'Eglise une, Catholique et Orthodoxe, ce qui n'empèche évidemment pas d'avoir avec lui des liens privilégiés vu sa foi en Christ, sauveur des hommes et de toute la création.

Quant on voit la difficulté qu'ont les catholiques et les orthodoxes à rétablir l'unité alors que si peu de choses les sépare, vouloir faire entrer la question protestante dans le rétablissement de cette unité ne pourrait que la condamner à l'échec.

40.Posté par Daniel le 12/05/2010 12:20
@ Cathorto

Vous dites : "Pour moi les choses sont simples : la grande majorité des prélats et des théologiens de l'Eglise orthodoxe reconnaissent que l'Eglise catholique n'a pas rompu avec la succession apostolique et que ses sacrements sont valides."

Certains professent cette opinion qui est bien relayée. Sont-ils majoritaires? Personnellement je l'ignore, je n'ai conduit aucun sondage sur la question, aucun référendum. Je sais avec certitude qu'une telle affirmation sur la reconnaissance des sacrements latins sera réfutée en Géorgie et dans l'Eglise d'Etat grecque. Je ne pense pas que les Bulgares qui ont décidé de se retirer du processus de dialogue la partage, ni qu'elle soit très partagée par l'Eglise de Serbie qui vient de canoniser Saint Justin de Tchélié, Saint Justin qui a notamment écrit contre la "pan-hérésie oecuméniste"... J'ai peut-être des oeillères mais je ne vois pas où se trouve cette majorité, mais la question n'est pas là.

Quand bien même il serait majoritaire, auraient-ils raison? Si on suit la règle de la majorité, Saint Marc d'Ephèse et les quelques délégués qui refusent de signer l'union avec Rome à Ferrare-Florence ont eu tort car ils étaient minoritaires... Saint Maxime l'aurait été aussi... Je préfère plutôt de suivre le témoignage des saints; depuis 1054 je ne vois aucun saint qui ait considéré l'église de Rome comme étant une église pleinement orthodoxe...

41.Posté par PetiaS le 12/05/2010 13:09
@
Chère Marie,
Qu'est ce qui vous fait dire ces prédictions :

"Telle qu'apparaît la situation présente, il est possible de prédire dans un futur proche L'INTÉGRATION TOTALE DES PAROISSES FRANCOPHONES DE L'ARCHEVÊCHÉ DE LA RUE DARU A LA MÉTROPOLE GRECQUE, et celles de L'ÉGLISE ORTHODOXE RUSSE HORS FRONTIÈRES A LA FUTURE MÉTROPOLE INDÉPENDANTE SOUHAITÉE PAR L'ÉGLISE DE RUSSIE EN OCCIDENT.
L'avenir des paroisses russophones de l'archevêché est entre les mains des paroissiens de ces églises! "




42.Posté par Irénée le 12/05/2010 14:21
Personnellement, je rejoins assez la postion de Daniel, j'irais même jusqu'à dire que je pense qu'une très large majorité de l'épiscopat orthodoxe n'est pas du tout prête à aller dans le sens des positions de Cathortho ou dans celles de Marie.
J'aurais la même question que Petia pour Marie. Il y a 10 ans, peu de personnes auraient pu prévoir le rapprochement EORHF et Moscou. Alors les prédictions...Il s'agit à mon avis de déclarations un peu hatives, et c'est sans beaucoup tenir compte de la présence de l'Esprit-Saint, qui nous réserve toujours bien des surprises !

43.Posté par Marie Genko le 12/05/2010 14:58

Cher Pétia S.

Je ne prétends absolument pas prédire des évènements.
Je me fonde sur l'ecclésiologie orthodoxe qui n'admet pas, comme Vladimir le rappelle dans son message Numéro 15 ci-dessus, un double diocèse dépendant d'une même Eglise autocéphale sur un même territoire.
Cela veut dire qu'à moyen terme l'archevêché aura à choisir entre une intégration définitive à la métropole grecque, ou bien une intégration dans la métropole russe que veut fonder l'Église de Russie en Occident, et cela dans l'attente du retour à l'orthodoxie des Occidentaux, Catholiques en premier lieu, et Protestants, si le Seigneur le permet par la suite.
Il n'y a là aucune prédiction, mais un examen logique de la situation actuelle.
Il est curieux que jusqu'à présent les esprits se soient laissés distraire par l'idée de l'archevêché fondateur d'une Église Locale Orthodoxe en Occident!
Et il est non moins curieux que nos théologiens se soient laissés hypnotiser par une telle perspective....



44.Posté par Cathortho le 12/05/2010 16:17
@ Daniel

Vous dites que l'Eglise de Géorgie, celle de Grèce et probablement celle de Bulgarie refusent de reconnaître que l'Eglise catholique n'a pas rompu avec la succession apostolique et que ses sacrements sont valides. C'est possible, à vrai dire je ne m'en souviens plus mais je ne manquerai pas de vérifier. Reste que si c'est effectivement leur position je pense qu'elles se trompent. Vous ajoutez que c'est probablement aussi le cas de l'Eglise de Serbie " qui vient de canoniser Saint Justin de Tchélié, Saint Justin qui a notamment écrit contre la "pan-hérésie oecuméniste. " Pourtant le nouveau patriarche de l'Eglise de Serbie, Mgr Irinej, a proposé une grande rencontre oecuménique en 2013 à Nis, dans le sud de la Serbie, à l'occasion du 1700-ème anniversaire de l'édit de Milan (313), proposition faite dès la première conférence de presse qui suivit son élection, voyant dans cette proposition " peut-être l'occasion pour nos Eglises d'établir un premier contact et, avec un peu de chance, de poursuivre ces contacts et de prendre une nouvelle voie" et ajoutant " Cette nouvelle voie serait chrétienne et sincère avec le souhait de constituer une seule Eglise du Christ ". Il a en outre souhaité la présence du pape Benoît XVI à cette rencontre ! Je suppose que si le patriarche de l'Eglise de Serbie souhaite " constituer une seule Eglise du Christ " avec les catholiques c'est qu'il considère que l'Eglise catholique n'a pas rompu avec la succession apostolique et que ses sacrements sont valides, sinon ce souhait n'aurait aucun sens.

Vous dites également que rien ne peut prouver que ce que j'ai avancé, à savoir que la majeure partie des prélats et des théologiens orthodoxes (j'aurais dû ajouter " d' aujourd'hui " ) " reconnaissent que l'Eglise catholique n'a pas rompu avec la succession apostolique et que ses sacrements sont valides ". Vous avez évidemment raison, il est difficle de le prouver, mais cela semble probable quand on constate que les deux principaux patriarcats, ceux de Constantinople et de Moscou, ceux aussi me semble-t-il de Roumanie et d'Antioche, reconnaissent que l'Eglise catholique n'a pas rompu avec la succession apostolique et que ses sacrements sont par conséquent valides.

Enfin, selon une habitude qui vous est coutumière, vous ne craignez pas d'annexer sans vergogne les saints à votre cause pour justifier votre combat anti-oecuménique et anti-catholique, vous- vous donnez ainsi bien facilement le beau rôle, un rôle cependant qui ne peut tromper que les naîfs. Ainsi vous ne craignez pas d'écrire : " depuis 1054 je ne vois aucun saint qui ait considéré l'église de Rome comme étant une église pleinement orthodoxe. " Pour vous répondre, je vous dirais que je pense, et sur ce point je suppose que vous serez d'accord avec moi, que depuis 1054 (puisque vous prenez cette date sans doute presque magique à vos yeux comme référence) l'Eglise orthodoxe a suscité la sainteté à un nombre sans doute très important de ses fils et de ses filles, et je suis persuadé que la grande majorité d'entre eux étaient des saints et des saintes anonymes, des gens simples pour qui le fait de savoir si l'Eglise de Rome était orthodoxe ou hétérodoxe était le moindre de leurs soucis, sans doute y en avait-il parmi eux qui ignoraient même jusqu'à lexistence de l'Eglise de Rome ! Maintenant pour ce qui est des saints authentifiés par l'Eglise orthodoxe, les saints plus ou moins connus, il est fort possible et même probable qu'une grande majorité d'entre eux considéraient l'Eglise catholique comme hétérodoxe, schismatique, ou même hérétique. Il est d'autre part connu que nombre de saints moines hésychastes contemporains du Mont Athos vont jusqu'à considérer l'Eglise catholique comme un instrument au service de l'Antéchrist ! Tout cela me dérange même si évidemment je le regrette et ne déstabilise aucunement l'oecuméniste que je suis car ce n'est que la manifestaion du poids des préjugés culturels, psycholgiques, historiques, dont il est très difficile de se défaire, même pour un saint. Ces préjugés bien humains sont de même nature que ceux qui amènent les français à se méfier des allemands, les polonais à se méfier des russes, les espagnols à se méfier des portugais... la liste n'est pas exhaustive hélas ! Préjugés qui, tant qu'ils n'affectent que la périphérie de l'être et ne conduisent pas au fanatisme meurtrier, ne sont pas bien grave et qui, dans le cas des saints, ne peuvent évidemment pas affecter la sainteté de la fine pointe de leur âme.

45.Posté par vladimir le 12/05/2010 18:01
Bien cher Cathortho

1/ Catholique: d'après mes recherches (je ne connais pas le grec...) ce mot provient de l'adverbe grec katholou, qui est à l'origine de l'adjectif katholikos. Cet adverbe a reçu, dans le grec classique, le sens de: «en général», «en public»; mais son étymologie (adjonction de kata et de holou) implique un rassemblement du partiel vers le total, du particulier vers le général, de l'individu vers le genre entier (holos) et un mouvement de haut en bas (kata). Absent de la Bible, le mot « catholique » apparaît au IIe siècle dans le « Martyre de Polycarpe », évêque de Smyrne (en 155/6) où, à coté de l'adjectif «catholique» il y a aussi «œcuménique». Ce dernier signifie bien "universel" (de oikoumenê, la terre habitée) et le fait qu'il accompagne "catholique" montre bien qu'il s'agit là de deux significations complémentaires est non confondues... Je ne sais pas à quelle époque "catholique " a pris le sens d'universel qu'il a maintenant, mais probablement après le VIIIe siècle puisque les traducteurs de Credo en slavon on choisi un mot qui reprend surtout l'idée de rassemblement. Mon affirmation était peut-être trop lapidaire, mais ce n'est ni un subterfuge ni une contre vérité.
2/ Je n'ai jamais affirmé que vous recherchiez une "vérité intermédiaire", telle que vous la définissez fort bien. Mais je pense que là est le danger d'un "excès d'œcuménisme", et en particulier de la théorie des branches qui a été rejetée par la majorité des Orthodoxes. Votre formulation balancée, avec " excès décentralisateur orthodoxe ", pouvait laisser penser à un glissement dans ce sens que j'ai voulu arrêter clairement. Disons que j'ai lu entre les lignes ce que vous n'y aviez pas mis mais que d'autres que moi pouvaient lire aussi...
3/ L'Orthodoxie n'a pas rejeté les Catholiques. Ils se sont séparés de l'Église en professant des opinions théologiques erronées. Faire comme si cela n'avait aucune importance reviendrait à dire que ces dogmes sur lesquels nous divergeons sont sans importance... vous pensez bien que c'est inacceptable aussi bien pour eux que pour nous! Alors oui, malgré notre accord sur l'essentiel que vous rappelez bien, il y des divergences importantes qui justifient cette séparation et Catholiques et orthodoxes sont frères - mais séparés par ces divergences. L'organisation de l'Église, où plutôt son approche théologique et eschatologique est l'un de ces points de divergence.

46.Posté par vladimir le 12/05/2010 19:43
Il me semble que la grande question que pose Marie après Séraphin est "où va l'Archevêché". Jusqu'ici il y avait deux options:
- Celle des gardiens de la continuité s'accrochaient au maintien des valeurs russes pour la Russie et l'Église russe tel que cela a été défini par la "convention Maklakoff": "que la communauté religieuse accepte l’obligation de se soumettre, le moment venu, au gouvernement russe légitime (...) à une époque où la Russie serait représentée par un pouvoir montrant dans son attitude envers l’église et l’existence paisible de celle-ci tout le respect nécessaire" (1) (Cette convention s'applique directement à la cathédrale mais rend bien compte, à mon sens, de l'idée générale des fondateurs de l'Archevêché). Cette option avait été consignée dans le tomos de 1931 ("Exarchat russe orthodoxe provisoire ainsi établi ... un règlement canonique provisoire de la situation ecclésiale des paroisses orthodoxe russes en Europe,") et reconduit dans celui de 1999 pris "en accord avec les décisions du Patriarcat Œcuménique du 13 février 1931". Mais cette option semble maintenant rejetée par la direction de l'Archevêché.
- Celle des promoteurs de l'idée que "dans l’Archevêché il y a la promesse d’une Église locale multinationale"(2). Mais Chambésy IV a décidé que chaque Église autocéphale gardait une totale indépendance dans l'organisation de ses diocèses de la diaspora, les Assemblées épiscopales locales n'ayant qu'un rôle de coordination. Parallèlement, les Églises russe, serbe et roumaine ont unifié leurs organisations respective en Europe occidentale . La voie de l'Unification semble donc plutôt passer par un accord au niveau des primats et Daru se retrouve au même rang que les autres diocèses, mais en "doublon" au sein du patriarcat de Constantinople, situation qui ne saurait perdurer.

Devant la fermeture de ces deux perspectives d'avenir il est normal que les fidèles s'inquiètent et demandent des réponses que la direction de l'Archevêché tarde à fournir. Il est en effet symptomatique que rien n'est dit sur l'avenir dans le compte rendu de la dernière assemblée générale (3)

(1) http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Nicolas-ROSS-Basile-Maklakov-et-la-rue-Daru_a912.html
(2) http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Deux-projets-pour-l-Orthodoxie-en-Occident-PROJET-1-REVE-D-AUTOCEPHALIE_a728.html
(3) http://www.exarchat.eu/IMG/pdf/Feuillet_exarchat_24_mai2010.pdf

47.Posté par Cathortho le 12/05/2010 22:13
Cher Vladimir,

Hors d'oeuvre.
- Petit Robert :
" Catholique. adj. (Chatoliche, XIIIè ; lat. chrét. catholicos, gr. khatolikos " universel ") "

Plat de résistance.
- Le vocabulaire grec de la philosophie, Ivan Gobry (Professeur émérite à l'université de Reims), éd. ellipses :
" katholou (to) /, l'universel, le général. latin : universum. Ce mot est un adverbe, substantivé par Aristote. Il est dérivé de holon : l'univers (v. ce mot) *. C'est une contraction pour kata holou (génitif) = " quant à l'univers ", "se rapportant au tout ". Il s'oppose à to kath' hékaston : le singulier.
* holon (to) /, l'Univers. Latin : Universum. L'ensemble, la totalité. v. pân, cosmos. Aristote consacre une notice à ce terme dans le livre de la " Métaphysique " (n°26). Le holon est ce qui fait l'unité (hén) des choses. Et cela de deux façons différentes : ou bien ces choses ont déjà une unité, et le tout est alors comme le genre aux espèces ; ou bien elles n'en n'ont pas, et c'est leur réunion qui forme un tout, comme dans l'organisme humain. "

Pour le dessert je vous laisse choisir.

48.Posté par vladimir le 12/05/2010 22:55
Bien chers Daniel et Cathortho,
Il est bien difficile d'avoir une idée précise du poids respectif des opinions opposées des Orthodoxes sur l'Église catholique. Cathortho n'a pas tort d'écrire qu'une "majorité des prélats et des théologiens" a une attitude ouverte au dialogue et reconnait la succession apostolique et la validité des sacrements (toutefois avec des nuances!), cela est démontré par le fait que toutes les Églises (sauf celle de Bulgarie depuis 1 an) participent à la commission théologique mixte, mais Daniel a raison de constater que cela sera "réfuté en Géorgie et dans l'Eglise d'Etat grecque" et j'ajouterai dans pratiquement toutes les Églises dont j'ai des échos: j'avais consacré un article à ce sujet (1) où je parlais du soutien reçu par la «Confession de foi contre l’œcuménisme», qui attaque essentiellement les contacts avec les Catholiques, et les coup de poing échangés à Chypre (2) comme la polémique qui a agité le séminaire parisien et toute la blogosphère orthodoxe russe à ce sujet(3) montrent l'acuité du problème.

Je ne peux que vous proposer ma conclusion précédente, celle du "Bloc-note" de JF. Colosimo mentionné dans mon article et plus actuel que jamais: "comment une entreprise œcuménique finit-elle par déboucher sur une fracture intra-confessionnelle ? Nul doute qu’il y a là un mystère à méditer. Mais s’étonnera-t-on que, in fine, le Saint–Esprit se révèle une fois de plus le champion de l’antisystème ?"

Renvois:
(1) http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Une-nouvelle-querelle-orthodoxe-autour-de-l-oecumenisme-et-du-document-de-Ravenne_a444.html
(2) http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Chypre-arrestation-de-6-orthodoxes-opposes-au-dialogue_a456.html
(3) http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Mise-au-point_a663.html

49.Posté par Cathortho le 13/05/2010 23:21
Cher Vladimir

Par rapport à Rome la question qui s'impose à l'Orthodoxie est simple : est-ce que l'Eglise catholique a rompu, OUI ou NON, avec la succession apostolique ?

Si la réponse est oui, alors Rome est une caricature antéchristique de la Sainte Eglise et par conséquent non seulement il n'y a pas lieu d'entretenir quelque contact oecuménique que ce soit avec elle mais il faut la combatre sans hésitation.

Si la réponse est non, alors Rome est avec les Eglises orthodoxes l'Eglise Une Sainte Catholique et Apostolique, alors il faut arrêter la politque du " un pas en avant deux pas en arrière " (ou vice-versa) et accélérer le processus oecuménique avec elle jusqu'à son terme logique pour mettre fin au scandale de la perpétuation d'une division qui n'a pas lieu d'être.

" Que votre oui soit un OUI, votre non un NON "

50.Posté par Marie Genko le 14/05/2010 08:11
Cher Cathortho,

J''attends avec impatience l'opinion et la réponse de Vladimir à votre question.
Question qui n'a rien avoir avec le sujet de ce fil qui est LE DEVENIR DE L'ARCHEVÊCHÉ!
Personnellement je ne peux me permettre que d'exprimer un avis et un espoir.
Si nous étions au XVIème siècle, au moment des excès de la vente des indulgences etc. je vous aurais répondu OUI sans la moindre hésitation.
Mais nous sommes au XXIème siècle, aussi je pense que ce n'est ni à vous, ni à moi de trancher sur des questions de théologie, mais bien à nos théologiens orthodoxes.
Il faut espérer qu'il le feront dans l'amour, dont le Christ Lui-même nous a donné l'exemple.
Il me semble souhaitable qu'une position commune à tous les Orthodoxes soit prise dans ce domaine. Une position acceptable par tous et qui n'entraîne aucune rupture parmi les Orthodoxes.
J'ajouterai encore que j'ai le plus profond respect pour tous ceux qui croient et prient chez les Catholiques, mais l'unité des Orthodoxes est pour moi le premier des oecuménismes.

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